Demande de Mgr A. Schneider pour les divorcés remariés
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Demande de Mgr A. Schneider pour les divorcés remariés
APPEL À UNE INTERPRÉTATION AUTHENTIQUE DE L’EXHORTATION APOSTOLIQUE « AMORIS LAETITIA » !
Clarifier pour éviter la confusion générale
Très long commentaire de Mgr Athanasius Schneider à « Amoris laetitia », en version non corrigée (25/4/2016, mise à jour ultérieure).
Ce texte était très attendu, étant donné la personnalité de son auteur, que ses prises de position répétées imposent de plus en plus comme l’un des leaders de la « saine tradition »: il pointe les contradictions d’Amoris Laetitia avec la doctrine de l’Eglise, tout en invitant respectueusement le Pape à apporter de manière officielle les éclaircissements indispensables pour maintenir l’unité de l’Eglise.
Le texte en italien est publié aujourd’hui sur Corrispondenza Romana.
Amoris Laetitia : clarifier pour éviter la confusion générale
Nous publions un document de réflexion de Mgr Athanasius Schneider, Evêque auxiliaire de d’Archidiocèse d’Astana au Kazachstan, au sujet de l’exhortation apostolique post-synodale du pape François « Amoris Laetitia ».
http://www.corrispondenzaromana.it
Appel à une interprétation authentique de l´Exhortation Apostolique « Amoris laetitia »
Le paradoxe des interprétations contradictoires de « Amoris laetitia »
L´Exhortation Apostolique « Amoris laetitia« (= l´AL) récemment publiée, qui contient une grande richesse spirituelle et pastorale pour la vie dans le mariage et dans la famille chrétienne à notre époque, a causé malheureusement déjà en peu de temps des interprétations nettement contradictoires en milieu même de l´épiscopat.
Il y a des évêques et des prêtres qui avaient publiquement et ouvertement déclaré, que A.L donnerait une ouverture très claire pour la Communion aux divorcés-remariés sans leur demander de vivre en continence. En cet aspect de la pratique sacramentelle, qui selon eux serait maintenant significativement changée, consisterait le caractère vraiment révolutionnaire de l´AL. Interprétant l´AL en référence aux couples irréguliers un Président d´une Conférence épiscopal a déclarée dans un texte publié dans le web site de la même Conférence épiscopal: « Il s´agit d´une mesure de miséricorde, une ouverture de cœur, raison et esprit dont il n´est pas nécessaire aucune loi, n´attendre pas aucune directive ni attendre pas des indications. On peut et doit le mettre en pratique immédiatement».
Cet avis est davantage confirmé par des déclarations récentes du Père Antonio Spadaro S.J., le quel avait écrit après le Synode des Évêques de 2015, que le synode avait posé les « fondements » pour l´accès des divorcés-remariés à la Communion, en « ouvrant une porte », laquelle était encore fermé dans le synode antérieur de 2014. Maintenant, dit P. Spadaro dans son commentaire à l´AL, sa prédiction s´était confirmée. On dit que P. Spadaro faisait partie du groupe rédactionnel de l´AL.
La voie à des interprétations abusives semble être indiquée par le cardinal Christoph Schönborn lui-même, qui pendant la présentation officielle de l´AL à Rome avait dit au sujet des unions irrégulières : « La grande joie que me procure ce document réside dans le fait qu’il dépasse de manière cohérente, la division artificieuse, extérieure et nette entre les «réguliers» et les «irréguliers «. Une telle affirmation suggère l´idée qu´il n´y a pas une claire différence entre un mariage valide et sacramentel et une union irrégulière, entre le péché véniel et mortel.
D´autre coté il y a des évêques qui affirment que l´AL devait être lue à la lumière du Magistère pérenne de l´Église et que l´AL n´autorise pas la Communion aux divorcés-remariés, pas même en cas exceptionnel.
En principe cette affirmation est correcte et désirable. En fait chaque texte du Magistère devait être en règle générale dans son contenu cohérant avec le Magistère précèdent, sans aucune rupture.
Toutefois il n´est pas un secret que en divers endroits, les personnes divorcés-remariés, sans qu´ils vivent en continence, sont admis à la Sainte Communion. Certaines affirmations de l´AL peuvent être réalistement usées pour légitimer un abus déjà pratiqué pendant un certain temps en divers lieux et endroits de la vie de l´Église.
Certaines affirmations de l´AL sont objectivement vulnérables à des interprétations erronées
Notre Saint Père le pape Francois nous a invités tous à donner sa propre contribution à la réflexion et au dialogue, concernant les questions délicates autour du mariage et de la famille. « La réflexion des pasteurs et des théologiens, si elle est fidèle à l’Église, si elle est honnête, réaliste et créative, nous aidera à trouver davantage de clarté” (AL, 2 ; AL, 4).
Analysant avec une honnêteté intellectuelle certaines affirmations de l´AL, vues dans son propre contexte, on découvre une difficulté pour une interprétation selon la doctrine traditionnelle de l´Église. Ce fait s´explique par l´absence de l´affirmation concrète et explicite de la doctrine et pratique constante de l´Église, fondée sur la Parole de Dieu, et qui été réitérée par le pape Jean Paul II et qui dit: « L’Eglise, cependant, réaffirme sa discipline, fondée sur l’Ecriture Sainte, selon laquelle elle ne peut admettre à la communion eucharistique les divorcés remariés. Ils se sont rendus eux-mêmes incapables d’y être admis car leur état et leur condition de vie est en contradiction objective avec la communion d’amour entre le Christ et l’Eglise, telle qu’elle s’exprime et est rendue présente dans l’Eucharistie. Il y a par ailleurs un autre motif pastoral particulier: si l’on admettait ces personnes à l’Eucharistie, les fidèles seraient induits en erreur et comprendraient mal la doctrine de l’Eglise concernant l’indissolubilité du mariage. La réconciliation par le sacrement de pénitence – qui ouvrirait la voie au sacrement de l’Eucharistie – ne peut être accordée qu’à ceux qui … sont sincèrement disposés à une forme de vie qui ne soit plus en contradiction avec l’indissolubilité du mariage. Cela implique concrètement que … ils prennent l’engagement de vivre en complète continence, c’est-à-dire en s’abstenant des actes réservés aux époux« (Familiaris consortio, 84).
Le pape François n´avait pas établi « une nouvelle législation générale du genre canonique, applicable à tous les cas » (AL n. 300). Cependant il déclare dans la note 336: « En ce qui concerne la discipline sacramentelle, étant donné que le discernement peut reconnaître que dans une situation particulière il n’y a pas de faute grave«. Se référant évidemment aux divorcés remariés le pape affirme dans l´AL, n. 305 : « à cause des conditionnements ou des facteurs atténuants, il est possible que, dans une situation objective de péché – qui n’est pas subjectivement imputable ou qui ne l’est pas pleinement – l’on puisse vivre dans la grâce de Dieu, qu’on puisse aimer, et qu’on puisse également grandir dans la vie de la grâce et dans la charité, en recevant à cet effet l’aide de l’Église ». Dans la note 351 le pape éclaircit son affirmation disant que « dans certains cas, il peut s’agir aussi de l’aide des sacrements«.
Dans le même chapitre VIII de l´AL, n. 298, le Pape parle des « divorcés engagés dans une nouvelle union … avec de nouveaux enfants, avec une fidélité prouvée, un don de soi généreux, un engagement chrétien, la conscience de l’irrégularité de sa propre situation et une grande difficulté à faire marche arrière sans sentir en conscience qu’on commet de nouvelles fautes. L’Église reconnaît des situations où « l’homme et la femme ne peuvent pas, pour de graves motifs – par exemple l’éducation des enfants -, remplir l’obligation de la séparation «. Le pape cite dans la note 329 le document Gaudium et spes du Concile Vatican II dans un mode malheureusement incorrecte, parce que le concile se réfère en ce lieu seulement au mariage chrétien valide. L´application de cette affirmation aux divorcés peut provoquer l´impression qu´on assimile pas en théorie, mas en pratique, le mariage valide à une union des divorcés.
L´admission des divorcés-remariées à la Sainte Communion et ses conséquences
L´AL est dépourvue malheureusement des citations verbales des principes de la doctrine morale de l´Eglise dans la forme qu´ils ont été formulés dans n. 84 de l´Exhortation Apostolique Familiaris consortio et dans l´encyclique Veritatis splendor du pape Jean Paul II, notamment sur les suivants thèmes d´importance capitale: «le choix fondamental» (Veritatis splendor, nn. 67-68), «péché mortel et péché véniel « (ibid., n. 69-70), « proportionnalisme, conséquentialisme« (ibid., n. 75), «le martyre et les normes morales universelles et immuables« (ibid., nn. 91ss.). Toutefois une citation verbale de Familiaris consortio n. 84 et des certaines affirmations plus marquantes de Veritatis splendor rendraient l´AL inattaquable à des interprétations hétérodoxes. Des allusions générales aux principes moraux et à la doctrine de l´Eglise sont certainement insuffisantes dans une matière controverse qui est d´une importance délicate et capitale.
Des représentants du clergé et même de l´épiscopat affirment déjà que selon l´esprit du chapitre VIII de l´AL il n’est pas exclu que dans un cas exceptionnel les divorcés-remariés peuvent être admis à la Sainte Communion sans être demandés vivre en continence parfaite.
Admettant une telle interprétation de la lettre et de l´esprit de l´AL, on devrait accepter avec honnêteté intellectuelle et selon le principe de non-contradiction les suivantes conclusions logiques:
-Le sixième commandement Divin qui interdit tout acte sexuel hors d´un mariage valide, ne serait plus universellement valide admettant donc des exceptions. En notre cas : les divorcés pourraient pratiquer l´acte conjugal et en sont même encouragés afin que conserver la « fidélité » mutuelle, cf. AL, 298. Il pourrait y avoir donc une « fidélité« dans un style de vie qui est directement contraire à la volonté expresse de Dieu. Toutefois, encourager et légitimer des actes qui sont en soi et toujours contraire à la volonté de Dieu, contredirait la Révélation Divine.
-La parole Divine de Christ : « Que l’homme donc ne sépare pas ce que Dieu a joint« (Mt 19, 6) ne serait pas plus valide toujours et pour tous conjoints sans exception.
-Il serait possible dans un cas particulier de recevoir le sacrement de la Pénitence e la Sainte Communion avec l´intention de continuer violer directement les commandements divins : «Tu ne commettras point d’adultère« (Ex 20, 14) et «Que l’homme donc ne sépare pas ce que Dieu a joint« (Mt 19, 6; Gen 2, 24).
-L´observance de ces commandements et de la Parole de Dieu serait en ce cas seulement en théorie et pas en pratique, induisant par conséquence des divorcés-remariées « en se trompant soi-même« (Jacques 1, 22). On pourrait donc sans autre avoir la foi en le caractère Divin du sixième commandement et de l´indissolubilité du mariage sans les œuvres correspondantes.
-La Parole Divine de Christ : « Celui qui répudie sa femme et qui en épouse une autre, commet un adultère à son égard; et si une femme quitte son mari et en épouse un autre, elle commet un adultère » (Mc 10, 12) n´aurait pas plus sa validité universelle, mais admettrait des exceptions.
-La violation permanente, consciente et livre du sixième commandement de Dieu et de la sacralité et de l´indissolubilité du propre mariage valide (en cas de divorcés remariés) ne serait pas plus toujours un péché grave, c´est à dire une opposition directe à la volonté de Dieu.
-Il peut y avoir de cas de violation grave, permanente, consciente et livre d´un des autres commandements de Dieu (par exemple dans le cas d´un style de vie de corruption financière), où on pourrait accorder à la personne déterminée à cause de circonstances atténuantes l`accès aux sacrements sans lui demander une sincère résolution d´éviter désormais les actes de péché et le scandale.
-Le pérenne et infaillible enseignement de l´Église ne serait plus universellement valide, notamment l´enseignement lequel était confirmé par le pape Jean Paul II dans Familiaris consortio, n. 84 et par pape Benoit XVI dans Sacramentum caritatis, n. 29, selon lequel la condition pour les divorcés de recevoir les sacrements serait la continence parfaite.
-L´observance du sixième commandement de Dieu et de l´indissolubilité du mariage serait un idéal qui ne serait pas réalisable pour tous, mais en quelque sorte pour une élite.
-Les Paroles intransigeantes de Christ qui commandent les hommes d´observer les commandements de Dieu toujours et en toutes circonstances même acceptant pour ce bout des souffrances considérables, c´est à dire acceptant la Croix, ne seraient plus valides en sa vérité : «Si ta main droite est pour toi une occasion de chute, coupe la et jette-la loin de toi; car il est avantageux pour toi qu’un seul de tes membres périsse, et que ton corps entier n’aille pas dans la géhenne « (Mt 5, 30).
En admettant des couples en « union irrégulière« à la Sainte Communion, leur permettant de pratiquer les actes qui sont réservés aux conjoints du mariage valide, équivaudrait à l´usurpation d´un pouvoir, qui toutefois ne compète pas à aucune autorité humaine, parce qu´il s´agirait ici d´une prétention de corriger la Parole de Dieu même.
Danger d´une collaboration de l´Église dans la propagation du « fléau du divorce »
Professant la doctrine de toujours de Notre Seigneur Jésus Christ, l´Église nous enseigne : «Fidèle au Seigneur, l’Église ne peut reconnaître comme Mariage l’union des divorcés remariés civilement. « Celui qui renvoie sa femme pour en épouser une autre est coupable d’adultère envers elle. Si une femme a renvoyé son mari pour en épouser un autre, elle est coupable d’adultère » (Mc 10,11-12). À leur égard, l’Église fait preuve d’une sollicitude attentive, les invitant à une vie de foi, à la prière, aux œuvres de charité et à l’éducation chrétienne de leurs enfants. Mais aussi longtemps que dure leur situation, qui est objectivement contraire à la loi de Dieu, ils ne peuvent recevoir l’absolution sacramentelle, ni accéder à la communion eucharistique, ni exercer certaines responsabilités dans l’Église« (Compendium du Catéchisme de l’Église Catholique, 349)
Vivre dans une union maritale non valide en contredisant constamment le commandement de Dieu et la sacralité et indissolubilité du mariage, ne signifie pas vivre dans la vérité. Déclarer que la pratique délibérée, livre et habituelle des actes sexuels dans une union maritale non valide pourrait dans un cas concrète n´être plus un péché grave, n´est pas la vérité, mais un mensonge grave, et par conséquence n´apportera jamais une joie authentique dans l´amour. Permettre par conséquence à telles personnes recevoir la sainte Communion, signifiait simulation, hypocrisie et mensonge. En fait le Parole de Dieu dans la Sainte Écriture reste valide : « Qui dit: « Je le connais », alors qu’il ne garde pas ses commandements est un menteur, et la vérité n’est pas en lui. « (1 Jean 2, 4).
Le Magistère de l´Église nous enseigne sur la validité universelle des dix commandements de Dieu: «Puisqu’ils expriment les devoirs fondamentaux de l’homme envers Dieu et envers son prochain, les dix commandements révèlent, en leur contenu primordial, des obligations graves. Ils sont foncièrement immuables et leur obligation vaut toujours et partout. Nul ne pourrait en dispenser« (Catéchisme de l´Église Catholique, 2072). Ceux qui ont affirmé, que les commandements de Dieu et notamment le commandement « tu ne commettras pas d´adultère« peuvent avoir des exceptions, et en certains cas la non-imputabilité de la faute du divorce, étaient les Pharisiens et puis les Gnostique chrétiens en deuxième et troisième siècles.
Les suivantes affirmations du Magistère restent toujours valides parce qu´elles font partie du Magistère infaillible dans la forme du Magistère universel et ordinaire: «Les préceptes négatifs de la loi naturelle sont universellement valables : ils obligent tous et chacun, toujours et en toute circonstance. En effet, ils interdisent une action déterminée semper et pro semper, sans exception. … Il y a des comportements qui ne peuvent jamais, et dans aucune situation, être la réponse juste. …
L’Eglise a toujours enseigné que l’on ne doit jamais choisir des comportements prohibés par les commandements moraux, exprimés sous forme négative par l’Ancien et le Nouveau Testament. Comme on l’a vu, Jésus lui-même redit qu’on ne peut déroger à ces interdictions : « Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements. Tu ne tueras pas, tu ne commettras pas d’adultère, tu ne voleras pas, tu ne porteras pas de faux témoignage » (Mt 19, 17-18) » (S. Jean Paul II, Encyclique Veritatis splendor, 52).
Le Magistère de l´Église nous enseigne davantage clairement : «La conscience bonne et pure est éclairée par la foi véritable. Car la charité procède en même temps » d’un cœur pur, d’une bonne conscience et d’une foi sans détours » (1 Tm 1, 5 ; cf. 3, 9 ; 2 Tm 1, 3 ; 1 P 3, 21 ; Ac 24, 16)« (Catéchisme de l´Église Catholique, 1794).
Dans le cas où une personne commit des actes moraux objectivement graves en pleine conscience, en santé mentale, avec libre délibération, et avec l´intention de répéter cet acte en future, il est impossible d’appliquer le principe de la non-imputabilité de la faute à cause des circonstances atténuantes. L´application du principe de la non-imputabilité aux tels couples des divorcés-remariés représenterait une hypocrisie et un sophisme gnostique. Si l´Église admettait telles personnes même dans un seul cas à la Sainte Communion, elle contredirait à ce qu´elle professe dans la doctrine, donnant elle-même un contre-témoignage publique contre l´indissolubilité du mariage et contribuant ainsi à la croissance du « fléau du divorce » (Concile Vatican II, Gaudium et spes, 47).
Afin d´éviter une telle contradiction intolérable et scandaleuse, l´Église interprétant infailliblement la vérité Divine de la loi morale et de l´indissolubilité du mariage, a observé immuablement pendant deux mille ans la pratique d´admettre à la Sainte Communion seulement tels divorcés, qui vivent en continence parfaite et « remoto scandalo« sans aucune exception ou privilège exceptionnel.
La première tâche pastorale qui le Seigneur a confiée à son Église, est l´enseignement, la doctrine (cf. Mt 28, 20). L´observance des commandements de Dieu est intrinsèquement connexe avec la doctrine. Pour cette raison l´Église a toujours rejetée la contradiction entre la doctrine et la vie, qualifiant une telle contradiction comme gnostique ou comme la théorie luthérienne hérétique du « simul iustus et peccator«. Entre la foi et la vie des enfants de l´Église il ne devait pas avoir une contradiction.
Quand il s´agit de l´observance du commandement expresse de Dieu et de l´indissolubilité du mariage, on ne peut pas parler d’interprétations théologiques opposées. Si Dieu a dit : «Tu ne commettras pas l´adultère«, aucune autorité humaine pourrait dire : «en quelque cas exceptionnel ou pour un fin bon tu peux commettre l´adultère ».
Les suivantes affirmations du pape François sont très importantes, où le Souverain Pontife parle au sujet de l´intégration des divorcés remariés à la vie de l´Église: « Ce discernement ne pourra jamais s’exonérer des exigences de vérité et de charité de l’Évangile proposées par l’Église. … Il faut garantir les conditions nécessaires d’humilité, de discrétion, d’amour de l’Église et de son enseignement. … On évite le risque qu’un discernement donné conduise à penser que l’Église entretient une double morale“ (AL, 300). Ces affirmations louables de l´AL restent toutefois sans spécifications concrètes concernant la question de l´obligation des divorcés remariés de se séparer ou au moins de vivre en continence parfaite.
Quand il s´agit de la vie ou de la mort du corps, aucun médecin ne laisserait pas les choses en ambiguïté. Le médecin ne peut pas dire au patient : « Vous devez décider l´application de la médicine en Votre conscience en respectant les lois de la médicine«. Un tel comportement d´un médecin serait considéré sans doute irresponsable. Toutefois la vie de l´âme immortelle est plus importante, puisque de la santé de l´âme dépend son destin pour toute éternité.
La vérité libératrice de la pénitence et du mystère de la Croix
Affirmer que les divorcés remariés ne sont pas pécheurs publics dans l´Église, signifie simuler des faux faits. En outre, être pécheurs est la condition véritable de tous les membres de l´Église militante sur la terre. Si les divorcés-remariés disent que leurs actes volontaires et délibérées contre le sixième commandement de Dieu ne seraient pas de tous des péchés ou des péchés graves, ils se trompent eux-mêmes et la vérité n´est pas en eux, comme le dit saint Jean : « Si nous disons: « Nous n’avons pas de péché », nous nous abusons, la vérité n’est pas en nous. Si nous confessons nos péchés, lui, fidèle et juste, pardonnera nos péchés et nous purifiera de toute iniquité. Si nous disons: « Nous n’avons pas péché », nous faisons de lui un menteur, et sa parole n’est pas en nous« (1 Jean 1, 8-10).
L´acceptation de la part des divorcés-remariés de la vérité qu´ils sont des pécheurs et même des pécheurs publics, n`enlève rien à leur espérance chrétienne. Seulement l´acceptation de la réalité et de la vérité les rends capables de prendre le chemin d´une pénitence fructueuse selon les paroles de Jésus Christ.
Il serait très salutaire de restaurer l´esprit des premiers chrétiens et du temps des Pères de l´Église, où il y a eu une solidarité vivante avec les pécheurs publics de la part des fidèles, toutefois une solidarité selon la vérité. Une telle solidarité n´avait eu rien du discriminatoire ; au contraire il y avait eu une participation de toute l´Église dans le chemin pénitentiel des pécheurs publics au moyen des prières d´intercession, des larmes, des actes d´expiation et de charité en leur faveur.
L´Exhortation Apostolique Familiaris consortio enseigne: « Même ceux qui se sont éloignés du commandement du Seigneur et continuent de vivre dans cet état (divorcés remariés) pourront obtenir de Dieu la grâce de la conversion et du salut, s’ils persévèrent dans la prière, la pénitence et la charité« (n. 84).
Dans les premiers siècles les pécheurs publics sont été intégrés dans la communauté priante des fidèles et devaient implorer en genoux et aux bras levés l´intercession des leurs frères. Tertullien nous donne ce témoignage émouvant: « Le corps ne peut se réjouir, quand souffre l´un de ses membres. Il est nécessaire que tout entier il s´afflige et travaille à sa guérison. Lorsque tu tends des mains vers les genoux de tes frères, c´est le Christ que tu touches, c´est le Christ que tu implores. Pareillement, quand ils versent des larmes sur toi, c´est le Christ qui compatit” (De paenitentia, 10, 5-6). De même façon parle saint Ambroise de Milan: “L´Église entière prit sur elle le fardeau du pécheur public, en souffrant avec lui au moyen des larmes, des prières et de douleurs ” (De paenitentia 1, 81).
Certes, les formes de la discipline pénitentielle de l´Église sont changées. Toutefois l´esprit de cette discipline doit rester dans l´Église de tout temps. De nos jours des prêtres et des évêques s´appuyant sur certaines affirmations de l´AL commencent à faire comprendre aux divorcés-remariés que leur condition ne signifiait pas l´état objectif du pécheur public. Ils les tranquilisent en déclarant que leurs actes sexuels ne constituent pas un péché grave. Une telle attitude ne correspond pas à la vérité. Ils privent les divorcés-remariés de la possibilité d´une conversion radicale à l´obéissance de la volonté de Dieu, laissant ces âmes dans l´illusion. Une telle attitude pastorale est très facile, est de bon marché et ne coûte rien. Il ne coûte des larmes, des prières et des œuvres d´intercession et d´expiation fraternelle en faveur des divorcés-remariés.
Quand on admet les divorcés-remariés même en cas exceptionnel à la Sainte Communion sans leur demander de cesser de pratiquer les actes contraires au sixième commandement de Dieu, et en outre déclarant présomptueusement leurs actes de n´être pas péché grave, on choisit le chemin facile, on écarte le scandale de la croix. Une telle pastorale des divorcés-remariés est une pastorale éphémère et trompeuse. A tous qui propagent un tel chemin facile de bon marché concernant les divorcés-remariés, Jésus dirige encore aujourd´hui ces paroles : « Passe derrière moi, Satan! tu me fais obstacle, car tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes! Alors Jésus dit à ses disciples: « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive» (Mt 16, 24-25).
En ce qui concerne la pastorale des divorcés-remariés il faut raviver en nos jours aussi l´esprit de la suite du Christ dans la vérité de la croix et de la pénitence, qui seul apporte une joie qui reste, évitant des joies éphémères qui sont en fin de compte trompeuses. Les paroles suivantes du pape saint Grégoire le Grand se révèlent vraiment actuelles et lumineuses : « Nous ne devons pas nous habituer trop à ce notre exile terrestre, les commodités de cette vie ne doivent pas nous faire oublier notre vraie patrie afin que notre esprit ne devienne pas enfin somnolent au milieu de ces commodités. Pour cette raison, Dieu unit à ses dons ses visites ou punitions, afin que tout ce qui nous enchante dans ce monde, devienne pour nous amer et s´allume dans l´âme ce feu qui nous pousse toujours à nouveau au désir des choses célestes et nous fait progresser. Ce feu nous fait de la peine plaisamment, nous crucifie doucement et nous attriste joyeusement” (In Hez., 2, 4, 3).
L´esprit de la discipline pénitentielle authentique de l´Église des premiers siècles est resté toujours dans l´Église dans tout le temps jusqu´à nos jours. Nous avons l´exemple touchant de la Bienheureuse Laura del Carmen Vicuna, née en 1891 en Chile. Sœur Azocar, qui avait soigné Laura, a raconté: «Je me souviens que la première fois que j’ai expliqué le sacrement du mariage, Laura s’est évanouie, sans doute parce qu’elle comprit à mes paroles que sa maman était en état de péché mortel aussi longtemps qu’elle resterait chez ce monsieur. En ce temps-là à Junin, une seule famille vivait conformément à la volonté de Dieu.» Dès lors, Laura multiplie prières et pénitences pour sa maman. Elle fait sa première communion le 2 juin 1901 avec une grande ferveur ; elle écrit les résolutions suivantes : “1. Je veux, mon Jésus, t’aimer et te servir durant toute ma vie ; pour cela je t’offre toute mon âme, tout mon cœur et tout mon être. – 2. Je préfère mourir plutôt que de t’offenser par le péché ; je veux donc m‘éloigner de tout ce qui pourrait me séparer de toi. – 3. Je promets de faire tout mon possible, même de grands sacrifices, afin que tu sois toujours plus connu et aimé, et afin de réparer les offenses que, tous les jours, t’infligent les hommes qui ne t’aiment pas, spécialement celles que tu reçois de ceux qui me sont proches. – Oh, mon Dieu, accorde-moi une vie d’amour, de mortification et de sacrifice ! » Mais sa grande joie est assombrie en voyant que sa mère, présente à la cérémonie, ne communie pas. En 1902, Laura offre sa vie pour sa mère qui cohabite avec un homme dans une union irrégulière en Argentine. Laura multiplie prières et privations pour obtenir la vraie conversion de sa mère. Quelques heures avant de mourir, elle appelle sa maman près d’elle. Celle-ci, comprenant que c’était le moment suprême, s’exclame : «Maman, je vais mourir. C’est moi qui l’ai demandé à Jésus et j’ai été exaucée. Il y a presque deux ans que je lui ai offert ma vie pour la grâce de ton retour. Maman, je n’aurai pas la joie de voir ton repentir avant que je ne meure?» Bouleversée, sa maman promet : «Demain matin, j’irai à l’église et je me confesserai». Laura cherche des yeux le prêtre présent et lui dit : «Père, ma mère en cet instant promet d’abandonner cet homme ; soyez témoin de sa promesse!» Puis elle ajoute: «Maintenant je meurs contente !» C’est avec ces mots qu’elle expire, le 22 janvier 1904 à Junin des Andes (Argentine), à 13 ans, dans les bras de sa mère, qui retrouve alors la foi et met fin à l´union irrégulière dans quelle elle vivait.
L´exemple admirable de vie de la Bienheureuse jeune fille Laura est une démonstration à quel point un vraie catholique prend au sérieux le sixième commandement de Dieu et la sacralité et indissolubilité du mariage. Notre Seigneur Jésus Christ nous commande d´éviter même l´apparence d´une approbation d´une union irrégulière ou d´une union adultère. Ce commande divin l´Église a toujours fidèlement conservé et transmis dans sa doctrine et sa pratique sans ambigüité. Avec l´offrande de sa jeune vie la Bienheureuse Laura n´avait certainement représenté une des diverses interprétations doctrinales ou pastorales possibles. On ne donne pas sa vie pour une interprétation doctrinale ou pastorale possible, mais pour une vérité Divine immuable et universellement valide. Cette vérité a été démontrée en moyen de l´offrande de la vie d´un grand nombre de Saints, à commencer par saint Jean Baptiste jusqu´aux simples fidèles de nos jours dont le nom Dieu seul connaît.
La nécessité d´une « veritatis laetitia »
L`AL contient certainement et heureusement des affirmations théologiques et directrices spirituelles et pastorales de grande valeur. Toutefois, affirmer que l´AL devait être interprétée selon la doctrine et pratique traditionnelle de l´Église, reste réalistement insuffisant. Quand on découvre dans un document ecclésiastique, qui en notre cas est dépourvu de caractère définitif et infaillible, des éléments vulnérables à telles interprétations et applications, qui pourraient avoir des conséquences spirituelles dangereuses, tous membres de l´Église, et en premier lieu les évêques comme collaborateurs fraternels du Souverain Pontife dans la collégialité effective, ont le devoir de le signaler respectueusement ce fait et le demander une interprétation authentique.
Quand il s´agit de la foi Divine, des commandements Divins et de la sacralité et indissolubilité du mariage, tous les membres de l´Église, à commencer par les simples fidèles jusqu´au plus haut représentant du Magistère doivent faire l´effort commun afin que conserver intact le trésor de la foi et son application pratique. En fait c´était le Concile Vatican II qui a enseigné : « La collectivité des fidèles, ayant l’onction qui vient du Saint (cf. 1 Jn 2, 20.27), ne peut se tromper dans la foi ; ce don particulier qu’elle possède, elle le manifeste moyennant le sens surnaturel de foi qui est celui du peuple tout entier, lorsque, « des évêques jusqu’aux derniers des fidèles laïcs » (S. Augustin, De Praed. Sanct. 14, 27), elle apporte aux vérités concernant la foi et les mœurs un consentement universel. Grâce en effet à ce sens de la foi qui est éveillé et soutenu par l’Esprit de vérité, et sous la conduite du magistère sacré, pourvu qu’il lui obéisse fidèlement, le Peuple de Dieu reçoit non plus une parole humaine, mais véritablement la Parole de Dieu (cf. 1 Th 2, 13), il s’attache indéfectiblement à la foi transmise aux saints une fois pour toutes (cf. Jude 3), il y pénètre plus profondément par un jugement droit et la met plus parfaitement en œuvre dans sa vie« (Lumen gentium, 12). Le Magistère, pour sa part, «n’est pas au-dessus de la Parole de Dieu, mais il est à son service, n’enseignant que ce qui a été transmis« (Concile Vatican II, Dei Verbum, 10).
Il était précisément le Concile Vatican II qui a encouragé tous les fidèles et surtout les évêques de manifester sans crainte leurs préoccupations et observations en vue du bien de toute l´Église. Le servilisme et l´être politiquement correct apporte un mal pernicieux à la vie de l´Église. Le fameux évêque et théologien du Concilie de Trente, Melchior Cano O.P., a dit cette mémorable phrase : “Pierre n´a besoin de nos mensonges ou adulations. Ceux qui les yeux fermés et de manière indiscriminée défendent chaque décision du Suprême Pontife, sont ceux qui le plus sapent l´autorité du Saint Siège. Ils détruisent ses fondements en lieu de les consolider”.
Notre Seigneur nous a enseigné sans ambiguïté expliquant en quoi consistent le vrai amour et la vraie joie de l´amour : « Celui qui a mes commandements et qui les garde, c’est celui qui m’aime « (Jean 14, 21). En donnant aux hommes le sixième commandement et l´observance de l´indissolubilité du mariage Dieu les a donnés pour tous sans exception et pas seulement pour une élite. Déjà dans l´Ancien Testament Dieu a déclaré : « Ce commandement que je te prescris aujourd’hui n’est certainement point au-dessus de tes forces et hors de ta portée « (Deutéronome 30, 11) et « Si tu le veux, tu garderas les commandements pour rester fidèle à son bon plaisir« (Ecclésiastique 15, 15). Et Jésus a dit à tous : « Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements. Lesquels? Et Jésus répondit : Tu ne tueras point ; tu ne commettras point d’adultère « (Mt 19, 17-18). L´enseignement des Apôtres nous a transmis la même doctrine : « Car l’amour de Dieu consiste à garder ses commandements. Et ses commandements ne sont pas pesants« (1 Jean 5, 4).
Il n´a pas une vie vraie, surnaturelle et éternelle sans l´observation des commandements de Dieu : « Je te prescris d’observer ses commandements. J’ai mis devant toi la vie et la mort. Choisis la vie !« (Deutéronome 30, 16.19). Il n´a pas donc une vraie vie et une vraie joie d´amour authentique sans la vérité. « L’amour consiste à vivre selon ses commandements « (2 Jean 6). La joie d´amour consiste dans la joie de la vérité. La vie authentiquement chrétienne consiste dans la vie et dans la joie de la vérité : «Apprendre que mes enfants vivent dans la vérité, rien ne m’est un plus grand sujet de joie « (3 Jean 4).
Saint Augustin nous explique l´intime connexion entre la joie et la vérité « Je leur demande à tous s’ils ne préfèrent pas la joie de la vérité à celle du mensonge. Et ils n’hésitent pas plus ici que pour la réponse à la question du bonheur. Car la vie heureuse c’est la joie de la vérité, nous voulons tous la joie de la vérité« (Confessions, X, 23).
Le danger d´une confusion générale en regard de l´indissolubilité du mariage
Depuis déjà un certain temps on constate dans la vie de l´Église dans quelques endroits et lieux le fait de l´abus tacite de l´admission des divorcés-remariés à la Sainte Communion sans leur demander de vivre en continence parfaite. Les affirmations peu claires dans le chapitre VIII de l´AL ont donnés un nouveau dynamisme aux propagateurs déclarés de l´admission des divorcés-remariés à la Sainte Communion en cas singulier.
On constate maintenant le phénomène que l´abus commence à se répandre davantage dans la pratique en se sentant en quelque sorte légitimé. En outre on constate la confusion en respect de l´interprétation spécialement des affirmations concernées du chapitre VIII de l´AL. La confusion est arrivée à son comble en ce que tout le monde, tant les partisans de l´admission des divorcés-remariés à la Sainte Communion que leurs opposants déclarent : «La doctrine de l´Église en cette matière n´a pas été changée«.
Tenant dûment compte de différences historiques et doctrinales, notre situation montre quelques semblances et analogies avec la situation de la confusion générale de la crise arienne dans le 4-ième siècle. À l´époque la foi apostolique et traditionnelle dans la vraie divinité du Fils de Dieu a été garantie en moyen de l´expression « consubstantiel« (« homoousios«), dogmatiquement proclamée par le Magistère universel du Concile de Nicée I. La profonde crise de la foi avec la confusion presque universelle a été provoquée principalement par le refus ou l´esquive d´user et professer la parole « consubstantiel« (« homoousios«). Au lieu de cela on a commencé au milieu du clergé et principalement de l´épiscopat de proposer des expressions alternatives qui en fin de compte étaient ambiguës et imprécises comme p.ex. « semblable dans la substance« (« homoiousios« ) ou simplement « semblable« (« homoios »). La formule « homoousios« du Magistère universelle de ce temps exprimait la pleine et vraie divinité du VERBE d´une façon tellement précise de ne laisser plus aucune espace à une interprétation équivoque.
Dans les années 357 – 360 presque l´entier épiscopat était devenue arien o semi-arien à cause des faits suivants : en 357 le pape Libère a signé une des formules ambiguës de Sirmium, dans les quelles était écarte l´expression « homoousios«, en outre le pape a excommunié scandaleusement saint Athanase. Saint Hilaire de Poitiers était l`unique évêque qu´avait fait des graves répréhensions au pape Libère à cause de tels actes ambiguës. En 359 les synodes parallèles de l´épiscopat occidental en Rimini et celui de l´épiscopat oriental en Seuleukia avaient accepté des formules pleinement ariennes, qui étaient encore pire que la formule ambiguë signé par le pape Libère. Décrivant cette situation confuse de cette époque saint Jérôme avait formulé: «Tout le monde fut surpris de se voir devenu arien« («Imgemuit totus orbis, et arianum se esse miratus est« : Adv. Lucif., 19).
On peut dire que á notre époque si a déjà commencé à établir une confusion en regard de la discipline sacramentelle pour les divorcés-remariés. Existe donc un fondement réel que la confusion peut atteindre une ampleur vraiment vaste, si on évite de proposer et proclamer la suivante formule du Magistère universelle et infaillible : « La réconciliation par le sacrement de pénitence – qui ouvrirait la voie au sacrement de l’Eucharistie – ne peut être accordée qu’à ceux qui prennent l’engagement de vivre en complète continence, c’est-à-dire en s’abstenant des actes réservés aux époux« (S. Jean Paul II, Familiaris consortio, 84). Cette formule est malheureusement et incompréhensiblement absente dans l´AL. L`AL contient cependant inexplicablement la suivante affirmation: « Dans ces situations (des divorcés-remariés), connaissant et acceptant la possibilité de cohabiter ‘‘comme frère et sœur’’ que l’Église leur offre, beaucoup soulignent que s’il manque certaines manifestations d’intimité « la fidélité peut courir des risques et le bien des enfants être compromis« (AL, 298, n. 329). Une telle affirmation laisse l´impression d´une contradiction avec l´enseignement pérenne du Magistère universel, tel comme il a été formulé dans le lieu cité de la Familiaris consortio 84.
Il est urgent que le Siège Apostolique confirme et proclame de nouveau peut-être sous la forme d´une interprétation authentique de l´AL la formule citée de Familiaris consortio 84. Cette formule peut être considérée dans une certaine mesure l´ »homoousios » de nos jours. L´absence d´une telle confirmation officielle et explicite de la formule de Familiaris consortio 84 de la part du Siège Apostolique pourrait contribuer à une majeure confusion dans la discipline sacramentelle avec ses répercussions graduelles et inévitables dans le domaine doctrinale. De cette manière serait crée une situation à laquelle on pourra appliquer en futur la suivante constatation: « Tout le monde fut surpris de se voir accepté en pratique le divorce« («Ingemuit totus orbis, et divortium in praxi se accepisse miratus est«).
Une confusion dans la discipline sacramentelle en regard des divorcés-remariés avec ses répercussions inévitablement doctrinales contredirait la nature de l´Église Catholique, telle comme elle étaient décrite par saint Irénée dans le deuxième siècle: «L’Église, ayant reçu cette prédication et cette foi, bien que dispersée dans le monde entier, les garde avec soin, comme n’habitant qu’une seule maison, elle y croit d’une manière identique, comme n’ayant qu’une seule âme et qu’un même cœur, et elle les prêche, les enseigne et les transmet d’une voix unanime, comme ne possédant qu’une seule bouche » (Adversus haereses, I, 10 , 2).
Le Siège de Pierre, c´est à dire le Souverain Pontife est le garant de l´unité de la foi et de la discipline sacramentelle apostolique. Tenant compte de la confusion dans la pratique sacramentelle en regard des divorcés-remariés et de l´interprétation de l´AL au milieu des prêtres et des évêques, on peut considérer légitime un appel au notre cher pape François, le Vicaire du Christ et « le doux Christ en terre« (sainte Catherine de Sienne), afin qu´il ordonne la publication d´une interprétation authentique de l´AL, laquelle devrait contenir nécessairement la proclamation explicite du principe disciplinaire du Magistère universel et infaillible en regard de l´admission des divorcés-remariés aux sacrements, tel comme il a été formulé dans Familiaris consortio 84.
Dans la grande confusion arienne du 4-ième siècle saint Basile le Grand avait fait un appel urgent au pape de Rome d´exercer par sa parole une direction claire afin qu´il y aurait enfin unité dans la pensée de la foi et de la charité (cf. Ep. 70).
Une interprétation authentique de l´AL de la part du Siège Apostolique apportera pour toute l´Église une clarté dans la joie («claritatis laetitia«). Une telle clarté garantira un amour dans la joie («amoris laetitia«), un amour et une joie qui ne seraient pas « selon la pensée des hommes, mais selon la pensée de Dieu » (Mt 16, 24). Et c’est cela qui compte pour la joie, la vie et le salut éternel des divorcés-remariés et de tous les hommes.
+ Athanasius Schneider, Évêque auxiliaire
de l´archidiocèse de Sainte Marie en Astana, Kazakhstan
Clarifier pour éviter la confusion générale
Très long commentaire de Mgr Athanasius Schneider à « Amoris laetitia », en version non corrigée (25/4/2016, mise à jour ultérieure).
Ce texte était très attendu, étant donné la personnalité de son auteur, que ses prises de position répétées imposent de plus en plus comme l’un des leaders de la « saine tradition »: il pointe les contradictions d’Amoris Laetitia avec la doctrine de l’Eglise, tout en invitant respectueusement le Pape à apporter de manière officielle les éclaircissements indispensables pour maintenir l’unité de l’Eglise.
Le texte en italien est publié aujourd’hui sur Corrispondenza Romana.
Amoris Laetitia : clarifier pour éviter la confusion générale
Nous publions un document de réflexion de Mgr Athanasius Schneider, Evêque auxiliaire de d’Archidiocèse d’Astana au Kazachstan, au sujet de l’exhortation apostolique post-synodale du pape François « Amoris Laetitia ».
http://www.corrispondenzaromana.it
Appel à une interprétation authentique de l´Exhortation Apostolique « Amoris laetitia »
Le paradoxe des interprétations contradictoires de « Amoris laetitia »
L´Exhortation Apostolique « Amoris laetitia« (= l´AL) récemment publiée, qui contient une grande richesse spirituelle et pastorale pour la vie dans le mariage et dans la famille chrétienne à notre époque, a causé malheureusement déjà en peu de temps des interprétations nettement contradictoires en milieu même de l´épiscopat.
Il y a des évêques et des prêtres qui avaient publiquement et ouvertement déclaré, que A.L donnerait une ouverture très claire pour la Communion aux divorcés-remariés sans leur demander de vivre en continence. En cet aspect de la pratique sacramentelle, qui selon eux serait maintenant significativement changée, consisterait le caractère vraiment révolutionnaire de l´AL. Interprétant l´AL en référence aux couples irréguliers un Président d´une Conférence épiscopal a déclarée dans un texte publié dans le web site de la même Conférence épiscopal: « Il s´agit d´une mesure de miséricorde, une ouverture de cœur, raison et esprit dont il n´est pas nécessaire aucune loi, n´attendre pas aucune directive ni attendre pas des indications. On peut et doit le mettre en pratique immédiatement».
Cet avis est davantage confirmé par des déclarations récentes du Père Antonio Spadaro S.J., le quel avait écrit après le Synode des Évêques de 2015, que le synode avait posé les « fondements » pour l´accès des divorcés-remariés à la Communion, en « ouvrant une porte », laquelle était encore fermé dans le synode antérieur de 2014. Maintenant, dit P. Spadaro dans son commentaire à l´AL, sa prédiction s´était confirmée. On dit que P. Spadaro faisait partie du groupe rédactionnel de l´AL.
La voie à des interprétations abusives semble être indiquée par le cardinal Christoph Schönborn lui-même, qui pendant la présentation officielle de l´AL à Rome avait dit au sujet des unions irrégulières : « La grande joie que me procure ce document réside dans le fait qu’il dépasse de manière cohérente, la division artificieuse, extérieure et nette entre les «réguliers» et les «irréguliers «. Une telle affirmation suggère l´idée qu´il n´y a pas une claire différence entre un mariage valide et sacramentel et une union irrégulière, entre le péché véniel et mortel.
D´autre coté il y a des évêques qui affirment que l´AL devait être lue à la lumière du Magistère pérenne de l´Église et que l´AL n´autorise pas la Communion aux divorcés-remariés, pas même en cas exceptionnel.
En principe cette affirmation est correcte et désirable. En fait chaque texte du Magistère devait être en règle générale dans son contenu cohérant avec le Magistère précèdent, sans aucune rupture.
Toutefois il n´est pas un secret que en divers endroits, les personnes divorcés-remariés, sans qu´ils vivent en continence, sont admis à la Sainte Communion. Certaines affirmations de l´AL peuvent être réalistement usées pour légitimer un abus déjà pratiqué pendant un certain temps en divers lieux et endroits de la vie de l´Église.
Certaines affirmations de l´AL sont objectivement vulnérables à des interprétations erronées
Notre Saint Père le pape Francois nous a invités tous à donner sa propre contribution à la réflexion et au dialogue, concernant les questions délicates autour du mariage et de la famille. « La réflexion des pasteurs et des théologiens, si elle est fidèle à l’Église, si elle est honnête, réaliste et créative, nous aidera à trouver davantage de clarté” (AL, 2 ; AL, 4).
Analysant avec une honnêteté intellectuelle certaines affirmations de l´AL, vues dans son propre contexte, on découvre une difficulté pour une interprétation selon la doctrine traditionnelle de l´Église. Ce fait s´explique par l´absence de l´affirmation concrète et explicite de la doctrine et pratique constante de l´Église, fondée sur la Parole de Dieu, et qui été réitérée par le pape Jean Paul II et qui dit: « L’Eglise, cependant, réaffirme sa discipline, fondée sur l’Ecriture Sainte, selon laquelle elle ne peut admettre à la communion eucharistique les divorcés remariés. Ils se sont rendus eux-mêmes incapables d’y être admis car leur état et leur condition de vie est en contradiction objective avec la communion d’amour entre le Christ et l’Eglise, telle qu’elle s’exprime et est rendue présente dans l’Eucharistie. Il y a par ailleurs un autre motif pastoral particulier: si l’on admettait ces personnes à l’Eucharistie, les fidèles seraient induits en erreur et comprendraient mal la doctrine de l’Eglise concernant l’indissolubilité du mariage. La réconciliation par le sacrement de pénitence – qui ouvrirait la voie au sacrement de l’Eucharistie – ne peut être accordée qu’à ceux qui … sont sincèrement disposés à une forme de vie qui ne soit plus en contradiction avec l’indissolubilité du mariage. Cela implique concrètement que … ils prennent l’engagement de vivre en complète continence, c’est-à-dire en s’abstenant des actes réservés aux époux« (Familiaris consortio, 84).
Le pape François n´avait pas établi « une nouvelle législation générale du genre canonique, applicable à tous les cas » (AL n. 300). Cependant il déclare dans la note 336: « En ce qui concerne la discipline sacramentelle, étant donné que le discernement peut reconnaître que dans une situation particulière il n’y a pas de faute grave«. Se référant évidemment aux divorcés remariés le pape affirme dans l´AL, n. 305 : « à cause des conditionnements ou des facteurs atténuants, il est possible que, dans une situation objective de péché – qui n’est pas subjectivement imputable ou qui ne l’est pas pleinement – l’on puisse vivre dans la grâce de Dieu, qu’on puisse aimer, et qu’on puisse également grandir dans la vie de la grâce et dans la charité, en recevant à cet effet l’aide de l’Église ». Dans la note 351 le pape éclaircit son affirmation disant que « dans certains cas, il peut s’agir aussi de l’aide des sacrements«.
Dans le même chapitre VIII de l´AL, n. 298, le Pape parle des « divorcés engagés dans une nouvelle union … avec de nouveaux enfants, avec une fidélité prouvée, un don de soi généreux, un engagement chrétien, la conscience de l’irrégularité de sa propre situation et une grande difficulté à faire marche arrière sans sentir en conscience qu’on commet de nouvelles fautes. L’Église reconnaît des situations où « l’homme et la femme ne peuvent pas, pour de graves motifs – par exemple l’éducation des enfants -, remplir l’obligation de la séparation «. Le pape cite dans la note 329 le document Gaudium et spes du Concile Vatican II dans un mode malheureusement incorrecte, parce que le concile se réfère en ce lieu seulement au mariage chrétien valide. L´application de cette affirmation aux divorcés peut provoquer l´impression qu´on assimile pas en théorie, mas en pratique, le mariage valide à une union des divorcés.
L´admission des divorcés-remariées à la Sainte Communion et ses conséquences
L´AL est dépourvue malheureusement des citations verbales des principes de la doctrine morale de l´Eglise dans la forme qu´ils ont été formulés dans n. 84 de l´Exhortation Apostolique Familiaris consortio et dans l´encyclique Veritatis splendor du pape Jean Paul II, notamment sur les suivants thèmes d´importance capitale: «le choix fondamental» (Veritatis splendor, nn. 67-68), «péché mortel et péché véniel « (ibid., n. 69-70), « proportionnalisme, conséquentialisme« (ibid., n. 75), «le martyre et les normes morales universelles et immuables« (ibid., nn. 91ss.). Toutefois une citation verbale de Familiaris consortio n. 84 et des certaines affirmations plus marquantes de Veritatis splendor rendraient l´AL inattaquable à des interprétations hétérodoxes. Des allusions générales aux principes moraux et à la doctrine de l´Eglise sont certainement insuffisantes dans une matière controverse qui est d´une importance délicate et capitale.
Des représentants du clergé et même de l´épiscopat affirment déjà que selon l´esprit du chapitre VIII de l´AL il n’est pas exclu que dans un cas exceptionnel les divorcés-remariés peuvent être admis à la Sainte Communion sans être demandés vivre en continence parfaite.
Admettant une telle interprétation de la lettre et de l´esprit de l´AL, on devrait accepter avec honnêteté intellectuelle et selon le principe de non-contradiction les suivantes conclusions logiques:
-Le sixième commandement Divin qui interdit tout acte sexuel hors d´un mariage valide, ne serait plus universellement valide admettant donc des exceptions. En notre cas : les divorcés pourraient pratiquer l´acte conjugal et en sont même encouragés afin que conserver la « fidélité » mutuelle, cf. AL, 298. Il pourrait y avoir donc une « fidélité« dans un style de vie qui est directement contraire à la volonté expresse de Dieu. Toutefois, encourager et légitimer des actes qui sont en soi et toujours contraire à la volonté de Dieu, contredirait la Révélation Divine.
-La parole Divine de Christ : « Que l’homme donc ne sépare pas ce que Dieu a joint« (Mt 19, 6) ne serait pas plus valide toujours et pour tous conjoints sans exception.
-Il serait possible dans un cas particulier de recevoir le sacrement de la Pénitence e la Sainte Communion avec l´intention de continuer violer directement les commandements divins : «Tu ne commettras point d’adultère« (Ex 20, 14) et «Que l’homme donc ne sépare pas ce que Dieu a joint« (Mt 19, 6; Gen 2, 24).
-L´observance de ces commandements et de la Parole de Dieu serait en ce cas seulement en théorie et pas en pratique, induisant par conséquence des divorcés-remariées « en se trompant soi-même« (Jacques 1, 22). On pourrait donc sans autre avoir la foi en le caractère Divin du sixième commandement et de l´indissolubilité du mariage sans les œuvres correspondantes.
-La Parole Divine de Christ : « Celui qui répudie sa femme et qui en épouse une autre, commet un adultère à son égard; et si une femme quitte son mari et en épouse un autre, elle commet un adultère » (Mc 10, 12) n´aurait pas plus sa validité universelle, mais admettrait des exceptions.
-La violation permanente, consciente et livre du sixième commandement de Dieu et de la sacralité et de l´indissolubilité du propre mariage valide (en cas de divorcés remariés) ne serait pas plus toujours un péché grave, c´est à dire une opposition directe à la volonté de Dieu.
-Il peut y avoir de cas de violation grave, permanente, consciente et livre d´un des autres commandements de Dieu (par exemple dans le cas d´un style de vie de corruption financière), où on pourrait accorder à la personne déterminée à cause de circonstances atténuantes l`accès aux sacrements sans lui demander une sincère résolution d´éviter désormais les actes de péché et le scandale.
-Le pérenne et infaillible enseignement de l´Église ne serait plus universellement valide, notamment l´enseignement lequel était confirmé par le pape Jean Paul II dans Familiaris consortio, n. 84 et par pape Benoit XVI dans Sacramentum caritatis, n. 29, selon lequel la condition pour les divorcés de recevoir les sacrements serait la continence parfaite.
-L´observance du sixième commandement de Dieu et de l´indissolubilité du mariage serait un idéal qui ne serait pas réalisable pour tous, mais en quelque sorte pour une élite.
-Les Paroles intransigeantes de Christ qui commandent les hommes d´observer les commandements de Dieu toujours et en toutes circonstances même acceptant pour ce bout des souffrances considérables, c´est à dire acceptant la Croix, ne seraient plus valides en sa vérité : «Si ta main droite est pour toi une occasion de chute, coupe la et jette-la loin de toi; car il est avantageux pour toi qu’un seul de tes membres périsse, et que ton corps entier n’aille pas dans la géhenne « (Mt 5, 30).
En admettant des couples en « union irrégulière« à la Sainte Communion, leur permettant de pratiquer les actes qui sont réservés aux conjoints du mariage valide, équivaudrait à l´usurpation d´un pouvoir, qui toutefois ne compète pas à aucune autorité humaine, parce qu´il s´agirait ici d´une prétention de corriger la Parole de Dieu même.
Danger d´une collaboration de l´Église dans la propagation du « fléau du divorce »
Professant la doctrine de toujours de Notre Seigneur Jésus Christ, l´Église nous enseigne : «Fidèle au Seigneur, l’Église ne peut reconnaître comme Mariage l’union des divorcés remariés civilement. « Celui qui renvoie sa femme pour en épouser une autre est coupable d’adultère envers elle. Si une femme a renvoyé son mari pour en épouser un autre, elle est coupable d’adultère » (Mc 10,11-12). À leur égard, l’Église fait preuve d’une sollicitude attentive, les invitant à une vie de foi, à la prière, aux œuvres de charité et à l’éducation chrétienne de leurs enfants. Mais aussi longtemps que dure leur situation, qui est objectivement contraire à la loi de Dieu, ils ne peuvent recevoir l’absolution sacramentelle, ni accéder à la communion eucharistique, ni exercer certaines responsabilités dans l’Église« (Compendium du Catéchisme de l’Église Catholique, 349)
Vivre dans une union maritale non valide en contredisant constamment le commandement de Dieu et la sacralité et indissolubilité du mariage, ne signifie pas vivre dans la vérité. Déclarer que la pratique délibérée, livre et habituelle des actes sexuels dans une union maritale non valide pourrait dans un cas concrète n´être plus un péché grave, n´est pas la vérité, mais un mensonge grave, et par conséquence n´apportera jamais une joie authentique dans l´amour. Permettre par conséquence à telles personnes recevoir la sainte Communion, signifiait simulation, hypocrisie et mensonge. En fait le Parole de Dieu dans la Sainte Écriture reste valide : « Qui dit: « Je le connais », alors qu’il ne garde pas ses commandements est un menteur, et la vérité n’est pas en lui. « (1 Jean 2, 4).
Le Magistère de l´Église nous enseigne sur la validité universelle des dix commandements de Dieu: «Puisqu’ils expriment les devoirs fondamentaux de l’homme envers Dieu et envers son prochain, les dix commandements révèlent, en leur contenu primordial, des obligations graves. Ils sont foncièrement immuables et leur obligation vaut toujours et partout. Nul ne pourrait en dispenser« (Catéchisme de l´Église Catholique, 2072). Ceux qui ont affirmé, que les commandements de Dieu et notamment le commandement « tu ne commettras pas d´adultère« peuvent avoir des exceptions, et en certains cas la non-imputabilité de la faute du divorce, étaient les Pharisiens et puis les Gnostique chrétiens en deuxième et troisième siècles.
Les suivantes affirmations du Magistère restent toujours valides parce qu´elles font partie du Magistère infaillible dans la forme du Magistère universel et ordinaire: «Les préceptes négatifs de la loi naturelle sont universellement valables : ils obligent tous et chacun, toujours et en toute circonstance. En effet, ils interdisent une action déterminée semper et pro semper, sans exception. … Il y a des comportements qui ne peuvent jamais, et dans aucune situation, être la réponse juste. …
L’Eglise a toujours enseigné que l’on ne doit jamais choisir des comportements prohibés par les commandements moraux, exprimés sous forme négative par l’Ancien et le Nouveau Testament. Comme on l’a vu, Jésus lui-même redit qu’on ne peut déroger à ces interdictions : « Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements. Tu ne tueras pas, tu ne commettras pas d’adultère, tu ne voleras pas, tu ne porteras pas de faux témoignage » (Mt 19, 17-18) » (S. Jean Paul II, Encyclique Veritatis splendor, 52).
Le Magistère de l´Église nous enseigne davantage clairement : «La conscience bonne et pure est éclairée par la foi véritable. Car la charité procède en même temps » d’un cœur pur, d’une bonne conscience et d’une foi sans détours » (1 Tm 1, 5 ; cf. 3, 9 ; 2 Tm 1, 3 ; 1 P 3, 21 ; Ac 24, 16)« (Catéchisme de l´Église Catholique, 1794).
Dans le cas où une personne commit des actes moraux objectivement graves en pleine conscience, en santé mentale, avec libre délibération, et avec l´intention de répéter cet acte en future, il est impossible d’appliquer le principe de la non-imputabilité de la faute à cause des circonstances atténuantes. L´application du principe de la non-imputabilité aux tels couples des divorcés-remariés représenterait une hypocrisie et un sophisme gnostique. Si l´Église admettait telles personnes même dans un seul cas à la Sainte Communion, elle contredirait à ce qu´elle professe dans la doctrine, donnant elle-même un contre-témoignage publique contre l´indissolubilité du mariage et contribuant ainsi à la croissance du « fléau du divorce » (Concile Vatican II, Gaudium et spes, 47).
Afin d´éviter une telle contradiction intolérable et scandaleuse, l´Église interprétant infailliblement la vérité Divine de la loi morale et de l´indissolubilité du mariage, a observé immuablement pendant deux mille ans la pratique d´admettre à la Sainte Communion seulement tels divorcés, qui vivent en continence parfaite et « remoto scandalo« sans aucune exception ou privilège exceptionnel.
La première tâche pastorale qui le Seigneur a confiée à son Église, est l´enseignement, la doctrine (cf. Mt 28, 20). L´observance des commandements de Dieu est intrinsèquement connexe avec la doctrine. Pour cette raison l´Église a toujours rejetée la contradiction entre la doctrine et la vie, qualifiant une telle contradiction comme gnostique ou comme la théorie luthérienne hérétique du « simul iustus et peccator«. Entre la foi et la vie des enfants de l´Église il ne devait pas avoir une contradiction.
Quand il s´agit de l´observance du commandement expresse de Dieu et de l´indissolubilité du mariage, on ne peut pas parler d’interprétations théologiques opposées. Si Dieu a dit : «Tu ne commettras pas l´adultère«, aucune autorité humaine pourrait dire : «en quelque cas exceptionnel ou pour un fin bon tu peux commettre l´adultère ».
Les suivantes affirmations du pape François sont très importantes, où le Souverain Pontife parle au sujet de l´intégration des divorcés remariés à la vie de l´Église: « Ce discernement ne pourra jamais s’exonérer des exigences de vérité et de charité de l’Évangile proposées par l’Église. … Il faut garantir les conditions nécessaires d’humilité, de discrétion, d’amour de l’Église et de son enseignement. … On évite le risque qu’un discernement donné conduise à penser que l’Église entretient une double morale“ (AL, 300). Ces affirmations louables de l´AL restent toutefois sans spécifications concrètes concernant la question de l´obligation des divorcés remariés de se séparer ou au moins de vivre en continence parfaite.
Quand il s´agit de la vie ou de la mort du corps, aucun médecin ne laisserait pas les choses en ambiguïté. Le médecin ne peut pas dire au patient : « Vous devez décider l´application de la médicine en Votre conscience en respectant les lois de la médicine«. Un tel comportement d´un médecin serait considéré sans doute irresponsable. Toutefois la vie de l´âme immortelle est plus importante, puisque de la santé de l´âme dépend son destin pour toute éternité.
La vérité libératrice de la pénitence et du mystère de la Croix
Affirmer que les divorcés remariés ne sont pas pécheurs publics dans l´Église, signifie simuler des faux faits. En outre, être pécheurs est la condition véritable de tous les membres de l´Église militante sur la terre. Si les divorcés-remariés disent que leurs actes volontaires et délibérées contre le sixième commandement de Dieu ne seraient pas de tous des péchés ou des péchés graves, ils se trompent eux-mêmes et la vérité n´est pas en eux, comme le dit saint Jean : « Si nous disons: « Nous n’avons pas de péché », nous nous abusons, la vérité n’est pas en nous. Si nous confessons nos péchés, lui, fidèle et juste, pardonnera nos péchés et nous purifiera de toute iniquité. Si nous disons: « Nous n’avons pas péché », nous faisons de lui un menteur, et sa parole n’est pas en nous« (1 Jean 1, 8-10).
L´acceptation de la part des divorcés-remariés de la vérité qu´ils sont des pécheurs et même des pécheurs publics, n`enlève rien à leur espérance chrétienne. Seulement l´acceptation de la réalité et de la vérité les rends capables de prendre le chemin d´une pénitence fructueuse selon les paroles de Jésus Christ.
Il serait très salutaire de restaurer l´esprit des premiers chrétiens et du temps des Pères de l´Église, où il y a eu une solidarité vivante avec les pécheurs publics de la part des fidèles, toutefois une solidarité selon la vérité. Une telle solidarité n´avait eu rien du discriminatoire ; au contraire il y avait eu une participation de toute l´Église dans le chemin pénitentiel des pécheurs publics au moyen des prières d´intercession, des larmes, des actes d´expiation et de charité en leur faveur.
L´Exhortation Apostolique Familiaris consortio enseigne: « Même ceux qui se sont éloignés du commandement du Seigneur et continuent de vivre dans cet état (divorcés remariés) pourront obtenir de Dieu la grâce de la conversion et du salut, s’ils persévèrent dans la prière, la pénitence et la charité« (n. 84).
Dans les premiers siècles les pécheurs publics sont été intégrés dans la communauté priante des fidèles et devaient implorer en genoux et aux bras levés l´intercession des leurs frères. Tertullien nous donne ce témoignage émouvant: « Le corps ne peut se réjouir, quand souffre l´un de ses membres. Il est nécessaire que tout entier il s´afflige et travaille à sa guérison. Lorsque tu tends des mains vers les genoux de tes frères, c´est le Christ que tu touches, c´est le Christ que tu implores. Pareillement, quand ils versent des larmes sur toi, c´est le Christ qui compatit” (De paenitentia, 10, 5-6). De même façon parle saint Ambroise de Milan: “L´Église entière prit sur elle le fardeau du pécheur public, en souffrant avec lui au moyen des larmes, des prières et de douleurs ” (De paenitentia 1, 81).
Certes, les formes de la discipline pénitentielle de l´Église sont changées. Toutefois l´esprit de cette discipline doit rester dans l´Église de tout temps. De nos jours des prêtres et des évêques s´appuyant sur certaines affirmations de l´AL commencent à faire comprendre aux divorcés-remariés que leur condition ne signifiait pas l´état objectif du pécheur public. Ils les tranquilisent en déclarant que leurs actes sexuels ne constituent pas un péché grave. Une telle attitude ne correspond pas à la vérité. Ils privent les divorcés-remariés de la possibilité d´une conversion radicale à l´obéissance de la volonté de Dieu, laissant ces âmes dans l´illusion. Une telle attitude pastorale est très facile, est de bon marché et ne coûte rien. Il ne coûte des larmes, des prières et des œuvres d´intercession et d´expiation fraternelle en faveur des divorcés-remariés.
Quand on admet les divorcés-remariés même en cas exceptionnel à la Sainte Communion sans leur demander de cesser de pratiquer les actes contraires au sixième commandement de Dieu, et en outre déclarant présomptueusement leurs actes de n´être pas péché grave, on choisit le chemin facile, on écarte le scandale de la croix. Une telle pastorale des divorcés-remariés est une pastorale éphémère et trompeuse. A tous qui propagent un tel chemin facile de bon marché concernant les divorcés-remariés, Jésus dirige encore aujourd´hui ces paroles : « Passe derrière moi, Satan! tu me fais obstacle, car tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes! Alors Jésus dit à ses disciples: « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive» (Mt 16, 24-25).
En ce qui concerne la pastorale des divorcés-remariés il faut raviver en nos jours aussi l´esprit de la suite du Christ dans la vérité de la croix et de la pénitence, qui seul apporte une joie qui reste, évitant des joies éphémères qui sont en fin de compte trompeuses. Les paroles suivantes du pape saint Grégoire le Grand se révèlent vraiment actuelles et lumineuses : « Nous ne devons pas nous habituer trop à ce notre exile terrestre, les commodités de cette vie ne doivent pas nous faire oublier notre vraie patrie afin que notre esprit ne devienne pas enfin somnolent au milieu de ces commodités. Pour cette raison, Dieu unit à ses dons ses visites ou punitions, afin que tout ce qui nous enchante dans ce monde, devienne pour nous amer et s´allume dans l´âme ce feu qui nous pousse toujours à nouveau au désir des choses célestes et nous fait progresser. Ce feu nous fait de la peine plaisamment, nous crucifie doucement et nous attriste joyeusement” (In Hez., 2, 4, 3).
L´esprit de la discipline pénitentielle authentique de l´Église des premiers siècles est resté toujours dans l´Église dans tout le temps jusqu´à nos jours. Nous avons l´exemple touchant de la Bienheureuse Laura del Carmen Vicuna, née en 1891 en Chile. Sœur Azocar, qui avait soigné Laura, a raconté: «Je me souviens que la première fois que j’ai expliqué le sacrement du mariage, Laura s’est évanouie, sans doute parce qu’elle comprit à mes paroles que sa maman était en état de péché mortel aussi longtemps qu’elle resterait chez ce monsieur. En ce temps-là à Junin, une seule famille vivait conformément à la volonté de Dieu.» Dès lors, Laura multiplie prières et pénitences pour sa maman. Elle fait sa première communion le 2 juin 1901 avec une grande ferveur ; elle écrit les résolutions suivantes : “1. Je veux, mon Jésus, t’aimer et te servir durant toute ma vie ; pour cela je t’offre toute mon âme, tout mon cœur et tout mon être. – 2. Je préfère mourir plutôt que de t’offenser par le péché ; je veux donc m‘éloigner de tout ce qui pourrait me séparer de toi. – 3. Je promets de faire tout mon possible, même de grands sacrifices, afin que tu sois toujours plus connu et aimé, et afin de réparer les offenses que, tous les jours, t’infligent les hommes qui ne t’aiment pas, spécialement celles que tu reçois de ceux qui me sont proches. – Oh, mon Dieu, accorde-moi une vie d’amour, de mortification et de sacrifice ! » Mais sa grande joie est assombrie en voyant que sa mère, présente à la cérémonie, ne communie pas. En 1902, Laura offre sa vie pour sa mère qui cohabite avec un homme dans une union irrégulière en Argentine. Laura multiplie prières et privations pour obtenir la vraie conversion de sa mère. Quelques heures avant de mourir, elle appelle sa maman près d’elle. Celle-ci, comprenant que c’était le moment suprême, s’exclame : «Maman, je vais mourir. C’est moi qui l’ai demandé à Jésus et j’ai été exaucée. Il y a presque deux ans que je lui ai offert ma vie pour la grâce de ton retour. Maman, je n’aurai pas la joie de voir ton repentir avant que je ne meure?» Bouleversée, sa maman promet : «Demain matin, j’irai à l’église et je me confesserai». Laura cherche des yeux le prêtre présent et lui dit : «Père, ma mère en cet instant promet d’abandonner cet homme ; soyez témoin de sa promesse!» Puis elle ajoute: «Maintenant je meurs contente !» C’est avec ces mots qu’elle expire, le 22 janvier 1904 à Junin des Andes (Argentine), à 13 ans, dans les bras de sa mère, qui retrouve alors la foi et met fin à l´union irrégulière dans quelle elle vivait.
L´exemple admirable de vie de la Bienheureuse jeune fille Laura est une démonstration à quel point un vraie catholique prend au sérieux le sixième commandement de Dieu et la sacralité et indissolubilité du mariage. Notre Seigneur Jésus Christ nous commande d´éviter même l´apparence d´une approbation d´une union irrégulière ou d´une union adultère. Ce commande divin l´Église a toujours fidèlement conservé et transmis dans sa doctrine et sa pratique sans ambigüité. Avec l´offrande de sa jeune vie la Bienheureuse Laura n´avait certainement représenté une des diverses interprétations doctrinales ou pastorales possibles. On ne donne pas sa vie pour une interprétation doctrinale ou pastorale possible, mais pour une vérité Divine immuable et universellement valide. Cette vérité a été démontrée en moyen de l´offrande de la vie d´un grand nombre de Saints, à commencer par saint Jean Baptiste jusqu´aux simples fidèles de nos jours dont le nom Dieu seul connaît.
La nécessité d´une « veritatis laetitia »
L`AL contient certainement et heureusement des affirmations théologiques et directrices spirituelles et pastorales de grande valeur. Toutefois, affirmer que l´AL devait être interprétée selon la doctrine et pratique traditionnelle de l´Église, reste réalistement insuffisant. Quand on découvre dans un document ecclésiastique, qui en notre cas est dépourvu de caractère définitif et infaillible, des éléments vulnérables à telles interprétations et applications, qui pourraient avoir des conséquences spirituelles dangereuses, tous membres de l´Église, et en premier lieu les évêques comme collaborateurs fraternels du Souverain Pontife dans la collégialité effective, ont le devoir de le signaler respectueusement ce fait et le demander une interprétation authentique.
Quand il s´agit de la foi Divine, des commandements Divins et de la sacralité et indissolubilité du mariage, tous les membres de l´Église, à commencer par les simples fidèles jusqu´au plus haut représentant du Magistère doivent faire l´effort commun afin que conserver intact le trésor de la foi et son application pratique. En fait c´était le Concile Vatican II qui a enseigné : « La collectivité des fidèles, ayant l’onction qui vient du Saint (cf. 1 Jn 2, 20.27), ne peut se tromper dans la foi ; ce don particulier qu’elle possède, elle le manifeste moyennant le sens surnaturel de foi qui est celui du peuple tout entier, lorsque, « des évêques jusqu’aux derniers des fidèles laïcs » (S. Augustin, De Praed. Sanct. 14, 27), elle apporte aux vérités concernant la foi et les mœurs un consentement universel. Grâce en effet à ce sens de la foi qui est éveillé et soutenu par l’Esprit de vérité, et sous la conduite du magistère sacré, pourvu qu’il lui obéisse fidèlement, le Peuple de Dieu reçoit non plus une parole humaine, mais véritablement la Parole de Dieu (cf. 1 Th 2, 13), il s’attache indéfectiblement à la foi transmise aux saints une fois pour toutes (cf. Jude 3), il y pénètre plus profondément par un jugement droit et la met plus parfaitement en œuvre dans sa vie« (Lumen gentium, 12). Le Magistère, pour sa part, «n’est pas au-dessus de la Parole de Dieu, mais il est à son service, n’enseignant que ce qui a été transmis« (Concile Vatican II, Dei Verbum, 10).
Il était précisément le Concile Vatican II qui a encouragé tous les fidèles et surtout les évêques de manifester sans crainte leurs préoccupations et observations en vue du bien de toute l´Église. Le servilisme et l´être politiquement correct apporte un mal pernicieux à la vie de l´Église. Le fameux évêque et théologien du Concilie de Trente, Melchior Cano O.P., a dit cette mémorable phrase : “Pierre n´a besoin de nos mensonges ou adulations. Ceux qui les yeux fermés et de manière indiscriminée défendent chaque décision du Suprême Pontife, sont ceux qui le plus sapent l´autorité du Saint Siège. Ils détruisent ses fondements en lieu de les consolider”.
Notre Seigneur nous a enseigné sans ambiguïté expliquant en quoi consistent le vrai amour et la vraie joie de l´amour : « Celui qui a mes commandements et qui les garde, c’est celui qui m’aime « (Jean 14, 21). En donnant aux hommes le sixième commandement et l´observance de l´indissolubilité du mariage Dieu les a donnés pour tous sans exception et pas seulement pour une élite. Déjà dans l´Ancien Testament Dieu a déclaré : « Ce commandement que je te prescris aujourd’hui n’est certainement point au-dessus de tes forces et hors de ta portée « (Deutéronome 30, 11) et « Si tu le veux, tu garderas les commandements pour rester fidèle à son bon plaisir« (Ecclésiastique 15, 15). Et Jésus a dit à tous : « Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements. Lesquels? Et Jésus répondit : Tu ne tueras point ; tu ne commettras point d’adultère « (Mt 19, 17-18). L´enseignement des Apôtres nous a transmis la même doctrine : « Car l’amour de Dieu consiste à garder ses commandements. Et ses commandements ne sont pas pesants« (1 Jean 5, 4).
Il n´a pas une vie vraie, surnaturelle et éternelle sans l´observation des commandements de Dieu : « Je te prescris d’observer ses commandements. J’ai mis devant toi la vie et la mort. Choisis la vie !« (Deutéronome 30, 16.19). Il n´a pas donc une vraie vie et une vraie joie d´amour authentique sans la vérité. « L’amour consiste à vivre selon ses commandements « (2 Jean 6). La joie d´amour consiste dans la joie de la vérité. La vie authentiquement chrétienne consiste dans la vie et dans la joie de la vérité : «Apprendre que mes enfants vivent dans la vérité, rien ne m’est un plus grand sujet de joie « (3 Jean 4).
Saint Augustin nous explique l´intime connexion entre la joie et la vérité « Je leur demande à tous s’ils ne préfèrent pas la joie de la vérité à celle du mensonge. Et ils n’hésitent pas plus ici que pour la réponse à la question du bonheur. Car la vie heureuse c’est la joie de la vérité, nous voulons tous la joie de la vérité« (Confessions, X, 23).
Le danger d´une confusion générale en regard de l´indissolubilité du mariage
Depuis déjà un certain temps on constate dans la vie de l´Église dans quelques endroits et lieux le fait de l´abus tacite de l´admission des divorcés-remariés à la Sainte Communion sans leur demander de vivre en continence parfaite. Les affirmations peu claires dans le chapitre VIII de l´AL ont donnés un nouveau dynamisme aux propagateurs déclarés de l´admission des divorcés-remariés à la Sainte Communion en cas singulier.
On constate maintenant le phénomène que l´abus commence à se répandre davantage dans la pratique en se sentant en quelque sorte légitimé. En outre on constate la confusion en respect de l´interprétation spécialement des affirmations concernées du chapitre VIII de l´AL. La confusion est arrivée à son comble en ce que tout le monde, tant les partisans de l´admission des divorcés-remariés à la Sainte Communion que leurs opposants déclarent : «La doctrine de l´Église en cette matière n´a pas été changée«.
Tenant dûment compte de différences historiques et doctrinales, notre situation montre quelques semblances et analogies avec la situation de la confusion générale de la crise arienne dans le 4-ième siècle. À l´époque la foi apostolique et traditionnelle dans la vraie divinité du Fils de Dieu a été garantie en moyen de l´expression « consubstantiel« (« homoousios«), dogmatiquement proclamée par le Magistère universel du Concile de Nicée I. La profonde crise de la foi avec la confusion presque universelle a été provoquée principalement par le refus ou l´esquive d´user et professer la parole « consubstantiel« (« homoousios«). Au lieu de cela on a commencé au milieu du clergé et principalement de l´épiscopat de proposer des expressions alternatives qui en fin de compte étaient ambiguës et imprécises comme p.ex. « semblable dans la substance« (« homoiousios« ) ou simplement « semblable« (« homoios »). La formule « homoousios« du Magistère universelle de ce temps exprimait la pleine et vraie divinité du VERBE d´une façon tellement précise de ne laisser plus aucune espace à une interprétation équivoque.
Dans les années 357 – 360 presque l´entier épiscopat était devenue arien o semi-arien à cause des faits suivants : en 357 le pape Libère a signé une des formules ambiguës de Sirmium, dans les quelles était écarte l´expression « homoousios«, en outre le pape a excommunié scandaleusement saint Athanase. Saint Hilaire de Poitiers était l`unique évêque qu´avait fait des graves répréhensions au pape Libère à cause de tels actes ambiguës. En 359 les synodes parallèles de l´épiscopat occidental en Rimini et celui de l´épiscopat oriental en Seuleukia avaient accepté des formules pleinement ariennes, qui étaient encore pire que la formule ambiguë signé par le pape Libère. Décrivant cette situation confuse de cette époque saint Jérôme avait formulé: «Tout le monde fut surpris de se voir devenu arien« («Imgemuit totus orbis, et arianum se esse miratus est« : Adv. Lucif., 19).
On peut dire que á notre époque si a déjà commencé à établir une confusion en regard de la discipline sacramentelle pour les divorcés-remariés. Existe donc un fondement réel que la confusion peut atteindre une ampleur vraiment vaste, si on évite de proposer et proclamer la suivante formule du Magistère universelle et infaillible : « La réconciliation par le sacrement de pénitence – qui ouvrirait la voie au sacrement de l’Eucharistie – ne peut être accordée qu’à ceux qui prennent l’engagement de vivre en complète continence, c’est-à-dire en s’abstenant des actes réservés aux époux« (S. Jean Paul II, Familiaris consortio, 84). Cette formule est malheureusement et incompréhensiblement absente dans l´AL. L`AL contient cependant inexplicablement la suivante affirmation: « Dans ces situations (des divorcés-remariés), connaissant et acceptant la possibilité de cohabiter ‘‘comme frère et sœur’’ que l’Église leur offre, beaucoup soulignent que s’il manque certaines manifestations d’intimité « la fidélité peut courir des risques et le bien des enfants être compromis« (AL, 298, n. 329). Une telle affirmation laisse l´impression d´une contradiction avec l´enseignement pérenne du Magistère universel, tel comme il a été formulé dans le lieu cité de la Familiaris consortio 84.
Il est urgent que le Siège Apostolique confirme et proclame de nouveau peut-être sous la forme d´une interprétation authentique de l´AL la formule citée de Familiaris consortio 84. Cette formule peut être considérée dans une certaine mesure l´ »homoousios » de nos jours. L´absence d´une telle confirmation officielle et explicite de la formule de Familiaris consortio 84 de la part du Siège Apostolique pourrait contribuer à une majeure confusion dans la discipline sacramentelle avec ses répercussions graduelles et inévitables dans le domaine doctrinale. De cette manière serait crée une situation à laquelle on pourra appliquer en futur la suivante constatation: « Tout le monde fut surpris de se voir accepté en pratique le divorce« («Ingemuit totus orbis, et divortium in praxi se accepisse miratus est«).
Une confusion dans la discipline sacramentelle en regard des divorcés-remariés avec ses répercussions inévitablement doctrinales contredirait la nature de l´Église Catholique, telle comme elle étaient décrite par saint Irénée dans le deuxième siècle: «L’Église, ayant reçu cette prédication et cette foi, bien que dispersée dans le monde entier, les garde avec soin, comme n’habitant qu’une seule maison, elle y croit d’une manière identique, comme n’ayant qu’une seule âme et qu’un même cœur, et elle les prêche, les enseigne et les transmet d’une voix unanime, comme ne possédant qu’une seule bouche » (Adversus haereses, I, 10 , 2).
Le Siège de Pierre, c´est à dire le Souverain Pontife est le garant de l´unité de la foi et de la discipline sacramentelle apostolique. Tenant compte de la confusion dans la pratique sacramentelle en regard des divorcés-remariés et de l´interprétation de l´AL au milieu des prêtres et des évêques, on peut considérer légitime un appel au notre cher pape François, le Vicaire du Christ et « le doux Christ en terre« (sainte Catherine de Sienne), afin qu´il ordonne la publication d´une interprétation authentique de l´AL, laquelle devrait contenir nécessairement la proclamation explicite du principe disciplinaire du Magistère universel et infaillible en regard de l´admission des divorcés-remariés aux sacrements, tel comme il a été formulé dans Familiaris consortio 84.
Dans la grande confusion arienne du 4-ième siècle saint Basile le Grand avait fait un appel urgent au pape de Rome d´exercer par sa parole une direction claire afin qu´il y aurait enfin unité dans la pensée de la foi et de la charité (cf. Ep. 70).
Une interprétation authentique de l´AL de la part du Siège Apostolique apportera pour toute l´Église une clarté dans la joie («claritatis laetitia«). Une telle clarté garantira un amour dans la joie («amoris laetitia«), un amour et une joie qui ne seraient pas « selon la pensée des hommes, mais selon la pensée de Dieu » (Mt 16, 24). Et c’est cela qui compte pour la joie, la vie et le salut éternel des divorcés-remariés et de tous les hommes.
+ Athanasius Schneider, Évêque auxiliaire
de l´archidiocèse de Sainte Marie en Astana, Kazakhstan
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Date d'inscription : 05/02/2013
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