La Prière - Le Saint Rosaire : l'Evangile selon Marie
Le GRAND PAPE, le GRAND MONARQUE et HENRI V de la CROIX, le NOUVEAU ROI de FRANCE :: LA PRIERE - L'ÂME DE TOUT APOSTOLAT
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La Prière - Le Saint Rosaire : l'Evangile selon Marie
http://www.spiritualite-chretienne.com/marie/rosaire/mysteres/rosaire.html
Sur les chemins de la Vie... avec Marie
Méditations des Mystères du Rosaire
Tu es là!...
Me voici...
Les Béatitudes
De l'humilité
De l'obéissance
Du sourire
Du silence
Du Jeudi Saint
De la Croix
Du pardon
Du Mystère Pascal
... et bientôt : ...
Avec l'Esprit-Saint
L'Amour et la Miséricorde
Introduction
La jeunesse du Rosaire
Pourquoi méditer les mystères du Rosaire?
Le Pape Jean-Paul II a publié, le 16 octobre 2002, à l'occasion de l'ouverture de l'année du Rosaire, une nouvelle lettre apostolique: "Rosarium Virginis Mariæ", Le Rosaire de la Vierge Marie.
Dans cette lettre, le Saint Père expose les raisons d'une décision qui aurait pu surprendre quelques personnes mal informées. Aussi, avant d'entrer dans les méditations rassemblées dans ce volume, et plutôt que de faire un long discours, nous a-t-il semblé que le mieux était de transcrire, ci-dessous, quelques-unes des principales idées qui ont conduit la réflexion du Saint Père. (*)
- Il est urgent d'implorer de Dieu le don de la paix. (6)
- Il est urgent aussi de prier pour une autre situation critique de notre époque, celle de la famille, cellule de la société, toujours plus attaquée par des forces destructrices. (6)
- Il est urgent de faire face à une certaine crise de la prière du Rosaire. (4) Or, cette prière se situe dans la plus pure perspective d'un culte à la Mère de Dieu, comme le Concile Vatican II l'a défini: un culte orienté vers le centre christologique de la foi chrétienne. (4)
- Il est plus que jamais urgent que nos communautés chrétiennes deviennent "d'authentiques écoles de prière"... Le Rosaire, développé en Occident, est une prière typiquement méditative, et il correspond, en un sens, à la "prière du coeur" ou à la "prière de Jésus", qui a germé sur l'humus de l'Orient chrétien. (5)
Le Saint Père précise:
J'ai senti la nécessité de développer une réflexion sur le Rosaire, ... pour exhorter à la contemplation du visage du Christ en compagnie de sa très sainte Mère et à son école. En effet, réciter le Rosaire n'est rien d'autre que contempler avec Marie, le visage du Christ... Le Rosaire conduit au coeur même de la vie chrétienne, et offre une occasion spirituelle et pédagogique ordinaire particulièrement féconde pour la contemplation personnelle, la formation du Peuple de Dieu et la nouvelle évangélisation. (3)
(*) : Extraits de la Lettre apostolique de Jean-Paul II, Le Rosaire de la Vierge Marie, "Rosarium Virginis Mariae".
La prière du Rosaire, tant préconisée par nos papes, et surtout par Jean-Paul II, nous fait découvrir des richesses insoupçonnées, que ce soit dans la vie de Jésus et dans celle de Marie, ou dans leurs relations, filiales ou maternelles, pleines d'amour et d'affection, voire de tendresse.
La présence de Marie est constante dans la contemplation des mystères joyeux et glorieux. Même si elle n'est pas toujours explicitement signalée dans les mystères lumineux, elle est évidente à Cana et durant certaines périodes de la vie publique de Jésus. Quant aux mystères douloureux, qui oserait nier les relations mystérieuses qui unissaient Jésus à sa Mère pendant son Agonie dans le Jardin de Gethsémani et durant sa flagellation ou son couronnement d'épines, même si l'Évangile ne nous en dit rien.
Un autre point est à remarquer: qui, mieux que Marie, la Servante du Seigneur, a su mener une vie tellement exemplaire dans sa simplicité, une vie tellement unie à Dieu et à sa volonté sainte, même quand cette volonté nous semble déconcertante ou terrible? Marie fut tellement donnée au Seigneur, si simple et si humble, qu'elle est vraiment pour nous, pauvres hommes du XXIème siècle, le modèle incontournable.
Regarder Marie, contempler Jésus, c'est véritablement lire un Grand Catéchisme, un catéchisme illustré et accessible à tous, aux savants et aux enfants. C'est vivre une histoire pleine d'amour qui ne peut que nous conduire aisément à l'Amour...
Les pages qui suivent sont le fruit de longues contemplations de la vie et des mystères de Jésus et de Marie. C'est une véritable catéchèse. Les redites sont nombreuses: elles sont inévitables, car la vie de Jésus est si riche d'enseignements que l'on découvre sans cesse des aspects nouveaux, des propositions inattendues et tant de réponses à nos questions humaines.
Ainsi, quand nous nous préparons à prier le Rosaire, nous nous mettons en présence de Dieu: "Seigneur Tu es là", "Nous voici..." La présence du Seigneur nous remplit de "béatitude", quand nous découvrons son "sourire", ou sa "miséricorde" qui nous offre son "pardon"...
En priant le Rosaire avec la Sainte Vierge nous suivons, Jésus, sur les chemins de sa douleur et de sa "Croix", Sa "Résurrection" son "Mystère Pascal" nous émerveillent. Nous découvrons aussi l'"humilité" de Jésus-Christ et son "obéissance" au Père Bien-Aimé. Et peu à peu, nous entrons dans son "Amour", dans l'Amour de Dieu
Paulette Leblanc
Sur les chemins de la Vie... avec Marie
Méditations des Mystères du Rosaire
Tu es là!...
Me voici...
Les Béatitudes
De l'humilité
De l'obéissance
Du sourire
Du silence
Du Jeudi Saint
De la Croix
Du pardon
Du Mystère Pascal
... et bientôt : ...
Avec l'Esprit-Saint
L'Amour et la Miséricorde
Introduction
La jeunesse du Rosaire
Pourquoi méditer les mystères du Rosaire?
Le Pape Jean-Paul II a publié, le 16 octobre 2002, à l'occasion de l'ouverture de l'année du Rosaire, une nouvelle lettre apostolique: "Rosarium Virginis Mariæ", Le Rosaire de la Vierge Marie.
Dans cette lettre, le Saint Père expose les raisons d'une décision qui aurait pu surprendre quelques personnes mal informées. Aussi, avant d'entrer dans les méditations rassemblées dans ce volume, et plutôt que de faire un long discours, nous a-t-il semblé que le mieux était de transcrire, ci-dessous, quelques-unes des principales idées qui ont conduit la réflexion du Saint Père. (*)
- Il est urgent d'implorer de Dieu le don de la paix. (6)
- Il est urgent aussi de prier pour une autre situation critique de notre époque, celle de la famille, cellule de la société, toujours plus attaquée par des forces destructrices. (6)
- Il est urgent de faire face à une certaine crise de la prière du Rosaire. (4) Or, cette prière se situe dans la plus pure perspective d'un culte à la Mère de Dieu, comme le Concile Vatican II l'a défini: un culte orienté vers le centre christologique de la foi chrétienne. (4)
- Il est plus que jamais urgent que nos communautés chrétiennes deviennent "d'authentiques écoles de prière"... Le Rosaire, développé en Occident, est une prière typiquement méditative, et il correspond, en un sens, à la "prière du coeur" ou à la "prière de Jésus", qui a germé sur l'humus de l'Orient chrétien. (5)
Le Saint Père précise:
J'ai senti la nécessité de développer une réflexion sur le Rosaire, ... pour exhorter à la contemplation du visage du Christ en compagnie de sa très sainte Mère et à son école. En effet, réciter le Rosaire n'est rien d'autre que contempler avec Marie, le visage du Christ... Le Rosaire conduit au coeur même de la vie chrétienne, et offre une occasion spirituelle et pédagogique ordinaire particulièrement féconde pour la contemplation personnelle, la formation du Peuple de Dieu et la nouvelle évangélisation. (3)
(*) : Extraits de la Lettre apostolique de Jean-Paul II, Le Rosaire de la Vierge Marie, "Rosarium Virginis Mariae".
La prière du Rosaire, tant préconisée par nos papes, et surtout par Jean-Paul II, nous fait découvrir des richesses insoupçonnées, que ce soit dans la vie de Jésus et dans celle de Marie, ou dans leurs relations, filiales ou maternelles, pleines d'amour et d'affection, voire de tendresse.
La présence de Marie est constante dans la contemplation des mystères joyeux et glorieux. Même si elle n'est pas toujours explicitement signalée dans les mystères lumineux, elle est évidente à Cana et durant certaines périodes de la vie publique de Jésus. Quant aux mystères douloureux, qui oserait nier les relations mystérieuses qui unissaient Jésus à sa Mère pendant son Agonie dans le Jardin de Gethsémani et durant sa flagellation ou son couronnement d'épines, même si l'Évangile ne nous en dit rien.
Un autre point est à remarquer: qui, mieux que Marie, la Servante du Seigneur, a su mener une vie tellement exemplaire dans sa simplicité, une vie tellement unie à Dieu et à sa volonté sainte, même quand cette volonté nous semble déconcertante ou terrible? Marie fut tellement donnée au Seigneur, si simple et si humble, qu'elle est vraiment pour nous, pauvres hommes du XXIème siècle, le modèle incontournable.
Regarder Marie, contempler Jésus, c'est véritablement lire un Grand Catéchisme, un catéchisme illustré et accessible à tous, aux savants et aux enfants. C'est vivre une histoire pleine d'amour qui ne peut que nous conduire aisément à l'Amour...
Les pages qui suivent sont le fruit de longues contemplations de la vie et des mystères de Jésus et de Marie. C'est une véritable catéchèse. Les redites sont nombreuses: elles sont inévitables, car la vie de Jésus est si riche d'enseignements que l'on découvre sans cesse des aspects nouveaux, des propositions inattendues et tant de réponses à nos questions humaines.
Ainsi, quand nous nous préparons à prier le Rosaire, nous nous mettons en présence de Dieu: "Seigneur Tu es là", "Nous voici..." La présence du Seigneur nous remplit de "béatitude", quand nous découvrons son "sourire", ou sa "miséricorde" qui nous offre son "pardon"...
En priant le Rosaire avec la Sainte Vierge nous suivons, Jésus, sur les chemins de sa douleur et de sa "Croix", Sa "Résurrection" son "Mystère Pascal" nous émerveillent. Nous découvrons aussi l'"humilité" de Jésus-Christ et son "obéissance" au Père Bien-Aimé. Et peu à peu, nous entrons dans son "Amour", dans l'Amour de Dieu
Paulette Leblanc
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Date d'inscription : 01/05/2009
Localisation : France
Re: La Prière - Le Saint Rosaire : l'Evangile selon Marie
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Sur les chemins de la Vie... avec Marie
Mystères du Rosaire
Jésus Tu es là !
Jésus, Tu es là! Tu es là, tout près de moi. Je viens Te rencontrer, je viens Te prier. Je viens Te prier en priant Marie... En priant les mystères du Rosaire...
Mystères joyeux
Premier mystère joyeux : l'Annonciation
Depuis des siècles Dieu est connu, Dieu est aimé. Dieu aime son peuple tendrement, comme une Mère aime son enfant et jamais Dieu n'abandonne ses enfants. Dieu s'est même fait connaître directement à son peuple, notamment dans la nuée, lors de la traversée de la Mer Rouge. Plusieurs fois Il s'est aussi manifesté ouvertement à quelques hommes choisis, et plus particulièrement :
- à Adam et à Eve, quand Il s'entretenait familièrement avec eux dans le jardin d'Eden, et se promenait avec eux.
- à Abraham, lorsque les trois Hommes vinrent lui annoncer que, malgré son grand âge, il serait le père d'un peuple innombrable.
- à Moïse, quand Dieu se manifesta à lui dans le buisson ardent et avec qui Il parlait face à face, à cause de l'humilité de son serviteur.
- à Elie, quand Dieu passa devant son prophète, dans la brise légère. Dieu passa devant Elie, mais seulement après avoir mis Sa Main sur sa face, car Elie, comme tous les autres hommes, n'aurait pu voir Dieu sans mourir.
- à Samuel, aussi, qui apprit à répondre quand Dieu appelait : "Parle, Seigneur, ton serviteur écoute."
Dans toute la Bible Dieu est là, mais Il ne se manifeste généralement d'une manière sensible qu'à peu de personnes, et d'une manière tout à fait discrète. Dieu est là, près de nous, mais Il nous semble souvent lointain, inaccessible. C'est probablement une des raisons pour lesquelles le peuple hébreu se tourna tant de fois vers des idoles visibles. Dieu était là, mais insaisissable. Pourtant le peuple attendait quand même le Messie, et il l'attendait de plus en plus impatiemment.
Marie aussi attendait le Messie. Elle l'attendait de tout son coeur, de toutes ses forces, et elle aurait tellement voulu devenir la servante de celle qui serait la Choisie, la Mère du Messie. Marie priait avec grande ferveur, Marie attendait, Marie espérait... Et voici, soudain, l'Ange qui lui dit : "Je te salue, Marie, le Seigneur EST avec toi." Pour la première fois au monde, Jésus est LA, Jésus est avec nous.
Tu es là, Jésus, mais Marie est encore la seule à le savoir. Pendant neuf mois, Marie sera le tabernacle vivant de Jésus... Elle pourra L'adorer, L'aimer, Le contempler avec les yeux de son coeur, Le sentir grandir en elle... Jésus est là, en Marie, et déjà parmi nous. Jésus est là et Marie le sait, Marie le sent vivre en elle. Tu es là aussi, Jésus, dans nos tabernacles : nous aussi nous T'adorons et nous T'aimons, et nous Te prions.
Deuxième mystère joyeux : la Visitation
"Comment m'est-il donné que la Mère de mon Seigneur vienne à moi ?" dira Elisabeth à Marie venue la visiter. Jésus est là, amené par Marie, et Elisabeth, sanctifiée avec son fils, a reconnu le Sauveur. Jésus est là.
Le petit Jean, celui qui deviendra le Baptiste, le précurseur, le petit Jean qui n'est pas encore né, le petit Jean a reconnu Celui dont il devra préparer le chemin. Et ce petit enfant tressaille de joie...
Le petit Jean tressaille de joie, et Elisabeth, sa mère prophétise : "Tu es bénie entre toutes les femmes... Bienheureuse celle qui a cru..." dit-elle à Marie.
Jésus, Tu es là, Tu as tes premiers adorateurs. Des coeurs purs, des coeurs ouverts, des coeurs qui T'attendaient.
Jésus, Tu es vraiment là, dans le secret, mais Tu es réellement là, et déjà trois personnes T'ont reconnu. Quatre, en comptant Joseph qui, bientôt, lui aussi, recevra la visite d'un ange. Et peut-être Zacharie, qui sait ? Mais comme il est muet...
Tu es là, Jésus, vraiment là. Avec Marie, avec Elisabeth, dans la foi, nous T'adorons et nous Te prions.
Troisième mystère joyeux : la Nativité
Méditons tout d'abord sur l'annonciation à Joseph. Joseph est dans le désarroi : il ne comprend pas ce qui se passe en son épouse bien-aimée. Il ne sait pas ce qu'il doit faire. Joseph est dans la peine, on dirait aujourd'hui dans la détresse : alors il vaut mieux qu'il parte... Oui, Joseph va partir, il ne peut plus continuer à vivre avec celle qui est peut-être la toute sainte... Joseph va partir. Mais voici qu'un ange vient le rassurer : "Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie ton épouse ; car ce qui a été engendré en elle vient de l'Esprit Saint... Tu lui donneras le nom de Jésus... Il sera appelé Fils de Dieu. Car la Vierge qui devait enfanter, c'est ton épouse. La Vierge a conçu et va bientôt enfanter un fils auquel tu donneras le nom de Jésus, ce qui veut dire Sauveur." L'Emmanuel attendu, Dieu avec nous, est déjà là."
Maintenant, Joseph sait que Jésus est là, parmi nous. C'est encore dans le secret, mais Joseph sait, et il peut commencer à préparer tout ce qui sera nécessaire pour la Nativité.
Les événements se précipitent, les prophéties se réalisent. A cause d'un Edit de César, Joseph doit se rendre, immédiatement, à Bethléem : Jésus pourra naître à Bethléem, ainsi que l'ont annoncé les prophètes : "Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n'es nullement le moindre des clans de Juda, car de toi sortira un chef qui sera le pasteur de mon peuple Israël."
Jésus est né, à Bethléem... Jésus est là, Dieu est présent parmi nous, visible pour Marie et Joseph, et bientôt pour le monde. Pour nous tous. Jésus est là!
Les anges réveillent les bergers qui viennent contempler et adorer leur Dieu, leur Sauveur, leur Messie, présent dans ce petit enfant. Les bergers sont heureux, ils adorent le Libérateur d'Israël. Leur Messie tant attendu est enfin là! Première Épiphanie!
Jésus, Tu es là! Jésus, Dieu-Emmanuel, Dieu tout petit enfant est là, au milieu des hommes qui font ses délices. Jésus-Dieu est là.
Jésus est là pour nous, les hommes. Le Dieu Unique, invisible, s'est rendu visible, Dieu a visité son peuple. Les mages peuvent venir : Jésus est là pour eux aussi, pour tous les hommes de toutes les nations, pour tous les hommes de la terre, pour tous les hommes de bonne volonté, les hommes qui croient et qui aiment Dieu. Les hommes au coeur pur, les hommes au coeur simple, les hommes au coeur humble.
Les mages sont heureux : ils ont vu Dieu, car Dieu est là, avec eux, avec nous... Deuxième Épiphanie!
Tu es là, Jésus, Tu es là pour sauver tous les hommes de toutes les nations. Avec Marie et Joseph, avec les bergers, avec les mages, Jésus nous T'adorons et nous Te prions. Et nous T'aimons Jésus, Dieu avec nous, Jésus, Emmanuel.
Quatrième mystère joyeux : la Présentation de Jésus au Temple
Depuis la première Pâque, celle qui protégea les hébreux de la dernière plaie d'Egypte, celle qui permit au peuple hébreu de quitter l'Egypte, la terre d'esclavage, Dieu avait ordonné que tout premier-né mâle lui fût consacré. En effet l'Ange exterminateur avait épargné tous les premiers-nés des hébreux qui, le soir de cette Pâque, avaient badigeonné le linteau de leurs maisons avec le sang de l'agneau du sacrifice, un agneau mâle, sans défaut.
Et depuis ce jour, ce jour de la première Pâque, les juifs devaient toujours "racheter" leur garçon premier-né, lequel appartenait d'office à Dieu. Marie et Joseph se soumirent à cette Loi et se rendirent au Temple de Jérusalem pour y présenter l'Enfant Jésus et le "racheter" en offrant un couple de tourterelles.
Marie vient "racheter" son Fils. C'est Dieu, visible mais caché, encore inconnu qu'elle présente au prêtre. C'est Dieu qui est là, mais les prêtres ne le reconnaîtront pas. Seuls les coeurs purs, les coeurs humbles, les coeurs qui aiment Dieu et qui sont ouverts à sa Parole, seuls ces coeurs bienheureux verront l'Emmanuel : Jésus qui est là.
Jésus est là, et seuls Anne et Syméon reconnaîtront leur Seigneur. Dieu est là : ils peuvent partir en paix.
Syméon, en présence de Jésus, qui est là, comprend soudain les Écritures, ces Ecritures qui prédisaient un Messie souffrant, prédictions que les juifs ne comprenaient pas et refusaient d'emblée : le Messie, leur Messie, ne pouvait pas mourir comme un malfaiteur! Soudain le voile se déchire et Syméon comprend : cet Enfant, c'est le Messie souffrant annoncé, et le coeur de sa Mère sera transpercé d'un glaive de douleur...
Jésus, Tu es là... Syméon et Anne T'ont reconnu. Troisième Épiphanie!
Cinquième mystère joyeux : le Recouvrement de Jésus au Temple
Jésus, c'est bien connu, Tu aimes la vie cachée, la vie humble, sans éclat. Un peu trop peut-être, pour nous, pauvres hommes, lents à comprendre, car sans intelligence... Pendant les douze ans de ton enfance, Tu es resté caché. Seuls deux privilégiés Te connaissaient. Aujourd'hui, Tu es grand, dirions-nous maintenant, Tu es adulte, Tu as brillamment réussi tes examens de passage... et Tu veux Te manifester enfin, aux tiens, aux docteurs de la Loi. Sa présence, ta science, ton intelligence les éblouit...
On a dit que les deux grands docteurs de l'époque, Hillel et Gamaliel T'avaient reconnu... Et bien plus tard, Gamaliel, demeuré prudent durant toute ta vie publique, refusera cependant de prendre part à la décision du Sanhédrin, celle de Te condamner à la mort, à la Croix.
Aujourd'hui, Jésus, tout jeune adulte, Tu es là, parmi les docteurs. Marie et Joseph Te cherchent. Ils tâtonneront dans l'angoisse, durant trois jours, avant de Te retrouver, trois jours de douleur intense, car privés de Toi... Trois jours de nuit obscure, présage peut-être, des trois jours que Tu passeras dans le tombeau après ta Passion... Ceux qui T'aiment, Jésus, ne peuvent pas vivre quand Tu n'es pas là.
Mais maintenant, c'est la joie : Marie et Joseph T'ont retrouvé : ils ne comprennent pas ce qui s'est passé : pourquoi devais-Tu être chez "Ton Père" ? Ton père n'est-il pas Joseph ? Ils ne comprennent pas du tout, mais ils gardent ces choses dans leur coeur, ils méditent ces choses et les gardent, et les méditent... Ils ne comprennent pas, mais maintenant Tu es là, avec eux, cela seul compte... Tu es là, ils peuvent retourner à Nazareth, Tu leur seras soumis!...
Jésus, nous connaissons tous ces périodes affreuses où, comme Marie et Joseph, nous Te cherchons dans l'angoisse... Mais un jour nous Te retrouvons, un jour, Tu es là, enfin... Nous pouvons retourner dans nos Nazareths, Tu seras avec nous. Tu nous seras soumis quand, à l'appel d'un prêtre, Tu viendras, Tu reviendras chez nous, dans ton Eucharistie. Nous pourrons T'appeler, T'aimer, T'adorer dans l'Hostie sainte.
Car Jésus, dans tous nos tabernacles, Tu es là, présent, vivant. Tu es là et Tu nous aimes. Tu es là, et ton Coeur brûlant d'Amour, de l'Amour même de Dieu, ton Coeur nous attend. Jésus, quel bonheur! Tu es là! Tu es là Jésus, et nous T'aimons.
Mystères lumineux
Premier mystère lumineux : le Baptême de Jésus
Depuis des mois, déjà, Jean, le Baptiste, baptise dans le Jourdain... Les foules accourent à lui. Les foules viennent l'écouter... Pourtant Jean n'est pas un tendre, et ses discours n'appellent qu'à la pénitence : "Race de vipères! Vous devez changer de vie! Dieu n'aime pas vos moeurs dépravées, Dieu n'aime pas la haine que vous couvez en vous. Dieu n'aime pas votre méchanceté, votre façon d'exploiter ceux qui vous servent... Vous méprisez vos serviteurs, vous méprisez vos femmes, vous n'enseignez plus à vos enfants la Loi sainte de l'amour de Dieu et du prochain! Reconnaissez vos torts, repentez-vous, changez de vie, faites pénitence... Et venez jusqu'à moi, dans l'eau vive du Jourdain, plongez-vous dans l'eau purifiante qui lavera vos coeurs et, de coeurs de boucs qu'ils sont, les transformera en tendre coeurs d'agneau. Venez vous plonger dans l'eau qui lave et purifie."
Et les gens venaient, en foules. Tous les juifs des alentours venaient se faire baptiser dans l'eau de la pénitence. Tout le peuple venait avouer ses péchés. Tous venaient à Jean recevoir le baptême de pénitence. Il y avait des pauvres, il y avait des riches, il y avait des savants et des ignorants ; il y avait des pharisiens et des sadducéens. Il y avait ceux des villes et ceux des campagnes. Il y avait aussi les soldats romains qui devaient surveiller les foules : ça peut devenir dangereux, une foule! Mais ils étaient vite rassurés, et parfois l'un d'eux, en cachette, venait rencontrer Jean et se faire baptiser.
Tous venaient à Jean : les sages et les fous, les justes et les chenapans, les humbles et les orgueilleux : tous venaient reconnaître leurs torts... Car, sans oser le dire, ils voulaient être purs pour accueillir leur Messie, qui ne devait plus tarder...
Ils venaient tous à Jean pour se faire baptiser. Un jour, il y eut Jésus... Jean Le reconnut. Jésus était là près de Lui. Jean voulut se faire baptiser par Celui qu'il considérait comme son Seigneur, mais Jésus lui fit comprendre qu'il fallait accomplir toute justice. Jésus se plongea dans le Jourdain, Jean Le baptisa, et le Ciel s'ouvrit : Dieu était là! Le Fils Bien-Aimé du Père était là et Dieu Le présenta aux hommes.
Deuxième mystère lumineux : les Noces de Cana
"En ce temps-là il y eut des noces à Cana, et la Mère de Jésus y était. Jésus aussi fut invité à la noce ainsi que ses disciples... Ce fut le premier des miracles de Jésus. Il manifesta sa Gloire, et ses disciples crurent en Lui." (Jean 2, 1-11)
Jésus, il n'y a que peu de temps que Tu as quitté Nazareth. Seule Marie sait pourquoi Tu es parti. Toutes les autres personnes de ton village ainsi que ta parenté, ignorent où Tu es allé et ce que Tu fais. D'ailleurs les critiques vont bon train : comment se fait-Il qu'à l'âge de trente ans Il ne soit pas encore marié ? Et puis, a-t-on jamais vu un bon fils abandonner ainsi sa Mère ? Et pour aller où ? Pour faire quoi ?... Tous ces braves gens critiquent Jésus, mais ils essaient surtout de cacher leur peine, car, en réalité, Il leur manque terriblement... Alors, dans l'espoir non avoué de retrouver Celui que leur coeur aime, ils ont discrètement demandé aux gens de Cana d'inviter Marie et son Fils. Elle doit bien savoir, elle, où Il est parti...
Oui, Marie sait, en gros, pourquoi est parti son Fils, son Jésus. Elle sait qu'Il est le Rédempteur du monde et que sa mission doit commencer... Elle n'en sait pas davantage, mais par l'intermédiaire des foules qui se pressent autour de Jean le Baptiste, elle a pu faire parvenir l'invitation aux noces de Cana.
Jésus a commencé sa mission. Il a terminé la longue retraite préparatoire à sa vie publique. Il a rencontré Jean et, pour que le Père Le présente publiquement, Il a voulu recevoir le Baptême de Jean ; puis quelques futurs disciples sont venus à Lui et commencent à le suivre. Aujourd'hui, Jésus les emmène avec Lui à Cana. Cela n'a rien d'extraordinaire ; certains même faisaient peut-être partie de la famille : des cousins éloignés, des frères, disait-on à l'époque.
Il y a beaucoup de monde autour des jeunes mariés. Probablement beaucoup plus que prévu et ils n'ont plus de vin! Grand émoi chez les parents des jeunes gens. Marie a vu, Marie a compris, et le coeur de Marie s'est ému : "Ils n'ont plus de vin!" chuchote-t-elle à Jésus, qui est là, tout près d'elle. "Femme, qu'est-ce que Tu veux que j'y fasse! Je dois attendre mon Heure ?"
Marie plonge intensément son regard dans celui de Jésus. Que Lui a-t-elle dit dans le secret de son coeur ? Jésus attendait-Il cette demande de Marie ? Jésus est là, avec sa Mère, au milieu d'un monde en fête, Lui qui n'est pas du monde. Ses premiers disciples sont là, avec Lui, mais ils Le connaissent encore si peu... Est-ce l'Heure de leur révéler qu'Il est le Messie de Dieu, le Messie qu'ils attendent ? Jésus sourit à Marie dont le coeur implore toujours. Oui il est temps maintenant, l'heure est venue. Jésus se lève et Marie s'en va trouver les serviteurs : "Faites tout ce qu'Il vous dira!"
"Faites tout ce qu'Il vous dira..." Jésus est là, debout, majestueux, étonnamment majestueux. "Remplissez d'eau les jarres, et portez-en au maître de maison." Les serviteurs s'étonnent, mais subjugués par une autorité inconnue, souveraine et cependant bienveillante, ils obéissent...
Quelle merveille ce vin ? D'ordinaire on sert d'abord le bon vin, puis le moins bon quand les gens ont bien bu. Pourquoi avoir réservé ce vin exceptionnel pour la fin ? Jésus est là, comme grandi. Tous Le regardent, étonnés. Les disciples contemplent Celui qu'ils suivent et dont ils découvrent la Gloire.
A Cana, Jésus est là. Il manifesta sa Gloire, et ses disciples crurent en Lui.
Troisième mystère lumineux : l'enseignement de Jésus
La vie de Jésus a été un constant enseignement : un enseignement de pureté, de bonté, de patience, de douceur, d'humilité. La vie de Jésus parlait d'elle-même, mais parfois les disciples avaient besoin d'explications, car les attitudes ou les paroles de Jésus étaient tellement évidentes et lumineuses, qu'elles aveuglaient les intelligences bornées des hommes, même de bonne volonté mais trop attachés à leurs lois, ou à leurs petits jugements ou à leurs us et coutumes... Aussi, Jésus s'arrêtait-Il dès qu'Il s'apercevait que le trouble envahissait l'âme de ses auditeurs.
Jésus, Tu es là, assis sur le bord du chemin. Tu es là, et les disciples se sont arrêtés, eux aussi. Ils Te regardent, interrogateurs, mais ils n'osent pas Te questionner. Tu es là, Jésus. Tu attends un peu, puis Tu Te mets à raconter une parabole :
- Le Royaume des cieux est semblable à un promeneur qui s'arrête pour contempler la nature. Tout est paix, calme et silence autour de lui. Le soleil couchant darde ses rayons écarlates sur la campagne qui s'embrase d'un feu féerique, chaud et doux à la fois, violent tout en étant plein de paix et d'amour, consumant sans détruire. La campagne, baignée comme dans un brasier insaisissable, n'est plus que lumière, repos, bonheur.
Le promeneur demeure immobile, comme en extase. Jamais il n'avait assisté à un tel spectacle, jamais il n'avait ressenti une telle communion entre la nature et lui : vraiment Dieu est présent, Dieu est là vivant, proche, si proche. Dieu est là, qui attend son enfant, Dieu est là, qui partage son amour à l'homme bien-aimé. Le promeneur comprend soudain que Dieu est toujours avec lui ; il comprend que Dieu l'aime et l'accompagne sur tous ses chemins, sur toutes ses routes, Dieu est toujours là, près de lui, mais il ne le savait pas."
Jésus s'arrête et sourit à ses amis :
- Avez-vous compris que jamais Dieu n'abandonne ses enfants ? Avez-vous compris que le Père est toujours là, comme Je suis près de vous, en ce moment ?
Soudain Jean s'exclame :
- Jésus, Tu es là, et quand Tu es avec nous, tout est lumière en nous, tout est feu dans mon coeur, tout est amour aussi. Est-ce cela, le Royaume de Dieu: la présence éternelle de l'Amour, de ton amour ? Est-ce cela ton Royaume, le bonheur éternel : rester avec Toi, toujours, dans l'amour que Tu es avec le Père ?
Jésus, Tu es là. Les apôtres et tous les autres disciples se taisent. Tu es là, avec eux, et ils sont heureux... car Tu es là! Tu es là! Ils sont avec Toi, et ils sont avec Dieu.
Quatrième mystère lumineux : la Transfiguration
Nous sommes au pied du mont Thabor. Jésus est là, Il semble absorbé dans ses pensées. La matinée a été éprouvante : il y avait toutes ces foules qui se pressaient autour de Lui, et les apôtres avaient eu bien du mal à les canaliser, ces gens qui se bousculaient, criaient, voulaient voir, ou sollicitaient une guérison ou une grâce. Et tous ces gosses qui paillaient, se disputaient, ces gosses que Jésus voulait qu'on laisse venir à Lui!... Maintenant tout est plus calme. Jésus a renvoyé la foule et a conduit ses apôtres dans un endroit tranquille et ombragé.
Le déjeuner fut rapidement pris. Il fait chaud. Les apôtres, fatigués, se sont allongés, et plusieurs dorment déjà... Jésus est là, un peu en retrait : Il prie. Bientôt Il se tourne vers Pierre qui s'était réfugié près de son Maître, et Il lui fait signe d'appeler Jean et son frère Jacques :
- Venez avec Moi, tous les trois, venez prier avec Moi. Et J'ai quelque chose à vous montrer.
Le petit groupe monte le chemin qui conduit au sommet de la colline. Ils suivent Jésus en silence, s'arrêtant de temps à autre pour souffler un peu tout en admirant le paysage. Arrivé au sommet, Jésus se retourne et dit :
- Restez ici, et priez comme Je vous ai appris.
Les trois apôtres s'assoient tandis que Jésus s'éloigne de quelques pas. Les apôtres regardent Jésus, intensément, et l'amour qu'ils lui portent brille dans leurs yeux. Les apôtres regardent Jésus qui prie. Jésus est là, près de ses trois amis. Jésus est là, tout près d'eux, mais voici que Jésus semble s'éloigner un peu. Il est devenu lumineux, comme une transparence d'où émane une lumière éblouissante. Les apôtres ferment les yeux, puis les rouvrent. Que se passe-t-il ? Jésus n'est plus seul! D'où viennent ces deux personnages baignés de gloire céleste qui parlent avec Jésus ? Ne dirait-on pas Moïse et Élie ?
Pierre se lève et s'avance ; oui, Jésus est bien là, c'est bien Lui qui parle de choses mystérieuses. Jésus est là, mais Il parle de son départ : de quel départ veut-Il parler ? Pierre s'avance et s'exclame :
- Seigneur comme il fait bon, ici! Nous pourrions rester avec Toi et ces hommes bienveillants. Trois tentes suffiraient...
Pierre ne put poursuivre davantage : une nuée, sombre et lumineuse à la fois, recouvrit tout le groupe, et une voix puissante, venue du Ciel s'écria :
- Celui-ci est mon Fils Bien-Aimé, mon Élu, écoutez-Le!
Pierre, Jacques et Jean, paralysés de peur, se prosternèrent. Jésus les releva et les rassura. Tout était redevenu normal. Seul Jésus était là, souriant et tellement plein d'amour...
Cinquième mystère lumineux : l'Eucharistie
Jésus, Tu es là ; tes apôtres sont là aussi, autour de la table que Tu présides. Le repas de fête s'achève, la joie règne dans les coeurs de tes amis. Les derniers jours ont été très éprouvants, mais maintenant, en ce soir de fête, tout est paix, bonheur, amour. Tes apôtres semblent ne faire plus qu'un avec Toi tant leurs regards convergent vers ton Regard. Il est parfois, dans la vie, des moments du temps, tellement intenses, qu'ils sont comme des moments d'éternité...
Jésus, Tu es là ; un bonheur extraordinaire, presque palpable, enveloppe la salle du Cénacle. Tu es là, Jésus, et tes apôtres ne demandent rien d'autre que cette extase d'amour qui les unit à Dieu, à Toi. Jésus, Tu es là, et cela leur suffit.
Jésus, Tu es là. Toi aussi Tu regardes, Tu sondes le coeur de tes amis. Tous, ils donneront leur vie pour Toi, plus tard, tous, sauf Judas qui est déjà parti vers son destin. Tous tes disciples présents donneront leur vie pour Toi, plus tard, quand, nourris par le Pain que Tu vas leur donner, ils auront acquis toutes les forces et la science nécessaires à la sublime tâche à laquelle Tu les prépares depuis trois ans. Oui, ils seront forts, car Tu seras toujours avec eux...
Jésus, en ce soir de fête, Tu es là et cela suffit. Mais bientôt Tu romps le silence béni que Tu avais fait naître :
- Mes amis, Je dois partir, mais Je ne vous laisserai pas orphelins. Je vous enverrai mon Esprit, plus tard, après ma résurrection, quand Je serai remonté vers le Père. Car, ce soir, Je dois être livré aux mains des Juifs qui feront de Moi tout ce qu'ils voudront. Et ils Me crucifieront, et vous serez dispersés, et vous M'abandonnerez... Tous les apôtres se récrient, indignés :
- Oh! moi, s'exclame Pierre, je ne T'abandonnerai jamais, je saurais Te défendre si on Te faisait du mal, je donnerais ma vie pour Toi.
Jésus regarde Pierre, soupire, mais ne dit rien. Il ne faut pas troubler cette Heure bénie de l'Action de Grâce éternelle.
Jésus, Tu es là. Tu prends le pain et Tu approches la coupe de vin. Jésus, Tu rends grâce au Père :
- Père, glorifie ton Fils. C'est l'instant de l'Alliance Nouvelle que Tu vas sceller avec ton Peuple. Père, glorifie ton Fils qui s'en va faire ta Volonté qui est aussi la sienne...
Jésus, Tu es là, soudain solennel. Les apôtres sont subjugués. Le silence est total, mais voici que Tu bénis le pain, Tu le partages et Tu le tends à tes apôtres :
- Prenez, et mangez-en tous. Ceci est mon Corps qui va être livré pour vous, dans quelques instants. Ceci est mon Corps offert en Sacrifice d'Action de Grâce éternelle. Prenez et mangez le Corps de l'Agneau de Dieu, livré pour le pardon des péchés.
Les disciples mangent le Pain, comme écrasés par le Mystère trop grand pour eux.
Jésus, Tu es là. Tu dois aller jusqu'au bout du Sacrifice. Tu prends la Coupe :
- Buvez, ceci est mon Sang.
Mystères douloureux
Premier mystère douloureux : l'Agonie de Jésus à Gethsémani
Jésus, Tu avais désiré, d'un grand désir, manger cette Pâque avec tes disciples. Ton Heure, celle pour laquelle Tu étais venu, cette Heure terrible, mais tant attendue, ton Heure est venue. Tu vas quitter tes apôtres, tes disciples, les hommes que Tu as tant aimés sur la terre, Tu vas quitter ceux que Tu aimes, mais Tu ne les laisseras pas orphelins: Tu connais leurs faiblesses et leurs misères, et Tu sais qu'ils ne peuvent vivre sans Toi. Alors, avant de Te livrer à la mort, Tu leur partages le Pain de la vie, le Pain sacré devenu ton Corps. Tu seras éternellement avec eux, avec nous, dans ce Sacrement de vie...
Mais pour l'instant, Tu es encore avec tes disciples, pour quelques heures avec ton Corps d'homme, semblable au nôtre, ton Corps capable de souffrir autant qu'il aime. Jésus, Tu es là, et Tu arrives au Jardin des Oliviers, ce jardin où Tu aimais Te reposer avec les tiens et les enseigner dans la paix. Jésus Tu es là, avec tes apôtres, mais aujourd'hui, c'est ton Heure, et ils ne le comprennent pas: ils ne peuvent pas comprendre, c'est trop dur pour eux.
Jésus, Tu es là. Tu sais que Tu seras avec eux jusqu'à la fin du monde, mais eux, tes apôtres, ne le savent pas encore... Ils ne savent pas qu'ils vivent les derniers instants de ta vie terrestre. Alors, ils Te laissent seul. Ce n'est pas par méchanceté ni par indifférence, non, ils ne savent pas. Car il fallait que Toi aussi, Jésus, Tu fasses l'expérience de la solitude, de la détresse horrible quand Dieu semble se taire, quand Dieu est absent, ou pire, quand Dieu semble nous abandonner. Tu es là, Jésus, tes disciples dorment, et le Père T'abandonne.
Tu es là, Jésus, dans l'angoisse mortelle de l'absence de Dieu, du silence de Dieu. Tu es là, Jésus, seul face à Satan qui semble triompher, et il n'y a pas de souffrance plus grande en ce monde et dans l'autre. Tu es là, Jésus, seul, et Tu sues ton sang, ton sang que Tu viens de donner à tes apôtres qui n'avaient pas compris de quoi il s'agissait. Tu es là, Jésus, seul pour porter le poids terrible de nos péchés, de nos misères, de nos refus de Dieu. Comme nous avons refusé Dieu, le Père se refuse à Toi. Et Toi, Jésus, Tu es là, seul!...
Jésus, Tu es là, et nous nous faisons tout petits pour T'approcher, pour Te contempler. Nous non plus nous ne comprenons pas très bien l'intensité de ce mystère d'Amour, mais nous Te contemplons et nous ne pouvons nous résoudre à nous en aller, car Tu es là, Jésus, et nous T'aimons, et nous pleurons avec Toi. Tu es là, Jésus, dans ton Agonie, et nous Te prions de nous pardonner, de rester avec nous qui resterons avec Toi. Nous restons avec Toi, Jésus, et nous prions Marie de nous aider, de nous pardonner, de nous soutenir. Nous prions Marie de nous aider à prier avec Toi, car Tu es là Jésus, et nous T'aimons.
Deuxième mystère douloureux : la Flagellation
Tu es là, Jésus, au pied de la colonne. Les soldats T'ont solidement attaché... Comme si Tu avais l'intention de Te sauver!... Ils T'ont solidement attaché, très inconfortablement attaché pour que Tu souffres un peu plus, tout simplement : c'est tellement drôle de voir quelqu'un souffrir!... Ces pauvres êtres ne savent pas ce qu'ils font, eux non plus. Mais nous, nous savons...
Nous savons, Jésus, que lorsque nous faisons souffrir notre prochain, lorsque nous le battons, lorsque nous le torturons, c'est Toi que nous flagellons. Nous, nous savons, Jésus... Nous savons, Jésus, que lorsque nous manquons à l'Amour, lorsque nous écorchons ton Amour par l'intermédiaire d'un prochain que nous n'aimons pas, que nous ne voulons pas aimer, que nous voulons faire souffrir, comme ça, presque pour le plaisir, parce que, ce prochain-là, nous ne le comprenons pas, ou bien nous avons mal compris ce qu'il disait ou ce qu'il faisait, nous savons, nous, que c'est Toi que nous flagellons. Et, sans chercher à comprendre davantage, nous blessons ce prochain que nous n'aimons pas ; pourtant, nous, Jésus, nous savons que c'est Toi que nous blessons, nous savons que c'est Toi que nous flagellons...
Jésus, Tu es là, au pied de la colonne, Tu es là, pour nous et Tu reçois tous les coups des fouets pour nous, à notre place. Tu souffres pour nous, Toi l'Innocent, à cause de nous, pécheurs, à cause de nous qui les mériterions, ces coups... et Tu ne dis rien, Tu Te tais, Tu pries, et Tu pardonnes. Et Tu demandes au Père de nous pardonner aussi...
Tu es là, Jésus. Ton corps est broyé, brisé, ton sang coule, tes chairs sont arrachées. Tu es là, Jésus, et nous venons vers Toi. Nous aussi, nous sommes là ; nous contemplons tes plaies et nous nous taisons, Jésus, nous nous taisons comme Toi, mais pas pour les mêmes raisons : nous nous taisons de confusion et de repentir. Nous nous taisons et tout bas, nous demandons pardon.
Troisième mystère douloureux : le Couronnement d'épines
Jésus, Tu es là, toujours. Les soldats s'amusent bien. On leur a dit que Tu étais Roi, ils ne savent pas de quoi, ils ne savent pas de qui... Ils ne savent pas non plus pourquoi on a jeté un roi entre leurs mains terribles de bourreaux assoiffés de la souffrance des condamnés. C'est curieux! Ces pauvres soldats, quand ils rentreront chez eux, demain, ils embrasseront leurs enfants, ils seront doux avec leurs femmes, ils seront pleins de gentillesse envers leurs amis. Ils seront doux aussi avec leurs animaux...
Mais maintenant, après avoir flagellé cruellement le condamné reconnu innocent par Pilate, ils s'amusent, tout aussi cruellement, à parfaire leur travail : d'ailleurs, ils s'ennuient, ils n'ont plus rien à faire, et ce condamné qui ne se plaint jamais, qui ne crie pas, qui ne les injurie pas, ce condamné trop parfait, il faut bien essayer de lui faire sortir une plainte, de lui tirer des cris de douleur.
Jésus, Tu es là... Ils vont Te couronner avec des épines, et Te saluer, ô Roi des juifs, Roi du monde, ils vont Te saluer sans savoir qu'en Te saluant, Jésus, ils saluent aussi leur Roi. Car Tu es déjà leur Roi, comme Tu es notre Roi, le Roi de toutes les nations.
Jésus, Tu es là... De nouveau ton sang coule. Tu es là, Jésus, et Tu les regardes, tes bourreaux, avec amour, avec un Amour qu'ils ne comprennent pas, qu'ils ne peuvent pas comprendre, car on ne leur a jamais appris l'Amour : on ne leur a appris que la haine et la violence... Jésus, Tu es là...
Tu es là, Jésus, et nous aussi nous sommes là, et nous aussi nous Te regardons. Et Tu nous regardes, Jésus, d'un regard tellement rempli d'Amour que nous ne pouvons le soutenir. Nous essayons de Te regarder, Jésus, mais maintenant nous ne pouvons que pleurer. Nous ne pouvons que pleurer de repentir car nous commençons à comprendre combien Tu nous a aimés, combien Tu nous aimes. Jésus, Tu es là. Nous sommes avec Toi, tout petits, tout humbles. Nous essayons de Te rendre un peu de cet Amour immense que Tu nous as donné. Mais Tu vois Jésus, nous ne savons pas très bien faire... Alors nous prions, en silence, avec Marie, ta sainte Maman si douloureuse aussi...
Quatrième mystère douloureux : Jésus est condamné à mort et chargé de la Croix.
Jésus, Tu es là! Pilate a dit que Tu étais innocent... Mais les chefs de ton peuple veulent ta mort. D'ailleurs c'était écrit, et les Ecritures ne peuvent mentir. Et Toi, Tu savais que Tu devais mourir, aujourd'hui, sur la Croix. Il faut que cela se fasse, Tu es venu dans notre monde pour cela, pour mourir sur une croix.
Jésus, Tu es là, et Tu attends ta Croix. Tu es là et Tu prends ta Croix. Tu es là, Jésus et Tu commences ton chemin de Croix. Tu avances, Jésus, sur ce chemin de Croix, le chemin de notre salut, le chemin de notre Rédemption...
Tu es là, Jésus, et les hommes de tous les siècles Te contemplent et espèrent leur salut... Surtout, Jésus, avance, surtout ne faiblis pas, Tu es venu pour nous sauver : il faut que Tu ailles jusqu'au bout de ta tâche.
Jésus, Tu es là. Nous aussi nous sommes là, car tous les hommes sont dans ton Coeur. Par l'Eucharistie c'est ton sang qui circule dans leurs veines, c'est ta chair qui les nourrit, c'est ta vie qui les vivifie, c'est ton Amour, l'Amour infini qui lie le Père et le Fils, c'est ton Amour qui les inonde, les submerge, et les transforme en Toi. Jésus, Tu es là, sur le Chemin de notre Rédemption, vers ta mort qui nous donne ta Vie.
Jésus, Tu es là, Tu avances à grand'peine sur le chemin de ta Croix. Tu es là, Jésus, et nous sommes avec Toi, en Toi. Nous sommes en Toi, Jésus, bien cachés dans ton Coeur, blottis dans ton Coeur, jamais rassasiés de ton Amour. Nous sommes en Toi, Jésus, et nous n'avons plus peur. Nous montons ton chemin de Croix, avec Toi, mais protégés par Toi, à l'abri des méchants et du mal. Nous sommes en Toi, Jésus, nous pouvons suivre ton Chemin de Croix : nous n'avons plus peur car c'est Toi qui souffres pour nous. Nous, nous nous contentons de nous accrocher à ton Coeur, nous nous blottissons dans ton Coeur, bien à l'abri. Bien sûr, nous ressentons un peu tes souffrances, mais elles sont à notre taille, et nous pouvons les porter.
Jésus, Tu es là : nous sommes arrivés au Calvaire. Marie est là, Jésus, avec Toi ; Marie est avec Toi, Jésus, avec Toi, co-rédemptrice avec Toi.
Cinquième mystère douloureux : Jésus meurt sur la Croix
Jésus, Tu es là. Tu es maintenant sur la Croix. On ne sait pas comment Tu peux ne pas crier, ne pas hurler ta souffrance infinie, ta souffrance inexprimable. Ton Corps n'est que souffrance, ton Coeur n'est que souffrance, ton âme n'est que souffrance. Ton âme n'est que souffrance car le Père T'a abandonné, car le Père ne veut plus de Toi : souffrance infinie du Fils que le Père semble rejeter...
Jésus, Tu es là, sur la Croix, et Tu vas mourir. Tout est consommé, tout est accompli. Rien ne manque à ton oeuvre. Tu as fait toute la volonté du Père, Tu as été obéissant jusqu'à la mort, et la mort sur une Croix, la Tienne.
Jésus, Tu vas mourir, Tu meurs...
Jésus, nous T'en prions, fais encore un effort, en notre faveur: "Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu'ils font."
Jésus, Tu es là. Tu vas mourir, Tu meurs, mais Tu as encore la force de nous donner une Mère et de supplier le Père de nous pardonner. Jésus, Tu es là et Tu meurs. Et Tu as soif de nous...
Jésus, nous ne Te voyons pas car nous sommes dans ton Coeur. Notre coeur s'alimente aux dernières gouttes de ton sang. Notre vie terrestre s'en va avec la tienne, notre amour défaille dans ton Amour. Jésus, nous ne savons plus rien, sinon que nous T'aimons. Nous ne savons plus rien, plus rien que ton Amour, ton Amour qui ne meurt pas... car Jésus, Tu es là.
Mystères glorieux
Premier mystère glorieux : la Résurrection
Jésus, Tu es là!... En ce premier dimanche de notre ère chrétienne, Tu es ressuscité, et Tu es là. Tu es là pour Marie, la Sainte Maman qui T'a accompagné tout au long de ton Chemin de Croix. Tu es là pour Marie-Madeleine, la passionnée, l'amoureuse, tellement éperdue d'amour et de peine, qu'elle ne Te reconnaît pas tout d'abord. Tu es là pour Jean l'apôtre chéri de ton Coeur...
Tu es là pour les saintes femmes, ces pauvres femmes sans culture, un peu méprisées comme toutes les femmes en Israël... Tu es là pour ces pauvres femmes simples mais tellement dévouées. D'ailleurs, servir, elles ne savent faire que cela, servir et aimer. Et Jésus les aime, ces femmes, ces mères qui L'aiment.
Jésus, Tu es là, soudain, au milieu des apôtres. Ils ne savent pas par où Tu es passé et ils n'osent pas Te reconnaître: d'ailleurs, ces pauvres apôtres, ils sont bien déphasés depuis quelques jours. Il s'est passé tant de choses inouïes depuis ces trois jours qui leur ont paru des siècles. Tu es mort, et bien mort, cela avait été dûment constaté... Joseph d'Arimathie et Nicodème le leur ont certainement dit, eux qui avaient eu le courage, et quel courage! d'être là pour recueillir le Corps de Jésus et le porter au tombeau, malgré les grands prêtres, malgré Pilate, malgré les docteurs de la Loi, malgré le peuple, malgré tous ceux qui avaient participé à la condamnation de Jésus.
Jésus Tu es là, avec les disciples d'Émmaüs. Jésus Tu es là, au bord du lac, préparant du poisson pour ceux qui ont travaillé toute la nuit.
Jésus, Tu es là, vivant, au milieu de nous, toujours vivant aujourd'hui, même après plus de vingt siècles.
Jésus, Tu es là! Ta Résurrection est pour nous le mystère essentiel, le mystère fondamental, le mystère sans lequel vaine serait notre foi, et sans lequel nous serions les plus malheureux de tous les hommes. Tout notre christianisme, toute notre vie chrétienne reposent sur cette vérité fondamentale : Jésus, Tu es ressuscité d'entre les morts. Jésus ressuscité, Tu es toujours là, vivant, près de nous.
Jésus, Tu es là, vivant, et voilà que tout le mystère de ton Eucharistie s'éclaire. Car c'est parce que Tu es ressuscité que ton Eucharistie est valable, qu'elle est vraie. C'est parce que Tu es ressuscité que Tu es là, avec nous, aujourd'hui encore, toujours parmi nous, présent dans la sainte Hostie, dans le pain consacré.
Jésus ressuscité, Tu es présent dans ton Eucharistie, vivant au milieu de nous, présent pour nous, éternellement présent, éternellement vivant.
Jésus, Tu es là, vivant au milieu de nous...
Et nous Te contemplons Jésus, et nous sommes toujours dans ton Coeur, et nous T'aimons, Jésus. Oui, nous T'aimons, Jésus, malgré toutes nos misères, et tout en restant à l'abri dans ton Coeur nous contemplons ton Eucharistie. Jésus, nous ne sommes plus orphelins, nous ne sommes plus seuls, car Tu es avec nous, Tu restes avec nous, pour nous, et pour toujours.
Nous Te contemplons, Jésus, et nous nous tournons vers Marie pour la remercier de T'avoir donné à nous.
Nous nous tournons vers Marie, mais elle nous dit : "Regardez Jésus, aimez-Le."
Nous Te contemplons, Jésus ressuscité, Jésus Eucharistie, Jésus Action de grâce dans la gloire du Père. Nous Te contemplons Jésus dans ton Eucharistie, dans la gloire du Père, présent avec Toi car le Père est en Toi, nous Te contemplons, Jésus-Eucharistie, qui es là, pour nous.
O Esprit du Père et du Fils, sois loué d'être l'Amour du Père et du Fils, du Fils ressuscité que nous adorons dans l'Eucharistie, que nous aimons et que nous contemplons dans l'Eucharistie. Car Tu es là!
Deuxième mystère glorieux : l'Ascension
Jésus, Tu vas partir. Tu es resté quarante jours sur la terre après ta Résurrection, apparaissant de temps en temps à tes apôtres. Ils ne comprenaient pas toujours très bien ce qui se passait, mais ils avaient pris l'habitude de T'attendre et de Te voir arriver, comme ça, à l'improviste, soudain présent et visible au milieu d'eux. En fait Tu étais toujours avec eux, mais eux ne s'en rendaient pas compte. Tu aurais pu rester constamment visible pour eux, mais déjà Tu les préparais à ne plus Te voir comme avant, à ne plus entendre ta douce et chaude voix, à ne plus toucher tes mains, à ne plus sentir battre ton Coeur.
Jésus, aujourd'hui, Tu es là, au milieu de tes amis. Tu dois partir, Tu dois rejoindre le Père. Tes amis sont un peu inquiets : Tu leur as si souvent dit qu'il était bon pour eux que Tu T'en ailles. Tu devais partir, mais Tu ne les laisserais pas orphelins. Tu devais partir, pour leur envoyer l'Esprit Saint. Après vingt siècles de christianisme, nous comprenons un peu mieux, mais pas encore beaucoup ; alors, tes amis étaient très inquiets. Il faut dire à leur décharge, que cela n'a rien d'enthousiasmant d'aimer quelqu'un à la folie, quelqu'un qui nous aime aussi à la folie mais sans jamais se montrer, sans jamais se laisser voir ou entendre, ou toucher...
Jésus, Tu es là, au milieu de tes amis, et Tu vas monter au ciel. La conversation est encore active : ils ont tant de questions à Te poser. La conversation est encore inachevée que déjà Tu commences à T'élever vers le ciel jusqu'à disparaître à leurs yeux. Et tes amis restent là, bouche bée, à contempler le ciel qui a pris leur seul véritable Ami, Jésus, le Seigneur ressuscité, leur Seigneur et leur Dieu.
Jésus, Tu n'es plus là, et pourtant Tu es là. Deux anges viennent vers tes disciples pour les rassurer un peu. Ils viennent leur dire qu'ils doivent retourner à Jérusalem pour commencer à travailler, à prier surtout, en attendant la venue du Paraclet promis. Dociles, ils descendent à Jérusalem, pas très enthousiastes, toujours inquiets, mais déjà fidèles : l'expérience de la Passion les a rendus humbles. Ils ne comprennent pas, mais ils obéissent... Ils savent confusément que Jésus ne les abandonnera pas.
Jésus, Tu es là, au Cénacle, caché pour tes disciples désemparés... Ils semblent désemparés, mais pourtant ils se souviennent, probablement grâce à Marie qui est avec eux, pourtant ils se souviennent que Tu avais rompu le pain avec eux, quelques instants avant de partir sur la montagne. Tu avais rompu le pain, Tu avais béni le vin, et Tu avais dit, avec tant d'amour : "Prenez, mangez, ceci EST mon Corps qui a été livré pour vous ; prenez, buvez, ceci EST mon sang versé pour vous et pour la multitude."
Jésus, tes disciples se souviennent ; ils se souviennent aussi que, sur une desserte, dans la salle où ils viennent de déjeuner avec Toi, il reste un peu de ce pain et un peu de ce vin. Alors, avec beaucoup de respect ils contemplent pour la première fois les Espèces consacrées. Pour la première fois ils T'adorent dans le pain et le vin. Pour la première fois ils T'adorent dans ton Eucharistie; ils adorent ta Présence réelle parmi eux : car Jésus Tu es là, pour eux, pour nous, caché mais présent, et surtout vivant, éternellement vivant.
Jésus, après ton Ascension, Tu es là...
Troisième mystère glorieux : la Pentecôte
Jésus, Tu n'es plus là... Tu es remonté au ciel, vers le Père.
Jésus, tu n'es plus là... Tes disciples ne T'attendent plus, ils attendent l'Esprit, le Paraclet Consolateur. Ils ne savent pas comment cela se fera. Toi, Fils de l'Homme, Fils de Dieu, Tu T'étais fait homme, pleinement homme, totalement homme, pour sauver tous les hommes. Tes disciples T'avaient vu, touché, entendu ; ils T'avaient serré dans leurs bras, et peut-être avaient-ils, parfois, pleuré sur ton épaule... Mais l'Esprit ?... Comment se manifestera-t-il ?
Jésus, Tu n'es plus là et les apôtres attendent... Ils sont là, au Cénacle, là où on leur a demandé de rester. Ils sont là, avec Marie et ils essaient de prier. Ils se souviennent de la façon dont Toi, Tu priais, et ils essaient de faire de même. Ils redisent le Notre Père que Tu leur as appris, ce Notre Père qui existait déjà en partie dans les prières juives de l'époque, mais que Tu as complété, parachevé, et comme sublimé.
Les apôtres prient en attendant l'Esprit... Et ils discutent aussi. Ils cherchent à se remémorer tes enseignements. Ils revivent certaines de tes paraboles, notamment celles de la Miséricorde. Ils savent qu'eux aussi, qui ne sont plus très sûrs d'eux depuis leur reniement ou leur fuite, ils savent qu'eux aussi ont besoin de ta Miséricorde infinie ; ils ont besoin de ton pardon sans cesse renouvelé. Et ils découvrent l'immense Amour du Père qui reçoit dans ses bras aimants et compatissants son pauvre fils prodigue. Ils découvrent aussi qu'ils sont tous un peu comme le fils aîné, bien gentil, fidèle, obéissant, travailleur, mais trop rigide, trop dur dans ses jugements, et... un tantinet jaloux, et qui n'avait rien compris de l'Amour du Père.
Les apôtres discutent entre eux : ce sont les premiers partages d'Evangile auxquels ils s'essaient. Tout revient à leur mémoire, et ils ne savent pas ce qui est le plus important. La parabole des ouvriers de la dernière les choque encore un peu, mais, en réfléchissant bien, ils s'aperçoivent qu'ils ont bien failli, eux aussi, devenir comme ces ouvriers de la dernière heure. Pierre surtout, qui se compare au bon larron pardonné in extremis. Si lui Pierre, était mort alors, juste après avoir reçu le pardon de Jésus inscrit dans son regard, il aurait été lui aussi, un ouvrier de la dernière heure, voire de la dernière minute.
Et puis, il y a encore les béatitudes :
- Bienheureux les pauvres! Vraiment, Jésus est bien difficile à comprendre...
- Bienheureux les coeurs purs : ça, avec l'exemple de Marie, Marie si pure, si humble, ils peuvent entrevoir un peu ce que Jésus voulait leur enseigner.
- Bienheureux les miséricordieux. Oui, maintenant, ils savent combien ils ont besoin de la Miséricorde de Dieu.
- Bienheureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés. Cela, ça n'est pas clair du tout. Pleurer, c'est toujours triste, c'est toujours la manifestation d'une grande souffrance, alors, la consolation, ce n'est pas forcément du bonheur.
Mais il y a pire. Jésus leur a dit aussi : "Heureux serez-vous quand on vous persécutera, qu'on dira toute sorte de mal de vous à cause de moi..." Et encore : "Réjouissez-vous alors, et soyez dans l'allégresse!!!...???..." Non! C'est trop fort pour eux!
Jésus Tu n'es pas là, et tes apôtres sont désemparés. Ils sont pleins de bonne volonté, mais ils ne voient pas clair, et ils ne se voient pas en train d'enseigner tes enseignements à toutes les nations. On les prendrait pour des fous... comme Toi. Et mourir sur une croix, ils n'en ont pas du tout envie. Ils n'ont même pas du tout envie de mourir.
Jésus, Tu n'es pas là. Tes apôtres se sentent orphelins. Tu n'es plus là pour rompre le pain, pour bénir le vin, et ils n'osent pas le faire sans Toi. Ils se sentent indignes de prononcer tes paroles sacrées. Et puis, ils ne savent pas comment s'y prendre : il y a des choses tellement grandes qu'on n'ose les approcher qu'avec beaucoup de précautions, et encore!
Jésus, Tu n'es pas là. Tes apôtres se sentent orphelins. Il y a bien Marie, la Maman. Ils l'aiment bien. Et ils se sentent en sécurité avec elle. Ils n'hésitent pas à lui poser des questions, à se renseigner auprès d'elle. Mais après tout, ce n'est qu'une femme... et pour les juifs, une femme,... que peut-on attendre d'une femme, même si cette femme est la Mère de Celui qui n'est pas là. Les apôtres, perdus dans leurs préjugés n'ont pas compris encore que la femme est l'égale de l'homme, et que Jésus, doucement, sans heurter personne, a libéré la femme et lui a rendu sa dignité.
Jésus Tu n'es pas là, et... tes apôtres trouvent le temps long. Voilà déjà neuf jours qu'ils attendent, qu'ils T'attendent... mais maintenant, Tu ne viens plus au milieu d'eux. Non Tu ne viens plus, pourtant ils espéraient un peu, que Tu viendrais quand même...
Jésus, Tu n'es pas là. C'est aujourd'hui le premier jour de la semaine, et ils se souviennent du Jour de ta Résurrection. Ce fut un jour plein d'imprévus, pleins d'évènements incroyables, ce fut un jour d'une joie infinie... et aujourd'hui ils évoquent ce jour avec nostalgie. Non! ils ne sont pas très gais, tes apôtres, même avec la présence de Marie. Ils ont même peur de l'avenir, de leur avenir qui paraît si bouché. Comment vivre maintenant, et surtout comment vivre sans Toi ?
Jésus, Tu n'es pas là et tes apôtres ont peur... Ils ont peur des juifs, des romains, du monde entier: en fait, ils ont peur d'eux-mêmes et ils commencent à se décourager, à ne plus avoir la foi... Jésus, Tu n'es plus là, et sans Toi, le monde est vide.
Jésus, Tu n'es pas là et tes apôtres s'ennuient... Ils... mais voilà un étrange coup de vent, un souffle lumineux plein de flammes qui les remplissent d'Amour. Ils ne comprennent pas...
Mais si,... ils comprennent. Ils Te comprennent, tout devient clair, ils n'ont plus peur, ils sortent, ils parlent, ils annoncent ta Bonne Nouvelle. Ils peuvent même confirmer aux juifs ta Résurrection, et... expliquer les Écritures. Eux, incultes, ils peuvent expliquer les Ecritures aux docteurs de la Loi!
Jésus, le Saint-Esprit est venu sur tes apôtres. Tout s'éclaire pour eux.
Tout s'éclaire pour eux, et ils savent maintenant que Tu es là, et que Tu seras là, avec eux, toujours jusqu'à la consommation des siècles.
Quatrième mystère glorieux : l'Assomption de la Très Sainte Vierge
Les années ont passé. L'Eglise a commencé à prendre corps. Tes apôtres, Jésus, se sont dispersés pour prêcher ton Evangile et annoncer ta Bonne Nouvelle. De temps en temps ils se retrouvent tous à Jérusalem pour partager leurs expériences, confronter leurs points de vue, et envisager les mesures à prendre pour combattre les premières hérésies, déjà présentes. Marie est toujours là, véritablement Mère de l'Eglise comme Tu en fus le fondateur.
Jésus, Tu es là car tes apôtres savent maintenant célébrer la fraction du pain. Les chrétiens s'organisent malgré les persécutions naissantes. Jésus, Tu es là, et Marie Te retrouve dans ton Eucharistie. Comme elle le fut à Nazareth, pendant sa grossesse, elle est redevenue un tabernacle vivant.
Jésus, Tu es là, et Marie le sait bien. Jésus, Tu es là, et Marie se meurt d'Amour. Marie se meurt d'Amour pour Toi, son Fils, et pour le Père dont elle est la Fille très aimée, et pour le Saint-Esprit dont elle fut l'Epouse bien-aimée.
Jésus, Tu es là, dans ton Eucharistie, et Marie le sait bien, et Marie adorante est heureuse, mais d'un bonheur un peu douloureux, le bonheur douloureux de la présence mystique qui appelle la présence sensible de l'Enfant qui fut crucifié. Marie voudrait revoir l'homme qui fut son Fils... Comme Marie est mortelle, comme nous, elle sait qu'elle ne reverra son fils qu'après sa mort. Et Marie attend sa mort, une mort qui sera pleine d'amour, car ce sera une mort dans l'Amour, une mort d'amour.
Marie meurt dans l'Amour. Et le Fils reçoit son âme, et le Fils reçoit son coeur. Et la Mère et le Fils s'étreignent dans une extase d'Amour infinie. Cette extase est si grande et l'étreinte si forte que le corps de Marie est comme soulevé, comme enlevé de terre... pour embrasser le Fils, pour rejoindre le Père, pour s'enivrer de l'Esprit.
Le corps de Marie ne pouvait pas rester sur la terre, son amour était trop fort, son amour était trop grand. Le merveilleux Amour qui l'unissait à Dieu a accompli le miracle indicible, inexprimable : Marie est au Ciel, vivante comme nous, avec son corps glorifié, près de son Fils. Marie est au Ciel, près de son Fils et dans le sein de la Trinité, dans le sein de l'Amour.
Cinquième mystère glorieux : le Couronnement de Marie
Jésus, Tu es là. Tu es là, dans le Ciel, avec Marie ta Très Sainte Mère. Tu es là Jésus, et Tu étreins Marie, et Tu la fais entrer dans ses nouveaux domaines. Et Marie, qui ne peut s'empêcher de Te contempler, qui ne peut détacher de Toi, de ton visage, son regard ébloui, Marie entre avec Toi dans le Paradis, dans le Ciel de Dieu, dans le sein de Dieu, dans le Coeur de la Trinité qui est ton Coeur aussi.
Et celui qui contemple ces choses ne peut plus continuer. Il ne peut plus continuer car il est encore un mortel, sur la terre, avec son corps de pécheur, avec son âme pas encore complètement nettoyée. Celui qui contemple ces choses ne peut plus continuer. Tu couronnes ta Mère, la Co-Rédemptrice. Tu couronnes Marie, Reine du Ciel, Reine des Anges, Reine de l'univers, Reine de l'Eglise.
Jésus, Tu es là, près de Marie que Tu couronnes. Mais nous qui sommes sur la terre, nous ne savons plus rien dire, car, nous, nous ne voyons rien, nous n'entendons rien, et nous ne comprenons rien. Mais Jésus, nous savons que Tu es là, c'est notre foi qui nous le dit, qui nous l'affirme, et cela nous suffit.
Jésus, Tu es là. Le dessein de Dieu est accompli. Le plan de Dieu est réalisé. Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes que Dieu aime, aux hommes que Tu aimes.
Sur les chemins de la Vie... avec Marie
Mystères du Rosaire
Jésus Tu es là !
Jésus, Tu es là! Tu es là, tout près de moi. Je viens Te rencontrer, je viens Te prier. Je viens Te prier en priant Marie... En priant les mystères du Rosaire...
Mystères joyeux
Premier mystère joyeux : l'Annonciation
Depuis des siècles Dieu est connu, Dieu est aimé. Dieu aime son peuple tendrement, comme une Mère aime son enfant et jamais Dieu n'abandonne ses enfants. Dieu s'est même fait connaître directement à son peuple, notamment dans la nuée, lors de la traversée de la Mer Rouge. Plusieurs fois Il s'est aussi manifesté ouvertement à quelques hommes choisis, et plus particulièrement :
- à Adam et à Eve, quand Il s'entretenait familièrement avec eux dans le jardin d'Eden, et se promenait avec eux.
- à Abraham, lorsque les trois Hommes vinrent lui annoncer que, malgré son grand âge, il serait le père d'un peuple innombrable.
- à Moïse, quand Dieu se manifesta à lui dans le buisson ardent et avec qui Il parlait face à face, à cause de l'humilité de son serviteur.
- à Elie, quand Dieu passa devant son prophète, dans la brise légère. Dieu passa devant Elie, mais seulement après avoir mis Sa Main sur sa face, car Elie, comme tous les autres hommes, n'aurait pu voir Dieu sans mourir.
- à Samuel, aussi, qui apprit à répondre quand Dieu appelait : "Parle, Seigneur, ton serviteur écoute."
Dans toute la Bible Dieu est là, mais Il ne se manifeste généralement d'une manière sensible qu'à peu de personnes, et d'une manière tout à fait discrète. Dieu est là, près de nous, mais Il nous semble souvent lointain, inaccessible. C'est probablement une des raisons pour lesquelles le peuple hébreu se tourna tant de fois vers des idoles visibles. Dieu était là, mais insaisissable. Pourtant le peuple attendait quand même le Messie, et il l'attendait de plus en plus impatiemment.
Marie aussi attendait le Messie. Elle l'attendait de tout son coeur, de toutes ses forces, et elle aurait tellement voulu devenir la servante de celle qui serait la Choisie, la Mère du Messie. Marie priait avec grande ferveur, Marie attendait, Marie espérait... Et voici, soudain, l'Ange qui lui dit : "Je te salue, Marie, le Seigneur EST avec toi." Pour la première fois au monde, Jésus est LA, Jésus est avec nous.
Tu es là, Jésus, mais Marie est encore la seule à le savoir. Pendant neuf mois, Marie sera le tabernacle vivant de Jésus... Elle pourra L'adorer, L'aimer, Le contempler avec les yeux de son coeur, Le sentir grandir en elle... Jésus est là, en Marie, et déjà parmi nous. Jésus est là et Marie le sait, Marie le sent vivre en elle. Tu es là aussi, Jésus, dans nos tabernacles : nous aussi nous T'adorons et nous T'aimons, et nous Te prions.
Deuxième mystère joyeux : la Visitation
"Comment m'est-il donné que la Mère de mon Seigneur vienne à moi ?" dira Elisabeth à Marie venue la visiter. Jésus est là, amené par Marie, et Elisabeth, sanctifiée avec son fils, a reconnu le Sauveur. Jésus est là.
Le petit Jean, celui qui deviendra le Baptiste, le précurseur, le petit Jean qui n'est pas encore né, le petit Jean a reconnu Celui dont il devra préparer le chemin. Et ce petit enfant tressaille de joie...
Le petit Jean tressaille de joie, et Elisabeth, sa mère prophétise : "Tu es bénie entre toutes les femmes... Bienheureuse celle qui a cru..." dit-elle à Marie.
Jésus, Tu es là, Tu as tes premiers adorateurs. Des coeurs purs, des coeurs ouverts, des coeurs qui T'attendaient.
Jésus, Tu es vraiment là, dans le secret, mais Tu es réellement là, et déjà trois personnes T'ont reconnu. Quatre, en comptant Joseph qui, bientôt, lui aussi, recevra la visite d'un ange. Et peut-être Zacharie, qui sait ? Mais comme il est muet...
Tu es là, Jésus, vraiment là. Avec Marie, avec Elisabeth, dans la foi, nous T'adorons et nous Te prions.
Troisième mystère joyeux : la Nativité
Méditons tout d'abord sur l'annonciation à Joseph. Joseph est dans le désarroi : il ne comprend pas ce qui se passe en son épouse bien-aimée. Il ne sait pas ce qu'il doit faire. Joseph est dans la peine, on dirait aujourd'hui dans la détresse : alors il vaut mieux qu'il parte... Oui, Joseph va partir, il ne peut plus continuer à vivre avec celle qui est peut-être la toute sainte... Joseph va partir. Mais voici qu'un ange vient le rassurer : "Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie ton épouse ; car ce qui a été engendré en elle vient de l'Esprit Saint... Tu lui donneras le nom de Jésus... Il sera appelé Fils de Dieu. Car la Vierge qui devait enfanter, c'est ton épouse. La Vierge a conçu et va bientôt enfanter un fils auquel tu donneras le nom de Jésus, ce qui veut dire Sauveur." L'Emmanuel attendu, Dieu avec nous, est déjà là."
Maintenant, Joseph sait que Jésus est là, parmi nous. C'est encore dans le secret, mais Joseph sait, et il peut commencer à préparer tout ce qui sera nécessaire pour la Nativité.
Les événements se précipitent, les prophéties se réalisent. A cause d'un Edit de César, Joseph doit se rendre, immédiatement, à Bethléem : Jésus pourra naître à Bethléem, ainsi que l'ont annoncé les prophètes : "Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n'es nullement le moindre des clans de Juda, car de toi sortira un chef qui sera le pasteur de mon peuple Israël."
Jésus est né, à Bethléem... Jésus est là, Dieu est présent parmi nous, visible pour Marie et Joseph, et bientôt pour le monde. Pour nous tous. Jésus est là!
Les anges réveillent les bergers qui viennent contempler et adorer leur Dieu, leur Sauveur, leur Messie, présent dans ce petit enfant. Les bergers sont heureux, ils adorent le Libérateur d'Israël. Leur Messie tant attendu est enfin là! Première Épiphanie!
Jésus, Tu es là! Jésus, Dieu-Emmanuel, Dieu tout petit enfant est là, au milieu des hommes qui font ses délices. Jésus-Dieu est là.
Jésus est là pour nous, les hommes. Le Dieu Unique, invisible, s'est rendu visible, Dieu a visité son peuple. Les mages peuvent venir : Jésus est là pour eux aussi, pour tous les hommes de toutes les nations, pour tous les hommes de la terre, pour tous les hommes de bonne volonté, les hommes qui croient et qui aiment Dieu. Les hommes au coeur pur, les hommes au coeur simple, les hommes au coeur humble.
Les mages sont heureux : ils ont vu Dieu, car Dieu est là, avec eux, avec nous... Deuxième Épiphanie!
Tu es là, Jésus, Tu es là pour sauver tous les hommes de toutes les nations. Avec Marie et Joseph, avec les bergers, avec les mages, Jésus nous T'adorons et nous Te prions. Et nous T'aimons Jésus, Dieu avec nous, Jésus, Emmanuel.
Quatrième mystère joyeux : la Présentation de Jésus au Temple
Depuis la première Pâque, celle qui protégea les hébreux de la dernière plaie d'Egypte, celle qui permit au peuple hébreu de quitter l'Egypte, la terre d'esclavage, Dieu avait ordonné que tout premier-né mâle lui fût consacré. En effet l'Ange exterminateur avait épargné tous les premiers-nés des hébreux qui, le soir de cette Pâque, avaient badigeonné le linteau de leurs maisons avec le sang de l'agneau du sacrifice, un agneau mâle, sans défaut.
Et depuis ce jour, ce jour de la première Pâque, les juifs devaient toujours "racheter" leur garçon premier-né, lequel appartenait d'office à Dieu. Marie et Joseph se soumirent à cette Loi et se rendirent au Temple de Jérusalem pour y présenter l'Enfant Jésus et le "racheter" en offrant un couple de tourterelles.
Marie vient "racheter" son Fils. C'est Dieu, visible mais caché, encore inconnu qu'elle présente au prêtre. C'est Dieu qui est là, mais les prêtres ne le reconnaîtront pas. Seuls les coeurs purs, les coeurs humbles, les coeurs qui aiment Dieu et qui sont ouverts à sa Parole, seuls ces coeurs bienheureux verront l'Emmanuel : Jésus qui est là.
Jésus est là, et seuls Anne et Syméon reconnaîtront leur Seigneur. Dieu est là : ils peuvent partir en paix.
Syméon, en présence de Jésus, qui est là, comprend soudain les Écritures, ces Ecritures qui prédisaient un Messie souffrant, prédictions que les juifs ne comprenaient pas et refusaient d'emblée : le Messie, leur Messie, ne pouvait pas mourir comme un malfaiteur! Soudain le voile se déchire et Syméon comprend : cet Enfant, c'est le Messie souffrant annoncé, et le coeur de sa Mère sera transpercé d'un glaive de douleur...
Jésus, Tu es là... Syméon et Anne T'ont reconnu. Troisième Épiphanie!
Cinquième mystère joyeux : le Recouvrement de Jésus au Temple
Jésus, c'est bien connu, Tu aimes la vie cachée, la vie humble, sans éclat. Un peu trop peut-être, pour nous, pauvres hommes, lents à comprendre, car sans intelligence... Pendant les douze ans de ton enfance, Tu es resté caché. Seuls deux privilégiés Te connaissaient. Aujourd'hui, Tu es grand, dirions-nous maintenant, Tu es adulte, Tu as brillamment réussi tes examens de passage... et Tu veux Te manifester enfin, aux tiens, aux docteurs de la Loi. Sa présence, ta science, ton intelligence les éblouit...
On a dit que les deux grands docteurs de l'époque, Hillel et Gamaliel T'avaient reconnu... Et bien plus tard, Gamaliel, demeuré prudent durant toute ta vie publique, refusera cependant de prendre part à la décision du Sanhédrin, celle de Te condamner à la mort, à la Croix.
Aujourd'hui, Jésus, tout jeune adulte, Tu es là, parmi les docteurs. Marie et Joseph Te cherchent. Ils tâtonneront dans l'angoisse, durant trois jours, avant de Te retrouver, trois jours de douleur intense, car privés de Toi... Trois jours de nuit obscure, présage peut-être, des trois jours que Tu passeras dans le tombeau après ta Passion... Ceux qui T'aiment, Jésus, ne peuvent pas vivre quand Tu n'es pas là.
Mais maintenant, c'est la joie : Marie et Joseph T'ont retrouvé : ils ne comprennent pas ce qui s'est passé : pourquoi devais-Tu être chez "Ton Père" ? Ton père n'est-il pas Joseph ? Ils ne comprennent pas du tout, mais ils gardent ces choses dans leur coeur, ils méditent ces choses et les gardent, et les méditent... Ils ne comprennent pas, mais maintenant Tu es là, avec eux, cela seul compte... Tu es là, ils peuvent retourner à Nazareth, Tu leur seras soumis!...
Jésus, nous connaissons tous ces périodes affreuses où, comme Marie et Joseph, nous Te cherchons dans l'angoisse... Mais un jour nous Te retrouvons, un jour, Tu es là, enfin... Nous pouvons retourner dans nos Nazareths, Tu seras avec nous. Tu nous seras soumis quand, à l'appel d'un prêtre, Tu viendras, Tu reviendras chez nous, dans ton Eucharistie. Nous pourrons T'appeler, T'aimer, T'adorer dans l'Hostie sainte.
Car Jésus, dans tous nos tabernacles, Tu es là, présent, vivant. Tu es là et Tu nous aimes. Tu es là, et ton Coeur brûlant d'Amour, de l'Amour même de Dieu, ton Coeur nous attend. Jésus, quel bonheur! Tu es là! Tu es là Jésus, et nous T'aimons.
Mystères lumineux
Premier mystère lumineux : le Baptême de Jésus
Depuis des mois, déjà, Jean, le Baptiste, baptise dans le Jourdain... Les foules accourent à lui. Les foules viennent l'écouter... Pourtant Jean n'est pas un tendre, et ses discours n'appellent qu'à la pénitence : "Race de vipères! Vous devez changer de vie! Dieu n'aime pas vos moeurs dépravées, Dieu n'aime pas la haine que vous couvez en vous. Dieu n'aime pas votre méchanceté, votre façon d'exploiter ceux qui vous servent... Vous méprisez vos serviteurs, vous méprisez vos femmes, vous n'enseignez plus à vos enfants la Loi sainte de l'amour de Dieu et du prochain! Reconnaissez vos torts, repentez-vous, changez de vie, faites pénitence... Et venez jusqu'à moi, dans l'eau vive du Jourdain, plongez-vous dans l'eau purifiante qui lavera vos coeurs et, de coeurs de boucs qu'ils sont, les transformera en tendre coeurs d'agneau. Venez vous plonger dans l'eau qui lave et purifie."
Et les gens venaient, en foules. Tous les juifs des alentours venaient se faire baptiser dans l'eau de la pénitence. Tout le peuple venait avouer ses péchés. Tous venaient à Jean recevoir le baptême de pénitence. Il y avait des pauvres, il y avait des riches, il y avait des savants et des ignorants ; il y avait des pharisiens et des sadducéens. Il y avait ceux des villes et ceux des campagnes. Il y avait aussi les soldats romains qui devaient surveiller les foules : ça peut devenir dangereux, une foule! Mais ils étaient vite rassurés, et parfois l'un d'eux, en cachette, venait rencontrer Jean et se faire baptiser.
Tous venaient à Jean : les sages et les fous, les justes et les chenapans, les humbles et les orgueilleux : tous venaient reconnaître leurs torts... Car, sans oser le dire, ils voulaient être purs pour accueillir leur Messie, qui ne devait plus tarder...
Ils venaient tous à Jean pour se faire baptiser. Un jour, il y eut Jésus... Jean Le reconnut. Jésus était là près de Lui. Jean voulut se faire baptiser par Celui qu'il considérait comme son Seigneur, mais Jésus lui fit comprendre qu'il fallait accomplir toute justice. Jésus se plongea dans le Jourdain, Jean Le baptisa, et le Ciel s'ouvrit : Dieu était là! Le Fils Bien-Aimé du Père était là et Dieu Le présenta aux hommes.
Deuxième mystère lumineux : les Noces de Cana
"En ce temps-là il y eut des noces à Cana, et la Mère de Jésus y était. Jésus aussi fut invité à la noce ainsi que ses disciples... Ce fut le premier des miracles de Jésus. Il manifesta sa Gloire, et ses disciples crurent en Lui." (Jean 2, 1-11)
Jésus, il n'y a que peu de temps que Tu as quitté Nazareth. Seule Marie sait pourquoi Tu es parti. Toutes les autres personnes de ton village ainsi que ta parenté, ignorent où Tu es allé et ce que Tu fais. D'ailleurs les critiques vont bon train : comment se fait-Il qu'à l'âge de trente ans Il ne soit pas encore marié ? Et puis, a-t-on jamais vu un bon fils abandonner ainsi sa Mère ? Et pour aller où ? Pour faire quoi ?... Tous ces braves gens critiquent Jésus, mais ils essaient surtout de cacher leur peine, car, en réalité, Il leur manque terriblement... Alors, dans l'espoir non avoué de retrouver Celui que leur coeur aime, ils ont discrètement demandé aux gens de Cana d'inviter Marie et son Fils. Elle doit bien savoir, elle, où Il est parti...
Oui, Marie sait, en gros, pourquoi est parti son Fils, son Jésus. Elle sait qu'Il est le Rédempteur du monde et que sa mission doit commencer... Elle n'en sait pas davantage, mais par l'intermédiaire des foules qui se pressent autour de Jean le Baptiste, elle a pu faire parvenir l'invitation aux noces de Cana.
Jésus a commencé sa mission. Il a terminé la longue retraite préparatoire à sa vie publique. Il a rencontré Jean et, pour que le Père Le présente publiquement, Il a voulu recevoir le Baptême de Jean ; puis quelques futurs disciples sont venus à Lui et commencent à le suivre. Aujourd'hui, Jésus les emmène avec Lui à Cana. Cela n'a rien d'extraordinaire ; certains même faisaient peut-être partie de la famille : des cousins éloignés, des frères, disait-on à l'époque.
Il y a beaucoup de monde autour des jeunes mariés. Probablement beaucoup plus que prévu et ils n'ont plus de vin! Grand émoi chez les parents des jeunes gens. Marie a vu, Marie a compris, et le coeur de Marie s'est ému : "Ils n'ont plus de vin!" chuchote-t-elle à Jésus, qui est là, tout près d'elle. "Femme, qu'est-ce que Tu veux que j'y fasse! Je dois attendre mon Heure ?"
Marie plonge intensément son regard dans celui de Jésus. Que Lui a-t-elle dit dans le secret de son coeur ? Jésus attendait-Il cette demande de Marie ? Jésus est là, avec sa Mère, au milieu d'un monde en fête, Lui qui n'est pas du monde. Ses premiers disciples sont là, avec Lui, mais ils Le connaissent encore si peu... Est-ce l'Heure de leur révéler qu'Il est le Messie de Dieu, le Messie qu'ils attendent ? Jésus sourit à Marie dont le coeur implore toujours. Oui il est temps maintenant, l'heure est venue. Jésus se lève et Marie s'en va trouver les serviteurs : "Faites tout ce qu'Il vous dira!"
"Faites tout ce qu'Il vous dira..." Jésus est là, debout, majestueux, étonnamment majestueux. "Remplissez d'eau les jarres, et portez-en au maître de maison." Les serviteurs s'étonnent, mais subjugués par une autorité inconnue, souveraine et cependant bienveillante, ils obéissent...
Quelle merveille ce vin ? D'ordinaire on sert d'abord le bon vin, puis le moins bon quand les gens ont bien bu. Pourquoi avoir réservé ce vin exceptionnel pour la fin ? Jésus est là, comme grandi. Tous Le regardent, étonnés. Les disciples contemplent Celui qu'ils suivent et dont ils découvrent la Gloire.
A Cana, Jésus est là. Il manifesta sa Gloire, et ses disciples crurent en Lui.
Troisième mystère lumineux : l'enseignement de Jésus
La vie de Jésus a été un constant enseignement : un enseignement de pureté, de bonté, de patience, de douceur, d'humilité. La vie de Jésus parlait d'elle-même, mais parfois les disciples avaient besoin d'explications, car les attitudes ou les paroles de Jésus étaient tellement évidentes et lumineuses, qu'elles aveuglaient les intelligences bornées des hommes, même de bonne volonté mais trop attachés à leurs lois, ou à leurs petits jugements ou à leurs us et coutumes... Aussi, Jésus s'arrêtait-Il dès qu'Il s'apercevait que le trouble envahissait l'âme de ses auditeurs.
Jésus, Tu es là, assis sur le bord du chemin. Tu es là, et les disciples se sont arrêtés, eux aussi. Ils Te regardent, interrogateurs, mais ils n'osent pas Te questionner. Tu es là, Jésus. Tu attends un peu, puis Tu Te mets à raconter une parabole :
- Le Royaume des cieux est semblable à un promeneur qui s'arrête pour contempler la nature. Tout est paix, calme et silence autour de lui. Le soleil couchant darde ses rayons écarlates sur la campagne qui s'embrase d'un feu féerique, chaud et doux à la fois, violent tout en étant plein de paix et d'amour, consumant sans détruire. La campagne, baignée comme dans un brasier insaisissable, n'est plus que lumière, repos, bonheur.
Le promeneur demeure immobile, comme en extase. Jamais il n'avait assisté à un tel spectacle, jamais il n'avait ressenti une telle communion entre la nature et lui : vraiment Dieu est présent, Dieu est là vivant, proche, si proche. Dieu est là, qui attend son enfant, Dieu est là, qui partage son amour à l'homme bien-aimé. Le promeneur comprend soudain que Dieu est toujours avec lui ; il comprend que Dieu l'aime et l'accompagne sur tous ses chemins, sur toutes ses routes, Dieu est toujours là, près de lui, mais il ne le savait pas."
Jésus s'arrête et sourit à ses amis :
- Avez-vous compris que jamais Dieu n'abandonne ses enfants ? Avez-vous compris que le Père est toujours là, comme Je suis près de vous, en ce moment ?
Soudain Jean s'exclame :
- Jésus, Tu es là, et quand Tu es avec nous, tout est lumière en nous, tout est feu dans mon coeur, tout est amour aussi. Est-ce cela, le Royaume de Dieu: la présence éternelle de l'Amour, de ton amour ? Est-ce cela ton Royaume, le bonheur éternel : rester avec Toi, toujours, dans l'amour que Tu es avec le Père ?
Jésus, Tu es là. Les apôtres et tous les autres disciples se taisent. Tu es là, avec eux, et ils sont heureux... car Tu es là! Tu es là! Ils sont avec Toi, et ils sont avec Dieu.
Quatrième mystère lumineux : la Transfiguration
Nous sommes au pied du mont Thabor. Jésus est là, Il semble absorbé dans ses pensées. La matinée a été éprouvante : il y avait toutes ces foules qui se pressaient autour de Lui, et les apôtres avaient eu bien du mal à les canaliser, ces gens qui se bousculaient, criaient, voulaient voir, ou sollicitaient une guérison ou une grâce. Et tous ces gosses qui paillaient, se disputaient, ces gosses que Jésus voulait qu'on laisse venir à Lui!... Maintenant tout est plus calme. Jésus a renvoyé la foule et a conduit ses apôtres dans un endroit tranquille et ombragé.
Le déjeuner fut rapidement pris. Il fait chaud. Les apôtres, fatigués, se sont allongés, et plusieurs dorment déjà... Jésus est là, un peu en retrait : Il prie. Bientôt Il se tourne vers Pierre qui s'était réfugié près de son Maître, et Il lui fait signe d'appeler Jean et son frère Jacques :
- Venez avec Moi, tous les trois, venez prier avec Moi. Et J'ai quelque chose à vous montrer.
Le petit groupe monte le chemin qui conduit au sommet de la colline. Ils suivent Jésus en silence, s'arrêtant de temps à autre pour souffler un peu tout en admirant le paysage. Arrivé au sommet, Jésus se retourne et dit :
- Restez ici, et priez comme Je vous ai appris.
Les trois apôtres s'assoient tandis que Jésus s'éloigne de quelques pas. Les apôtres regardent Jésus, intensément, et l'amour qu'ils lui portent brille dans leurs yeux. Les apôtres regardent Jésus qui prie. Jésus est là, près de ses trois amis. Jésus est là, tout près d'eux, mais voici que Jésus semble s'éloigner un peu. Il est devenu lumineux, comme une transparence d'où émane une lumière éblouissante. Les apôtres ferment les yeux, puis les rouvrent. Que se passe-t-il ? Jésus n'est plus seul! D'où viennent ces deux personnages baignés de gloire céleste qui parlent avec Jésus ? Ne dirait-on pas Moïse et Élie ?
Pierre se lève et s'avance ; oui, Jésus est bien là, c'est bien Lui qui parle de choses mystérieuses. Jésus est là, mais Il parle de son départ : de quel départ veut-Il parler ? Pierre s'avance et s'exclame :
- Seigneur comme il fait bon, ici! Nous pourrions rester avec Toi et ces hommes bienveillants. Trois tentes suffiraient...
Pierre ne put poursuivre davantage : une nuée, sombre et lumineuse à la fois, recouvrit tout le groupe, et une voix puissante, venue du Ciel s'écria :
- Celui-ci est mon Fils Bien-Aimé, mon Élu, écoutez-Le!
Pierre, Jacques et Jean, paralysés de peur, se prosternèrent. Jésus les releva et les rassura. Tout était redevenu normal. Seul Jésus était là, souriant et tellement plein d'amour...
Cinquième mystère lumineux : l'Eucharistie
Jésus, Tu es là ; tes apôtres sont là aussi, autour de la table que Tu présides. Le repas de fête s'achève, la joie règne dans les coeurs de tes amis. Les derniers jours ont été très éprouvants, mais maintenant, en ce soir de fête, tout est paix, bonheur, amour. Tes apôtres semblent ne faire plus qu'un avec Toi tant leurs regards convergent vers ton Regard. Il est parfois, dans la vie, des moments du temps, tellement intenses, qu'ils sont comme des moments d'éternité...
Jésus, Tu es là ; un bonheur extraordinaire, presque palpable, enveloppe la salle du Cénacle. Tu es là, Jésus, et tes apôtres ne demandent rien d'autre que cette extase d'amour qui les unit à Dieu, à Toi. Jésus, Tu es là, et cela leur suffit.
Jésus, Tu es là. Toi aussi Tu regardes, Tu sondes le coeur de tes amis. Tous, ils donneront leur vie pour Toi, plus tard, tous, sauf Judas qui est déjà parti vers son destin. Tous tes disciples présents donneront leur vie pour Toi, plus tard, quand, nourris par le Pain que Tu vas leur donner, ils auront acquis toutes les forces et la science nécessaires à la sublime tâche à laquelle Tu les prépares depuis trois ans. Oui, ils seront forts, car Tu seras toujours avec eux...
Jésus, en ce soir de fête, Tu es là et cela suffit. Mais bientôt Tu romps le silence béni que Tu avais fait naître :
- Mes amis, Je dois partir, mais Je ne vous laisserai pas orphelins. Je vous enverrai mon Esprit, plus tard, après ma résurrection, quand Je serai remonté vers le Père. Car, ce soir, Je dois être livré aux mains des Juifs qui feront de Moi tout ce qu'ils voudront. Et ils Me crucifieront, et vous serez dispersés, et vous M'abandonnerez... Tous les apôtres se récrient, indignés :
- Oh! moi, s'exclame Pierre, je ne T'abandonnerai jamais, je saurais Te défendre si on Te faisait du mal, je donnerais ma vie pour Toi.
Jésus regarde Pierre, soupire, mais ne dit rien. Il ne faut pas troubler cette Heure bénie de l'Action de Grâce éternelle.
Jésus, Tu es là. Tu prends le pain et Tu approches la coupe de vin. Jésus, Tu rends grâce au Père :
- Père, glorifie ton Fils. C'est l'instant de l'Alliance Nouvelle que Tu vas sceller avec ton Peuple. Père, glorifie ton Fils qui s'en va faire ta Volonté qui est aussi la sienne...
Jésus, Tu es là, soudain solennel. Les apôtres sont subjugués. Le silence est total, mais voici que Tu bénis le pain, Tu le partages et Tu le tends à tes apôtres :
- Prenez, et mangez-en tous. Ceci est mon Corps qui va être livré pour vous, dans quelques instants. Ceci est mon Corps offert en Sacrifice d'Action de Grâce éternelle. Prenez et mangez le Corps de l'Agneau de Dieu, livré pour le pardon des péchés.
Les disciples mangent le Pain, comme écrasés par le Mystère trop grand pour eux.
Jésus, Tu es là. Tu dois aller jusqu'au bout du Sacrifice. Tu prends la Coupe :
- Buvez, ceci est mon Sang.
Mystères douloureux
Premier mystère douloureux : l'Agonie de Jésus à Gethsémani
Jésus, Tu avais désiré, d'un grand désir, manger cette Pâque avec tes disciples. Ton Heure, celle pour laquelle Tu étais venu, cette Heure terrible, mais tant attendue, ton Heure est venue. Tu vas quitter tes apôtres, tes disciples, les hommes que Tu as tant aimés sur la terre, Tu vas quitter ceux que Tu aimes, mais Tu ne les laisseras pas orphelins: Tu connais leurs faiblesses et leurs misères, et Tu sais qu'ils ne peuvent vivre sans Toi. Alors, avant de Te livrer à la mort, Tu leur partages le Pain de la vie, le Pain sacré devenu ton Corps. Tu seras éternellement avec eux, avec nous, dans ce Sacrement de vie...
Mais pour l'instant, Tu es encore avec tes disciples, pour quelques heures avec ton Corps d'homme, semblable au nôtre, ton Corps capable de souffrir autant qu'il aime. Jésus, Tu es là, et Tu arrives au Jardin des Oliviers, ce jardin où Tu aimais Te reposer avec les tiens et les enseigner dans la paix. Jésus Tu es là, avec tes apôtres, mais aujourd'hui, c'est ton Heure, et ils ne le comprennent pas: ils ne peuvent pas comprendre, c'est trop dur pour eux.
Jésus, Tu es là. Tu sais que Tu seras avec eux jusqu'à la fin du monde, mais eux, tes apôtres, ne le savent pas encore... Ils ne savent pas qu'ils vivent les derniers instants de ta vie terrestre. Alors, ils Te laissent seul. Ce n'est pas par méchanceté ni par indifférence, non, ils ne savent pas. Car il fallait que Toi aussi, Jésus, Tu fasses l'expérience de la solitude, de la détresse horrible quand Dieu semble se taire, quand Dieu est absent, ou pire, quand Dieu semble nous abandonner. Tu es là, Jésus, tes disciples dorment, et le Père T'abandonne.
Tu es là, Jésus, dans l'angoisse mortelle de l'absence de Dieu, du silence de Dieu. Tu es là, Jésus, seul face à Satan qui semble triompher, et il n'y a pas de souffrance plus grande en ce monde et dans l'autre. Tu es là, Jésus, seul, et Tu sues ton sang, ton sang que Tu viens de donner à tes apôtres qui n'avaient pas compris de quoi il s'agissait. Tu es là, Jésus, seul pour porter le poids terrible de nos péchés, de nos misères, de nos refus de Dieu. Comme nous avons refusé Dieu, le Père se refuse à Toi. Et Toi, Jésus, Tu es là, seul!...
Jésus, Tu es là, et nous nous faisons tout petits pour T'approcher, pour Te contempler. Nous non plus nous ne comprenons pas très bien l'intensité de ce mystère d'Amour, mais nous Te contemplons et nous ne pouvons nous résoudre à nous en aller, car Tu es là, Jésus, et nous T'aimons, et nous pleurons avec Toi. Tu es là, Jésus, dans ton Agonie, et nous Te prions de nous pardonner, de rester avec nous qui resterons avec Toi. Nous restons avec Toi, Jésus, et nous prions Marie de nous aider, de nous pardonner, de nous soutenir. Nous prions Marie de nous aider à prier avec Toi, car Tu es là Jésus, et nous T'aimons.
Deuxième mystère douloureux : la Flagellation
Tu es là, Jésus, au pied de la colonne. Les soldats T'ont solidement attaché... Comme si Tu avais l'intention de Te sauver!... Ils T'ont solidement attaché, très inconfortablement attaché pour que Tu souffres un peu plus, tout simplement : c'est tellement drôle de voir quelqu'un souffrir!... Ces pauvres êtres ne savent pas ce qu'ils font, eux non plus. Mais nous, nous savons...
Nous savons, Jésus, que lorsque nous faisons souffrir notre prochain, lorsque nous le battons, lorsque nous le torturons, c'est Toi que nous flagellons. Nous, nous savons, Jésus... Nous savons, Jésus, que lorsque nous manquons à l'Amour, lorsque nous écorchons ton Amour par l'intermédiaire d'un prochain que nous n'aimons pas, que nous ne voulons pas aimer, que nous voulons faire souffrir, comme ça, presque pour le plaisir, parce que, ce prochain-là, nous ne le comprenons pas, ou bien nous avons mal compris ce qu'il disait ou ce qu'il faisait, nous savons, nous, que c'est Toi que nous flagellons. Et, sans chercher à comprendre davantage, nous blessons ce prochain que nous n'aimons pas ; pourtant, nous, Jésus, nous savons que c'est Toi que nous blessons, nous savons que c'est Toi que nous flagellons...
Jésus, Tu es là, au pied de la colonne, Tu es là, pour nous et Tu reçois tous les coups des fouets pour nous, à notre place. Tu souffres pour nous, Toi l'Innocent, à cause de nous, pécheurs, à cause de nous qui les mériterions, ces coups... et Tu ne dis rien, Tu Te tais, Tu pries, et Tu pardonnes. Et Tu demandes au Père de nous pardonner aussi...
Tu es là, Jésus. Ton corps est broyé, brisé, ton sang coule, tes chairs sont arrachées. Tu es là, Jésus, et nous venons vers Toi. Nous aussi, nous sommes là ; nous contemplons tes plaies et nous nous taisons, Jésus, nous nous taisons comme Toi, mais pas pour les mêmes raisons : nous nous taisons de confusion et de repentir. Nous nous taisons et tout bas, nous demandons pardon.
Troisième mystère douloureux : le Couronnement d'épines
Jésus, Tu es là, toujours. Les soldats s'amusent bien. On leur a dit que Tu étais Roi, ils ne savent pas de quoi, ils ne savent pas de qui... Ils ne savent pas non plus pourquoi on a jeté un roi entre leurs mains terribles de bourreaux assoiffés de la souffrance des condamnés. C'est curieux! Ces pauvres soldats, quand ils rentreront chez eux, demain, ils embrasseront leurs enfants, ils seront doux avec leurs femmes, ils seront pleins de gentillesse envers leurs amis. Ils seront doux aussi avec leurs animaux...
Mais maintenant, après avoir flagellé cruellement le condamné reconnu innocent par Pilate, ils s'amusent, tout aussi cruellement, à parfaire leur travail : d'ailleurs, ils s'ennuient, ils n'ont plus rien à faire, et ce condamné qui ne se plaint jamais, qui ne crie pas, qui ne les injurie pas, ce condamné trop parfait, il faut bien essayer de lui faire sortir une plainte, de lui tirer des cris de douleur.
Jésus, Tu es là... Ils vont Te couronner avec des épines, et Te saluer, ô Roi des juifs, Roi du monde, ils vont Te saluer sans savoir qu'en Te saluant, Jésus, ils saluent aussi leur Roi. Car Tu es déjà leur Roi, comme Tu es notre Roi, le Roi de toutes les nations.
Jésus, Tu es là... De nouveau ton sang coule. Tu es là, Jésus, et Tu les regardes, tes bourreaux, avec amour, avec un Amour qu'ils ne comprennent pas, qu'ils ne peuvent pas comprendre, car on ne leur a jamais appris l'Amour : on ne leur a appris que la haine et la violence... Jésus, Tu es là...
Tu es là, Jésus, et nous aussi nous sommes là, et nous aussi nous Te regardons. Et Tu nous regardes, Jésus, d'un regard tellement rempli d'Amour que nous ne pouvons le soutenir. Nous essayons de Te regarder, Jésus, mais maintenant nous ne pouvons que pleurer. Nous ne pouvons que pleurer de repentir car nous commençons à comprendre combien Tu nous a aimés, combien Tu nous aimes. Jésus, Tu es là. Nous sommes avec Toi, tout petits, tout humbles. Nous essayons de Te rendre un peu de cet Amour immense que Tu nous as donné. Mais Tu vois Jésus, nous ne savons pas très bien faire... Alors nous prions, en silence, avec Marie, ta sainte Maman si douloureuse aussi...
Quatrième mystère douloureux : Jésus est condamné à mort et chargé de la Croix.
Jésus, Tu es là! Pilate a dit que Tu étais innocent... Mais les chefs de ton peuple veulent ta mort. D'ailleurs c'était écrit, et les Ecritures ne peuvent mentir. Et Toi, Tu savais que Tu devais mourir, aujourd'hui, sur la Croix. Il faut que cela se fasse, Tu es venu dans notre monde pour cela, pour mourir sur une croix.
Jésus, Tu es là, et Tu attends ta Croix. Tu es là et Tu prends ta Croix. Tu es là, Jésus et Tu commences ton chemin de Croix. Tu avances, Jésus, sur ce chemin de Croix, le chemin de notre salut, le chemin de notre Rédemption...
Tu es là, Jésus, et les hommes de tous les siècles Te contemplent et espèrent leur salut... Surtout, Jésus, avance, surtout ne faiblis pas, Tu es venu pour nous sauver : il faut que Tu ailles jusqu'au bout de ta tâche.
Jésus, Tu es là. Nous aussi nous sommes là, car tous les hommes sont dans ton Coeur. Par l'Eucharistie c'est ton sang qui circule dans leurs veines, c'est ta chair qui les nourrit, c'est ta vie qui les vivifie, c'est ton Amour, l'Amour infini qui lie le Père et le Fils, c'est ton Amour qui les inonde, les submerge, et les transforme en Toi. Jésus, Tu es là, sur le Chemin de notre Rédemption, vers ta mort qui nous donne ta Vie.
Jésus, Tu es là, Tu avances à grand'peine sur le chemin de ta Croix. Tu es là, Jésus, et nous sommes avec Toi, en Toi. Nous sommes en Toi, Jésus, bien cachés dans ton Coeur, blottis dans ton Coeur, jamais rassasiés de ton Amour. Nous sommes en Toi, Jésus, et nous n'avons plus peur. Nous montons ton chemin de Croix, avec Toi, mais protégés par Toi, à l'abri des méchants et du mal. Nous sommes en Toi, Jésus, nous pouvons suivre ton Chemin de Croix : nous n'avons plus peur car c'est Toi qui souffres pour nous. Nous, nous nous contentons de nous accrocher à ton Coeur, nous nous blottissons dans ton Coeur, bien à l'abri. Bien sûr, nous ressentons un peu tes souffrances, mais elles sont à notre taille, et nous pouvons les porter.
Jésus, Tu es là : nous sommes arrivés au Calvaire. Marie est là, Jésus, avec Toi ; Marie est avec Toi, Jésus, avec Toi, co-rédemptrice avec Toi.
Cinquième mystère douloureux : Jésus meurt sur la Croix
Jésus, Tu es là. Tu es maintenant sur la Croix. On ne sait pas comment Tu peux ne pas crier, ne pas hurler ta souffrance infinie, ta souffrance inexprimable. Ton Corps n'est que souffrance, ton Coeur n'est que souffrance, ton âme n'est que souffrance. Ton âme n'est que souffrance car le Père T'a abandonné, car le Père ne veut plus de Toi : souffrance infinie du Fils que le Père semble rejeter...
Jésus, Tu es là, sur la Croix, et Tu vas mourir. Tout est consommé, tout est accompli. Rien ne manque à ton oeuvre. Tu as fait toute la volonté du Père, Tu as été obéissant jusqu'à la mort, et la mort sur une Croix, la Tienne.
Jésus, Tu vas mourir, Tu meurs...
Jésus, nous T'en prions, fais encore un effort, en notre faveur: "Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu'ils font."
Jésus, Tu es là. Tu vas mourir, Tu meurs, mais Tu as encore la force de nous donner une Mère et de supplier le Père de nous pardonner. Jésus, Tu es là et Tu meurs. Et Tu as soif de nous...
Jésus, nous ne Te voyons pas car nous sommes dans ton Coeur. Notre coeur s'alimente aux dernières gouttes de ton sang. Notre vie terrestre s'en va avec la tienne, notre amour défaille dans ton Amour. Jésus, nous ne savons plus rien, sinon que nous T'aimons. Nous ne savons plus rien, plus rien que ton Amour, ton Amour qui ne meurt pas... car Jésus, Tu es là.
Mystères glorieux
Premier mystère glorieux : la Résurrection
Jésus, Tu es là!... En ce premier dimanche de notre ère chrétienne, Tu es ressuscité, et Tu es là. Tu es là pour Marie, la Sainte Maman qui T'a accompagné tout au long de ton Chemin de Croix. Tu es là pour Marie-Madeleine, la passionnée, l'amoureuse, tellement éperdue d'amour et de peine, qu'elle ne Te reconnaît pas tout d'abord. Tu es là pour Jean l'apôtre chéri de ton Coeur...
Tu es là pour les saintes femmes, ces pauvres femmes sans culture, un peu méprisées comme toutes les femmes en Israël... Tu es là pour ces pauvres femmes simples mais tellement dévouées. D'ailleurs, servir, elles ne savent faire que cela, servir et aimer. Et Jésus les aime, ces femmes, ces mères qui L'aiment.
Jésus, Tu es là, soudain, au milieu des apôtres. Ils ne savent pas par où Tu es passé et ils n'osent pas Te reconnaître: d'ailleurs, ces pauvres apôtres, ils sont bien déphasés depuis quelques jours. Il s'est passé tant de choses inouïes depuis ces trois jours qui leur ont paru des siècles. Tu es mort, et bien mort, cela avait été dûment constaté... Joseph d'Arimathie et Nicodème le leur ont certainement dit, eux qui avaient eu le courage, et quel courage! d'être là pour recueillir le Corps de Jésus et le porter au tombeau, malgré les grands prêtres, malgré Pilate, malgré les docteurs de la Loi, malgré le peuple, malgré tous ceux qui avaient participé à la condamnation de Jésus.
Jésus Tu es là, avec les disciples d'Émmaüs. Jésus Tu es là, au bord du lac, préparant du poisson pour ceux qui ont travaillé toute la nuit.
Jésus, Tu es là, vivant, au milieu de nous, toujours vivant aujourd'hui, même après plus de vingt siècles.
Jésus, Tu es là! Ta Résurrection est pour nous le mystère essentiel, le mystère fondamental, le mystère sans lequel vaine serait notre foi, et sans lequel nous serions les plus malheureux de tous les hommes. Tout notre christianisme, toute notre vie chrétienne reposent sur cette vérité fondamentale : Jésus, Tu es ressuscité d'entre les morts. Jésus ressuscité, Tu es toujours là, vivant, près de nous.
Jésus, Tu es là, vivant, et voilà que tout le mystère de ton Eucharistie s'éclaire. Car c'est parce que Tu es ressuscité que ton Eucharistie est valable, qu'elle est vraie. C'est parce que Tu es ressuscité que Tu es là, avec nous, aujourd'hui encore, toujours parmi nous, présent dans la sainte Hostie, dans le pain consacré.
Jésus ressuscité, Tu es présent dans ton Eucharistie, vivant au milieu de nous, présent pour nous, éternellement présent, éternellement vivant.
Jésus, Tu es là, vivant au milieu de nous...
Et nous Te contemplons Jésus, et nous sommes toujours dans ton Coeur, et nous T'aimons, Jésus. Oui, nous T'aimons, Jésus, malgré toutes nos misères, et tout en restant à l'abri dans ton Coeur nous contemplons ton Eucharistie. Jésus, nous ne sommes plus orphelins, nous ne sommes plus seuls, car Tu es avec nous, Tu restes avec nous, pour nous, et pour toujours.
Nous Te contemplons, Jésus, et nous nous tournons vers Marie pour la remercier de T'avoir donné à nous.
Nous nous tournons vers Marie, mais elle nous dit : "Regardez Jésus, aimez-Le."
Nous Te contemplons, Jésus ressuscité, Jésus Eucharistie, Jésus Action de grâce dans la gloire du Père. Nous Te contemplons Jésus dans ton Eucharistie, dans la gloire du Père, présent avec Toi car le Père est en Toi, nous Te contemplons, Jésus-Eucharistie, qui es là, pour nous.
O Esprit du Père et du Fils, sois loué d'être l'Amour du Père et du Fils, du Fils ressuscité que nous adorons dans l'Eucharistie, que nous aimons et que nous contemplons dans l'Eucharistie. Car Tu es là!
Deuxième mystère glorieux : l'Ascension
Jésus, Tu vas partir. Tu es resté quarante jours sur la terre après ta Résurrection, apparaissant de temps en temps à tes apôtres. Ils ne comprenaient pas toujours très bien ce qui se passait, mais ils avaient pris l'habitude de T'attendre et de Te voir arriver, comme ça, à l'improviste, soudain présent et visible au milieu d'eux. En fait Tu étais toujours avec eux, mais eux ne s'en rendaient pas compte. Tu aurais pu rester constamment visible pour eux, mais déjà Tu les préparais à ne plus Te voir comme avant, à ne plus entendre ta douce et chaude voix, à ne plus toucher tes mains, à ne plus sentir battre ton Coeur.
Jésus, aujourd'hui, Tu es là, au milieu de tes amis. Tu dois partir, Tu dois rejoindre le Père. Tes amis sont un peu inquiets : Tu leur as si souvent dit qu'il était bon pour eux que Tu T'en ailles. Tu devais partir, mais Tu ne les laisserais pas orphelins. Tu devais partir, pour leur envoyer l'Esprit Saint. Après vingt siècles de christianisme, nous comprenons un peu mieux, mais pas encore beaucoup ; alors, tes amis étaient très inquiets. Il faut dire à leur décharge, que cela n'a rien d'enthousiasmant d'aimer quelqu'un à la folie, quelqu'un qui nous aime aussi à la folie mais sans jamais se montrer, sans jamais se laisser voir ou entendre, ou toucher...
Jésus, Tu es là, au milieu de tes amis, et Tu vas monter au ciel. La conversation est encore active : ils ont tant de questions à Te poser. La conversation est encore inachevée que déjà Tu commences à T'élever vers le ciel jusqu'à disparaître à leurs yeux. Et tes amis restent là, bouche bée, à contempler le ciel qui a pris leur seul véritable Ami, Jésus, le Seigneur ressuscité, leur Seigneur et leur Dieu.
Jésus, Tu n'es plus là, et pourtant Tu es là. Deux anges viennent vers tes disciples pour les rassurer un peu. Ils viennent leur dire qu'ils doivent retourner à Jérusalem pour commencer à travailler, à prier surtout, en attendant la venue du Paraclet promis. Dociles, ils descendent à Jérusalem, pas très enthousiastes, toujours inquiets, mais déjà fidèles : l'expérience de la Passion les a rendus humbles. Ils ne comprennent pas, mais ils obéissent... Ils savent confusément que Jésus ne les abandonnera pas.
Jésus, Tu es là, au Cénacle, caché pour tes disciples désemparés... Ils semblent désemparés, mais pourtant ils se souviennent, probablement grâce à Marie qui est avec eux, pourtant ils se souviennent que Tu avais rompu le pain avec eux, quelques instants avant de partir sur la montagne. Tu avais rompu le pain, Tu avais béni le vin, et Tu avais dit, avec tant d'amour : "Prenez, mangez, ceci EST mon Corps qui a été livré pour vous ; prenez, buvez, ceci EST mon sang versé pour vous et pour la multitude."
Jésus, tes disciples se souviennent ; ils se souviennent aussi que, sur une desserte, dans la salle où ils viennent de déjeuner avec Toi, il reste un peu de ce pain et un peu de ce vin. Alors, avec beaucoup de respect ils contemplent pour la première fois les Espèces consacrées. Pour la première fois ils T'adorent dans le pain et le vin. Pour la première fois ils T'adorent dans ton Eucharistie; ils adorent ta Présence réelle parmi eux : car Jésus Tu es là, pour eux, pour nous, caché mais présent, et surtout vivant, éternellement vivant.
Jésus, après ton Ascension, Tu es là...
Troisième mystère glorieux : la Pentecôte
Jésus, Tu n'es plus là... Tu es remonté au ciel, vers le Père.
Jésus, tu n'es plus là... Tes disciples ne T'attendent plus, ils attendent l'Esprit, le Paraclet Consolateur. Ils ne savent pas comment cela se fera. Toi, Fils de l'Homme, Fils de Dieu, Tu T'étais fait homme, pleinement homme, totalement homme, pour sauver tous les hommes. Tes disciples T'avaient vu, touché, entendu ; ils T'avaient serré dans leurs bras, et peut-être avaient-ils, parfois, pleuré sur ton épaule... Mais l'Esprit ?... Comment se manifestera-t-il ?
Jésus, Tu n'es plus là et les apôtres attendent... Ils sont là, au Cénacle, là où on leur a demandé de rester. Ils sont là, avec Marie et ils essaient de prier. Ils se souviennent de la façon dont Toi, Tu priais, et ils essaient de faire de même. Ils redisent le Notre Père que Tu leur as appris, ce Notre Père qui existait déjà en partie dans les prières juives de l'époque, mais que Tu as complété, parachevé, et comme sublimé.
Les apôtres prient en attendant l'Esprit... Et ils discutent aussi. Ils cherchent à se remémorer tes enseignements. Ils revivent certaines de tes paraboles, notamment celles de la Miséricorde. Ils savent qu'eux aussi, qui ne sont plus très sûrs d'eux depuis leur reniement ou leur fuite, ils savent qu'eux aussi ont besoin de ta Miséricorde infinie ; ils ont besoin de ton pardon sans cesse renouvelé. Et ils découvrent l'immense Amour du Père qui reçoit dans ses bras aimants et compatissants son pauvre fils prodigue. Ils découvrent aussi qu'ils sont tous un peu comme le fils aîné, bien gentil, fidèle, obéissant, travailleur, mais trop rigide, trop dur dans ses jugements, et... un tantinet jaloux, et qui n'avait rien compris de l'Amour du Père.
Les apôtres discutent entre eux : ce sont les premiers partages d'Evangile auxquels ils s'essaient. Tout revient à leur mémoire, et ils ne savent pas ce qui est le plus important. La parabole des ouvriers de la dernière les choque encore un peu, mais, en réfléchissant bien, ils s'aperçoivent qu'ils ont bien failli, eux aussi, devenir comme ces ouvriers de la dernière heure. Pierre surtout, qui se compare au bon larron pardonné in extremis. Si lui Pierre, était mort alors, juste après avoir reçu le pardon de Jésus inscrit dans son regard, il aurait été lui aussi, un ouvrier de la dernière heure, voire de la dernière minute.
Et puis, il y a encore les béatitudes :
- Bienheureux les pauvres! Vraiment, Jésus est bien difficile à comprendre...
- Bienheureux les coeurs purs : ça, avec l'exemple de Marie, Marie si pure, si humble, ils peuvent entrevoir un peu ce que Jésus voulait leur enseigner.
- Bienheureux les miséricordieux. Oui, maintenant, ils savent combien ils ont besoin de la Miséricorde de Dieu.
- Bienheureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés. Cela, ça n'est pas clair du tout. Pleurer, c'est toujours triste, c'est toujours la manifestation d'une grande souffrance, alors, la consolation, ce n'est pas forcément du bonheur.
Mais il y a pire. Jésus leur a dit aussi : "Heureux serez-vous quand on vous persécutera, qu'on dira toute sorte de mal de vous à cause de moi..." Et encore : "Réjouissez-vous alors, et soyez dans l'allégresse!!!...???..." Non! C'est trop fort pour eux!
Jésus Tu n'es pas là, et tes apôtres sont désemparés. Ils sont pleins de bonne volonté, mais ils ne voient pas clair, et ils ne se voient pas en train d'enseigner tes enseignements à toutes les nations. On les prendrait pour des fous... comme Toi. Et mourir sur une croix, ils n'en ont pas du tout envie. Ils n'ont même pas du tout envie de mourir.
Jésus, Tu n'es pas là. Tes apôtres se sentent orphelins. Tu n'es plus là pour rompre le pain, pour bénir le vin, et ils n'osent pas le faire sans Toi. Ils se sentent indignes de prononcer tes paroles sacrées. Et puis, ils ne savent pas comment s'y prendre : il y a des choses tellement grandes qu'on n'ose les approcher qu'avec beaucoup de précautions, et encore!
Jésus, Tu n'es pas là. Tes apôtres se sentent orphelins. Il y a bien Marie, la Maman. Ils l'aiment bien. Et ils se sentent en sécurité avec elle. Ils n'hésitent pas à lui poser des questions, à se renseigner auprès d'elle. Mais après tout, ce n'est qu'une femme... et pour les juifs, une femme,... que peut-on attendre d'une femme, même si cette femme est la Mère de Celui qui n'est pas là. Les apôtres, perdus dans leurs préjugés n'ont pas compris encore que la femme est l'égale de l'homme, et que Jésus, doucement, sans heurter personne, a libéré la femme et lui a rendu sa dignité.
Jésus Tu n'es pas là, et... tes apôtres trouvent le temps long. Voilà déjà neuf jours qu'ils attendent, qu'ils T'attendent... mais maintenant, Tu ne viens plus au milieu d'eux. Non Tu ne viens plus, pourtant ils espéraient un peu, que Tu viendrais quand même...
Jésus, Tu n'es pas là. C'est aujourd'hui le premier jour de la semaine, et ils se souviennent du Jour de ta Résurrection. Ce fut un jour plein d'imprévus, pleins d'évènements incroyables, ce fut un jour d'une joie infinie... et aujourd'hui ils évoquent ce jour avec nostalgie. Non! ils ne sont pas très gais, tes apôtres, même avec la présence de Marie. Ils ont même peur de l'avenir, de leur avenir qui paraît si bouché. Comment vivre maintenant, et surtout comment vivre sans Toi ?
Jésus, Tu n'es pas là et tes apôtres ont peur... Ils ont peur des juifs, des romains, du monde entier: en fait, ils ont peur d'eux-mêmes et ils commencent à se décourager, à ne plus avoir la foi... Jésus, Tu n'es plus là, et sans Toi, le monde est vide.
Jésus, Tu n'es pas là et tes apôtres s'ennuient... Ils... mais voilà un étrange coup de vent, un souffle lumineux plein de flammes qui les remplissent d'Amour. Ils ne comprennent pas...
Mais si,... ils comprennent. Ils Te comprennent, tout devient clair, ils n'ont plus peur, ils sortent, ils parlent, ils annoncent ta Bonne Nouvelle. Ils peuvent même confirmer aux juifs ta Résurrection, et... expliquer les Écritures. Eux, incultes, ils peuvent expliquer les Ecritures aux docteurs de la Loi!
Jésus, le Saint-Esprit est venu sur tes apôtres. Tout s'éclaire pour eux.
Tout s'éclaire pour eux, et ils savent maintenant que Tu es là, et que Tu seras là, avec eux, toujours jusqu'à la consommation des siècles.
Quatrième mystère glorieux : l'Assomption de la Très Sainte Vierge
Les années ont passé. L'Eglise a commencé à prendre corps. Tes apôtres, Jésus, se sont dispersés pour prêcher ton Evangile et annoncer ta Bonne Nouvelle. De temps en temps ils se retrouvent tous à Jérusalem pour partager leurs expériences, confronter leurs points de vue, et envisager les mesures à prendre pour combattre les premières hérésies, déjà présentes. Marie est toujours là, véritablement Mère de l'Eglise comme Tu en fus le fondateur.
Jésus, Tu es là car tes apôtres savent maintenant célébrer la fraction du pain. Les chrétiens s'organisent malgré les persécutions naissantes. Jésus, Tu es là, et Marie Te retrouve dans ton Eucharistie. Comme elle le fut à Nazareth, pendant sa grossesse, elle est redevenue un tabernacle vivant.
Jésus, Tu es là, et Marie le sait bien. Jésus, Tu es là, et Marie se meurt d'Amour. Marie se meurt d'Amour pour Toi, son Fils, et pour le Père dont elle est la Fille très aimée, et pour le Saint-Esprit dont elle fut l'Epouse bien-aimée.
Jésus, Tu es là, dans ton Eucharistie, et Marie le sait bien, et Marie adorante est heureuse, mais d'un bonheur un peu douloureux, le bonheur douloureux de la présence mystique qui appelle la présence sensible de l'Enfant qui fut crucifié. Marie voudrait revoir l'homme qui fut son Fils... Comme Marie est mortelle, comme nous, elle sait qu'elle ne reverra son fils qu'après sa mort. Et Marie attend sa mort, une mort qui sera pleine d'amour, car ce sera une mort dans l'Amour, une mort d'amour.
Marie meurt dans l'Amour. Et le Fils reçoit son âme, et le Fils reçoit son coeur. Et la Mère et le Fils s'étreignent dans une extase d'Amour infinie. Cette extase est si grande et l'étreinte si forte que le corps de Marie est comme soulevé, comme enlevé de terre... pour embrasser le Fils, pour rejoindre le Père, pour s'enivrer de l'Esprit.
Le corps de Marie ne pouvait pas rester sur la terre, son amour était trop fort, son amour était trop grand. Le merveilleux Amour qui l'unissait à Dieu a accompli le miracle indicible, inexprimable : Marie est au Ciel, vivante comme nous, avec son corps glorifié, près de son Fils. Marie est au Ciel, près de son Fils et dans le sein de la Trinité, dans le sein de l'Amour.
Cinquième mystère glorieux : le Couronnement de Marie
Jésus, Tu es là. Tu es là, dans le Ciel, avec Marie ta Très Sainte Mère. Tu es là Jésus, et Tu étreins Marie, et Tu la fais entrer dans ses nouveaux domaines. Et Marie, qui ne peut s'empêcher de Te contempler, qui ne peut détacher de Toi, de ton visage, son regard ébloui, Marie entre avec Toi dans le Paradis, dans le Ciel de Dieu, dans le sein de Dieu, dans le Coeur de la Trinité qui est ton Coeur aussi.
Et celui qui contemple ces choses ne peut plus continuer. Il ne peut plus continuer car il est encore un mortel, sur la terre, avec son corps de pécheur, avec son âme pas encore complètement nettoyée. Celui qui contemple ces choses ne peut plus continuer. Tu couronnes ta Mère, la Co-Rédemptrice. Tu couronnes Marie, Reine du Ciel, Reine des Anges, Reine de l'univers, Reine de l'Eglise.
Jésus, Tu es là, près de Marie que Tu couronnes. Mais nous qui sommes sur la terre, nous ne savons plus rien dire, car, nous, nous ne voyons rien, nous n'entendons rien, et nous ne comprenons rien. Mais Jésus, nous savons que Tu es là, c'est notre foi qui nous le dit, qui nous l'affirme, et cela nous suffit.
Jésus, Tu es là. Le dessein de Dieu est accompli. Le plan de Dieu est réalisé. Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes que Dieu aime, aux hommes que Tu aimes.
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