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La Sainte Eglise de Dieu - Eglise, Tradition et Magistère

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La Sainte Eglise de Dieu - Eglise, Tradition et Magistère Empty La Sainte Eglise de Dieu - Eglise, Tradition et Magistère

Message par Her Ven 9 Déc - 8:37

http://www.revue-item.com/1550/lheritage-du-magistere-de-pie-xii-et-le-concile-vatican-ii/

L’héritage du Magistère de Pie XII et le Concile Vatican II
publié dans le magistère de benoît XVI le 20 janvier 2010

DISCOURS DU PAPE BENOÎT XVI
AUX PARTICIPANTS AU CONGRÈS SUR
« L’HÉRITAGE DU MAGISTÈRE DE PIE XII
ET LE CONCILE VATICAN II »

Salle Clémentine
Samedi 8 novembre 2008

Messieurs les cardinaux,
Vénérés frères dans l’épiscopat et dans le sacerdoce,
Chers frères et sœurs,

Je suis heureux de vous accueillir à l’occasion du congrès sur « L’héritage du magistère de Pie xii et le Concile Vatican ii », organisé par l’université pontificale du Latran et l’université pontificale grégorienne. C’est un congrès important du fait du sujet qu’il aborde et de la qualité des personnes, provenant de plusieurs nations, qui y prennent part. J’adresse à chacun mes salutations cordiales et je remercie en particulier Mgr Rino Fisichella, recteur magnifique de l’université du Latran, et le père Gianfranco Ghirlanda, recteur de l’université grégorienne, pour les aimables paroles avec lesquelles ils se sont faits les interprètes de vos sentiments communs.

J’ai apprécié l’importance du sujet sur lequel vous avez concentré votre attention. Ces dernières années, quand on parlait de Pie xii, l’attention se concentrait de manière excessive sur une seule problématique, traitée qui plus est de manière généralement unilatérale. Toute autre considération mise à part, cela a empêché une approche adaptée de cette haute figure historique et théologique qu’est le Pape Pie xii. L’ensemble de l’activité imposante réalisée par ce Pape et, de manière toute particulière, son magistère sur lequel vous vous êtes penchés ces derniers jours, sont une preuve éloquente de ce que je viens d’affirmer. Son magistère se caractérise en effet par sa vaste et bénéfique étendue, ainsi que par sa qualité exceptionnelle, si bien que l’on peut dire qu’il constitue un héritage précieux dont l’Eglise a tiré un grand profit et continue de le faire.

J’ai parlé d’une « vaste et bénéfique étendue » de ce magistère. Qu’il suffise de rappeler à cet égard les encycliques et les très nombreux discours et radiomessages contenus dans les vingt volumes de ses « Insegnamenti ». Il a publié plus de quarante encycliques. Parmi lesquelles, en particulier, « Mystici corporis », dans laquelle le Pape aborde le sujet de la nature véritable et intime de l’Eglise. Par l’étendue de ses recherches, il met en lumière notre profonde union ontologique avec le Christ et – en Lui, pour Lui et par Lui – avec tous les autres fidèles animés par son Esprit, qui se nourrissent de son Corps, et transformés en Lui, lui permettent de continuer et d’étendre dans le monde son œuvre de salut. Deux autres encycliques sont intimement liée à « Mystici Corporis »: « Divino afflante Spiritu » sur l’Ecriture Sainte et « Mediator Dei » sur la Sainte Liturgie, dans lesquelles sont présentées les deux sources auxquelles doivent toujours puiser ceux qui appartiennent au Christ, Tête de ce Corps mystique qu’est l’Eglise.

Dans ce contexte de grande ampleur Pie xii a traité des différentes catégories de personnes qui, par la volonté du Seigneur, font partie de l’Eglise, même s’ils ont des vocations et des devoirs différents: les prêtres, les religieux et les laïcs. Il a ainsi édicté de sages règles sur la formation des prêtres, qui doivent se distinguer par leur amour personnel du Christ, la simplicité et la sobriété de leur vie, leur loyauté envers leurs évêques et leur disponibilité envers ceux qui sont confiés à leurs soins pastoraux. Dans l’encyclique « Sacra Virginitas » et dans d’autres documents sur la vie religieuse, Pie xii a par la suite mis clairement en lumière l’excellence du « don » que Dieu accorde à certaines personnes en les invitant à se consacrer totalement à son service et au service de notre prochain dans l’Eglise. Dans cette perspective, le Pape insiste fortement sur le retour à l’Evangile et au charisme authentique des fondateurs et des fondatrices des divers ordres et congrégations religieuses, prévoyant également la nécessité de certaines saines réformes. Il fut ensuite donné à Pie xii à de nombreuses occasions d’aborder la responsabilité des laïcs dans l’Eglise, en profitant en particulier des grands congrès internationaux dédiés à ces sujets. Il abordait volontiers les problèmes de chaque profession, en indiquant, par exemple, les devoirs des juges, des avocats, des travailleurs sociaux, des médecins: à ces derniers le Souverain Pontife dédia de nombreux discours en illustrant les normes déontologiques qu’ils doivent respecter dans leur activité. Ensuite, dans l’encyclique « Miranda prorsus », le Pape s’arrêta sur la grande importance des moyens modernes de communication, qui, de manière toujours plus incisive, influençaient toujours davantage l’opinion publique. C’est justement pour cela que le Souverain Pontife, qui valorisa au maximum l’invention nouvelle de la radio, soulignait le devoir des journalistes de donner des informations véridiques et respectueuses des règles morales.

Mme Colda Meir

Pie xii porta son attention également sur les sciences et les extraordinaires progrès qu’elles accomplissent. Même s’il admirait les avancées réalisées dans ces domaines, le Pape ne manquait pas de mettre en garde contre les risques qu’une recherche inattentive aux valeurs morales pouvait comporter. Un seul exemple suffit: le discours qu’il prononça sur la réussite de la fission des atomes est resté célèbre; cependant, avec une clairvoyance extraordinaire, le Pape en appelait à la nécessité d’interdire à tout prix que ces progrès scientifiques géniaux fussent utilisés pour la construction d’armes meurtrières qui auraient pu provoquer des catastrophes démesurées pouvant aller jusqu’à la destruction de l’humanité. Comment ne pas ensuite rappeler les longs discours inspirés concernant la réorganisation de la société civile, nationale et internationale, pour laquelle il indiquait comme fondement indispensable la justice, véritable présupposé à une coexistence pacifique entre les peuples: « opus iustitiae pax! ». L’enseignement mariologique de Pie xii mérite également une mention spéciale: il atteint son sommet dans la proclamation du dogme de l’Assomption de la Très Sainte Vierge Marie, par laquelle le Saint-Père entendait souligner la dimension eschatologique de notre existence tout en exaltant la dignité de la femme.

Que dire de la qualité de l’enseignement de Pie xii? Il se refusait à l’improvisation: il écrivait avec le plus grand soin tous ses discours, soupesant chaque phrase et chaque mot avant de les prononcer en public. Il étudiait attentivement les différentes questions et avait l’habitude de demander conseil à d’éminents spécialistes quand il s’agissait de sujets qui demandaient une compétence particulière. Par sa nature et son tempérament Pie xii était un homme pondéré et réaliste, étranger à tout optimisme facile, mais il se gardait également du danger de ce pessimisme qui ne convient pas à un croyant. Il détestait les polémiques stériles et était profondément méfiant envers le fanatisme et le sentimentalisme.

Ces attitudes intérieures donnent toute leur force à la valeur et à la profondeur, ainsi qu’à la fiabilité de son enseignement; elles expliquent l’adhésion confiante à celui-ci non seulement de la part des fidèles, mais également de nombreuses personnes n’appartenant pas à l’Eglise. En observant la grande étendue et la qualité élevée du magistère de Pie xii, on en vient à se demander comment il a pu en faire autant, alors même qu’il devait se consacrer à tous les nombreux autres devoirs liés à son service de Souverain Pontife: le gouvernement quotidien de l’Eglise, les nominations et les visites des évêques, les visites des chefs d’Etat et des diplomates, les innombrables audiences accordées à des personnes privées et à des groupes très différents.

Tous reconnaissent à Pie xii une intelligence hors du commun, une mémoire infaillible, une grande facilité pour les langues étrangères et une remarquable sensibilité. On a dit de lui qu’il était un diplomate accompli, un éminent juriste, un excellent théologien. Tout cela est vrai, mais cela n’explique pas tout. Il y avait aussi en lui l’effort continu et la ferme volonté de se donner à Dieu sans s’épargner et sans considération pour sa santé fragile. Cela fut le vrai moteur de son comportement: tout naissait de l’amour pour le Seigneur Jésus Christ, et de l’amour pour l’Eglise et pour l’humanité. En effet, il était avant tout le prêtre en union intime et permanente avec Dieu, le prêtre qui trouvait la force d’accomplir son immense travail dans de longs moments de prière devant le Très Saint Sacrement, en dialogue silencieux avec son Créateur et Rédempteur. C’est de là que son magistère, comme toutes ses autres activités, tirait son origine et son élan.

Aussi ne doit-on pas s’étonner que son enseignement continue encore aujourd’hui à diffuser sa lumière dans l’Eglise. Cinquante ans se sont écoulés depuis sa mort, mais son magistère fécond et éclectique reste toujours pour les chrétiens d’aujourd’hui d’une valeur inestimable. L’Eglise, Corps Mystique du Christ, est certainement un organisme vivant et vital, qui n’est pas figé sur ce qu’elle était il y a cinquante ans. Mais son développement se fait dans la cohérence. Aussi l’héritage du magistère de Pie xii a-t-il été recueilli par le Concile Vatican ii et proposé à nouveau aux générations chrétiennes successives. On sait que, dans les interventions orales et écrites présentés par les Pères du Concile Vatican ii, on trouve plus de mille références au magistère de Pie xii. Tous les documents du Concile n’ont pas un appareil de notes indiquant les références, mais dans les documents qui en ont, le nom de Pie xii revient plus de deux cents fois. Cela veut dire que, exception faite de la Sainte Ecriture, ce Pape est la source qui fait autorité la plus fréquemment citée. De plus, on sait que les notes apposées à ces documents ne sont pas, en général, de simples renvois explicatifs, mais font souvent partie intégrante des textes conciliaires; elles ne fournissent pas seulement des justifications à ce qui est affirmé dans le texte, mais en offre une clef d’interprétation.

Nous pouvons donc dire que, dans la personne du Souverain Pontife Pie xii, le Seigneur a fait à son Eglise un don exceptionnel, pour lequel nous devons tous Lui être reconnaissants. Je renouvelle donc l’expression de mon estime pour l’importance des travaux que vous avez réalisés en préparation et pendant le déroulement de ce congrès international sur le magistère de Pie xii et je souhaite que l’on continue à réfléchir sur l’héritage précieux laissé à l’Eglise par l’immortel Souverain Pontife, pour en tirer des applications fructueuses aux problématiques qui apparaissent aujourd’hui. Avec ce souhait, et tandis que j’invoque sur votre travail l’aide du Seigneur, je donne de tout cœur à chacun ma Bénédiction.

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Message par Her Ven 9 Déc - 8:38

http://www.revue-item.com/5410/l’importance-et-les-limites-du-magistere-authentique/

l’importance et les limites du Magistère authentique
publié dans la doctrine catholique le 8 décembre 2011

De l’’importance et les limites du Magistère authentique par Mgr Brunero Gherardini
SOURCE – Disputationes Theologicae – 7 décembre 2011

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Disputationes Theologicae a demandé à Mgr Brunero Gherardini une contribution sur la notion de Magistère authentique et sur ses éventuels limites. L’illustre professeur émérite de l’Université du Pape, doyen de la faculté de théologie, qui est déjà intervenu dans ces colonnes pour qualifier l’enseignement constitué par le Concile Vatican II, apporte maintenant avec plus d’ampleur, de manière agile et profonde, certaines précisions, en attirant l’attention sur des distinctions souvent omises. Un tel rappel est en consonance avec ce qui avait été relevé au sujet de la liberté religieuse au cours des années Soixante-dix par S. Exc. Mgr De Castro Mayer, à l’époque Ordinaire de Campos, dans la conclusion de l’étude théologique sur la liberté religieuse envoyée à SS le Pape Paul VI (qui ne l’a pas condamnée) : il y a un cas spécifique dans lequel un enseignement n’est pas obligeant en conscience, tout en étant un acte de Magistère authentique, c’est lorsqu’il y a une dissonance par rapport à ce que l’Eglise a déjà longuement enseigné.

La Rédaction

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Eglise-Tradition-Magistère – par Mgr. Brunero Gherardini

La grande célébration cinquantenaire a commencé. On n’en est pas encore au tam-tam, mais on le perçoit dans l’air. Le cinquantenaire de Vatican II donnera libre court à ce que l’on pourra inventer de plus grandiloquent en matière de jugements élogieux. De la sobriété qui avait été demandée comme moment de réflexion et d’analyse pour une évaluation critique et plus approfondie de l’événement conciliaire, on ne voit même pas l’ombre. Déjà on procède en roue libre en disant et en répétant ce que l’on dit et répète depuis cinquante ans : Vatican II est le point culminant de la Tradition, voire même sa synthèse. Des congrès internationaux sur le plus grand et le plus significatif parmi tous les Conciles œcuméniques sont déjà programmés ; d’autres, de plus ou moins grande portée, le seront chemin faisant, et sur le sujet, les publications augmentent de jour en jour. L’Osservatore Romano, bien sûr, n’est pas en reste et insiste surtout sur l’adhésion due au Magistère (2/12/2011, p. 6): Vatican II est un acte du Magistère, donc… La raison avancée est que tout acte du Magistère est à recevoir comme venant des Pasteurs qui, en raison de la succession apostolique, parlent avec le charisme de vérité (D.V. Cool, avec l’autorité du Christ (L.G. 25), à la lumière de l’Esprit Saint (ibid.).
Mis à part le fait de prouver le Magistère de Vatican II par Vatican II, ce qui autrefois s’appelait petitio principii, il semble évident qu’une telle façon de procéder part de la prémisse d’un Magistère considéré comme absolu, sujet indépendant de tout et de tous, sauf de la succession apostolique et de l’assistance du Saint Esprit. Or, si la succession apostolique est garantie par le critère de la légitimité de l’ordination sacrée, il apparaît en revanche plus difficile d’établir un critère qui garantisse aussi clairement l’intervention du Saint Esprit dans les termes évoqués.

Une chose, entre autre, est hors de discussion : rien au monde, réceptacle des choses crées, n’a le don de l’absolu. Tout est en mouvement, dans un circuit d’interdépendances réciproques, et donc tout est dépendant ; tout a eu un commencement, tout aura une fin: “Mutantur enim – disait le grand Augustin – ergo creata sunt”. L’Eglise ne fait pas exception ; sa Tradition et son Magistère non plus. Certes elles sont des réalités sublimes, situées au sommet de l’échelle de toutes les valeurs qui appartiennent à l’ordre créé, douées de qualités qui donnent le vertige ; mais elles resteront toujours des “réalités pénultièmes”. L’eschaton, la réalité ultime, c’est Dieu et Lui seul. On recourt souvent à un langage qui bouleverse ce donné de fait, et on accorde à ces sublimes réalités une portée et une signification au-delà de leurs confins : on les absolutise. La conséquence est qu’on les exproprie de leur statut ontique, on en fait un présupposé irréel, ce qui leur fait perdre leurs grandeurs de “réalité pénultième”.

Immergée dans le mouvement trinitaire qui est à l’origine de sa structure, l’Eglise est et opère dans le temps comme sacrement de salut. Le théandrisme, qui en fait une continuation mystérique du Christ, ne se discute pas ; ses propriétés constitutives (unité, sainteté, catholicité et apostolicité) non plus, ni même sa structure et son service ; mais tout cela reste à l’intérieur d’une réalité de ce monde qui, en tant que telle, a la charge d’être le médiateur sacramentel de la présence divine. Restant une réalité de ce monde, elle exclue par définition l’absolu.

Et cela à tel point qu’elle s’identifie dans sa Tradition, de laquelle elle puise la continuité avec elle-même, à laquelle elle doit son souffle vital, et par laquelle elle est assurée que son « hier » devient toujours son « aujourd’hui » pour préparer son « demain ». La Tradition donc, lui donne le mouvement intérieur qui la pousse vers le futur, en sauvegardant son présent et son passé. Mais la Tradition elle-même n’est pas un absolu: elle a commencé avec l’Eglise, elle finira avec elle. Seul Dieu demeure.

L’Eglise exerce un véritable contrôle sur la Tradition: un discernement qui distingue l’authentique du non authentique. Elle le fait avec un instrument, auquel « le charisme de vérité » ne fait pas défaut, pourvu qu’il ne se laisse pas prendre la main par la tentation de l’absolu. Cet instrument c’est le Magistère, dont sont titulaires le Pape, en tant que successeur du premier Pape (l’apôtre saint Pierre) sur la chaire romaine ; et les évêques en tant que successeurs des Douze dans le ministère ou service de l’Eglise, partout où ils en sont l’expression locale. Rappeler les distinctions du Magistère – solennel, s’il est du Concile œcuménique ou du Pape, quand l’un ou l’autre définit des vérités de foi ou de morale ; ordinaire, s’il est du Pape dans son activité spécifique, ou des évêques dans leur ensemble et en communion avec le Pape – est chose superflue ; bien plus important est de préciser dans quelles limites « le charisme de la vérité » est garanti au Magistère.

Il faut dire avant tout que le Magistère n’est pas une super-église qui imposerait ses jugements et ses comportements à l’Eglise elle-même, ni une caste privilégiée au-dessus du peuple de Dieu, une sorte de pouvoir fort auquel on aurait le devoir d’obéir et un point c’est tout. C’est un service, une diakonìa, mais c’est aussi une charge à accomplir, un munus, le munus docendi, qui ne peut ni ne doit prendre le pas sur l’Eglise, de laquelle il naît et pour laquelle il œuvre. Du point de vue subjectif, il coïncide avec l’Eglise enseignante (le Pape et les évêques qui lui sont unis), en tant que celle-ci propose officiellement la Foi. Du point de vue opératif, il est l’instrument par lequel cette fonction est accomplie.

Trop souvent cependant, on fait de l’instrument une valeur en soi, indépendante, et on fait appel à lui pour trancher toute discussion dès sa naissance, comme s’il était au-dessus de l’Eglise et comme s’il n’y avait pas devant lui le poids énorme de la Tradition à accueillir interpréter et retransmettre dans son intégrité et sa fidélité. C’est précisément là qu’apparaissent avec évidence les limites qui le sauvegardent de l’éléphantiasis et de la tentation absolutiste.

Il n’y a pas lieu de s’arrêter sur la première de ces limites, la succession apostolique. Il ne devrait être difficile pour personne d’en démontrer au cas par cas la légitimité, et donc la succession dans la possession du charisme propre aux Apôtres qui en découle. Il faut par contre dire quelques mots sur la deuxième, c’est-à-dire sur l’assistance du Saint-Esprit. Le procédé expéditif aujourd’hui établi est plus ou moins le suivant : le Christ a promis aux Apôtres, et donc à leurs successeurs, c’est-à-dire à l’Eglise enseignante, l’envoi du Saint Esprit et son assistance pour un exercice du munus docendi dans la vérité ; l’erreur serait ainsi évitée dès le départ. Certes le Christ a fait une telle promesse, mais il a aussi indiqué les conditions de son accomplissement. Or ce qui se passe, c’est que dans cette manière de se réclamer de la promesse on entrevoit une grave adultération de celle-ci : ou on ne rapporte pas les paroles du Christ, ou dans le cas où elles seraient citées on ne leur donne pas la signification qu’elles ont. Voyons de quoi il s’agit.

La promesse est relatée surtout par deux textes du quatrième évangéliste: Jo 14,16.26 et 16,13-14. Déjà dans le premier, l’une des limites que nous avons mentionnées ressort avec une extrême clarté: Jésus en effet ne s’arrête pas à la promesse de “L’Esprit de la vérité” – que l’on remarque cet italique, dû à l’article « spécificatif » thV, que plus haut et plus bas on continue à traduire « de », comme si la vérité était un attribut optionnel du Saint Esprit, alors que c’est Lui qui la personnifie –, mais Il en annonce la fonction : ramener à la mémoire tout ce que Lui, Jésus, avait enseigné avant. Il s’agit donc d’une assistance conservative de la vérité révélée, et non pas d’une intégration en elle de vérités autres ou différentes de celles qui furent révélées, ni de vérités présumées telles.

Le second des deux textes de S Jean, en confirmant le premier, descend à des précisions ultérieures : l’Esprit-Saint en effet, “vous conduira à la vérité toute entière” ; même aux vérités dont Jésus ne parle pas en ce moment, parce qu’elles sont encore hors de portée des siens (16,12). En faisant cela, l’Esprit “ne parlera pas de lui-même, mais il redira tout ce qu’il a entendu […] il reprendra ce qui vient de moi et il vous le communiquera”. Il n’y aura donc pas d’autres révélations. L’unique Révélation se clôt avec ceux auxquels Jésus est en train de parler à ce moment-là. Ses paroles se présentent avec une signification univoque, qui regarde l’enseignement imparti par lui et seulement cet enseignement. Ce langage, n’est ni crypté ni chiffré, mais limpide comme le soleil. On pourrait soulever une objection sur la perspective d’apparente nouveauté en relation à ce dont Jésus ne parle pas maintenant, et qui sera annoncé par l’Esprit-Saint, mais la délimitation de son assistance à une action de guide vers la possession de toute la vérité révélée par le Christ exclue toute nouveauté substantielle. Si des nouveautés doivent émerger, il s’agira de significations nouvelles et non de vérités nouvelles ; d’où le très juste “eodem sensu eademque sententia” de S. Vincent de Lérins. Bref, la prétention d’accrocher à l’assistance du Saint-Esprit n’importe quel bruit, je veux dire n’importe quelle nouveauté, et spécialement celles qui veulent redimensionner l’Eglise aux mesures de la culture dominante et de la soi-disant dignité de la personne humaine, non seulement une telle prétention est un bouleversement structurel de l’Eglise elle-même, mais elle est aussi un formidable rejet des textes indiqués plus haut.

Et ce n’est pas tout. La limite de l’intervention magistérielle est aussi dans sa formulation technique même. Pour qu’elle soit vraiment magistérielle, en sens définitoire ou non, il faut que l’intervention recoure à un formulaire désormais consacré, duquel émerge sans aucune incertitude la volonté de parler en tant que « Pasteur et Docteur de tous les chrétiens en matière de Foi et de Morale, en vertu de son Autorité apostolique » si celui qui parle est le Pape ; ou qu’émerge avec pareille certitude, de la part d’un Concile œcuménique par exemple, à travers les formules habituelles de l’assertion dogmatique, la volonté des Pères conciliaires de lier la Foi chrétienne avec la Révélation divine et sa transmission ininterrompue. En absence de telles prémisses, on ne pourra parler de Magistère qu’au sens large: chaque parole du Pape, écrite ou prononcée, n’est pas forcément du Magistère ; et il faut en dire autant des Conciles œcuméniques, parmi lesquels un bon nombre ne parlèrent pas du dogme, ou n’en parlèrent pas exclusivement ; parfois même certains greffèrent le dogme dans un contexte de diatribes internes et de litiges personnels ou de partis, et une prétention magistérielle à l’intérieur d’un pareil contexte serait absurde. Encore à présent un Concile d’indiscutable importance dogmatico-christologique comme le fut celui de Chalcédoine, qui a dépensé la plupart de son temps dans une honteuse lutte de personnalisme, de préséances, de dépositions et de réhabilitations, suscite une impression nettement négative; ce n’est pas en cela que Chalcédoine est un dogme. De même que la parole du Pape n’en est pas un, quand il déclare de manière privée que « Paul n’entendait pas l’Eglise comme institution, comme organisation, mais comme organisme vivant, dans lequel tous opèrent l’un pour l’autre et l’un avec l’autre , en étant tous unis à partir du Christ » ; c’est exactement le contraire qui est vrai, et l’on sait que la première forme institutionnelle, justement pour favoriser l’organisme vivant, a été structurée par Paul de façon pyramidale ; l’apôtre au sommet, et après les episcopoi-presbuteroi, les hgoumenoi, les proistamenoi, les nouqetounteV, les diakonoi: il s’agit de distinctions de charges et d’offices non encore exactement définis, mais elles sont déjà les distinctions d’un organisme institutionnalisé. Même en ce cas, que cela soit bien clair, l’attitude du chrétien est celle du respect et, au moins en ligne de principe, de l’adhésion. Mais si la conscience d’un croyant ne peut pas donner son adhésion à l’affirmation exposée ci-dessus, cela ne comporte pas une rébellion contre le Pape ou une négation de son Magistère : cela signifie seulement que cette affirmation n’est pas du Magistère.

En conclusion revenons maintenant à Vatican II pour nous prononcer si possible de manière définitive sur son appartenance ou non à la Tradition et sur sa qualité magistérielle. Sur cette dernière la question ne se pose pas, et ces laudatores qui ne se fatiguent jamais depuis cinquante ans de soutenir l’identité magistérielle de Vatican II, perdent leur temps et font perdre le leur aux autres : personne ne le nie. Cependant vues leurs exubérances acritiques, un problème se pose quant à la qualité : de quel Magistère s’agit-il? L’article de “L’ Osservatore Romano” que j’ai cité plus haut, parle de Magistère doctrinal: et qui l’a jamais nié? Même une affirmation purement pastorale peut être doctrinale, dans le sens où elle appartient à une doctrine donnée. Mais celui qui dirait doctrinale dans le sens de dogmatique, se tromperait : aucun dogme n’est à l’actif de Vatican II, lequel s’il a une valeur dogmatique, ne l’a que par mode de reflet, là où il se réfère à des dogmes précédemment définis. Bref le magistère de Vatican II, comme on le dit et le redit à tous ceux qui ont des oreilles pour entendre, est un Magistère solennel et suprême. Plus problématique est sa continuité avec la Tradition : non qu’il ne l’ait pas affirmée ; mais parce que, surtout dans les point clés où il était nécessaire qu’une telle continuité fût évidente, cette assertion est restée sans démonstration.
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