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Rennes-le-Château - Actualités des Chercheurs et la Prospection Audoise

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Message par Her Dim 31 Juil - 16:51

Bonjour à tous,

Je rentre d'une quinzaine de jours de recherches passée dans l'Aude où tout s'est vraiment bien passé pour moi lors de ce séjour de fructueuses prospections.

J'ai rencontré quelques amis chercheurs. J'ai accompagné Patrick Mensior pour quelques recherches aux archives départementales de l'Aude à Carcassonne. La pêche y a été excellente en ce qui concerne les Haupoul de Rennes. Patrick vous racontera cela par le détail.

J'ai visité la majeure partie des différents sites templiers au nord et au sud de l'Alaric. La plupart sont toujours des exploitations agricoles ou viticoles encore en activité, avec parfois des traces évidentes du changement de propriétaire vers l'Ordre de Malte. Les lieux sont parfois occupés par des Anglais ou des Ecossais. J'ai aussi visité deux ermitages et des châteaux ruinés dont celui de Termes.

J'ai assisté à deux conférences et j'ai donné ma première conférence le 22 juillet à Camplong-d'Aude, de 21h à minuit (571 photos commentées de Carcassonne à la Haute Vallée avec visite approfondie de Rennes-le-Château et Rennes-les-Bains. A minuit, il me restait encore quinze à vingt auditeurs épuisés mais contents...).

A la salle de la Capitelle, j'ai écouté Christian Doumergue nous parler de Plantard et de ses emprunts ésotériques à Paul Le Cour (1871-1954), l'écrivain ésotérique français fondateur d'Atlantis en 1926 (Le travail de Paul Le Cour est une dérive et une perversion de l'Oeuvre du comte Alexis de Sarachaga (1840-1918) du Hiéron du Val d’Or de Paray-le-Monial qui croyait en la réapparition de l’Arche d’Alliance aux environs de l’an 2000). Cette Société, connue sous le nom de « Hiéron », entendait à l’origine appliquer au plan social, la notion de communion réparatrice demandée par le Christ lors de ses apparitions à Paray-le-Monial (1673-1689). Malheureusement, à la fin de sa vie, le baron de Sarachaga en vint lui-même, à donner une coloration ésotérique à ses publications qui fut amplifiée par d'autres déviants.

La conférence était intéressante mais suivre la piste de Pierre Plantard conduit au fond d'une impasse totalement stérile. Ainsi par exemple, après 1975, ce fabulateur de Pierre Plantard prendra le nom de « Pierre Plantard de Saint-Clair » car sur les écrits publiés en 1970-72 rapportant la vie et les extases de Marie-Julie jahenny, la stigmatisée de Blain (44), il découvre comme nous que celle-ci révèle que le Grand Monarque aura un nom qui ressemblera à Saint Clair. La seule question concernant Pierre Plantard restant à éclaircir, en invoquant Saint Clair, est : Où Pierre Plantard a t-il bien pu bien obtenir ce dossier et ces parchemins sur l'affaire de Rennes ? (Dossier dont il a comblé les vides de sa profonde incompréhension par ses rêveries, ses utopies, ses ambitions, ses délires, ses fou-thèses et autres inventions).

Il ne faut pas oublier non plus les emprunts ésotériques de Pierre Plantard à Oswald Wirth (1860-1943), un occultiste franc-maçon passionné de symbolisme, qui fut l’admirateur et l’ami de Stanislas de Guaita. Pour son petit tableau faussement annoncé comme étant exposé au presbytère de Rennes-les-Bains, Pierre Plantard s’inspira de la lame de tarot du Pape, emprunté au livre « Tarot des imagiers du Moyen Âge » qu’Oswald Wirth annonce, en préface de son livre, publié en 1926-1927, et écrit deux ans plutôt dans un magnifique paysage gothique, c’est-à-dire en Gothie, soit en Septimanie, c’est-à-dire lors de séjours de cures thermale à Rennes-les-Bains.

- Préface du « Le Tarot des imagiers du Moyen Âge » :

« … Le recueillement ininterrompu nécessaire me fut ménagé au cours de mes vacances 1924-1925. Bénéficiant d’une délicieuse retraite en un site enchanteur, d’où la vue embrasse un des plus beaux paysages de France, j’espère que mon ultime rédaction s’est ressentie du milieu inspirateur et de la grande lumière des plus longs jours. En m’absorbant dans une contemplation que favorisait un cadre gothique, je crus entrer en communication méditative avec le passé, tout en vivant dans le souvenir constamment évocateur de Stanislas de Guaita… »

C'est aussi en lisant cette préface d'Oswald Wirth dans son livre "Le Tarot des imagiers du Moyen Âge" que Pierre Plantard a trouvé l'inspiration pour le titre de son écrit ésotérique "Le Serpent Rouge", un opuscule de treize pages dactylographiées, déposé à la BN le 15 février 1967 et cité par Gérard de Sède dans la bibliographie de son livre « Le Trésor Maudit de Rennes-le-Château » paru la même année. En effet dans cette préface, Oswald Wirth nous parle du conte symbolique de Johann Wolfgang von Goethe "Le serpent vert" (1795); Il faudrait certainement ajouter à ce conte de Goethe, le livre d'aventure d'Henry de Monfreid "Le Serpent rouge, ou la dernière mission de Karembo", (La Table Ronde, 1953)

Il est possible que l'abbé Bérenger Saunière ait recherché des réponses à ses énigmes vers les milieux ésotériques chers à Emma Calvé, et que ces fuites soient à l'origine des recherches d'Oswald Wirth en 1924, et d'Ernest Cros en 1928.


La semaine suivante, je me suis rendu à une seconde conférence donnée à RLC à la Salle La Capitelle, le 23 juillet, où j'ai écouté Paul Saussez, le chercheur et architecte belge, faire le point sur ses sept années de recherches. Je n'y ai pas appris grand-chose. J'ai essayé d'aider Saussez au sujet des souterrains sous le domaine et du tombeau des Seigneurs en lui fournissant le plan d'Yves Maraval concernant un dépôt par trois Templiers du Roussillon. J'ai découvert une preuve certifiant par la graphie des dessins que ce plan est réellement d'origine templière, grâce à un petit détail découvert sur la lettre A d'un dessin qui orne la chapelle templière de Cressac au sud d'Angoulème. On retrouve à Cressac un symbole représentant la "TERRE" similaire à celui se trouvant sur le socle de la croix de l'Eglise d'Hendaye (64) évoquée par Fulcanelli dans son livre "Le Mystère des cathédrales" paru en 1926.
Ce symbole est représenté par une croix à l'intérieur d'un cercle partageant ce dernier en quatre quarts de cercle représentant les quatre continents connus à l'époque médiévale : l'Europe, l'Afrique, l'Asie et les Indes (Amérique).


Lors du débat qui suivit cette conférence, le chercheur J-M. Pous était parti dans ses trop longues interventions prêt à nous donner une seconde conférence mais, grâce à Dieu, Marlin l'a bloqué net. Sacré Pous ! Ce chercheur est une véritable caricature, un Indiana Jones en tenue paramilitaire de camouflage : Il est tout de même intéressant car il brasse et accumule beaucoup d'informations, mais avec beaucoup trop d'impétuosité et trop peu de discernement. Il devrait essayer de moins s'éparpiller.


Et à mon retour chez moi, je fus informé du feu d'artifice médiatique organisé par le trio "Daffos, HDT et Vallet", avec la presse écrite régionale et TFI en prime.

Après avoir travaillé une quinzaine d'années avec Michel Vallet (alias Pierre Jarnac) et avant d’avoir mis fin à notre collaboration suite à la parution du livre de Franck Daffos (co-écrit avec Michel Vallet), livre qui du point de vue historique est outrageusement fantaisiste, Michel m'avait parlé de ses travaux avec un chercheur dont il ne m'avait pas dévoilé le nom à l'époque. Je comprends aujourd’hui qu’il s’agissait de Didier Héricart de Thury. Michel a eu tort de rester aussi discret car s'il avait été plus clair, je lui aurais fortement conseillé d'abandonner cette piste de Sougraigne. En effet, il est évident que le lieu secret et sacré indiqué de manière codé par l’abbé Henri Boudet, l'ancien curé de Rennes-les-Bains, dans son livre "La Vraie Langue Celtique et Le Cromleck de Rennes-les-Bains", se situe obligatoirement sur la carte de Rennes-les-Bains, dessinée par son frère Edmond, le notaire, et fournie par l'auteur en fin d’ouvrage.

Cette annonce tonitruante fera un plouf médiatique sans lendemain en ce qui concerne la grande affaire de la légende du trésor de Rennes-les-Bains.

Mieux vaut marcher sur les pas de l'abbé Henri Boudet, en répondant favorablement à son invitation à le suivre silencieusement pour quelques visites vers les mégalithes, les buts de promenades et les autres objets curieux qu'il nous propose tout au long des explications de son livre mystérieux plutôt que d'écouter ceux qui se complaisent dans le bruit et les vociférations. Il ne faut jamais quitter ce livre et la carte qui y est adjointe.

Il y a environ trois ans, j'avais prophétisé à Vallet que sa rupture prochaine avec Daffos serait très douloureuse. L'heure est venue aujourd'hui pour lui de tirer le bilan de cette épique et stérile collaboration.

Il ne lui reste plus qu'une seule possibilité pour remonter la pente dans l'estime des aficionados de Rennes :
Réécrire et réactualiser son livre de 1985 "Histoire de Rennes-le-Château", en y corrigeant ses erreurs de l'époque et en l’augmentant des nouvelles découvertes.

Je ne connais pas Didier Héricart de Thury mais, à lui aussi qui me parait être de par sa naissance un homme cultivé de cette bonne culture de la vieille France, et qui me semble avoir toujours rechercher la plus grande discrétion, je ne saurais trop lui conseiller de s'éloigner au plus vite de Franck et de son acolyte Garcia qui continuent de salir la réputation de nombreux chercheurs sur son site : une bonne trentaine de victimes aujourd'hui, mais la justice immanente les attends au coin du bois (annonce prophétique !!!).

J'ai beaucoup apprécié l'article musclé de Luc Farin-Gélis : "Réponse aux stupides attaques de Franck Daffos"...

Pour cette affaire de Sougraigne, Al Sufi y voit "le vent de l'histoire !..." Non ! C'est juste un coup d’esbroufe de plus destiné à faire vendre des bouquins. L'Histoire des trésors des deux Rennes est tellement plus grande et plus belle que cela.

Je constate tout de même que Michel Vallet a fait preuve d'une très grande efficacité pour calmer les ardeurs guerrières et le côté vindicatif et revanchard de ce pauvre Daffos. Après une semaine de folie médiatique autour de ce canular, c'est le grand silence depuis trois semaines, et en ces beaux paysages des environs de Rennes-les-Bains, la nature silencieuse reprend ses droits en un perpétuel recommencement.


Voici quelques explications et ma vision personnelle de cette légende des trésors des 2 Rennes :

Le trésor de Rennes-le-Château, c'est "Le Petit Chariot"...

Le trésor de Rennes-les-Bains, c'est "Le Grand Chariot"...

Leur différence d'importance est proportionnelle à la différence de surface et de taille entre la Petite Ourse et la Grande Ourse.

La famille seigneuriale des Haupoul de Rennes n'a rien à voir dans cette affaire de trésor de Rennes-le-Château.

Il paraît évident que l’abbé Bérenger Saunière a été choisi, promu et nommé curé au village du Clat sur le plateau de Sault, et ensuite à Rennes, pour suivre les traces et le parcours d’un de ses prédécesseurs, l’abbé Antoine Bigou.

Plus d’un siècle avant l’abbé Saunière, l’abbé Bigou fut, lui aussi nommé curé au village du Clat appartenant à la famille des de Nègre du Clat, et il fut ensuite nommé curé de Rennes-le-Château, le 9 novembre 1774, en remplacement de son oncle l’Abbé Jean Bigou. Dès que la Constitution civile du clergé fut votée le 12 juillet 1790 et que sa mise en application eût engendré la suppression d'un grand nombre d'évêchés, les premières résistances de la part du clergé se manifestèrent et ne tardèrent pas à s'exacerber dès que fut imposé le serment constitutionnel par le décret du 27 novembre 1790. Evêques et prêtres réfractaires au serment furent dans l'obligation d'émigrer pour éviter les rigueurs des lois de déportation ou d'emprisonnement du 29 novembre 1791 et surtout celle du 27 mai 1792 qui condamnait à la déportation tout réfractaire dénoncé par au moins vingt citoyens. L’abbé Antoine Bigou prêta, le 20 janvier 1791, le serment à la constitution civile du clergé avec restrictions, serment qui fut refusé. Il fut alors obligé de s’exiler vers l’Espagne dans les premiers jours de septembre, à la suite de la loi du 26 août 1792 exigeant la déportation de tout réfractaire quel qu'il soit. L’abbé Antoine Bigou fut remplacé par l’abbé Camps, curé constitutionnel. Avec l’abbé Cauneille, son confrère de Rennes-les-Bains, ils rejoignirent la trentaine de prêtres qui accompagnèrent Monseigneur de La Cropte de Chanterac, le dernier évêque d’Alet, pour un exil d’une dizaine d’années. Huit mille prêtres et religieux du sud de la France passèrent en Espagne. Certains prêtres courageux restèrent et entrèrent en clandestinité en terre de France pour continuer à y assurer le culte dans une église persécutée revenue au temps des catacombes. Je ne pense pas que ce soit le cas de l'Abbé Bigou qui était déjà très âgé, trop âgé pour courir de nuit, de cache en cache, de ferme en ferme pour célébrer le divin Sacrifice au fond des granges, des caves et des greniers. Hélas, le dernier évêque d’Alet et le prêtre de Rennes-le-Château ne devaient pas revoir leur diocèse. Le premier mourut à Sabadell, près de Barcelone, en 1793. Par contre, la divine Providence permit à l’abbé Bigou, sentant sa mort prochaine, de revenir en terre de France à Collioure dans les Pyrénées Orientales. Il y décèdera le 20 mars 1794, à l’âge de soixante-quinze ans, durant une période où Collioure était tombée aux mains des Espagnols. Il y fut inhumé le lendemain dans la sépulture des prêtres au pied de la vieille croix de pierre érigée au centre du vieux cimetière de la cité.

Le jour de la sépulture de l’abbé Bigou, le 21 mars 1794, le général en chef de l’armée française, Jacques Dugommier n’a pas l’intention de déléguer le commandement de l’Armée des Pyrénées-Orientales pour réaliser le siège de Collioure qui compte dans les 2 000 habitants. Il veut reprendre la ville qui se trouve aux mains des Espagnols depuis fin décembre 1793.

Dans les derniers mois de 1793, l’Armée Française et républicaine des Pyrénées-Orientales éprouva des revers marquants. Les Espagnols s’emparèrent de Villelongue, le 6 décembre. Le 25 décembre, les Français furent attaqués par dix mille Portugais. Les soldats, en déroute, se dispersèrent et le commissaire Fabre ne put les ramener au combat malgré ses efforts. Il mourut au combat et la déroute s’aggrava. Collioure, Port-Vendre et Saint-Elme se rendirent et furent livrés aux Espagnols. C’est dans les premiers jours de l’année 1794 que l’abbé Antoine Bigou, sentant sa fin prochaine, décide de quitter son exil de Sabadell pour et rentrer en terre de France en venant s’installer à Collioure.

Le général Dugommier réfléchit à une stratégie. La mer est un appui naturel. Jacques Dugommier dépêche un parlementaire pour sommer le commandant du fort de Collioure de se rendre. Le général Eugenio Navarro répond : "Lorsque le dernier de mes dix mille braves soldats ne sera plus en état de défendre le fort, vous pourrez à ce moment là prendre la place".

Tout au long du mois de mai les flottilles françaises et espagnoles se présenteront au large du bassin de Collioure mais l’état de la mer interdira tout débarquement ou accostage. Jacques Dugommier renoncera vite à ce projet de débarquement qui ferait trop de morts. Le 10 mai 1794, les artilleurs français ouvrent le feu sur le fort de Saint-Elme. Les troupes espagnoles évacuent les forts Saint-Elme et Port-Vendres dans la nuit du 25 au 26 mai et se regroupent dans les murs de Collioure. Le 26 mai 1794, le général Eugenio Navarro, ne souhaitant pas sacrifier ses hommes pendant le siège et sans espoir d’un secours de la flotte espagnole à cause du mauvais temps, accepte la 4ème proposition de reddition. Le 27 mai 1794, Eugenio Navarro et ses 7 600 hommes obtiennent l'accord pour rentrer en Espagne. Après cinq mois d’occupation espagnole, Collioure capitule le 5 juin pour redevenir française ; Port-Vendre fut bientôt repris. Ainsi, dans cette partie des Pyrénées, le sol de la République fut reconquis à l'exception du fort de Bellegarde au Perthus qui ne se rendit que le 18 septembre 1794.

C'est ainsi que l'information de la découverte de la sépulture de l'abbé Antoine Bigou à Collioure présentée, il y a quelques mois, sur les forums de manière anonyme par Michel Vallet (qui semble avoir emprunté la découverte à une historienne locale qui en fit l’annonce lors d’une conférence à Perpignan), est une ânerie dans le sens où Michel Vallet (à la suite des délires de Daffos) a gobé les inventions de Daffos qui voudrait nous faire croire que l'Abbé Antoine Bigou n'avait jamais quitté la France. Et tous les chercheurs ont relayé bêtement cette information sur les forums sans essayer d'approfondir la question historique. Je pense aux Debrou, Garcia, Peltrouch et quelques autres, pour un zéro pointé en Histoire du Roussillon.

Après cet intermède révolutionnaire sur la mort de l’abbé Antoine Bigou, revenons au village de Rennes-le-Château, sous lequel, un réseau de galeries souterraines complétait le système de défense et de protection de l’ancien château wisigoth qui se situait sur l’emplacement de l’actuel domaine Saunière. Jusqu’au XIIème siècle, tout le village de Rhedae, ancienne capitale régionale de Septimanie, était protégé par des remparts et des fortifications avec deux châteaux d’époque wisigothique, le premier situé au levant avec pour fonction de protéger l’entrée de la cité fortifiée et le second plus massif et imposant situé au couchant pour protéger le flanc ouest du village. Cette seconde forteresse protégée par quatre grandes tours massives était située sur le point le plus élevé du village, et englobait le domaine Saunière, l’esplanade en terrasse entre le domaine Saunière et le parking du château d’eau, l’ancien potager, la villa Béthanie et les jardins du curé devant la villa Béthanie, de l’autre côté de la rue. Ce château englobait aussi le presbytère et l’ancienne chapelle comtale devenue l’église paroissiale Ste. Marie Madeleine, l’espace du cimetière actuel et le jardin du calvaire. Il est probable que suite à un siège et à la prise de la cité par des assaillants Aragonais, ordre fut donné de désarmer et démanteler entièrement les fortifications de la citadelle, pierre après pierre, sauf le lieu consacré qu’était la chapelle comtale. Les ruines servirent de carrière par la réutilisation des pierres taillées pour la reconstruction du village et la construction du château actuel au XIVème siècle, restauré et agrandi au XIVème siècle. Sur le flanc ouest du château actuel, subsiste une casemate ancienne en murs très épais qui semble être le seul vestige en élévation du village datant de l’ancien fort ou tout au moins des fortifications médiévales de Rhedae. D’autres chercheurs pensent que l’actuel clocher est une ancienne des tours du châteaux mais je ne partage pas cette opinion.

S’il ne reste pas beaucoup d’appareillage défensif et de vestiges de l’ancienne capitale régionale wisigothe, le réseau défensif souterrain est resté intact mais avait été rendu inaccessible. L’accès principal au tombeau des Seigneurs se situait dans le chœur de l’église, à droite au dos de l’alcôve en quart de cercle, derrière le balustre de communion. D’autres accès existaient mais tous sauf un furent obstrués à la demande de François d’Haupoul, le dernier Seigneur de Rennes, et sous la surveillance du curé du lieu, l’abbé Jean Bigou, oncle d’Antoine. Ces travaux d’obturation furent effectués à partir de l’année 1740 et suivantes, suite à l’extinction de la noble lignée des Haupoul de Rennes après la mort, en bas âge, du jeune Joseph d’Haupoul, le 8 mars 1739. L’abbé Jean Bigou, né le 03 décembre 1702, à Sournia (66), fut curé à Rennes de 1736 à 1774. Il y décèdera le 30 septembre 1776, après avoir laissé son ministère à son neveu Antoine. Plus d’un siècle plus tard, après l’exil de l’abbé Antoine Bigou, c’est pour atteindre les dépôts cachés dans ces souterrains qu’une certaine autorité de l’Eglise catholique manda l’abbé Saunière pour retrouver ce précieux dépôt. Pour cela il effectua plusieurs fouilles dans le cimetière et d’autres travaux en profondeur pour découvrir un nouvel et discret accès vers les souterrains, mais cela est une autre histoire…

Lorsque le clergé fut contraint de s'exiler, la loi du 26 août 1792 exigeant la déportation de tout réfractaire quel qu'il soit interdisait qu'ils emportent quoi que ce soit avec eux. Le clergé de France fut donc contraint de cacher archives et fortune personnelle.

L'abbé Antoine Bigou, dernier curé de Rennes de l’ancien régime, avant l’exil du clergé et à la demande de son évêque et de son archevêque cacha les fortunes personnelles et les bibliothèques de l’évêque d’Alet, Mgr de La Cropte de Chantérac, et de l’archevêque de Narbonne, Mgr Richard Dillon, et de quelques autres personnalités ecclésiastiques locales. On y retrouvera aussi une partie des archives et du trésor de l'évêché d'Alet.

Madame Josette Barthe nous a mis sur la piste et cette piste est la bonne.

De plus, nous savons par l'inventaire du dépôt de la fortune personnelle de Mgr Richard Dillon (dont certains croyaient que ce trésor était caché au château de Pieusse qui fut longtemps la résidence des Archevêques de Narbonne jusqu'à la Grande Révolution), que tout a été caché à partir du château (de Rennes) dans un souterrain (qui conduisent vers l'église) après une porte de fer (qui sépare les propriétés du château de Rennes et de l'église), selon le témoignage de Mgr Dillon mais aussi de Pierre Alquier lors de son interview par Robert Charroux.

Le Trésor de Mgr Richard Dillon, Archevêque de Narbonne :

En 1963, à l’époque où les chercheurs de trésor s’affairaient à Rennes-le-Château une seconde affaire de trésor fit parler d’elle par une série d’articles du Midi-Libre publiés du 25 janvier 1963 au 14 février suivant, à la suite d’un article sur Monseigneur Besaucèle (étude de M. Paul Carbonnel). Cette seconde affaire défraya la chronique et mit en émoi toute la population du village de Pieusse près de Limoux. En effet, il n’est pas un château de la région qui n’ait pas sa légende d’un trésor enfoui. Mais ici à Pieusse, si la légende existe, elle est attestée par deux parchemins qui font foi :


Parchemin du dépôt de la fortune personnelle de Mgr Richard Dillon

“La fortune se trouve sous le château à 6 brasses en dedans
il y a une grosse lausse qui cache le petit colidor qui
s’en va jusqu’au fond du souterrain, on y trouve une
porte en fer ; quant on aura ouvert la porte, il y a
une grande sale où il y a le trésor, il y a 13 setiers
de pièces de louis d’or de 100 livres, ce qui fait trois cent
cinquante mille livres de 20 sous et puis 19 pugnères de
pièces de 6 francs, ce qui fait sept mille livres, et
que toute l’argenterie du château et puis des croix d’or ambé
de diamants et des saphirs, qui ont le manche en argent
armé de pierres précieuses qui vaut tout ensemble quatre
million de livres à 20 sous chacun.
Quand on aura tout le trésor, il faut faire le château tout
neuf et penser…”

Meilleures pensées
Hercule Navarrau-Arsa


Dernière édition par Hercule le Dim 14 Aoû - 21:56, édité 12 fois
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Message par Her Lun 1 Aoû - 9:22

http://www.psychanalyse-paris.com/816-Le-serpent-vert.html

Johann Wolfgang von Goethe
Le serpent vert
Conte (1795)

DATE DE PUBLICATION EN LIGNE : samedi 7 octobre 2006
Johann Wolfgang von Goethe, « Entretiens d’émigrés allemands : Conte », Œuvres de Goethe, tome VII :
« Les années de voyage », traduction nouvelle par Jacques Porchat, Paris, Librairie de L. Hachette et Cie, 1860, pp. 501-532.

Conte.

Au bord de la grande rivière, qu’une forte pluie avait enflée et fait déborder, le vieux passeur était couché dans sa petite cabane, fatigué des travaux de la journée, et il dormait. Au milieu de la nuit, quelques voix retentissantes l’éveillèrent : des voyageurs demandaient à passer l’eau.

Lorsqu’il fut sorti devant sa porte, il vit se balancer sur sa nacelle amarrée deux grands feux follets, qui lui assurèrent qu’ils étaient fort pressés et qu’ils voudraient être déjà sur l’autre bord. Le vieillard n’hésita point ; il démarra, et, avec son habileté accoutumée, il traversa le fleuve, tandis que les étrangers chuchotaient ensemble dans une langue inconnue et très-rapide, et poussaient, par intervalles, des éclats de rire, en sautant çà et là, tantôt sur les bords et les bancs, tantôt sur le fond de la barque.

« La barque chancelle, cria le vieillard, et, si vous ne restez tranquilles, elle peut chavirer. Asseyez-vous, feux follets ! »

À cette invitation, ils partirent d’un grand éclat de rire, se moquèrent du vieillard et s’agitèrent plus encore qu’auparavant. Il souffrit patiemment leur impertinence et ne tarda pas à toucher l’autre bord.

« Voilà pour voire peine ! crièrent les voyageurs ; et, tandis qu’ils se secouaient, beaucoup de brillantes pièces d’or tombèrent dans l’humide nacelle.
Au nom du ciel, que faites-vous ? dit le vieillard ; vous serez pour moi la cause du plus grand malheur. Si une pièce d’or était tombée dans l’eau, le fleuve, qui ne peut souffrir ce métal, se serait soulevé en vagues épouvantables, qui auraient englouti et la barque et moi. Et qui sait ce qui serait arrivé ? Reprenez votre or.
Nous ne pouvons rien reprendre de ce que nous avons semé en nous secouant.
Ainsi vous me donnez encore la peine de les ramasser, de les porter à terre et de les enfouir, » dit le vieillard en se baissant et recueillant les pièces d’or dans son bonnet.

Les feux follets s’étaient élancés hors de la barque, et le vieillard s’écria :

« Et mon salaire ?
Celui qui n’accepte pas l’or peut travailler gratis, répondirent les feux follets.
Vous devez savoir qu’on ne peut me payer qu’avec les fruits de la terre.
Avec les fruits de la terre ? Nous les dédaignons et n’en avons jamais mangé.
Cependant je ne puis vous laisser aller que vous ne m’ayez promis de m’apporter trois choux, trois artichauts et trois gros oignons. »

Les feux follets voulurent s’esquiver en badinant, mais ils se sentirent enchaînés au sol d’une manière incompréhensible. C’était la plus désagréable sensation qu’ils eussent jamais éprouvée. Ils promirent de satisfaire bientôt à la demande du passeur : il les laissa partir et quitta le bord.

Il était déjà bien loin, quand les feux follets lui crièrent :

« Vieillard, vieillard, écoute ! nous avons oublié le plus important. »

Il ne les entendit point. Il s’était laissé emporter plus bas par le courant, sur la même rive, où il voulait cacher cet or dangereux dans une place montueuse, que l’eau ne pût jamais atteindre. Il trouva, entre deux grands rochers, une vaste crevasse : il y versa l’or et repassa la rivière.

Dans cette crevasse se trouvait le beau serpent vert, qui fut tiré de son sommeil par le tintement de l’or qui tombait. Il vit à peine les pièces brillantes qu’il les avala sur-le-champ de grand appétit, cherchant soigneusement toutes celles qui s’étaient dispersées dans les buissons et dans les fentes du rocher.

À peine les eut-il avalées qu’il sentit, avec l’impression la plus agréable, l’or se foudre dans ses entrailles et se répandre dans tout son corps, et, à sa grande joie, il s’aperçut qu’il était devenu lumineux et transparent. On lui avait longtemps assuré que ce phénomène était possible ; toutefois, comme il doutait que cette lumière durât longtemps, la curiosité et le désir de prendre ses précautions pour l’avenir le poussèrent hors du rocher pour découvrir qui pouvait avoir versé ce bel or dans la crevasse. Il ne trouva personne, mais il prit beaucoup de plaisir à s’admirer lui-même, comme il rampait à travers le gazon et les broussailles, et à voir l’agréable lumière qu’il répandait parmi la fraîche verdure. Toutes les feuilles semblaient être d’émeraude, tontes les fleurs magnifiquement illuminées. Il traversa inutilement la sauvage solitude ; mais son espoir augmenta, lorsqu’il arriva dans la plaine et qu’il vit de loin une clarté qui était semblable à la sienne. « Je trouve enfin mon pareil ! » s’écria-t-il, et il courut de ce côté. Il ne s’arrêta pas à la difficulté de ramper à travers le marais et les roseaux ; en effet, bien qu’il vécût de préférence dans les sèches prairies des montagnes et les profondes crevasses des rochers ; qu’il aimât à se nourrir de plantes aromatiques, et qu’il apaisât d’ordinaire sa soif avec la douce rosée et les eaux des sources fraîches pour l’amour de cet or chéri, et dans l’espoir de la magnifique lumière, il aurait entrepris tout ce qu’on lui aurait demandé.

Enfin il arriva très-fatigué dans un marécage où nos deux feux follets jouaient de place en place. Il marcha droit à eux, les salua, en se félicitant de trouver de si agréables seigneurs de sa parenté. Les feux follets glissèrent auprès de lui et sautèrent par-dessus, en riant à leur manière.

« Notre cousin, lui dirent-ils, bien que vous soyez de la ligne horizontale, cela n’y fait rien : nous ne sommes cousins qu’en apparence ; voyez en effet (ici les deux flammes s’allongèrent en pointe, aux dépens de la largeur, autant qu’il leur fut possible), voyez comme cette longueur svelte nous va bien, à nous autres seigneurs de la ligne verticale. Sans vous offenser, mon ami, dites-nous quelle famille peut se vanter de cet avantage… Depuis qu’il existe des feux follets, aucun ne s’est encore assis ni couché. »

Le serpent se sentait fort mal à son aise en présence de ces parents car, si haut qu’il levât la tête, il se sentait obligé de la recourber vers la terre pour avancer, et si, auparavant, il avait pris, à se voir dans la forêt sombre, un plaisir extraordinaire, en présence de ses cousins, son éclat lui semblait diminuer à chaque moment ; il craignait même qu’il ne finît par s’effacer.

Dans cet embarras, il demanda bien vite si Leurs Seigneuries ne pourraient lui apprendre d’où provenait cet or brillant qui était tombé récemment dans la fente du rocher : il soupçonnait que c’était une pluie d’or qui tombait directement du ciel. Les feux follets se secouèrent en riant, et firent pleuvoir autour d’eux une quantité de pièces d’or. Le serpent se jeta dessus pour les avaler.

« Régalez-vous, notre cousin, lui dirent les gentils seigneurs, nous pouvons vous en servir davantage. »

Ils se secouèrent quelques fois encore, avec une grande vivacité, en sorte que le serpent ne pouvait qu’à peine avaler assez vite la précieuse nourriture. Son éclat augmentait visiblement ; il brillait d’une manière vraiment admirable, tandis que les feux follets étaient devenus assez maigres et petits, sans perdre toutefois le moins du monde leur joyeuse humeur.

« Je vous suis éternellement obligé, dit le serpent, en reprenant haleine après son repas ; demandez-moi ce que vous voudrez, je ferai pour vous tout ce qui sera en mon pouvoir.
Fort bien ! s’écrièrent les feux follets. Dis-nous où demeure le Beau lis. Conduis-nous aussi vite que possible au palais et au jardin du Beau lis. Nous mourons d’impatience de nous jeter à ses pieds.
Je ne puis vous rendre ce service sur-le-champ, dit le serpent, en poussant un soupir. Le Beau lis demeure, par malheur, de l’autre côté de l’eau.
De l’autre côté ! Et nous nous faisons passer dans cette nuit orageuse ! Maudite rivière, qui nous sépare ! Ne pourrait-on rappeler le vieux batelier ?
Ce serait prendre une peine inutile, répondit le serpent : en effet, quand même vous le trouveriez sur cette rive, il ne pourrait vous prendre dans sa barque : il doit passer les gens de ce côté-ci et jamais de l’autre.
Nous voilà dans de beaux draps ! N’y a-t-il donc pas d’autre moyen de traverser la rivière ?
Quelques-uns encore, mais non dans ce moment : moi-même, je puis passer Vos Seigneuries, mais seulement à midi.
C’est une heure où nous ne voyageons guère.
Eh bien, vous pourrez passer, le soir, sur l’ombre du géant.
Comment cela ?
Le grand géant, qui ne demeure pas loin d’ici, ne peut rien faire avec son corps ; ses mains ne sauraient soulever un brin de paille, ses épaules, porter un fagot de ramilles ; mais son ombre peut beaucoup ; elle peut tout. C’est pourquoi il n’est jamais plus puissant qu’au lever et au coucher du soleil. On peut donc se mettre, le soir seulement, sur le cou de son ombre ; alors le géant s’approche doucement de la rive, et l’ombre porte le voyageur sur l’autre bord. S’il vous plaît de vous rencontrer à midi à ce coin du bois, où les buissons épais descendent jusqu’à la rive, je pourrai vous passer et vous présenter au Beau lis ; si vous craignez la chaleur de midi, vous n’avez qu’à chercher, vers le soir, le géant dans ce creux de rocher il se montrera sans doute complaisant. »

Les jeunes seigneurs s’éloignèrent en faisant un léger salut, et le serpent fut charmé d’en être délivré, soit pour jouir de sa lumière, soit pour satisfaire un désir curieux, qui le tourmentait depuis longtemps d’une façon singulière.

Dans les fentes des rochers, où il rampait souvent çà et là, il avait fait quelque part une singulière découverte car, bien qu’il fût obligé de ramper sans lumière a travers ces abîmes, il pouvait fort bien distinguer les objets au moyen du tact. Il était accoutumé à ne trouver partout que des produits irréguliers de la nature ; tantôt il se glissait à travers les pointes des grands cristaux, tantôt il sentait les angles et les filets de l’argent natif, et apportait au jour telle ou telle pierrerie ; mais, à sa grande surprise, il avait aperçu, dans un rocher fermé de toutes parts, des objets qui trahissaient la main industrieuse de l’homme, des parois polies auxquelles il ne pouvait grimper, des arêtes aiguës et régulières, des colonnes élégantes, et, ce qui lui paraissait le plus étrange, des figures humaines, autour desquelles il s’était enroulé plus d’une fois, et qu’il croyait être du bronze on du marbre extrêmement poli. Toutes ces découvertes, il désirait les observer enfin avec le sens de la vue, et constater ce qu’il ne faisait encore que soupçonner. Il se crut en état d’éclairer par sa propre lumière cette merveilleuse voûte souterraine, et se flattait de parvenir à connaître parfaitement ces objets singuliers. Il courut et découvrit bientôt, en suivant la route ordinaire, la fente par laquelle il avait coutume de se glisser dans le sanctuaire.

Quand il se trouva dans ce lieu, il regarda autour de lui avec curiosité, et, bien que sa lumière ne pût éclairer tous les objets de la rotonde, les plus proches devinrent assez distincts pour lui. Il leva les yeux avec étonnement et respect vers une niche brillante, dans laquelle était érigée la statue d’or pur d’un roi vénérable. Par la dimension, la statue surpassait la taille humaine, mais la forme annonçait un homme petit plutôt que grand. Son corps bien fait était enveloppé d’un simple manteau, et une couronne de chêne ceignait sa chevelure.

À peine le serpent avait-il considéré cette vénérable image, que le roi se mit à parler et dit :

« D’où viens-tu ?
Des cavernes où l’or demeure, répondit le serpent.
Qu’y a-t-il de plus beau que l’or ? dit le roi.
La lumière.
Qu’y a-t-il de plus agréable que la lumière ?
La parole. »

Pendant cet entretien, le serpent avait lorgné de côté, et avait vu, dans la niche voisine, une autre statue magnifique. Dans cette niche était assis un roi d’argent, de taille haute et assez menue ; son corps était couvert d’un riche vêtement ; il portait la couronne, la ceinture et le sceptre orné de pierreries ; sur son visage paraissait la sérénité de l’orgueil, et il se disposait à parler, lorsqu’une veine sombre, qui s’étendait sur la muraille de marbre, devint tout à coup brillante, et répandit dans tout le temple une agréable lumière. À cette clarté, le serpent vit le troisième roi, qui était de bronze et d’une taille puissante ; il était assis et s’appuyait sur une massue ; il était couronné de lauriers, et semblait moins un homme qu’un rocher. Le serpent voulait en observer un quatrième, qui était le plus éloigné de lui, mais la muraille s’ouvrit, et la veine lumineuse vibra comme un éclair et disparut.

Un homme de moyenne taille, qui s’avança, attira sur lui l’attention du serpent. Il était habillé à la paysanne et portait à la main une petite lampe, dont la flamme paisible faisait plaisir à voir, et qui éclairait tout le dôme merveilleusement, sans projeter aucune ombre.

« Pourquoi viens-tu quand nous avons de la lumière ? dit le roi d’or.
Vous savez que je ne dois pas éclairer l’obscurité.
Mon règne finira-t-il ? demanda le roi d’argent.
Tard ou jamais, » repartit le vieillard.

Le roi d’airain prit la parole d’une voix forte :

« Quand me lèverai-je ?
Bientôt.
Avec qui dois-je faire alliance ?
Avec tes frères aînés.
Que deviendra le plus jeune ?
Il s’assiéra.
Je ne suis pas fatigué, » cria le quatrième roi, d’une voix rude et saccadée.

Pendant cet entretien, le serpent s’était promené doucement dans le temple ; il avait tout observé, et il put voir de près le quatrième roi. Il était debout, appuyé contre une colonne, et sa taille remarquable était plutôt lourde que belle. Le métal dont il était formé ne se pouvait distinguer. Considéré attentivement, c’était un mélange des trois métaux dont ses frères étaient faits. Mais ces matières semblaient ne s’être pas bien mêlées dans la fonte ; des veines d’or et d’argent couraient irrégulièrement à travers la masse de bronze et donnaient à la statue un aspect désagréable.

Cependant le roi d’or dit au vieillard :

« Combien sais-tu de secrets ?
Trois.
Quel est le plus important ? dit le roi d’argent.
Celui qui est manifeste.
Veux-tu nous le révéler ? demanda le roi de bronze.
Aussitôt que je saurai le quatrième.
Que m’importe ? murmura à part soi le roi mélangé.
Je sais le quatrième, dit le serpent, qui s’approcha du vieillard, et lui chuchota quelques mots à l’oreille.
Le moment est venu ! » s’écria le vieillard d’une voix forte.

Le temple retentit, les statues de métal résonnèrent, et, à l’instant même, le vieillard s’enfonça vers l’occident, le reptile vers l’orient, et chacun d’eux traversa avec une grande vitesse les fentes des rochers.

Toutes les avenues par lesquelles le vieillard passa se remplirent d’or sur sa trace, car sa lampe avait la merveilleuse propriété de changer toutes les pierres en or, tout le bois en argent, les bêtes mortes en pierres précieuses , et d’anéantir tous les métaux. Mais, pour produire cet effet, il fallait qu’elle éclairât toute seule ; s’il se trouvait auprès d’elle une autre lumière, la lampe répandait seulement une belle clarté, qui réjouissait tous les êtres vivants.

Le vieillard arriva dans sa cabane, bâtie au pied de la montagne, et il trouva sa femme dans la plus grande affliction. Elle était assise près du feu, et pleurait et ne pouvait se consoler.

« Que je suis malheureuse ! s’écria-t-elle. Ah ! je ne voulais pas te laisser sortir aujourd’hui.
Qu’est-il arrivé ? dit le vieillard fort tranquillement.
Je venais de partir, dit-elle en sanglotant, quand deux turbulents voyageurs ont paru devant la porte. Je les laisse entrer imprudemment. Ils semblaient des gens honnêtes et polis. Ils étaient vêtus de flammes légères : on les aurait pris pour des feux follets. À peine sont-ils dans la maison, qu’ils commencent à m’adresser effrontément mille cajoleries, et deviennent si pressants que j’ai honte d’y penser.
Bon ! Ces messieurs ont plaisanté sans doute, dit le vieillard en souriant : vu ton âge, ils ont dû s’en tenir à la simple politesse.
Mon âge ! mon âge ! reprit la femme. Faudra-t-il que j’entende toujours parler de mon âge ? Quel est donc mon âge ? … Simple politesse ! … Je sais ce que je sais. Regarde autour de toi l’aspect de ces murs ; regarde ces vieilles pierres, que je n’avais pas vues depuis cent ans ! Ils ont léché tout l’or du haut en bas, tu ne saurais croire avec quelle célérité, assurant toujours qu’il avait beaucoup meilleur goût que de l’or commun. Quand ils eurent bien nettoyé les murs, ils parurent de très-bonne humeur, et certes ils étaient devenus en peu de temps beaucoup plus grands, plus gros et plus brillants. Alors ils recommencèrent leurs agaceries, ils me caressèrent de nouveau, m’appelaient leur reine ; ils se secouèrent, et une quantité de pièces d’or tombèrent autour d’eux. Vois comme elles brillent encore sous le banc. Mais quel malheur ! Notre Mops en a mangé quelques-unes, et le voilà mort vers la cheminée, le pauvre animal. Je ne puis m’en consoler. Je ne m’en suis aperçue qu’après leur départ : autrement je n’aurais pas promis de payer leur dette chez le passeur.
Quelle dette ?
Trois tètes de choux, trois artichauts et trois oignons. J’ai promis de les porter à la rivière dès qu’il fera jour.
Tu peux bien leur faire ce plaisir : dans l’occasion, ils nous serviront à leur tour.
S’ils nous serviront, je l’ignore, mais ils l’ont promis et juré. »

Cependant le feu de la cheminée avait fini de brûler ; le vieillard couvrit les charbons d’une épaisse couche de cendres ; il mit de côté les pièces d’or étincelantes, et dès lors sa petite lampe brilla seule de tout son éclat : les murs se revêtirent d’or, et Mops était devenu le plus bel onyx que l’on pût imaginer. Les nuances de noir et de brun de la pierre précieuse en faisaient l’oeuvre d’art la plus remarquable.

« Prends la corbeille, dit le vieillard, et places-y l’onyx ; prends ensuite trois tètes de choux, trois artichauts et trois oignons, place-les alentour et porte-les à la rivière. Vers midi, fais-toi passer par le serpent et va rendre visite au Beau lis ; porte lui l’onyx ; le Lis lui rendra la vie par son attouchement, comme par son attouchement il tue toute chose vivante. Il aura dans le chien un fidèle compagnon. Dis-lui de ne pas s’affliger ; sa délivrance approche. Il peut considérer le plus grand malheur comme le plus grand bonheur, car le moment est venu.

La vieille prépara sa corbeille, et, quand le jour parut, elle se mit en chemin. Le soleil levant projetait ses rayons par-dessus la rivière, qui brillait dans le lointain ; la femme cheminait à pas lents, car la corbeille pesait sur sa tète, et ce n’était pas l’onyx qui la fatiguait ainsi ; toute chose morte qu’elle portait, elle ne la sentait pas, et même la corbeille tendait alors à s’élever et flottait sur sa tète mais des légumes frais ou un petit animal vivant étaient pour elle une charge extrêmement pesante. Elle avait cheminé quelque temps avec fatigue, lorsqu’elle s’arrêta soudain tout effrayée : elle avait failli marcher sur l’ombre du géant, qui s’étendait, par-dessus la plaine, presque jusqu’à ses pieds. À ce moment, elle vit sortir de l’eau l’énorme géant, qui s’était baigné dans la rivière, et elle ne savait comment l’éviter. Aussitôt qu’il aperçut la vieille, il se mit à la saluer en badinant, et les mains de son ombre se portèrent sur la corbeille. Avec adresse et légèreté, elles enlevèrent un chou, un artichaut et un oignon, et les présentèrent à la bouche du géant, qui remonta ensuite le long de la rivière et laissa à la femme le passage libre.

Elle se demanda si elle ne devrait pas retourner chez elle et prendre dans son jardin de quoi remplacer les légumes qui manquaient, et, toujours indécise, elle poursuivait son chemin, en sorte qu’elle arriva bientôt sur la rive du fleuve. Elle resta longtemps assise, attendant le batelier, qu’elle vit enfin approcher, traversant la rivière avec un singulier voyageur. Un noble et beau jeune homme, qu’elle ne pouvait assez regarder, descendit de la barque.

« Qu’apportez-vous ? dit le vieillard.
Ce sont les légumes que vous doivent les feux follets, dit-elle, en produisant sa marchandise. »

Quand le batelier n’en trouva que deux de chaque espèce, il se fâcha, et assura qu’il ne pouvait les recevoir. La femme le supplia, lui représenta qu’elle ne pouvait alors se rendre chez elle, et que le fardeau l’incommoderait dans le chemin qu’elle avait à faire. Il persista dans son refus, assurant même que la chose ne dépendait pas de lui.

« Ce qui me revient, je dois le laisser sans y toucher pendant neuf heures, et je ne dois rien accepter sans en donner le tiers à la rivière. »

Après bien des paroles échangées, le vieillard dit enfin :

« Il reste un moyen : engagez-vous envers la rivière, consentez à vous reconnaître sa débitrice, et je prendrai les six pièces pour moi ; mais la chose offre quelque danger.
Si je tiens ma parole, je ne cours cependant aucun danger ?
Pas le moindre. Plongez votre main dans la rivière, et promettez de payer votre dette dans les vingt-quatre heures. »

La vieille fit ce qu’on lui disait, mais quel ne fut pas son effroi, quand elle retira de l’eau sa main noire comme le charbon ! Elle fit au vieillard les plus vifs reproches, assura que ses mains avaient toujours été ce qu’elle avait de plus beau dans sa personne, et que, malgré un travail pénible, elle avait su conserver à ces nobles membres leur blancheur et leur grâce. Elle regardait sa main avec une grande douleur, et s’écria, d’une voix désespérée :

« Voici qui est pire encore ! Je vois qu’elle a beaucoup maigri : elle est beaucoup plus petite que l’autre.
C’est encore une simple apparence, dit le vieillard ; cependant, si vous ne tenez pas votre parole, cela peut devenir une réalité. La main diminuera peu à peu et finira par disparaître entièrement, sans que vous en perdiez l’usage ; elle remplira toujours son office, seulement personne ne la verra.
J’aimerais mieux, reprit la vieille, ne pouvoir pas m’en servir, et qu’on ne s’en aperçût pas. Mais peu importe je tiendrai ma parole pour être bientôt délivrée de cette peau noire et de cette inquiétude. »

Là-dessus elle se hâta de prendre la corbeille, qui se plaça d’elle-même sur sa tête, et planait librement dans l’air, puis elle suivit, d’un pas leste, le jeune homme, qui, plongé dans ses rêveries, cheminait doucement sur la rive.

Sa belle tournure et son singulier costume avaient fait sur la vieille une profonde impression. Il avait la poitrine couverte d’une brillante cuirasse, sous laquelle sa taille se mouvait avec grâce ; sur ses épaules se déployait un manteau de pourpre, et ses cheveux bruns flottaient en boucles élégantes autour de sa tête nue ; son beau visage était exposé aux rayons du soleil, ainsi que ses pieds bien modelés. Il cheminait sans chaussure, d’un pas tranquille, sur le sable brûlant ; une tristesse profonde semblait émousser chez lui toutes les impressions des sens.

La vieille bavarde tâcha d’engager avec lui la conversation ; mais il ne lui fit que des réponses brèves, si bien qu’en dépit des beaux yeux du jeune homme, elle se lassa enfin de lui adresser la parole, et prit congé de lui en disant :

« Vous allez trop lentement pour moi, monsieur ; il ne faut pas que je tarde un moment à traverser la rivière sur le serpent vert, et à porter au Beau lis le magnifique présent de mon mari. »

À ces mots, elle poursuivit son chemin à grands pas, et le jeune homme, prenant une allure aussi prompte, se hâta de suivre sa trace.

« Vous allez vers le Beau lis ! s’écria-t-il ; alors notre but est le même. Quel est ce présent que vous lui portez ?
Monsieur, répliqua la femme, il n’est pas convenable, après avoir éludé mes questions par vos monosyllabes, de me demander mes secrets avec tant de vivacité. S’il vous plaît de faire un échange et de me raconter vos aventures, je ne vous cacherai pas qui je suis et quel est mon présent. »

Ils furent bientôt d’accord ; la femme lui raconta son histoire et celle du chien, et lui fit ensuite admirer ce merveilleux cadeau.

Il tira aussitôt de la corbeille ce chef-d’oeuvre de la nature, et prit dans ses bras Mops, qui semblait dormir doucement.

« Heureux animal, dit-il, tu seras touché de ses mains ; tu seras animé par elle, tandis que les vivants doivent la fuir pour ne pas éprouver un triste sort. Mais que dis-je, triste ! N’est-il pas beaucoup plus douloureux et plus pénible d’être paralysé par sa présence, qu’il ne le serait de mourir par ses mains ? Regarde-moi, dit-il à la vieille, vois quelles extrémités je dois souffrir à l’âge où je suis ! Cette cuirasse que j’ai portée avec honneur à la guerre, cette pourpre que je cherchais à mériter par un sage gouvernement, le sort me les a laissées, l’une, comme un poids inutile, l’autre, comme une parure insignifiante. La couronne, le sceptre et le glaive me sont ravis ; je suis d’ailleurs aussi nu, aussi indigent que tout autre fils de la terre, car les yeux bleus du Beau lis ont une si malheureuse influence, qu’ils enlèvent leur force à tous les êtres vivants, et ceux que l’attouchement de sa main ne tue pas se sentent réduits à l’état d’ombres vivantes et vagabondes. »

Il poursuivit de la sorte ses plaintes, et ne satisfit nullement la curiosité de la vieille, qui désirait bien plus connaître son histoire que ses sentiments. Elle n’apprit ni le nom de son père ni celui de son royaume. Il caressait le rigide Mops, que les rayons du soleil et l’ardente poitrine du jeune homme avaient réchauffé, comme s’il eût été vivant. Il fit beaucoup de questions sur l’homme à la lampe, sur les effets de l’admirable lumière, et parut s’en promettre beaucoup de bien à l’avenir pour son malheureux état.

Pendant qu’ils discouraient ainsi, ils virent de loin l’arche majestueuse du pont, qui s’étendait d’une rive à l’autre, briller merveilleusement à la clarté du soleil. Ils furent surpris tous deux, car ils n’avaient pas encore vu ce monument si magnifique.

« Eh quoi ? s’écria le prince, n’était-il pas assez beau, quand il s’offrait à nos yeux comme bâti de jaspe et d’agate ? Ne doit-on pas craindre d’y poser le pied, lorsqu’il paraît construit, avec la plus agréable variété, d’émeraude, de chrysoprase et de chrysolithe ? »

Ils ignoraient l’un et l’autre la métamorphose que le serpent avait subie ; car c’était le serpent, qui, chaque jour, à midi, se dressait par-dessus le fleuve, et prenait la forme d’un pont hardi. Les voyageurs y mirent le pied avec respect, et le traversèrent en silence.

Ils étaient à peine sur l’autre bord, que le pont commença à se balancer et se mouvoir ; il ne tarda pas à toucher la surface de l’eau, et le serpent vert, dans sa véritable forme, rampa sur la terre à la suite des voyageurs. Comme ils venaient de le remercier d’avoir pu franchir la rivière sur son dos, ils observèrent qu’il devait se trouver avec eux dans la compagnie plusieurs personnes encore, mais qu’ils ne pouvaient voir de leurs yeux. Ils entendaient à leurs côtés un chuchotement, auquel le serpent répondait de son côté en chuchotant. Ils prêtèrent l’oreille, et finirent par saisir les paroles que voici :

« Nous commencerons, disaient deux voix tour à tour, par chercher incognito dans le parc le Beau lis, et nous vous prions de vouloir bien, à la tombée de la nuit, aussitôt que nous serons un peu présentables, nous produire devant cette beauté parfaite. Vous nous trouverez au bord du grand lac.
C’est convenu, répondit le serpent, et un sifflement se perdit dans l’air. »

Alors nos trois voyageurs s’entendirent sur l’ordre dans lequel ils se présenteraient devant la belle : en effet un grand nombre de personnes pouvaient bien se trouver autour d’elle, mais elles devaient arriver et se retirer une à une ; sinon elles avaient à souffrir de sensibles douleurs.

La femme au chien métamorphosé s’approcha la première du jardin, et chercha sa protectrice, qu’elle trouva aisément, car elle chantait dans ce moment, en s’accompagnant de la harpe ; les doux sons se produisirent d’abord comme des anneaux, à la surface du lac tranquille, puis, comme un souffle léger, ils mirent le gazon et les bocages en mouvement. Dans l’enceinte d’une verte pelouse, à l’ombre d’un groupe magnifique d’arbres divers, elle était assise, et, dès l’abord, elle enchanta de nouveau les yeux, l’oreille et le coeur de la femme, qui s’approcha d’elle avec ravissement, et jura eu elle-même que la belle était devenue plus belle encore en son absence. La bonne femme adressa de loin à l’aimable jeune fille ses salutations et ses hommages.

« Quel bonheur de vous voir ! Quelle félicité céleste répand autour de vous votre présence ! Que la harpe s’appuie avec grâce contre vos genoux ! Que vos bras l’entourent doucement ! Comme elle semble se pencher avec désir vers vôtre sein ! Et quels tendres accords elle sait produire sous vos doigts délicats ! Trois fois heureux le jeune homme qui pourrait prendre sa place ! »

En parlant ainsi, elle s’était approchée ; le Beau lis leva les yeux ; ses mains quittèrent les cordes de la harpe et elle répondit :

« Ne m’afflige pas par des louanges importunes ! Elles ne font que me rendre plus sensible à mon malheur. Vois, il est gisant à mes pieds, le pauvre serin qui accompagnait mes chants avec tant de grâce ; il était accoutumé à percher sur ma harpe, et soigneusement dressé à ne pas me toucher ; aujourd’hui, en m’éveillant d’un sommeil réparateur, comme je chantais un hymne matinal, et que mon petit musicien faisait entendre des accents harmonieux, avec plus de gaieté que jamais, un autour fond sur ma tète ; le pauvre petit oiseau effrayé se réfugie sur mon sein, et, à l’instant même, je sens les dernières convulsions de sa vie expirante. Le brigand, atteint de mon regard, se traîne, il est vrai, là-bas, sans force, au bord de l’eau ; mais que me fait son châtiment ? Mon favori est mort, et sa tombe ne fera qu’augmenter les tristes bocages de mon jardin.
Beau lis, prenez courage ! dit la femme en essuyant une larme, que lui avait arrachée le récit de la malheureuse jeune fille ; prenez courage : mon vieux mari vous fait dire de modérer votre affliction, de considérer le plus grand malheur comme le présage du plus grand bonheur, car le moment est venu. Et véritablement, poursuivit la vieille, tout va dans le monde sens dessus dessous ! Voyez donc ma main, comme elle est devenue noire ! Elle est déjà bien plus petite : il faut me hâter avant qu’elle disparaisse tout à fait. Pourquoi ai-je été complaisante avec les feux follets ! Pourquoi ai-je rencontré le géant et pourquoi plongé ma main dans la rivière ! Ne pourriez-vous me donner un chou, un artichaut et un oignon ? Je les porterai à la rivière et ma main redeviendra blanche comme auparavant, si bien que je pourrai presque la montrer à côté de la vôtre.
Des choux et des oignons, tu en trouveras peut-être ; pour des artichauts, tu en chercheras inutilement. Les plantes de mon grand jardin ne portent ni fleurs, ni fruits, mais chaque rameau que je cueille et que je plante sur la tombe d’un être aimé verdit et se développe aussitôt. Tous ces groupes d’arbres, ces bosquets et ces bois, hélas ! je les ai vus croître. Les dômes de ces pins, les obélisques de ces cyprès, ces colosses de chênes et de hêtres, tous furent de petits rameaux, plantés de ma main, comme un funèbre monument, dans un sol auparavant stérile. »

La vieille avait fait peu d’attention à ces paroles, étant toujours occupée de sa main, qui, en présence du Beau lis, lui semblait devenir de minute en minute plus noire et plus petite. Elle allait prendre sa corbeille et s’éloigner, lorsqu’elle s’avisa qu’elle avait oublié le meilleur. Elle tira le chien métamorphosé de la corbeille et le plaça sur le gazon non loin de la belle.

« Mon mari, dit-elle, vous envoie ce souvenir. Vous savez que vous pouvez animer par votre attouchement cette pierre précieuse. Le gentil et fidèle animal vous procurera certainement beaucoup de plaisir, et je ne pourrais me consoler de le perdre, si je n’avais pas l’idée que vous le possédez. »

(à suivre)


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Message par Her Sam 13 Aoû - 9:01

http://www.psychanalyse-paris.com/816-Le-serpent-vert.html

Johann Wolfgang von Goethe
Le serpent vert
Conte (1795) (Suite et Fin)


...

Le Beau lis considéra la jolie bête avec plaisir et, à ce qu’il parut, avec étonnement.

« Bien des signes se rencontrent, dit-elle, qui font naître chez moi quelque espérance ; mais, hélas ! n’est-ce pas seulement une illusion de notre esprit, de nous figurer que nous touchons au plus grand bien quand beaucoup de maux nous assiègent ? »

Après avoir dit ces mots, la belle se mit a chanter les strophes suivantes :

« De quel secours sont-ils pour moi, tous ces signes favorables, la mort de l’oiseau, la main noire de mon amie ? Le chien d’onyx a-t-il son pareil ? Et la lampe ne me l’a-t-elle pas envoyé ?

Éloignée des douceurs de la société humaine, je ne connais plus que la douleur. Ah ! pourquoi le temple ne s’élève-t-il pas au bord de la rivière ? Pourquoi le pont n’est-il pas construit ? »

La bonne femme avait écouté avec impatience ce chant, que le Beau lis accompagnait des doux sons de sa harpe, et qui aurait ravi toute autre personne. Elle allait prendre congé, quand elle fut de nouveau retenue par l’arrivée du serpent vert. Il avait entendu les derniers mots de la chanson, et là-dessus il s’empressa de dire au Beau lis d’avoir bon courage.

« La prédiction du pont est accomplie, lui dit-ii. Demandez à cette bonne femme comme l’arche en est maintenant magnifique ! Ce qui n’était que jaspe sans transparence et simple agate, que la lumière pénétrait seulement aux arêtes, est devenu une pierre diaphane ; le béryl est moins brillant, l’émeraude est moins belle.
Je vous en félicite, dit le Lis, mais pardonnez-moi si je ne crois pas encore la prédiction accomplie. Les piétons peuvent seuls passer sur votre arche élevée, et il nous est promis que les chevaux et les voitures et les voyageurs de toute sorte pourront passer et repasser en même temps sur le pont. La prophétie ne dit-elle pas que de grands piliers s’élèveront du sein même de la rivière ? »

La, vieille, qui avait eu les yeux toujours fixés sur sa main, interrompit la conversation et prit congé.

« Attendez encore un moment, dit le Beau lis, et emportez mon pauvre petit serin. Priez la lampe de le changer en une belle topaze ; je l’animerai par mon attouchement et il sera, avec votre bon Mops, mon plus agréable amusement. Mais hâtez-vous le plus que vous pourrez : car, au coucher du soleil, le pauvre animal tombera inévitablement dans la corruption, et sa beauté sera détruite pour jamais. »

La vieille posa dans la corbeille le petit corps enveloppé de tendre feuillage, et s’éloigna.

« Quoi qu’il en soit, dit le serpent, en reprenant la conversation interrompue, le temple est bâti.
Mais il n’est pas encore au bord du fleuve, repartit la belle.
Il est encore dans les profondeurs de la terre, dit le serpent : j’ai vu les rois et je leur ai parlé.
Mais quand se lèveront-ils ? demanda le Lis.
J’ai entendu cette grande parole retentir dans le temple : “Le temps est venu !” »

Une agréable sérénité se répandit sur le visage de la belle.

« Voici, dit-elle, la seconde fois que j’entends aujourd’hui ces mots heureux. Quand viendra le jour où je les entendrai trots fois ? »

Elle se leva. Une charmante jeune fille sortit aussitôt du bocage et emporta la harpe ; elle fut suivie d’une autre, qui plia la chaise de campagne, d’ivoire sculptée, sur laquelle la belle s’était assise, et prit sous le bras le coussin de brocart ; une troisième parut, avec une grande ombrelle brodée de perles, aux ordres du Lis, si elle en avait besoin pour faire une promenade. Ces trois jeunes filles étaient belles et charmantes au delà de toute expression, et cependant elles ne faisaient que relever la beauté du Lis, car chacun devait avouer que ces jeunes filles ne lui pouvaient être comparées.

Cependant le Beau lis avait considéré le merveilleux Mops avec intérêt : elle se baissa ; elle le toucha et, à l’instant même, il bondit. Il jeta autour de lui des regards joyeux, courut çà et là, et finit par saluer de la façon la plus amicale sa bienfaitrice. Elle le prit dans ses bras et le pressa contre elle.

« Tu es froid, lui dit-elle, et tu n’as qu’une moitié de vie ; cependant tu es le bienvenu ; je t’aimerai tendrement, je jouerai gentiment avec toi, je te caresserai d’une main amicale, et je te presserai sur mon coeur. »

Là-dessus elle le laissa courir, le chassa loin d’elle, le rappela, joua si joliment avec lui, et le poursuivit si gaiement et si innocemment sur le gazon, qu’il fallait admirer sa joie avec un nouveau ravissement et y prendre part, comme, peu de temps auparavant, sa tristesse avait ému de compassion tous les coeurs.

L’arrivée du jeune homme affligé troubla cette sérénité, ces agréables jeux. Il s’avança, tel que nous le connaissons : seulement, la chaleur du jour semblait l’avoir encore plus abattu, et, en présence de sa bien-aimée, il pâlissait davantage de moments en moments. Il portait sur sa main l’autour qui se tenait tranquille comme une colombe, et les ailes pendantes.

« Ce n’est pas amiable à toi, s’écria le Beau lis, à son approche, d’offrir à mes yeux le monstre qui aujourd’hui même a tué mon petit chanteur.
Ne condamne pas cet oiseau malheureux, répondit le jeune homme ; accuse plutôt le sort et toi-même, et pardonne-moi de m’associer à mon compagnon d’infortune. »

Cependant Mops ne cessait pas d’agacer la belle, qui répondait de la manière la plus caressante au transparent favori. Elle frappait des mains pour l’effrayer, puis elle courait pour l’attirer de nouveau après elle ; elle cherchait à le saisir lorsqu’il fuyait, et le chassait lorsqu’il voulait s’élancer contre elle. Le jeune homme observait là chose en silence, avec un dépit croissant ; mais enfin, lorsqu’elle prit dans ses bras l’odieux animal, qu’il trouvait affreux, le pressa contre son sein d’ivoire, et, de ses lèvres divines, baisa son noir museau, il perdit toute patience et s’écria désespéré :

« Faut-il, quand une malheureuse destinée me condamne à vivre en ta présence dans une séparation éternelle peut-être ; quand j’ai tout perdu par toi et me suis perdu moi-même, faut-il que je voie devant mes yeux une monstrueuse créature t’exciter à la joie, fixer ta tendresse et jouir de tes embrassements ! Dois-je plus longtemps encore aller et venir de la sorte et mesurer ce cercle de douleurs, en passant et repassant la rivière ? Non, une étincelle de ma valeur première sommeille encore dans mon coeur ; qu’elle jette en ce moment une dernière flamme ! Si les pierres peuvent reposer sur ton sein, puissé-je devenir une pierre ! Si ton attouchement donne la mort, je veux mourir de tes mains. »

En disant ces mots, il fait un geste violent ; l’autour s’envole, et lui-même il s’élance vers la belle. Elle tend les bras pour l’arrêter, et ne l’en touche que plus vite. Il perd connaissance et le Beau lis sent avec effroi ce charmant fardeau sur sa poitrine. Elle recule en poussant un cri, et le beau jeune homme tombe sans vie de ses bras sur la terre.

Le malheur était accompli. La douce fleur était immobile, et regardait fixement le corps inanimé. Le coeur de la jeune fille semblait avoir cessé de battre, et ses yeux étaient sans larmes.

Vainement Mops cherchait-ii à obtenir d’elle une caresse : le monde entier était mort avec son ami ; son muet désespoir ne cherchait aucun secours, elle n’en connaissait aucun.

En revanche, le serpent se donnait beaucoup de mouvement ; il semblait chercher des moyens de salut, et du moins ses mouvements bizarres retardèrent quelque temps les premières horreurs qui devaient suivre cette catastrophe : de son corps souple, il forma un grand cercle autour du cadavre, prit avec ses dents le bout de sa queue, et resta immobile.

Bientôt parut une des belles suivantes du Lis ; elle apportait la chaise d’ivoire, et, avec des gestes gracieux, elle obligea la belle de s’asseoir ; puis la seconde apporta un voile couleur de feu, dont elle orna plutôt qu’elle ne couvrit la tête de sa maîtresse ; la troisième lui présenta la harpe. À peine avait-elle appuyé contre ses genoux le magnifique instrument et tiré des cordes quelques sons, que la première revint, apportant un brillant miroir de forme ronde ; elle se plaça vis-à-vis de la belle, surprit ses regards, et lui montra l’objet le plus admirable qui se pût trouver dans la nature. La douleur relevait sa beauté, le voile ses attraits, la harpe sa grâce, et, bien que l’on espérât de voir changée sa triste situation, on souhaitait de conserver à jamais sou image telle qu’on la voyait alors.

Arrêtant sur le miroir un regard tranquille, tantôt elle tirait des cordes quelques notes suaves, tantôt sa douleur semblait s’animer, et les cordes puissantes répondaient à ses transports. Quelquefois sa bouche s’entr’ouvrait pour chanter, mais la voix lui manquait, et bientôt sa douleur se répandit en larmes ; deux jeune filles la recueillirent dans leurs bras, la harpe tombait de ses genoux : l’agile suivante eut à peine le temps de la saisir pour la mettre à l’écart.

« Qui nous amènera l’homme à la lampe, avant le coucher du soleil ? chuchota le serpent, mais de manière à être entendu. »

Les jeunes filles se regardèrent l’une l’autre, et les larmes du Lis redoublèrent. à ce moment, la femme revint hors d’haleine avec sa corbeille.

« Je suis perdue et mutilée ! s’écria-t-elle. Voyez, ma main a presque entièrement disparu. Ni le batelier ni le géant n’ont voulu me passer, parce que je suis encore débitrice de la rivière. Vainement j’ai offert cent choux et cent oignons, on ne veut que les trois pièces, et je ne puis trouver un artichaut dans les environs.
Oubliez votre détresse, dit le serpent, et tâchez de nous secourir. Notre salut sera peut-être aussi le vôtre. Courez au plus vite chercher les feux follets ; il fait encore trop clair pour les voir, mais peut-être les entendrez-vous rire et voltiger. S’ils se hâtent, le géant les passera ; ils pourront trouver l’homme à la lampe et nous l’envoyer. »

La femme courut de toutes ses forces ; le serpent semblait attendre avec autant d’impatience que le Lis le retour des deux personnes. Malheureusement les rayons du soleil sur son déclin doraient déjà le faîte des arbres de la forêt, et des ombres allongées s’étendaient sur le lac et la prairie ; le serpent s’agitait avec impatience et le Lis fondait en larmes.

Dans cette extrémité, le serpent regardait de tous côtés ; il craignait, à chaque moment, que le soleil ne se couchât, que la corruption ne franchît le cercle magique, et n’attaquât le jeune homme irrésistiblement. Enfin il vit au haut des airs l’autour aux plumes empourprées, dont la gorge reflétait les derniers rayons du soleil. Le serpent tressaillit de joie à ce signe favorable, et il ne s’abusait point, car, bientôt après, on vit l’homme à la lampe avancer en glissant sur le lac, comme s’il venait en patins.

Le serpent ne quitta point sa position, mais le Lis se leva et s’écria :

« Quel bon génie t’envoie dans le moment où nous te désirons si fort, où nous avons un si pressant besoin de toi ?
Le génie de ma lampe m’entraîne, répondit le vieillard, et l’autour m’amène en ce lieu. Cette flamme pétille quand on a besoin de moi, et je n’ai qu’à chercher un signe dans l’air : un oiseau, un météore m’indique la direction que je dois suivre. Sois tranquille, belle jeune fille. Pourrai-je te secourir, je l’ignore : un seul ne peut rien, il faut qu’il s’unisse à beaucoup d’autres dans le moment propice. Il nous faut différer et espérer. »

« Tiens ton cercle fermé, poursuivit-il en se tournant vers le serpent ; puis il s’assit sur un tertre à côté de lui, et il éclaira le corps inanimé. Apportez aussi le gentil serin et placez-le dans le cercle. »

Les jeunes filles prirent le petit oiseau dans la corbeille, que la vieille avait laissée, et elles firent ce que l’homme avait dit.

Le soleil s’était couché, et, à mesure que l’obscurité augmentait, non-seulement le serpent et la lampe de l’homme commencèrent de briller à leur manière, mais le voile du Lis répandit même une douce lumière, qui, pareille à une aurore naissante, colorait, avec une grâce infinie, ses joues pâles et son vêtement blanc. Les assistants se regardaient les uns les autres, dans une attente muette ; l’inquiétude et la tristesse étaient adoucies par une ferme espérance.

Aussi la compagnie fit-elle un gracieux accueil à la vieille femme, lorsqu’elle parut accompagnée des deux joyeuses flammes, qui sans doute avaient été fort prodigues depuis quelque temps, car elles étaient redevenues d’une maigreur extrême ; mais elles n’en furent que plus aimables avec la princesse et les autres dames. Les feux follets débitèrent, avec beaucoup d’aplomb et une expression très-vive, des choses assez communes ; ils furent particulièrement sensibles au charme que le voile lumineux répandait sur le Lis et ses compagnes. Les dames baissaient les yeux avec modestie, et les éloges donnés à leur beauté les embellissaient encore. Tout le monde, sauf la vieille, était satisfait et tranquille. Vainement son mari l’assura que sa main ne pouvait diminuer, aussi longtemps qu’elle serait éclairée par sa lampe, elle soutint plus d’une fois que, si cela continuait de la sorte, avant minuit ce noble membre aurait complètement disparu.

Le vieillard à la lampe avait prêté aux propos des feux follets une oreille attentive ; il était charmé que cet entretien pût égayer et distraire le Beau lis, et, véritablement, minuit était arrivé sans que l’on sût comment. Le vieillard observa les étoiles et se prit à dire :

« Nous sommes réunis à l’heure propice. Que chacun remplisse sa tâche ; que chacun fasse son devoir, et un bonheur général absorbera les douleurs particulières, comme un malheur général dévore les joies de chacun. »

À ces mots, il se fit un murmure étrange, parce que toutes les personnes présentes se parlaient à elles-mêmes, et disaient à haute voix ce qu’elles avaient à faire. Les trois jeunes filles gardaient seules le silence ; l’une était endormie à côté de la harpe, l’autre à côté du parasol, la troisième à côté de la chaise d’ivoire , et l’on ne pouvait leur en faire un crime à une heure si tardive ; les jeunes flamboyants, après quelques hommages passagers adressés aussi aux suivantes, avaient fini par s’attacher uniquement au Lis, comme à la belle des belles.

« Prends le miroir, dit le vieillard à l’autour, et fais briller sur les dormeuses les premiers rayons du soleil ; éveille-les d’en haut avec la lumière réfléchie. »

Le serpent fit quelques mouvements, rompit le cercle et, avec de longs replis, rampa lentement vers le fleuve ; les feux follets le suivaient d’un pas solennel : on les aurait pris pour les flammes les plus sérieuses du monde. La vieille et son mari prirent la corbeille, dont on avait à peine remarqué jusqu’alors la douce lumière ; ils la tirèrent de part et d’autre, et la corbeille devenait toujours plus lumineuse et plus grande ; ils y placèrent le corps du jeune homme ; ils posèrent le serin sur sa poitrine ; la corbeille s’éleva en l’air et se balança sur la tête de la vieille, qui s’avança à la suite des feux follets ; le Beau lis prit Mops dans ses bras et suivit la vieille ; le vieillard à la lampe fermait la marche. Toutes ces diverses lumières répandaient sur les environs la plus étrange clarté.

Mais la compagnie ne vit pas avec moins d’admiration, lorsqu’elle fut arrivée au bord du fleuve, une arche magnifique, qui s’élevait par-dessus, et sur laquelle le serpent bienfaisant leur offrait un brillant passage. Si l’on avait admiré pendant le jour les pierreries transparentes, dont il semblait que le pont fût construit, on s’émerveilla, pendant la nuit, de leur éblouissante magnificence. Par en haut, le cercle lumineux tranchait vivement sur le ciel sombre ; mais, par en bas, de vifs rayons jaillissaient vers le centre et montraient la mobile solidité de l’édifice. Le cortège le traversa lentement ; le batelier, qui regardait de sa cabane lointaine, contemplait avec étonnement le cercle lumineux et les singulières clartés qui passaient pardessus.

À peine furent-ils arrivés sur l’autre bord, que, selon sa coutume, l’arche se mit à balancer et à s’approcher de l’eau avec des mouvements ondulatoires ; bientôt le serpent s’avança vers la rive, la corbeille se posa par terre, et le reptile se roula de nouveau en cercle alentour. Le vieillard s’inclina devant le serpent et lui dit :

« Quelle résolution as-tu prise ?
De me sacrifier avant qu’on me sacrifie. Promets-moi que tu ne laisseras aucune pierre sur le bord. »

Le vieillard le promit, et, là-dessus, il dit au Beau lis :

« Touche le serpent de ta main gauche et ton amant de la main droite. »

Le Lis se mit à genoux ; elle toucha le serpent et le corps inanimé. À l’instant même, le jeune homme parut revenir à la vie ; il remua dans la corbeille ; il se redressa même et s’assit. La belle voulut l’embrasser ; mais le vieillard la retint ; il aida le jeune homme à se lever, et le soutint, comme il sortait de la corbeille et du cercle.

Le prince était debout, le serin voltigeait sur ses épaules ; la vie leur était revenue à tous deux, mais pas encore l’esprit ; le bel ami avait les yeux ouverts et ne voyait pas, du moins il semblait regarder tout avec indifférence. À peine la surprise causée par cet événement fut-elle un peu apaisée, qu’on remarqua tout à coup la singulière métamorphose que le serpent avait subie. Son beau corps, à la forme élancée, s’était séparé en mille et mille brillantes pierreries ; la vieille, en voulant prendre sa corbeille, l’avait heurté par mégarde, et l’on ne voyait plus rien de la forme du serpent, mais seulement un beau cercle de pierres étincelantes, semées sur le gazon.

Aussitôt le vieillard se disposa à les recueillir dans la corbeille ; sa femme dut l’aider dans ce travail. Puis ils portèrent tous deux la corbeille au bord de l’eau dans un endroit élevé, et le vieillard, au grand chagrin de la belle et de sa femme, qui auraient fort désiré d’en choisir quelques-unes pour elles, jeta toute la charge dans la rivière. Comme des étoiles scintillantes, les pierres voguèrent avec les flots, et l’on ne put distinguer si elles se perdirent dans le lointain ou si elles enfoncèrent.

« Messieurs, dit là-dessus avec respect le vieillard aux feux follets, je vous montre maintenant le chemin, et je vous fraye le passage ; mais vous nous rendrez le plus grand service, en nous ouvrant la porte du sanctuaire, par où nous devons entrer cette fois, et que vous seuls pouvez ouvrir. »

Les feux follets firent une révérence polie et se tinrent en arrière. Le vieillard à la lampe avança le premier dans le rocher, qui s’ouvrait devant lui ; le jeune homme le suivit, comme par une impulsion machinale ; le Beau lis marchait à quelque distance derrière lui, incertaine et silencieuse ; la vieille ne voulut pas rester en arrière ; elle étendait la main, afin que la lumière de la lampe pût l’éclairer ; les feux follets fermaient la marche, rapprochant les pointes de leurs flammes, et paraissant causer ensemble.

Ils n’avaient pas marché longtemps, que le cortège se trouva devant une grande porte d’airain, dont les battants étaient fermés avec une serrure d’or. Le vieillard appela les feux follets, qui ne se firent pas presser longtemps, et se mirent vivement à consumer de leurs flammes les plus aiguës la serrure et les verrous.

Le bronze retentit, lorsque soudain les portes s’ouvrirent avec fracas, et que les nobles images des rois apparurent dans le sanctuaire, éclairées par les lumières qui survenaient. Chacun s’inclina devant les vénérables monarques ; les feux follets surtout n’épargnèrent pas les burlesques révérences. Après une pause :

« D’où venez-vous ? dit le roi d’or.
Du monde, dit le vieillard.
Où allez-vous ? demanda le roi d’argent.
Dans le monde.
Que venez-vous faire ici ? demanda le roi de bronze.
Vous accompagner », dit le vieillard.

Le roi mélangé allait prendre la parole, quand le roi d’or dit aux feux follets, qui s’étaient approchés trop près de lui :

« Éloignez-vous de moi ! mon or n’est pas pour votre bouche. »

Ils se tournèrent vers le roi d’argent et s’inclinèrent devant lui ; sa robe brillait agréablement de leur reflet doré.

« Soyez les bienvenus, dit-il, mais je ne puis vous nourrir : prenez ailleurs votre pâture et apportez-moi votre lumière. »

Ils s’éloignèrent, et, passant devant le roi de bronze, qui ne sembla pas les remarquer, ils se glissèrent vers le roi mélangé.

« Qui régnera sur le monde ? cria-t-il d’une voix saccadée.
Celui qui se tiendra sur ses pieds, répondit le vieillard.
C’est moi ! dit le roi mélangé.
On verra, dit le vieillard, car le temps est venu. »

Le Beau lis se jeta au cou du vieillard, et l’embrassa avec la plus vive tendresse.

« Père saint, lui dit-elle, je te rends mille actions de grâces car je viens d’entendre, pour la troisième fois, la parole prophétique. »

Elle avait à peine dit ces mots, que ses bras s’attachèrent au vieillard plus fortement encore, car le sol s’ébranlait sous leurs pieds ; la vieille et le jeune homme se tinrent aussi l’un à l’autre ; les mobiles feux follets étaient les seuls qui ne s’apercevaient de rien.

On pouvait sentir distinctement que le temple tout entier se mouvait, comme un navire qui s’éloigne doucement du port, quand les ancres sont levées ; les profondeurs de la terre semblaient s’ouvrir devant lui, à mesure qu’il avançait ; il ne heurtait nulle part, aucun rocher ne s’opposait à sa marche.

Pendant quelques instants, une fine pluie sembla pénétrer par l’ouverture de la coupole. Le vieillard tint le Beau lis avec plus de force, et lui dit :

« Nous sommes sous la rivière et nous approchons du but. »

Peu de temps après, ils crurent être arrêtés, mais c’était une erreur, le temple montait. Alors il se fit sur leurs tètes un bruit étrange des planches et des poutres, grossièrement assemblées, pénétraient, avec des craquements, par l’ouverture de la coupole. Le Lis et la vieille se jetèrent de côté ; l’homme à la lampe saisit le jeune homme et demeura immobile. C’était la petite cabane du passeur, que le temple, dans son ascension, avait séparée du sol et qu’il avait absorbée en lui. Elle descendit peu à peu et couvrit le jeune homme et le vieillard.

Les femmes criaient et le temple fut ébranlé, comme un vaisseau qui heurte la terre à l’improviste. Les femmes erraient avec angoisse dans l’obscurité autour de la cabane ; la porte en était fermée, et nul ne les entendait heurter. Elles heurtèrent plus fort, et furent bien surprises, lorsqu’à la fin le bois rendit un son métallique. La vertu de la lampe enfermée dans la cabane l’avait changée du dedans au dehors en argent. Bientôt elle changea même de figure ; le noble métal quitta les formes improvisées de planches, de poteaux et de poutres, et s’étendit en une admirable chapelle travaillée en bosse. Un magnifique petit temple s’élevait au milieu du grand, ou, si l’on veut, c’était un autel digne du temple.

Le jeune homme monta par un escalier intérieur ; l’homme à la lampe l’éclairait, et un autre personnage semblait le soutenir, marchant devant lui, en court vêtement blanc, et portant à la main une rame d’argent. On reconnut d’abord en lui le passeur, l’ancien habitant de la cabane métamorphosée.

Le Beau lis monta les degrés extérieurs, qui menaient du temple à l’autel, mais elle dut se tenir encore éloignée de son bien-aimé. La vieille, dont la main était devenue toujours plus petite, aussi longtemps que la lampe avait été cachée, s’écria :

« Faut-il que je sois encore malheureuse ? Parmi tant de prodiges, n’en est-il aucun qui puisse sauver ma main ? »

Son mari lui montra la porte ouverte et lui dit :

« Tu vois que le jour commence à luire : cours te baigner dans la rivière.
Quel conseil ! Je deviendrai toute noire ! Je disparaîtrai tout entière ! N’ai-je donc pas encore payé ma dette ?
Va, dit le vieillard, et crois-moi. Toutes les dettes sont payées. »

La vieille courut, et, au même instant, les rayons du soleil levant éclairèrent la couronne de la coupole. Le vieillard s’avança entre le jeune homme et la vierge et s’écria :

« On en compte trois qui règnent sur la terre, la sagesse, l’apparence et la force. » Au premier de ces mots, le roi d’or se leva ; au second, le roi d’argent ; et, au troisième, le roi de bronze s’était aussi levé lentement, quand tout à coup le roi mélangé s’assit avec maladresse. Tous ceux qui le virent furent sur le point de rire, malgré la solennité du moment ; car il n’était pas assis, il n’était pas couché, il n’était pas appuyé, mais il s’était affaissé dans une disgracieuse posture.

Les feux follets, qui s’étaient occupés de lui jusqu’alors, se retirèrent à part ; bien que l’aurore les fit pâlir, ils paraissaient de nouveau bien nourris et bien enflammés ; avec leurs langues aiguës, ils avaient léché adroitement jusqu’au fond les veines d’or de la statue colossale. Les espaces vides irréguliers qui en étaient résultés, restèrent quelque temps ouverts, et la figure demeurait dans sa première forme ; mais, lorsqu’enfin les plus fines veines furent absorbées, tout à coup la statue se brisa, et, par malheur, justement aux endroits du corps qui restent fixes quand l’homme s’assied ; au contraire, les jointures qui auraient dù se plier conservèrent leur rigidité. II fallait rire ou détourner les yeux ; cet objet équivoque, moitié figure, moitié masse informe, était affreux à voir.

L’homme à la lampe fit descendre de l’autel et conduisit droit au roi de bronze le jeune homme, toujours engourdi et le regard fixe. Aux pieds du puissant prince était une épée dans un fourreau de bronze. Le jeune homme l’attacha à sa ceinture.

« L’épée à gauche, la droite libre ! » s’écria le puissant roi.

De là ils s’avancèrent vers le roi d’argent, qui baissa son sceptre vers le jeune homme. Celui-ci le prit de la main gauche, et le roi lui dit d’une voix amicale :

« Paissez les brebis. »

Lorsqu’ils arrivèrent au roi d’or, il posa, de sa main paternelle, sur la tête du jeune homme, la couronne de chêne, et lui dit en le bénissant :

« Reconnais le bien suprême ! »

Pendant cette promenade, le vieillard avait observé attentivement le jeune homme. Après qu’il eut ceint le glaive, sa poitrine s’était élevée, ses mains se mouvaient et ses pieds foulaient le sol avec plus de fermeté ; lorsque le sceptre eût passé dans sa main, sa force avait paru prendre de la douceur, et, par un charme inexprimable, devenir encore plus puissante ; mais, quand la couronne de chêne décora sa chevelure bouclée, ses traits s’animèrent, son oeil brilla d’une ineffable intelligence, et le Lis fut le premier mot qui sortit de sa bouche.

« Beau lis ! s’écria-t-il, en montant au-devant d’elle sur les degrés d’argent, car elle avait assisté à sa promenade du balcon de l’autel, Lis adoré, l’homme qui a reçu tout en partage, que peut-il souhaiter de plus précieux que l’innocence et la secrète affection que m’apporte ton coeur ?

Ô mon ami, poursuivit-il, en se tournant vers le vieillard et regardant les trois statues sacrées, il est magnifique et assuré, l’empire de nos pères ; mais tu as oublié la quatrième puissance, dont l’empire sur le monde est plus ancien encore, plus général, plus certain : la puissance de l’amour. »

À ces mots, il prit la belle dans ses bras ; elle avait rejeté son voile, et ses joues se couvrirent d’un plus bel et plus durable incarnat. Le vieillard dit en souriant :

« L’amour ne règne pas, il instruit, et cela vaut bien mieux. »

Au milieu de cette solennité, de ces joies, de ce ravissement, on n’avait pas observé que le jour était tout à fait venu ; et tout à coup, à travers la porte ouverte, des objets tout nouveaux frappèrent les yeux de la compagnie. Une grande place entourée de colonnes formait l’avant-cour, à l’extrémité de laquelle on voyait un pont magnifique, dont les arches nombreuses s’étendaient à travers le fleuve ; il était pourvu des deux côtés de commodes et superbes colonnades à l’usage des voyageurs, dont il s’était déjà trouvé des milliers, qui allaient et venaient diligemment. La grande avenue du milieu était animée par des troupeaux, des mules, des cavaliers et des voitures, qui, sans se faire obstacle, circulaient à longs flots ; ils semblaient tous s’émerveiller d’un ouvrage si commode et si magnifique ; et autant le nouveau roi et son épouse trouvaient de bonheur dans leur amour mutuel, autant le mouvement et la vie de ce grand peuple leur causaient de ravissement.

« Bénis la mémoire du serpent, dit le vieillard tu lui dois la vie ; tes peuples lui doivent le pont par lequel ces rives voisines sont animées et réunies. Ces pierreries nageantes et brillantes, restes de son corps sacrifié, sont les bases de ce pont superbe ; c’est sur elles qu’il s’est bâti de lui-même, et qu’il se maintiendra. »

On allait lui demander l’explication de cet étrange mystère ; soudain quatre jeunes filles se présentèrent à la porte du temple. À la harpe, au parasol, à la chaise d’ivoire, on reconnut d’abord les compagnes du Lis ; mais la quatrième, la plus belle, était une inconnue, qui, jouant avec elles comme une soeur, traversa vivement le temple, et monta les degrés d’argent.

« Me croiras-tu désormais, ma chère femme ? dit à la belle le maître de la lampe. Heureuse es-tu ! heureuse toute créature qui se baignera ce matin dans le fleuve ! »

La vieille, embellie et rajeunie, et qui n’avait pas conservé une trace de sa première figure, entourait de ses jeunes bras ranimés l’homme à la lampe, qui recevait ses caresses avec amitié.

« Si je suis trop vieux pour toi, dit-il en souriant, tu peux te choisir aujourd’hui un autre mari. Dès ce jour aucun mariage n’est valable, s’il n’est pas conclu de nouveau.
Ne sais-tu donc pas, lui dit-elle, que tu es aussi rajeuni ?
Je suis charmé de paraître à tes jeunes regards un vaillant jeune homme. Je reçois de nouveau ta main, et je vivrai volontiers avec toi jusqu’au prochain millénaire. »

La reine souhaita la bienvenue à sa nouvelle amie, et descendit, avec ses autres compagnes, dans l’autel, tandis que le roi, avec les deux hommes, regardait du côté du pont et considérait avec attention le mouvement de la foule.

Mais sa joie ne fut pas de longue durée, car il vit un objet qui lui causa un moment de chagrin. Le grand géant, qui semblait n’être pas encore bien éveillé, chancelait sur le pont, et il y causait un grand désordre. Il s’était levé fort assoupi, comme à l’ordinaire, et avait voulu se baigner dans l’anse accoutumée. Il avait trouvé, à la place, la terre ferme, et il s’était avancé en tâtonnant sur le large pavé du pont. Là, quoiqu’il marchât très lourdement au milieu des hommes et du bétail, sa présence, qui étonnait tout le monde, n’était cependant sentie de personne. Mais lorsque le soleil lui donna dans les yeux, et qu’il éleva les mains pour s’en préserver, l’ombre de ses poings énormes passa et repassa derrière lui si brusquement, si maladroitement, parmi la foule, que les gens et les bêtes étaient renversés en grandes troupes, blessés, et couraient le risque d’être précipités dans le fleuve.

Le roi, à la vue de ce désordre, porta par un mouvement involontaire la main sur son épée, et aussitôt il réfléchit, regarda tranquillement d’abord son sceptre, puis la lampe et la rame de ses compagnons.

« Je devine ta pensée, dit le maître de la lampe ; mais nous et nos forces nous sommes sans puissance contre cet impuissant. Sois tranquille : il fait du mal pour la dernière fois. Heureusement son ombre ne tombe pas de notre côté. »

Cependant le géant s’était approché toujours davantage. En présence de ce qu’il voyait de ses yeux, les bras lui tombèrent d’étonnement : il ne faisait plus de mal, et il entra dans l’avant-cour en regardant bouche béante.

Il marchait droit à la porte du temple, quand il fut arrêté soudain et fixé sur le sol au milieu de la cour. Il y demeura, puissante et colossale statue d’une pierre brillante et rougeâtre. Son ombre indique les heures, qui sont marquées en cercle sur le sol autour de lui, non pas en chiffres, mais en nobles et expressives images.

Le roi fut bien charmé de voir l’ombre du géant utilisée ; la reine fut bien surprise, lorsque, en venant de l’autel, magnifiquement parée, avec ses jeunes suivantes, elle vit l’étrange figure, qui lui masquait à peu près la vue du pont.

Le peuple se pressa près du géant, devenu immobile ; il l’entoura, admirant sa métamorphose. De là, il se dirigea vers le temple, qu’il semblait n’avoir observé qu’à ce moment, et il s’avançait en foule vers l’entrée.

En cet instant, l’autour, qui portait le miroir, vint planer au-dessus du dôme, et, recueillant la lumière du soleil, il la dirigea sur le groupe placé à l’autel. Le roi, la reine et ses dames d’honneur parurent, dans la voûte sombre du temple, éclairés d’une lumière céleste, et tout le peuple se prosterna la face contre terre. Quand la foule se fut remise et se releva, le roi, avec les siens, était descendu dans l’autel, afin de gagner son palais par des issues secrètes, et le peuple se répandit dans le temple pour satisfaire sa curiosité. Il considéra avec étonnement et respect les trois rois debout ; mais il était fort curieux de savoir quelle masse pouvait être cachée sous le tapis, dans la quatrième niche ; en effet, sans s’arrêter à son peu de mérite, une charitable bienséance avait étendu sur le roi tombé un magnifique tapis, que nul regard ne devait pénétrer et qu’aucune main ne devait soulever.

Le peuple n’aurait pas cessé de contempler et d’admirer, et la foule croissante se serait étouffée dans le temple, si son attention n’avait pas été attirée de nouveau vers la grande place.

Des pièces d’or tombèrent tout à coup comme du ciel, sonnant sur les dalles de marbre. Les passants les plus proches se jetèrent dessus pour s’en saisir ; le prodige se répétait isolément, de place en place. On comprend bien que les feux follets, en se retirant, avaient voulu se donner encore un plaisir, et qu’ils dissipaient joyeusement l’or qu’ils avaient tiré des membres du roi tombé. Le peuple, avide, courut çà et là quelque temps encore ; il se pressait et se déchirait, même lorsqu’il ne tomba plus de pièces d’or. Enfin il s’écoula peu à peu, il poursuivit son chemin, et, de nos jours encore, le pont fourmille de passants et le temple est le plus fréquenté de la terre.

P.-S.
Texte établi par PSYCHANALYSE-PARIS.COM d’après le conte de Johann Wolfgang von Goethe, « Entretiens d’émigrés allemands : Conte », Œuvres de Goethe, tome VII : « Les années de voyage », traduction nouvelle par Jacques Porchat, Paris, Librairie de L. Hachette et Cie, 1860, pp. 501-532.


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Message par Her Sam 13 Aoû - 9:04

« LE SERPENT ROUGE » de Pierre Plantard (?)


« LE SERPENT ROUGE » est un opuscule de treize pages dactylographiées, déposé à la BN le 15 février 1967.

VERSEAU
« Comme ils sont étranges les manuscrits de cet Ami, grand voyageur de l’inconnu ; ils me sont parvenus séparément, et pourtant ils forment un tout pour celui qui sait que les couleurs de l’arc-en-ciel donnent l’unité blanche, ou pour l’Artiste qui sous son pinceau, fait des six teintes de sa palette magique jaillir le noir. »

POISSONS
« Cet Ami, comment vous le présenter ? Son nom demeura un mystère, mais son nombre est celui d’un sceau célèbre. Comment vous le décrire ? Peut-être comme le nautonier de l’arche impérissable, impassible comme une colonne sur son roc blanc, scrutant vers le midi, au-delà du roc noir. »

BELIER
« Dans mon pèlerinage éprouvant, je tentais de me frayer à l’épée une voie à travers la végétation inextricable des bois, je voulais parvenir à la demeure de la BELLE endormie en qui certains poètes voient la REINE d’un royaume disparu. Au désespoir de retrouver le chemin, les parchemins de cet Ami furent pour moi le fil d’Ariane. »

TAUREAU
« Grâce à lui, désormais à pas mesurés et d’un oeil sûr, je puis découvrir les soixante-quatre pierres dispersées du cube parfait, que les Frères de la BELLE du bois noir échappant à la poursuite des usurpateurs, avaient semées en route quant ils s’enfuirent du Fort Blanc. »

GEMEAUX
« Rassembler les pierres éparses, oeuvrer de l’équerre et du compas pour les remettre en ordre régulier, chercher la ligne du méridien en allant de l’Orient à l’Occident, puis regardant du Midi au Nord, enfin en tous sens pour obtenir la solution cherchée, faisant station devant les quatorze pierres marquées d’une croix. Le cercle étant l’anneau et couronne, et lui le diadème de cette REINE du Castel. »

CANCER
« Les dalles du pavé mosaïque du lieu sacré pouvaient être alternativement blanches ou noires, et JESUS, comme ASMODEE observer leurs alignements, ma vue semblait incapable de voir le sommet où demeurait cachée la merveilleuse endormie. N’étant pas HERCULE à la puissance magique, comment déchiffrer les mystérieux symboles gravés par les observateurs du passé. Dans le sanctuaire pourtant le bénitier, fontaine d’amour des croyants redonne mémoire de ces mots : PAR CE SIGNE TU le VAINCRAS. »

LION
« De celle que je désirais libérer, montaient vers moi les effluves du parfum qui imprégnèrent le sépulcre. Jadis les uns l’avaient nommée : ISIS, reine des sources bienfaisantes, VENEZ A MOI VOUS TOUS QUI SOUFFREZ ET QUI ETES ACCABLES ET JE VOUS SOULAGERAI, d’autres : MADELEINE, au célèbre vase plein d’un baume guérisseur. Les initiés savent son nom véritable : NOTRE DAME DES CROSS. »

VIERGE
« J’étais comme les bergers du célèbre peintre POUSSIN, perplexe devant l’énigme : « ET IN ARCADIA EGO... ». La voix du sang allait-elle me rendre l’image d’un passé ancestral. Oui, l’éclair du génie traversa ma pensée. Je revoyais, je comprenais ! Je savais maintenant ce secret fabuleux. Et merveille lors des sauts des autres cavaliers, les sabots d’un cheval avaient laissé quatre empreintes sur la pierre, voilà le signe que DELACROIX avait donné dans l’un des trois tableaux de la chapelle des Anges. Voilà la septième sentence qu’une main avait tracée : RETIRE MOI DE LA BOUE, QUE JE N’Y RESTE PAS ENFONCE. Deux fois IS, embaumeuse et embaumée, vase miracle de l’éternelle Dame Blanche des Légendes. »

BALANCE
« Commencé dans les ténèbres, mon voyage ne pouvait s’achever qu’en Lumière. A la fenêtre de la maison ruinée, je contemplais à travers les arbres dépouillés par l’automne le sommet de la montagne. La croix de crête se détachait sous le soleil du midi, elle était la quatorzième et la plus grande de toutes avec ses 35 centimètres ! Me voici donc à mon tour cavalier sur le coursier divin chevauchant l’abîme. »

SCORPION
« Vision céleste pour celui qui se souvient des quatre oeuvres de Em. SIGNOL autour de la ligne du Méridien, au coeur même du sanctuaire d’où rayonne cette source d’amour des uns pour les autres, je pivote sur moi-même passant du regard la rose du P à celle du l’S, puis de l’S au P...et la spirale dans mon esprit devenant comme un poulpe monstrueux expulsant son encre, les ténèbres absorbent la lumière, j’ai le vertige et je porte ma main à ma bouche mordant instinctivement ma paume, peut-être comme OLIER dans son cercueil. Malédiction, je comprends la vérité, IL EST PASSE, mais lui aussi en faisant LE BIEN, ainsi que CELUI de la tombe fleurie. Mais combien ont saccagé la MAISON, ne laissant que des cadavres embaumés et nombres de métaux qu’ils n’avaient pu emporter. Quel étrange mystère recèle le nouveau temple de SALOMON édifié par les enfants de Saint VINCENT. »

SERPENTAIRE
« Maudissant les profanateurs dans leurs cendres et ceux qui suivent sur leurs traces, sortant de l’abîme où j’étais plongé en accomplissant le geste d’horreur : voici la preuve que je connais le secret du sceau de SALOMON et que j’ai visité les demeures cachées de cette REINE. A ceci, Ami lecteur, garde toi d’ajouter ou de retrancher un iota... Médite, médite encore, le vil plomb de mon écrit pourrait contenir l’or le plus pur. »

SAGITTAIRE
« Revenant alors à la colline blanche, le ciel ayant ouvert ses vannes, il me sembla près de moi sentir une présence, les pieds dans l’eau comme celui qui vient de recevoir la marque du baptême, me retournant vers l’est, face à moi je vis déroulant sans fin ses anneaux, l’énorme SERPENT ROUGE cité dans les parchemins, salée et amère, l’énorme bête déchaînée devenant au pied de ce mont blanc, rouge de colère. »

CAPRICORNE
« Mon émotion fut grande, « RETIRE-MOI DE LA BOUE » disais-je, et mon réveil fut immédiat. J’ai omis de vous dire en effet que c’était un songe que j’avais fait ce 17 janvier, fête de Saint SULPICE. Par la suite mon trouble persistant, après réflexion, j’ai souhaité vous le raconter à la manière d’un conte de PERRAULT. Cher lecteur, les pages qui suivent sont la conséquence d’un rêve m’ayant bercé dans les mondes de l’étrange et de l’inconnu. A CELUI QUI PASSE DE FAIRE LE BIEN. »

/////////////////////////////////////////////////////////////////////////

Commentaire d'Hercule : Voila ce texte certainement concocté par Pierre Plantard qui a la particularité comme tous les textes ésotéro-syncrétiques de rapidement me donner de fortes migraines. Vouloir approfondir ce genre de texte pseudo-astro-ésotérique pour percer les mystères des 2 Rennes ne peut que conduire le chercheur imprudent et impénitent à se perdre en de sombres impasses profondes et ténébreuses.


Dernière édition par Hercule le Sam 13 Aoû - 9:10, édité 2 fois
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Message par Her Sam 13 Aoû - 9:04

http://www.lindependant.fr/2011/07/21/rencontres-et-discussions-autour-de-rennes-le-chateau,43879.php

Le jeudi 21 juillet 2011 à 06h00 | Mis à jour à 10h21
CarcassonneRencontres et discussions autour de Rennes-le-Château
4 août au 8 septembre, l'Association pour la préservation de l'âme de Rennes-le-Château organise un cycle de conférences sur le passé, le présent et l'avenir du village. Les rencontres se passent à l'Hostellerie de l'Evêché, à Alet-les-Bains, le soir à partir de 21 h (sauf exception).

- Jeudi 4 août : "Rennes-le-Château pour les nuls", par Yves Echarroux.

- Jeudi 11 août : "Le fantasme maçonnique et le secret de Rennes-le-Château", par Jean-Yves Tournié.

- Jeudi 18 août : "Nicolas Pavillon et l'affaire de la régale", par Pierre Fabre.

- Jeudi 1er septembre : "Un bien étrange et curieux trio et la voyante de la Salette", par Anna-Maria Mandelli.

- Vendredi 2 septembre : "Le trésor sacré de Rennes-les-Bains", par André Salaün.

- Samedi 3 septembre : journée du livre et de l'étrange à Rennes-le-Château.

- Jeudi 8 septembre : pique-nique conférence à la Chapelle Templière de Montsaunès, en Ariège.
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