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Notre Pape Benoît XVI - Le 27-10-2011, 25° Anniversaire de la Prière d'Assise pour la Paix dans le Monde

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Message par Her Mar 1 Mar - 15:03

http://www.osservatore-vaticano.org/divers/une-reponse-du-pr-roberto-de-mattei-aux-critiques-de-sa-supplique-relative-a-assise-iii?

Une réponse du Pr Roberto de Mattei aux critiques de sa supplique relative à Assise III
Posté par Vini Ganimara dans divers le 02 28th, 2011 | 5 réponse
Dans un récent article de sa « Correspondance européenne« , le Pr Roberto de Mattei (dont nos amis de Riposte catholique viennent de publier un excellent petit opuscule sur « La dictature du relativisme ») répond aux critiques qui lui ont été adressées à propos de la supplique à Benoît XVI contre Assise III, dont il est l’un des principaux promoteurs:

« Assise III : pourquoi s’y opposer

La supplique de certains catholiques italiens à Benoît XVI afin qu’il n’aille pas à Assise en octobre prochain (cf. CE 229/01, 31 janvier 2011), a suscité un vif débat dans lequel, en plus d’appréciations qui font autorité, il y a eu, comme cela était prévisible, des critiques et des commentaires très perplexes. Il me semble inutile de répondre aux accusations venant du côté progressiste qui voit dans cet événement l’occasion pour relancer un œcuménisme syncrétiste : ces critiques constituent en effet la meilleure confirmation de l’opportunité de notre appel. J’estime par contre qu’il est nécessaire de répondre aux critiques du côté conservateur, lancées par des frères dans la foi qui ont probablement notre même amour pour l’Eglise.
Ces critiques pourraient être résumées en ces termes : la rencontre d’Assise annoncée par Benoît XVI n’a pas à nous plaire ou à nous déplaire ; on ne peut pas critiquer un Pape pour ce qu’il a fait (Jean-Paul II en 1986) ou pour ce qu’il souhaite faire (Benoît XVI en 2011), prétendant lui expliquer ce qui est bon pour l’Eglise. De la part des fidèles, surtout s’ils sont des laïcs, on exige une religieuse approbation de toute initiative et décision du Souverain Pontife.
La réponse à cette critique vient du Catéchisme, de la tradition théologique, de l’histoire de l’Eglise et de l’Enseignement pontifical. Le Catéchisme nous enseigne que le sacrement du Baptême nous incorpore à l’Eglise, en nous faisant partager sa mission (n. 1213), et celui de la Confirmation oblige tous les baptisés « à répandre et à défendre la foi par la parole et par l’action en vrais témoins du Christ » (n. 1285). La promesse de l’assistance divine de l’Esprit Saint, plusieurs fois répétée par le Seigneur aux Apôtres (Jn, 14, 16-17; 26-26) ne se manifeste pas seulement à travers le Magistère, mais aussi à travers le consensus de l’universitas fidelium, comme l’ont expliqué, contre les protestants, le grand théologien dominicain Melchior Cano dans De Locis theologicis et saint Robert Bellarmin dans De ecclesia militante. Les théologiens successifs ont distingué entre l’infallibilitas in docendo et l’infallibilitas in credendo de l’Eglise. Cette dernière repose sur le sens de la foi, c’est-à-dire la capacité du croyant de distinguer ce qui est conforme à la foi de ce qui ne l’est pas, non pas par un raisonnement théologique, mais au moyen d’une sorte de connaissance par co-naturalité. La vertu de la foi (habitus fidei), reçue avec le Baptême, explique en effet saint Thomas d’Aquin, produit une co-naturalité de l’esprit humain avec les mystères révélés, faisant de sorte que l’intellect de tout baptisé soit, comme par instinct, attiré par les vérités surnaturelles et adhère à celles-ci.
Au long de l’histoire de l’Eglise, le sensus fidei des simples fidèles a été parfois plus conforme à la Tradition apostolique qu’à celui des Pasteurs, comme cela arriva pendant la crise arienne du IVème siècle, lorsque la foi fut gardée par une minorité de saints et d’évêques rebelles, tels saint Athanase, Hilaire de Poitiers, Eusèbe de Vercelli et surtout par le peuple fidèle. Ce dernier ne s’associait pas aux diatribes théologiques mais gardait, par un simple instinct surnaturel, la bonne doctrine. Le bienheureux Newman écrit qu’« à cette époque d’immense confusion, le divin dogme de la divinité de Notre Seigneur fut proclamé, inculqué, gardé et (humainement parlant) préservé beaucoup plus par l’Ecclesia docta que par l’Ecclesia docens ».
Le rôle de tout baptisé dans l’histoire de l’Eglise a été évoqué par Benoît XVI dans son discours du 26 janvier 2011. Le Pape a rappelé la mission de « deux jeunes femmes du peuple, laïques et consacrées dans la virginité ; deux mystiques engagées non dans le cloître, mais au milieu de la réalité la plus dramatique de l’Église et du monde de leur temps ». Il s’agit de sainte Catherine de Sienne et sainte Jeanne d’Arc, « peut-être les figures les plus caractéristiques de ces ‘femmes fortes’ qui, à la fin du Moyen Âge, portèrent sans peur la grande lumière de l’Évangile dans les complexes événements de l’histoire. Nous pourrions les rapprocher des saintes femmes qui restèrent au Calvaire, à côté de Jésus crucifié et de Marie sa Mère, tandis que les Apôtres avaient fui et que Pierre lui-même l’avait renié trois fois ». L’Eglise, dans cette période-là, vivait la profonde crise du grand schisme d’Occident, qui a duré presque 40 ans. A cette époque aussi dramatique que la crise arienne, ces deux saintes furent guidées par la lumière de la foi plus que les théologiens et les ecclésiastiques de l’époque. Le Pape adresse à ces deux laïques les mots de Jésus selon lesquels les mystères de Dieu sont révélés à ceux qui ont le cœur des tout-petits, alors qu’ils restent cachés aux sages et aux intelligents qui n’ont pas d’humilité (cf. Lc. 10, 21).
C’est dans cet esprit que nous avons exprimé toutes nos perplexités et réserves face à cette rencontre interreligieuse d’Assise du 27 octobre 1986, qui ne fut pas un acte magistériel, mais un geste symbolique, dont le message fut confié non pas à des écrits ou à des mots, mais au fait lui-même et à son image. Un hebdomadaire italien en résumait alors le sens avec les mots du père Marie-Dominique Chenu: « C’est le rejet officiel de l’axiome qui était enseigné jadis : hors de l’Eglise, point de salut » (“Panorama”, 2 novembre 1986).
J’étais à Assise ce jour-là et j’ai une documentation photographique de ce qui se passa, par exemple dans l’église Saint-Pierre où à la place du Très-Saint-Sacrement, une petite statue de Buddha fut intronisée sur l’autel qui garde les reliques du martyr Vittorino, alors que sur un étendard situé devant le même autel on lisait « Je me consacre à la loi du Buddha ». En tant que catholique, j’éprouvai et je continue à éprouver répugnance pour cet événement qui ne mérite pas, d’après moi, d’être rappelé sinon pour en prendre les distances. Je suis certain que Benoît XVI ne souhaite pas que les abus de cette époque-là se répètent, mais nous vivons dans une société médiatique et la nouvelle rencontre d’Assise risque d’avoir la même signification qui fut attribuée à la première par les moyens de communication et donc par l’opinion publique mondiale, comme cela est en train de se passer.
Aujourd’hui nous vivons une époque dramatique où tout baptisé doit avoir le courage surnaturel et la franchise apostolique de défendre à voix haute sa propre foi, suivant l’exemple des saints et sans se laisser conditionner par la “raison politique”, comme il se passe très souvent dans le domaine ecclésiastique aussi. Ce n’est que la conscience de notre foi et aucune autre considération qui nous a poussé à refuser Assise I et II et à exprimer au Saint-Père, avec respect, toutes nos préoccupations devant l’annonce d’un prochain Assise III. »
Les Chrétiens et le 11 Septembre. Cinq ans après ce jour bouleversant: une grande réflexion à plusieurs voix , «Oasis» 4 (2006)

Discours de Jean-Paul II aux représentants des Eglises chrétiennes et ommunautés ecclésiastiques et des religions du monde réunis à Assise, Basilique de Saint François, le 27 Octobre 1986

Jean-Paul II à la rencontre d'Assise

His Holiness John Paul II
Frères et sœurs, responsables et représentants
des églises et des communautés ecclésiales chrétiennes
et des religions du monde, chers amis

En concluant cette Journée mondiale de Prière pour la paix, à laquelle, après avoir bien voulu accepter mon invitation, vous êtes venus de maintes régions du monde, j'aimerais exprimer maintenant mes sentiments, comme un frère et un ami, mais aussi comme croyant en Jésus-Christ et, dans l'Eglise catholique, premier témoin de la foi en lui. A la suite de la dernière prière, la prière chrétienne, dans la série que nous avons tous entendue, je professe à nouveau ma conviction, partagée par tous les chrétiens, qu'en Jésus-Christ, le Sauveur de tous, on peut trouver la vraie paix, « paix pour vous qui êtes loin et pour ceux qui sont proches » [cf. Ep 2, 17]. Sa naissance a été saluée par le chant des anges : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et sur la terre paix aux hommes objets de sa complaisance » [Lc 2, 14]. Il prêchait l'amour parmi tous les hommes, même entre ennemis : il proclamait bienheureux ceux qui œuvrent pour la paix [cf. Mt 5, 9] et, par sa mort et sa résurrection, il réconciliait le ciel et la terre [cf. Col 1, 20]. Pour reprendre une expression de l'apôtre Paul : « Il est notre paix » [Ep 2,14].

C'est, en fait, ma conviction de foi qui m'a fait me tourner vers vous, représentants des Églises et des Communautés ecclésiales chrétiennes et des religions du monde, avec un amour et un respect profonds.
Avec les autres chrétiens, nous partageons beaucoup de convictions, notamment en ce qui concerne la paix.
Avec les religions du monde, nous partageons un profond respect de la conscience et l'obéissance à la conscience qui nous apprend à tous à chercher la vérité, à aimer et à servir toutes les personnes et tous les peuples, et, par conséquent, à faire la paix entre les personnes et entre les nations.
Oui, nous considérons tous la conscience et l'obéissance à la conscience comme un élément essentiel sur la route vers un monde meilleur et en paix.
Pourrait-il en être autrement, alors que les hommes et les femmes de ce monde ont une nature commune, une origine commune et une destinée commune ?
S'il y a entre nous des différences nombreuses et importantes, n'est-il pas vrai qu'au niveau le plus profond de l'humanité, il y a un fondement commun, à partir duquel on peut agir ensemble en vue de la solution de ce défi dramatique de notre époque : paix véritable ou guerre catastrophique ?

Oui, il y a la dimension de la prière qui, dans la diversité très réelle des religions, tente d'exprimer une communication avec une puissance au-dessus de toutes nos forces humaines.
La paix dépend fondamentalement de cette puissance, que nous appelons Dieu et que, comme chrétiens, nous croyons révélée dans le Christ. C'est là le sens de cette Journée mondiale de prière.
Pour la première fois dans l'histoire, nous nous sommes rassemblés de toutes parts, Églises et Communautés ecclésiales chrétiennes et religions du monde, dans ce lieu saint dédié à saint François, pour témoigner devant le monde, chacun suivant ses propres convictions, de la nature transcendante de la paix.
La forme et le contenu de nos prières sont très différents, comme nous l'avons vu, et il ne peut être question de les réduire à une sorte de commun dénominateur.

Cependant, dans cette différence même nous avons peut- être redécouvert que, en ce qui concerne le problème de la paix et de sa relation avec l'engagement religieux, il y a quelque chose qui nous lie les uns aux autres.
La défi de la paix, tel qu'il se présente actuellement à toute les consciences humaines, transcende les différences religieuses. C'est le problème d'une qualité de vie convenable pour tous, le problème de la survie de l'humanité, le problème de la vie et de la mort.
Devant un tel problème, deux éléments semblent avoir une importance suprême, et tous les deux nous sont communs à tous.
Le premier est l'impératif intérieur de la conscience morale qui nous enjoint de respecter, de protéger, et de promouvoir la vie humaine, depuis le sein maternel jusqu'au lit de mort, pour les individus et pour les peuples, mais spécialement pour les faibles, les déshérités, les abandonnés : c'est l'impératif de surmonter l'égoïsme, l'avidité et l'esprit de vengeance.
Le second élément commun est la conviction que la paix va bien au-delà des efforts humains, particulièrement dans l'état actuel du monde, et, par conséquent, que sa source et sa réalisation doivent être cherchées dans cette réalité qui est au-delà de nous tous.
C'est pourquoi chacun de nous prie pour la paix. Même si nous pensons, et c'est le cas, que la relation entre cette réalité et le don de la paix est différente selon nos convictions religieuses respectives, nous affirmons tous qu'une telle relation existe.
C'est ce que nous exprimons en priant pour la paix.
Je redis ici humblement ma propre conviction : la paix porte le nom de Jésus-Christ.
Mais, en même temps et de la même voix, je suis prêt à reconnaître que les catholiques n'ont pas toujours été fidèles à cette affirmation de foi. Nous n'avons pas toujours été des « artisans de paix ».
Pour nous-mêmes, par conséquent, mais aussi peut-être pour nous tous, en un sens, cette rencontre à Assise est un acte de pénitence. Nous avons prié, chacun à notre manière, nous avons jeûné, nous avons marché ensemble. De cette façon, nous avons jeûné, nous avons gardé présentes à l'esprit les souffrances que des guerres dépourvues de sens ont provoquées et provoquent encore dans l'humanité. Par là, nous avons essayé d'être spirituellement proches de ces millions d'êtres qui sont victimes de la faim à travers le monde entier. Tandis que nous marchions en silence, nous avons réfléchi au chemin que parcourt la famille humaine : soit dans l'hostilité, si nous ne savons pas nous accepter les uns les autres avec amour ; soit comme une route commune vers notre haute destinée, si nous comprenons que les autres sont nos frères et nos sœurs. Le fait même que, de diverses régions du monde, nous soyons venus à Assise est en soi un signe de ce chemin commun que l'humanité est appelée à parcourir. Ou bien nous apprenons à marcher ensemble dans la paix et l'harmonie, ou bien nous partons à la dérive pour notre ruine et celle des autres. Nous espérons que ce pèlerinage à Assise nous aura réappris à prendre conscience de l'origine commune et de la destinée commune de l'humanité. Puissions-nous y voir une préfiguration de ce que Dieu voudrait que soit le cours de l'histoire de l'humanité : une route fraternelle sur laquelle nous nous accompagnons les uns les autres vers la fin transcendante qu'il établit pour nous. Prière, jeûne, pèlerinage.

Cette journée à Assise nous a aidés à devenir plus conscients de nos engagements religieux. Mais elle a aussi donné au monde, qui nous regarde à travers les médias, une plus grande conscience de la responsabilité de chaque religion en ce qui concerne les problèmes de la guerre et de la paix.
Peut-être plus que jamais auparavant dans l'histoire, le lien intrinsèque qui unit une attitude religieuse authentique et le grand bien de la paix est devenu évident pour tous.
Quel poids terrible à porter pour des épaules humaines ! Mais, en même temps, quelle vocation merveilleuse et exaltante à suivre !
Bien que la prière soit en elle-même une action, cela ne nous dispense pas de travailler pour la paix. Ici, nous agissons comme les hérauts de la conscience morale de l'humanité en tant que telle, de l'humanité qui désire la paix, qui a besoin de la paix.

Il n'y a pas de paix sans un amour passionné de la paix. Il n'y a pas de paix sans une volonté farouche de réaliser la paix.
La paix attend ses prophètes. Ensemble, nous avons rempli nos yeux de visions de paix : elles libèrent des énergies pour un nouveau langage de paix, pour de nouveaux gestes de paix, des gestes qui brisent l'enchaînement fatal des divisions héritées de l'histoire ou engendrées par les idéologies modernes.
La paix attend ses bâtisseurs. Tendons la main à nos frères et à nos sœurs pour
les encourager à bâtir la paix sur les quatre piliers que sont la vérité, la justice, l'amour et la liberté [cf. Jean XXIII Pacem in terris].
La paix est un chantier ouvert à tous et pas seulement aux spécialistes, savants et stratèges. La paix est une responsabilité universelle : elle passe par mille petits actes de la vie quotidienne. Par leur manière journalière de vivre avec les autres, les hommes font leur choix pour ou contre la paix. Nous remettons la cause de la paix spécialement aux jeunes. Que les jeunes aident à libérer l'histoire des fausses routes où se fourvoie l'humanité !
La paix n'est pas seulement entre les mains des individus, mais aussi des nations. Aux nations revient l'honneur de fonder leur action pacificatrice sur la conviction que la dignité humaine est sacrée et sur la reconnaissance de l'indiscutable égalité des hommes entre eux. Nous invitons instamment les responsables des nations et des organisations internationales à susciter inlassablement des structures de dialogue partout où la paix est menacée ou déjà compromise.
Nous apportons notre soutien à leurs efforts souvent harassants pour maintenir ou rétablir la paix. Nous renouvelons pleinement nos encouragements à l'ampleur et à la grandeur de sa mission universelle de paix.

En réponse à l'appel que j'ai lancé depuis Lyon en France,le jour où les catholiques célèbrent la fête de Saint François, nous espérons que les armes se sont tues, que les attaques ont cessé. Cela serait un premier résultat significatif de l'efficacité spirituelle de la prière. En fait, cet appel a retenti en beaucoup de cœurs et sur beaucoup de lèvres, partout dans le monde, particulièrement là où les hommes souffrent de la guerre et de ses conséquences.
Il est vital de choisir la paix et les moyens de l'obtenir. La paix, si fragile de nature, exige que l'on veille sur elle constamment et intensément. Sur ce chemin, nous avancerons à pas sûrs et redoublés, car jamais sans doute comme aujourd'hui les hommes n'ont disposé d'autant de moyens pour construire une vraie paix. L'humanité est entrée dans une ère d'irrésistible solidarité et d'insatiable faim de justice sociale. C'est notre chance. C'est aussi une tâche que la prière nous aide à assumer.

Ce que nous avons fait aujourd'hui à Assise, en priant et en témoignant de notre engagement pour la paix, nous devons continuer à le faire chaque jour de notre vie. Car ce que nous avons fait aujourd'hui est vital pour le monde. Si le monde doit continuer, et si les hommes et les femmes doivent y survivre, le monde ne peut pas se passer de la prière. C'est la leçon permanente d'Assise : c'est la leçon de saint François qui a incarné un idéal attirant pour nous ; c'est la leçon de sainte Claire, la première de ses disciples. Cet idéal est fait de douceur, d'humilité, d'un sens profond de Dieu, et de l'engagement à servir tous ses frères. Saint François était un homme de paix. Nous nous rappelons qu'il abandonna la carrière militaire qu'il avait suivie un temps dans sa jeunesse, il découvrit la valeur de la pouvreté, la valeur de la vie simple et austère, dans l'imitation de Jésus-Christ qu'il désirait servir. Sainte Claire était, par excellence, la femme de la prière . Son union à Dieu dans la prière soutient aujourd'hui. François et Claire sont des exemples de paix : avec Dieu, avec soi-même, avec tous les hommes et toutes les femmes de ce monde. Que ce saint homme et cette sainte femme inspirent tous les hommes d'aujourd'hui, afin qu'ils aient le même amour de Dieu et du prochain pour continuer sur le chemin où nous devons marcher ensemble !

Marqués par l'exemple de saint François et de sainte Claire, vrais disciples du Christ, convaincus à nouveau par l'expérience de cette Journée que nous avons vécue ensemble, nous nous engageons à réexaminer notre conscience, afin d'entendre plus fidèlement sa voix, de purifier nos esprits des préjugés, de la colère, de l'inimitié, de la jalousie et de l'envie. Nous chercherons à être des artisans de paix en pensée et en action, l'esprit et le cœur tendus vers l'unité de la famille humaine. Et nous appelons nos frères et nos sœurs qui nous entendent à en faire de même.
Nous faisons cela en étant conscients de nos limites humaines et du fait que, laissés à nous-mêmes, nous échouerions. C'est pourquoi nous réaffirmons et nous reconnaissons que l'avenir de notre vie et la paix dépendent toujours du don que Dieu nous fait. Dans cet esprit, nous voudrions que les responsables du monde sachent que nous implorons humblement Dieu pour la paix. Mais nous leur demandons aussi de reconnaître leurs responsabilités et de renouveler leur engagement à travailler avec courage et inspiration.

Permettez-moi de me tourner vers chacun de vous, représentants des Églises et des Communautés ecclésiales chrétiennes et des religions du monde, vous qui êtes venus à Assise pour cette Journée de prière, de jeûne et de pèlerinage.
A nouveau, je vous remercie d'avoir accepté mon invitation à venir ici pour cet acte qui porté témoignage devant le monde.
Je remercie aussi tous ceux qui ont rendu possible notre présence ici, en particulier nos frères et sœurs d'Assise.
Et par-dessus tout, je remercie Dieu, le Dieu et Père de Jésus-Christ, pour cette Journée de grâce pour le monde, pour chacun de vous, et pour moi-même.
Je le fais avec les paroles attribuées à saint François :
« Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix: / Là où se trouve la haine, que je mette l'amour ; / Là où se trouve l'offense, que je mette le pardon; / Là où se trouve le doute, que je mette la foi ; / Là où se trouve le désespoir, que je mette l'espérance ; / Là où se trouvent les ténèbres, que je mette la lumière ; / Là où se trouve la tristesse, que je mette la joie. / O divin Maître, fais que je ne cherche pas tant à être consolé qu'à consoler ; / à être compris qu'à comprendre ; / à être aimé qu'à aimer ; / car c'est en donnant que nous recevons ; / c'est en pardonnant que nous sommes pardonnés, / et c'est en mourant que nous naissons à la vie éternelle. »
©Libreria Editrice Vaticana, 00120 Città del Vaticano

Pour citer cet article

His Holiness John Paul II, Jean-Paul II à la rencontre d'Assise , «Oasis» [en ligne], 4 | Septembre 2006, en ligne le 08 juin 2009 consulté le 01 mars 2011.
URL: http://www.oasiscenter.eu/node/3041
©2009 Fondazione Internazionale Oasis C.


Dernière édition par Hercule le Jeu 21 Avr - 16:15, édité 3 fois
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Message par Her Mar 1 Mar - 15:03

http://fr.wikipedia.org/wiki/Rencontre_d'Assise

Rencontre d'Assise
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La rencontre entre François d'Assise et le sultan Al-Kamel, qui a fasciné les générations suivantes, explique le choix du lieu des rencontres interreligieuses.
La rencontre d'Assise est le nom sous lequel l'histoire a retenu la journée mondiale de prière ayant eu lieu le 27 octobre 1986 à Assise, à l'invitation du pape Jean-Paul II pour inviter toutes les grandes religions du monde à prier pour la paix. Cette rencontre, manifestant une forme alors inédite du dialogue interreligieux, sera suivie d'une nouvelle journée de prière en 1993, une troisième se déroule en 2002, et une autre est prévue en 2011.
Sommaire
1 Les différentes rencontres
2 Objectif et déroulement
3 Réception et critiques
3.1 Réactions de la hiérarchie de l'Église
3.2 Les critiques intégristes
4 Suites
5 Notes et références
[modifier]Les différentes rencontres

La première rencontre d’Assise créée la surprise par son caractère inédit ; elle est annoncée par le pape Jean-Paul II le 25 janvier 1986 à l'occasion de l’année internationale de la paix proclamée par l’ONU, dans le contexte de la guerre froide et de la guerre du Liban. La rencontre a lieu le 27 octobre suivant et réunit 130 responsables religieux du monde entier1,2.
La deuxième rencontre, en 1993, se déroule sur fond de conflits dans les pays de l'ex-Yougoslavie.
La troisième rencontre, annoncée le 29 janvier 2002, se place dans une période de tensions internationales consécutives aux attentats du 11 septembre 2001, et voit la présence de 29 leaders religieux de pays musulmans3.
[modifier]Objectif et déroulement

Lors de la rencontre de 1986, dans son discours d'accueil, Jean-Paul II, délimite soigneusement les objectifs de celle-ci. Il s'agit pour les différentes religions du monde de viser à satisfaire les aspirations des hommes à la paix, mais en évitant toute idée de syncrétisme :
« Le fait que nous soyons venus ici n'implique aucune intention de chercher un consensus religieux entre nous, ou de mener une négociation sur nos convictions de foi. Il ne signifie pas non plus que les religions peuvent être réconciliées sur le plan d'un engagement commun, dans une concession au relativisme en matière de croyances religieuses, car tout être humain doit suivre honnêtement sa conscience droite avec l'intention de rechercher la vérité et de lui obéir. Notre rencontre atteste seulement, et c'est là sa grande signification pour les hommes de notre temps, que, dans la grande bataille pour la paix, l'humanité, avec sa diversité même, doit puiser aux sources les plus profondes et les plus vivifiantes où la conscience se forme et sur lesquelles se fonde l'agir moral des hommes. »
Le pape souligne aussi la nécessité de la prière « pour que le monde puisse enfin devenir un lieu de paix véritable et permanente ».4.
Après ces mots d'accueil, les représentants des différentes religions vivent des temps de prière séparés, chacun selon sa propre tradition. Les représentants des différentes confessions chrétiennes se retrouvent à la cathédrale San Rufino pour un temps de prière œcuménique et de partage de la Parole1. Dans l'après-midi, les délégations se retrouvent sur l'esplanade de la basilique, pour présenter leur prière en présence des autres délégations. Mais conformément à la formule rappelée avec insistance « non pas prier ensemble, mais être ensemble pour prier », il est pris soin de séparer les différentes prières par des temps de silence2.
[modifier]Réception et critiques

[modifier]Réactions de la hiérarchie de l'Église
Le cardinal Roger Etchegaray, principal organisateur, enthousiasmé par l'"esprit d'Assise", souligne l'originalité et l'exemplarité de la journée de prière, qu'il qualifie de "hapax". Regrettant la permanence des accusations de syncrétisme, qu'il juge infondées vu les précautions prises, il insiste à nouveau sur l'intention du pape : « L'angoisse de la paix entre les hommes et entre les peuples nous poussait "à être ensemble pour prier mais non à prier ensemble" ». Le prélat voit également dans cette rencontre l'occasion d'une redécouverte radicale de l'unité de l'humanité, et la réaffirmation de la présence mystérieuse de l'Esprit-Saint dans le cœur de tout homme5.
Le cardinal Joseph Ratzinger a eu une position critique à l'égard de la première rencontre d'Assise, craignant qu'on puisse y voir une affirmation de l'égalité des religions et n'a pas pris part à cette réunion. La rédaction par la congrégation pour la doctrine de la foi, dont il est alors préfet, de la déclaration Dominus Iesus, réaffirmant que l'Église est seule source de salut pour l'humanité, est souvent citée comme une réponse aux risques d'équivoque6. Le cardinal Ratzinger participe pour la première fois aux rencontres d'Assise lors de leur troisième édition, en 2002. Il en dressera à son tour un portrait élogieux, mais soulignant qu'« il ne s'agissait d'affirmer une égalité des religions, qui n'existe pas. Assise a été plutôt l'expression d'un chemin, d'une recherche, du pèlerinage pour la paix qui ne l'est que si elle est unie à la justice ». Il voit dans ces rencontres un chemin de purification pour tous, chrétiens compris, dans lequel « nous ne devons pas craindre de perdre notre identité: c'est justement alors que nous la trouvons »7.
[modifier]Les critiques intégristes
En août 1986, l'évêque intégriste Marcel Lefebvre (frappé de suspense depuis 1976), dans une lettre envoyée à huit cardinaux, fustige la rencontre d'Assise et leur demande une protestation publique. Il évoque un « scandale incalculable dans les âmes des catholiques », qui « ébranle l'Église dans ses fondements » et accuse Jean-Paul II de « ruiner la foi catholique, publiquement », par cet « abominable Congrès des Religions ».
Les rencontres ultérieures entraîneront des condamnations d'une tonalité analogue de la part de la Fraternité Saint-Pie X, qui appuie fréquemment ses critiques sur l'encyclique Mortalium Animos par laquelle le pape Pie XI avait condamné les tendances au panchristianisme dans le mouvement œcuménique moderne 8. Mais des revues de réflexion catholiques réfutent cet argument, mentionnant que Pie XI a lui même appelé tous les hommes à prier pour la paix en 1932, dans son encyclique Caritate Christi, au nom de la fraternité universelle des hommes qui sont tous enfants de Dieu. Il renouvelle un appel analogue en 1937 dans l'encyclique Divini Redemptoris : « Contre le violent effort de la puissance des ténèbres pour arracher des cœurs des hommes l'idée même de Dieu, Nous espérons beaucoup qu'aux chrétiens viendront se joindre tous ceux — et ils forment la plus grande partie de l'humanité — qui croient que Dieu existe et qui l'adorent. »9.
[modifier]Suites

Au cours des Rencontres annuelles de paix, des membres des religions les plus diverses ou de la non-croyance se réunissent pour entamer un dialogue en profondeur, sans confondre leur identité particulière, mais rassemblés par un désir de paix enraciné dans chacune des traditions respectives.
Du côté catholique, dans les années qui suivirent, la communauté de Sant'Egidio a poursuivi depuis 1987 un véritable pèlerinage à travers les principales villes européennes, maintenant vivant « l'esprit d'Assise ».


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Message par Her Mar 1 Mar - 15:04

BUREAU DES CÉLÉBRATIONS LITURGIQUES DU SOUVERAIN PONTIFE

INDICATIONS LITURGIQUES ET PASTORALES
SUR LE JEÛNE ET LA PRIÈRE POUR LA PAIX
EN VUE DE PRÉPARER LA RENCONTRE
DU 24 JANVIER 2002 À ASSISE



Après la graves attentats perpétrés le 11 novembre 2001 aux États-Unis d’Amérique, le Saint-Père a exprimé à maintes reprises sa condamnation de ces actes terroristes et sa préoccupation pour les conséquences des actions militaires qui ont lieu en Afghanistan. L’Église prie et invite à agir afin que l’amour l’emporte sur la haine, la paix, sur la guerre, la vérité, sur le mensonge, le pardon, sur la vengeance.

Plus de deux mois après les attentats du 11 septembre, la situation est grave, la tension est très forte, et le trouble des consciences est très répandu. C’est pourquoi, le 18 novembre 2001, à l’occasion de la prière de l’Angélus, le Saint-Père a demandé «aux catholiques que le 14 décembre prochain soit vécu comme un jour de jeûne, au cours duquel nous prierons Dieu avec ferveur afin qu’il accorde au monde une paix stable, fondée sur la justice»1, et il a manifesté l’intention «d’inviter les représentants des religions du monde à se rendre à Assise le 24 janvier 2002, afin de prier pour surmonter les oppositions et promouvoir la paix authentique»2.

Conformément à l’initiative pastorale du Saint-Père, la présente Note entend offrir quelques éléments de réflexion sur le jeûne chrétien (journée du 14 décembre 2001), sur la Veillée de prière (23 janvier 2002) et sur le pèlerinage-prière (24 janvier 2002), ainsi que quelques indications pratiques pour que ces journées se déroulent d’une manière fructueuse.

1. LE JEÛNE CHRÉTIEN

1.1. L’essence du jeûne chrétien

Dans toutes les grandes expériences religieuses, le jeûne occupe une place importante. L’Ancien Testament classe le jeûne parmi les fondements de la spiritualité d’Israël : «Mieux vaut la prière avec le jeûne, et l’aumône avec la justice, que la richesse avec l’iniquité» (Tb 12, 8)3. Le jeûne suppose une attitude de foi, d’humilité, de totale dépendance par rapport à Dieu. On recourt au jeûne pour se préparer à la rencontre avec Dieu (cf. Ex 34, 28; 1 R 19, 8; Dn 9, 3); avant d’affronter une tâche difficile (Jg 20, 26; Est 4, 16) ou pour implorer le pardon d’une faute (cf. 1 R, 21, 27); pour exprimer la souffrance causée par une mésaventure familiale ou nationale (cf. 1 S 7, 6; 2 S 1, 12; Ba 1, 5); mais le jeûne, inséparable de la prière et de la justice, est tourné surtout vers la conversion du cœur, sans laquelle, comme le déclaraient déjà les prophètes (cf. Is 58, 2-11; Jr 14, 12; Za 7, 5-14), il n’a aucun sens.

Poussé par l’Esprit, Jésus, avant de commencer sa mission publique, jeûna quarante jours en signe d’abandon confiant au dessein salvifique de son Père (cf. Mt 4, 1-4); il donna des indications précises pour que chez ses disciples la pratique du jeûne ne se prête pas aux formes dévoyées d’ostentation et d’hypocrisie (cf. Mt 6, 16-18).

Fidèles à la tradition biblique, les Pères ont tenu le jeûne en grand honneur. Selon eux, la pratique du jeûne facilite l’ouverture de l’homme à une autre nourriture, celle de la Parole de Dieu (cf. Mt 4, 4) et de l’accomplissement de la volonté du Père (cf. Jn 4, 34); elle est en liaison étroite avec la prière, elle fortifie la vertu, elle suscite la miséricorde, elle implore le secours divin, elle conduit à la conversion du cœur. C’est de ce double point de vue – l’imploration de la grâce du Très-Haut et la profonde conversion intérieure –, qu’il faut accueillir l’invitation du Pape Jean-Paul II à la journée de jeûne du 14 décembre. En effet, sans l’aide du Seigneur, il sera impossible de trouver une solution à la situation dramatique dans laquelle se trouve le monde; sans la conversion des cœurs, il est difficile d’imaginer la cessation radicale du terrorisme.

La pratique du jeûne est tournée à la fois vers le passé, le présent et l’avenir : le passé en tant que reconnaissance des fautes contre Dieu et contre les frères, dont chacun est marqué; le présent, pour apprendre à ouvrir les yeux sur les autres et sur la réalité qui nous entoure; l’avenir, pour accueillir en nos cœurs les réalités divines et renouveler, à partir du don de la miséricorde de Dieu, la communion avec tous les hommes et avec la création entière, en assumant d’une manière responsable la tâche qui échoit à chacun de nous dans l’histoire.

1.2. Indications pastorales

1.2.1. Il appartient à l’Évêque et à chacun de ceux qui lui sont assimilés par le droit :

- de faire parvenir à tous ceux qui font partie de l’Église particulière dont il est le Pasteur la demande du Saint-Père de se livrer à «un jour de jeûne», d’en faire comprendre le sens, avec la coopération des organismes préposés à la liturgie, au dialogue œcuménique, à la charité, à la justice et à la paix;

- de juger si, dans son Église particulière, il convient d’étendre aux membres d’autres confessions chrétiennes, à des hommes et à des femmes adhérant à d’autres religions, l’invitation que le Saint-Père, par un sens de profond respect, n’a adressée qu’aux catholiques; d’ailleurs, le 14 décembre tombe à la fin du Ramadan, consacré au jeûne par les adeptes de l’Islam;

- de veiller à ce que le jeûne se fasse dans la discrétion voulue par Jésus et vise surtout à obtenir le don de la paix et la conversion du cœur;

- de susciter, le 14 décembre ou un autre jour qui lui soit proche, un sérieux examen de conscience sur l’engagement des chrétiens en faveur de la paix; ils ont toujours cru fermement avec l’Apôtre que «c’est lui, le Christ, qui est notre paix» (Ep 2, 14); mais s’il est vrai que la paix porte le nom de Jésus Christ, il est tout aussi vrai qu’au cours de l’histoire ceux qui se sont glorifiés de son nom n’ont pas toujours témoigné de la destinée ultime de l’homme dans la communion autour du trône de l’Agneau : leurs divisions sont un scandale et un véritable contre-témoignage.

1.2.2. Le «jour de jeûne» ne doit pas être entendu exclusivement selon les formes juridiques prescrites par les Codes de Droit canonique (CIC 1249-1253; CCEO 882-883), mais dans un sens plus large qui entraîne librement tous les fidèles : les enfants, qui renoncent facilement à quelque chose au bénéfice des enfants pauvres de leur âge; les jeunes, très sensibles à la cause de la justice et de la paix; tous les adultes, sauf les malades, sans exclure les personnes âgées.

La tradition locale suggérera la forme à adopter pour le jeûne : un seul repas, ou «au pain et à l’eau», ou attendre le coucher du soleil pour prendre de la nourriture.

1.2.3. De plus, il appartiendra à l’Évêque de fixer une méthode simple et efficace pour que le fruit des privations du jeûne soit reversé aux pauvres, «en particulier à ceux qui souffrent actuellement des conséquences du terrorisme et de la guerre»4.

2. LE PÈLERINAGE ET LA PRIÈRE

2.1. Le sens du pèlerinage et de la prière

Dans les Écritures hébraïques, la conversion est avant tout ceci : revenir de tout son cœur au Seigneur, marcher de nouveau sur ses chemins. C’est pourquoi, selon la tradition et suivant la suggestion du Saint-Père, le jeûne-conversion du 14 décembre 2001 sera accompagné du pèlerinage et de la prière.

L’Église reconnaît au pèlerinage de nombreuses valeurs chrétiennes. Dans la proposition du Saint-Père, en vue de la préparation spirituelle de la rencontre d’Assise, le pèlerinage devient signe du cheminement pénible que tout disciple du Christ est appelé à accomplir pour arriver à la conversion; c’est l’occasion de parcourir de nouveau dans le silence du cœur les chemins de l’histoire; pour nous rappeler que nous allons vraiment vers le Seigneur «non pas en cheminant mais en aimant, et Dieu sera d’autant plus proche de notre cœur que sera plus pur l’amour même qui nous porte vers lui [...]. Ce n’est donc pas avec les pieds mais avec les bonnes mœurs que l’on peut aller vers lui, qui est présent partout»5; pour redécouvrir que tout homme et toute femme, image de Dieu, marche à côté de nous vers une unique destinée : le Royaume.

La prière est un moment fondamental pour emplir par l’écoute de Dieu le «vide» créé en nous par le jeûne purificateur et par le pèlerinage en silence. Il faut en effet partir du cœur de chacun de nous pour bâtir la paix : dans le cœur, Dieu agit et juge, il guérit et sauve. Nous ne devons pas l’oublier : la paix est impossible sans la prière, par laquelle nous prenons acte de ce que «la paix va bien au-delà des efforts humains, particulièrement dans l’état actuel du monde, et, par conséquent, que sa source et sa réalisation doivent être cherchées dans cette réalité qui est au-delà de nous tous»6.

2.2. Indications pastorales

2.2.1. En ce qui concerne le pèlerinage, il appartient au Pasteur de l’Église particulière :

- d’expliquer, avec la collaboration des organismes diocésains, la valeur et le sens du pèlerinage comme préparation immédiate à la rencontre interreligieuse qui aura lieu à Assise le 24 janvier 2002 et sera présidée par le Saint-Père;

- de désigner certains lieux où les fidèles, du 14 décembre 2001 au 24 janvier 2002, pourront se rendre en pèlerinage pour implorer du Seigneur le don de la paix et la conversion du cœur;

- d’organiser, là où ce sera possible et si on le juge opportun, un pèlerinage au niveau de l’Église particulière, présidé par l’Évêque lui-même.

2.2.2. En ce qui concerne la Veillée du 23 janvier, il appartient à l’Évêque :

- d’informer le diocèse du sens de la Veillée elle-même comme préparation spirituelle immédiate à la rencontre d’Assise;

- d’organiser, au niveau de l’Église particulière, une Veillée présidée par lui-même et d’y inviter les membres des autres Confessions chrétiennes; et, le cas échéant tout bien pesé, d’inviter aussi les adeptes d’autres religions, en évitant tout risque de syncrétisme;

- de faire en sorte que la Veillée, célébrée autant que possible dans la soirée, suive en substance le thème proposé pour la semaine de prière pour l’unité des chrétiens («En toi est la source de la vie»); elle devra consister en une Célébration de la Parole, où se succèdent lectures bibliques et ecclésiales, psaumes et textes de prière, moments de silence et chants, selon les schémas propres à tout rite liturgique;

- de s’employer à ce qu’une telle Veillée ait lieu si possible dans toutes les paroisses et les communautés religieuses du diocèse;

- d’encourager les fidèles à suivre le déroulement de la rencontre d’Assise, par la prière et par les médias, en communion fervente avec le Saint-Père.

3. AVENT – NOËL : TEMPS DE PAIX

La période indiquée par le Saint-Père – 14 décembre 2001-24 janvier 2002 – coïncide en grande partie avec le temps de l’Avent et de Noël, un temps où est à maintes reprises célébré le Christ comme «Prince de la paix» et «Roi de justice et de paix».

Il sera donc facile, sans introduire de changements dans le déroulement du cycle liturgique, de mettre en lumière, en harmonie avec les intentions du Saint-Père, le thème de la paix, la paix universelle, la paix fruit de la justice. Dans toutes les églises chrétiennes de l’univers, au cœur de la nuit de Noël, résonne le cantique des Anges : «Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’il aime» (Lc 2, 14). Ce n’est pas sans raison que Paul VI a décidé que le 1er janvier, jour octave de Noël, soit célébrée aussi la Journée mondiale de la Paix : c’est une disposition qui, le 1er janvier 2002, étant donné le caractère dramatique du moment et l’actualité du message du Saint-Père «Il n’y a pas de paix sans justice, il n’y a pas de justice sans pardon», devra être observée avec une attention particulière.

Le 1er janvier est célébrée la solennité de Sainte Marie, Mère de Dieu, Mère de Celui «qui est notre paix» (Ep 2, 14) et que le peuple chrétien invoque à juste titre comme «Reine de la paix», à laquelle le Saint-Père a confié «dès à présent ces initiatives [...], en lui demandant de bien vouloir soutenir nos efforts, ainsi que ceux de l’humanité tout entière, sur la voix de la paix»7.

______________________________

1 N. 2 : L’Osservatore Romano (19-20 novembre 2001), p. 1; La Documentation catholique 98 (2001), p. 1028.
2 Ibid.
3 Depuis de nombreux siècles, à la Messe du mercredi des Cendres, qui commence le Carême, la Liturgie romaine proclame l’Évangile de Matthieu 6, 1-6. 16-18, qui propose l’enseignement de Jésus sur l’aumône (miséricorde), la prière et le jeûne. Ils sont inséparables. «Prière, miséricorde, jeûne, les trois ne font qu’un et se donnent mutuellement la vie. En effet, le jeûne est l’âme de la prière, la miséricorde est la vie du jeûne. Que personne ne les divise : les trois ne peuvent se séparer» (S. Pierre Chrysologue, Homélie sur la prière, le jeûne et l’aumône, 43 : PL 52, 320).
4 Angélus (18 novembre 2001), n. 2 : L’Osservatore Romano (19-20 novembre 2001), p. 1; La Documentation catholique 98 (2001), p. 1028 : «Donnons en aumône ce que nous économisons en jeûnant et abstenons-nous des aliments habituels» (S. Augustin, Discours 209, 2 : NBA XXX/1, p. 162).
5 S. Augustin, Lettre 155, 4, 13 : NBA XXII, p. 574.
6 Jean-Paul II, Discours final de la Journée mondiale de prière pour la paix (Assise, 27 octobre 1986), n. 4 : La Documentation catholique 83 (1986), p. 1080.
7 Angélus (18 novembre 2001), n. 3 : L’Osservatore Romano (19-20 novembre 2001), p. 1; La Documentation catholique 98 (2001), p. 1028.


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Message par Her Mar 1 Mar - 15:18

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JOURNÉE DE PRIÈRE POUR LA PAIX

PAROLES DU PAPE JEAN PAUL II
AU DÉBUT DE LA RENCONTRE
POUR LA JOURNÉE DE PRIÈRE POUR LA PAIX

Assisi, 24 janvier 2002

1. Je vous accueille tous avec joie et je souhaite à chacun d’entre vous la plus cordiale bienvenue. Je vous remercie d’avoir répondu à mon invitation et de participer, ici à Assise, à cette rencontre de prière pour la paix. Elle nous rappelle celle de 1986, dont elle constitue comme un prolongement significatif. Le but est toujours le même, à savoir prier pour la paix : elle est avant tout un don de Dieu qu’il faut implorer avec une insistance pleine de ferveur et de confiance. Dans les moments de plus intense appréhension pour le devenir du monde, on ressent plus vivement le devoir de s’engager personnellement dans la défense et dans la promotion du bien fondamental qu’est la paix.

2. J’adresse un salut spécial au Patriarche œcuménique, Sa Sainteté Bartolomaios Ier, et à ceux qui l’accompagnent; au Patriarche d’Antioche et de tout l’Orient, Sa Béatitude Ignace IV; au Catholicos Patriarche de l’Église Assyrienne de l’Orient, Sa Sainteté Mar Dinkha IV; à l’Archevêque de Tirana, Durrës et de toute l’Albanie, Sa Béatitude Anastas; aux délégués des Patriarches d’Alexandrie, de Jérusalem, de Moscou, de Serbie, de Roumanie; des Églises orthodoxes de Bulgarie, de Chypre, de Pologne; aux délégués des antiques Églises de l’Orient : le Patriarcat syro-orthodoxe d’Antioche, l’Église apostolique arménienne, le Catholicossat arménien de Cilicie, l’Église orthodoxe d’Éthiopie, l’Église orthodoxe syrienne du Malankar; je salue le Représentant de l’Archevêque de Cantorbéry, Sa Grâce George Carey; les nombreux représentants des Églises et Communautés ecclésiales, des Fédérations, des Alliances chrétiennes d’Occident; le Secrétaire général du Conseil œcuménique des Églises; les Représentants du Judaïsme mondial, qui ont adhéré à cette Journée spéciale de prière pour la paix.

3. De même, je désire exprimer une cordiale bienvenue aux délégués des différentes confessions religieuses: aux représentants de l’Islam, venus ici de l’Albanie, de l’Arabie Saoudite, de la Bosnie, de la Bulgarie, de l’Égypte, de Jérusalem, de la Jordanie, de l’Iran, de l’Irak, du Liban, de la Libye, du Maroc, du Sénégal, des États-Unis d’Amérique, du Soudan, de la Turquie; aux représentants du Bouddhisme, venus de Taïwan et de la Grande-Bretagne, et à ceux de l’Hindouisme, venus de l’Inde; aux représentants de la religion traditionnelle africaine du Ghana et du Bénin, ainsi qu’à ceux qui viennent du Japon en tant que représentants de diverses religions et mouvements; aux représentants Sikhs, de l’Inde, de Singapour et de la Grande-Bretagne; aux délégués du Confucianisme, du Zoroastrisme et du Jaïnisme. Il ne m’est pas possible de nommer tout le monde, mais je voudrais que mon salut n’oublie aucun d’entre vous tous, chers hôtes, que je remercie encore une fois d’avoir accepté de prendre part à cette journée significative.

4. Ma reconnaissance s’étend aux Cardinaux et aux Évêques présents, en particulier au Cardinal Edward Egan, Archevêque de New York, ville si durement touchée lors des tragiques événements du 11 septembre; je salue en outre les représentants des épiscopats des Nations où l’on ressent plus fortement l’exigence de la paix. J’adresse une pensée spéciale au Cardinal Lorenzo Antonetti, Délégué pontifical pour la Basilique patriarcale Saint-François d’Assise, et aux chers Frères mineurs conventuels qui, comme toujours, nous offrent un accueil généreux et une hospitalité familiale.

Avec déférence, je salue le Président du Conseil italien, Monsieur Silvio Berlusconi, le Ministre pour les Infrastructures et les Transports, et les autres Autorités qui nous honorent de leur présence, ainsi que les Forces de Police et tous ceux qui déploient tous leurs efforts pour assurer le bon déroulement de cette journée.

Enfin, mon salut s’étend à vous tous, chers Frères et Sœurs ici présents, et spécialement à vous, chers jeunes qui avez veillé toute la nuit. Dieu veuille que la rencontre de ce jour fasse naître des fruits de paix pour le monde entier, ce que nous souhaitons tous ardemment !


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Message par Her Mar 1 Mar - 15:19

JOURNÉE DE PRIÈRE
POUR LA PAIX DANS LE MONDE

DISCOURS D'INTRODUCTION
DU CARD. FRANÇOIS XAVIER NGUYÊN VAN THUÂN

Jeudi 24 janvier 2002


"Qu'ils sont beaux, sur les montagnes, les pieds du messager qui annonce la paix, du messager de bonnes nouvelles".

Comme il est beau et réconfortant que la convocation solennelle pour la paix, ait trouvé en vous tous ici présents une réponse généreuse et disponible, en vous qui vous engagez déjà quotidiennement pour la paix. Nous sommes ici réunis, en réponse à une invitation de Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II, pour témoigner face aux hommes et aux femmes de bonne volonté, dans un engagement commun et dans la prière propre à chaque confession religieuse, de la volonté de surmonter les oppositions entre les peuples en faveur d'une authentique promotion de la paix. Dans l'esprit de la première convocation d'Assise, nous accueillons l'invitation à proclamer face au monde que la religion ne doit jamais devenir le prétexte de conflits, de haines et de violences, tels que notre époque connaît à nouveau. En ce moment historique, l'humanité a besoin de voir des gestes de paix et d'entendre des paroles d'espérance.

Les pieds du messager qui annonce la paix seront encore plus beaux lors-que, après l'avoir proclamée solennellement sur les flancs du mont Subasio, chacun de nous repartira pour la proclamer et la vivre dans la pluralité de la vie quotidienne d'autres montagnes, villes et villages.


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Message par Her Mar 1 Mar - 15:25

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JOURNÉE DE PRIÈRE POUR LA PAIX
DISCOURS DU PAPE JEAN PAUL II

Assisi, 24 janvier 2002

1. Nous sommes venus à Assise en pèlerinage de paix. Nous sommes ici, en tant que représentants des différentes religions, pour nous interroger devant Dieu sur notre engagement en faveur de la paix, pour Lui demander de nous en faire le don, pour témoigner de l’ardent désir que nous avons tous d’un monde plus juste et plus solidaire.

Nous voulons apporter notre contribution pour éloigner les nuages du terrorisme, de la haine, des conflits armés, nuages qui se sont particulièrement accumulés ces derniers mois à l’horizon de l’humanité. C’est pourquoi nous voulons nous écouter les uns les autres : c’est déjà là – nous le sentons – un signe de paix. C’est déjà là une réponse aux questions inquiétantes qui nous préoccupent. Cela sert déjà à dissiper les ombres du soupçon et de l’incompréhension.

On ne dissipe pas les ténèbres avec les armes; on éloigne les ténèbres en allumant des sources de lumière. Il y a quelques jours, je rappelais au Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège que la haine ne peut être vaincue que par l’amour.

2. Nous nous rencontrons à Assise, où tout parle d’un singulier prophète de la paix appelé François. Il est aimé non seulement des chrétiens mais aussi de beaucoup d’autres croyants et de personnes qui, tout en étant loin de la religion, se reconnaissent dans l’idéal de justice, de réconciliation, de paix, qui fut le sien.

Ici, le Poverello d’Assise nous invite avant tout à lancer un chant de gratitude à Dieu pour tous ses dons. Nous louons Dieu pour la beauté du cosmos et de la terre, «jardin» merveilleux qu’il a confié à l’homme pour qu’il le cultive et le garde (cf. Gn 2, 15). Il est bon que les hommes se rappellent qu’ils se trouvent sur un «parterre» de l’immense univers, créé pour eux par Dieu. Il est important qu’ils se rendent compte que ni eux ni les questions pour lesquelles ils se fatiguent tant ne sont «tout». Seul Dieu est «tout», et c’est à Lui que chacun devra, à la fin, se présenter pour rendre compte.

Nous louons Dieu, Créateur et Seigneur de l’univers, pour le don de la vie et spécialement de la vie humaine, née sur notre planète par un mystérieux dessein de sa bonté. La vie sous toutes ses formes est confiée d’une manière spéciale à la responsabilité des hommes.

Avec un émerveillement chaque jour renouvelé, nous constatons la variété avec laquelle la vie humaine se manifeste, des deux pôles féminin et masculin jusqu’à une multiplicité de dons caractéristiques, propres aux diverses cultures et traditions, qui constituent un univers linguistique, culturel et artistique aux formes et aux facettes multiples. C’est une multiplicité qui est appelée à s’associer par la confrontation et le dialogue pour l’enrichissement et la joie de tous.

Dieu lui-même a placé dans le cœur humain une propension instinctive à vivre en paix et en harmonie. C’est là une aspiration plus intime et plus tenace que n’importe quel instinct de violence, une aspiration que nous sommes venus ensemble réaffirmer ici, à Assise. Nous le faisons en étant conscients d’interpréter le sentiment le plus profond de tout être humain.

L’histoire a connu et continue de connaître des hommes et des femmes qui, précisément en tant que croyants, se sont distingués comme témoins de paix. Par leur exemple, ils nous enseignent qu’il est possible de construire entre les personnes et entre les peuples des ponts pour se rencontrer et cheminer ensemble sur les voies de la paix. Nous voulons tourner nos regards vers eux pour y puiser une inspiration dans notre engagement au service de l’humanité. Ils nous encouragent à espérer que, dans le nouveau millénaire commencé depuis peu, ne manqueront pas non plus des hommes et des femmes de paix, capables de faire rayonner dans le monde la lumière de l’amour et de l’espérance.

3. La paix ! L’humanité a toujours besoin de la paix, mais elle en a besoin plus encore aujourd’hui, après les tragiques événements qui ont ébranlé sa confiance et en présence des foyers persistants de conflits déchirants qui maintiennent le monde dans l’appréhension. Dans le Message du 1er janvier dernier, j’ai mis l’accent sur deux «piliers» sur lesquels la paix s’appuie : l’engagement pour la justice et la disposition au pardon.

La justice, tout d’abord, car il ne peut y avoir de paix véritable sinon dans le respect de la dignité des personnes et des peuples, des droits et des devoirs de chacun, et dans la distribution équitable des profits et des charges entre les individus et entre les collectivités. On ne saurait oublier que des situations d’oppression et de marginalisation sont souvent à l’origine des manifestations de violence et de terrorisme. Et ensuite le pardon, car la justice humaine est exposée à la fragilité et aux limites des égoïsmes individuels et de groupe. Seul le pardon guérit les blessures des cœurs et rétablit en profondeur les rapports humains perturbés.

Il faut de l’humilité et du courage pour s’engager sur ce chemin. Le contexte de la présente rencontre, celui du dialogue avec Dieu, nous donne l’occasion de réaffirmer qu’en Dieu nous trouvons l’union éminente de la justice et de la miséricorde. Dieu est souverainement fidèle à lui-même et à l’homme, même quand l’être humain s’éloigne de Lui. C’est pourquoi les religions sont au service de la paix. Il leur appartient, et il appartient surtout à leurs responsables, de promouvoir parmi les hommes de notre temps une conscience renouvelée de l’urgence de bâtir la paix.

4. Les participants de l’Assemblée interreligieuse qui s’est tenue au Vatican en octobre 1999 l’ont reconnu, affirmant que les traditions religieuses possèdent les ressources nécessaires pour dépasser les divisions et pour favoriser l’amitié réciproque et le respect entre les peuples. À cette occasion, on a aussi constaté que les conflits tragiques ont souvent découlé de l’association injuste de la religion avec des intérêts nationalistes, politiques, économiques ou d’autres types. Une fois encore, nous qui sommes ici réunis, nous affirmons ensemble que celui qui utilise la religion pour fomenter la violence en contredit l’inspiration la plus authentique et la plus profonde.

Il faut donc que les personnes et les communautés religieuses manifestent le rejet le plus net et le plus radical de la violence, de toute violence, à commencer par celle qui prétend se parer de religiosité, allant jusqu’à faire appel au nom très saint de Dieu pour offenser l’homme. Offenser l’homme revient en définitive à offenser Dieu. Aucune finalité religieuse ne peut justifier la pratique de la violence de l’homme sur l’homme.

5. Je m’adresse maintenant de manière particulière à vous, Frères et Sœurs chrétiens. Notre Maître et Seigneur Jésus Christ nous appelle à être des apôtres de paix. Lui-même a fait sienne la règle d’or connue de la sagesse antique: «Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le vous-mêmes pour eux» (Mt 7, 12; cf. Lc 6, 31) et le commandement de Dieu à Moïse: «Aime ton prochain comme toi-même» (cf. Lv 19, 18; Mt 22, 39 et parallèles), les portant à leur achèvement dans le commandement nouveau: «Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres» (Jn 13, 34).

Par sa mort sur le Golgotha, il a imprimé dans sa chair les stigmates de la divine passion pour l’humanité. Témoin du dessein d’amour du Père céleste, il est devenu «notre paix, lui qui de deux réalités n’en a fait qu’une, détruisant la barrière qui les séparait, supprimant la haine» (Ep 2, 14).

Avec François, le saint qui a respiré l’air de ces collines et qui a parcouru ces régions, nous fixons notre regard sur le mystère de la Croix, l’arbre du salut baigné dans le sang rédempteur du Christ. L’existence du Poverello, de sainte Claire et d’innombrables autres saints et martyrs chrétiens a été marquée par le mystère de la Croix. Leur secret fut précisément ce signe victorieux de l’amour sur la haine, du pardon sur la vengeance, du bien sur le mal. Nous sommes invités à avancer sur leurs traces, pour que la paix du Christ devienne un ardent et incessant désir de la vie du monde.

6. Si la paix est un don de Dieu et a sa source en Lui, où est-il possible de la chercher et comment pouvons-nous la construire si ce n’est dans un rapport intime et profond avec Lui ? Bâtir la paix dans l’ordre, dans la justice et dans la liberté requiert donc l’engagement prioritaire de la prière, qui est ouverture, écoute, dialogue et en dernier ressort union avec Dieu, source originelle de la paix véritable.

Prier ne signifie pas s’évader de l’histoire ni des problèmes qui s’y présentent. Au contraire, cela consiste à choisir d’affronter la réalité non pas seul, mais avec la force qui vient d’en haut, la force de la vérité et de l’amour, dont la source ultime est en Dieu. Face aux pièges du mal, l’homme religieux sait qu’il peut compter sur Dieu, volonté absolue de bien; il sait qu’il peut le prier pour obtenir le courage d’affronter les difficultés, même les plus dures, avec sa responsabilité personnelle, sans céder au fatalisme ou à des réactions impulsives.

7. Frères et Sœurs venus ici de différentes parties du monde ! Nous nous rendrons tout à l’heure dans les lieux prévus afin d’implorer de Dieu le don de la paix pour l’humanité entière. Nous demanderons qu’il nous soit donné de reconnaître la voie de la paix, des justes rapports avec Dieu et entre nous. Nous demanderons à Dieu d’ouvrir les cœurs à la vérité sur Lui et sur l’homme. Le but est unique et l’intention est la même, mais nous prierons selon des formes diverses, respectant les traditions religieuses de chacun. Dans cela aussi, il y a au fond un message: nous voulons montrer au monde que l’élan sincère de la prière ne pousse pas à l’opposition et moins encore au mépris de l’autre, mais à un dialogue constructif, dans lequel chacun, sans verser en aucune manière dans le relativisme ni dans le syncrétisme, prend une conscience plus vive du devoir du témoignage et de l’annonce.

Il est temps de dépasser résolument les tentations d’hostilité qui n’ont pas manqué dans l’histoire, même religieuse, de l’humanité. En réalité, lorsqu’elles se réclament de la religion, elles en expriment un aspect profondément immature. En effet, le sentiment religieux naturel conduit à percevoir de quelque manière le mystère de Dieu, source de la bonté, et cela constitue une source de respect et d’harmonie entre les peuples. C’est même dans ce sentiment que réside le principal antidote contre la violence et les conflits (cf. Message, n. 14).

Aujourd’hui encore, comme le 27 octobre 1986, Assise devient de nouveau le «cœur» d’une foule immense qui invoque la paix. À nous s’unissent de nombreuses personnes qui, depuis hier jusqu’à ce soir, dans les lieux de culte, dans les maisons, dans les communautés, à travers le monde entier, prient pour la paix. Ce sont des personnes âgées, des enfants, des adultes et des jeunes: tout un peuple qui ne se lasse pas de croire à la force de la prière pour obtenir la paix.

Que la paix demeure spécialement dans le cœur des nouvelles générations ! Jeunes du troisième millénaire, jeunes chrétiens, jeunes de toutes les religions du monde, je vous demande d’être, comme François d’Assise, des «sentinelles» dociles et courageuses de la paix véritable, fondée sur la justice et sur le pardon, sur la vérité et sur la miséricorde !

Avancez vers l’avenir en tenant haute la flamme de la paix ! Le monde a besoin de sa lumière.


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Notre Pape Benoît XVI - Le 27-10-2011, 25° Anniversaire de la Prière d'Assise pour la Paix dans le Monde Empty Re: Notre Pape Benoît XVI - Le 27-10-2011, 25° Anniversaire de la Prière d'Assise pour la Paix dans le Monde

Message par Her Mar 1 Mar - 15:25

JOURNÉE DE PRIÈRE
POUR LA PAIX DANS LE MONDE

LES TÉMOIGNAGES POUR LA PAIX DES REPRÉSENTANTS
DES RELIGIONS DU MONDE PRÉSENTS À ASSISE

Jeudi 24 janvier 2002



Dès son arrivée à Assise, le jeudi 24 janvier 2002, le Pape Jean-Paul II s'est rendu Place Saint-François, qui fait face à la basilique homonyme, où il a accueilli les représentants des religions du monde, avec leur délégation. Après le discours du Pape et le discours d'introduction du Cardinal Nguyên Van Thuan, les représentants ont lu dans leur langue respective les témoignages pour la paix:

Intervenants:

Patriarche Oecuménique Sa Sainteté Bartholomaios I

Sa Grâce George Carey Archevêque de Canterbury

Dr. Ishmael Noko (Féderation Luthérienne Mondiale)

Dr. Setri Nyomi (Alliance Mondiale des Eglises Réformées)

Geshe Tashi Tsering (Bouddhisme)

Chef Amadou Gasseto (Religion Traditionelle Africaine)

Didi Talwalkar (Hindouisme)

Sheikh Al-Azhar Mohammed Tantawi (Islam)

Rabbin Israël Singer (Judaïsme)

Chiara Lubich (Eglise Catholique)

Andrea Riccardi (Eglise Catholique)

Patriarche Orthodoxe de Roumanie S. B. Teoctist

Sa Sainteté Bartholomaios I Patriarche Oecuménique

"La véritable paix vient de Dieu" (Saint Jean Chrysostome, P.G., 61, 14).

La paix de Dieu et la paix sur terre ont entre elles une relation de mère à fille.

Notre Seigneur Jésus-Christ "Prince de la paix", selon le prophète Isaïe (9, 6), bien qu'il ait distingué la paix de Dieu de la paix du monde (cf. Jn 14, 27), a appelé bienheureux les artisans de la paix, promettant qu'"ils seront appelés fils de Dieu" (Mt 5, 9).

La paix de Dieu est offerte à celui qui, réconcilié avec Dieu à travers Jésus-Christ, manifeste réellement la communion avec lui à travers l'amour, la vertu, la foi totale et la confiance en lui.
La paix de Dieu est la plus parfaite des bénédictions et se présente comme un élément de stabilité qui guide l'homme (Basile le Grand, P.G. 30, 305). En tant que telle, elle dépasse toute intelligence (cf. Ph 4, 7) et ne connaît pas de fin (cf. Is 9, 7). "Elle s'étend tout au long de chaque siècle, car elle est illimitée et infinie" (Basile le Grand, P.G. 30, 513). Il n'existe pas de paix semblable "si l'on n'est pas parvenu auparavant à la vertu" (Jean Chrysostome, P.G. 62, 73), car elle est le fruit de la grâce, qui opère en ceux qui sont libérés des désirs malveillants et des conflits intérieurs. Les passions malveillantes créent le trouble intérieur, et lorsqu'elles transforment en actes la volonté d'agir, elles provoquent la guerre extérieure (cf. Jc 4, 1).

C'est pourquoi, pour atteindre la paix dans le monde, il faut être en paix avec Dieu, et, par conséquent, avec nous-mêmes et entre nous. La parole du Christ adressée à la ville de Jérusalem "Ah, si en ce jour tu avais compris, toi aussi, le message de paix!" (Lc 19, 42), s'adresse également aujourd'hui au monde entier. Nous avons le devoir, en particulier aujourd'hui, après l'extermination de tant de victimes et les terribles holocaustes, d'établir avant tout les bases spirituelles, mais également économiques et d'autre type, de la paix dans le monde. Et ces bases sont la justice, le respect du caractère sacré de la personne humaine du prochain et de sa liberté et dignité, la réconciliation, la disposition bienveillante et altruiste envers l'homme, et en général envers la vie vertueuse selon Dieu, qui comprend également la justice, la participation équitable de tous aux biens de la terre, de la science et de la technologie. Afin que ne se répète pas pour nos générations et à l'échelle mondiale la destruction, prévue par le Christ et réalisée alors, d'une seule ville, nous devons nous repentir et retourner à Dieu, connaître et accomplir sa sainte volonté. Alors Dieu, qui n'est pas un Dieu de guerre ni de bataille, mais un Dieu de paix, exaucera nos prières et nous donnera, à nous et au monde, également la paix sur terre. En revanche, si nous persistons dans nos passions pécheresses et malveillantes et dans nos aspirations personnelles avides, intéressées et individualistes, les voix de la guerre se feront plus fortes et le malheur frappera la terre et l'humanité.
Que le Seigneur de la paix nous donne sa paix. Ainsi soit-il!
Sa Grâce George Carey Archevêque de Canterbury

Le témoignage de l'Archevêque de Canterbury a été lu par l'Evêque Richard Garrard:

C'est avec une grande joie que je salue les chefs des communautés de foi réunies à Assise à l'invitation de Sa Sainteté Jean-Paul II. Je regrette profondément de ne pas pouvoir être présent parmi vous, en particulier parce que les chefs religieux ont la possibilité d'apporter une contribution véritablement importante à la paix et à la réconciliation dans notre monde, toujours plus instable et dangereux.

Au cours des derniers mois, nous avons constaté une fois de plus combien nous avons besoin les uns des autres. Nous avons connu la violence, la guerre et la haine, et nous avons vu que les erreurs d'une génération peuvent se répéter chez les enfants et les petits-enfants. Nous avons besoin que la grâce de Dieu descende sur nous avec une générosité plus qu'humaine, et nous libère, ainsi que notre prochain, des catastrophes du passé. Il ne s'agit pas d'un chemin rapide, ni indolore. Là où les personnes ont appris à être hostiles ou méfiantes, il faudra beaucoup pour édifier l'amitié et la confiance. Jésus-Christ, le chef qui a inspiré tous les chrétiens, nous a enseigné que bienheureux sont les affligés, car ils seront consolés. Il nous a dit que bienheureux sont les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde, et que bienheureux sont les artisans de la paix, car ils seront appelés fils de Dieu. Il faut persévérer dans l'espérance, et ne pas se laisser gagner par le désespoir.

Les communautés religieuses, tout comme les chefs religieux, doivent s'engager dans une tâche très délicate et difficile. En dépit de nos imperfections, nous sommes témoins de la bonté de Dieu. Nous nous efforçons de prononcer des paroles de vérité, d'amour et de pardon, en demeurant fermement enracinés dans ce qui est le bien. Nous reconnaissons que nos traditions peuvent être sujettes à des déviations pour diviser les personnes, au lieu de les réunir. Nous nous sommes parfois définis à partir de ce qui nous divise, plutôt que de ce qui nous unit. Nous reconnaissons que nous nous sommes mal compris et que nous nous sommes blessés les uns les autres; c'est pourquoi nous devons édifier notre paix sur le besoin d'accueillir le pardon et de l'offrir.

Toutefois, nos préoccupations doivent être dans le même temps pratiques, et pas seulement orantes et prophétiques. Nous ne pouvons proclamer la liberté aux prisonniers sans libérer les pauvres d'une dette opprimante. Si nous voulons vivre en harmonie avec nos voisins, cela signifie que nous devons donner à manger à ceux qui ont faim et soigner les malades. Si nous nous considérons membres d'une seule famille humaine, nous devons partager avec les nombreuses personnes qui vivent dans la pauvreté les bonnes choses que seuls quelques-uns d'entre nous possèdent. Nous devons le faire d'une manière qui soit honorable pour tous; qui respecte la dignité de tous, et qui nous permette à tous de participer à la vie économique et politique du monde.

Frères et soeurs, même si je ne suis pas présent parmi vous, votre rencontre d'aujourd'hui sera sans aucun doute dans mes pensées et dans mes prières. C'est aujourd'hui un jour qui marque une étape nouvelle de notre voyage, un signe de notre engagement les uns envers les autres, et envers Dieu qui nous guide ensemble vers l'avenir.
Dr. Ishmael Noko (Fédération Luthérienne Mondiale)

Aujourd'hui est un jour au cours duquel nous nous adressons au Seigneur, notre puissante source de vie aux noms multiples, à travers notre prière pour l'avenir du monde. Il s'agit d'une occasion pour réfléchir sur ce que la foi religieuse signifie dans un monde de violence. La question que nous devons nous poser est celle-ci: où est notre fidélité suprême? Comment pouvons-nous rendre témoignage en tout premier lieu à un Dieu qui aime tout le monde, plutôt qu'à un Dieu qui serait lié à certaines allégeances nationales, culturelles et politiques?

Le dialogue interreligieux et les relations entre personnes de fois diverses sont eux-mêmes des expressions de foi véritable en Dieu. Celles-ci bâtissent des ponts de confiance réciproque et de respect, et abattent les murs d'hostilité. Les relations interreligieuses ne peuvent être séparées de leurs implications sociales et politiques. A travers le dialogue, l'examen de conscience, la prière et la réflexion, nous pouvons mieux comprendre et réussir à répondre aux situations de désespoir de nombreuses régions du monde, qui contribuent à fomenter la haine et la violence. Je prie pour qu'à travers ces moyens, nous puissions trouver les voies justes pour soulager la pauvreté, les inégalités économiques, les violations des droits humains, les rapports de force abusifs et les autres injustices qui sont à leur origine et qui sont autant d'éléments qui intensifient ce désespoir.

Dans un monde bouleversé par la férocité des haines alimentées par des fondamentalismes religieux, le dialogue interreligieux jouit d'une attention prioritaire renouvelée. L'objectif ultime d'un tel dialogue, de même que celui de la prière et de la réflexion dans lesquels nous sommes engagés aujourd'hui, est d'écouter ce que Dieu veut nous dire, à travers nos diverses traditions. De cette façon, nous pouvons découvrir la grâce et la volonté de Dieu et rejeter les attitudes qui légitiment les conflits fondés sur la religion.

Les Nations unies qui, à juste titre, ont reçu l'an dernier le Prix Nobel pour la Paix, doivent continuer à devenir davantage ce pour quoi elles ont été conçues à l'origine, afin de pouvoir promouvoir toujours plus la fraternité entre tous les pays, s'engageant à agir et étant capables de le faire de façon décisive en vue de la justice internationale, de la paix et de l'intégrité de la création de Dieu. Le rôle de la diplomatie doit être renforcé pour affronter directement les causes qui sont à l'origine du terrorisme et de la violence. Le but des relations diplomatiques dans la situation actuelle est plus élevé que celui de construire une alliance pour une action militaire. Elles doivent contribuer, dans les faits, à redresser et à panser les injustices du passé, ainsi qu'à édifier des visions communes pour un avenir meilleur.

Une lourde responsabilité pèse à présent sur les hommes politiques du monde, ainsi que sur les communautés religieuses, sur les institutions financières, sur les communautés scientifiques et éducatives, sur les institutions et les bureaux d'information et sur le monde du spectacle. Le monde ne peut plus être simplement un stade de compétition féroce, mais doit être un lieu de recherche de l'avenir commun de l'humanité.

Dans la conjoncture critique actuelle, les Eglises de la Fédération luthérienne mondiale s'efforceront de remplir leur rôle de partenaire en vue de la fraternité humaine et de la justice dans les différentes régions, en particulier à travers le dialogue et l'action commune avec les membres des autres confessions.

A travers le culte et la prière, que tous puissent devenir des instruments à travers lesquels Dieu puisse oeuvrer en vue de la guérison du monde.
Dr. Setri Nyomi (Alliance Mondiale des Eglises Réformées)

Le Bon Samaritain.

Et qui est mon prochain?

En tant qu'Eglises de la Tradition de la Réforme, nous ne pouvons manquer de commencer ce moment de témoignage par la Parole de Dieu. Le récit familier du Bon Samaritain a toujours été raconté en soulignant la main secourable inattendue de celui qui a agi en tant que prochain, souvent sans une profonde analyse des différences religieuses et culturelles existant entre celui qui secourt et celui qui est secouru. Il est intéressant de souligner que notre Seigneur Jésus-Christ a raconté cette histoire en réponse à une question sur les conditions nécessaires pour être sauvé; cette histoire est empreinte d'une attitude d'amour, de respect, d'attention et de partage communautaire avec ceux qui peuvent être d'une culture ou d'une religion totalement différente, plutôt que de passer à côté d'eux, de les ignorer, ou de les traiter en ennemis.

Des récits semblables nous offrent une base pour accomplir notre devoir d'édifier une culture de la paix dans le monde actuel. Malheureusement, aujourd'hui, nous avons hérité d'un monde dans lequel des personnes ayant d'autres motivations (souvent politiques ou économiques) utilisent les religions comme instruments pour leurs guerres privées, conduisant ainsi le monde à un état marqué par l'absence de paix. Si seulement nous pouvions écouter une fois de plus l'histoire du bon Samaritain!

En ce moment de témoignage, nous ne sommes pas seulement ici pour nous plaindre. Nous sommes ici également pour célébrer les bons exemples d'être "un prochain". Nous rappelons avec gratitude l'expérience du Conseil chrétien libérien et du Conseil suprême musulman du Liberia, qui se sont réunis pour former le Comité interconfessionnel. Cela a marqué le début d'un chemin de paix au Liberia. Certes, la paix n'est pas encore totalement une réalité au Liberia, mais la volonté de ces deux Communautés d'oeuvrer ensemble a marqué une importante pierre milliaire et cette décision continue à conduire le Liberia vers un renforcement de la paix. On peut dire la même chose du Sierra Leone. En Indonésie, il est question de communautés dans lesquelles chrétiens et musulmans ont vécu ensemble pendant des années dans la paix, jusqu'à des périodes récentes, où des forces, venant souvent de l'extérieur, ont commencé à opposer les chrétiens et les musulmans les uns contre les autres dans certaines îles. Au cours des derniers mois, nous avons appris que dans les deux communautés, il existe des forces qui désirent se rencontrer pour dialoguer et s'opposer à toute action destructrice. Il s'agit de signes d'espérance que nous devons encourager et pour lesquels nous devons prier.

Notre devoir consiste à prier afin que ces semences de paix continuent de germer. Nous avons besoin de plus de Samaritains qui, inspirés par la foi, décident que les différences religieuses ne devraient pas permettre d'ignorer, ou même de détester, ceux qui sont différents. Nous vivons dans les mêmes communautés sur la même planète. Lorsque nous nous engageons à édifier la paix dans nos communautés, cela n'est pas déloyal à l'égard de nos religions ou même contraire à nos esprits religieux. Un tel engagement fait partie de notre vocation.

Continuons donc à nous unir et à prier pour la paix.


Geshe Tashi Tsering (Bouddhisme)

Puissé-je devenir en tout temps, maintenant et à jamais, un protecteur pour ceux qui n'ont pas de protection, un guide de ceux qui ont perdu leur chemin, un navire pour ceux qui doivent traverser les océans, un pont pour ceux qui doivent franchir les fleuves, un sanctuaire pour ceux qui sont en danger, une lampe pour ceux qui ont besoin de lumière, un refuge pour ceux qui ont besoin d'un abri, un serviteur pour ceux qui sont dans le besoin.

Aussi longtemps que l'espace perdurera, aussi longtemps que les êtres y demeureront, jusqu'alors, puissé-je moi aussi y demeurer avec eux et vaincre les misères du monde.
(Tiré de: Guide à la voie du Bodhisattva, Shantideva).

Chef Amadou Gasseto (Religion Traditionelle Africaine)

L'initiative du Pape Jean-Paul II en faveur de la paix a toujours suscité en moi beaucoup de joie et d'espoir pour notre monde souvent déchiré par la violence et les guerres. L'invitation qui m'a été faite de participer à Assise à la prière pour la paix m'honore grandement et honore tous les fidèles adeptes du Vodun Avélékété dont je suis le grand prêtre. En acceptant de participer à cette prière, je prends l'engagement de promouvoir chez mes fidèles un esprit et un comportement de paix susceptibles d'avoir un impact favorable sur la société béninoise.

Mais je reconnais tout d'abord que la paix est un don que Dieu fait aux hommes. Cependant ce don est laissé à la responsabilité de l'homme appelé par son Créateur à construire la paix en ce monde. C'est une responsabilité universelle qui concerne toute la Création. Pour moi, responsable de la Religion Traditionnelle Vodun, la paix n'est pas possible tant que subsistent des déchirements, des divisions et des antagonismes entre les hommes. Nous devons commencer par nous maîtriser nous-mêmes pour ne pas être auteurs de paroles qui génèrent des sentiments d'opposition, d'exclusion et de violence. Nous devons être responsables de l'esprit que produit nos paroles. Ce devrait être un esprit qui crée la concorde, la convivialité et la fraternité. Alors la paix aura un terrain favorable pour s'instaurer parmi les hommes.

Il y a une chose dont je suis convaincu: la paix dans le monde dépend de la paix entre les hommes. La responsabilité de l'homme dans le monde influe non seulement sur la société mais également sur la Création entière. Quand il n'y a pas la paix entre les hommes, il n'y a pas non plus la paix entre le reste de la Création et l'homme. Les saisons sont perturbées et la terre ne porte plus les semences pour donner de la nourriture aux hommes. Mais quand les hommes travaillent à la paix dans une nation, sa terre devient généreuse et les troupeaux se multiplient pour le plus grand bien de l'homme. C'est une loi de la nature qui vient du Créateur, qui a lié le destin de la Création à la responsabilité de l'homme. C'est pourquoi il est bon d'inviter chaque année les hommes à changer leur coeur en renonçant à la haine, à la violence, à l'injustice. Les responsables des Religions dans le monde ne devraient ni oublier ni négliger cette pratique. Il s'agit de réparer le mal qui a été fait contre la Création par la responsabilité de l'homme, de demander pardon aux esprits tutélaires des zones qui ont été touchées par la violence et par le mal commis par l'homme, de procéder aux sacrifices réparateurs et purificateurs, et de restaurer ainsi la paix. Je déclare que cette purification de la nature est d'une importance capitale pour ramener la paix entre les hommes et le reste de la Création. Dans les temps anciens, aux temps des rois, le Bénin respectait scrupuleusement cette pratique et le pays jouissait de la paix et des bienfaits de la nature. Les chefs des temps actuels doivent s'en soucier. Et nous voulons le leur rappeler après notre retour d'Assise comme actualisation au niveau du Bénin de ce que nous aurons vécu ensemble au niveau mondial en Italie.

Je veux également souligner une chose essentielle: le respect des mânes des ancêtres. Nous devons nous rappeler que les ancêtres qui nous ont précédés dans ce monde ont vécu dans un rapport de respect envers Dieu et la nature pour nous laisser un monde encore habitable et bienfaisant pour l'homme. Le monde tel qu'ils l'ont organisé en leur temps n'est pas parfait en tous points, mais il avait l'avantage de maintenir une grande cohésion entre les hommes et la nature. Des interdits préservaient les sources, les forêts et les zones de renouvellement de la faune et de la flore. Des interdits déterminaient les rapports humains au sein de la famille et de la société. La préservation de l'écosystème et d'un grand équilibre au sein de la société contribuait efficacement à maintenir cette cohésion entre la nature et les hommes. On ne peut parler aujourd'hui de paix sans le respect de ce monde légué par les ancêtres dans une recherche permanente pour l'améliorer en faveur des hommes de notre temps.

Parmi les pratiques sociales que nous ont léguées nos ancêtres sur la terre africaine du Bénin se trouve l'art de la palabre pour régler les conflits interpersonnels et sociaux. On y apprend l'art de savoir respecter son adversaire, de savoir tolérer sa différence et de comprendre les convictions d'autrui. Cette pratique doit inspirer les divers responsables de la paix dans le monde pour qu'ils sachent ramener les antagonistes au dialogue qui seul permet de restaurer la paix dans les coeurs et dans les nations. Rien ne vaut le dialogue qui permet de se séparer dans la compréhension réciproque. On passe alors de la haine à l'estime mutuelle. Ce rôle important de la palabre doit être sauvegardé dans les instances internationales qui décident de la paix entre les nations et dans les nations entre les personnes. La palabre doit nous apporter aujourd'hui son concours pour nous permettre de gérer le monde de notre temps avec toutes ses difficultés qui relèvent toujours de la responsabilité de l'homme. Je viens de proclamer mes convictions religieuses sur mon engagement en faveur de la paix dans mon pays et dans le monde. Et je ne saurais finir ici sans affirmer avec force que la justice et l'amour fraternel demeurent les deux piliers incontournables de la véritable paix entre les hommes. Cette terre d'Italie où je me trouve pour la Rencontre spirituelle d'Assise est une terre de grandes traditions religieuses. Nous, responsables religieux, devons insister dans nos pays sur le respect des autres nations et sur la solidarité entre les peuples. Le problème du développement des pays pauvres, dont le mien, constitue sans doute la plus grande menace contre la paix dans le monde. La solidarité entre les peuples doit conduire à un partage des richesses du monde plus équitable. Les pays développés doivent soutenir les pays moins avancés dans leurs efforts vers le développement. Le commerce international ne doit pas favoriser seulement ceux qui possèdent une économie forte mais respecter l'effort réel de travail et de production de chaque peuple. Le XXIème siècle dans lequel nous sommes entrés doit devenir un siècle de construction d'un monde plus juste et plus fraternel. Les valeurs que nous devons promouvoir en tant que chefs religieux sont celles de l'amour et de la convivialité, dans un monde où nous sommes en réalité tous frères. C'est en oeuvrant ainsi que nous construirons la paix dans notre monde. Que Dieu bénisse la Rencontre d'Assise et qu'il accorde à notre monde la paix.
Didi Talwalkar (Hindouisme)

Permettez-moi de commencer par remercier le Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux, de m'avoir invitée à exprimer ma pensée sur la paix dans le monde. Je me sens véritablement honorée et bénie en présence de Sa Sainteté le Pape.

L'hindouisme est pour moi une profonde source d'inspiration, mais je ne peux prétendre n'être rien de plus qu'une élève d'une tradition plurimillénaire. Je fais donc appel à la compréhension de Sa Sainteté et des autres vénérés frères et soeurs ici réunis.

Diverses significations s'associent à la notion de paix. Pour les penseurs laïcs, la paix est l'absence de violence et la solution de conflits sans violence. Il semble toutefois que ce soit là une compréhension très limitée de la paix. Certes, il est souhaitable qu'il n'y ait pas de violence. Diverses institutions et structures de tout niveau politique, de nombreux groupes de la société civile et religieuse, etc., ont accompli et continuent d'accomplir une oeuvre louable de résolution pacifique des conflits au sein et entre les communautés. Cependant, une fois de plus, ce type de paix est parvenu à un point mort. Jusqu'à présent, nous avons manqué d'une véritable base pour la paix. Selon moi, la paix consiste à maintenir l'équilibre et l'harmonie à l'intérieur et à l'extérieur. Tant que nous n'aurons pas atteint cette forme de compréhension, nous continuerons à être témoins de l'intolérance, de la misère de l'exploitation, des conflits et de l'injustice.

La religion, si elle est correctement comprise, constitue une force motrice qui peut restaurer l'harmonie entre le monde interne et le monde externe. Bien que les religions veulent être - et c'est ce que l'on attend d'elles - une force unificatrice, l'histoire continue de présenter des cas dans lesquels certaines personnes se proclamant les sauveurs de la religion ont placé celle-ci au service du pouvoir et de forces destructrices. Nous avons vu que l'orientation religieuse des personnes peut être souvent corrompue. Le véritable message de la religion n'est pas et ne peut pas être le fanatisme.

Je suis issue d'une culture dans laquelle l'équivalent le plus proche de la religion est ce que nous appelons dharma. ll s'agit d'une tradition universelle qui se réfère à un ordre moral pour définir la relation du "moi" avec l'"autre" et l'énergie divine. Cette interrelation implique un "ordre" qui permet d'étendre la conscience personnelle d'une existence repliée sur soi à une relation avec le divin.

Cette divinisation des êtres humains nous donne le sens de la valeur de notre vie. Je ne suis pas seule à être d'essence divine, mais tout les autres sont également divins par essence, et cela nous unit les uns aux autres sous la paternité de Dieu (vasudhaiva kutumbhakam). En vertu de cette compréhension, les multiples appartenances cessent d'être des sources de conflits. Ce que le Conseil pontifical propose aujourd'hui, constitue un modèle de rapports interreligieux. Il s'agit d'un engagement qui peut ouvrir le dialogue entre les diverses traditions religieuses au développement d'une telle compréhension de l'humanisme spirituel.

Pour moi, qui appartiens à la Swadhyaya parivar (famille), inspirée par le révérend Pandurang Shastru Athawale, cette fraternité universelle est naturelle, car il nous a inculqué l'idée de l'acceptation de toutes les traditions religieuses (sarva dharma sweekaar). Celles-ci ne s'excluent pas les unes les autres. A la base de la Swadhyaya, il y a l'idée d'un Dieu qui habite en tous, et que nous sommes tous fils du même Dieu. En approfondissant l'héritage classique de l'Inde, il a cherché à abattre les barrières entre les hommes et à libérer l'idée de la religion du dogmatisme, de l'isolement et des contraintes. Pour nous, l'engagement dans les réalités sociales, la régénération et la guérison de la communauté ne sont pas des actes de réforme sociale, mais des actes de manifestation de gratitude à l'Etre Suprême. Nous appelons cela bhakti, c'est-à-dire dévotion envers Dieu. Nous l'appelons force sociale, car elle permet à l'individu de surmonter la petitesse, la haine et l'avidité (kshudrata, krodh et lobha). C'est cette transformation de l'homme qui l'aide à transformer les événements quotidiens en énergies de libération des liens de tout type et à surmonter les difficultés, les complexes, les sentiments d'isolement, d'insécurité et d'inutilité. Cela nous permet de passer de la simple défense des droits humains au niveau supérieur de la défense de la dignité humaine et du devoir de l'homme.

Mes vénérés frères et soeurs, de bien plus haut que ma condition dans la société, de cette éminente rencontre, en présence bénie de Sa Sainteté le Pape, j'ose faire appel à l'humanité afin que l'on dépasse l'isolement, que se développe un amour absolu, désintéressé et inconditionnel envers Dieu et sa création pour aller au-delà des situations endémiques de crise. Il ne s'agit pas d'une simple construction théorique. Dans la mesure de nos modestes moyens, nous avons montré qu'il est possible d'atteindre un ordre social. Dans la cause de la paix, ne cessons pas d'avoir recours à chacune de nos ressouces intérieures. Notre dialogue, qui célèbre l'unité de diverses traditions religieuses, n'est pas arrivé trop tôt. D'ici, nous pouvons marcher vers une unité des religions du monde afin que soit sauvegardé un avenir partagé et béni de Dieu.
Mohammed Tantawi Sheikh Al-Azhar (Islam)

Le témoignage du Sheikh Al-Azhar, Mohammed Tantawi a été lu par son représentant, le Dr. Ali Elsamman:

Au nom de Dieu, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.

J'adresse tout d'abord un grand merci à Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II qui réunit aujourd'hui tous les représentants des diverses traditions religieuses, animés par la même ferveur pour construire un monde meilleur. Pour nous éclairer dans ce cheminement vers la paix, la foi musulmane nous donne des rappels que je vais très brièvement vous livrer.

Premièrement

Dieu a créé tous les humains à partir d'un seul père et d'une seule mère. Comme Dieu l'a déclaré dans le Livre Sacré: "Oh vous les hommes! Craignez votre Seigneur qui vous a créés d'un seul être, puis, de celui-ci il a créé son épouse et il a fait naître de ce couple un grand nombre d'hommes et de femmes. Craignez Dieu! Vous vous interrogez à ce sujet et respectez les entrailles qui vous ont porté. Dieu vous observe" (Sourate Les femmes, 1).

Deuxièmement

Toutes les religions monothéistes révélées par Dieu à ses honorables prophètes s'accordent sur deux points essentiels:

- la dévotion au culte du Seul et Unique, comme Dieu l'a dit: "Il a établi pour vous, en fait d'obligation religieuse, ce qu'il avait prescrit à Noé, ce que nous te révélons (Mahomet) et ce que nous avions prescrit à Abraham, à Moïse et à Jésus: Acquittez-vous du culte. Ne vous divisez pas en sectes! Combien paraît dur aux polythéistes ce vers quoi tu appelles! Dieu choisit et appelle à cette religion qui il veut et dirige vers elle celui qui revient repentant à Lui" (Sourate La délibération, 13).

- Le respect des valeurs: Allah a révélé la religion monothéiste pour le bonheur de l'humanité. Les religions prêchent toutes les valeurs de l'éthique comme l'honnêteté, la justice, la paix et la prospérité, ainsi que l'échange de toutes les actions bienfaitrices autorisées par Allah, la coopération entre tous les peuples en faveur du bénévolat et de la piété, et non pour l'offense et l'agression.

Troisièmement

Dieu nous a créés dans cette vie pour que nous nous connaissions les uns les autres, comme il a dit: "Oh vous les hommes! Nous vous avons créés d'un homme et d'une femme. Nous vous avons constitués en peuples et en tribus pour que vous vous connaissiez entre vous. Le plus noble d'entre vous, auprès de Dieu, c'est le plus pieux d'entre vous. Dieu est celui qui sait et qui est bien informé" (Sourate Les appartements privés, 13).

Quatrièmement

Toutes les religions monothéistes prônent que l'être humain soutienne le droit et la justice, restaurant les légitimes propriétaires dans leurs droits.

A cette occasion, Al Azhar Al Sharif a le plaisir de rendre hommage à l'Etat du Vatican pour son honorable soutien à l'égard du peuple palestinien.

Cinquièmement

En Egypte, musulmans et chrétiens ont vécu en tant que frères pendant quatorze siècles, sous un même ciel, sur la même terre, égaux en droit et en responsabilité. Chacun pratique sa foi comme le dit le Saint Coran: pas de contrainte en religion! La voie droite se distingue de l'erreur. Celui qui ne croit pas aux idoles et qui croit en Dieu a saisi l'anse la plus solide et sans fêlure. Dieu est celui qui entend et qui sait tout (Sourate La vache, 256).

Al Azhar et ses oulémas, dans cette journée de prière en commun, adhère avec conviction à l'appel à la paix avec un lien immédiat et inséparable de la justice
Rabbin Israël Singer (Judaïsme)

Vous seul pouviez organiser une rencontre de ce genre. Vous seul, Jean-Paul II pouviez faire en sorte qu'elle ait lieu; et nous, nous devons vous aider à le faire!

"Grande est la paix,
car le nom de Dieu
est appelé Paix"

L'histoire nous a montré que, tandis que les chefs religieux ont toujours parlé de paix, et que les prédicateurs ont prononcé d'innombrables homélies sur le fait que la paix est le but ultime des religions, en réalité, dans la pratique, les religions ont servi à fomenter des milliers de guerres horribles et sanglantes. Les nombreuses guerres combattues en Europe et en Asie entre les principales religions, les batailles conduites tout au long de l'histoire entre des sectes différentes d'une même religion, sont bien connues de tous les étudiants en histoire et en religion. Aujourd'hui encore, les hommes continuent de se battre en Irlande du Nord, à se faire la guerre au Cachemire et au Pakistan, et à se tuer au Moyen-Orient.

Nous sommes tous bien conscients de la façon dont, le 11 septembre de l'an dernier, des personnes atteintes de folie, qui prétendaient agir au nom de la religion, ont lancé trois avions contre les Tours jumelles de New York et le Pentagone, tuant des milliers de personnes en quelques minutes, provoquant ainsi le premier conflit militaire international du XXIème siècle.

Nous, juifs, soulignons que nos traditions religieuses n'accordent pas une place centrale au concept de guerre religieuse. Mais nous ne sommes pas dupes: plusieurs fois au cours de notre passé tragique et sanglant, nous nous sommes défendus et nous avons combattu contre les ennemis lorsque cela était nécessaire. Et lorsque nous avons combattu, nous nous sommes tournés vers nos Ecritures, non pas pour trouver une justification à la guerre, mais comme base religieuse de nos actions. La Bible regorge d'ordres donnés par Dieu aux Juifs de combattre les ennemis lorsque cela est nécessaire. Dans notre tradition, il existe le concept de "lo' tehayyun kol neshamah", de guerres contre des groupes spécifiques, des combats qui doivent être menés sans pitié ni miséricorde. Un thème semblable trouve un écho très profond dans l'impératif religieux constant "mah eni meheh et zakar "amalek"", le commandement de combattre une guerre finale contre le mal ultime, représenté par Amalek, un conflit dans lequel aucun prisonnier n'est capturé et où tous doivent être tués.

Et pourtant, le combat militaire n'est pas le coeur du judaïsme. La Bible juive, la Loi orale, le Talmud, les Midrashim et les Ecrits rabbiniques soulignent tous l'importance de la paix, que ce soit entre nous ou avec nos voisins. Nous, juifs, sommes engagés dans une idéologie, une religion et une philosophie centrées sur les concepts de paix, de bonté et de fraternité, communs aux autres religions du monde, en particulier au christianisme, qui a adopté et adapté de très nombreuses idées juives. Nos Ecritures juives, ainsi que le Nouveau Testament chrétien, enseignent à ne pas nourrir de rancune contre ceux qui nous ont frappés et à rechercher toujours la voie de la conciliation et de l'amour fraternel. Même lorsque nous sommes envoyés pour faire la guerre contre nos ennemis, Dieu nous ordonne de leur offrir en premier lieu l'opportunité de se rendre de façon pacifique, et ce n'est que lorsque la proposition a été rejetée qu'il nous est permis d'utiliser les armes contre eux. En outre, les Prophètes ont placé de façon répétée devant nos yeux une vision de la fin des jours, dans laquelle les épées sont transformées en socs et où toutes les nations vivront en paix.

C'est pourquoi la guerre n'est ni la culture, ni le devoir, ni la mission, ni l'objectif des Juifs. En définitive, cela n'est pas non plus l'objectif des autres religions du monde. Le discours de la paix fait au nom de la religion ne doit pas être abandonné, car il se fonde sur la réalité de tous nos idéaux religieux et il représente le but ultime auquel nous aspirons tous. Nous devons rejeter les déformations des enseignements religieux apparues par le passé, et nous ne pouvons pas répandre l'idée selon laquelle la violence contre les membres d'autres religions ou d'autres sectes religieuses est d'origine religieuse.

Nous devons nous rappeler qu'aucune religion ne nous ordonne de tuer de façon indiscriminée et que ceux qui ont enseigné le contraire l'ont fait en interprétant d'une manière perverse et en déformant les religions au nom desquelles ils parlaient. Le Pape Jean-Paul II a corrigé les abus commis au cours de l'histoire pour justifier la violence commise contre les non-chrétiens.

Ce n'est qu'à travers un dialogue sérieux et un engagement sincère en vue d'une action physique pour la paix de la part des chefs des principales religions, et pas seulement de simples phrases, à travers des sacrifices pour la paix, que nous pourrons commencer à changer la condition humaine actuelle. Le Pape Jean-Paul II a joué un rôle personnel de ce type, à travers ses efforts de réconciliation avec le judaïsme, et il a changé le cours de l'histoire entre chrétiens et juifs. Cela peut sans aucun doute être pour chacun de nous un modèle à suivre, le chemin des pèlerins qui cherchent la paix.

"Le Midrash dit à propos de la prière: les bénédictions ne sont pas complètes, si elles ne contiennent pas en elle le mot PAIX" (Bamidbar Raba).
Chiara Lubich (Eglise Catholique)

Pour nous chrétiens, Jésus est le Dieu de la Paix.

C'est pourquoi l'Eglise catholique fait de la paix l'un de ses objectifs les plus sincères. "Rien n'est perdu avec la paix, Tout peut l'être avec la guerre", s'exclamait Pie XII. Pacem in terris était le titre d'une Encyclique de Jean XXIII. "Jamais plus la guerre" répétait Paul VI à l'ONU. Et Jean-Paul II, après les terribles événements du 11 septembre, indique la voie pour l'atteindre: "Il n'y a pas de paix sans justice, il n'y pas de justice sans pardon".

Toute l'Eglise catholique oeuvre en vue de la paix. Les voies qu'elle poursuit sont nombreuses. A cet égard, les dialogues suivant la voie tracée par le Concile Vatican II, sont très efficaces. Parce qu'ils engendrent la fraternité, ils garantissent la paix.

Ces dialogues sont conduits au niveau universel et dans les Eglises particulières, comme à travers les groupes et les Associations, les Mouvements ecclésiaux et les nouvelles Communautés.

L'Eglise conduit le premier de ces dialogues entre ses fils et ses filles eux-mêmes, en amorçant la communion exigée à tous les niveaux, qui est une garantie de paix.

Elle poursuit un second dialogue irréversible avec les diverses Eglises et Communautés ecclésiales, dialogue qui fait grandir la paix dans la grande famille humaine.

Elle instaure une autre dialogue avec les grandes religions du monde, en s'appuyant sur ce que l'on appelle la "règle d'or" présente dans divers Livres sacrés, qui est exprimée ainsi dans l'Evangile: "Ainsi, tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le vous-mêmes pour eux" (Mt 7, 12). Cette "règle d'or", soulignant le devoir d'aimer ses frères et soeurs, crée des espaces de fraternité universelles dans lesquels règne la paix.

Enfin, elle dialogue et collabore dans plusieurs domaines avec tous ceux qui, bien que sans référence religieuse, sont des hommes et des femmes de bonne volonté avec lesquels il est également possible d'édifier la paix.

Plusieurs expressions, donc, d'un même dialogue qui engendre cette fraternité qui peut devenir, en ce moment historique très difficile, l'âme de la vaste communauté mondiale que, paradoxalement aujourd'hui, les personnes et les gouvernants commencent à appeler de leur voeu.

Andrea Riccardi (Chiesa Cattolica)

"Cet événement (d'Assise) ne pouvait demeurer isolé. Il avait, en effet, une force spirituelle explosive: il était comme une source..." - c'est ce qu'avait écrit Jean-Paul II aux chefs religieux présents à l'une des quinze rencontres internationales qui avaient suivi cette journée mémorable. En 1986, le monde était paralysé par la guerre froide. Mais nous n'avons pas prié en vain à Assise et dans l'esprit d'Assise! Nous avons vu que la prière libère de nouvelles énergies de paix. Des tournants historiques ont eu lieu: les transitions pacifiques du communisme en Europe de l'Est, les réconciliations en Amérique centrale et en Amérique du Sud, en Asie. J'ai vu de près le retour de la justice en Afrique du sud, la paix au Mozambique. De nouvelles énergies d'amour préparent la paix.

A travers sa prière insistante, l'Eglise n'accepte pas que la guerre soit inéluctable. Les artisans de la paix se sont multipliés. Au cours du siècle passé, un grand nombre d'entre eux sont tombés: de leur sang a germé la paix! Leur sang a rejoint celui des missionnaires, de ceux qui sont tombés pour la charité et la justice. Les nouveaux martyrs du XXème siècle témoignent de la force, humble et faible, des chrétiens, qui est plus forte que le mal. Grâce à leur témoignage également, nous ne sommes pas résignés aux pauvretés du monde et à la guerre, mère de toutes les pauvretés.
De nombreux conflits sont encore en cours. L'Eglise ne désespère pas, ni ne se résigne. Elle rappelle la dimension intérieure de la paix. Les artisans de la paix seront appelés fils de Dieu et les humbles hériteront de la terre.

Au début de l'année, les messages pour la Journée mondiale de la paix nous réveillent de notre résignation face à la guerre ou de l'irresponsabilité face au mal. Là où l'Evangile est proclamé et vécu, on apprend à ne pas perdre le grand don de la paix, comme le disait le bienheureux Pape Jean XXIII. Chaque Eglise locale, chaque communauté chrétienne, chaque famille devient le sanctuaire de la paix.

La leçon historique des dernières décennies et de tout le XXème siècle nous dit: la paix est possible et la guerre est une aventure sans retour. En effet, nous, catholiques, avec tous les chrétiens, avec les croyants des grandes religions, avons mieux compris que seule la paix est sainte, jamais la guerre! C'est pourquoi, aujourd'hui, face à la difficulté de ces temps, nous accueillons avec espérance et enthousiasme l'invitation du Pape à ouvrir "le coeur et l'intelligence aux défis qui nous attendent".
Sa Béatitude Théoctiste Patriarche Orthodoxe de Roumanie

S.B. Théoctiste, Patriarche orthodoxe de Roumanie, a envoyé un message qui a été lu par S.E. Joan Salagean, Evêque d'Harghita et Covasna:

Votre Sainteté, Béatitudes, Eminences et Excellences, Messieurs les Représentants des autres religions, illustres auditeurs,

Le Seigneur donnera la force à son peuple, il bénira son peuple par la paix. Les Eglises chrétiennes et les autres religions ont le devoir d'élever ensemble leur voix pour dénoncer les abus des principes moraux et spirituels que toutes les religions affirment et que tous les croyants vivent dans la vie quotidienne.

Parmi ces valeurs spirituelles, la paix occupe une place primordiale, car la manifestation de la foi n'est possible que dans un climat de paix.

Pour les chrétiens, l'Incarnation de Dieu dans la personne du Christ, qui est dans le même temps Homme et Dieu, est un moment de paix et de réconciliation universelle, accompagné par le chant de la voix des Anges qui annoncent cette naissance d'En-Haut: "Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur terre aux hommes qu'il aime".

Avec cette espérance salvifique de la paix venue d'En-Haut, nous saluons l'organisation de la Journée de Prière pour la Paix, initiative de Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II, en cette période de troubles et de préoccupations mondiales, au cours de laquelle les religions doivent nous montrer qu'elles comprennent les phénomènes complexes, qu'elles participent, selon leur modalité spécifique, à la préservation de la création de Dieu et qu'elles élèvent l'homme à la dignité que Dieu lui a conférée.


Dernière édition par Hercule le Mar 1 Mar - 15:29, édité 1 fois
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Message par Her Mar 1 Mar - 15:28




ENGAGEMENT POUR LA PAIX ET DÉPART
ASSISE, 24 janvier 2002



ENTRÉE ET MONITION INTRODUCTIVE



Quand les Délégations ont été accompagnées à leur place Piazza San Francesco, les divers représentants et le Saint Père font leur entrée.
Une exécution musicale a lieu pendant l'entrée.
Le Choeur et l'assemblée chantent le


Chant d'entrée
O QUAM PULCHRI.

Monition d’introduction



Cardinal Francis Arinze

"Ils briseront leurs épées pour en faire des socs et leurs lances pour en faire des serpes" (Is 2, 4)
L'arrivée de notre pèlerinage à Assise a été salué ce matin par le tintement de fête de toutes les cloches de la ville, son d'espérance joyeuse.

L'espérance de la paix s'est ravivée au cours de l'écoute des témoignages et de la prière des divers groupes.

La paix attend d'être confirmée par l'engagement commun que chacun d'entre nous prend face au Dieu vivant, face aux frères et soeurs de sa propre religion, ainsi que des autres, et face au monde entier.

La paix attend de se tourner vers l'avenir de l'humanité et de la création avec un courage renouvelé.
Que la paix soit une bénédiction pour tous.


ENGAGEMENT COMMUN POUR LA PAIX


Quelques frères franciscains portent au Saint Père et aux Représentants une lampe allumée.
Un lecteur annonce l’Engagement commun pour la paix et nomme ensuite les représentants qui lisent le texte.
En même temps, les représentants se rassemblent autour du lecteur.

Sa Sainteté Bartholomaios I Patriarche oecuménique

Réunis ici, à Assise, nous avons réfléchi ensemble sur la paix, don de Dieu et bien commun de l'humanité entière. Bien qu'appartenant à des traditions religieuses diverses, nous affirmons que, pour construire la paix, il est nécessaire d'aimer son prochain, en respectant la Règle d'or: "Fais aux autres ce que tu voudrais que l'on te fasse".

Animés par cette conviction, nous ne nous lasserons pas de travailler au grand chantier de la paix, et pour cela:

Rév. Dr Konrad Kaiser (Conseil oecuménique des Eglises)

1. Nous nous engageons à proclamer notre ferme conviction selon laquelle la violence et le terrorisme s'opposent au véritable esprit religieux et, en condamnant tout recours à la violence et à la guerre au nom de Dieu ou de la religion, nous nous engageons à faire tout ce qui est possible pour éradiquer les causes du terrorisme.

Bhai Sahibji Mohinder Singh (Sikh)

2. Nous nous engageons à éduquer les personnes à se respecter et à s'estimer mutuellement, afin de parvenir à une coexistence pacifique et solidaire entre les membres d'ethnies, de cultures et de religions différentes.

Métropolite Pitirim (Orthodoxe)

3. Nous nous engageons à promouvoir la culture du dialogue, afin que se développent la compréhension et la confiance réciproques entre les individus et les peuples, car telles sont les conditions de la paix

Métropolite Jovan (Orthodoxe)

4. Nous nous engageons à défendre le droit de chaque personne humaine à vivre une existence digne, selon sa propre identité culturelle et à former librement une famille qui lui est propre.

Sheikh Abdel Salam Abushukhaidem (Musulman)

5. Nous nous engageons à dialoguer, avec sincérité et patience, en ne considérant pas ce qui nous sépare comme un mur insurmontable, mais, au contraire, en reconnaissant que la confrontation avec la diversité des autres peut devenir une occasion de plus grande compréhension réciproque.

Evêque Vasilios (Orthodoxe)

6. Nous nous engageons à nous pardonner mutuellement les erreurs et les préjudices du passé et du présent, et à nous soutenir dans l'effort commun pour vaincre l'égoïsme et l'abus, la haine et la violence, et pour apprendre du passé que la paix sans la justice n'est pas une paix véritable.

M. Chang-Gyou Choi (Confucéen)

7. Nous nous engageons à être du côté de ceux qui souffrent de la pauvreté et de l'abandon, nous faisant la voix des sans voix et oeuvrant concrètement pour surmonter ces situations, convaincus que personne ne peut être heureux seul.

Hojjatoleslam Ghomi (Musulman)

8. Nous nous engageons à faire nôtre le cri de ceux qui ne se résignent pas à la violence et au mal et nous désirons contribuer de toutes nos forces à donner à l'humanité de notre temps une espérance réelle de justice et de paix.

Rév. Nichiko Niwano (Bouddhiste)

9. Nous nous engageons à encourager toute initiative qui promeut l'amitié entre les peuples, convaincus que, s'il manque une entente solide entre les peuples, le progrès technologique expose le monde à des risques croissants de destruction et de mort.

Rabbin Samuel-René Sirat (Juif)

10. Nous nous engageons à demander aux responsables des nations d'accomplir tous les efforts possibles afin qu'au niveau national et international, soit édifié et consolidé un monde de solidarité et de paix fondé sur la justice.

Dr Mesach Krisetya (Conférence mennonite mondiale)

11. Nous, personnes de traditions religieuses différentes, ne nous lasserons pas de proclamer que la paix et la justice sont inséparables et que la paix dans la justice est l'unique voie sur laquelle l'humanité peut marcher vers un avenir d'espérance. Nous sommes convaincus que dans un monde dont les frontières reculent toujours davantage, où les distances sont réduites et où les relations sont facilitées par un réseau intense de communications, la sécurité, la liberté et la paix ne peuvent pas être garanties par la force, mais par la confiance réciproque. Que Dieu bénisse nos résolutions et accorde au monde la justice et la paix.

Le Cardinal Walter Kasper, Président du Conseil pontifical pour l'Unité des Chrétiens, a ensuite invité les participants à échanger un signe de paix:

Cardinal Walter Kasper

"Gloire, honneur et paix à celui qui fait le bien".

Devenons des instruments de la paix qui vient d'En-Haut. Rappelons-nous qu'il n'y a pas de paix sans justice et qu'il n'y a pas de justice sans pardon. Scellons à travers un geste de paix entre nous l'engagement à la paix que nous avons proclamé à plusieurs voix. Apportons la paix à ceux qui sont proches et à ceux qui sont loin, à toutes les créatures et à toute la création.


Le Pape concluait la Journée:

Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II

"Plus jamais la guerre!
Plus jamais le terrorisme!
Qu'au nom de Dieu,
chaque religion apporte sur terre
la justice et la paix,
le pardon et la vie,
l'amour!".

Le Saint Père, suivi par les Représentants, se rend près du tripode placé au centre devant l'estrade et y pose la lampe. Après lui, tous les représentants font de même.

En même temps est entonné le Cantique des créatures de Saint François:

CANTIQUE DES CRÉATURES

Altissimo, onnipotente, bon Signore,
tue so’ le laude, la gloria et l’honore
et onne benedictione.

A te solo, Altissimo, se konfanno
et nullo homo ene digno te mentovare.

Laudato si’, mi’ Signore, cum tucte le tue creature,
spetialmente messer lo frate sole,
lo qual è iorno; et allumini noi per lui.

Et ellu è bellu e radiante cum grande splendore:
de te, Altissimo, porta significatione.

Laudato si’, mi’ Signore, per sora luna e le stelle:
in celu l’hai formate clarite et pretiose et belle.

Laudato si’, mi’ Signore, per frate vento
et per aere et nubilo et sereno et onne tempo,
per lo quale alle tue creature dai sustentamento.

Laudato si’, mi’ Signore, per sora acqua,
la quale è molto utile
et umile et pretiosa et casta.

Laudato si’, mi’ Signore, per frate focu,
per lo quale ennallumini la nocte;
et ello è bello et iocundo et robustoso et forte.

Laudato si’, mi’ Signore, per sora nostra matre terra,
la quale ne sustenta et governa,
et produce diversi fructi con coloriti fiori et herba.

Laudato si’, mi’ Signore,
per quelli ke perdonano per lo tuo amore,
et sostengon infirmitate et tribulatione.

Beati quelli ke le sosterranno in pace
ka da te, Altissimo, saranno incoronati.

Laudato si’, mi’ Signore,
per sora nostra morte corporale,
da la quale nullo homo vivente pò skappare.

Guai a quelli ke morranno ne le peccata mortali;
beati quelli ke trovarà ne le tue sanctissime voluntati,
ka la morte seconda nol farà male.

Laudate et benedicete mi’ Signore et rengratiate
et servitelo cum grande humilitate.

_____________________________________
Most High, all-powerful and good Lord,
yours is the praise, the glory and the honour
and all blessings.

To you alone, Most High, do they belong,
and no man is worthy to speak your name.

Praised be you, my Lord, with all your creatures,
especially sir Brother Sun,
who is the day through whom you give us light.

And he is beautiful and radiant with great splendour:
of you, Most High, he bears the likeness.

Praised be you, my Lord, for Sister Moon and the stars,
in the heavens you have made them bright, precious and
beautiful.

Praised be you, my Lord, for Brother Wind,
and for air, and cloudy skies and fair and all weather,
by which you give your creatures sustenance.

Praised be you, my Lord, for Sister Water,
who is so useful
and humble and precious and pure.

Praised be you, my Lord, for Brother Fire,
through whom you brighten the night;
and he is beautiful and playful and robust and strong.

Praised be you, my Lord, for our Sister Mother Earth,
who sustains and governs us,
and produces varied fruits with coloured flowers and herbs.

Praise be you, my Lord,
for those who grant pardon out of love of you
and bear sickness and trial.

Blessed are those who endure them in peace,
by you, Most High, they will be crowned.
Praised be you, my Lord,
for our Sister Bodily Death,
from whom no living man can escape.
Woe to those who die in mortal sin;
blessed are they whom she finds doing your most holy will,
for the second death shall do them no harm.

Praise and bless my Lord and give him thanks,
and serve him with great humility.



SIGNE DE PAIX

Cardinal Walter Kasper:

«Gloire, honneur et paix pour qui oeuvre pour le bien».
Devenons des instruments de la paix qui vient d’en-haut.

Souvenons-nous qu'il n'y a pas de paix sans justice, qu'il n'y a pas de justice sans pardon. Scellons par un geste de paix entre nous l'engagement pour la paix proclamé à plusieurs voix. Adressons la paix aux personnes proches et lointaines, aux créatures et à la Création.

Le Saint Père échange un signe de paix avec tous les Représentants.
Les personnes présentes sur la Place s'échangent également un signe de paix, pendant qu'est jouée une exécution musicale.





DÉPART

Le Saint Père:

Ancora una volta
Assisi è tornata ad essere
oriente di rinnovata speranza.

Rendiamo grazie al Signore,
il Divino Costruttore della casa della pace.

Grazie a tutti voi
che avete vissuto questo evento
nella testimonianza, nella preghiera e nell’impegno comune
a servizio della costruzione della pace.

Grazie a tutti coloro che lo hanno reso possibile.

Grazie agli uomini e alle donne di buona volontà
che in ogni parte della terra
sono idealmente uniti a noi in quest’opera.

Da Dio, sorgente di ogni bene,
benedizione e pace
per i costruttori della pace.

Nel suo nome andiamo,
tessiamo la pace
con il filo d’oro della giustizia,
della libertà e del perdono.

_______________________________

Once again
Assisi has come to be
the source of renewed hope.

Let us give thanks to the Lord,
the Divine Builder of the house of peace.

Thank you all who have taken part in this event
in witness, prayer and shared commitment
to serve the cause of peace.

Thank you, all who have made this possible.

Thank you, men and women of good will
in every part of the world
who are spiritually united with us in this work.

From God, the source of every good thing,
blessing and peace
upon those who are peacemakers.

In his name let us go,
let us weave the tapestry of peace
with the golden thread of justice,
freedom and forgiveness.

_______________________________

Una vez más
Asís ha vuelto a ser
oriente de renovada esperanza.

Demos gracias al Señor,
el divino Constructor de la casa de la paz.

Gracias a todos vosotros,
que habéis vivido este acontecimiento
con el testimonio, con la oración y con el compromiso común
al servicio de la construcción de la paz.

Gracias a todos los que lo han hecho posible.

Gracias a los hombres y a las mujeres de buena voluntad,
que en todas partes de la tierra
están unidos espiritualmente a nosotros en esta obra.

Dios, fuente de todo bien,
conceda su bendición y su paz a los constructores de la paz.

En su nombre vayamos,
tejamos la paz con el hilo de oro de la justicia,
de la libertad y del perdón.

Exécution musicale


Dernière édition par Hercule le Mar 1 Mar - 15:31, édité 1 fois
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Message par Her Mar 1 Mar - 15:30

MESSE EN LA SOLENNITÉ DE LA TRÈS SAINTE MÈRE DE DIEU
ET DE LA XLII JOURNÉE MONDIALE DE LA PAIX

HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI



Basilique Vaticane
Jeudi 1er janvier 2009



Vénérés frères,
Messieurs les ambassadeurs,
chers frères et sœurs!

En ce premier jour de l'année, la divine Providence nous réunit pour une célébration qui nous émeut à chaque fois, en raison de la richesse et de la beauté de ses correspondances: la Nouvelle année civile rencontre le sommet de l'octave de Noël, au cours duquel on célèbre la Divine maternité de Marie, et cette rencontre trouve une heureuse synthèse dans la Journée mondiale de la paix. Dans la lumière du Noël du Christ, je suis heureux de vous adresser à tous mes meilleurs vœux pour l'année qui vient de commencer. Je les présente, en particulier au cardinal Renato Raffaele Martino, et à ses collaborateurs du Conseil pontifical "justice et paix", avec une reconnaissance particulière pour leur précieux service. Je les présente, dans le même temps, au secrétaire d'Etat, le cardinal Tarcisio Bertone, et à toute la Secrétairerie d'Etat; ainsi que, avec une profonde cordialité, à Messieurs les ambassadeurs présents aujourd'hui en grand nombre. Mes vœux font écho au souhait que le Seigneur lui-même vient de nous adresser, dans la liturgie de la Parole. Une Parole qui, à partir de l'événement de Bethléem, évoqué dans sa réalité historique par l'Evangile de Luc (2, 16-21) et relu dans toute sa portée salvifique par l'apôtre Paul (Ga 4, 47), devient une bénédiction pour le peuple de Dieu et pour l'humanité tout entière.

C'est ainsi qu'est accomplie l'antique tradition juive de la bénédiction (Nm 6, 22-27): les prêtres d'Israël bénissaient le peuple en "mettant sur lui le nom" du Seigneur. A travers une formule ternaire - présente dans la première lecture - le Nom sacré était invoqué trois fois sur les fidèles, comme vœu de grâce et de paix. Cet antique usage nous ramène à une réalité essentielle: pour pouvoir marcher sur la voie de la paix, les hommes et les peuples ont besoin d'être illuminés par le "visage" de Dieu et d'être bénis par son "nom". C'est précisément ce qui a eu lieu de façon définitive avec l'Incarnation: la venue du Fils de Dieu dans notre chair et dans l'histoire a apporté une bénédiction irrévocable, une lumière qui ne s'éteint plus et qui offre aux croyants et aux hommes de bonne volonté la possibilité d'édifier la civilisation de l'amour et de la paix.

A cet égard, le Concile Vatican II a dit que "par son Incarnation, le Fils de Dieu s'est en quelque sorte uni lui-même à tout homme" (Gaudium et spes, n. 22). Cette union a confirmé le dessein originel d'une humanité créée à l'"image et ressemblance" de Dieu. En réalité, le Verbe incarné est l'unique image parfaite et consubstantielle du Dieu invisible. Jésus Christ est l'homme parfait. "En lui - observe encore le Concile - la nature humaine a été assumée (...) par le fait même, cette nature a été élevée en nous aussi à une dignité sans égale" (ibid.). C'est pourquoi l'histoire terrestre de Jésus, qui culmine dans le mystère pascal, est le début d'un monde nouveau, parce qu'elle a réellement inauguré une nouvelle humanité, capable, toujours et seulement par la grâce de Dieu, d'accomplir une "révolution" pacifique. Une révolution non pas idéologique mais spirituelle, non pas utopique, mais réelle, et nécessitant donc une patience infinie, des temps parfois très longs, en évitant tout raccourci et en parcourant la voie la plus difficile: la voie de la maturation de la responsabilité dans les consciences.

Chers amis, telle est la voie évangélique vers la paix, la voie que l'évêque de Rome également est appelé à reproposer avec constance chaque fois qu'il rédige le Message pour la Journée mondiale de la paix annuel. En parcourant ce chemin, il faut parfois revenir sur des aspects et des problématiques déjà affrontés, mais si importants qu'ils méritent toujours une attention nouvelle. C'est le cas du thème que j'ai choisi pour le Message de cette année: "Combattre la pauvreté, construire la paix". Un thème qui se prête à un double type de considérations, que je ne peux qu'évoquer brièvement ici. D'une part, la pauvreté choisie et proposée par Jésus, de l'autre, la pauvreté qu'il faut combattre pour rendre le monde plus juste et solidaire.

Le premier aspect trouve son cadre idéal ces jours-ci, en ce temps de Noël. La naissance de Jésus à Bethléem nous révèle que Dieu a choisi la pauvreté pour lui-même à travers sa venue parmi nous. La scène que les pasteurs virent les premiers, et qui confirma l'annonce qui leur était faite par l'ange, est celle d'une étable où Marie et Joseph avaient trouvé refuge, et d'une crèche où la Vierge avait déposé le nouveau-né enveloppé de langes (cf. Lc 2, 7.12.16). Cette pauvreté, Dieu l'a choisie. Il a voulu naître ainsi - mais nous pourrions aussitôt ajouter: il a voulu vivre, et également mourir ainsi. Pourquoi? Saint Alphonse Marie de' Liguori l'explique en termes populaires dans un chant de Noël que tous connaissent en Italie: "A Toi, qui es le Créateur du monde, manquent les vêtements et le feu, ô mon Seigneur. Cher petit enfant élu, combien cette pauvreté accroît mon amour pour toi, car elle te fit également amour pauvre". Voilà la réponse: l'amour pour nous a poussé Jésus non seulement à se faire homme, mais à se faire pauvre. Dans ce même ordre d'idées, nous pouvons citer l'expression de saint Paul dans la deuxième Lettre aux Corinthiens: "Vous connaissez en effet - écrit-il - la libération de notre Seigneur Jésus Christ, qui pour vous s'est fait pauvre, de riche qu'il était, afin de vous enrichir par sa pauvreté" (8, 9). Le témoin exemplaire de cette pauvreté choisie par amour est saint François d'Assise. Le mouvement franciscain, dans l'histoire de l'Eglise et de la civilisation chrétienne, constitue un courant diffus de pauvreté évangélique, qui a produit tant de bien et qui continue d'en faire à l'Eglise et à la famille humaine. En revenant à la merveilleuse synthèse de saint Paul sur Jésus, il est significatif, - également pour notre réflexion d'aujourd'hui - qu'elle ait été inspirée à l'apôtre précisément tandis qu'il exhortait les chrétiens de Corinthe à être généreux dans la collecte en faveur des pauvres. Il explique: "Il ne s'agit point, pour soulager les pauvres, de vous réduire à la gêne; ce qu'il faut, c'est l'égalité" (8, 13).

Il s'agit d'un point décisif, qui nous conduit au deuxième aspect: il existe une pauvreté, une indigence, que Dieu ne désire pas et qui doit être "combattue" - comme le dit le thème de la Journée mondiale de la paix d'aujourd'hui; une pauvreté qui empêche les personnes et les familles de vivre selon leur dignité; une pauvreté qui offense la justice et l'égalité et, comme telle, menace la coexistence pacifique. Dans cette acception négative s'inscrivent également les formes de pauvreté non matérielle que l'on rencontre également dans les sociétés riches et avancées: exclusion, misère relationnelle, morale et spirituelle (cf. Message pour la Journée mondiale de la paix 2009, n. 2). Dans mon Message, j'ai voulu encore une fois, dans le sillage de mes prédécesseurs, analyser attentivement le phénomène complexe de la mondialisation, pour en évaluer les rapports avec la pauvreté sur une large échelle. Face à des plaies diffuses comme les maladies pandémiques (ibid., n. 4), la pauvreté des enfants (ibid., n. 5) et la crise alimentaire (ibid., n. 7), j'ai malheureusement dû recommencer à dénoncer l'inacceptable course aux armements. D'une part, on célèbre la Déclaration universelle des droits de l'homme et, de l'autre, on augmente les dépenses militaires, en violant la Charte des Nations unies elle-même, qui engage à les réduire au minimum (cf. art. 26). En outre, la mondialisation élimine certaines barrières, mais elle peut en construire de nouvelles (Message cit., n. Cool, il est donc nécessaire que la communauté internationale et chaque Etat restent toujours vigilants; il est nécessaire qu'ils ne baissent jamais la garde face aux dangers de conflit, et qu'ils s'engagent même à garder un haut niveau de solidarité. La crise économique mondiale actuelle doit être vue dans ce sens également comme un banc d'essai: sommes-nous prêts à la lire, dans sa complexité, comme un défi pour l'avenir et pas seulement comme une urgence à laquelle donner des réponses manquant de souffle? Sommes-nous disposés à effectuer ensemble une révision profonde du modèle de développement dominant, pour la corriger de manière concertée et clairvoyante? En réalité, c'est ce qu'exigent, plus encore que les difficultés financières immédiates, l'état de santé écologique de la planète et en particulier la crise culturelle et morale, dont les symptômes sont depuis longtemps évidents dans chaque partie du monde.

Il est alors nécessaire de chercher à établir un "cercle vertueux" entre la pauvreté "à choisir" et la pauvreté "à combattre". Ici s'ouvre une voie féconde de fruits pour le présent et pour l'avenir de l'humanité, que l'on pourrait résumer ainsi: pour combattre la pauvreté injuste, qui opprime tant d'hommes et de femmes et qui menace la paix de tous, il y a besoin de redécouvrir la sobriété et la solidarité, comme valeurs évangéliques et en même temps universelles. Plus concrètement, on ne peut pas combattre efficacement la misère si l'on ne fait pas ce qu'écrit saint Paul aux Corinthiens, c'est-à-dire si l'on ne cherche pas à "établir l'égalité", en réduisant l'écart entre ceux qui gâchent le superflu et ceux qui manquent même du nécessaire. Cela comporte des choix de justice et de sobriété, des choix qui sont d'ailleurs exigés par l'exigence d'administrer sagement les ressources de la terre qui sont limitées. Quand il affirme que Jésus Christ nous a enrichis "de sa pauvreté", saint Paul offre une orientation importante non seulement sous l'aspect théologique, mais également au niveau sociologique. Non pas dans le sens où la pauvreté est une valeur en soi, mais parce qu'elle est la condition pour accomplir la solidarité. Quand François d'Assise se dépouille de ses biens, il accomplit un choix de témoignage directement inspiré de Dieu, mais dans le même temps il montre à tous la voie de la confiance dans la Providence. Ainsi, dans l'Eglise, le vœu de pauvreté est l'engagement de certains, mais il rappelle à tous l'exigence du détachement des biens matériels et la primauté des richesses de l'esprit. Voilà donc le message à recueillir aujourd'hui: la pauvreté de la naissance du Christ à Bethléem, outre à être un objet d'adoration pour les chrétiens, est également une école de vie pour chaque homme. Elle nous enseigne que pour combattre la misère, aussi bien matérielle que spirituelle, la voie à parcourir est celle de la solidarité, qui a poussé Jésus à partager notre condition humaine.

Chers frères et sœurs, je pense que la Vierge Marie s'est posée plus d'une fois cette question: pourquoi Jésus a-t-il voulu naître d'une jeune fille simple et humble comme moi? Et ensuite, pourquoi a-t-il voulu venir au monde dans une étable et avoir comme première visite celle des bergers de Bethléem? Marie eut pleinement la réponse à la fin, après avoir déposé dans le sépulcre le corps de Jésus, mort et enveloppé de bandes (cf. Lc 23, 53). Elle comprit alors totalement le mystère de la pauvreté de Dieu. Elle comprit que Dieu s'était fait pauvre pour nous, pour nous enrichir de sa pauvreté pleine d'amour, pour nous exhorter à freiner l'avidité insatiable qui suscite des luttes et des divisions, pour nous inviter à modérer l'envie de posséder et être ainsi disponibles au partage et à l'accueil réciproque. A Marie, Mère du Fils de Dieu qui s'est fait notre frère, nous adressons avec confiance notre prière, pour qu'elle nous aide à en suivre les traces, à combattre et vaincre la pauvreté, à construire la paix véritable, qui est opus iustitiae. Nous lui confions le profond désir de vivre en paix qui s'élève du cœur de la grande majorité des populations israélienne et palestinienne, encore une fois mise en péril par la violence massive qui a explosé dans la bande de Gaza en réponse à une autre violence. La violence, la haine et le manque de confiance sont également des formes de pauvreté - peut-être les plus terribles - "à combattre". Que celle-ci ne l'emportent pas! En ces tristes jours, les pasteurs de ces Eglises ont fait entendre leurs voix dans ce sens. Avec eux et avec leurs très chers fidèles, en particulier ceux de la petite mais fervente paroisse de Gaza, nous déposons aux pieds de Marie nos préoccupations pour le présent et nos craintes pour l'avenir, mais également l'espérance fondée que, avec la contribution sage et clairvoyante de tous, il ne sera pas impossible de s'écouter, d'aller à la rencontre l'un de l'autre et de donner des réponses concrètes à l'aspiration diffuse de vivre en paix, en sécurité et dans la dignité. Nous disons à Marie: accompagne-nous, Mère céleste du Rédempteur, au cours de toute l'année qui commence aujourd'hui, et obtiens de Dieu le don de la paix pour la Terre Sainte et pour toute l'humanité. Sainte Mère de Dieu prie pour nous. Amen.

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Dernière édition par Hercule le Mar 1 Mar - 15:35, édité 2 fois
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Notre Pape Benoît XVI - Le 27-10-2011, 25° Anniversaire de la Prière d'Assise pour la Paix dans le Monde Empty Re: Notre Pape Benoît XVI - Le 27-10-2011, 25° Anniversaire de la Prière d'Assise pour la Paix dans le Monde

Message par Her Mar 1 Mar - 15:30

MESSAGE DE SA SAINTETÉ
BENOÎT XVI
POUR LA CÉLÉBRATION DE LA
JOURNÉE MONDIALE DE LA PAIX

1er JANVIER 2011




LIBERTÉ RELIGIEUSE, CHEMIN VERS LA PAIX

1. AU DÉBUT D’UNE ANNÉE NOUVELLE, mes vœux voudraient rejoindre tous et chacun ; vœux de sérénité et de prospérité, mais surtout vœux de paix. L’année qui vient de se clôturer a été marquée, elle aussi, malheureusement par la persécution, la discrimination, par de terribles actes de violence et d’intolérance religieuse.

Je pense en particulier à la chère terre d’Irak qui, dans sa marche vers une stabilité et une réconciliation tant souhaitées, continue à être une scène de violences et d’attentats. Viennent à la mémoire les récentes souffrances de la communauté chrétienne, et tout particulièrement le lâche attentat contre la cathédrale siro-catholique Notre-Dame du Perpétuel Secours, à Bagdad, où, le 31 octobre dernier, deux prêtres et plus de cinquante fidèles ont été tués, alors qu’ils étaient réunis pour la célébration de la sainte Messe. Et il y eut d’autres attaques les jours suivants, aussi contre des habitations privées, suscitant la peur au sein de la communauté chrétienne et le désir, chez beaucoup de ses membres, d’émigrer pour aller chercher de meilleures conditions de vie. Je les assure de ma proximité et de celle de toute l’Eglise. Ce sentiment a été concrètement exprimé lors de la récente Assemblée spéciale pour le Moyen-Orient du Synode des Evêques. Cette Assemblée a adressé un encouragement aux communautés catholiques en Irak et dans tout le Moyen-Orient à vivre la communion et à continuer à offrir un témoignage courageux de foi en ces régions.

Je remercie vivement les Gouvernements qui s’efforcent de soulager les souffrances de ces frères en humanité et j’invite les catholiques à prier pour leurs frères dans la foi qui souffrent violences et intolérances, et à leur manifester leur solidarité. Dans ce contexte, j’ai ressenti de manière particulièrement vive l’opportunité de partager avec vous tous quelques réflexions sur la liberté religieuse, chemin vers la paix. Il est douloureux en effet de constater que, dans certaines régions du monde, il n’est pas possible de professer et de manifester librement sa religion, sans mettre en danger sa vie et sa liberté personnelle. En d’autres points du monde, il existe des formes plus silencieuses et plus sophistiquées de préjugés et d’opposition à l’encontre des croyants et des symboles religieux. Les chrétiens sont à l’heure actuelle le groupe religieux en butte au plus grand nombre de persécutions à cause de leur foi. Beaucoup subissent des offenses quotidiennes et vivent souvent dans la peur à cause de leur recherche de la vérité, de leur foi en Jésus Christ et de leur appel sincère afin que soit reconnue la liberté religieuse. Tout cela ne peut être accepté, parce que cela constitue une offense à Dieu et à la dignité humaine ; de plus, c’est une menace à la sécurité et à la paix, et cela empêche la réalisation d’un réel développement humain intégral[1].

C’est en effet dans la liberté religieuse que se trouve l’expression de la spécificité de la personne humaine, qui peut ainsi ordonner sa vie personnelle et sociale selon Dieu : à Sa lumière se comprennent pleinement l’identité, le sens et le but de la personne. Nier ou limiter de manière arbitraire cette liberté signifie cultiver une vision réductrice de la personne humaine ; mettre dans l’ombre le rôle public de la religion signifie engendrer une société injuste, puisque celle-ci n’est pas en harmonie avec la vraie nature de la personne humaine ; cela signifie rendre impossible l’affirmation d’une paix authentique et durable de toute la famille humaine.

J’exhorte donc les hommes et les femmes de bonne volonté à renouveler leur engagement pour la construction d’un monde où tous soient libres de professer leur religion ou leur foi, et de vivre leur amour pour Dieu de tout leur cœur, de toute leur âme et de tout leur esprit (cf. Mt 22,37). Voilà le sentiment qui inspire et guide le Message pour la XLIVème Journée Mondiale de la Paix, consacré au thème : Liberté religieuse, chemin vers la paix.

Le droit sacré à la vie et à une vie spirituelle

2. Le droit à la liberté religieuse s’enracine dans la dignité même de la personne humaine[2], dont la nature transcendante ne doit être ni ignorée ni négligée. Dieu a créé l’homme et la femme à son image et à sa ressemblance (cf. Gn 1,27). C’est pour cela que chaque personne a le droit sacré à une vie intègre aussi du point de vue spirituel. Sans la reconnaissance de son être spirituel, sans l’ouverture au transcendant, la personne humaine se replie sur elle-même, et elle n’arrive pas à trouver des réponses aux interrogations de son cœur sur le sens de la vie et à conquérir des valeurs et des principes éthiques durables. Elle ne peut donc même pas réussir à expérimenter une authentique liberté et à développer une société juste[3].

La Sainte Ecriture, en harmonie avec notre propre expérience, révèle la valeur profonde de la dignité humaine : « A voir ton ciel, ouvrage de tes doigts, la lune et les étoiles que tu fixas, qu’est donc le mortel, que tu t’en souviennes, le fils d’Adam, que tu le veuilles visiter ? A peine le fis-tu moindre qu’un dieu ; tu le couronnes de gloire et de beauté, pour qu’il domine sur l’œuvre de tes mains ; tout fut mis par toi sous ses pieds » (Ps 8, 4-7).

Devant la sublime réalité de la nature humaine, nous pouvons faire l’expérience du même émerveillement que le psalmiste. Elle se manifeste comme ouverture au Mystère, comme capacité de s’interroger en profondeur sur soi-même et sur l’origine de l’univers, comme intime résonnance à l’Amour suprême de Dieu, principe et fin de toutes choses, de toute personneet de tous les peuples[4]. La dignité transcendante de la personne est une valeur essentielle de la sagesse judéo-chrétienne, mais grâce à la raison, elle peut être reconnue par tous. Cette dignité, comprise comme une capacité de transcender sa propre matérialité et de rechercher la vérité, doit être reconnue comme un bien universel, indispensable pour la construction d’une société orientée vers la réalisation et la plénitude de l’homme. Le respect des éléments essentiels de la dignité de l’homme, tels que le droit à la vie et le droit à la liberté religieuse, est une condition de la légitimité morale de toute norme sociale et juridique.

Liberté religieuse et respect mutuel

3. La liberté religieuse est à l’origine de la liberté morale. En effet, l’ouverture à la vérité et au bien, l’ouverture à Dieu, qui est enracinée dans la nature humaine, confère une pleine dignité à chaque personne et elle est garante d’un respect mutuel et plénier entre les personnes. C’est pourquoi la liberté religieuse doit être comprise non seulement comme une absence de la coercition, mais d’abord comme une capacité d’ordonner ses choix selon la vérité.

Il existe un lien infrangible entre liberté et respect ; car, « la loi morale oblige tout homme et tout groupe social à tenir compte, dans l’exercice de leurs droits, des droits d’autrui, de leurs devoirs envers les autres et du bien commun de tous »[5].

Une liberté ennemie ou indifférente à l’égard de Dieu finit par se nier elle-même et ne garantit pas le plein respect de l’autre. Une volonté qui se croit radicalement incapable de rechercher la vérité et le bien n’a plus de raisons objectives ni de motifs pour agir, sinon ceux que lui imposent ses intérêts momentanés et contingents, elle n’a pas « une identité » à conserver et à construire en opérant des choix vraiment libres et conscients. Elle ne peut donc revendiquer le respect de la part d’autres « volontés », elles aussi détachées de leur être plus profond et qui, de ce fait, peuvent faire valoir d’autres « raisons » ou même aucune « raison ». L’illusion que l’on puisse trouver dans le relativisme moral la clé d’une coexistence pacifique, est en réalité l’origine des divisions et de la négation de la dignité des êtres humains. On comprend alors qu’il soit nécessaire de reconnaître une double dimension dans l’unité de la personne humaine : la dimension religieuse et la dimension sociale. A cet égard, il est inconcevable que des croyants « doivent se priver d’une partie d’eux-mêmes – de leur foi – afin d’être des citoyens actifs ; il ne devrait jamais être nécessaire de nier Dieu pour jouir de ses droits »[6].

La famille, école de liberté et de paix

4. Si la liberté religieuse est chemin vers la paix, l’éducation religieuse est une route privilégiée pour donner aux nouvelles générations la possibilité de reconnaître en l’autre un frère et une sœur, avec qui marcher ensemble et collaborer pour que tous se sentent comme les membres vivants d’une même famille humaine, au sein de laquelle personne ne doit être exclu.

La famille fondée sur le mariage, expression d’une union intime et d’une complémentarité entre un homme et une femme, s’insère dans ce contexte comme première école de formation et de croissance sociale, culturelle, morale et spirituelle des enfants, qui devraient toujours trouver dans leur père et leur mère les premiers témoins d’une vie orientée vers la recherche de la vérité et de l’amour de Dieu. Les parents eux-mêmes devraient être toujours libres de transmettre, sans entraves et de manière responsable, leur patrimoine de foi, de valeurs et de culture à leurs enfants. La famille, première cellule de la société humaine, reste le milieu primordial de formation pour des relations harmonieuses à tous les niveaux de la convivialité humaine, nationale et internationale. Nous trouvons ici la route à suivre avec sagesse pour construire un tissu social solide et solidaire, pour préparer les jeunes à prendre leurs propres responsabilités dans la vie, au sein d’une société libre, dans un esprit de compréhension et de paix.

Un patrimoine commun

5. On pourrait dire que, parmi les droits et les libertés fondamentaux enracinés dans la dignité humaine, la liberté religieuse jouit d’un statut spécial. Quand la liberté religieuse est reconnue, la dignité de la personne humaine est respectée à sa racine même, et l’ethos et les institutions des peuples se consolident. A l’inverse, quand la liberté religieuse est niée, quand on essaie d’empêcher de professer sa religion ou sa foi et de vivre en conformité avec elles, la dignité humaine est lésée, et de cette manière se trouvent menacées la justice et la paix, lesquelles se fondent sur l’ordre social juste qui s’édifie à la lumière de la Vérité Suprême et du Souverain Bien.

En ce sens, la liberté religieuse est aussi un acquis de civilisation politique et juridique. C’est un bien essentiel : toute personne doit pouvoir exercer librement le droit de professer et de manifester individuellement ou de manière communautaire, sa religion ou sa foi, aussi bien en public qu’en privé, dans l’enseignement et dans la pratique, dans les publications, dans le culte et dans l’observance des rites. Elle ne devrait pas rencontrer d’obstacles si elle désire, éventuellement, adhérer à une autre religion ou n’en professer aucune. En ce domaine, la règlementation internationale se révèle emblématique et est un exemple essentiel pour les Etats, en ce qu’elle ne permet aucune dérogation à la liberté religieuse, sauf l’exigence légitime de l’ordre public pénétré par la justice[7]. La règlementation internationale reconnaît ainsi aux droits de nature religieuse le même status que le droit à la vie et à la liberté personnelle, car ils appartiennent au noyau essentiel des droits de l’homme, à ces droits universels et naturels que la loi humaine ne peut jamais nier.

La liberté religieuse n’est pas le patrimoine exclusif des croyants, mais de la famille tout entière des peuples de la terre. C’est l’élément incontournable d’un Etat de droit ; on ne peut pas la nier sans porter atteinte en même temps à tous les droits et aux libertés fondamentales, puisqu’elle en est la synthèse et le sommet. Elle est « le ‘papier tournesol’ qui permet de vérifier le respect de tous les autres droits humains »[8]. Celle-ci favorise l’exercice des facultés plus spécifiquement humaines tout en créant les prémisses nécessaires pour la réalisation d’un développement intégral, lequel concerne de manière unitaire la totalité de la personne en chacune de ses dimensions[9].

La dimension publique de la religion

6. La liberté religieuse, comme toute liberté, tout en provenant de la sphère personnelle, se réalise dans la relation avec les autres. Une liberté sans relations n’est pas une liberté achevée. La liberté religieuse ne s’épuise pas non plus dans la seule dimension individuelle, mais elle se met en œuvre dans la communauté dont elle fait partie et dans la société, ceci en cohérence avec l’être relationnel de la personne et avec la nature publique de la religion.

La mise en relation est une composante décisive de la liberté religieuse qui pousse les communautés des croyants à pratiquer la solidarité en vue du bien commun. Dans cette dimension communautaire, chaque personne reste unique et absolument originale, tout en se complétant et en se réalisant pleinement.

On ne peut pas nier la contribution que les communautés religieuses apportent à la société. Nombreuses sont les institutions caritatives et culturelles qui attestent le rôle constructif des croyants pour la vie sociale. D’une importance plus grande encore est la contribution éthique de la religion dans le domaine politique. Elle ne devrait pas être marginalisée ou interdite, mais comprise comme un apport valable à la promotion du bien commun. Dans cette perspective il convient de mentionner la dimension religieuse de la culture, tissée au long des siècles grâce aux contributions sociales et surtout éthiques de la religion. Une telle dimension ne constitue en aucune manière une discrimination vis-à-vis de ceux qui n’en partagent pas la croyance, mais elle renforce plutôt la cohésion sociale, l’intégration et la solidarité.

Liberté religieuse, force de liberté et de civilisation :
les dangers de son instrumentalisation

7. L’instrumentalisation de la liberté religieuse pour masquer des intérêts occultes, comme par exemple la subversion de l’ordre établi, l’accaparement de ressources ou le maintien du pouvoir de la part d’un groupe, peut provoquer des dommages énormes aux sociétés. Le fanatisme, le fondamentalisme, les pratiques contraires à la dignité humaine, ne peuvent jamais trouver une justification, encore moins si cela est accompli au nom de la religion. La profession d’une religion ne peut pas être instrumentalisée, ni imposée par la force. Il faut donc que les Etats et les diverses communautés humaines n’oublient jamais que la liberté religieuse est une condition de la recherche de la vérité et que la vérité ne s’impose pas par la violence mais par « la force de la vérité elle-même »[10]. En ce sens, la religion est une force positive et propulsive pour la construction de la société civile et politique.

Comment nier la contribution des grandes religions du monde au développement de la civilisation ? La recherche sincère de Dieu a conduit à un plus grand respect de la dignité de l’homme. Les communautés chrétiennes, avec leur patrimoine de valeurs et de principes, ont fortement contribué à la prise de conscience de la part des personnes et des peuples, de leur identité et de leur dignité, de même qu’à la conquête d’institutions démocratiques et à l’affirmation des droits de l’homme ainsi que des devoirs correspondants.

Aujourd’hui encore, dans une société toujours plus mondialisée, les chrétiens sont appelés, non seulement à un engagement civil, économique et politique responsable, mais aussi au témoignage de leur charité et de leur foi, à offrir une contribution précieuse à l’engagement rude et exaltant pour la justice, le développement humain intégral et le juste ordonnancement des réalités humaines. Exclure la religion de la vie publique, c’est enlever à cette dernière un espace vital qui ouvre à la transcendance. Sans cette expérience originelle, orienter les sociétés vers des principes éthiques universels s’avère pénible et il devient difficile de mettre en place des règlements nationaux et internationaux où les droits et les libertés fondamentaux peuvent être pleinement reconnus et mis en œuvre comme se le proposent les objectifs – malheureusement encore négligés ou contredits – de la Déclaration universelle des Droits de l’homme de 1948.

Un problème de justice et de civilisation :
le fondamentalisme et l’hostilité à l’égard des croyants
nuisent à la laïcité positive des Etats

8. La même détermination avec laquelle sont condamnées toutes les formes de fanatisme et de fondamentalisme religieux, doit animer aussi l’opposition à toutes les formes d’hostilité à l’égard de la religion, qui limitent le rôle public des croyants dans la vie civile et politique.

On ne peut oublier que le fondamentalisme religieux et le laïcisme sont des formes spéculaires et extrêmes du refus du légitime pluralisme et du principe de laïcité. Tous deux, en effet, absolutisent une vision réductrice et partiale de la personne humaine, favorisant dans le premier cas, des formes d’intégralisme religieux, et dans le second, de rationalisme. La société qui veut imposer, ou qui, au contraire, nie la religion par la violence, est injuste à l’égard de la personne et de Dieu, mais aussi envers elle-même. Dieu appelle à lui l’humanité dans un dessein d’amour qui, alors qu’il concerne la personne tout entière dans sa dimension naturelle et spirituelle, exige d’y répondre en termes de liberté et de responsabilité, de tout son cœur et de tout son être, individuel et communautaire. La société elle-même, en tant qu’expression de la personne et de l’ensemble de ses dimensions constitutives, doit donc vivre et s’organiser en sorte de favoriser l’ouverture à la transcendance. C’est précisément pour cela que les lois et les institutions d’une société ne peuvent pas être configurées en ignorant la dimension religieuse des citoyens ou au point d’en faire totalement abstraction. Elles doivent se mesurer – grâce à la participation démocratique de citoyens conscients de leur haute vocation – à l’être de la personne afin de pouvoir la seconder dans sa dimension religieuse. N’étant pas une création de l’Etat, elle ne peut être manipulée par lui ; elle devrait plutôt en recevoir reconnaissance et respect.

Lorsque l’ordonnancement juridique, à tous les niveaux, national et international, permet ou tolère le fanatisme religieux ou antireligieux, il manque à sa mission même qui est de protéger et de promouvoir la justice et le droit de chacun. Ces réalités ne peuvent être abandonnées à l’arbitraire du législateur ou de la majorité, car, comme l’enseignait déjà Cicéron, la justice consiste en quelque chose de plus qu’un simple acte productif de la loi et de son application. Elle implique de reconnaître à chacun sa dignité[11], laquelle, sans liberté religieuse, garantie et vécue dans son essence, résulte mutilée et lésée, exposée au risque de tomber sous la coupe des idoles, des biens contingents transformés en absolus. Tout cela risque de mener la société à des totalitarismes politiques et idéologiques qui donnent une place exagérée au pouvoir public, tandis que les libertés de conscience, de pensée et de religion sont humiliées ou jugulées, comme si elles pouvaient lui faire concurrence.

Dialogue entre institutions civiles et religieuses

9. Le patrimoine de principes et de valeurs exprimés par une religiosité authentique est une richesse pour les peuples et pour leur ethos. Ce patrimoine parle directement à la conscience et à la raison des hommes et des femmes, il leur rappelle l’impératif de la conversion morale, les incite à cultiver la pratique des vertus et à se rapprocher les uns des autres avec amour, sous le signe de la fraternité, en tant que membres de la grande famille humaine[12].

Dans le respect de la laïcité positive des institutions étatiques, la dimension publique de la religion doit toujours être reconnue. Dans ce but, il est fondamental que s’instaure un dialogue sincère entre les institutions civiles et religieuses pour le développement intégral de la personne humaine et l’harmonie de la société.

Vivre dans l’amour et dans la vérité

10. Dans l’univers mondialisé caractérisé par des sociétés toujours plus multi-ethniques et multi-confessionnelles, les grandes religions peuvent représenter un important facteur d’unité et de paix pour la famille humaine. A partir de leurs propres convictions religieuses et de la recherche rationnelle du bien commun, leurs fidèles sont appelés à vivre de manière responsable leur propre engagement dans un contexte de liberté religieuse. Au sein des cultures religieuses variées, s’il faut rejeter tout ce qui est contraire à la dignité de l’homme et de la femme, il est nécessaire, à l’inverse, d’accueillir comme un trésor tout ce qui s’avère positif pour la convivialité civile. L’espace public que la communauté internationale rend disponible pour les religions et pour leur proposition d’une « vie bonne », favorise l’émergence d’une mesure commune de vérité et de bien, ainsi qu’un consensus moral, qui sont essentiels pour une coexistence juste et pacifique. Les leaders des grandes religions, en vertu de leur rôle, de leur influence et de leur autorité dans leurs propres communautés, sont appelés les tout premiers au respect mutuel et au dialogue.

Les chrétiens, pour leur part, sont invités, par la foi même en Dieu, Père du Seigneur Jésus-Christ, à vivre en frères, qui se rencontrent dans l’Eglise et qui collaborent à l’édification d’un monde où les personnes et les peuples ne feront « plus de mal ni de violence […] car le pays sera rempli de la connaissance du Seigneur, comme les eaux couvrent le fond de la mer » (Is 11,9).

Le dialogue comme recherche en commun

11. Pour l’Eglise, le dialogue entre les fidèles des diverses religions représente un instrument important pour collaborer au bien commun avec toutes les communautés religieuses. L’Eglise elle-même ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans les diverses religions. « Elle considère avec un respect sincère ces manières d’agir et de vivre, ces règles et ces doctrines qui, quoiqu’elles diffèrent en beaucoup de points de ce qu’elle-même tient et propose, cependant apportent souvent un rayon de la vérité qui illumine tous les hommes »[13].

Le chemin ainsi indiqué n’est pas celui du relativisme ou du syncrétisme religieux. L’Eglise en effet « annonce, et elle est tenue d’annoncer sans cesse, le Christ qui est "la voie, la vérité et la vie" (Jn 14,6), dans lequel les hommes doivent trouver la plénitude de la vie religieuse et dans lequel Dieu s’est réconcilié toutes choses »[14]. Cela n’exclut pas cependant le dialogue et la recherche commune de la vérité dans divers milieux vitaux, car, selon une expression souvent utilisée par saint Thomas d’Aquin, « toute vérité, qui que ce soit qui la dise, vient de l’Esprit Saint »[15].

En 2011 sera fêté le 25e anniversaire de la Journée mondiale de prière pour la paix, convoquée en 1986 à Assise par le vénérable Jean-Paul II. A cette occasion, les responsables des grandes religions du monde ont manifesté combien la religion est un facteur d’union et de paix et non de division et de conflits. Le souvenir de cette expérience est un motif d’espérance en un avenir où tous les croyants se sentent et deviennent effectivement artisans de justice et de paix.

Vérité morale dans la politique et dans la diplomatie

12. La politique et la diplomatie devraient prendre en considération le patrimoine moral et spirituel offert par les grandes religions du monde pour reconnaître et affirmer des vérités, des principes et des valeurs universelles qui ne peuvent être niés sans nier en même temps la dignité de la personne humaine. Mais, dans la pratique, qu’est-ce que cela veut dire promouvoir la vérité morale dans le monde de la politique et de la diplomatie ? Cela signifie agir de manière responsable à partir de la connaissance objective et complète des faits ; cela veut dire déstructurer des idéologies politiques qui finissent par supplanter la vérité et la dignité humaine et veulent promouvoir des pseudo valeurs sous le couvert de la paix, du développement et des droits humains ; cela veut dire favoriser un engagement constant pour fonder la loi positive sur les principes de la loi naturelle[16]. Tout cela est nécessaire et est cohérent avec le respect de la dignité et de la valeur de la personne humaine, respect garanti par les Peuples de la terre dans la Charte de l’Organisation des Nations Unies de 1945, qui présente des valeurs et des principes moraux universels de référence pour les normes, les institutions, les systèmes de coexistence au niveau national et international.

Au-delà de la haine et des préjugés

13. En dépit des enseignements de l’histoire et de l’engagement des Etats, des Organisations internationales au niveau mondial et local, en dépit des efforts des Organisations non gouvernementales et de tous les hommes et femmes de bonne volonté qui, chaque jour, se dépensent pour la sauvegarde des droits et des libertés fondamentaux, on constate aujourd’hui encore, dans le monde des persécutions, des discriminations, des actes de violence et d’intolérance liés à la religion. En Asie et en Afrique en particulier, les principales victimes sont les membres des minorités religieuses, auxquels il est interdit de professer librement leur religion ou d’en changer, par des intimidations, par la violation des droits et des libertés fondamentaux et des biens essentiels, allant jusqu’à la privation de la liberté personnelle ou même de la vie.

Il existe en outre - comme je l’ai déjà dit - des formes plus élaborées d’hostilité envers la religion, qui, dans les pays occidentaux, se manifestent parfois par le reniement de l’histoire et des symboles religieux dans lesquels se reflètent l’identité et la culture de la majorité des citoyens. Ces attitudes alimentent souvent haine et préjugés et ne sont pas cohérentes avec une vision sereine et équilibrée du pluralisme et de la laïcité des institutions, sans compter qu’elles peuvent empêcher les jeunes générations d’entrer en contact avec le précieux héritage spirituel de leurs pays.

La défense de la religion passe par la défense des droits et des libertés des communautés religieuses. Que les leaders des grandes religions du monde et les responsables des Nations renouvellent donc leur engagement pour la promotion et la sauvegarde de la liberté religieuse, en particulier pour la défense des minorités religieuses, qui ne représentent pas une menace pour l’identité de la majorité, mais représentent au contraire une opportunité de dialogue et d’enrichissement culturel réciproque ! Leur défense est la meilleure manière de renforcer l’esprit de bienveillance, d’ouverture et de réciprocité avec lequel protéger les droits et les libertés fondamentaux dans tous les domaines et toutes les régions du monde.

La liberté religieuse dans le monde

14. Je m’adresse maintenant aux communautés chrétiennes qui souffrent de persécutions, de discriminations, de violences et d’intolérance, particulièrement en Asie, en Afrique, au Moyen-Orient et spécialement en Terre Sainte, lieu choisi et béni par Dieu. Tout en leur renouvelant l’assurance de mon affection paternelle et de ma prière, je demande à tous les responsables d’agir avec promptitude pour mettre fin à toute brimade contre les chrétiens qui habitent dans ces régions. Puissent les disciples du Christ, confrontés aux adversités du moment, ne pas perdre courage, car le témoignage rendu à l’Evangile est et sera toujours signe de contradiction !

Méditons en notre cœur les paroles du Seigneur Jésus : « Heureux les affligés, car ils seront consolés. Heureux les affamés et assoiffés de la justice, car ils seront rassasiés. […] Heureux êtes-vous quand on vous insultera, qu’on vous persécutera, et qu’on dira faussement contre vous toute sorte d’infamie à cause de moi. Soyez dans la joie et l’allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux » (Mt 5, 5-12). Renouvelons donc « l’engagement pris par nous à l’indulgence et au pardon, que nous demandons à Dieu dans le Notre Père, en posant nous-mêmes la condition et la mesure de la miséricorde désirée. En effet, nous prions ainsi : "Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés" (Mt 6, 12) »[17]. La violence ne se vainc pas par la violence. Que notre cri de douleur soit toujours accompagné par la foi, par l’espérance et le témoignage de l’amour de Dieu ! J’exprime aussi le souhait qu’en Occident, spécialement en Europe, cessent l’hostilité et les préjugés à l’encontre des chrétiens qui veulent donner à leur vie une orientation cohérente avec les valeurs et les principes exprimés dans l’Evangile. Que l’Europe apprenne plutôt à se réconcilier avec ses propres racines chrétiennes : elles sont essentielles pour comprendre le rôle qu’elle a eu, qu’elle a et veut avoir dans l’histoire ; elle saura ainsi faire l’expérience de la justice, de la concorde et de la paix, en cultivant un dialogue sincère avec tous les peuples.

La liberté religieuse, chemin vers la paix

15. Le monde a besoin de Dieu. Il a besoin de valeurs éthiques et spirituelles, universelles et partagées, et la religion peut offrir une contribution précieuse dans leur recherche, pour la construction d’un ordre social juste et pacifique au niveau national et international.

La paix est un don de Dieu et en même temps un projet à mettre en œuvre, jamais complètement achevé. Une société réconciliée avec Dieu est plus proche de la paix, qui n’est pas simplement l’absence de guerre, qui n’est pas le simple fruit d’une prédominance militaire ou économique, ni encore moins de ruses mensongères ou d’habiles manipulations. La paix, en fait, est le résultat d’un processus de purification et d’élévation culturelle, morale et spirituelle de chaque personne et chaque peuple, processus dans lequel la dignité humaine est pleinement respectée. J’invite tous ceux qui désirent devenir artisans de paix, et spécialement les jeunes, à se mettre à l’écoute de la voix intérieure qui est en eux, pour trouver en Dieu, le point de référence stable pour la conquête d’une liberté authentique, la force inépuisable pour orienter le monde avec un esprit nouveau, capable de ne pas répéter les erreurs du passé. Comme l’enseigne le Serviteur de Dieu Paul VI, dont la sagesse et la clairvoyance nous ont valu l’institution de la Journée Mondiale de la Paix : « Il faut avant tout donner à la Paix d’autres armes que celles destinées à tuer et à exterminer l’humanité. Il faut surtout les armes morales, qui donnent force et prestige au droit international, à commencer par l’observation des pactes »[18]. La liberté religieuse est une arme authentique de la paix, et elle a une mission historique et prophétique. En effet, elle valorise et fait fructifier les qualités les plus intimes et les potentialités de la personne humaine capables de changer et rendre meilleur le monde. Elle permet de nourrir l’espérance en un avenir de justice et de paix, même devant les graves injustices et les misères matérielles et morales. Puissent tous les hommes et toutes les sociétés, à tout niveau et en tout point de la terre, faire sans tarder l’expérience de la liberté religieuse, chemin vers la paix !

Au Vatican, le 8 décembre 2010.

BENEDICTUS PP XVI



[1] Cf. Benoît XVI, Lett. enc. Caritas in veritate,nn. 29. 55-57.
[2] Cf. Concile œucuménique Vatican II, Déclaration sur la liberté religieuse Dignitatis humanae, n. 2.
[3] Cf. Benoît XVI, Caritas in veritate, n. 78.
[4] Cf. Concile œcuménique Vatican II, Déclaration sur les relations de l’Eglise avec les religions non chrétiennes Nostra aetate, n.1.
[5] Ibid. Déclaration sur la liberté religieuse Dignitatis humanae, n. 7.
[6] Benoît XVI, Discours à l’Assemblée Générale de l’Organisation des Nations Unies (18 avril 2008) : AAS 100 (2008), 337, DC 2403 (2008°, p. 537.
[7] Cf. Concile œcuménique Vatican II, Déclaration sur la liberté religieuse Dignitatis humanae, n.2.
[8] Jean-Paul II, Discours aux participants à l’Assemblée Parlementaire de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) (10 octobre 2003), 1 : AAS 96 (2004), p. 111.
[9] Cf. Caritas in veritate, n. 11.
[10] Cf. Concile œcuménique Vatican II, Déclaration sur la liberté religieuse Dignitatis humanae, n. 1.
[11] Cf. Cicéron, De inventione, II,160.
[12] Cf. Benoît XVI, Discours aux Représentants des autres religions du Royaume-Uni (17 septembre 2010) : L’Osservatore Romano (18 septembre 2010), p.12 ; DC 2454 (2010), p. 876.
[13] Concile oecuménique Vatican II, Déclaration sur les relations de l’Eglise avec les religions non chrétiennes Nostra aetate, n.2.
[14] Ibid.
[15] Super evangelium Joannis, I,3.
[16] Cf. Benoît XVI, Discours aux Autorités civiles et au Corps diplomatique à Chypre (5 juin 2010) : L’Osservatore Romano (6 juin 2010), p. 8 ; DC 2448 (2010), p. 572-573 ; Commission Théologique Internationale, A la recherche d’éthique universelle : Nouveau regard sur la loi naturelle, Cité du Vatican, 2009.
[17] Paul VI, Message pour la Journée mondiale de la Paix 1976 : AAS 67 (1975), 671 ; DC 1686 (1975), p. 953.
[18] Ibid. : AAS, 67 (1975), p. 668 ; DC, 1686 (1975), p. 953.

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Message par Her Mar 1 Mar - 15:41

St François d’Assise

PRIÈRE POUR LA PAIX

Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix.

Là où est la haine, que je mette l’amour. Là où est l’offense, que je mette le pardon. Là où est la discorde, que je mette l’union. Là où est l’erreur, que je mette la vérité. Là où est le doute, que je mette la foi. Là où est le désespoir, que je mette l’espérance. Là où sont les ténèbres, que je mette la lumière. Là où est la tristesse, que je mette la joie.

O Seigneur, que je ne cherche pas tant à être consolé qu’à consoler, à être compris qu’à comprendre, à être aimé qu’à aimer.

Car c’est en se donnant que l’on reçoit, c’est en oubliant qu’on se retrouve soi-même, c’est en pardonnant que l’on obtient le pardon, c’est en mourant que l’on ressuscite à la Vie.

Amen.
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Message par Her Mar 1 Mar - 15:47

http://www.osservatore-vaticano.org/divers/une-reponse-du-pr-roberto-de-mattei-aux-critiques-de-sa-supplique-relative-a-assise-iii?

Une réponse du Pr Roberto de Mattei aux critiques de sa supplique relative à Assise III
Posté par Vini Ganimara dans divers le 02 28th, 2011 | 5 réponse
Dans un récent article de sa « Correspondance européenne« , le Pr Roberto de Mattei (dont nos amis de Riposte catholique viennent de publier un excellent petit opuscule sur « La dictature du relativisme ») répond aux critiques qui lui ont été adressées à propos de la supplique à Benoît XVI contre Assise III, dont il est l’un des principaux promoteurs:

« Assise III : pourquoi s’y opposer

La supplique de certains catholiques italiens à Benoît XVI afin qu’il n’aille pas à Assise en octobre prochain (cf. CE 229/01, 31 janvier 2011), a suscité un vif débat dans lequel, en plus d’appréciations qui font autorité, il y a eu, comme cela était prévisible, des critiques et des commentaires très perplexes. Il me semble inutile de répondre aux accusations venant du côté progressiste qui voit dans cet événement l’occasion pour relancer un œcuménisme syncrétiste : ces critiques constituent en effet la meilleure confirmation de l’opportunité de notre appel. J’estime par contre qu’il est nécessaire de répondre aux critiques du côté conservateur, lancées par des frères dans la foi qui ont probablement notre même amour pour l’Eglise.
Ces critiques pourraient être résumées en ces termes : la rencontre d’Assise annoncée par Benoît XVI n’a pas à nous plaire ou à nous déplaire ; on ne peut pas critiquer un Pape pour ce qu’il a fait (Jean-Paul II en 1986) ou pour ce qu’il souhaite faire (Benoît XVI en 2011), prétendant lui expliquer ce qui est bon pour l’Eglise. De la part des fidèles, surtout s’ils sont des laïcs, on exige une religieuse approbation de toute initiative et décision du Souverain Pontife.
La réponse à cette critique vient du Catéchisme, de la tradition théologique, de l’histoire de l’Eglise et de l’Enseignement pontifical. Le Catéchisme nous enseigne que le sacrement du Baptême nous incorpore à l’Eglise, en nous faisant partager sa mission (n. 1213), et celui de la Confirmation oblige tous les baptisés « à répandre et à défendre la foi par la parole et par l’action en vrais témoins du Christ » (n. 1285). La promesse de l’assistance divine de l’Esprit Saint, plusieurs fois répétée par le Seigneur aux Apôtres (Jn, 14, 16-17; 26-26) ne se manifeste pas seulement à travers le Magistère, mais aussi à travers le consensus de l’universitas fidelium, comme l’ont expliqué, contre les protestants, le grand théologien dominicain Melchior Cano dans De Locis theologicis et saint Robert Bellarmin dans De ecclesia militante. Les théologiens successifs ont distingué entre l’infallibilitas in docendo et l’infallibilitas in credendo de l’Eglise. Cette dernière repose sur le sens de la foi, c’est-à-dire la capacité du croyant de distinguer ce qui est conforme à la foi de ce qui ne l’est pas, non pas par un raisonnement théologique, mais au moyen d’une sorte de connaissance par co-naturalité. La vertu de la foi (habitus fidei), reçue avec le Baptême, explique en effet saint Thomas d’Aquin, produit une co-naturalité de l’esprit humain avec les mystères révélés, faisant de sorte que l’intellect de tout baptisé soit, comme par instinct, attiré par les vérités surnaturelles et adhère à celles-ci.
Au long de l’histoire de l’Eglise, le sensus fidei des simples fidèles a été parfois plus conforme à la Tradition apostolique qu’à celui des Pasteurs, comme cela arriva pendant la crise arienne du IVème siècle, lorsque la foi fut gardée par une minorité de saints et d’évêques rebelles, tels saint Athanase, Hilaire de Poitiers, Eusèbe de Vercelli et surtout par le peuple fidèle. Ce dernier ne s’associait pas aux diatribes théologiques mais gardait, par un simple instinct surnaturel, la bonne doctrine. Le bienheureux Newman écrit qu’« à cette époque d’immense confusion, le divin dogme de la divinité de Notre Seigneur fut proclamé, inculqué, gardé et (humainement parlant) préservé beaucoup plus par l’Ecclesia docta que par l’Ecclesia docens ».
Le rôle de tout baptisé dans l’histoire de l’Eglise a été évoqué par Benoît XVI dans son discours du 26 janvier 2011. Le Pape a rappelé la mission de « deux jeunes femmes du peuple, laïques et consacrées dans la virginité ; deux mystiques engagées non dans le cloître, mais au milieu de la réalité la plus dramatique de l’Église et du monde de leur temps ». Il s’agit de sainte Catherine de Sienne et sainte Jeanne d’Arc, « peut-être les figures les plus caractéristiques de ces ‘femmes fortes’ qui, à la fin du Moyen Âge, portèrent sans peur la grande lumière de l’Évangile dans les complexes événements de l’histoire. Nous pourrions les rapprocher des saintes femmes qui restèrent au Calvaire, à côté de Jésus crucifié et de Marie sa Mère, tandis que les Apôtres avaient fui et que Pierre lui-même l’avait renié trois fois ». L’Eglise, dans cette période-là, vivait la profonde crise du grand schisme d’Occident, qui a duré presque 40 ans. A cette époque aussi dramatique que la crise arienne, ces deux saintes furent guidées par la lumière de la foi plus que les théologiens et les ecclésiastiques de l’époque. Le Pape adresse à ces deux laïques les mots de Jésus selon lesquels les mystères de Dieu sont révélés à ceux qui ont le cœur des tout-petits, alors qu’ils restent cachés aux sages et aux intelligents qui n’ont pas d’humilité (cf. Lc. 10, 21).
C’est dans cet esprit que nous avons exprimé toutes nos perplexités et réserves face à cette rencontre interreligieuse d’Assise du 27 octobre 1986, qui ne fut pas un acte magistériel, mais un geste symbolique, dont le message fut confié non pas à des écrits ou à des mots, mais au fait lui-même et à son image. Un hebdomadaire italien en résumait alors le sens avec les mots du père Marie-Dominique Chenu: « C’est le rejet officiel de l’axiome qui était enseigné jadis : hors de l’Eglise, point de salut » (“Panorama”, 2 novembre 1986).
J’étais à Assise ce jour-là et j’ai une documentation photographique de ce qui se passa, par exemple dans l’église Saint-Pierre où à la place du Très-Saint-Sacrement, une petite statue de Buddha fut intronisée sur l’autel qui garde les reliques du martyr Vittorino, alors que sur un étendard situé devant le même autel on lisait « Je me consacre à la loi du Buddha ». En tant que catholique, j’éprouvai et je continue à éprouver répugnance pour cet événement qui ne mérite pas, d’après moi, d’être rappelé sinon pour en prendre les distances. Je suis certain que Benoît XVI ne souhaite pas que les abus de cette époque-là se répètent, mais nous vivons dans une société médiatique et la nouvelle rencontre d’Assise risque d’avoir la même signification qui fut attribuée à la première par les moyens de communication et donc par l’opinion publique mondiale, comme cela est en train de se passer.
Aujourd’hui nous vivons une époque dramatique où tout baptisé doit avoir le courage surnaturel et la franchise apostolique de défendre à voix haute sa propre foi, suivant l’exemple des saints et sans se laisser conditionner par la “raison politique”, comme il se passe très souvent dans le domaine ecclésiastique aussi. Ce n’est que la conscience de notre foi et aucune autre considération qui nous a poussé à refuser Assise I et II et à exprimer au Saint-Père, avec respect, toutes nos préoccupations devant l’annonce d’un prochain Assise III. »
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Message par Her Dim 3 Avr - 20:40

Bonjour,

Pour revenir sur la prière d'Assise :

http://www.perepiscopus.org/

Posté par Maximilien Bernard dans Relativisme le 10/02/11 |

Ce que Benoît XVI fera à Assise (1)

La rencontre interreligieuse à Assise annoncée par le Pape début janvier a glacé bon nombre de personnes dans le milieu traditionaliste. Pourtant, il apparaissait normal que Benoît XVI, qui n’est pas un homme de rupture, dans son entreprise de réinterprétation authentique du Concile (l’herméneutique de la réforme dans la continuité), s’attelle au problème du dialogue interreligieux. Problème car ce thème a été souvent le prétexte de dérives relativistes, laissant entendre, parfois ouvertement, parfois à demi-mot, que l’on pouvait faire son salut dans les autres religions. Or seul Jésus-Christ est Sauveur. Le 1er janvier, le Pape a déclaré lors de l’Angélus :

en cette année 2011, l’on fêtera le 25e anniversaire de la Journée mondiale de prière pour la paix que le vénérable Jean-Paul II convoqua à Assise en 1986. C’est la raison pour laquelle, je me rendrai au mois d’octobre prochain comme pèlerin dans la ville de saint François, en invitant à s’unir à ce chemin nos frères chrétiens des diverses confessions, les autorités des traditions religieuses du monde, et de manière idéale, tous les hommes de bonne volonté, dans le but de rappeler ce geste historique voulu par mon prédécesseur et de renouveler solennellement l’engagement des croyants de chaque religion à vivre leur foi religieuse comme service pour la cause de la paix. Celui qui est en chemin vers Dieu, ne peut pas ne pas transmettre la paix, celui qui construit la paix ne peut pas ne pas se rapprocher de Dieu. Je vous invite dès à présent à accompagner de vos prières cette initiative.

Là où l’on peut légitimement s’inquiéter, c’est de voir apparaître des tentatives d’interprétations relativistes de cet événement. Et nous connaissons bien et nos médias et nos experts théologiens (et nos évêques !) pour savoir que le message du Pape risque d’être brouillé. Après Ratisbonne, Summorum Pontificum, la levée des excommunications, l’affaire du préservatif, etc., nous pouvons nous attendre à un flot de logorrhée désinformative.

Comme Benoît XVI n’est pas homme à se dédire, et pour éviter au préalable les interprétations abusives (et autre « esprit d’Assise« , comme on a eu « l’esprit du Concile ») il convient de se pencher sur la lettre, et plus précisément sur ce que le cardinal Ratzinger écrivait en 2005, dans un ouvrage rédigé avant son élection et publié juste après, Foi, Vérité, Tolérance :

À l’époque du dialogue et de la rencontre entre les religions, la question de savoir si on peut prier les uns avec les autres a nécessairement jailli. On distingue aujourd’hui la prière multireligieuse de la prière interreligieuse. Les deux journées mondiales de la prière pour la paix en 1986 et en 2002 à Assise offrirent le modèle de la prière multireligieuse. On peut le présenter ainsi : les membres des différents groupes religieux se rassemblent. La souffrance face aux misères du monde et à l’absence de paix leur est commune, ainsi que le désir d’une aide venant d’en haut contre les forces du mal afin que la paix et la justice puissent advenir dans le monde. En découle l’intention de poser un signe public de cette aspiration, un signe qui interpelle tous les hommes et fortifie la bonne volonté qui est condition de la paix. Ceux qui se rassemblent savent cependant aussi que leur compréhension du « divin » et donc leur manière de s’adresser à lui divergent au point qu’une prière en commun serait fictivement commune et ne correspondrait pas à la vérité. Ils se rassemblent pour poser un signe du désir commun ; ils prient par contre – même si cela se fait de façon simultanée – dans des lieux séparés, chacun à sa manière. « Prier » a évidemment dans une compréhension impersonnelle de Dieu (souvent liée au polythéisme) une tout autre signification que dans la foi en un Dieu unique et personnel. La différence est présentée de manière visible, mais de telle sorte qu’elle devienne en même temps comme un cri appelant la guérison de nos séparations.

À la suite d’Assise – en 1986 comme en 2002 – on a posé à plusieurs reprises et d’une manière très sérieuse la question : est-ce qu’on peut faire cela ? Ne trompe-t-on pas la grande majorité avec une harmonie qui n’existe pas dans la réalité ? Ne favorise-t-on pas le relativisme – l’opinion selon laquelle, au fond, les différences qui séparent les « religions » ne touchent pas à l’essentiel ? N’affaiblit-on pas le sérieux de la foi et ne nous éloignons-nous pas de Dieu, ce qui renforce notre solitude? Il ne faut pas balayer de telles questions. Les dangers sont indéniables, et on ne saurait nier le fait que beaucoup ont mal interprété Assise, notamment en 1986. Inversement, il serait faux de rejeter totalement et catégoriquement la prière multireligieuse comme elle vient d’être décrite. Il me semble juste de la lier à des conditions qui correspondent aux exigences de la vérité intérieure et à la responsabilité qu’impose ce cri vers Dieu à la face du monde entier. (A suivre)

Ce que Benoît XVI fera à Assise (2)

Posté par Maximilien Bernard dans Relativisme le 02 11th, 2011 |
Suite du texte du cardinal Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, à propos de la prière multireligieuse. Le futur pape pose des conditions, conditions qu’il respectera certainement en octobre prochain à Assise :

Je vois deux conditions fondamentales :

1. Une telle prière multireligieuse ne peut être la situation normale de la vie spirituelle, elle ne peut être qu’un signe dans des situations extraordinaires où un cri commun se lève, un cri qui secoue les cœurs humains et doit toucher en même temps le cœur de Dieu.

2. Un tel procédé s’accompagne quasi inéluctablement de la séduction de fausses interprétations et de la tentation de l’indifférentisme face au contenu de ce que l’on croit ou ne croit pas. C’est pourquoi, de tels procédés doivent rester des exceptions et surtout faire l’objet d’une clarification rigoureuse de ce qui se passe et de ce qui ne se passe pas. Cette clarification doit mettre en lumière le fait qu’il n’existe pas « les religions » en général, que la conception commune de Dieu ou la foi commune n’existe pas, que la différence ne touche pas seulement le domaine des images et des formes d’expressions changeantes, mais aussi les décisions fondamentales elles-mêmes. Cette clarification est importante, non seulement pour les participants de l’événement, mais pour tous ceux qui en sont témoins ou qui en sont informés de quelque manière. Cet événement doit être assez clair en lui-même et devant tous pour ne pas devenir une manifestation du relativisme par lequel il serait anéanti dans sa raison d’être.


Ce que Benoît XVI fera à Assise (3)
Après avoir traité le cas de la prière multireligieuse, le cardinal Ratzinger aborde le cas de la prière interreligieuse :

Tandis que, lors de la prière multireligieuse, on prie dans le même contexte mais séparément, la prière interreligieuse signifie que les personnes ou groupes des différentes appartenances religieuses prient ensemble. Est-ce possible en toute vérité et honnêteté ? En tout cas, trois conditions élémentaires doivent être posées, sans le respect desquelles une telle prière deviendrait une apostasie de la foi :

1. On ne peut prier les uns avec les autres que s’il y a une unanimité sur la question de savoir qui ou qu’est Dieu et sur ce qu’est la prière : un processus de dialogue où je parle à un Dieu capable de m’écouter et de m’exaucer. Autrement dit : la prière en commun nécessite que, fondamentalement, on ait la même compréhension du destinataire et de l’acte intérieur qui lui est adressé. Comme dans le cas d’Abraham et de Melchisédech, de Job et de Jonas, il doit être clair que l’on parle au Dieu unique qui est au-dessus des dieux, au Créateur du ciel et de la terre – à mon Créateur. Il doit être clair que Dieu est une « personne », c’est-à-dire qu’il est capable de connaître et d’aimer ; qu’il a le pouvoir de m’écouter et de me répondre ; qu’il est le bien et la mesure du bien et que le mal n’a pas de part avec lui. À partir de la figure de Melchisédech nous pouvons dire qu’il doit être clair qu’il est le Dieu de la paix et de la justice. Tout mélange d’une compréhension personnelle et d’une compréhension impersonnelle, de Dieu et des dieux, doit être exclu. Le premier commandement est valable aussi dans une éventuelle prière interreligieuse.

2. Partant de la conception de Dieu, il doit y avoir aussi un accord de fond sur la question de savoir ce qui est digne de la prière et ce qui peut devenir contenu de la prière. Ce sont les demandes du Notre Père que je considère comme la norme de ce que nous pouvons demander à Dieu de manière juste pour que la prière soit digne de Dieu : dans ces demandes nous voyons qui et comment est Dieu et qui nous sommes nous-mêmes. Elles purifient notre vouloir, nous montrent avec quelle sorte de désirs nous sommes en chemin vers Dieu et quelle sorte de désirs nous éloigne de Dieu, nous opposerait à lui. Des demandes qui sont contraires à la direction des demandes du Notre Père, pour un chrétien, ne peuvent pas être objet d’une prière interreligieuse, ni d’aucune autre sorte de prière.

3. Le tout doit se faire de manière à ce qu’une interprétation relativiste de la foi et de la prière n’y trouve aucun support. Ce critère n’est pas seulement valable pour les chrétiens, qui ne doivent pas être induits en erreur, mais également pour les non-chrétiens, devant lesquels on doit éviter de donner l’impression que les « religions » sont interchangeables, que la profession de foi chrétienne est relative et donc remplaçable. L’absence d’un tel égarement exige que la prière interreligieuse n’obscurcisse pas aux yeux du non-chrétien la foi des chrétiens en l’unicité de Dieu et en l’unicité de Jésus-Christ, du Sauveur de tous les hommes. À ce propos, le document de Bose évoqué plus haut dit à juste titre que la participation à la prière interreligieuse ne doit pas remettre en cause notre engagement pour l’annonce du Christ à tous les hommes. Si un non-chrétien pouvait ou devait conclure de la participation d’un chrétien une relativisation de la foi en Jésus-Christ, l’unique Sauveur de tous, cette participation ne devrait avoir lieu. En effet, elle indiquerait alors la mauvaise direction, elle ferait reculer au lieu de faire avancer dans l’histoire des chemins de Dieu.
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Message par Her Dim 3 Avr - 20:41

Croyants et non-croyants : Rendez-vous à Assise le 27 octobre 2011

Le Saint-Siège explique le sens de l’initiative de Benoît XVI

ROME, Dimanche 3 avril 2011 (ZENIT.org) - « Pèlerins de la vérité, pèlerins de la paix » : c'est le thème de l'initiative de Benoît XVI qui fêtera, à Assise, le 27 octobre prochain, le 25e anniversaire du rassemblement des religions à Assise autour de Jean-Paul II. Un pèlerinage proposé à croyants et non-croyants. Des veillées préparatoires sont encouragés dans les diocèses du monde.

« Saint François, pauvre et humble, accueillera tout le monde à nouveau dans sa ville, devenue symbole de fraternité et de paix », précise le Saint-Siège.

Le programme de la rencontre proposée par Benoît XVI le 27 octobre prochain à Assise a été présenté samedi, 2 avril par la salle de presse du Saint-Siège qui a publié en plusieurs langue un communiqué précisant le sens et l'objectif de ce nouveau rendez-vous des religions, qui, en quelque sorte, intègre aussi l'esprit de dialogue du « Parvis des gentils ».

Annoncée par le pape le 1er janvier après la prière de l'Angélus, elle vise à célébrer le XXVe anniversaire de la rencontre historique voulue par Jean-Paul II ».

« Benoît XVI se rendra donc en pèlerinage dans la ville Saint-François et il invite les frères chrétiens des diverses confessions et les représentants des traditions religieuses dans le monde et, idéalement, tous les hommes de bonne volonté à se joindre à sa démarche », ajouté le communiqué.

Un pèlerinage proposé à croyants et non-croyants : « Chaque être humain, au fond, est un pèlerin en quête de vérité et de bien. Quant aux croyants, ils sont toujours en chemin vers Dieu : c'est de ce fait que naît la possibilité et même le besoin de parler et de dialoguer avec tous, croyants et non-croyants, sans renoncer à sa propre identité ou se prêter à des formes de syncrétisme ; dans la mesure où le pèlerinage de la vérité est vécu de manière authentique, il ouvre au dialogue avec autrui, il n'exclut personne et engage chacun à être artisan de fraternité et de paix ».

« Tels sont les éléments que le Saint Père entend placer au centre de la réflexion, ajoute le communiqué. C'est pour cette raison que seront également invitées des personnalités du monde de la culture et de la science, qui sans professer une religion, recherchent la vérité et pensent que nous sommes tous responsables de la justice et de la paix dans le monde. »

« L'image du pèlerinage résume donc le sens de l'événement qui sera célébré, fait observer le communiqué : on fera mémoire des étapes qui ont jalonné le parcours, de la première rencontre d'Assise, à celle de janvier 2002 et, dans le même temps, on regardera vers l'avenir avec l'intention de continuer, avec tous les hommes et les femmes de bonne volonté, à marcher sur le chemin du dialogue et de la fraternité, dans un monde en mutation rapide. »

Concrètement, les différentes délégations partiront de Rome, en train, dans la matinée du 27 octobre autour de Benoît XVI.

A leur arrivée à Assise, les délégations se rendront à la basilique Sainte-Marie des Anges pour « un temps de commémoration des rencontres précédentes et d'approfondissement du thème de la journée » : des représentants des délégations ainsi que le Pape prendront la parole.

Le déjeuner sera « frugal », précise le communiqué : « un repas sous le signe de la sobriété, pour exprimer les retrouvailles fraternelles et en même temps, la participation aux souffrances de tant d'hommes et de femmes qui ne connaissent pas la paix ». Il sera suivi « d'un temps de silence, pour que chacun puisse réfléchir et prier. »

Dans l'après-midi, les participants pourront monter jusqu'à la basilique Saint-François, et « les membres des délégations se joindront à la dernière partie du pèlerinage pour symboliser le chemin que chaque être humain doit parcourir dans la recherche assidue de la vérité et la construction efficace de la justice et de la paix ». Un montée qui se fera également « en silence pour permettre la prière et la méditation personnelle ».

A basilique Saint-François, « où se sont achevés les rassemblements précédents », aura lieu « le renouvellement solennel de l'engagement commun en faveur de la paix. »

Cette Journée sera préparée, dans la soirée du 26 octobre, par une veillée de prière présidée par Benoît XVI en la basilique Saint-Pierre : le diocèse de Rome y est invité.

Et les diocèses du monde, les communautés locales, sont « encouragées à organiser des moments de prière analogues ».

Les présidents des conseils pontificaux pour la Promotion de l'Unité des Chrétiens, du Dialogue interreligieux et de la Culture enverront les invitations au nom de Benoît XVI.

Benoît XVI demande aux catholiques de « s'unir spirituellement à la célébration de cet événement important » et il « remercie ceux qui voudront bien être présents dans la cité de Saint-François, pour partager ce pèlerinage ».
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Message par Her Mar 5 Avr - 12:19

http://www.osservatore-vaticano.org/dialogue-interreligieux-et-oecumenisme/assise-iii-sera-t-elle-une-reunion-interreligieuse

Assise III sera-t-elle une réunion interreligieuse?
Posté par Vini Ganimara dans Dialogue interreligieux et oecuménisme le 04 4th, 2011 | une réponse
Je découvre cet après-midi une note de la salle de presse du saint-siège à propos de la prochaine rencontre d’Assise, où je lis notamment ceci:

» Le thème de cette Journée sera: Pèlerins de la vérité, pèlerins de la paix. Chacun est, au fond, un pèlerin à la recherche de la vérité et du bien. L’homme religieux aussi reste toujours en marche vers Dieu: de là, naît la possibilité, et même le besoin de parler et dialoguer avec tous, croyants ou non-croyants, sans renoncer pour autant à son identité ou tomber dans des formes de syncrétisme. Dans la mesure où le pèlerinage de la vérité est vécu de façon authentique, il ouvre au dialogue avec l’autre, n’exclut personne et nous engage tous à être des bâtisseurs de fraternité et de paix. Voilà les éléments que le Saint-Père entend mettre au centre de la réflexion. […] C’est pourquoi, quelques personnalités du monde de la culture et de la science, qui bien que non religieux sont à la recherche de la vérité et savent leur responsabilité commune pour la cause de la justice et de la paix dans notre monde, seront invitées à partager la démarche des représentants des communautés chrétiennes et des principales traditions religieuses. »

J’avoue que je n’y comprends plus grand-chose.
J’avais compris qu’il s’agissait d’une rencontre interreligieuse pour prier pour la paix. Et je m’inquiétais des dérives syncrétistes possibles (non, sans doute, du Pape lui-même, mais des médias qui commenteraient l’événement en laissant entendre que toutes les religions avaient prié ensemble, causant ainsi éventuellement la chute des fidèles les plus faibles).
Mais il semble qu’il ne s’agisse pas seulement de paix, mais aussi de vérité (et donc, j’imagine, de débat théologique?). Et pas seulement non plus une réunion interreligieuse, mais une réunion avec des non-croyants.
S’agit-il donc d’un prolongement du Parvis des gentils? S’agit-il de se battre ensemble sur la base de la loi naturelle pour lutter contre les violences injustes? Ou s’agit-il encore d’autre chose?
Si un lecteur y voit plus clair que moi, sa contribution sera la bienvenue!
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Message par Her Mer 6 Avr - 23:56

Appel du pape pour la paix en Côte d’Ivoire et en Libye

« La violence et la haine sont toujours un échec ! »

ROME, Mercredi 6 avril 2011 (ZENIT.org) - Benoît XVI lance un appel à la paix en Côte d'Ivoire et en Libye, afin d'éviter de nouvelles effusions de sang : la violence, dit-il, est toujours un « échec ».

Au terme de l'audience générale du 6 avril 2011, le pape Benoît XVI a en effet confié : « Je continue de suivre avec une grande préoccupation les événements dramatiques que vivent en ces jours les chères populations de Côte d'Ivoire et de Libye ».

Le pape redit que la violence est un « échec » : « Je prie pour les victimes et je suis proche de tous ceux qui souffrent. La violence et la haine sont toujours un échec ! C'est pourquoi j'adresse un nouvel appel pressant à toutes les parties en conflit afin que soit entamée l'œuvre de pacification et de dialogue et que l'on évite de nouvelles effusions de sang.

Le cardinal Turkson, président du Conseil pontifical justice et paix, envoyé du pape, n'a pas pu rejoindre la capitale ivoirienne : il est resté bloqué à Accra au Ghana, l'aéroport d'Abidjan étant fermé en raison des combats, fait observer Radio Vatican.

« Je souhaite, en outre, a ajouté le pape, que le cardinal Turkson, que j'avais chargé de se rendre en Côte d'Ivoire pour exprimer ma solidarité, puisse bientôt entrer dans le pays ».

Anita S. Bourdin
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Message par Her Mer 6 Avr - 23:57

Pakistan : Le frère du ministre assassiné rencontre Benoît XVI

Paul Bhatti a pardonné à l’assassin

ROME, Mercredi 6 avril 2011 (ZENIT.org) - Le frère du ministre pakistanais assassiné a salué Benoît XVI au terme de l'audience générale du mercredi.

Paul Bhatti, frère de Shahbaz Bhatti, était entouré de l'évêque de Faisalabad, Mgr Joseph Coutts, qui a présidé les funérailles du ministre, et du grand imam de la mosquée Badshahi de Lahore, Syed Muhammad Abudl Khabir Azad.

Il a participé, mardi, 5 avril, à une conférence en l'honneur de son frère, Shahbaz Bhatti, dans les locaux de la communauté de Sant'Egidio à Rome.

On se souvient que l'ancien ministre des Minorités religieuses du Pakistan a été assassiné le 2 mars dernier par des hommes appartenant à la mouvance des talibans pakistanais : il était le seul ministre chrétien du gouvernement. Il s'était notamment insurgé contre les abus provoqués par la loi anti-blasphème. Son frère a repris le flambeau.

Il a déclaré au micro de Radio Vatican avoir pardonné aux assassins de son frère en disant : « Mon frère avait la foi chrétienne, et la foi chrétienne dit de pardonner. Nous, notre famille, nous avons décidé de pardonner. Mais en même temps, nous voulons découvrir les auteurs de ce crime ».

Anita S. Bourdin
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Message par Her Ven 8 Juil - 12:23

http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2011/07/précisions-sur-le-sens-de-la-prochaine-rencontre-interreligieuse-à-assise.html

07 juillet 2011

Précisions sur le sens de la prochaine rencontre interreligieuse à Assise

Suite à des interrogations venues de plusieurs milieux (notamment de la FSSPX, mais aussi d'intellectuels italiens), le cardinal français Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, a expliqué, dans un article publié par l'Osservatore Romano daté de mardi, l'intérêt de la prochaine rencontre interreligieuse à Assise.

"Le dialogue n'est pas une conversation entre responsables religieux ou croyants d'autres religions. Il ne s'agit pas non plus d'une tractation de type diplomatique; ce n'est pas le lieu d'un marchandage et encore moins de compromis. (…) Il ne cherche ni à souligner, ni à annuler les différences. Il ne vise pas à créer une religion globale, acceptée par tous (…) ; il ne concède rien à l'ambiguïté des concepts et des mots.»

Pour le cardinal Tauran, l'enjeu de la rencontre d'octobre est de créer un «espace pour un témoignage réciproque entre croyants» et de «corriger des images erronées, et dépasser les a priori et les stéréotypes sur les personnes et les communautés». Ce dialogue entend

«connaître l'autre, tel qu'il est, parce qu'il a le droit d'être connu ainsi et non à partir de ce que l'on dit de lui, et encore moins tel qu'on voudrait qu'il fut».

Pour Jean-Marie Guénois, "deux choses semblent se dessiner" :

"La période naïve du dialogue interreligieux, celle des années 70 pour être précis, est close. Les responsables religieux, comme les spécialistes, savent que toutes les avenues de ce dialogue ont été largement parcourues. Beaucoup s'accordent pour reconnaître que cette tentative de rapprochement butte aujourd'hui sur des impasses et des sens interdits.
Une nouvelle forme de dialogue, plus identitaire et moins idéaliste, plus technique aussi, a donc pris le relais. Comme dit le cardinal Tauran, il n'est pas question de travailler à l'avénement d'une sorte de "religion mondiale" mais de contribuer à une vraie connaissance de l'autre. Ce qui est capital pour la conviavilité des sociétés d'aujourd'hui et de demain, marquées par un brassage intense des populations et des origines."
Le cardinal Ratzinger précisait le sens de ces rencontres, en 2005, dans un ouvrage rédigé avant son élection et publié juste après, Foi, Vérité, Tolérance (lire le texte : 1, 2, 3). Extrait :

"de tels procédés doivent rester des exceptions et surtout faire l’objet d’une clarification rigoureuse de ce qui se passe et de ce qui ne se passe pas. Cette clarification doit mettre en lumière le fait qu’il n’existe pas « les religions » en général, que la conception commune de Dieu ou la foi commune n’existe pas, que la différence ne touche pas seulement le domaine des images et des formes d’expressions changeantes, mais aussi les décisions fondamentales elles-mêmes. Cette clarification est importante, non seulement pour les participants de l’événement, mais pour tous ceux qui en sont témoins ou qui en sont informés de quelque manière. Cet événement doit être assez clair en lui-même et devant tous pour ne pas devenir une manifestation du relativisme par lequel il serait anéanti dans sa raison d’être."

C'est sans doute dans cette optique que le Pape a entamé le 4 mai une nouvelle série de catéchèses consacrées à la prière. Il disait notamment :

"Dans les exemples de prière des différentes cultures, que nous avons pris en considération, nous pouvons voir un témoignage de la dimension religieuse et du désir de Dieu inscrit dans le cœur de chaque homme, qui trouvent leur accomplissement et leur pleine expression dans l’ancien et dans le Nouveau Testament. La Révélation, en effet, purifie et porte à sa plénitude l’aspiration originelle de l’homme à Dieu, en lui offrant, dans la prière, la possibilité d’une relation plus profonde avec le père céleste."

En octobre 1986, Jean-Paul II déclarait aux membres des autres religions :

"Oui, il y a la dimension de la prière qui, dans la diversité très réelle des religions, tente d'exprimer une communication avec une Puissance au-dessus de toutes nos forces humaines. La paix dépend fondamentalement de cette Puissance, que nous appelons Dieu et que, comme chrétiens, nous croyons révélée dans le Christ. C'est là le sens de cette Journée mondiale de prière. [...] La forme et le contenu de nos prières sont très différents, comme nous l'avons vu, et il ne peut être question de les réduire à une sorte de commun dénominateur. [...] Le défi de la paix, tel qu'il se présente actuellement à toute conscience humaine, transcende les différences religieuses. C'est le problème d'une qualité de vie convenable pour tous, le problème de la survie de l'humanité, le problème de la vie et de la mort. [...] Je redis ici humblement ma propre conviction: la paix porte le nom de Jésus-Christ."

Posté le 7 juillet 2011 à 10h51 par Michel Janva
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Message par Her Jeu 28 Juil - 21:46

http://www.zenit.org/

Rencontre interreligieuse d'Assise : Réflexion du cardinal Levada

Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi

ROME, Dimanche 10 juillet 2011 (ZENIT.org) - Nous reprenons ci-dessous le texte intégral de la réflexion que le cardinal William Joseph Levada, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, a publiée le 7 juillet dans L'Osservatore Romano en italien. Le cardinal Levada explique pourquoi le pape Benoît XVI a décidé de convoquer une rencontre des représentants des grandes religions, le 27 octobre prochain à Assise, 25 ans après la première rencontre organisée à l'initiative de Jean-Paul II.

Vers la rencontre du 27 octobre à Assise

Les raisons de la paix et l’unique Logos

par le cardinal William Joseph Levada

Cardinal préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi

L'annonce que, le 27 octobre prochain, Benoît XVI se rendra en pèlerin à Assise pour une «Journée de réflexion, de dialogue et de prière pour la paix et la justice dans le monde » montre que l’expérience religieuse dans ses diverses formes retient l’attention de l’Eglise du troisième millénaire. Face à l’actuelle diffusion de l’athéisme et de l’agnosticisme, il importe d’aider l’homme à préserver et retrouver la conscience du lien élémentaire (re-ligio) qui l’unit à son origine. Cette prise de conscience, qui se fait tout naturellement prière, constitue aussi une condition de la paix et de la justice dans le monde.

Dans son livre entretien de 1994, le bienheureux Jean-Paul II évoque la rencontre d’Assise en 1986, affirmant que cette rencontre, comme aussi les nombreuses visites qu’il effectua dans les pays d’Extrême-Orient, l'avait plus que jamais convaincu que « l’Esprit Saint est déjà efficacement à l’œuvre même en dehors de l’organisme visible de l’Eglise. Néanmoins, bien conscient qu’il s’agissait d’un sujet sensible, peu après cette rencontre, le 7 décembre 1990, il enseignait dans son encyclique Redemptoris missio, que l’Esprit se manifeste d’une manière particulière dans l’Eglise et dans ses membres ; cependant, sa présence et son action sont universelles, sans limites d’espace ou de temps ».

Evoquant le Concile Vatican II, il rappelait « l'œuvre de l’Esprit Saint dans le cœur de tout homme par les “semences du Verbe” (semina Verbi), dans les actions même religieuses, dans les efforts de l’activité humaine qui tendent vers la vérité, vers le bien, vers Dieu », qui les prépare à « leur maturation dans le Christ » (n. 28). Dans la même encyclique, il ne réaffirmait pas seulement la nécessité et l’urgence de l’annonce de la Bonne Nouvelle de Jésus, mais s’élevait fortement contre une « mentalité marquée par l'indifférentisme, malheureusement très répandue parmi les chrétiens, souvent fondée sur des conceptions théologiques inexactes et imprégnée d'un relativisme religieux qui porte à considérer que “toutes les religions se valent” » (n. 36).

En pleine harmonie avec cette préoccupation s’inscrit la réflexion théologique et pastorale de Joseph Ratzinger : dès 1964 il avait manifesté son intention de « définir avec une plus grande précision la position du christianisme dans l’histoire des religions et de conférer ainsi un sens plus concret aux déclarations théologiques sur le caractère unique et absolu du christianisme » (J. Ratzinger, Foi, vérité, tolérance. Le christianisme et les religions du monde , 17). La Congrégation pour la doctrine de la foi, qu’il présidait alors, reprendra ce thème dans la déclaration Dominus Iesus sur l'unicité et l'universalité salvifique de Jésus-Christ et de l’Eglise. Le document, publié le 6 août 2000, ne visait pas seulement à réfuter l’idée d’une coexistence interreligieuse dans laquelle les diverses « croyances » seraient reconnues comme des voies complémentaires à celle qui est Jésus-Christ (cf. Jean 14, 6) ; il entendait, plus profondément, jeter les bases doctrinales d’une réflexion sur le rapport entre le christianisme et les religions. Par sa relation unique avec le Père, la personne du Verbe incarné est absolument unique ; l'œuvre salvifique de Jésus-Christ qui se prolonge dans son Corps, l’Eglise, est elle aussi absolument unique dans l’ordre du salut de tous les hommes. Pour accomplir cette œuvre, chez les chrétiens comme chez les non chrétiens, il y a toujours et uniquement l’Esprit du Christ donné par le Père à l’Eglise « sacrement de salut » : il n’existe donc pas, en ce qui concerne le salut, de voies complémentaires à l’unique économie universelle du Fils fait chair, même si en dehors des limites visibles de l’Eglise du Christ on trouve des éléments de vérité et de bonté (cf. Nostra aetate, 2; Ad gentes, 9).

La rencontre d’Assise a connu une seconde édition le 24 janvier 2002. A cette occasion, le cardinal Ratzinger a ressenti le besoin d’en clarifier ultérieurement le sens, se faisant l’interprète de tous ceux qui se posaient d’une manière très sérieuse des questions : « est-ce qu’on peut faire cela ? Ne trompe-t-on pas la grande majorité avec une harmonie qui n’existe pas dans la réalité ? Ne favorise-t-on pas le relativisme – l’opinion selon laquelle, au fond, les différences qui séparent les « religions » ne touchent pas à l’essentiel ? N’affaiblit-on pas le sérieux de la foi et ne nous éloignons-nous pas de Dieu, ce qui renforce notre solitude? » (Foi, Vérité, Tolérance, 111). Le lecteur pourra se référer à ses précisions, qui n’ont rien perdu de leur actualité. Nous préférons ici nous demander : pourquoi donc, s’il était aussi attentif aux éventuels malentendus que pourrait provoquer le geste de son bien-aimé prédécesseur, Benoît XVI a-t-il jugé bon de se rendre comme pèlerin à Assise à l’occasion d’une nouvelle rencontre pour la paix et pour la justice dans le monde ?

Une première indication nous est donnée par l’évocation que fait le cardinal Ratzinger de la rencontre de 2002. Au lendemain du rassemblement, il évoquait la figure du vieil homme vêtu de blanc, qui était avec les autres dans le train en route vers Assise : « Hommes et femmes qui trop souvent dans la vie quotidienne s’affrontent l’un l’autre avec hostilité et semblent séparés par des barrières insurmontables, saluaient le pape qui, par la force de sa personnalité, la profondeur de sa foi, la passion qui en dérive pour la paix et la réconciliation, a comme « tiré » l’impossible, par le charisme de son office : réunir dans un pèlerinage pour la paix des représentants de la chrétienté divisée et des représentants de diverses religions » (30 Giorni, 1/2002). La religion, loin de nous détourner de l’édification de la cité terrestre, nous pousse au contraire à nous y engager. Pour nous chrétiens, cela signifie tout d’abord intercéder auprès de Dieu, en acceptant que les autres, même dans leur diversité – croyants et non croyants, conviés aussi à la prochaine rencontre d’Assise – s’unissent à nous dans la recherche de la paix et de la justice dans le monde. Et, ajoutait celui qui était alors cardinal, « si nous, chrétiens, nous entreprenons le chemin de la paix en suivant l’exemple de saint François, nous ne devons pas craindre de perdre notre identité : c’est justement alors que nous la trouvons » (ibidem). Il ne s’agit pas, en somme, de cacher la foi au profit d’une unité superficielle, mais de confesser - comme le firent Jean-Paul II et le patriarche œcuménique – que le Christ est notre paix et que, précisément pour cette raison, le chemin de la paix est le chemin de l’Eglise. Le visage du « Dieu de la paix » (Romains 15, 33), dit encore Joseph Ratzinger, « s’est rendu visible pour nous chrétiens par la foi dans le Christ » (ibidem). Et cette paix est une plénitude non seulement offerte et transmise (cf. Jean 20, 19), mais depuis toujours déjà accueillie par l'Eglise sainte et immaculée (Ecclesia sancta et immaculata) (Ephésiens5, 27), à la fois comme don et comme devoir à l’égard du monde, qui est le « théâtre où se joue l’histoire du genre humain» (Gaudium et spes, 2). Le Concile Vatican II nous le rappelle : « obéissant à l’ordre du Christ et mue par la grâce de l’Esprit Saint et la charité, elle (l’Eglise) devient effectivement présente à tous les hommes et à tous les peuples, pour les amener par l’exemple de sa vie, par la prédication, par les sacrements et les autres moyens de grâce, à la foi, à la liberté, à la paix du Christ » (Ad gentes, 5). Puisque « tous les hommes sont appelés à l’unité dans le Christ » (Lumen gentium, 3), l’Eglise doit être le levain de cette unité pour l’humanité tout entière : non seulement à travers l’annonce de la Parole de Dieu, mais par le témoignage vécu de l’union intime des chrétiens avec Dieu. Voici l’authentique chemin de la paix.

Le titre choisi pour la prochaine rencontre d’Assise - Pèlerins de la vérité, pèlerins de la paix - nous offre une seconde indication : pour pouvoir raisonnablement espérer construire ensemble la paix, il faut prendre comme critère la vérité. « L'ethos sans le logos ne tient pas » (J. Ratzinger, Je vous ai appelés mes amis. La compagnie sur le chemin de la foi, 71). Instruit par les douloureuses expériences des idéologies totalitaires, le pape a en horreur toute forme de subordination de la raison à la pratique. Mais il y a bien plus. Le lien originel entre l’ethos et le logos, et entre religion et raison, s’enracine en définitive dans le Christ, le Logos divin : c’est précisément pour cela que le christianisme est en mesure de restituer au monde ce lien, en participant, comme signe véridique et efficace de Jésus-Christ, à sa mission unique de salut (cf. Lumen gentium, 9). Il convient donc de rejeter fermement « ce relativisme qui affecte plus ou moins clairement la doctrine de la foi et de la profession de foi » (Je vous ai appelés mes amis, 71). Mais, loin de constituer une sous-estimation des diverses expressions religieuses ou de la dimension éthique, cela la met plutôt en valeur : « Nous devrons chercher à trouver une nouvelle patience - sans indifférence – les uns avec les autres et pour les autres ; une nouvelle capacité de laisser être ce qui est l’autre et l’autre personne ; une nouvelle disponibilité à différencier les plans de l’unité et, donc, à réaliser les éléments d’unité qui sont possibles aujourd’hui » (ibidem). La paix n’est pas possible sans la vérité et inversement : l’aptitude à la paix constitue un authentique « critère de vérité » (J. Ratzinger, Europe. Ses fondements aujourd’hui et demain, 79).

Traduit de l'italien par Zenit
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Message par Her Sam 6 Aoû - 13:09

http://www.osservatore-vaticano.org/dialogue-interreligieux-et-oecumenisme/polemique-entre-le-cardinal-koch-et-le-rabbin-di-segni-sur-le-role-de-la-croix

Polémique entre le cardinal Koch et le rabbin Di Segni sur le rôle de la Croix
Posté par Vini Ganimara dans Dialogue interreligieux et oecuménisme le 08 5th, 2011 | une réponse
L’excellent vaticanologue Sandro Magister vient de publier une très intéressante étude sur une polémique qui m’avait totalement échappé, mais qui me semble de la plus haute importance (surtout à quelques semaines d’Assise III).
Ce qui déclencha cette polémique, ce fut un article du cardinal Koch, président du conseil pontifical pour l’unité des chrétiens, publié dans « L’Osservatore Romano » du 7 juillet pour expliquer précisément le sens de cette Journée d’Assise. Cet article contenait ces lignes:

« Selon la foi chrétienne, la paix, à laquelle les hommes d’aujourd’hui aspirent tellement, provient de Dieu, qui a révélé en Jésus-Christ son dessein originel, c’est-à-dire le fait qu’il nous a ‘appelés à la paix’ (1 Corinthiens 7, 15). De cette paix, l’épître aux Colossiens dit qu’elle nous est donnée à travers le Christ, ‘par le sang de sa croix’ (1, 20). Parce que la croix de Jésus supprime tout désir de vengeance et nous appelle tous à la réconciliation, elle se dresse au-dessus de nous comme le Yom Kippour permanent et universel, qui ne reconnaît pas d’autre ‘vengeance’ que la croix de Jésus, comme Benoît XVI l’a affirmé, le 10 septembre 2006 à Munich, avec ces mots très profonds : ‘Sa vengeance, c’est la croix : le non à la violence, l’amour jusqu’au bout’.
« En tant que chrétiens, nous ne manquons certainement pas au respect dû aux autres religions ; au contraire nous le consolidons si, surtout dans le monde d’aujourd’hui où la violence et la terreur sont utilisées aussi au nom de la religion, nous professons ce Dieu qui a opposé sa souffrance à la violence et qui a vaincu sur la croix non par la violence mais par l’amour. Voilà pourquoi la croix de Jésus n’est pas un obstacle au dialogue interreligieux ; elle indique plutôt le chemin décisif que surtout les juifs et les chrétiens [...] devraient accueillir en une profonde réconciliation intérieure, devenant ainsi un ferment de paix et de justice dans le monde ».

Le moins que l’on puisse dire, c’est que, pour un lecteur catholique, ces lignes n’apparaissent guère agressives pour une autre religion. On pourrait même plutôt les soupçonner d’un concordisme un peu irénique.
Mais ce n’est pas ainsi que le grand rabbin de Rome Riccardo Di Segni a lu le cardinal.
Dans l’Osservatore Romano du 29 juillet, il a ainsi répondu, nous résume Magister:

Pour confirmer cette distance, Di Segni fait remarquer que l’Église a repris dans sa liturgie les fêtes juives de Pâques et de la Pentecôte, mais pas celle du Kippour. Et ce choix est compréhensible – écrit-il – parce que « le croyant chrétien peut certainement penser que la Croix remplace de manière permanente et universelle le jour du Kippour ».
Mais alors – ajoute Di Segni – le chrétien « ne doit pas proposer ses croyances et interprétations au juif comme indices du ‘chemin décisif’, parce qu’en le faisant on risque vraiment d’entrer dans la théologie du remplacement et la Croix devient un obstacle ».

Le rabbin Di Segni met évidemment le doigt où ça fait mal!
A cela, le cardinal a, à son tour, répondu:

Je ne pense absolument pas que les juifs aient à percevoir la croix comme nous chrétiens pour pouvoir prendre avec nous le chemin d’Assise. [...] Il n’est donc pas question de remplacer le Yom Kippour juif par la croix du Christ, même si les chrétiens voient dans la croix ‘le Yom Kippour permanent et universel’. On touche ici au point fondamental, très délicat, du dialogue judéo-catholique, c’est-à-dire à la question de savoir comment on peut concilier la conviction, contraignante pour les chrétiens aussi, que l’alliance de Dieu avec le peuple d’Israël a une valeur permanente, avec la foi chrétienne en la rédemption universelle en Jésus-Christ, de telle sorte que, d’une part, les juifs n’aient pas l’impression que leur religion est considérée par les chrétiens comme dépassée et, d’autre part, que les chrétiens n’aient à renoncer à aucun des aspects de leur foi. Il est certain que cette question fondamentale occupera encore longtemps le dialogue judéo-chrétien ».

Au moins, voici une polémique d’intérêt!
Et qui a le mérite de montrer toute la faiblesse du dialogue judéo-chrétien des dernières décennies. Entendons-nous bien: il est évident que le respect des personnes est une excellente chose et que la connaissance des croyances de l’autre est un indéniable progrès (encore qu’on n’a pas attendu le XXe siècle pour avoir, dans l’Eglise catholique, d’excellents connaisseurs du Talmud – il suffit de lire les controverses médiévales pour constater que l’obscurantisme n’est pas nécessairement où l’on croit!…).
Mais ce respect ne peut nous dispenser de repérer les divergences fondamentales – que pointe admirablement le rabbin Di Segni.
Or, ces divergences ont été masquées, au moins du côté catholiques, par des équivoques si souvent répétées que nous n’y prêtons même plus attention. Le coeur de l’équivoque en question réside, me semble-t-il, dans une interprétation maximaliste du fameux verset paulinien « Les dons de Dieu sont sans repentance ».
Ce verset est aujourd’hui trop souvent compris comme l’idée que l’alliance mosaïque serait salvifique. Mais c’est parfaitement incompatible avec la pensée de saint Paul! Je ne vois pas comment on peut concilier l’idée de dons de Dieu sans repentance et de permanence de l’élection d’Israël et l’idée que l’observation de la loi ne sauve pas, autrement qu’ainsi: la loi a permis à Israël de comprendre la nécessité du salut et d’attendre le Messie et cette promesse du salut et du Messie reste toujours d’actualité pour les fils d’Israël.
Oui, le rabbin a raison: la Croix est un signe de contradiction.
Si nous voulons être des chrétiens cohérents, je ne vois pas comment nous pouvons admettre qu’elle ne serait salvifique que pour les païens, les Juifs étant sauvés par la circoncision. Si on admet cette logique, il faut brûler les épîtres de saint Paul et condamner toute la pratique missionnaire des 2000 dernières années! J’ajoute que je suis toujours frappé par le fait que cette optique, apparemment très respectueuse de l’ancienne alliance et de l’Israël actuel, est en réalité d’un monstrueux racisme. Cela revient à dire que le Christ n’est pas venu pour ses frères selon la chair!
Si cette polémique permet de clarifier les conditions du dialogue judéo-chrétien et, plus généralement, du dialogue inter-religieux, ce sera une excellente chose. Et je me prends à espérer qu’au lieu de la confusion médiatique hélas prévisible autour d’Assise III, nous assistions à un débat théologique de qualité autour du rôle de la Croix dans l’histoire du salut…

NB: en me relisant, je m’aperçois que j’apparais bien critique pour le cardinal Koch et fort peu pour le rabbin Di Segni. Ce qui peut naturellement sembler paradoxal. Mais cela tient au fait que je n’ai pas précisé que, pour moi, comme pour le cardinal Koch dans son premier mouvement, la Croix est effectivement le lieu de l’expiation universelle. Et donc, sur l’essentiel de la polémique, je suis évidemment en désaccord avec le rabbin Di Segni. Mais je crois préférable d’admettre nos désaccords plutôt que de faire semblant d’être d’accord, ce qui ne fait progresser ni la charité, ni la vérité!
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Message par Her Mar 20 Sep - 21:58

http://www.zenit.org/index.php?l=french

Assise 2011 : l’urgence d’un engagement pour la paix

ROME, Vendredi 16 septembre 2011 (ZENIT.org) –En convoquant une journée de prière pour la paix à Assise, le 27 octobre prochain, à l’occasion du 25e anniversaire de la rencontre convoquée par Jean-Paul II en 1986, Benoît XVI veut faire prendre conscience des « raisons urgentes d’un engagement unanime de dialogue et de fraternité pour la paix ».

C’est ce qu’affirme le président du Conseil pontifical Justice et paix, le cardinal Peter Turkson, et le secrétaire de ce même dicastère, Mgr Mario Toso, dans la préface du livret intitulé « Pèlerins de la vérité, pèlerins de la paix. Vers la journée de réflexion, de dialogue et de prière pour la paix et la justice », qui recueille les interventions publiées début juillet par L’Osservatore Romano en vue de cette rencontre d’Assise.

« Le désir de Benoît XVI de revivre le 25e anniversaire de la rencontre historique d’Assise en 1986 ne répond pas seulement à un motif de célébration et encore moins à l’intention de trouver une religion globale, fruit d’une négociation médiatrice entre de multiples fois ou d’un dangereux syncrétisme », peut-on lire dans cette préface. « Les raisons sont plus profondes, moins lointaines et préconçues. Encore aujourd’hui, il y a des raisons urgentes d’un engagement unanime de dialogue et de fraternité pour la paix, bien indispensable et incontournable pour l’humanité, pour l’avenir du monde ».

« Outre les conflits où les armées s’affrontent en provoquant des morts et des destructions inhumaines, il existe des affrontements et des luttes, peut-être pas aussi apparentes mais non moins nocives pour la dignité des personnes et des peuples », souligne le texte. « Il suffit de penser à la dernière crise financière, aux faillites, aux suicides » et aux problèmes généraux qui touchent les nations, leurs économies, les familles.

« Pour ces raisons manifestes et pour d’autres encore – apprend-t-on – Benoît XVI a désiré convoquer une nouvelle journée de réflexion, de dialogue et de prière à Assise, pour la justice et la paix dans le monde, invitant à accomplir un geste emblématique de bonne volonté en convergeant dans la ville de saint François mais surtout en regardant dans l’intime de soi, dans ses propres consciences, pour y entrevoir le lien indissoluble entre l’œuvre laborieuse de la paix et le désir irrépressible de vérité de la part de toute personne ».

Benoît XVI, en invitant à réfléchir sur le thème « pèlerins de la vérité, pèlerins de la paix » sollicite ainsi « la culture contemporaine encline au nihilisme à dépasser le manque de confiance dans l’homme, dans sa raison et ce relativisme éthique qui mine à la base toute proposition de bien, (…) en ayant comme piliers l’amour, la liberté, la justice ».

La journée d’Assise 2011, dans une « continuité spirituelle » avec les journées encouragées par le bienheureux Jean-Paul II, « se caractérise ainsi par un apport spécifique de la part de l’actuel pontife. Dans son encyclique sociale, en effet, il rappelle que la paix est le fruit d’un engagement soutenu par un amour plein de vérité. Le nouveau nom de la paix peut être à raison défini de caritas in veritate », lit-on encore dans cette préface.

« La paix est possible parce que tous les hommes, créés intrinsèquement capables de vrai et de bien, sont des pèlerins infatigables de la vérité et, en définitive, de l’absolu ».

Assise 2011 devra donc être « le lieu où l’on prend vivement conscience que dans la spécificité de l’expérience religieuse de chacun – y compris la recherche de ceux qui se définissent comme athées – résident les fondements d’un chemin et d’un engagement communs pour la paix ». « Il faut que croyants et non-croyants grandissent dans la conscience que dans notre esprit, malgré les blessures du péché qui affaiblissent l’inclination au vrai bien, subsistent les germes intangibles d’une fraternité, d’une justice et d’une paix dont seul Dieu et une conscience droite sont de sûrs garants ».

« La capacité universelle de connaître le vrai, le bien et Dieu – conclut le texte – rend tous les hommes, croyants et non-croyants, membres d’une recherche commune, ainsi que d’un patrimoine de valeurs éthiques partagées dont il est possible de se servir pour coopérer à l’affirmation de la justice et de la paix dans le monde ».

Marine Soreau
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Message par Her Jeu 6 Oct - 9:08

http://www.riposte-catholique.fr/osservatore-vaticano/dialogue-interreligieux-et-oecumenisme/assise-iii-ni-syncretisme-ni-relativisme

Assise III: ni syncrétisme, ni relativisme
5 octobre 2011 | Enregistrer sous: Dialogue interreligieux et oecuménisme | Publié par: Vini Ganimara

Le site américain Rorate caeli a publié un passage d’une lettre de Benoît XVI à son ami, Peter Beyrehaus, professeur luthérien allemand. Le sens général de cette lettre avait été publié voici plusieurs mois (dans un résumé de Beyrehaus lui-même), mais ceci est un passage exact de la lettre du Pape (datée du 4 mars dernier):

Je comprends très bien votre préoccupation concernant ma participation à la rencontre d’Assise. Cependant, cette commémoration devait de toute façon être célébrée et, tout bien considéré, il m’a semblé que la meilleure chose serait pour moi d’y aller personnellement, afin d’en déterminer le sens. Je vais néanmoins tout faire pour qu’une interprétation syncrétiste ou relativiste de l’événement soit impossible et pour que ce qui reste, soit ce que j’ai toujours cru et confessé – et sur quoi j’ai appelé l’attention de l’Eglise dans la déclaration «Dominus Iesus».
Je précise que ma traduction n’est pas littérale. Et que la version anglaise, que j’ai utilisée, n’est pas la version originale. Mais le sens, en tout cas, me semble fondamental: le Pape insiste pour prohiber toute interprétation syncrétiste et relativiste et pour lire Assise III dans la lumière de « Dominus Jesus ». Attendons de voir ce qui sortira finalement de l’événement, mais cette mise au point est une bonne nouvelle.

LIRE AUSSI :

Supplique de Renaissance Catholique à propos d'Assise
Vers une nouvelle réunion d’Assise
Les chrétiens, le Dieu unique, l’esprit d’Assise et le polythéisme
Le cardinal Levada rappelle qu’Assise III ne sera pas un rassemblement syncrétiste
Ordre du jour du prochain consistoire
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Message par Her Mer 12 Oct - 21:46

http://www.la-croix.com/Religion/S-informer/Actualite/La-gare-du-Vatican-se-prepare-pour-le-train-special-de-la-rencontre-d-assise-le-27-octobre-_NG_-2011-10-12-722296

12/10/11 - 15 H 01 MIS À JOUR LE 12/10/11 - 17 H 57

La gare du Vatican se prépare pour le train spécial de la rencontre d'assise le 27 octobre
La gare du Vatican, très rarement utilisée, a vu, mardi 11 octobre, les premiers essais du train spécial qui conduira, le jeudi 27 octobre 2011, Benoît XVI et les représentants des grandes traditions religieuses mondiales, de Rome à Assise, en vue de la rencontre interreligieuse de prière pour la paix voulue par Benoît XVI.

Giancarlo Guiliani/CPP/Ciric
La gare de San Pietro, au Vatican, n'a servi qu'à de rares occasions. Le train qui mènera Benoît XVI à Assise le 27 octobre s'y est arrêté mardi 11 pour des essais.
Déjà, il y a 25 ans, c’est en train, parti de cette même gare, que Jean-Paul II, attentif à la notion de pèlerinage, avait emmené ses 132 invités venus du monde entier vers la ville de saint François.

Ce train spécial sera un convoi formé de sept voitures du TGV italien, deux de première classe et cinq de seconde classe. Les 900 mètres de voies ferrées de la Cité du Vatican n’étant pas électrifiées, le convoi sera d’abord tracté par une motrice diesel, puis attelé, à la gare voisine de San Pietro, à une locomotive électrique. Le voyage durera 1 h 50. Des haltes brèves sont prévues à Terni, Foligno et Spoleto.
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Message par Her Mer 19 Oct - 7:07

http://ZENIT.org/

Benoît XVI, pèlerin de la paix à Assise

Sur les pas de Jean-Paul II

ROME, mardi 18 octobre 2011 (ZENIT.org) – A Assise, Benoît XVI se fait pèlerin de la paix parmi les pèlerins et appelle toutes les personnes de bonne volonté à se mobiliser pour la paix, a expliqué en substance le cardinal Turkson qui présentait la « Journée de réflexion, de dialogue et de prière pour la paix et la justice dans le monde » du 27 octobre prochain.

Le cardinal Peter Kodwo Appiah Turkson, président du Conseil pontifical Justice et paix, a présenté cette initiative ce matin à la presse, au Vatican.

Benoît XVI a voulu placer la journée d’Assise non seulement sous le signe de la prière et du jeûne mais aussi sous le signe du pèlerinage, a fait observer le cardinal Turkson : le pape se fera « pèlerin à Assise », parmi les « pèlerins de la paix ».

Benoît XVI a aussi insisté, a révélé le Cardinal, sur la notion de vérité, « pour vaincre toute forme de préjugés », mais aussi de « syncrétisme » qui mettrait dans l’ombre « l’identité » de chacun. Les prières auront donc lieu, comme il y a 25 ans, de façon séparée.

« La vérité, a-t-il précisé, est en outre la condition nécessaire pour venir à bout du fanatisme et du fondamentalisme, pour lesquels la paix s’obtient par l’imposition de ses propres convictions aux autres ».

La rencontre, qui rassemblera des représentants de plus de 50 pays, a en effet une dimension « fraternelle » car « c’est un rêve qui continue et devient de plus en plus réalité : chacun, avec l’autre, et non plus l’un contre l’autre, tous les peuples en marche, de différentes régions de la terre, pour se rassembler en une unique famille ».

La « construction d’un monde meilleur » a besoin, a continué le cardinal Turkson, de l’engagement de « tous » les hommes de bonne volonté, et pas seulement des hommes de foi, en particulier face aux nouveaux défis lancés par la crise économique mondiale, celle des institutions démocratiques, et le terrorisme international. Des « non-croyants » ont donc été invités par le pape.

« Une fois encore, a poursuivi le cardinal ghanéen, – on pense aux récents événements en Egypte ou dans d’autres régions du monde – il faut dire « non » à toute instrumentalisation de la religion. La violence entre les religions est un scandale qui dénature la vraie identité de la religion, voile le visage de Dieu, et éloigne de la foi ».

Le cardinal Turkson était accompagné de Mgr Mario Toso, S.D.B., secrétaire de ce dicastère, Mgr Pier Luigi Celata, secrétaire du Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux, du Père Andrea Palmieri, responsable de la section orientale du dicastère pour la Promotion de l’unité des chrétiens, Mgr Melchor José Sánchez de Toca y Alameda, sous-secrétaire du dicastère de la Culture, et du P. Jean-Marie Laurent Mazas, directeur de la section du « Parvis des gentils » de ce même conseil pontifical. L’initiative est en effet interdicastérielle.
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Message par Her Mer 19 Oct - 7:07

http://ZENIT.org/

Assise, épicentre du mouvement pour la paix

Les délégations présentes

ROME, mardi 18 octobre 2011 (ZENIT.org) – Le sanctuaire franciscain d’Assise redeviendra, le 27 octobre prochain, l’épicentre du mouvement pour la paix, sur les pas de Jean-Paul II, 25 ans après : la rencontre a été présentée ce matin au Vatican par le cardinal Peter Kodwo Appiah Turkson, président du Conseil pontifical Justice et paix.

Ce sera une « Journée de réflexion, de dialogue et de prière pour la paix et la justice dans le monde ».

Le pape Benoît XVI a invité à cette journée les autres confessions chrétiennes, les représentants des religions du monde et des personnes qui ne se rattachent pas à un credo, comme, pour la délégation française, Mme Julia Kristeva.

Le pape partira du Vatican à 8h, en train, grâce à un convoi des chemins de fer italiens, et il devrait être de retour à 20 h 30.

La journée sera préparée, la veille, par une célébration de la Parole, à 10 h 30, place Saint-Pierre, en lieu et place de l’audience générale. Le pape sera entouré par les communautés de son diocèse de Rome.

Les représentants des Eglises d’Orient se répartiront en 17 délégations. Le patriarche Bartholomaios Ier guidera la délégation du Phanar. Et Son Eminence Aleksandr représentera le patriarche de Moscou Cyrille Ier. Les autres représentations viendront du patriarcat syro-orthodoxe, de l’Eglise apostolique arménienne, de l’Eglise orthodoxe syro-malankare, et de l’Eglise Asssyrienne d’Orient.

Les représentants des Eglises d’Occident se répartiront en 19 délégations, dont celle de la Communion anglicane guidée par le primat, l’archevêque de Cantorbéry, Rowan Williams, celle de la Fédération luthérienne mondiale, de la Communion mondiale des Eglises réformées, du Conseil méthodiste mondial.

Parmi les délégués des autres religions, on annonce une délégation représentant le monde juif international, dont une délégation du grand rabbinat d’Israël.

Les représentants des autres religions seront 176, dont 48 musulmans dont un représentant d’Arabie Saoudite, et le président des musulmans du Caucase, et pour la délégation française, le président du Conseil Français du Culte Musulman, M. Mohammed Moussaoui. Les musulmans étaient 11 à Assise en 1986, et 32 en 2002, pour la journée de prière et de jeûne qui a suivi les attentats du 11 septembre 2001 : ils devraient donc être une cinquantaine le 27 octobre 2011.

Dans la délégation hindoue, on signale la présence d’un neveu du Mahatma Gandhi, qui avait déjà participé à la journée de 1986. Seront également présents des sikhs, des adeptes du zoroastrisme, des bouddhistes, des disciples de Confucius, des shintoïstes et des représentants des religions traditionnelles d’Afrique et d’Amérique.

Mais qu’est-ce qui les rassemble ? La volonté de "réfléchir ensemble" et de se mettre d’accord pour une « promesse » de se mobiliser à nouveau en faveur de la paix dans le monde.

Des non-croyants auront aussi leur place dans ce rassemblement, selon la volonté de Benoît XVI, dans la ligne des manifestations intitulées « le Parvis des gentils » promues par le Conseil pontifical de la Culture. Ils représenteront « l’universalité » des grandes valeurs de l’humanité.

Le cardinal Turkson était accompagné de Mgr Mario Toso, S.D.B., secrétaire de ce dicastère, Mgr Pier Luigi Celata, secrétaire du Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux, du Père Andrea Palmieri, responsable de la section orientale du dicastère pour la Promotion de l’unité des chrétiens, Mgr Melchor José Sánchez de Toca y Alameda, sous-secrétaire du dicastère de la Culture, et du P. Jean-Marie Laurent Mazas, directeur de la section du « Parvis des gentils » de ce même conseil pontifical.
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