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Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich (1774-1824)

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Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich (1774-1824) Empty Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich (1774-1824)

Message par Her Ven 18 Mar - 23:13

Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich
(1824-02-09)

La Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich est née le 8 septembre 1774 au hameau de Flamske, petite ville de Coësfeld en Westphalie (Allemagne), d’un pieux laboureur, père de neuf enfants dont elle était le cinquième. Dès ses plus tendres années, le Ciel l'avait initiée aux splendeurs du monde invisible : son ange gardien lui apparaissait au milieu des pâturages sous la figure d'un jeune berger qui prenait part à ses jeux ; Notre Seigneur, la Sainte Vierge, saint Joseph, saint Jean-Baptiste venaient à elle tour à tour, comme des enfants de son âge, et lui expliquaient le symbolisme profond, caché sous la forme des plantes, des fleurs et de toutes les scènes de la nature, en sorte qu'elle pouvait dire à la fin de sa vie : "Grâce à Dieu, je n'ai presque jamais rien lu et cependant, quand je venais à jeter les yeux sur un livre quelconque, il me semblait à chaque ligne déjà tout savoir par cœur. Les histoires même des saints, quand je les comparais à leur vie telle qu'elle m'était montrée, me faisaient l'effet d'un soleil de terre jaune comparé au véritable".

Dès cet âge tendre, elle avait un sentiment très vif des souffrances et de la joie d'autrui. Elle donnait aux pauvres tout ce qu'elle avait ; souvent même il lui arrivait de leur faire part, du consentement tacite de ses parents, des chétives provisions de la maison. Aussi sa piété portait principalement le cachet du renoncement et de la mortification. Dès son enfance, elle ne prenait de sommeil et de nourriture que ce qu'exigeait la nécessité la plus absolue. Elle passait en prière une partie de ses nuits ; souvent même, en hiver, elle priait à genoux sur 1a neige du chemin. Elle couchait par terre, sur des planches disposées en forme de croix, et elle aimait à répéter que l’inutile est toujours nuisible et que l’âme retrouve au centuple, tout ce qu'elle se retranche pour l’amour du Seigneur, Ainsi, ajoutait-elle, avec une comparaison gracieuse, faut-il tailler la vigne et les arbres pour leur faire porter des fruits ; sans cette culture, ils ne porteraient qu'un bois aride et superflu.

Embrasée du désir de se vouer tout entière à Dieu, elle fut, dans sa jeunesse, l'objet d'une faveur divine qui indiquait déjà le but providentiel de sa merveilleuse existence : "C'était quatre ans environ avant mon entrée au couvent, dit-elle, et par conséquent en 1798, dans la vingt-quatrième année de mon âge. Agenouillée devant un crucifix, dans la chapelle des Jésuites de Coësfeld, je priais avec toute la ferveur dont j'étais capable, plongée dans une contemplation pleine de douceur, lorsque tout à coup je vis mon fiancé céleste sortir du tabernacle, sous la figure d'un jeune homme tout environné de splendeur. Il tenait dans sa main gauche une couronne de fleurs, et dans sa droite une couronne d'épines, et il m'offrit à choisir entre l'une et l'autre. Je demandai la couronne d'épines, qu'il me mit lui-même sur la tête, et que j'enfonçai de mes deux mains sur mon front. Il disparut, et je sentis immédiatement de violentes douleurs autour de la tête". Bientôt des blessures se montrèrent comme des piqûres d'épines qui rendaient du sang. Afin que sa souffrance demeurât secrète, Anne-Catherine prit le parti d'abaisser davantage sa coiffure sur son front.

Elle voulait devenir moniale, mais elle se heurtait à un mur. D’abord, son père ne voulait pas. Ensuite, les couvents étaient si pauvres qu’ils ne pouvaient pas accepter de nouvelles recrues si elles n’avaient pas de dot. Anne-Catherine pensa que si elle apprenait l’orgue, elle serait acceptée quelque part. Elle se mit à faire des travaux de couture, pour économiser de quoi payer ses leçons. Quand elle pensa avoir suffisamment d’argent, elle quitta la maison paternelle et alla s’installer chez son maître à musique.

Mais vite, elle réalisa que lui et sa fille Clara avaient faim et vivaient dans la saleté. Elle se mit à les servir, et elle n’apprit pas l’orgue. Plus : elle dépensa toutes ses économies pour les nourrir, et quand elles furent finies, elle se retrouva sans rien, à avoir faim avec eux. Ce furent des années très dures. En cachette de son père, sa mère lui apportait de la nourriture. Quand elle lui reprochait ce qu’elle avait fait, Anne-Catherine, pourtant très malheureuse, répondait que si Dieu la voulait au couvent, il trouverait moyen de l’y mettre.

De fait, Clara, au contact d’Anne-Catherine, eut elle aussi la vocation religieuse. Elle n’avait aucune difficulté à trouver un couvent, puisqu’elle savait jouer de l’orgue. Mais son père exigea qu’Anne-Catherine soit acceptée aussi. Et c’est ainsi qu’Anne-Catherine entra avec Clara au couvent des Augustines d’Agnetenberg à Dülmen.

Devenue moniale augustine sécularisée, on n'imaginerait pas cependant ce qu'elle eut à souffrir au couvent de la part de ses consœurs, dont la piété n'allait pas jusqu'à comprendre les voies extraordinaires par lesquelles il plait quelquefois à Dieu de conduire ses élus. Ainsi, comme elle voyait et entendait à distance tous les manquements à la règle, toutes les paroles oiseuses et peu charitables, pendant qu'elle en avait le cœur percé de douleur et s'efforçait de ramener par de tendres avis ses sœurs bien-aimées, elle s'entendait taxer d'inconvenance, d'indiscrétion, etc. On allait jusqu'à l'accuser d'écouter aux portes, pour satisfaire son penchant à la critique.

Mais rien de tout cela n'altérait la profonde paix de son âme; et, lorsque les révolutions politiques eurent sécularisé son couvent ainsi que bien d'autres maisons religieuses, sous Jérôme Bonaparte, roi de Westphalie, en 1811, elle disait, avec l'accent de la plus profonde tristesse, qu'elle s'était trouvée dans son pauvre cloître plus heureuse qu'un roi sur son trône !

Ces courtes années du cloître forment, en effet, la partie la plus pleine et la plus riche de cette vie privilégiée. Ses extases devinrent plus fréquentes, ses visions s'étendirent, et prirent un caractère d'ensemble vraiment merveilleux. Elle voyait tout l'Ancien Testament et le sens profond et éternel de toutes ses figures, c'est-à-dire le lien intime qui les rattache par tous les points aux mystères de la très sainte Incarnation et de la Rédemption. Ces rapports lui apparaissaient comme quelque chose de vivant, à travers le cours des siècles et des générations prédestinées à préparer la venue du Sauveur. Elle voyait tous les personnages appelés par Dieu à coopérer pour leur part au mystère de l'Incarnation du Verbe, leur histoire jusque dans les moindres détails, la signification figurative de tous ces faits par rapport au Messie. Elle connaissait toutes les grâces dont Dieu les avait comblés, et voyait les fruits de bénédiction de leurs saintes œuvres se perpétuer de génération en génération. En un mot, la Sœur a eu l'intuition profonde et complète de l'unité des deux Testaments en Jésus-Christ, centre et fin de toutes choses.

En même temps elle apercevait tout le travail de l'enfer, l'origine et la diffusion de l'idolâtrie, les formes variées de l'erreur et de la superstition inspirées et propagées par Satan, pour arrêter, en le contrefaisant, le seul progrès véritable, celui du règne de Dieu.

Enfin l'histoire de la Rédemption, la vie entière du Sauveur se dévoila jour par jour et dans tous ses détails aux yeux de son âme ravie. Elle suivit tous les pas du Sauveur, entendit tous ses enseignements, fut témoin de tous ses miracles.

A ce spectacle on n'est plus étonné de cette parole que lui dit un jour son ange gardien : "Personne n'a jamais vu ces choses au même degré".

Rien de plus merveilleux aussi que le don de clairvoyance de la Sœur par rapport aux reliques des saints : Elle les voyait toujours, même à distance, entourées d'une auréole, à la lumière de laquelle lui était dévoilée la vie toute entière du bienheureuse qui avait animé ces précieux restes. Tous les objets bénits par l’Église brillaient d'ailleurs à ses yeux d'un éclat particulier; elle les distinguait de tous les autres objets semblables, et il s'en échappait pour elle une vertu qui vivifiait jusqu'à son corps. Plusieurs fois des reliques furent apportées près de son lit de douleur : toujours elle était avertie de leur présence avant même de les avoir vues ; bien souvent, avant qu'elles fussent tirées de leurs multiples enveloppes, elle décrivait le nombre, la forme et la nature de ces objets sacrés, indiquait les saints auxquels ils avaient appartenu, et racontait à cette occasion toute leur histoire.

Elle disait elle-même : "Je ne saurais exprimer ce que les reliques des saints me font éprouver. Il en jaillit une lumière plus ou moins vive qui se dirige sur moi comme la flamme suit la direction du courant d'air. Ce rayon m'attire avec une force irrésistible : il faut que je les approche de mon cœur". Et en effet, lorsqu'on lui présentait une relique, elle la pressait involontairement contre son cœur. Je sens que ce rayon vient d'un astre, que cet astre se rattache à un firmament d'étoiles qui toutes s'allument à une source de lumière infinie. Guidée par le rayon mystérieux et transportée ainsi dans la lumière, je vois le corps, l'âme, toute la vie militante, souffrante et triomphante du saint auquel il se rattache. Il existe entre le corps et l’âme une liaison intime et mystérieuse : l’âme peut sanctifier son corps où le profaner ; sans cette union, l'expiation du péché par la pénitence extérieure ne serait pas possible. Or, de même que les saints pendant la vie ont fait de leurs corps l'instrument de leurs saintes œuvres, de même, aujourd'hui qu'ils en sont séparés, ils s'en servent encore pour agir sur leurs frères militants ; mais la foi seule peut nous découvrir le secret de cette action mystérieuse.

Cette immense lumière que projetait en son âme le monde surnaturel ne restait pas toutefois confinée dans son intelligence ; son cœur en ressentait aussi les ardeurs, et l'amour qui l’embrasait devenait chaque jour de plus en plus enflammé. Bientôt les extases ne lui suffirent plus. Depuis longtemps elle avait déjà donné des preuves de son immense désir de souffrir pour expier les fautes d'autrui : ainsi elle était encore petite fille lorsque, apercevant d'autres enfants de son âge qui se livraient à des jeux indécents, elle alla aussitôt se rouler dans les orties, en pénitence de leurs fautes. Notre Seigneur l'exauça donc en lui communiquant, dans une apparition, le 29 décembre 1812, ses douloureux stigmates.

Dès lors elle souffrit, pour le reste de sa vie, toutes les douleurs intérieures et extérieures de Jésus dans sa Passion. Aux jours où elle contemplait ces scènes sanglantes, on la voyait pleurer et gémir comme une enfant livrée aux bourreaux ; elle tremblait et se tordait sur sa couche ; son visage ressemblait à celui d'un supplicié, et souvent une sueur de sang ruisselait sur ses épaules et sur sa poitrine. Les plaies des mains, des pieds et du côté rendaient du sang; son corps était couvert de meurtrissures comme s'il eût été flagellé ; et telle était la soif brûlante dont elle souffrait, que le lendemain, sa langue en était encore toute aride et contractée.

Depuis longtemps cependant la Sœur, clouée sur un lit de douleur qu'elle ne devait plus quitter jusqu'à sa mort, était pressée par son ange gardien de raconter ses visions, sans pouvoir trouver personne qui voulût l'entendre. Ses confesseurs l'avaient toujours rebutée sur ce point. Un jour qu'elle s'étonnait de toutes ces visions, dont elle ignorait le but, son conducteur céleste lui répondit : "Tu ne peux pas savoir combien d'âmes, lisant ces choses, en seront édifiées et excitées à la vertu. Les récits de semblables grâces ne manquent pas, il est vrai : mais, le plus souvent, ils sont faits autrement qu'il ne faudrait ; d'ailleurs, bien des choses anciennes sont aujourd'hui oubliées ou rendues suspectes par des attaques téméraires. Ce que tu pourras redire sera pieusement recueilli, et produira beaucoup de bien que tu ne peux prévoir".

La Sœur avait vu d'avance en esprit l’homme qui devait lui être envoyé d'En-Haut pour écrire ses visions ; aussi lorsque Clément Brentano lui fut présenté par le vénérable Overberg, et par Mgr Sailer, l'illustre évêque de Ratisbonne, elle lui témoigna, dès la première entrevue, une confiance extraordinaire, parce qu'elle avait aussi reconnu en lui celui qui devait venir à son secours. Elle me tendit toute joyeuse ses mains marquées des sacrés stigmates, écrit Clément Brentano. Je ne remarquai en elle rien de tendu ni d'exalté, mais un enjouement naïf, souvent aussi un tour qui tenait d'une innocente espièglerie. Tout ce qu'elle dit est prompt, bref, simple, sans retour complaisants sur elle-même, mais aussi plein de profondeur, d'amour, de vie, quoique tout à fait rustique. Elle vit au milieu de l'entourage le plus inintelligent et le plus fâcheux, composé de braves gens simples, mais grossiers, de visiteurs incommodes et d'une méchante sœur : toujours malade à la mort, soignée par des mains maladroites et rudes, travaillant, dirigeant tout le ménage, délaissée de tous, martyrisée par la douleur, maltraitée par sa sœur comme une Cendrillon, et pourtant toujours affectueuse et douce, toujours calme et sereine, quoique toujours en lutte 'avec d'immenses douleurs endurées pour les péchés d'autrui.

La Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich expira le 9 février 1824, à Dulmen, dans sa cinquantième année, après avoir répété trois fois à. haute voix ces paroles :
« Seigneur y secourez-moi ; venez Seigneur Jésus, venez ! »

Voici comment elle fit part de sa mission de voyante à Clément Brentano qu'elle désigne habituellement sous le nom de Pèlerin :

« Les nombreuses et surprenantes communications de l'Ancien et du Nouveau Testament, les scènes innombrables de la Vie des saints, etc., m'ont toutes été données par la miséricorde de Dieu, non seulement pour mon instruction, car il y avait bien des choses que je ne pouvais pas saisir, mais pour être communiquées, et pour remettre au jour des choses cachées et plongées dans l'oubli. J'en ai toujours reçu l'ordre à plusieurs reprises : je l'ai raconté aussi bien que je l'ai pu, mais on ne se donnait pas même la peine de m'écouter : il me fallait donc le renfermer en moi-même et j'oubliais nécessairement une foule de choses. Mais j'espère que maintenant Dieu donnera ce qui sera nécessaire ».

Une autre ouverture, sur le même sujet, que fit Anne-Catherine étant en extase, mérite aussi d'être rapportée :

« Je sais, dit-elle, que je devrais être morte depuis de longues années, car je viens d'avoir une vision où j'ai appris que je serais morte, il y a longtemps, si tout ne devait pas être connu par le moyen du Pèlerin. Il doit tout écrire, car mon affaire à moi est de prophétiser, c'est-à-dire de faire connaître les visions. Et quand le Pèlerin aura tout mis en ordre et que tout sera fini, il mourra aussi ».

Mais la communication la plus étendue et la plus caractéristique qu'Anne-Catherine ait faite sur ses visions et sur sa tâche prophétique eut lieu le 2 février 1821. Comme le Pèlerin lui parlait des grâces singulières qu'elle recevait si abondamment et dont une grande partie se perdait parce qu'elle était dérangée, ou troublée, ou accablée par la souffrance :

« Oui, dit- elle, mon fiancé m'a aussi dit cela cette nuit, comme je me plaignais de ma détresse, de ma misère, de voir tant de choses que je ne comprenais pas, etc. Il m'a dit qu'il ne me donnait pas mes visions pour moi, qu'elles m'étaient envoyées pour que je les fisse recueillir, et que je devais les communiquer. Ce n'est pas maintenant le temps de faire des miracles extérieurs. Il donne ces visions et il en a toujours agi de même, pour prouver qu'il veut être avec son Église jusqu'à la fin des siècles. Les visions (c'est-à-dire la contemplation seule) ne sauvent personne : il faut pratiquer la charité, la patience et toutes les vertus. Il me fit voir ensuite une série de saints qui avaient eu des visions de toute nature, mais qui n'étaient arrivés au salut qu'en utilisant ce qu'ils y avaient appris. Je vis ensuite des scènes de la vie de différents saints et je vis que la plupart du temps leurs visions avaient été tronquées et mal comprises de ceux qui les avaient mises par écrit. Je vis combien plusieurs d'entre eux eurent à souffrir à ce sujet et comment sainte Térèse craignit bien longtemps d'être le jouet d'une illusion diabolique, par suite de l'absurdité de ses confesseurs. Elle nomme alors sainte Térèse, sainte Catherine de Sienne, sainte Claire de Montefalco, sainte Brigitte, sainte Hildegarde, sainte Véronique Giuliani, la vénérable Marie-de-Jésus, etc., comme lui ayant toutes été montrées, et elle dit beaucoup de choses sur la nature de leurs visions, dont elle n'a qu'une connaissance intérieure. Elle voit que l'effet de ces visions a été détruite en grande partie par les suppressions ou les changements qui y ont faits des prêtres savants, mais manquant de simplicité et ne comprenant pas la manière dont ces tableaux se produisent. On a, dit Brentano, souvent rejeté beaucoup de choses parce qu'on ne pouvait pas dégager la pure vision historique d'autres représentations qui s'y mêlaient et où le contemplatif agissait par la prière. J'en vois tant d'autres étonnamment prolixes où chaque grâce est accompagnée d'un tel flux de paroles que personne ne trouve plus rien de substantiel qu'il puisse s'approprier. Les visions de sainte Hildegarde ont été écrites par elle-même avec la plus grande fidélité, parce qu'avec elles, elle a reçu de Dieu le don d'écrire. Cependant, il y a beaucoup d'altérations dans ce qui en a été imprimé. Même dans les écrits imprimés de sainte Térèse, on a fait des changements. Sainte Françoise Romaine a eu beaucoup de visions du même genre (qu'Anne-Catherine), mais elles ont été très mal reproduites. Elle a vu comment la manie des confesseurs de tout accommoder à leur manière d'entendre l'Évangile a fait disparaître bien des choses.

Et pourtant, peu de semaines auparavant, avant que cette injonction répétée lui eût été faite, Anne-Catherine, assaillie de douleurs innombrables et craignant de ne pouvoir pas en supporter la violence, avait supplié Dieu de lui retirer les visions. Voici ce qu'elle raconta, le ler janvier 1821 : J'ai demandé de tout mon cœur près de la crèche que Dieu me soulageât un peu et voulût bien me décharger d'un fardeau ; qu'au moins il retirât à l'enfant son affreuse toux convulsive (c'était l'enfant de son frère qui demeurait près d'elle, et dont l’interminable toux, convulsive allait bien plus au cœur d'Anne Catherine que ses propres souffrances) : mais je n'ai pas été écoutée et aucune espérance ne m'a été donnée: j'ai fait à Dieu une querelle dans les règles, je lui ai rappelé comment Il a promis de tout exaucer, et dans quels cas ; je lui ai cité plusieurs exemples, mais il ne m'a pas écoutée et j'ai compris que cette année je serais encore plus fortement éprouvée qu'à l'ordinaire. Hier encore, j'ai prié Dieu ardemment de me retirer les visions, afin d'être délivrée de l'obligation de les raconter et de la responsabilité qui s'y attache. Mais je n'ai pas été exaucée, et il m'a été dit, comme de coutume, que je dois raconter tout ce que je serais en état de dire, et Cela quand même on se moquerait de moi. Je ne puis comprendre à quoi cela servira. Il m'a été dit encore que personne n'a vu tout cela de la même manière et de la même mesure que moi : que d'ailleurs ce ne sont pas mes affaires, que c'est l'affaire de l'Église. C'est un grand malheur qu'il s'en perde tant, et il en résulte une grande responsabilité. Bien des personnes, qui sont cause que je n'ai jamais de repos et le clergé qui manque d'hommes et qui manque, de foi pour faire cela, auront un terrible compte à rendre. J'ai vu aussi tous les obstacles que le démon a suscités ».

Ceci nous conduit au trait le plus étonnant de cette admirable vie. Anne-Catherine, si intimement unie au Rédempteur, devait avoir l'auguste privilège de partager sa vie de Rédemption. La lumière prophétique était, pour ainsi dire, qu'un commencement de l'union mystérieuse de son âme avec celle du Sauveur, qu'elle appelait son Fiancé céleste. L'amour, mais un amour incompréhensible à nos âmes attiédies, l'union à son sacrifice, à ses souffrances, à sa vie crucifiée. Dans cet amour, elle embrassait tous les besoins, tous les dangers, toutes les douleurs du corps mystique de Jésus, et elle brûlait du désir de souffrir, pour consoler, guérir et racheter avec lui. Toutes les abominations des révolutions qui bouleversaient son époque lui étaient montrées, et cette vue la réduisait à l'agonie.

Pour lui faciliter cette mission expiatrice, Dieu l'avait mise sous la direction visible de son ange gardien, qui la conduisait en esprit à travers le monde. Ainsi il la mena un jour de cette manière dans le cachot de Marie-Antoinette, afin qu'une compassion plus vive la portât à prier plus instamment pour elle. À chacun de ces voyages surnaturels, son conducteur céleste commençait d'ordinaire par la mener au pied du crucifix de l'église de Coësfeld où elle avait reçu, vers l'âge de vingt ans, les douleurs de la couronne d'épines qui désormais ne la quittèrent plus ; puis il l'enlevait à suite vers l'orient, la terre des mystères Dieu, et faisait avec elle le tour du globe, en lui montrant dans les prisons, dans les chaumières, sur lits d'agonie, sur les champs de bataille, dans les églises profanées et jusque dans les conventicules de Satan, toutes les misères à soulager, tous les crimes à expier. Dans les dernières années du pontificat de Pie VII, par exemple, elle se rendait chaque jour en esprit à Rome pour consoler le Saint Père, lui obtenir les lumières célestes et lui découvrir les machinations des impies.

Mais le grand objet de ses souffrances expiatoires et de ses douleurs sans nombre, c'était le mal fait à l'Église, soit par le pouvoir temporel, soit par la haine et les attaques de l'incrédulité, par la mondanité des prêtres, par les menées secrètes de la franc-maçonnerie, contre lesquelles elle avait sans cesse à lutter, en un mot par les crimes de toute espèce qui déshonorent l'Épouse du Christ et perdent misérablement les âmes. Et c'est à travers ce chemin de douleur qu'elle arrivait chaque jour à la Terre sainte, et au milieu de ces immenses souffrances, qu'elle contemplait la vie et la mort du Rédempteur.

Pendant l'année 1823, une vision terrible lui dévoila plus clairement que jamais toutes les plaies et tous les maux de l'Église; elle s'offrit alors pour victime, sans balancer un instant. Dieu agréa son sacrifice. Aussi toute cette année se passa au milieu d'un martyre indescriptible ; quand on lui demandait comment elle allait, elle entrouvrait péniblement les yeux et répondait en souriant : « Ce sont de si bonnes souffrances !

Voici comment fut montrée à Anne-Catherine la dévastation opérée dans l'Église par l'incrédulité moderne et la renaissance spirituelle qui en doit être le remède.

Je vis le monde, raconte l'extatique, comme une plaine circulaire qui s'était couverte d'obscurité et de ténèbres. Tout y était desséché et flétri ainsi qu'une nature morte ; arbres, buissons, plantes, fleurs et champs, tout avait cette triste apparence de dépérissement. Il semblait que l'eau des fontaines, des ruisseaux, des fleuves et des mers même fût épuisée ou qu'elle fût remontée aux abîmes du firmament et autour du paradis terrestre. Je parcourai cette terre désolée où les fleuves ne se dessinaient plus que par de légers filets, et les mers par de noirs gouffres au fond desquels se trouvaient d'étroites flaques d'eau.

Tout le reste n'était qu'une vase trouble et épaisse où se trouvaient embourbés une multitude d'animaux monstrueux et de poissons qui luttent avec la mort. Ma course fut de si longue haleine qu'il me fut facile de reconnaître le rivage de la mer où je vis un jour précipiter saint Clément. J'aperçus aussi des contrées et des populations plongées dans une extrême détresse ; et en même temps que la terre se déroulait ainsi sous mes yeux toute aride et sans eau, je voyais les œuvres ténébreuses des hommes se multiplier. Un grand nombre de scandales me furent montrés dans tous leurs détails ; je reconnus au milieu de cette désolation, Rome et les calamités qui affligeaient l'Église et la faisaient décliner, tant au-dedans qu'au-dehors.

Puis j'aperçus de grandes masses affluer de diverses contrées vers un même lieu, où l'on combattait à outrance. À cet endroit, au centre du champ de bataille, apparaissait un point noir d'une certaine étendue, semblable à un abîme vertigineux autour duquel les rangs s'éclaircissaient de plus en plus, comme si les combattants y étaient précipités sans que personne se doutât de rien. En même temps je revis, parmi toutes ces ruines, les douze hommes douze missionnaires, paraît-il, dont elle a déjà parlé ailleurs — dispersés sans lieu mutuel entre eux dans autant de pays différents. L'eau vive de la grâce leur arrivait comme par rayons. Ils la distribuaient habilement à droite et à gauche sans savoir d'où elle leur venait. Une œuvre était-elle terminée, ils se sentaient assez de force pour en entreprendre une autre. Les douze étaient donc de nouveau lu, tous âgés de moins de quarante ans, dont trois prêtres et plusieurs autres comptant le devenir. Il me semblait même que je me rencontrais maintes fois avec l'un d'eux, ou qu'il était de ma connaissance ou de mon voisinage. Leur costume n'avait rien de particulier, mais chacun se portait d'après l'usage de son pays et du temps actuel. Je vis qu'ils récupéraient, avec l'aide de Dieu, tout ce qui s'était perdu et qu'ils ne travaillaient qu'à la bonne cause en toutes leurs entreprises. Ils étaient tous Catholiques.

J'aperçus aussi, dans les rangs ténébreux des corrupteurs, des faux prophètes et des personnes qui combattaient les écrits de ces douze nouveaux apôtres. Souvent ceux-ci disparaissaient dans la lutte, mais pour reparaître bientôt avec plus d'éclat. Je vis encore une centaine de femmes ravies en une sorte d'extase ; à côté d'elles se tenaient des hommes qui les magnétisaient : elles faisaient des prédictions.

Mais j'en avais horreur, car elles m'inspiraient le plus profond dégoût.

Pendant que les rangs des combattants s'éclaircissaient de plus en plus autour de l'abîme et que toute une cité disparaissait durant la lutte, le parti des douze hommes apostoliques avait grandi en proportion ; et de l'autre cité, — c'est-à-dire de Rome, la vraie cité de Dieu, — un éclair foudroyant vint fondre sur l'abîme ténébreux. Je vis en même temps planer au-dessus de l'Église amoindrie et humiliée une Dame auguste, recouverte d'un manteau d'azur à replis très amples, et couronnée d'étoiles. La lumière rayonnait autour d'elle comme de son centre et se répandait graduellement à travers l'épaisseur des ténèbres. Partout où pénétraient ses rayons, la terre se renouvelait et redevenait florissante. Je vis entre autres la moindre des églises d'une grande ville devenir ainsi la première église de la cité — apparemment l'église de Notre-Dame-des-Victoires, à Paris, où a été établie "L’Archiconfrérie du Saint et Immaculé Cœur de Marie", pour la conversion des pécheurs. — Les nouveaux apôtres se rassemblèrent sous tous ces rayons ; je crus me reconnaître avec d'autres personnes de ma connaissance, en tête de la compagnie. Tout était devenu florissant. Je vis un nouveau Pape qu'embrasait le zèle de la maison de Dieu. Le sombre abîme se rétrécit de plus en plus, et enfin l'ouverture en devint si étroite, qu'un seau d'eau aurait pu la couvrir. Avant que disparût la vision, j'aperçus encore trois multitudes ou communautés, — trois peuples sans doute, — opérer leur réunion avec la lumière. Ces multitudes étaient accompagnées de personnes à l'âme droite et éclairée et elles entrèrent dans l'Église. — Désormais tout était renouvelé.Les cours d'eau avaient retrouvé l'abondance de leurs flots, partout régnaient la verdure et les fleurs. Je vis s'élever des sanctuaires et des cloîtres. Alors que l'obscurité et la sècheresse duraient encore, j'avais été transportée à travers une prairie verdoyante, émaillée de fleurs blanches comme celles que je dus un jour cueillir ; plus loin j'avais rencontré une haie d'épines qui m'avait mise toute en lambeaux, au temps des ténèbres; elle était maintenant en fleurs et j'y pénétrai avec allégresse. »

À la suite de ces pages, nous trouvons le récit d'une vision relative à. un Pape futur différent peut-être de celui mentionné plus haut ; on reconnaît sans peine que ce Pape n'est autre que l'Immortel Pie IX. C'était le 27 janvier 1822, jour où se célébrait, cette année, dans le diocèse de Munster, la fête de la conversion de saint Paul. Anne-Catherine était restée, toute l'après-midi, absorbée dans une fervente prière et plongée dans une extase profonde. Le soir, elle fit le récit suivant de sa journée.

Une fête d'action de grâce vient d'avoir lieu dans l'Église du ciel ; la solennité était grande, un trône s'y distinguait sous des ornements magnifiques. Paul, Augustin et d'autres saints convertis prenaient surtout part à cette fête, où l'Église triomphante offrait au Seigneur l'expression de sa reconnaissance pour une grâce bien grande, mais qui n'arrivera à pleine maturité que dans la suite. Le ciel célébrait comme la consécration future d'un homme de grande condition, encore peu avancé en âge et de belle taille, qui doit être Pape un jour et qui venait de faire un pas décisif dans la vie spirituelle. Il se tenait au bas de l’église, au milieu d'autres pieux fidèles ; il avait aussi été lié avec ce bon vieux prêtre dont j'ai vu ces jours-ci la mort à Rome. Cette vision me montra encore un grand nombre de chrétiens qui revenaient au giron dé l'Église. Ils entraient comme par les murailles dans l'enceinte sacrée.

Je vis que ce Pape, futur sera plein de zèle et qu'il écartera de sa personne les évêques au cœur froid ou tiède. Mais il se passera encore bien des choses jusque-là. Tous ceux qui avaient contribué à cette grande grâce par leurs prières, étaient présents à la cérémonie. J'y aperçus aussi les autres personnes pieuses et zélées que je remarque souvent dans mes visions. Ce jeune homme était déjà dans les ordres et il me sembla qu'aujourd'hui il avait reçu quelque dignité.

Il n'est point originaire de Rome, mais du pays cependant ; il est Italien et appartient, je crois, à une famille aussi distinguée par sa piété que par sa noblesse. Il voyage parfois. Cependant, avant que se réalise cette splendeur, il se passera vraisemblablement encore des jours de grands combats et de confusion. Mais cette fête était belle et heureuse au-delà de toute expression ; ma joie y était au comble. Comme la cérémonie dure encore, j'y retourne.

Et Anne-Catherine retomba en extase. Le lendemain, son confesseur racontait qu'elle s'était élevée du lit et avait prié avec une grande ferveur dans cet état extatique, jusqu'il ce qu'il lui eût commandé de reprendre sa posture habituelle.

Voici comment Anne-Catherine vit d'une manière sensible les ruines morales de la société et les catastrophes qui en doivent résulter :

"J'ai dû combattre toute cette nuit ; j'en suis encore accablée de fatigue, tant les désolantes visions que j'ai eues m'ont coûté d'efforts ! Mon guide m'avait conduit par toute la terre, comme il travers d'immenses cavernes, d'une architecture funèbre ; des multitudes innombrables s'y entrecroisaient au hasard, pêle-mêle, absorbées dans les œuvres la nuit. Il me semblait que je passais sous tous les lieux habités de la terre dont le monde criminel seul me fût montré. Quelquefois je voyais de nouvelles multitudes, prises de l'aveuglement du vice, qui tombaient des hauteurs du monde supérieur dans l'abîme. Nulle part de retour au bien ! En général, le nombre des hommes dépassait de beaucoup celui des femmes ; à peine voyais-je quelques enfants. Il m'arriva souvent d'être h bout de forces, tant était grande la tristesse qui m'accablait ; alors mon guide me ramenait quelque temps dans les régions de la lumière. Là, je me trouvais soit dans une prairie, soit dans un agréable paysage tout éclairé du soleil mais complètement inhabité. Bientôt néanmoins il me fallait redescendre dans les régions ténébreuses, au milieu du plus affreux spectacle qui se put voir : la perfidie, l'aveuglement, la méchanceté, la duplicité, la vengeance, l’orgueil, la tromperie, l'envie, l’avarice, la discorde, l'homicide, la luxure et une affreuse impiété passaient sous mes yeux ; les victimes de ces vices, loin d'y trouver quelque avantage réels n'en devenaient que plus aveugles, que plus misérables, et leur chute dans l'abîme ténébreux n'en était que plus profonde. J'avais souvent le sentiment comme de villes entières dont les murs ne reposaient plus que sur une légère couche de terre et qui menaçaient d'un moment à l’autre de s'effondrer dans l'abîme. Je voyais les infortunés pécheurs à creuser des pièges sous les pas d'autrui, et les recouvrir très légèrement. Mais pas un homme de bien ne se trouvait dans ces ténèbres et aucun d'eux ne fut pris à ces embûches. Tous les méchants, qui s'agitaient ainsi sous mes yeux, m'apparaissaient dans un vaste espace s'étendant à droite et h gauche à perte de vue dans l’obscurité, au milieu d'un tumulte semblable à celui d'un champ de foire ; ils commettaient l'iniquité par bandes et par groupes qui s'entrecroisaient ; un crime en appelait toujours un autre à sa suite.

Puis il me sembla que souvent j'enfonçais encore plus profondément dans ces régions ténébreuses ; mon chemin descendait par une pente irrésistible à travers toutes ces horreurs sans nom, et je fis ainsi le tour de la terre. Je vis des peuples de tous les aspects et de tous les costumes, plongés les uns comme les autres dans ces monstruosités. Alors je me réveillai d'épouvante et de terreur : les rayons de la lune traversaient doucement ma fenêtre, pendant que mon âme, toute saisie de ces visions terrifiantes, demandait en grâce à Dieu d'en être délivrée. Mais bientôt j'étais ramenée de nouveau dans ces horribles régions de la nuit et du crime. À un moment je me trouvai dans un si épouvantable monde de forfaits que je me crus réellement en enfer et que je me mis à crier tout haut.

Alors mon guide me dit : Je suis avec toi, et où je suis, l'enfer est encore bien loin. J'éprouvai à ces paroles un grand désir de me trouver avec les âmes du purgatoire, et j'aurais préféré demeurer dans leur société. À l’instant mon désir se trouva exaucé. Le lieu de leur supplice me sembla voisin de la terre... Comme je m'étais mise à prier pour ces pauvres âmes, je me réveillai de nouveau, espérant bien être quitte, cette fois, des horribles visions du crime.
J'en fis avec ferveur la demande à Dieu. Mais à peine rendormie, mon guide me ramenait encore dans les chemins ténébreux.

Je ne puis dire combien Satan me fit de menaces et m'accabla d'épouvante. Un démon éhonté vint entre autres à ma rencontre : "Il est bien nécessaire, me dit-il, que tu viennes ainsi voir tout ce qui se passe dans ces abîmes ; tu pourras t'en vanter à ton retour sur la terre et faire mettre le tout par écrit".
Je lui répondis tout court qu'il eût à me laisser tranquille avec ses railleries.

Dans une de ces régions, je crois apercevoir une grande ville qui était particulièrement adonnée au vice et dont le sol était tout miné. Une multitude de démons y activaient l’œuvre de destruction; leur travail souterrain était déjà fort avancé et la cité me parut sur le point de s'effondrer aux endroits où s'élevaient les grands édifices. Je me suis souvent laissée aller à penser que Paris était menacé d'une ruine inévitable : j'y vois tant de cavernes souterraines, mais elles ne sont pas ornées de statues comme les catacombes de Rome ».
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