La Sainte Eglise de Dieu - Motu Proprio "Summorum Pontificum" et l'Instruction « Universae Ecclesiae » du Vendredi 13 mai 2011
Le GRAND PAPE, le GRAND MONARQUE et HENRI V de la CROIX, le NOUVEAU ROI de FRANCE :: POUR L'AMOUR DE L'EGLISE, MALGRE LA CRISE
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Re: La Sainte Eglise de Dieu - Motu Proprio "Summorum Pontificum" et l'Instruction « Universae Ecclesiae » du Vendredi 13 mai 2011
http://www.perepiscopus.org/summorum-pontificum/lapplication-de-summorum-pontificum-dans-le-diocese-de-versailles
L’application de Summorum pontificum dans le diocèse de Versailles
Posté par Maximilien Bernard dans Summorum Pontificum le 05 26th, 2011 |
Mon confrère Christophe Saint-Placide, celui qui sait tout ce qui concerne l’actualité du motu proprio Summorum pontificum, rapporte que le diocèse de Versailles vient de publier un rapport de synthèse sur les 3.141 propositions déposées à l’occasion du Synode organisé par Monseigneur Eric Aumonier.
Ce rapport s’articule autour de 36 thèmes, déclinés en fiches, dont l’une d’entre elles traite de la forme extraordinaire du rite. Cette fiche est riche d’enseignements et souligne en premier lieu la forte implication des personnes attachées à la forme extraordinaire dans le diocèse. En effet, près de 50 propositions ont abordés le thème de la réintroduction dans les paroisses de la forme extraordinaire du rite. Certes, ce chiffre ne représente qu’1,5 % sur la totalité des propositions, mais, sachant que chaque proposition a été formulée par une équipe de 5 à 9 personnes, la proportion n’est pas négligeable. Elle l’est d’autant moins que de nombreux baptisés attachés à la forme extraordinaire ont préféré intervenir sur d’autres thèmes importants comme le catéchisme, les écoles, la formation, les séminaristes, la visibilité des prêtres, ou la langue de l’Eglise et le Grégorien, leurs propositions n’étant pas comptabilisées dans ce chiffre. Les rédacteurs de la synthèse (qui seuls connaissent la localisation des propositions) font eux-mêmes le constat que les propositions provenant de communautés traditionnelles n’ont pas abordé exclusivement le sujet de la forme extraordinaire. Bien au contraire, il semble que ces demandes proviennent essentiellement de paroisses « moins immédiatement concernées », selon les termes du rapport à l’exemple de Sartrouville. Cette observation est très intéressante car elle souligne que les aspirations à la forme extraordinaire dépassent la seule question des communautés traditionnelles. Ceci montre bien que dans le diocèse de Versailles, l’application du Motu proprio est un enjeu, non pas tant pour les fidèles des chapelles traditionnels que pour l’ensemble des baptisés qui pourraient ainsi bénéficier des richesses de l’ancienne liturgie. De nombreux paroissiens souhaitent en effet vivre dans leur paroisse la pratique de la forme extraordinaire du rite. Le cas de la paroisse Notre Dame n’est pas explicitement cité mais, selon nos informations prêt de 25 propositions synodales ont été présentées sur la question de la forme extraordinaire, soit près de 30 % des propositions de cette paroisse. Par ailleurs, trois (sur cinq) des représentants élus de cette paroisse au conseil synodal sont attachés à la forme extraordinaire du rite et pratiquent dans une communauté traditionnelle le Dimanche.
Les rédacteurs listent d’abord une série de constats tirés des propositions synodales sur la question de la forme extraordinaire dans le diocèse :
Le diocèse n’applique pas assez le Motu Proprio ; demande de fidèles non acceptée (Notre Dame de Versailles, Saint Germain en Laye)
Point d’appui de la nouvelle évangélisation, la forme extraordinaire attire des jeunes.
De nombreuses vocations quittent le diocèse, faute d’accueil.
Perte du sens du sacré. Négligence de la dimension sacrificielle de l’Eucharistie ; manque de respect du saint Sacrement.
Mauvaise cohabitation des communautés qui ne se connaissent pas
Le rapport souligne ensuite les objectifs poursuivis par ces propositions
Répondre à l’attente des fidèles
Obéir au saint Père
Développer la confiance et la connaissance mutuelle, désirer l’unité.
Nommer des curés favorables
Que chaque prêtre puisse dire les deux formes
Que le séminaire diocésain puisse accueillir des candidats attachés à la FER.
Orientation des autels pour les deux formes.
Enfin, les rédacteurs sélectionnent un certain nombre d’actions suggérées par les équipes synodales
Créer un groupe de travail pour actions communes entre deux communautés.
Promouvoir réunification des calendriers et lectures (ce qui n’est pas du ressort du diocèse ou d’une paroisse, mais de Rome seule qui a écarté ce projet alors qu’il avait été envisagé pour faire partie des dispositions de l’instruction d’application qui vient de paraître).
Promotion par l’évêque d’une célébration dominicale dans toutes les paroisses
Célébration annuelle d’une messe selon la FER par l’évêque à la cathédrale
Apprentissage de la FER au séminaire diocésain
Inviter les prêtres ‘traditionnels’ à intervenir davantage dans le diocèse.
Expérience de liturgie « tournée vers le Seigneur » dans les deux formes
Laisser les curés libres de répondre favorablement
Il reste à savoir quelle suite sera donnée à ce rapport.
L’application de Summorum pontificum dans le diocèse de Versailles
Posté par Maximilien Bernard dans Summorum Pontificum le 05 26th, 2011 |
Mon confrère Christophe Saint-Placide, celui qui sait tout ce qui concerne l’actualité du motu proprio Summorum pontificum, rapporte que le diocèse de Versailles vient de publier un rapport de synthèse sur les 3.141 propositions déposées à l’occasion du Synode organisé par Monseigneur Eric Aumonier.
Ce rapport s’articule autour de 36 thèmes, déclinés en fiches, dont l’une d’entre elles traite de la forme extraordinaire du rite. Cette fiche est riche d’enseignements et souligne en premier lieu la forte implication des personnes attachées à la forme extraordinaire dans le diocèse. En effet, près de 50 propositions ont abordés le thème de la réintroduction dans les paroisses de la forme extraordinaire du rite. Certes, ce chiffre ne représente qu’1,5 % sur la totalité des propositions, mais, sachant que chaque proposition a été formulée par une équipe de 5 à 9 personnes, la proportion n’est pas négligeable. Elle l’est d’autant moins que de nombreux baptisés attachés à la forme extraordinaire ont préféré intervenir sur d’autres thèmes importants comme le catéchisme, les écoles, la formation, les séminaristes, la visibilité des prêtres, ou la langue de l’Eglise et le Grégorien, leurs propositions n’étant pas comptabilisées dans ce chiffre. Les rédacteurs de la synthèse (qui seuls connaissent la localisation des propositions) font eux-mêmes le constat que les propositions provenant de communautés traditionnelles n’ont pas abordé exclusivement le sujet de la forme extraordinaire. Bien au contraire, il semble que ces demandes proviennent essentiellement de paroisses « moins immédiatement concernées », selon les termes du rapport à l’exemple de Sartrouville. Cette observation est très intéressante car elle souligne que les aspirations à la forme extraordinaire dépassent la seule question des communautés traditionnelles. Ceci montre bien que dans le diocèse de Versailles, l’application du Motu proprio est un enjeu, non pas tant pour les fidèles des chapelles traditionnels que pour l’ensemble des baptisés qui pourraient ainsi bénéficier des richesses de l’ancienne liturgie. De nombreux paroissiens souhaitent en effet vivre dans leur paroisse la pratique de la forme extraordinaire du rite. Le cas de la paroisse Notre Dame n’est pas explicitement cité mais, selon nos informations prêt de 25 propositions synodales ont été présentées sur la question de la forme extraordinaire, soit près de 30 % des propositions de cette paroisse. Par ailleurs, trois (sur cinq) des représentants élus de cette paroisse au conseil synodal sont attachés à la forme extraordinaire du rite et pratiquent dans une communauté traditionnelle le Dimanche.
Les rédacteurs listent d’abord une série de constats tirés des propositions synodales sur la question de la forme extraordinaire dans le diocèse :
Le diocèse n’applique pas assez le Motu Proprio ; demande de fidèles non acceptée (Notre Dame de Versailles, Saint Germain en Laye)
Point d’appui de la nouvelle évangélisation, la forme extraordinaire attire des jeunes.
De nombreuses vocations quittent le diocèse, faute d’accueil.
Perte du sens du sacré. Négligence de la dimension sacrificielle de l’Eucharistie ; manque de respect du saint Sacrement.
Mauvaise cohabitation des communautés qui ne se connaissent pas
Le rapport souligne ensuite les objectifs poursuivis par ces propositions
Répondre à l’attente des fidèles
Obéir au saint Père
Développer la confiance et la connaissance mutuelle, désirer l’unité.
Nommer des curés favorables
Que chaque prêtre puisse dire les deux formes
Que le séminaire diocésain puisse accueillir des candidats attachés à la FER.
Orientation des autels pour les deux formes.
Enfin, les rédacteurs sélectionnent un certain nombre d’actions suggérées par les équipes synodales
Créer un groupe de travail pour actions communes entre deux communautés.
Promouvoir réunification des calendriers et lectures (ce qui n’est pas du ressort du diocèse ou d’une paroisse, mais de Rome seule qui a écarté ce projet alors qu’il avait été envisagé pour faire partie des dispositions de l’instruction d’application qui vient de paraître).
Promotion par l’évêque d’une célébration dominicale dans toutes les paroisses
Célébration annuelle d’une messe selon la FER par l’évêque à la cathédrale
Apprentissage de la FER au séminaire diocésain
Inviter les prêtres ‘traditionnels’ à intervenir davantage dans le diocèse.
Expérience de liturgie « tournée vers le Seigneur » dans les deux formes
Laisser les curés libres de répondre favorablement
Il reste à savoir quelle suite sera donnée à ce rapport.
Her- Messages : 9481
Date d'inscription : 01/05/2009
Localisation : France
Re: La Sainte Eglise de Dieu - Motu Proprio "Summorum Pontificum" et l'Instruction « Universae Ecclesiae » du Vendredi 13 mai 2011
http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2011/05/le-droit-des-groupes-demandeurs-de-la-forme-extraordinaire.html
29 mai 2011
Le droit des groupes demandeurs de la forme extraordinaire
L'abbé Claude Barthe est interrogé dans Présent de samedi à propos de l'instruction Universae Ecclesiae. Extrait :
"Le plus fort du texte n’est-il pas dans la défense des droits des groupes de demandeurs ?
C’est certain. C’est même le morceau de bravoure de l’Instruction : aucune mention de chiffre minimum pour le groupe de fidèles demandeurs, qui peuvent même se rassembler sur une paroisse en venant de plusieurs autres, voire d’autres diocèses (n. 15), demander la célébration du Triduum pascal à leur usage (n. 33), exister de manière ponctuelle pour une cérémonie ou un pèlerinage (n. 16).
Et surtout, la Commission explicite ses propres pouvoirs : organe du Saint-Siège, elle est le « supérieur hiérarchique » des évêques (de fide ! n. 10 § 1). Elle (dotée d’un pouvoir ordinaire vicaire du Pape) tranche en dernier ressort les litiges qui peuvent survenir (n. 13), ses décisions (des « décrets ») intervenant dans l’ordre dit « administratif » et n’étant susceptibles de recours que devant la cour de cassation/conseil d’Etat du Saint-Siège, à savoir le Tribunal de la Signature apostolique."
Posté le 29 mai 2011 à 13h00 par Michel Janva
29 mai 2011
Le droit des groupes demandeurs de la forme extraordinaire
L'abbé Claude Barthe est interrogé dans Présent de samedi à propos de l'instruction Universae Ecclesiae. Extrait :
"Le plus fort du texte n’est-il pas dans la défense des droits des groupes de demandeurs ?
C’est certain. C’est même le morceau de bravoure de l’Instruction : aucune mention de chiffre minimum pour le groupe de fidèles demandeurs, qui peuvent même se rassembler sur une paroisse en venant de plusieurs autres, voire d’autres diocèses (n. 15), demander la célébration du Triduum pascal à leur usage (n. 33), exister de manière ponctuelle pour une cérémonie ou un pèlerinage (n. 16).
Et surtout, la Commission explicite ses propres pouvoirs : organe du Saint-Siège, elle est le « supérieur hiérarchique » des évêques (de fide ! n. 10 § 1). Elle (dotée d’un pouvoir ordinaire vicaire du Pape) tranche en dernier ressort les litiges qui peuvent survenir (n. 13), ses décisions (des « décrets ») intervenant dans l’ordre dit « administratif » et n’étant susceptibles de recours que devant la cour de cassation/conseil d’Etat du Saint-Siège, à savoir le Tribunal de la Signature apostolique."
Posté le 29 mai 2011 à 13h00 par Michel Janva
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Re: La Sainte Eglise de Dieu - Motu Proprio "Summorum Pontificum" et l'Instruction « Universae Ecclesiae » du Vendredi 13 mai 2011
www.paixliturgique.com
UNIVERSAE ECCLESIAE : LA PAROLE AUX LAÏCS
Nous remercions la rédaction du quotidien Présent de nous avoir donné l'autorisation de reproduire cet entretien de l'Abbé Claude Barthe avec Olivier Figueras, au sujet de la dernière Instruction publiée par le Saint-Siège à propos de la forme extraordinaire du rite romain.
QUELLE ANALYSE GLOBALE FAITES-VOUS SUR L’INSTRUCTION UNIVERSAE ECCLESIAE, PUBLIÉE LE 13 MAI DERNIER ?
— Il faut, en effet, avoir une vision très globale. D’une part, en se souvenant que l’on vit un effacement sans précédent de l’Église en Occident, de sorte que tout ce qui favorise le relèvement du sacrifice de la messe, et donc du sacerdoce catholique, est pastoralement et du point de vue missionnaire très bénéfique, le Motu Proprio de 2007 et cette instruction d’application étant de cet ordre. Et d’autre part, une vision globale, en replaçant ce texte au sein d’une période de l’histoire de l’Église tout à fait atypique, celle qui a commencé avec Vatican II, où les textes valent désormais plus par le message qu’ils délivrent dans un sens d’« ouverture » ou inversement dans un sens de « restauration » (c’est le cas de ce texte), que par l’autorité réelle de leur contenu, dont tout le monde sait qu’elle est très faible. Cette Instruction, publiée le premier jour du 3e colloque romain consacré à la « forme extraordinaire », qui s’est tenu à l’Université pontificale Saint-Thomas-d’Aquin, dite Angelicum, à Rome, vaut surtout – l’Instruction mise en valeur par le colloque – par l’« événement » qu’elle constitue.
D’AUTANT QUE SON ÉLABORATION, DIT-ON, A ÉTÉ TRÈS DIFFICILE.
— Et très longue. Une instruction, canoniquement, est le décret d’application d’une loi (ici le Motu Proprio) destiné à aider ceux qui doivent appliquer le texte (la Commission Ecclesia Dei essentiellement). Il est publié par l’organisme compétent pour ce texte (généralement le même : ici la Commission présidée par le cardinal Levada) et approuvé ensuite par le Pape. Théoriquement, rien ne doit se trouver dans l’Instruction qui n’était déjà dans la loi. Mais la manière qu’a un décret de préciser peut, on le sait, élargir ou rétrécir la loi.
En l’espèce, il y a eu trois grandes étapes d’élaboration de cette petite souris de texte qui a accouché des montagnes de pressions et d’interventions :
a. Le « schéma » élaboré sous l’autorité du cardinal Castrillón, à partir de 2007, texte qui, malgré la très bonne volonté du cardinal, était un vrai pas en arrière.
b. Le schéma Pozzo-1, commencé dès que l’équipe très homogène du nouveau Secrétaire et patron réel de la Commission, Mgr Guido Pozzo, a été en place. Texte particulièrement extensif.
c. Et le texte Pozzo-2, le texte actuel, qui a eu lui-même toute une histoire : le schéma Pozzo-1, présenté devant la plenaria de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, en novembre 2010, a été un peu malmené pour diverses raisons qu’il serait trop long d’expliquer, repris, amendé dans le détail dans un sens, puis dans un autre. A partir de la mi-février 2011, lorsqu’un des blogs anglo-saxons traditionnels les plus lus dans le monde, Rorate Coeli, a sonné l’alarme sur les risques de rétrécissements, la fièvre a été maximale et a duré jusqu’à la sortie du texte et jusqu’aux ultimes retouches.
L’ensemble ou chaque détail ayant toujours, j’y insiste, une importance plus psychologique qu’effectivement normative. Et comme il faut toujours s’élever à une vue générale, je pense que le plus important à retenir est, qu’au cours de toutes ces vicissitudes, la Commission Pozzo s’est calée, comme on dit, sur une position qui, de norme implicite, est devenue explicite (nn. 24, 25) : les livres en usage en 1962 ne seront modifiés en rien, sauf l’ajout futur de nouveaux saints et l’usage possible de nouvelles préfaces. L’usus antiquior, « enrichissable » à la marge, restera inchangé en tout le reste, par exemple dans son lectionnaire dominical, invariable depuis pratiquement mille ans.
VOUS DOUTEZ DE LA PORTÉE EFFECTIVEMENT NORMATIVE DU TEXTE : N’EST-CE PAS UN TEXTE JURIDIQUE ?
— Bien sûr que si ! Sa forme montre même que ses maîtres d’œuvre – on pourrait le montrer dans le détail – sont plus à l’aise dans le domaine canonique que dans le domaine liturgique. Le plus important, à cet égard, est dans l’explicitation pointue que fait l’Instruction de ce montage très ingénieux et très particulier qu’est Summorum Pontificum : c’est une loi universelle (n. 2 de l’introduction), et non pas un indult, un privilège ; c’est en outre une loi spéciale qui fait que la liturgie qu’il rétablit en plein droit (celle en usage en 1962) ne peut être atteinte par les innovations postérieures qui lui sont incompatibles (n. 28), du moins lorsqu’elles sont purement liturgiques et non « disciplinaires » (l’incardination des clercs, n. 30, le jeûne eucharistique et autres, n. 27) ; c’est un droit général couvrant tous les livres liturgiques en usage avant les réformes de Paul VI (nn. 32, 35), et tous les livres propres aux religieux (n. 34 – avec un silence prudent sur les rites latins non romains) ; c’est enfin un droit radical qui est reconnu, car si la célébration publique de la liturgie ancienne doit répondre à certaines normes, la célébration privée est toujours permise à tout prêtre séculier ou religieux sans qu’il ait à demander quelque permission que ce soit (n. 23).
TOUT EST-IL AUSSI NET ?
— Non. Inutile de revenir sur la question du n. 19, dont Jean Madiran a déjà magistralement traité . En matière d’enseignement dans les séminaires, du latin, de la forme extraordinaire, la Commission prend beaucoup de gants (n. 21), quitte à ne formuler que des vœux pieux. Mais de cette piété les séminaristes pourront se saisir.
Quant aux ordinations diocésaines en forme extraordinaire, elles n’étaient pas expressément exclues par le Motu Proprio. L’Instruction opère ici un recul en les réservant, par le n. 31, aux instituts et sociétés usant des livres liturgiques anciens (sauf à préciser la définition de cet « usage », voire à discuter la légalité de cette novation de l’Instruction, sachant que de toute façon – c’est de droit commun – l’évêque diocésain pourra toujours demander un indult ponctuel ou général). Lors du colloque à l’Angelicum, des intervenants de poids, Mgr Schneider, Mgr Bux, ont d’ailleurs fortement manifesté l’attachement théologiquement fondé de toute une tendance, au sein des partisans officiels de la forme extraordinaire, vis-à-vis des ordinations selon l’usage traditionnel.
LE PLUS FORT DU TEXTE N’EST-IL PAS DANS LA DÉFENSE DES DROITS DES GROUPES DE DEMANDEURS ?
— C’est certain. C’est même le morceau de bravoure de l’Instruction : aucune mention de chiffre minimum pour le groupe de fidèles demandeurs, qui peuvent même se rassembler sur une paroisse en venant de plusieurs autres, voire d’autres diocèses (n. 15), demander la célébration du Triduum pascal à leur usage (n. 33), exister de manière ponctuelle pour une cérémonie ou un pèlerinage (n. 16). Et surtout, la Commission explicite ses propres pouvoirs : organe du Saint-Siège, elle est le « supérieur hiérarchique » des évêques (de fide ! n. 10 § 1). Elle (dotée d’un pouvoir ordinaire vicaire du Pape) tranche en dernier ressort les litiges qui peuvent survenir (n. 13), ses décisions (des « décrets ») intervenant dans l’ordre dit « administratif » et n’étant susceptibles de recours que devant la cour de cassation/conseil d’État du Saint-Siège, à savoir le Tribunal de la Signature apostolique.
Mais ne vous réjouissez pas trop vite en imaginant que la Commission va fulminer sur des évêques ou cardinaux terrassés des quantités de « décrets », que le cardinal Burke, Préfet de la Signature apostolique, s’empressera de confirmer si on le lui demande ! Je me garderais bien de dire que tout cela est un tigre de papier, mais il est clair que dans la période postconciliaire dont nous sommes loin d’être sortis, les hommes restent ce qu’ils sont (conciliaires et restaurateurs), et l’exercice de l’autorité ce que nous savons. Mais il y aura des avancées. En outre, l’Instruction, telle qu’elle se présente, constitue une affirmation supplémentaire de l’impossibilité d’un retour en arrière. Cependant, concrètement, ce sont les « groupes stables », l’ensemble des fidèles demandeurs, tous les clercs attachés à l’usage traditionnel, qui auront encore et toujours à agir, à presser, à demander… tout simplement leur droit. Jusqu’au jour où les évêques serviront d’eux-mêmes le meilleur vin sans qu’on ait à les implorer de le faire.
EN SOMME : « PROLÉTAIRES DE TOUS LES PAYS, UNISSEZ-VOUS ! »
— Vous voulez me faire dire bien plus que… Mais au fond, il y a de cela. En fait, si la messe traditionnelle, et « ce qui va avec », les catéchismes, la formation des prêtres, la prédication, etc., a été maintenue depuis 40 ans, c’est parce que, paradoxalement, Vatican II a été parfaitement entendu par ces « prolétaires » de l’Église conciliaires que sont les traditionnels : on a donné la parole aux laïcs, et… voilà qu’ils l’ont prise ! Et pas en faveur du fameux « esprit du Concile », mais pour restaurer la messe traditionnelle. A vrai dire, ils ont pris la parole de façon très « moderne ». Sans parler de la récente montée en puissance des médias internet que les mêmes traditionnels ont parfaitement investis. C’est ainsi. Et le Motu Proprio, dopé par l’Instruction, consacre étrangement, mais bien réellement, la légitimité du très moderne groupe de pression, sous l’appellation délicieusement surannée de coetus fidelium.
Au total, il y a désormais – notamment dans les nouvelles générations de clercs – un « esprit Motu Proprio », comme il y avait (mon usage de l’imparfait est volontariste !) un « esprit du Concile ». Je ne suis pas prophète, en tout cas pas davantage que les météorologues qui avouent leur incompétence à prévoir la pluie ou le beau temps à trois jours. Mais il me semble qu’on peut dire que le présent pontificat, qualifiable de « pontificat de transition », laissera surtout le souvenir d’avoir ouvert de fait et d’intention (fortement de fait, timidement d’intention) des brèches dans ce fameux « esprit du Concile » (le discours sur l’herméneutique du Concile, le recadrage pratique du dialogue œcuménique, le Motu Proprio). Sous cet aspect, l’affirmation apparemment modeste, mais définitive, que la liturgie antérieure à la réforme de Vatican II n’a jamais été abolie, est un des germes les plus précieux de la revitalisation à venir du catholicisme.
Propos recueillis par Olivier Figueras
Article extrait du n° 7359 du journal Présent du samedi 28 mai 2011
Pour contacter PAIX LITURGIQUE : Tél : 00 33 6 88 23 74 52 - Leur site : www.paixliturgique.com
UNIVERSAE ECCLESIAE : LA PAROLE AUX LAÏCS
Nous remercions la rédaction du quotidien Présent de nous avoir donné l'autorisation de reproduire cet entretien de l'Abbé Claude Barthe avec Olivier Figueras, au sujet de la dernière Instruction publiée par le Saint-Siège à propos de la forme extraordinaire du rite romain.
QUELLE ANALYSE GLOBALE FAITES-VOUS SUR L’INSTRUCTION UNIVERSAE ECCLESIAE, PUBLIÉE LE 13 MAI DERNIER ?
— Il faut, en effet, avoir une vision très globale. D’une part, en se souvenant que l’on vit un effacement sans précédent de l’Église en Occident, de sorte que tout ce qui favorise le relèvement du sacrifice de la messe, et donc du sacerdoce catholique, est pastoralement et du point de vue missionnaire très bénéfique, le Motu Proprio de 2007 et cette instruction d’application étant de cet ordre. Et d’autre part, une vision globale, en replaçant ce texte au sein d’une période de l’histoire de l’Église tout à fait atypique, celle qui a commencé avec Vatican II, où les textes valent désormais plus par le message qu’ils délivrent dans un sens d’« ouverture » ou inversement dans un sens de « restauration » (c’est le cas de ce texte), que par l’autorité réelle de leur contenu, dont tout le monde sait qu’elle est très faible. Cette Instruction, publiée le premier jour du 3e colloque romain consacré à la « forme extraordinaire », qui s’est tenu à l’Université pontificale Saint-Thomas-d’Aquin, dite Angelicum, à Rome, vaut surtout – l’Instruction mise en valeur par le colloque – par l’« événement » qu’elle constitue.
D’AUTANT QUE SON ÉLABORATION, DIT-ON, A ÉTÉ TRÈS DIFFICILE.
— Et très longue. Une instruction, canoniquement, est le décret d’application d’une loi (ici le Motu Proprio) destiné à aider ceux qui doivent appliquer le texte (la Commission Ecclesia Dei essentiellement). Il est publié par l’organisme compétent pour ce texte (généralement le même : ici la Commission présidée par le cardinal Levada) et approuvé ensuite par le Pape. Théoriquement, rien ne doit se trouver dans l’Instruction qui n’était déjà dans la loi. Mais la manière qu’a un décret de préciser peut, on le sait, élargir ou rétrécir la loi.
En l’espèce, il y a eu trois grandes étapes d’élaboration de cette petite souris de texte qui a accouché des montagnes de pressions et d’interventions :
a. Le « schéma » élaboré sous l’autorité du cardinal Castrillón, à partir de 2007, texte qui, malgré la très bonne volonté du cardinal, était un vrai pas en arrière.
b. Le schéma Pozzo-1, commencé dès que l’équipe très homogène du nouveau Secrétaire et patron réel de la Commission, Mgr Guido Pozzo, a été en place. Texte particulièrement extensif.
c. Et le texte Pozzo-2, le texte actuel, qui a eu lui-même toute une histoire : le schéma Pozzo-1, présenté devant la plenaria de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, en novembre 2010, a été un peu malmené pour diverses raisons qu’il serait trop long d’expliquer, repris, amendé dans le détail dans un sens, puis dans un autre. A partir de la mi-février 2011, lorsqu’un des blogs anglo-saxons traditionnels les plus lus dans le monde, Rorate Coeli, a sonné l’alarme sur les risques de rétrécissements, la fièvre a été maximale et a duré jusqu’à la sortie du texte et jusqu’aux ultimes retouches.
L’ensemble ou chaque détail ayant toujours, j’y insiste, une importance plus psychologique qu’effectivement normative. Et comme il faut toujours s’élever à une vue générale, je pense que le plus important à retenir est, qu’au cours de toutes ces vicissitudes, la Commission Pozzo s’est calée, comme on dit, sur une position qui, de norme implicite, est devenue explicite (nn. 24, 25) : les livres en usage en 1962 ne seront modifiés en rien, sauf l’ajout futur de nouveaux saints et l’usage possible de nouvelles préfaces. L’usus antiquior, « enrichissable » à la marge, restera inchangé en tout le reste, par exemple dans son lectionnaire dominical, invariable depuis pratiquement mille ans.
VOUS DOUTEZ DE LA PORTÉE EFFECTIVEMENT NORMATIVE DU TEXTE : N’EST-CE PAS UN TEXTE JURIDIQUE ?
— Bien sûr que si ! Sa forme montre même que ses maîtres d’œuvre – on pourrait le montrer dans le détail – sont plus à l’aise dans le domaine canonique que dans le domaine liturgique. Le plus important, à cet égard, est dans l’explicitation pointue que fait l’Instruction de ce montage très ingénieux et très particulier qu’est Summorum Pontificum : c’est une loi universelle (n. 2 de l’introduction), et non pas un indult, un privilège ; c’est en outre une loi spéciale qui fait que la liturgie qu’il rétablit en plein droit (celle en usage en 1962) ne peut être atteinte par les innovations postérieures qui lui sont incompatibles (n. 28), du moins lorsqu’elles sont purement liturgiques et non « disciplinaires » (l’incardination des clercs, n. 30, le jeûne eucharistique et autres, n. 27) ; c’est un droit général couvrant tous les livres liturgiques en usage avant les réformes de Paul VI (nn. 32, 35), et tous les livres propres aux religieux (n. 34 – avec un silence prudent sur les rites latins non romains) ; c’est enfin un droit radical qui est reconnu, car si la célébration publique de la liturgie ancienne doit répondre à certaines normes, la célébration privée est toujours permise à tout prêtre séculier ou religieux sans qu’il ait à demander quelque permission que ce soit (n. 23).
TOUT EST-IL AUSSI NET ?
— Non. Inutile de revenir sur la question du n. 19, dont Jean Madiran a déjà magistralement traité . En matière d’enseignement dans les séminaires, du latin, de la forme extraordinaire, la Commission prend beaucoup de gants (n. 21), quitte à ne formuler que des vœux pieux. Mais de cette piété les séminaristes pourront se saisir.
Quant aux ordinations diocésaines en forme extraordinaire, elles n’étaient pas expressément exclues par le Motu Proprio. L’Instruction opère ici un recul en les réservant, par le n. 31, aux instituts et sociétés usant des livres liturgiques anciens (sauf à préciser la définition de cet « usage », voire à discuter la légalité de cette novation de l’Instruction, sachant que de toute façon – c’est de droit commun – l’évêque diocésain pourra toujours demander un indult ponctuel ou général). Lors du colloque à l’Angelicum, des intervenants de poids, Mgr Schneider, Mgr Bux, ont d’ailleurs fortement manifesté l’attachement théologiquement fondé de toute une tendance, au sein des partisans officiels de la forme extraordinaire, vis-à-vis des ordinations selon l’usage traditionnel.
LE PLUS FORT DU TEXTE N’EST-IL PAS DANS LA DÉFENSE DES DROITS DES GROUPES DE DEMANDEURS ?
— C’est certain. C’est même le morceau de bravoure de l’Instruction : aucune mention de chiffre minimum pour le groupe de fidèles demandeurs, qui peuvent même se rassembler sur une paroisse en venant de plusieurs autres, voire d’autres diocèses (n. 15), demander la célébration du Triduum pascal à leur usage (n. 33), exister de manière ponctuelle pour une cérémonie ou un pèlerinage (n. 16). Et surtout, la Commission explicite ses propres pouvoirs : organe du Saint-Siège, elle est le « supérieur hiérarchique » des évêques (de fide ! n. 10 § 1). Elle (dotée d’un pouvoir ordinaire vicaire du Pape) tranche en dernier ressort les litiges qui peuvent survenir (n. 13), ses décisions (des « décrets ») intervenant dans l’ordre dit « administratif » et n’étant susceptibles de recours que devant la cour de cassation/conseil d’État du Saint-Siège, à savoir le Tribunal de la Signature apostolique.
Mais ne vous réjouissez pas trop vite en imaginant que la Commission va fulminer sur des évêques ou cardinaux terrassés des quantités de « décrets », que le cardinal Burke, Préfet de la Signature apostolique, s’empressera de confirmer si on le lui demande ! Je me garderais bien de dire que tout cela est un tigre de papier, mais il est clair que dans la période postconciliaire dont nous sommes loin d’être sortis, les hommes restent ce qu’ils sont (conciliaires et restaurateurs), et l’exercice de l’autorité ce que nous savons. Mais il y aura des avancées. En outre, l’Instruction, telle qu’elle se présente, constitue une affirmation supplémentaire de l’impossibilité d’un retour en arrière. Cependant, concrètement, ce sont les « groupes stables », l’ensemble des fidèles demandeurs, tous les clercs attachés à l’usage traditionnel, qui auront encore et toujours à agir, à presser, à demander… tout simplement leur droit. Jusqu’au jour où les évêques serviront d’eux-mêmes le meilleur vin sans qu’on ait à les implorer de le faire.
EN SOMME : « PROLÉTAIRES DE TOUS LES PAYS, UNISSEZ-VOUS ! »
— Vous voulez me faire dire bien plus que… Mais au fond, il y a de cela. En fait, si la messe traditionnelle, et « ce qui va avec », les catéchismes, la formation des prêtres, la prédication, etc., a été maintenue depuis 40 ans, c’est parce que, paradoxalement, Vatican II a été parfaitement entendu par ces « prolétaires » de l’Église conciliaires que sont les traditionnels : on a donné la parole aux laïcs, et… voilà qu’ils l’ont prise ! Et pas en faveur du fameux « esprit du Concile », mais pour restaurer la messe traditionnelle. A vrai dire, ils ont pris la parole de façon très « moderne ». Sans parler de la récente montée en puissance des médias internet que les mêmes traditionnels ont parfaitement investis. C’est ainsi. Et le Motu Proprio, dopé par l’Instruction, consacre étrangement, mais bien réellement, la légitimité du très moderne groupe de pression, sous l’appellation délicieusement surannée de coetus fidelium.
Au total, il y a désormais – notamment dans les nouvelles générations de clercs – un « esprit Motu Proprio », comme il y avait (mon usage de l’imparfait est volontariste !) un « esprit du Concile ». Je ne suis pas prophète, en tout cas pas davantage que les météorologues qui avouent leur incompétence à prévoir la pluie ou le beau temps à trois jours. Mais il me semble qu’on peut dire que le présent pontificat, qualifiable de « pontificat de transition », laissera surtout le souvenir d’avoir ouvert de fait et d’intention (fortement de fait, timidement d’intention) des brèches dans ce fameux « esprit du Concile » (le discours sur l’herméneutique du Concile, le recadrage pratique du dialogue œcuménique, le Motu Proprio). Sous cet aspect, l’affirmation apparemment modeste, mais définitive, que la liturgie antérieure à la réforme de Vatican II n’a jamais été abolie, est un des germes les plus précieux de la revitalisation à venir du catholicisme.
Propos recueillis par Olivier Figueras
Article extrait du n° 7359 du journal Présent du samedi 28 mai 2011
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Re: La Sainte Eglise de Dieu - Motu Proprio "Summorum Pontificum" et l'Instruction « Universae Ecclesiae » du Vendredi 13 mai 2011
http://www.ndf.fr/la-une/08-06-2011/entretien-avec-mgr-pozzo-secretaire-de-la-commission-pontificale-ecclesia-dei
NOUVELLES DE FRANCE
Exclusif | Entretien avec Mgr Pozzo, Secrétaire de la Commission pontificale Ecclesia Dei
Par Pierre de Bellerive le 08 juin 2011 dans Culture, La une, Religion avec 3 Commentaires
Mgr Pozzo, Secrétaire de la Commission pontificale Ecclesia Dei a reçu les Nouvelles de France au Vatican. Il explique les intentions de Benoît XVI envers la messe traditionnelle et la Fraternité Saint Pie X.
Monseigneur, quelle est la finalité du Motu Proprio Summorum Pontificum ?
Le Motu proprio Summorum Pontificum entend offrir à tous les fidèles catholiques la liturgie romaine dans l’usus antiquior, en la considérant comme un trésor précieux à conserver. Dans ce but, il entend garantir et assurer à tous ceux qui le demandent l’usage de la forme extraordinaire et ainsi, favoriser l’unité et la réconciliation dans l’Église.
Pourquoi ce succès de la messe de saint Pie V chez les jeunes catholiques ?
Je pense que le recueillement intérieur, le sens de la messe comme sacrifice est particulièrement valorisé par la forme extraordinaire. C’est ce qui explique en partie l’augmentation du nombre de fidèles qui la réclament.
La lettre du Pape accompagnant le Motu Proprio indique qu’il y avait une augmentation du nombre de fidèles demandant l’usage de la forme extraordinaire. Quelle en est la raison selon vous ?
La lettre d’accompagnement du Motu Proprio présente les raisons et les explications qui clarifient les finalités et le sens du Motu Proprio. Il est fondamental de souligner que les deux formes de l’unique rite romain s’enrichissent mutuellement et doivent donc être considérées comme complémentaires. Le rétablissement de l’usus antiquior du Missel romain avec son cadre normatif propre est dû à l’augmentation des demandes venues de fidèles qui souhaitaient pouvoir participer à la célébration de la Sainte Messe dans sa forme extraordinaire. Il s’agit en substance de respecter et de valoriser un intérêt particulier de certains fidèles pour la Tradition et pour la richesse du patrimoine liturgique mis en évidence par le rite romain antique. Il est intéressant que cette sensibilité soit présente aussi dans les jeunes générations, c’est-à-dire chez des personnes qui n’ont pas été formées autrefois à ce genre de liturgie.
On dit que les mouvements traditionnels suscitent plus de vocations qu’ailleurs. Est-ce vrai ? Si oui, pourquoi ?
Dans les Instituts qui dépendent de la Commission pontificale Ecclesia Dei et qui suivent les formes liturgiques et disciplinaires de la Tradition, il y a une augmentation de vocations sacerdotales et de vocations à la vie religieuse. Je crois pourtant qu’une reprise des vocations sacerdotales est aussi constatée dans les Séminaires. Surtout là où l’on offre une formation et une éducation au ministère sacerdotal et à une vie spirituelle sérieuse et rigoureuse, sans les réduire face à la sécularisation, laquelle a malheureusement pénétré dans la mentalité et dans les formes de vie chez certains clercs et dans certains séminaires eux-mêmes. Cela constitue selon moi la cause principale de la crise des vocations au sacerdoce, crise de qualité bien entendu, plutôt que de quantité. Présenter la figure du prêtre dans son identité profonde, comme ministre du Sacré, c’est-à-dire comme alter Christus, comme guide spirituel du peuple de Dieu, comme celui qui célèbre le sacrifice de la Sainte Messe et remet les péchés dans le sacrement de la confession, en agissant in persona Christi capitis, telle est la condition essentielle de mise en place d’une pastorale des vocations qui soit fructueuse et permette la reprise des vocations au sacerdoce ministériel.
Savez-vous si le Pape est satisfait de l’application du Motu Proprio ?
La Commission pontificale Ecclesia Dei tient le Saint-Père constamment informé sur l’évolution de l’application du Motu Proprio et sur la croissance de sa réception, malgré les difficultés d’application que nous constatons ici ou là.
Quelles sont concrètement les difficultés d’application que vous rencontrez ?
Il y a encore des résistances de la part de certains évêques et membres du clergé qui ne rendent pas assez accessible la messe tridentine.
L’Instruction Universae Ecclesiae semble plutôt favoriser encore davantage la célébration de la forme extraordinaire. Est-ce le cas ?
L’Instruction a pour but d’aider à appliquer de manière toujours plus efficace et correcte les directives du Motu Proprio. Elle offre certaines précisions normatives et certaines clarifications d’aspects importants pour la mise en œuvre pratique.
On a l’impression que c’est surtout en France que les réactions sont les plus épidermiques sur ce sujet. Quelle en est la raison selon vous ?
Il est peut-être trop tôt pour donner une évaluation suffisamment complète des réactions à l’Instruction, et cela ne vaut pas seulement pour la France. Mais il me semble qu’en pensant à la situation de l’Église en France, il faut tenir compte du fait qu’il existe une tendance à polariser et à radicaliser les jugements et les convictions en la matière. Cela ne favorise pas une bonne compréhension et une réception authentique du Document. Il faut de plus dépasser une vision principalement émotive et sentimentale. Il s’agit – et c’est un devoir – de récupérer le principe de l’unité de la Liturgie, qui justifie précisément l’existence de deux formes, toutes deux légitimes, qui ne doivent jamais être vues en opposition ou en alternative. La forme extraordinaire n’est pas un retour au passé, et ne doit pas être comprise comme une mise en cause de la réforme liturgique voulue par Vatican II. De même, la forme ordinaire n’est pas une rupture avec le passé, mais son développement au moins sur quelques aspects.
Sollicitude des Souverains Pontifes et Église universelle sont les titres respectifs du Motu Proprio et de son Instruction. Cela veut-il dire que le but est une réconciliation avec les « traditionalistes » ?
L’Instruction, comme je l’ai dit au début, entend favoriser l’unité et la réconciliation dans l’Église. Le terme « traditionaliste » est souvent une formule générique utilisée pour définir des choses très différentes. Si, par « traditionalistes », on entend les catholiques qui reproposent avec force l’intégrité du patrimoine doctrinal, liturgique et culturel de la foi et de la tradition catholique, il est clair qu’ils trouveront réconfort et soutien dans l’Instruction. Le terme « traditionaliste » peut aussi être compris différemment et désigner celui qui fait un usage idéologique de la Tradition, pour opposer l’Église avant le Concile Vatican II et l’Église de Vatican II, qui se serait éloignée de la Tradition. Cette opinion est une manière déformée de comprendre la fidélité à la Tradition, parce que le Concile Vatican II fait, lui aussi, partie de la Tradition. Les déviations doctrinales et les déformations liturgiques qui se sont produites après la fin du Concile Vatican II n’ont aucun fondement objectif dans les documents conciliaires compris dans l’ensemble de la doctrine catholique. Les phrases ou les expressions des textes conciliaires ne peuvent pas et ne doivent pas être isolées ou arrachées, pour ainsi dire, du contexte global de la doctrine catholique. Malheureusement, ces déviations doctrinales et ces abus dans l’application concrète de la réforme liturgique constituent le prétexte de ce « traditionalisme idéologique » qui fait refuser le Concile. Un tel prétexte s’appuie sur un préjugé sans fondement. Il est clair qu’aujourd’hui il n’est pas suffisant de répéter le donné conciliaire, mais qu’il faut en même temps réfuter et refuser les déviations et les interprétations erronées qui prétendent se fonder sur l’enseignement conciliaire. Cela vaut aussi pour la liturgie. C’est la difficulté avec laquelle nous sommes aujourd’hui aux prises.
« Les fidèles qui demandent la célébration de la forme extraordinaire ne doivent jamais venir en aide ou appartenir à des groupes qui nient la validité ou la légitimité de la Sainte Messe ou des sacrements célébrés selon la forme ordinaire, ou qui s’opposent au Pontife romain comme Pasteur suprême de l’Église universelle » (Instruction Universae Ecclesiae, § 19). Cette remarque vise-t-elle la Fraternité Saint Pie X ?
L’article de l’Instruction auquel vous vous référez concerne certains groupes de fidèles qui considèrent ou postulent une antithèse entre le Missel de 1962 et celui de Paul VI, et qui pensent que le rite promulgué par Paul VI pour la célébration du Sacrifice de la Sainte Messe est nuisible aux fidèles. Je veux préciser qu’il faut nettement distinguer le rite et le Missel comme tel, célébré selon les normes, et une certaine compréhension et application de la réforme liturgique caractérisée par l’ambiguïté, les déformations doctrinales, les abus et les banalisations, phénomènes malheureusement assez diffusés qui ont amené le Cardinal J. Ratzinger à parler sans hésiter dans l’une de ses publications d’« écroulement de la liturgie ». Il serait injuste et faux d’attribuer au Missel réformé la cause d’un tel écroulement. En même temps, il faut accueillir l’enseignement et la discipline que le Pape Benoît XVI nous a donnés dans sa Lettre apostolique Summorum Pontificum pour restaurer la forme extraordinaire du rite romain antique et suivre la manière exemplaire avec laquelle le Saint-Père célèbre la Sainte Messe dans la forme ordinaire à Saint-Pierre, dans ses visites pastorales et dans ses voyages apostoliques.
Aujourd’hui encore, vous pensez que l’enseignement du Concile n’est pas correctement appliqué ?
Dans l’ensemble, malheureusement oui. Il y a des situations complexes dans lesquelles on constate que l’enseignement du Concile n’est pas encore compris. On pratique encore une herméneutique de la discontinuité avec la Tradition.
Benoît XVI semble très attentif à la liturgie au cours de son pontificat. Est-ce exact ?
C’est tout à fait exact, mais la précision que je donnais concernait surtout les groupes qui pensent qu’il existe une opposition entre les deux missels.
La Fraternité Saint Pie X reconnaît-elle ce missel comme valide et licite ?
C’est à la Fraternité Saint Pie X qu’il faut le demander.
Le Saint-Père souhaite-t-il que la Fraternité Saint Pie X se réconcilie avec Rome ?
Certainement. La lettre de levée des excommunications des quatre Évêques consacrés illégitimement par Monseigneur Lefebvre est l’expression du désir du Saint-Père de favoriser la réconciliation de la Fraternité Saint Pie X avec le Saint-Siège.
Le contenu des discussions qui ont lieu entre Rome et la Fraternité Saint Pie X est secret, mais sur quels points portent-elles et de quelle manière se déroulent-elles ?
Le nœud essentiel est de caractère doctrinal. Pour parvenir à une vraie réconciliation, il faut dépasser certains problèmes doctrinaux qui sont à la base de la fracture actuelle. Dans les colloques en cours, il y a confrontation d’arguments entre les experts choisis par la Fraternité Saint Pie X et les experts choisis par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. A la fin, on rédige des synthèses conclusives qui résument les positions exprimées par les deux parties. Les thèmes discutés sont connus : le primat et la collégialité épiscopale ; le rapport entre l’Église catholique et les confessions chrétiennes non catholiques ; la liberté religieuse ; le Missel de Paul VI. Au terme des colloques, on soumettra les résultats des discussions aux instances autorisées respectives pour une évaluation d’ensemble.
Il ne semble pas concevable qu’il puisse y avoir une remise en cause du Concile Vatican II. Alors sur quoi peuvent porter ces discussions ? Sur une meilleure compréhension de celui-ci ?
Il s’agit de la clarification de points venant préciser la signification exacte de l’enseignement du Concile. C’est ce que le Saint-Père a commencé à faire le 22 décembre 2005 en comprenant le Concile dans une herméneutique du renouvellement dans la continuité. Toutefois, il y a certaines objections de la Fraternité saint Pie X qui ont du sens, car il y a eu une interprétation de rupture. L’objectif est de montrer qu’il faut interpréter le Concile dans la continuité de la Tradition de l’Église.
Le Cardinal Ratzinger était chargé de ces discussions il y a près de 20 ans. Suit-il toujours l’évolution de celles-ci maintenant qu’il est Pape ?
Il y a d’abord le rôle du secrétaire qui est d’organiser et de veiller au bon déroulement des discussions. L’évaluation de celles-ci reviennent au Saint-Père qui suit les discussions, avec le Cardinal Levada, en est informé, et donne son avis. Il en va de même d’ailleurs sur tous les points que peut traiter la Congrégation.
NOUVELLES DE FRANCE
Exclusif | Entretien avec Mgr Pozzo, Secrétaire de la Commission pontificale Ecclesia Dei
Par Pierre de Bellerive le 08 juin 2011 dans Culture, La une, Religion avec 3 Commentaires
Mgr Pozzo, Secrétaire de la Commission pontificale Ecclesia Dei a reçu les Nouvelles de France au Vatican. Il explique les intentions de Benoît XVI envers la messe traditionnelle et la Fraternité Saint Pie X.
Monseigneur, quelle est la finalité du Motu Proprio Summorum Pontificum ?
Le Motu proprio Summorum Pontificum entend offrir à tous les fidèles catholiques la liturgie romaine dans l’usus antiquior, en la considérant comme un trésor précieux à conserver. Dans ce but, il entend garantir et assurer à tous ceux qui le demandent l’usage de la forme extraordinaire et ainsi, favoriser l’unité et la réconciliation dans l’Église.
Pourquoi ce succès de la messe de saint Pie V chez les jeunes catholiques ?
Je pense que le recueillement intérieur, le sens de la messe comme sacrifice est particulièrement valorisé par la forme extraordinaire. C’est ce qui explique en partie l’augmentation du nombre de fidèles qui la réclament.
La lettre du Pape accompagnant le Motu Proprio indique qu’il y avait une augmentation du nombre de fidèles demandant l’usage de la forme extraordinaire. Quelle en est la raison selon vous ?
La lettre d’accompagnement du Motu Proprio présente les raisons et les explications qui clarifient les finalités et le sens du Motu Proprio. Il est fondamental de souligner que les deux formes de l’unique rite romain s’enrichissent mutuellement et doivent donc être considérées comme complémentaires. Le rétablissement de l’usus antiquior du Missel romain avec son cadre normatif propre est dû à l’augmentation des demandes venues de fidèles qui souhaitaient pouvoir participer à la célébration de la Sainte Messe dans sa forme extraordinaire. Il s’agit en substance de respecter et de valoriser un intérêt particulier de certains fidèles pour la Tradition et pour la richesse du patrimoine liturgique mis en évidence par le rite romain antique. Il est intéressant que cette sensibilité soit présente aussi dans les jeunes générations, c’est-à-dire chez des personnes qui n’ont pas été formées autrefois à ce genre de liturgie.
On dit que les mouvements traditionnels suscitent plus de vocations qu’ailleurs. Est-ce vrai ? Si oui, pourquoi ?
Dans les Instituts qui dépendent de la Commission pontificale Ecclesia Dei et qui suivent les formes liturgiques et disciplinaires de la Tradition, il y a une augmentation de vocations sacerdotales et de vocations à la vie religieuse. Je crois pourtant qu’une reprise des vocations sacerdotales est aussi constatée dans les Séminaires. Surtout là où l’on offre une formation et une éducation au ministère sacerdotal et à une vie spirituelle sérieuse et rigoureuse, sans les réduire face à la sécularisation, laquelle a malheureusement pénétré dans la mentalité et dans les formes de vie chez certains clercs et dans certains séminaires eux-mêmes. Cela constitue selon moi la cause principale de la crise des vocations au sacerdoce, crise de qualité bien entendu, plutôt que de quantité. Présenter la figure du prêtre dans son identité profonde, comme ministre du Sacré, c’est-à-dire comme alter Christus, comme guide spirituel du peuple de Dieu, comme celui qui célèbre le sacrifice de la Sainte Messe et remet les péchés dans le sacrement de la confession, en agissant in persona Christi capitis, telle est la condition essentielle de mise en place d’une pastorale des vocations qui soit fructueuse et permette la reprise des vocations au sacerdoce ministériel.
Savez-vous si le Pape est satisfait de l’application du Motu Proprio ?
La Commission pontificale Ecclesia Dei tient le Saint-Père constamment informé sur l’évolution de l’application du Motu Proprio et sur la croissance de sa réception, malgré les difficultés d’application que nous constatons ici ou là.
Quelles sont concrètement les difficultés d’application que vous rencontrez ?
Il y a encore des résistances de la part de certains évêques et membres du clergé qui ne rendent pas assez accessible la messe tridentine.
L’Instruction Universae Ecclesiae semble plutôt favoriser encore davantage la célébration de la forme extraordinaire. Est-ce le cas ?
L’Instruction a pour but d’aider à appliquer de manière toujours plus efficace et correcte les directives du Motu Proprio. Elle offre certaines précisions normatives et certaines clarifications d’aspects importants pour la mise en œuvre pratique.
On a l’impression que c’est surtout en France que les réactions sont les plus épidermiques sur ce sujet. Quelle en est la raison selon vous ?
Il est peut-être trop tôt pour donner une évaluation suffisamment complète des réactions à l’Instruction, et cela ne vaut pas seulement pour la France. Mais il me semble qu’en pensant à la situation de l’Église en France, il faut tenir compte du fait qu’il existe une tendance à polariser et à radicaliser les jugements et les convictions en la matière. Cela ne favorise pas une bonne compréhension et une réception authentique du Document. Il faut de plus dépasser une vision principalement émotive et sentimentale. Il s’agit – et c’est un devoir – de récupérer le principe de l’unité de la Liturgie, qui justifie précisément l’existence de deux formes, toutes deux légitimes, qui ne doivent jamais être vues en opposition ou en alternative. La forme extraordinaire n’est pas un retour au passé, et ne doit pas être comprise comme une mise en cause de la réforme liturgique voulue par Vatican II. De même, la forme ordinaire n’est pas une rupture avec le passé, mais son développement au moins sur quelques aspects.
Sollicitude des Souverains Pontifes et Église universelle sont les titres respectifs du Motu Proprio et de son Instruction. Cela veut-il dire que le but est une réconciliation avec les « traditionalistes » ?
L’Instruction, comme je l’ai dit au début, entend favoriser l’unité et la réconciliation dans l’Église. Le terme « traditionaliste » est souvent une formule générique utilisée pour définir des choses très différentes. Si, par « traditionalistes », on entend les catholiques qui reproposent avec force l’intégrité du patrimoine doctrinal, liturgique et culturel de la foi et de la tradition catholique, il est clair qu’ils trouveront réconfort et soutien dans l’Instruction. Le terme « traditionaliste » peut aussi être compris différemment et désigner celui qui fait un usage idéologique de la Tradition, pour opposer l’Église avant le Concile Vatican II et l’Église de Vatican II, qui se serait éloignée de la Tradition. Cette opinion est une manière déformée de comprendre la fidélité à la Tradition, parce que le Concile Vatican II fait, lui aussi, partie de la Tradition. Les déviations doctrinales et les déformations liturgiques qui se sont produites après la fin du Concile Vatican II n’ont aucun fondement objectif dans les documents conciliaires compris dans l’ensemble de la doctrine catholique. Les phrases ou les expressions des textes conciliaires ne peuvent pas et ne doivent pas être isolées ou arrachées, pour ainsi dire, du contexte global de la doctrine catholique. Malheureusement, ces déviations doctrinales et ces abus dans l’application concrète de la réforme liturgique constituent le prétexte de ce « traditionalisme idéologique » qui fait refuser le Concile. Un tel prétexte s’appuie sur un préjugé sans fondement. Il est clair qu’aujourd’hui il n’est pas suffisant de répéter le donné conciliaire, mais qu’il faut en même temps réfuter et refuser les déviations et les interprétations erronées qui prétendent se fonder sur l’enseignement conciliaire. Cela vaut aussi pour la liturgie. C’est la difficulté avec laquelle nous sommes aujourd’hui aux prises.
« Les fidèles qui demandent la célébration de la forme extraordinaire ne doivent jamais venir en aide ou appartenir à des groupes qui nient la validité ou la légitimité de la Sainte Messe ou des sacrements célébrés selon la forme ordinaire, ou qui s’opposent au Pontife romain comme Pasteur suprême de l’Église universelle » (Instruction Universae Ecclesiae, § 19). Cette remarque vise-t-elle la Fraternité Saint Pie X ?
L’article de l’Instruction auquel vous vous référez concerne certains groupes de fidèles qui considèrent ou postulent une antithèse entre le Missel de 1962 et celui de Paul VI, et qui pensent que le rite promulgué par Paul VI pour la célébration du Sacrifice de la Sainte Messe est nuisible aux fidèles. Je veux préciser qu’il faut nettement distinguer le rite et le Missel comme tel, célébré selon les normes, et une certaine compréhension et application de la réforme liturgique caractérisée par l’ambiguïté, les déformations doctrinales, les abus et les banalisations, phénomènes malheureusement assez diffusés qui ont amené le Cardinal J. Ratzinger à parler sans hésiter dans l’une de ses publications d’« écroulement de la liturgie ». Il serait injuste et faux d’attribuer au Missel réformé la cause d’un tel écroulement. En même temps, il faut accueillir l’enseignement et la discipline que le Pape Benoît XVI nous a donnés dans sa Lettre apostolique Summorum Pontificum pour restaurer la forme extraordinaire du rite romain antique et suivre la manière exemplaire avec laquelle le Saint-Père célèbre la Sainte Messe dans la forme ordinaire à Saint-Pierre, dans ses visites pastorales et dans ses voyages apostoliques.
Aujourd’hui encore, vous pensez que l’enseignement du Concile n’est pas correctement appliqué ?
Dans l’ensemble, malheureusement oui. Il y a des situations complexes dans lesquelles on constate que l’enseignement du Concile n’est pas encore compris. On pratique encore une herméneutique de la discontinuité avec la Tradition.
Benoît XVI semble très attentif à la liturgie au cours de son pontificat. Est-ce exact ?
C’est tout à fait exact, mais la précision que je donnais concernait surtout les groupes qui pensent qu’il existe une opposition entre les deux missels.
La Fraternité Saint Pie X reconnaît-elle ce missel comme valide et licite ?
C’est à la Fraternité Saint Pie X qu’il faut le demander.
Le Saint-Père souhaite-t-il que la Fraternité Saint Pie X se réconcilie avec Rome ?
Certainement. La lettre de levée des excommunications des quatre Évêques consacrés illégitimement par Monseigneur Lefebvre est l’expression du désir du Saint-Père de favoriser la réconciliation de la Fraternité Saint Pie X avec le Saint-Siège.
Le contenu des discussions qui ont lieu entre Rome et la Fraternité Saint Pie X est secret, mais sur quels points portent-elles et de quelle manière se déroulent-elles ?
Le nœud essentiel est de caractère doctrinal. Pour parvenir à une vraie réconciliation, il faut dépasser certains problèmes doctrinaux qui sont à la base de la fracture actuelle. Dans les colloques en cours, il y a confrontation d’arguments entre les experts choisis par la Fraternité Saint Pie X et les experts choisis par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. A la fin, on rédige des synthèses conclusives qui résument les positions exprimées par les deux parties. Les thèmes discutés sont connus : le primat et la collégialité épiscopale ; le rapport entre l’Église catholique et les confessions chrétiennes non catholiques ; la liberté religieuse ; le Missel de Paul VI. Au terme des colloques, on soumettra les résultats des discussions aux instances autorisées respectives pour une évaluation d’ensemble.
Il ne semble pas concevable qu’il puisse y avoir une remise en cause du Concile Vatican II. Alors sur quoi peuvent porter ces discussions ? Sur une meilleure compréhension de celui-ci ?
Il s’agit de la clarification de points venant préciser la signification exacte de l’enseignement du Concile. C’est ce que le Saint-Père a commencé à faire le 22 décembre 2005 en comprenant le Concile dans une herméneutique du renouvellement dans la continuité. Toutefois, il y a certaines objections de la Fraternité saint Pie X qui ont du sens, car il y a eu une interprétation de rupture. L’objectif est de montrer qu’il faut interpréter le Concile dans la continuité de la Tradition de l’Église.
Le Cardinal Ratzinger était chargé de ces discussions il y a près de 20 ans. Suit-il toujours l’évolution de celles-ci maintenant qu’il est Pape ?
Il y a d’abord le rôle du secrétaire qui est d’organiser et de veiller au bon déroulement des discussions. L’évaluation de celles-ci reviennent au Saint-Père qui suit les discussions, avec le Cardinal Levada, en est informé, et donne son avis. Il en va de même d’ailleurs sur tous les points que peut traiter la Congrégation.
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Re: La Sainte Eglise de Dieu - Motu Proprio "Summorum Pontificum" et l'Instruction « Universae Ecclesiae » du Vendredi 13 mai 2011
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ENQUÊTE DANS LE DIOCÈSE DE "L'IMMORTEL" MGR DAGENS , ÉVÊQUE D'ANGOULÊME
En ce mois de juin 2011, quatre ans après la publication du Motu Proprio Summorum Pontificum par Benoît XVI, quatre diocèses de France demeurent totalement privés de la célébration, même mensuelle, de la forme extraordinaire du rite romain. Paix liturgique va passer en revue ces trous noirs, ces quatre diocèses – Langres, Viviers, Mende et Angoulême – dans les semaines qui viennent. C’est par le diocèse d’Angoulême, correspondant au département de la Charente, que nous allons commencer cette série qui nous portera, sans doute, à programmer de nouveaux sondages diocésains.
Angoulême est un diocèse dont l’évêque titulaire, Mgr Claude Dagens, est illustre : c’est le dernier ecclésiastique à avoir été élu pour siéger sous la Coupole de l’Institut. Mgr Dagens, un des intellectuels de l’épiscopat français, spécialiste de patristique, a appartenu au groupe modéré – il faudrait plutôt dire à la “nébuleuse” – représenté par la revue Communio. Mais Mgr Dagens est tout le contraire d’un traditionnel. Comme son confrère de Communio, le philosophe Jean-Luc Marion, venu le rejoindre à l’Académie française, le traditionalisme lui provoque des poussées de boutons. Certes, il est loin d’être un progressiste échevelé mais il est fermement convaincu que l’Église doit continuer à s’adapter à la société moderne, nonobstant l’échec patent de “l’ouverture au monde” pratiquée depuis le dernier concile. Au point qu’il se retrouve aujourd’hui “sur la gauche” de la ligne (prudemment) interventionniste du cardinal Vingt-Trois et de Mgr d’Ornellas dans les questions de législation bioéthique.
Il s’est rendu, en effet, célèbre au sein de l’épiscopat français, par ce que l’on appelle le “Rapport Dagens”, rapport de style fort plat, dont les gardiens de notre langue ont cependant jugé digne de faire accéder son auteur aux rangs des “immortels”. Il s’agit en fait de deux textes, dont l’évêque d’Angoulême, chargé alors du service “Incroyance-Foi” à la Conférence des Évêques, a dirigé la rédaction : “La proposition de la foi dans la société actuelle” (présenté à la CEF en 1994, La Documentation catholique, 4 décembre 1994, pp. 1043-1059) ; et “La proposition de la foi. Vers une nouvelle étape” (présenté à la CEF en 1996, DC du 2I janvier 1996, pp. 62-79). Le Rapport Dagens avalise le retrait social de l’Église : l'Église peut être reconnue comme le lieu de la foi “proposée à l'ensemble de notre société, sans que cette proposition n'apparaisse comme l'expression d'une volonté hégémonique”. L’Église (celle de Mgr Dagens) se propose donc, avec une insondable naïveté, d’être un “plus” spirituel pour la démocratie laïque : “La démocratie et la laïcité elle-même, pour demeurer vivantes, ont besoin d'un climat spirituel dont le christianisme est une composante essentielle, alors même qu'il ne prétend pas y détenir le monopole de la religion” ; “La pratique de la laïcité à la française peut permettre à la tradition chrétienne de jouer un rôle spécifique dans une société incertaine, en contribuant au vouloir-vivre de cette société… La foi chrétienne effectivement vécue entretient dans la société un climat spirituel qui importe à la démocratie, qu'il s'agisse de fonder la responsabilité des sujets personnels, dans une société fragile, ou bien de communiquer à des jeunes des raisons de vivre dans un environnement rempli d'incertitudes”. Cet optimisme est donc très loin de la dénonciation de la “culture de mort” de Jean-Paul II et de celle du nihilisme par Benoît XVI, qui n’a de cesse, pour sa part, de stigmatiser la sécularisation de l’Église et d’appeler à une “nouvelle évangélisation” des vieilles nations catholiques.
Prudent, ce que lui reproche d’ailleurs Golias qui ne lui décerne que deux mitres dans son dernier Trombinoscope, Mgr Dagens ne s’oppose toutefois pas au pape sur le terrain théologique mais se contente, comme bon nombre de ses confrères, de freiner l’arrivée dans son diocèse du renouveau ratzinguérien et, singulièrement, de la réforme liturgique. Le seul prêtre qui célébrait la forme extraordinaire du rite romain a, ainsi, été “prêté” au diocèse de Bayonne l’été dernier...
I – La situation de la liturgie extraordinaire avant 2007
L’un des paradoxes du diocèse d’Angoulême, c’est que la liturgie traditionnelle dans le cadre paroissial y a disparu alors qu’elle y était célébrée avant le Motu Proprio.
Sans remonter aux années 80 – quand existaient aussi une messe à Cognac et une autre à Angoulême – il y a eu en effet jusqu’en 2005 une messe dominicale dans le diocèse. Celle-ci était célébrée en alternance dans les églises de Lussac et de Suaux, villages situés entre Angoulême et Confolens, par l’abbé Hervouet.
Né en 1926, ordonné à Angoulême en 1956, l’abbé Eugène Hervouet était de ces vieux curés qui avaient continué vaille que vaille, mais avec le fidèle soutien de leurs paroissiens, à célébrer la messe comme au jour de leur ordination. Les dernières années, ce maintien fut réellement héroïque, tant l’abbé Hervouet était épuisé par la maladie. Depuis son rappel à Dieu, le 2 janvier 2006, la liturgie traditionnelle n’a plus été célébrée à Suaux ni à Lussac. Sans entrer dans des détails, on dira seulement que l’évêque du “Rapport” n’a pas hésité une seconde à user son “bras séculier” pour interdire toute reviviscence de la messe traditionnelle dans ces églises.
En dehors du cadre paroissial, la Fraternité de la Transfiguration, communauté amie de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X, célèbre deux messes le dimanche à Angoulême qui rassemblent une centaine de fidèles. Fondée dans l’Indre voisine par le père Lecareux, la Fraternité de la Transfiguration a été appelée à Angoulême en 1988 pour prendre le relais d’une messe célébrée jusque là par un prêtre diocésain, l’abbé Chambaud. Cette présence témoigne, si nécessaire, de l'existence ancienne d’un important groupe stable de fidèles attachés à la liturgie traditionnelle à Angoulême même.
II – La fausse application de Genac
Dès la publication du Motu Proprio Summorum Pontificum, un groupe de demandeurs s’est constitué à Angoulême. Début 2008, assez rapidement par rapport aux standards épiscopaux, la réponse de Mgr Dagens se manifesta par la concession d’une messe mensuelle dans l’église de Genac, à 20 km d’Angoulême. Une messe, oui, mais pas hebdomadaire et surtout pas à Angoulême : bref, Mgr Dagens décidait d’appliquer en 2008 le Motu Proprio de... 1988 et non celui de 2007. Et de l’appliquer modérément, Mgr Dagens étant un modéré !
Rappelons que le Motu Proprio de Jean-Paul II réservait en effet à l’évêque le pouvoir de concéder la liturgie traditionnelle dans les conditions qu’il retenait appropriées alors que celui de Benoît XVI érige un droit pour les prêtres et les fidèles. L’ironie, amère, de l’histoire, c’est que Mgr Dagens avait bien pris garde, jusque là, de ne pas appliquer le Motu Proprio de 1988, faisant bien savoir à tous que les communautés Ecclesia Dei n’étaient pas les bienvenues dans son diocèse.
La première messe à Genac, le 20 janvier 2008, fut un succès puisque plus de 70 personnes, dont plusieurs journalistes, y assistèrent. Il faut dire que les organisateurs avaient enfreint l’interdiction faite par Mgr d’Angoulême de rendre publique la cérémonie en avertissant la presse 48 heures avant la célébration. Après un instant de colère (Mgr Dagens est modéré, mais fort colérique), l’évêque s’était résigné, avec la promptitude d’esprit qui le caractérise, à reprendre le contrôle des opérations, en publiant un communiqué officiel et en intervenant à la radio. D’où la participation, outre la quarantaine de membres des familles de demandeurs, d’une vingtaine de paroissiens des environs.
Le seul point noir de cette première messe fut de révéler aux participants, comme aux téléspectateurs du journal du soir de France 3 local qui s’obligea à un reportage, l’âge avancé du célébrant désigné par l’évêque : 87 ans ! Il ne fallait pas être grand clerc, c’est le cas de le dire, au soir de cette première messe, pour comprendre que cette célébration ne disposait que d’un avenir limité et que le choix de Genac n’était pas un hasard puisque la commune abrite la maison de retraite des prêtres du diocèse, là même où le valeureux abbé Hervouet s’était retiré à la veille de sa mort.
De fait, la pseudo-application de Summorum Pontificum à Genac s’est terminée courant 2009, avec le décès du célébrant et son non-remplacement.
III – L’expérience de Saint-Yrieix-sur-Charente
Indépendamment de l’évêque, une célébration dans l’esprit du Motu Proprio Summorum Pontificum a toutefois bel et bien eu lieu en Charente depuis 2007.
De 2008 à 2010, de sa propre initiative, le père Texier, vicaire de la paroisse de Saint-Yrieix, en périphérie d’Angoulême, a en effet offert la liturgie extraordinaire chaque dimanche, rassemblant une quarantaine de fidèles. Confronté à de nombreuses pressions, dont celles particulièrement malveillantes de l'ex-vicaire général et ex-curé de la cathédrale, le père Braud, l’abbé Jean-Baptiste Texier a finalement été prêté au diocèse de Bayonne à l’été 2010. L’unique application du Motu Proprio Summorum Pontificum dans le diocèse d’Angoulême s’est donc arrêtée là, le groupe de fidèles s’étant malheureusement disloqué depuis, se reportant notamment sur les célébrations de la Fraternité de la Transfiguration.
IV – Et maintenant ?
Dans un commentaire au Motu Proprio publié en juillet 2007, Mgr Dagens affirmait croire “à l’importance des dialogues approfondis qui portent sur l’essentiel de la foi” et ajoutait que “cet essentiel n’est pas seulement de l’ordre de la foi, mais de l’ordre de la charité”.
Comment ne pas souscrire à de tels propos ? Et lui demander, aujourd’hui que l’instruction Universae Ecclesiae a rappelé avec force que la liturgie traditionnelle est un “trésor “ offert “à tous les fidèles” : Avec quelle charité, Monseigneur, entendez-vous traiter les fidèles de votre diocèse désireux de vivre leur foi au rythme de la forme extraordinaire du rite romain ?
Il y a aujourd’hui deux demandes pendantes dans le diocèse : celle d’Angoulême, qui a résisté aussi bien à l’épisode de Genac qu’à celui de Saint-Yrieix, et celle de Cognac, transmise en son temps par le curé-doyen à l’évêché, évaluée en conseil épiscopal et... restée lettre morte ! Si la situation à Angoulême est compliquée en raison des contrecoups des affaires qui ont agité la cathédrale, elle est plus simple à Cognac où le curé part en retraite en août. À Angoulême, l’application du Motu Proprio pourrait passer aisément par le recours à un institut Ecclesia Dei, ce à quoi Mgr Dagens s’est toujours refusé même si, dans le contexte actuel, cela pourrait offrir du sang neuf, bienvenu dans le doyenné. À Cognac, les demandeurs attendent en revanche avec confiance et détermination le nouveau curé, instruction d’application du Motu Proprio en mains.
N.B. Pour mieux connaître la situation du diocèse de Mgr Dagens, Paix Liturgique a décidé de lancer un sondage dans ce diocèse. Nous vous remercions par avance de l’aide que vous pourrez nous apporter pour assurer son financement.
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Commentaire d'Hercule : Encore un Evêque qui aura eu sa récompense ici-bas et qui préfère plaire aux hommes plutôt que de plaire à Dieu.
Le Bon Dieu ne nous a pas promis un confortable fauteuil de velours au "Club des Immortels", mais Il a promis aux Vainqueurs la Couronne de Vie pour la vie éternelle. C'est une autre forme de récompense...
Déjà, Mgr Claude Dagens m'avait un peu contrarié, lorsque, évêque d'Angoulême, il avait publié sa "Lettre des Evêques aux Catholiques de France" (Cerf, 1996. Prix de l'Académie française), sous la forme d'un état des lieux de l'Eglise de France. Le bilan était vraiment très complet, très bien analysé, décortiqué et ficelé, et il montrait toute la profondeur de la misère et de la pauvreté actuelle de l'Eglise de France. Par contre, pour ce qui était de sa conclusion et des solutions proposées pour relever l'Eglise, Mgr Dagens souhaitait simplement que les prêtres fassent un peu plus de social... (donc sous-entendu : un peu moins de spirituel !).
Visiblement, Mgr Dagens n'avait pas encore tiré les conclusions des douloureuses expériences de l'Eglise de France comme par exemple l'hémorragie sacerdotale de l'affaire des Prêtres-ouvriers...
Compte-tenu d'un nouveau bilan, dix-sept ans plus tard, on peut affirmer Mgr Dagens n'a vraiment rien d'un prophète et tous ceux qui l'ont acclamé à l'époque ne sont guère mieux pourvus en charisme prophétique, car visiblement, il n'y a que sa situation personnelle qui se soit très nettement améliorée. Pour le reste, la décrépitude généralisée de l'Eglise de France s'est aggravée... à une exception près : C'est par un retour à la tradition et à une belle liturgie, à des discours de vérité et non à des entreprises de séduction, que l'on assiste à un sursaut et à une reprise des vocations.
Par ailleurs, je note dans Wikipédia cet extrait :
" Il (Mgr Dagens) a écrit un commentaire du Motu proprio Summorum Pontificum publié par le pape Benoît XVI en 2007, où après avoir dit comprendre les raisons qui ont guidé le pape dans son souhait de « réconciliation avec les catholiques traditionalistes », son « souci de favoriser une compréhension authentique du Concile Vatican II » et sa « volonté de mettre la liturgie au service de la foi commune au Dieu de Jésus Christ », il exprime ses inquiétudes de voir la liturgie instrumentalisée par des groupes de pression et rappelle les exigences d'une « réconciliation véritable ».
En lisant ceci, on bien obligé de reconnaître que Mgr Dagens a une belle plume, malheureusement il semble qu'un grand fossé sépare ses écrits de ses actes, je dirais même plus qu'un fossé : C'est un abîme !...
Mais comme il se sait lui-même, Dieu ne nous jugera pas sur nos écrits mais sur nos actes.
ENQUÊTE DANS LE DIOCÈSE DE "L'IMMORTEL" MGR DAGENS , ÉVÊQUE D'ANGOULÊME
En ce mois de juin 2011, quatre ans après la publication du Motu Proprio Summorum Pontificum par Benoît XVI, quatre diocèses de France demeurent totalement privés de la célébration, même mensuelle, de la forme extraordinaire du rite romain. Paix liturgique va passer en revue ces trous noirs, ces quatre diocèses – Langres, Viviers, Mende et Angoulême – dans les semaines qui viennent. C’est par le diocèse d’Angoulême, correspondant au département de la Charente, que nous allons commencer cette série qui nous portera, sans doute, à programmer de nouveaux sondages diocésains.
Angoulême est un diocèse dont l’évêque titulaire, Mgr Claude Dagens, est illustre : c’est le dernier ecclésiastique à avoir été élu pour siéger sous la Coupole de l’Institut. Mgr Dagens, un des intellectuels de l’épiscopat français, spécialiste de patristique, a appartenu au groupe modéré – il faudrait plutôt dire à la “nébuleuse” – représenté par la revue Communio. Mais Mgr Dagens est tout le contraire d’un traditionnel. Comme son confrère de Communio, le philosophe Jean-Luc Marion, venu le rejoindre à l’Académie française, le traditionalisme lui provoque des poussées de boutons. Certes, il est loin d’être un progressiste échevelé mais il est fermement convaincu que l’Église doit continuer à s’adapter à la société moderne, nonobstant l’échec patent de “l’ouverture au monde” pratiquée depuis le dernier concile. Au point qu’il se retrouve aujourd’hui “sur la gauche” de la ligne (prudemment) interventionniste du cardinal Vingt-Trois et de Mgr d’Ornellas dans les questions de législation bioéthique.
Il s’est rendu, en effet, célèbre au sein de l’épiscopat français, par ce que l’on appelle le “Rapport Dagens”, rapport de style fort plat, dont les gardiens de notre langue ont cependant jugé digne de faire accéder son auteur aux rangs des “immortels”. Il s’agit en fait de deux textes, dont l’évêque d’Angoulême, chargé alors du service “Incroyance-Foi” à la Conférence des Évêques, a dirigé la rédaction : “La proposition de la foi dans la société actuelle” (présenté à la CEF en 1994, La Documentation catholique, 4 décembre 1994, pp. 1043-1059) ; et “La proposition de la foi. Vers une nouvelle étape” (présenté à la CEF en 1996, DC du 2I janvier 1996, pp. 62-79). Le Rapport Dagens avalise le retrait social de l’Église : l'Église peut être reconnue comme le lieu de la foi “proposée à l'ensemble de notre société, sans que cette proposition n'apparaisse comme l'expression d'une volonté hégémonique”. L’Église (celle de Mgr Dagens) se propose donc, avec une insondable naïveté, d’être un “plus” spirituel pour la démocratie laïque : “La démocratie et la laïcité elle-même, pour demeurer vivantes, ont besoin d'un climat spirituel dont le christianisme est une composante essentielle, alors même qu'il ne prétend pas y détenir le monopole de la religion” ; “La pratique de la laïcité à la française peut permettre à la tradition chrétienne de jouer un rôle spécifique dans une société incertaine, en contribuant au vouloir-vivre de cette société… La foi chrétienne effectivement vécue entretient dans la société un climat spirituel qui importe à la démocratie, qu'il s'agisse de fonder la responsabilité des sujets personnels, dans une société fragile, ou bien de communiquer à des jeunes des raisons de vivre dans un environnement rempli d'incertitudes”. Cet optimisme est donc très loin de la dénonciation de la “culture de mort” de Jean-Paul II et de celle du nihilisme par Benoît XVI, qui n’a de cesse, pour sa part, de stigmatiser la sécularisation de l’Église et d’appeler à une “nouvelle évangélisation” des vieilles nations catholiques.
Prudent, ce que lui reproche d’ailleurs Golias qui ne lui décerne que deux mitres dans son dernier Trombinoscope, Mgr Dagens ne s’oppose toutefois pas au pape sur le terrain théologique mais se contente, comme bon nombre de ses confrères, de freiner l’arrivée dans son diocèse du renouveau ratzinguérien et, singulièrement, de la réforme liturgique. Le seul prêtre qui célébrait la forme extraordinaire du rite romain a, ainsi, été “prêté” au diocèse de Bayonne l’été dernier...
I – La situation de la liturgie extraordinaire avant 2007
L’un des paradoxes du diocèse d’Angoulême, c’est que la liturgie traditionnelle dans le cadre paroissial y a disparu alors qu’elle y était célébrée avant le Motu Proprio.
Sans remonter aux années 80 – quand existaient aussi une messe à Cognac et une autre à Angoulême – il y a eu en effet jusqu’en 2005 une messe dominicale dans le diocèse. Celle-ci était célébrée en alternance dans les églises de Lussac et de Suaux, villages situés entre Angoulême et Confolens, par l’abbé Hervouet.
Né en 1926, ordonné à Angoulême en 1956, l’abbé Eugène Hervouet était de ces vieux curés qui avaient continué vaille que vaille, mais avec le fidèle soutien de leurs paroissiens, à célébrer la messe comme au jour de leur ordination. Les dernières années, ce maintien fut réellement héroïque, tant l’abbé Hervouet était épuisé par la maladie. Depuis son rappel à Dieu, le 2 janvier 2006, la liturgie traditionnelle n’a plus été célébrée à Suaux ni à Lussac. Sans entrer dans des détails, on dira seulement que l’évêque du “Rapport” n’a pas hésité une seconde à user son “bras séculier” pour interdire toute reviviscence de la messe traditionnelle dans ces églises.
En dehors du cadre paroissial, la Fraternité de la Transfiguration, communauté amie de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X, célèbre deux messes le dimanche à Angoulême qui rassemblent une centaine de fidèles. Fondée dans l’Indre voisine par le père Lecareux, la Fraternité de la Transfiguration a été appelée à Angoulême en 1988 pour prendre le relais d’une messe célébrée jusque là par un prêtre diocésain, l’abbé Chambaud. Cette présence témoigne, si nécessaire, de l'existence ancienne d’un important groupe stable de fidèles attachés à la liturgie traditionnelle à Angoulême même.
II – La fausse application de Genac
Dès la publication du Motu Proprio Summorum Pontificum, un groupe de demandeurs s’est constitué à Angoulême. Début 2008, assez rapidement par rapport aux standards épiscopaux, la réponse de Mgr Dagens se manifesta par la concession d’une messe mensuelle dans l’église de Genac, à 20 km d’Angoulême. Une messe, oui, mais pas hebdomadaire et surtout pas à Angoulême : bref, Mgr Dagens décidait d’appliquer en 2008 le Motu Proprio de... 1988 et non celui de 2007. Et de l’appliquer modérément, Mgr Dagens étant un modéré !
Rappelons que le Motu Proprio de Jean-Paul II réservait en effet à l’évêque le pouvoir de concéder la liturgie traditionnelle dans les conditions qu’il retenait appropriées alors que celui de Benoît XVI érige un droit pour les prêtres et les fidèles. L’ironie, amère, de l’histoire, c’est que Mgr Dagens avait bien pris garde, jusque là, de ne pas appliquer le Motu Proprio de 1988, faisant bien savoir à tous que les communautés Ecclesia Dei n’étaient pas les bienvenues dans son diocèse.
La première messe à Genac, le 20 janvier 2008, fut un succès puisque plus de 70 personnes, dont plusieurs journalistes, y assistèrent. Il faut dire que les organisateurs avaient enfreint l’interdiction faite par Mgr d’Angoulême de rendre publique la cérémonie en avertissant la presse 48 heures avant la célébration. Après un instant de colère (Mgr Dagens est modéré, mais fort colérique), l’évêque s’était résigné, avec la promptitude d’esprit qui le caractérise, à reprendre le contrôle des opérations, en publiant un communiqué officiel et en intervenant à la radio. D’où la participation, outre la quarantaine de membres des familles de demandeurs, d’une vingtaine de paroissiens des environs.
Le seul point noir de cette première messe fut de révéler aux participants, comme aux téléspectateurs du journal du soir de France 3 local qui s’obligea à un reportage, l’âge avancé du célébrant désigné par l’évêque : 87 ans ! Il ne fallait pas être grand clerc, c’est le cas de le dire, au soir de cette première messe, pour comprendre que cette célébration ne disposait que d’un avenir limité et que le choix de Genac n’était pas un hasard puisque la commune abrite la maison de retraite des prêtres du diocèse, là même où le valeureux abbé Hervouet s’était retiré à la veille de sa mort.
De fait, la pseudo-application de Summorum Pontificum à Genac s’est terminée courant 2009, avec le décès du célébrant et son non-remplacement.
III – L’expérience de Saint-Yrieix-sur-Charente
Indépendamment de l’évêque, une célébration dans l’esprit du Motu Proprio Summorum Pontificum a toutefois bel et bien eu lieu en Charente depuis 2007.
De 2008 à 2010, de sa propre initiative, le père Texier, vicaire de la paroisse de Saint-Yrieix, en périphérie d’Angoulême, a en effet offert la liturgie extraordinaire chaque dimanche, rassemblant une quarantaine de fidèles. Confronté à de nombreuses pressions, dont celles particulièrement malveillantes de l'ex-vicaire général et ex-curé de la cathédrale, le père Braud, l’abbé Jean-Baptiste Texier a finalement été prêté au diocèse de Bayonne à l’été 2010. L’unique application du Motu Proprio Summorum Pontificum dans le diocèse d’Angoulême s’est donc arrêtée là, le groupe de fidèles s’étant malheureusement disloqué depuis, se reportant notamment sur les célébrations de la Fraternité de la Transfiguration.
IV – Et maintenant ?
Dans un commentaire au Motu Proprio publié en juillet 2007, Mgr Dagens affirmait croire “à l’importance des dialogues approfondis qui portent sur l’essentiel de la foi” et ajoutait que “cet essentiel n’est pas seulement de l’ordre de la foi, mais de l’ordre de la charité”.
Comment ne pas souscrire à de tels propos ? Et lui demander, aujourd’hui que l’instruction Universae Ecclesiae a rappelé avec force que la liturgie traditionnelle est un “trésor “ offert “à tous les fidèles” : Avec quelle charité, Monseigneur, entendez-vous traiter les fidèles de votre diocèse désireux de vivre leur foi au rythme de la forme extraordinaire du rite romain ?
Il y a aujourd’hui deux demandes pendantes dans le diocèse : celle d’Angoulême, qui a résisté aussi bien à l’épisode de Genac qu’à celui de Saint-Yrieix, et celle de Cognac, transmise en son temps par le curé-doyen à l’évêché, évaluée en conseil épiscopal et... restée lettre morte ! Si la situation à Angoulême est compliquée en raison des contrecoups des affaires qui ont agité la cathédrale, elle est plus simple à Cognac où le curé part en retraite en août. À Angoulême, l’application du Motu Proprio pourrait passer aisément par le recours à un institut Ecclesia Dei, ce à quoi Mgr Dagens s’est toujours refusé même si, dans le contexte actuel, cela pourrait offrir du sang neuf, bienvenu dans le doyenné. À Cognac, les demandeurs attendent en revanche avec confiance et détermination le nouveau curé, instruction d’application du Motu Proprio en mains.
N.B. Pour mieux connaître la situation du diocèse de Mgr Dagens, Paix Liturgique a décidé de lancer un sondage dans ce diocèse. Nous vous remercions par avance de l’aide que vous pourrez nous apporter pour assurer son financement.
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Commentaire d'Hercule : Encore un Evêque qui aura eu sa récompense ici-bas et qui préfère plaire aux hommes plutôt que de plaire à Dieu.
Le Bon Dieu ne nous a pas promis un confortable fauteuil de velours au "Club des Immortels", mais Il a promis aux Vainqueurs la Couronne de Vie pour la vie éternelle. C'est une autre forme de récompense...
Déjà, Mgr Claude Dagens m'avait un peu contrarié, lorsque, évêque d'Angoulême, il avait publié sa "Lettre des Evêques aux Catholiques de France" (Cerf, 1996. Prix de l'Académie française), sous la forme d'un état des lieux de l'Eglise de France. Le bilan était vraiment très complet, très bien analysé, décortiqué et ficelé, et il montrait toute la profondeur de la misère et de la pauvreté actuelle de l'Eglise de France. Par contre, pour ce qui était de sa conclusion et des solutions proposées pour relever l'Eglise, Mgr Dagens souhaitait simplement que les prêtres fassent un peu plus de social... (donc sous-entendu : un peu moins de spirituel !).
Visiblement, Mgr Dagens n'avait pas encore tiré les conclusions des douloureuses expériences de l'Eglise de France comme par exemple l'hémorragie sacerdotale de l'affaire des Prêtres-ouvriers...
Compte-tenu d'un nouveau bilan, dix-sept ans plus tard, on peut affirmer Mgr Dagens n'a vraiment rien d'un prophète et tous ceux qui l'ont acclamé à l'époque ne sont guère mieux pourvus en charisme prophétique, car visiblement, il n'y a que sa situation personnelle qui se soit très nettement améliorée. Pour le reste, la décrépitude généralisée de l'Eglise de France s'est aggravée... à une exception près : C'est par un retour à la tradition et à une belle liturgie, à des discours de vérité et non à des entreprises de séduction, que l'on assiste à un sursaut et à une reprise des vocations.
Par ailleurs, je note dans Wikipédia cet extrait :
" Il (Mgr Dagens) a écrit un commentaire du Motu proprio Summorum Pontificum publié par le pape Benoît XVI en 2007, où après avoir dit comprendre les raisons qui ont guidé le pape dans son souhait de « réconciliation avec les catholiques traditionalistes », son « souci de favoriser une compréhension authentique du Concile Vatican II » et sa « volonté de mettre la liturgie au service de la foi commune au Dieu de Jésus Christ », il exprime ses inquiétudes de voir la liturgie instrumentalisée par des groupes de pression et rappelle les exigences d'une « réconciliation véritable ».
En lisant ceci, on bien obligé de reconnaître que Mgr Dagens a une belle plume, malheureusement il semble qu'un grand fossé sépare ses écrits de ses actes, je dirais même plus qu'un fossé : C'est un abîme !...
Mais comme il se sait lui-même, Dieu ne nous jugera pas sur nos écrits mais sur nos actes.
Her- Messages : 9481
Date d'inscription : 01/05/2009
Localisation : France
Re: La Sainte Eglise de Dieu - Motu Proprio "Summorum Pontificum" et l'Instruction « Universae Ecclesiae » du Vendredi 13 mai 2011
http://www.perepiscopus.org/summorum-pontificum/diocese-de-la-rochelle-1-catholique-sur-2-veut-assister-a-la-forme-extraordinaire
Diocèse de La Rochelle : 1 catholique sur 2 veut assister à la forme extraordinaire
Posté par Maximilien Bernard dans Summorum Pontificum le 06 9th, 2011 |
Dans sa lettre 284, Paix Liturgique revient sur l’application du Motu Proprio Summorum Pontificum à Royan. Aussi, l’association a fait réaliser une enquête auprès d’un échantillon de 964 personnes représentatives de la population de 18 ans et plus du diocèse de La Rochelle. Voici quelques résultats :
50,4% de l’ensemble des catholiques du diocèse disent connaître le Motu Proprio Summorum Pontificum contre 48,7% qui n’en ont jamais entendu parler (1% ne répond pas). Chez les catholiques qui pratiquent au moins une fois par mois, le résultat est néanmoins plus tranché puisque 76,5% sont au courant de l’existence du Motu Proprio contre seulement 23,5% qui l’ignorent.
51,9% des sondés trouvent normale la coexistence des deux formes du rite romain au sein de leur paroisse ; 34,4% n’ont pas d’avis et seulement 13,7% la trouvent anormale. En dépit de leur méconnaissance du texte, les catholiques du diocèse de Saintes – La Rochelle démontrent ainsi leur propension à adhérer au Motu Proprio et, plus largement, aux textes pontificaux. Parmi les pratiquants, ils sont mêmes 61,4% à juger normale la célébration régulière des deux formes du rite au sein de leur paroisse.
Chez les pratiquants, 40,3% déclarent vouloir assister à la liturgie extraordinaire chaque semaine et 16,1% à un rythme mensuel. Soit 56,4% des pratiquants actuels du diocèse qui iraient au moins une fois par mois participer à une messe en latin et en grégorien selon le missel de 1962, à la condition que celle-ci leur soit proposée dans leur paroisse.
Aussi, Paix Liturgique analyse :
À Saintes et La Rochelle, ils sont 56,4% des les pratiquants à se dire prêts à participer au moins une fois par mois à la liturgie millénaire de l’Église si celle-ci était célébrée dans leur paroisse, soit 1 catholique pratiquant du diocèse de Mgr Housset sur 2 ! C’est un résultat considérable qui s’incrit tout à fait dans l’affirmation (Paragraphe 7) de la dernière instruction « Universae Ecclesiae » : « En raison de l’augmentation du nombre de ceux qui demandent à pouvoir user de la forme extraordinaire, il est devenu nécessaire de donner quelques normes à ce sujet« . [...] Ce résultat montre-t-il que les diocèses de l’Ouest seraient nettement plus favorables au retour dans les paroisses de l’usus antiquior ? [...] Ce résultat peut aussi présenter une lointaine mais certaine analogie avec le phénomène politique électoral actuel : les élus de nos démocraties sont de plus en plus en décalage avec leurs électeurs, d’où une montée continue de l’abstention, et des votes sanctions (la plupart des élections en Europe aujourd’hui se font contre les hommes au pouvoir). Toutes choses égales, le décalage entre les hiérarques catholiques et le « nouveau catholicisme » français, prêtres des nouvelles générations, séminaristes, communautés traditionnelles, familles, mouvements pro-vie, scoutismes, trouve dans les sondages liturgiques une occasion de manifester un ras-le-bol, il n’y a pas d’autre terme, certain.
Enfin, il y a peut-être une dimension personnelle dans le résultat de ce sondage qui tient à la figure particulièrement représentative d’une non-représentation, si l’on ose dire, du catholicisme réel, qu’est Mgr Bernard Housset, homme d’appareil conciliaire s’il en est depuis l’origine (dans le diocèse de Bayonne, puis dans les bureaux de la CEF). Homme au reste « modéré » (il lui est arrivé, étant évêque de Montauban, de célébrer la messe traditionnelle pour remplacer le prêtre désigné empêché), il est un des derniers Mohicans de ceux qui « ont fait le Concile », et que le monde ancien, qu’il a connu en sa jeunesse, agace comme tel au dernier degré. Bernard Housset est le type même de ces prélats français postconciliaires transparents, qui se suivent, se cooptent, se ressemblent, et qui, tout figures d’un théâtre d’ombres qu’ils soient, occupent tout le terrain depuis 40 ans. On a l’impression qu’aussi longtemps qu’il restera de ces hommes d’appareil, c’est eux que l’on nommera à la tête des diocèses de France. Une réaction particulière de récusation par « peuple de Dieu » réel peut donc aussi s’expliquer à son égard, à l’occasion de ce sondage.
Le père Delage, curé de Royan, a refusé la messe dans sa paroisse car la demande faite par un groupe de fidèles ne rencontrait pas le “large consensus des acteurs de la mission”. Mot d’anthologie d’une langue de la tribu qui brave le ridicule ! Le « large consensus des acteurs de la mission »… Comme nous n’imaginons pas que le père Delage soit un menteur, nous ne pouvons que pointer du doigt la non-représentativité de ces “acteurs de la mission”. En fait c’est un problème souvent vérifié : les laïcs qui peuplent les conseils paroissiaux et derrière lesquels se cachent les curés réticents ou craintifs pour justifier leurs refus d’application du Motu Proprio, ne représentent pas la réalité des pratiquants.
Diocèse de La Rochelle : 1 catholique sur 2 veut assister à la forme extraordinaire
Posté par Maximilien Bernard dans Summorum Pontificum le 06 9th, 2011 |
Dans sa lettre 284, Paix Liturgique revient sur l’application du Motu Proprio Summorum Pontificum à Royan. Aussi, l’association a fait réaliser une enquête auprès d’un échantillon de 964 personnes représentatives de la population de 18 ans et plus du diocèse de La Rochelle. Voici quelques résultats :
50,4% de l’ensemble des catholiques du diocèse disent connaître le Motu Proprio Summorum Pontificum contre 48,7% qui n’en ont jamais entendu parler (1% ne répond pas). Chez les catholiques qui pratiquent au moins une fois par mois, le résultat est néanmoins plus tranché puisque 76,5% sont au courant de l’existence du Motu Proprio contre seulement 23,5% qui l’ignorent.
51,9% des sondés trouvent normale la coexistence des deux formes du rite romain au sein de leur paroisse ; 34,4% n’ont pas d’avis et seulement 13,7% la trouvent anormale. En dépit de leur méconnaissance du texte, les catholiques du diocèse de Saintes – La Rochelle démontrent ainsi leur propension à adhérer au Motu Proprio et, plus largement, aux textes pontificaux. Parmi les pratiquants, ils sont mêmes 61,4% à juger normale la célébration régulière des deux formes du rite au sein de leur paroisse.
Chez les pratiquants, 40,3% déclarent vouloir assister à la liturgie extraordinaire chaque semaine et 16,1% à un rythme mensuel. Soit 56,4% des pratiquants actuels du diocèse qui iraient au moins une fois par mois participer à une messe en latin et en grégorien selon le missel de 1962, à la condition que celle-ci leur soit proposée dans leur paroisse.
Aussi, Paix Liturgique analyse :
À Saintes et La Rochelle, ils sont 56,4% des les pratiquants à se dire prêts à participer au moins une fois par mois à la liturgie millénaire de l’Église si celle-ci était célébrée dans leur paroisse, soit 1 catholique pratiquant du diocèse de Mgr Housset sur 2 ! C’est un résultat considérable qui s’incrit tout à fait dans l’affirmation (Paragraphe 7) de la dernière instruction « Universae Ecclesiae » : « En raison de l’augmentation du nombre de ceux qui demandent à pouvoir user de la forme extraordinaire, il est devenu nécessaire de donner quelques normes à ce sujet« . [...] Ce résultat montre-t-il que les diocèses de l’Ouest seraient nettement plus favorables au retour dans les paroisses de l’usus antiquior ? [...] Ce résultat peut aussi présenter une lointaine mais certaine analogie avec le phénomène politique électoral actuel : les élus de nos démocraties sont de plus en plus en décalage avec leurs électeurs, d’où une montée continue de l’abstention, et des votes sanctions (la plupart des élections en Europe aujourd’hui se font contre les hommes au pouvoir). Toutes choses égales, le décalage entre les hiérarques catholiques et le « nouveau catholicisme » français, prêtres des nouvelles générations, séminaristes, communautés traditionnelles, familles, mouvements pro-vie, scoutismes, trouve dans les sondages liturgiques une occasion de manifester un ras-le-bol, il n’y a pas d’autre terme, certain.
Enfin, il y a peut-être une dimension personnelle dans le résultat de ce sondage qui tient à la figure particulièrement représentative d’une non-représentation, si l’on ose dire, du catholicisme réel, qu’est Mgr Bernard Housset, homme d’appareil conciliaire s’il en est depuis l’origine (dans le diocèse de Bayonne, puis dans les bureaux de la CEF). Homme au reste « modéré » (il lui est arrivé, étant évêque de Montauban, de célébrer la messe traditionnelle pour remplacer le prêtre désigné empêché), il est un des derniers Mohicans de ceux qui « ont fait le Concile », et que le monde ancien, qu’il a connu en sa jeunesse, agace comme tel au dernier degré. Bernard Housset est le type même de ces prélats français postconciliaires transparents, qui se suivent, se cooptent, se ressemblent, et qui, tout figures d’un théâtre d’ombres qu’ils soient, occupent tout le terrain depuis 40 ans. On a l’impression qu’aussi longtemps qu’il restera de ces hommes d’appareil, c’est eux que l’on nommera à la tête des diocèses de France. Une réaction particulière de récusation par « peuple de Dieu » réel peut donc aussi s’expliquer à son égard, à l’occasion de ce sondage.
Le père Delage, curé de Royan, a refusé la messe dans sa paroisse car la demande faite par un groupe de fidèles ne rencontrait pas le “large consensus des acteurs de la mission”. Mot d’anthologie d’une langue de la tribu qui brave le ridicule ! Le « large consensus des acteurs de la mission »… Comme nous n’imaginons pas que le père Delage soit un menteur, nous ne pouvons que pointer du doigt la non-représentativité de ces “acteurs de la mission”. En fait c’est un problème souvent vérifié : les laïcs qui peuplent les conseils paroissiaux et derrière lesquels se cachent les curés réticents ou craintifs pour justifier leurs refus d’application du Motu Proprio, ne représentent pas la réalité des pratiquants.
Her- Messages : 9481
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Re: La Sainte Eglise de Dieu - Motu Proprio "Summorum Pontificum" et l'Instruction « Universae Ecclesiae » du Vendredi 13 mai 2011
http://www.osservatore-vaticano.org/actes-du-pape/benoit-xvi-la-messe-traditionnelle-et-la-reforme-de-la-reforme
Benoît XVI, la messe traditionnelle et la réforme de la réforme
Posté par Vini Ganimara dans Actes du Pape le 06 9th, 2011 | une réponse
Je viens de lire une très intéressante analyse d’Universae Ecclesiae (l’instruction sur l’application du motu proprio Summorum Pontificum).
Elle est due à Jean-Marie Guénois, le vaticaniste du « Figaro ». Celui-ci conteste l’idée qu’Universae Ecclesiae ne soit qu’une nouvelle étape vers la transformation du rite romain traditionnel en « forme ordinaire » – et donc en marginalisation du rite de Paul VI:
« Or, je peux me tromper, mais la publication de l’Instruction après celle du Motu Proprio n’est pas une étape mais un terme. Rome n’ira pas plus loin dans ce sens. Benoît XVI est allé aussi loin qu’il le pouvait en cette matière. Beaucoup d’ajustements restent à faire à l’intérieur du cadre fixé par ces deux textes juridiques mais politiquement, c’est un dossier « réglé ».
Quant à la « réforme liturgique », elle avance par l’exemple. Elle ne concerne pas tant la forme de la célébration que son esprit. Benoît XVI, on l’a encore vu en Croatie, cherche sans mot dire, par sa façon de célébrer la messe, à déclencher une nouvelle culture (quand celle-ci n’existe pas) pour un respect absolu de la dimension transcendentale de la célébration eucharistique. Ce n’est pas un « combat » pour lui mais une sorte de prière. Il l’adresse à tous. »
Je crois que Guénois a parfaitement raison. Je n’imagine pas non plus que Benoît XVI prône, fût-ce par la douceur, le retour de toute l’Eglise romaine à sa liturgie traditionnelle. Qu’on le veuille ou non, Benoît XVI est un homme de la réforme. C’est profondément un homme de l’équipe « Communio ». C’est-à-dire qu’il n’est pas un révolutionnaire à la façon de la revue « Concilium », mais il n’est pas non plus un traditionaliste à la façon de la revue « Itinéraires ».
Je crois donc que Guénois voit juste (et je crois aussi que certains traditionalistes s’aveuglent sur le pontificat actuel). Mais il reste à préciser que Benoît XVI est un homme de la réforme organique – alors que la réforme liturgique a été souvent, et spécialement en France, une révolution. Ce qu’il veut montrer par l’exemple, c’est qu’il est possible (et donc souhaitable, ou plutôt impératif!…) de célébrer le rite romain rénové dans un esprit traditionnel, laissant une large place au silence, à l’adoration, rappelant par les actes liturgiques les dogmes centraux de la Présence réelle et de la réalité sacrificielle de la Messe. C’est ce que l’on appelle la « réforme de la réforme ».
Et, moi aussi, je peux me tromper, mais je pense que Benoît XVI a libéré la liturgie traditionnelle essentiellement dans le but d’offrir à tous les fidèles, et particulièrement à tous les prêtres, les « outils » nécessaires à cette réforme de la réforme, qui me semble bien davantage son objectif que la marginalisation du nouvel ordo.
Benoît XVI, la messe traditionnelle et la réforme de la réforme
Posté par Vini Ganimara dans Actes du Pape le 06 9th, 2011 | une réponse
Je viens de lire une très intéressante analyse d’Universae Ecclesiae (l’instruction sur l’application du motu proprio Summorum Pontificum).
Elle est due à Jean-Marie Guénois, le vaticaniste du « Figaro ». Celui-ci conteste l’idée qu’Universae Ecclesiae ne soit qu’une nouvelle étape vers la transformation du rite romain traditionnel en « forme ordinaire » – et donc en marginalisation du rite de Paul VI:
« Or, je peux me tromper, mais la publication de l’Instruction après celle du Motu Proprio n’est pas une étape mais un terme. Rome n’ira pas plus loin dans ce sens. Benoît XVI est allé aussi loin qu’il le pouvait en cette matière. Beaucoup d’ajustements restent à faire à l’intérieur du cadre fixé par ces deux textes juridiques mais politiquement, c’est un dossier « réglé ».
Quant à la « réforme liturgique », elle avance par l’exemple. Elle ne concerne pas tant la forme de la célébration que son esprit. Benoît XVI, on l’a encore vu en Croatie, cherche sans mot dire, par sa façon de célébrer la messe, à déclencher une nouvelle culture (quand celle-ci n’existe pas) pour un respect absolu de la dimension transcendentale de la célébration eucharistique. Ce n’est pas un « combat » pour lui mais une sorte de prière. Il l’adresse à tous. »
Je crois que Guénois a parfaitement raison. Je n’imagine pas non plus que Benoît XVI prône, fût-ce par la douceur, le retour de toute l’Eglise romaine à sa liturgie traditionnelle. Qu’on le veuille ou non, Benoît XVI est un homme de la réforme. C’est profondément un homme de l’équipe « Communio ». C’est-à-dire qu’il n’est pas un révolutionnaire à la façon de la revue « Concilium », mais il n’est pas non plus un traditionaliste à la façon de la revue « Itinéraires ».
Je crois donc que Guénois voit juste (et je crois aussi que certains traditionalistes s’aveuglent sur le pontificat actuel). Mais il reste à préciser que Benoît XVI est un homme de la réforme organique – alors que la réforme liturgique a été souvent, et spécialement en France, une révolution. Ce qu’il veut montrer par l’exemple, c’est qu’il est possible (et donc souhaitable, ou plutôt impératif!…) de célébrer le rite romain rénové dans un esprit traditionnel, laissant une large place au silence, à l’adoration, rappelant par les actes liturgiques les dogmes centraux de la Présence réelle et de la réalité sacrificielle de la Messe. C’est ce que l’on appelle la « réforme de la réforme ».
Et, moi aussi, je peux me tromper, mais je pense que Benoît XVI a libéré la liturgie traditionnelle essentiellement dans le but d’offrir à tous les fidèles, et particulièrement à tous les prêtres, les « outils » nécessaires à cette réforme de la réforme, qui me semble bien davantage son objectif que la marginalisation du nouvel ordo.
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Re: La Sainte Eglise de Dieu - Motu Proprio "Summorum Pontificum" et l'Instruction « Universae Ecclesiae » du Vendredi 13 mai 2011
http://www.perepiscopus.org/summorum-pontificum/il-y-a-encore-des-resistances-de-la-part-de-certains-eveques-au-motu-proprio
Il y a encore des résistances de la part de certains évêques au motu proprio
Posté par Maximilien Bernard dans Summorum Pontificum le 06 14th, 2011 |
C’est Mgr Pozzo, secrétaire de la commission pontificale Ecclesia Dei qui l’affirme aux Nouvelles de France. Il déclare également :
Il est peut-être trop tôt pour donner une évaluation suffisamment complète des réactions à l’Instruction, et cela ne vaut pas seulement pour la France. Mais il me semble qu’en pensant à la situation de l’Église en France, il faut tenir compte du fait qu’il existe une tendance à polariser et à radicaliser les jugements et les convictions en la matière. Cela ne favorise pas une bonne compréhension et une réception authentique du Document. Il faut de plus dépasser une vision principalement émotive et sentimentale. Il s’agit – et c’est un devoir – de récupérer le principe de l’unité de la Liturgie, qui justifie précisément l’existence de deux formes, toutes deux légitimes, qui ne doivent jamais être vues en opposition ou en alternative. La forme extraordinaire n’est pas un retour au passé, et ne doit pas être comprise comme une mise en cause de la réforme liturgique voulue par Vatican II. De même, la forme ordinaire n’est pas une rupture avec le passé, mais son développement au moins sur quelques aspects.
Il y a encore des résistances de la part de certains évêques au motu proprio
Posté par Maximilien Bernard dans Summorum Pontificum le 06 14th, 2011 |
C’est Mgr Pozzo, secrétaire de la commission pontificale Ecclesia Dei qui l’affirme aux Nouvelles de France. Il déclare également :
Il est peut-être trop tôt pour donner une évaluation suffisamment complète des réactions à l’Instruction, et cela ne vaut pas seulement pour la France. Mais il me semble qu’en pensant à la situation de l’Église en France, il faut tenir compte du fait qu’il existe une tendance à polariser et à radicaliser les jugements et les convictions en la matière. Cela ne favorise pas une bonne compréhension et une réception authentique du Document. Il faut de plus dépasser une vision principalement émotive et sentimentale. Il s’agit – et c’est un devoir – de récupérer le principe de l’unité de la Liturgie, qui justifie précisément l’existence de deux formes, toutes deux légitimes, qui ne doivent jamais être vues en opposition ou en alternative. La forme extraordinaire n’est pas un retour au passé, et ne doit pas être comprise comme une mise en cause de la réforme liturgique voulue par Vatican II. De même, la forme ordinaire n’est pas une rupture avec le passé, mais son développement au moins sur quelques aspects.
Her- Messages : 9481
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Re: La Sainte Eglise de Dieu - Motu Proprio "Summorum Pontificum" et l'Instruction « Universae Ecclesiae » du Vendredi 13 mai 2011
www.paixliturgique.com
AN IV DU MOTU PROPRIO : AUCUNE AVANCÉE DANS LE DIOCÈSE DE RENNES DE MONSEIGNEUR D'ORNELLAS
Dans le prolongement de nos lettres n°274, 284 et 286 consacrées aux diocèses de Saintes-La Rochelle et d’Angoulême, nous nous arrêtons aujourd’hui sur le cas symptomatique de l’archidiocèse de Rennes.
L’archidiocèse de Rennes s’identifie géographiquement au département d’Ille-et-Vilaine (35). Il est peuplé d’un peu moins d’un million d’habitants, dont un peu plus de 800.000 catholiques, avec au plus 50.000 pratiquants.
I - « L’OFFRE » DE CÉLÉBRATIONS " EXTRAORDINAIRES" DANS LE DIOCÈSE DE RENNES
Dans le diocèse de Monseigneur d’Ornellas, la forme extraordinaire du rite romain n’est célébrée – en application du Motu Proprio Summorum Pontificum - que dans un seul lieu de culte, à la chapelle Saint-François de Rennes.
Pour être plus précis, il convient de dire que c’est dès 1988, en application du Motu Proprio Ecclesia Dei de Jean Paul II, que la chapelle Saint-François a ouvert ses portes aux fidèles de Rennes attachés à la forme extraordinaire du rite romain... et non pas en vertu de Summorum Pontificum.
Longtemps desservie par des prêtres diocésains, ce lieu de culte a été confié à l’Institut du Christ-Roi il y a dix ans à la demande de feu Monseigneur François Saint-Macary.
Malgré ses deux messes dominicales, la chapelle Saint-François est, de notoriété publique, trop petite pour accueillir la demande et de nombreux fidèles assistent à la messe debout (à la messe du matin), faute de places suffisantes.
Pourtant, on dit cet apostolat menacé par Monseigneur d’Ornellas qui souhaiterait « normaliser » la chapelle Saint-François en nommant un prêtre diocésain peu favorable à l’antique forme liturgique dans le but de « ramener » les fidèles à la forme ordinaire du rite romain. Si l’abbé Cristofoli (ICRSP) en charge de cet apostolat n’a pas souhaité répondre à nos sollicitations, plusieurs fidèles se sont largement ouverts à nous sur le caractère extrêmement fragile de la situation des familles de Rennes attachées à la forme extraordinaire du rite romain et sur le peu de chaleur de Monseigneur d’Ornelllas à leur endroit. Le très renseigné site Perepiscopus ne craignait d’ailleurs pas d’écrire il y a quelques semaines : « Mon père me dit son pessimisme quant au maintien de l’Institut du Christ Roi dans cette Ville, malgré une communauté très florissante. L’évêque avait donné deux ans à l’ICRSP… Fin de ce mandat à la rentrée prochaine. Et peut-être (c’est en tout cas ce qu’il craint), fin des haricots rennais de l’ICRSP… Un prêtre du diocèse est en train d’apprendre la messe traditionnelle à Fontgombault. Est-ce à dire qu’il remplacera l’abbé Cristofoli ? A l’heure de la publication de l’instruction concernant l’application du Motu Proprio Summorum Pontificum, Mgr d’Ornellas se séparera-t-il de cet Institut ? Ce serait une façon de faire un pied de nez à Rome. Peu élégant. »
À côté de cet unique lieu de culte autorisé par l’ordinaire du lieu, la FSSPX exerce un apostolat fécond : une chapelle à Rennes, une autre à Saint-Malo et une école à Saint-Père. Les prêtres de cette Fraternité qui résident au prieuré de Lanvallay - situé dans le diocèse voisin de Saint Brieuc - rayonnent largement dans l’archidiocèse de Rennes. (L'ensemble des adresses et horaires des lieux de culte mentionnés dans cette lettre sont consultables sur le site de Paix Liturgique, et sur celui de Wikkimissa).
II - LA DEMANDE DANS LE DIOCÈSE DE RENNES
Dans le diocèse de Rennes, la promulgation du Motu Proprio Summorum Pontificum avait été source d’espoir pour de nombreuses familles.
Ainsi, dès 2007, un groupe de plusieurs familles a fait une demande d’application du Motu Proprio Summorum Pontificum à la paroisse de Chateaubourg (située à 30 kms de Rennes).
1ère étape : demande du groupe au curé : le curé de Chateaubourg a reçu quelques unes de ces familles de demandeurs pour… dire non à leur demande. Réponse négative non négociable, sans appel et sans savoir quelle est la réelle demande. A Chateaubourg, la paroisse ne souhaite donc pas tenter l’expérience de la réconciliation et de l’enrichissement réciproque des deux formes de l’unique rite romain.
Non c’est non. Les raisons du curé sont simples :
- Il ne sait pas célébrer selon la forme extraordinaire du rite romain ;
- Les familles demandeuses ne sont pas assez nombreuses ;
- Il y a déjà une telle célébration à Rennes
2ème étape prévue par le Motu Proprio : recours du groupe à l’évêque. À la suite de cette réponse négative du curé, les familles décident d’en référer à l’archevêque. Le rendez-vous avec Monseigneur d’Ornellas s'est très mal passé. Les familles ont décrit un archevêque très désagréable et nous ont confié avoir eu le triste sentiment d’être traitées avec mépris.
Et la réponse de Monseigneur d’Ornellas a également été : Non.
L’archevêque a ainsi pu répéter qu'il y avait déjà tout ce qu'il fallait à Rennes et qu'il ne voyait pas le pourquoi d'une demande à Chateaubourg.
Ces affirmations répétées de manière incantatoire par Monseigneur d’Ornellas étaient dans la ligne droite de toutes ses déclarations au terme desquelles « il n'y a pas de problème dans son diocèse car il y a une messe à Rennes, il n’y a pas de problème car la demande a été anticipée »…
3ème étape prévue par le Motu Proprio : recours du groupe à Rome. Ces familles ont écrit alors une lettre à la Commission Ecclesia Dei à la suite du refus du curé et de l’archevêque. La Commission leur a répondu ne rien pouvoir faire … Lassées mais pas découragées par le manque de dialogue et de loyauté, ces familles ont mis leur demande en suspens… dans l'attente du miracle de « conversion » des autorités, 4ème étape, non prévue, mais pas exclue par le Motu Proprio…
À Dinard (75 kms de Rennes), des familles nous ont également fait part d’une demande faite en 2009 auprès de leur curé. À la différence de Chateaubourg, l’accueil du principe de la demande par le curé a été plutôt favorable mais cette application du Motu Proprio sur la Côte d’Emeraude n’a pas été rendue possible en raison du désaccord de Monseigneur d’Ornellas.
Il y a pourtant sur toute cette zone côtière (Saint Malo, Saint Briac, Dinard…) une demande très forte lors des vacances estivales et des afflux de familles en vacances mais également une demande serieuse pour tout le reste de l'année comme le démontre la fréquentation des messes célébrées dans cette région par les prêtres de la Fraternité Saint-Pie X. Mais même pour un apostolat saisonnier, Monseigneur d’Ornellas n’a pas souhaité répondre à l’invitation du Saint Père.
Nous pourrions parler dans des termes proches des demandes d’application du Motu Proprio dont nous avons aussi eu connaissance à St Méen le Grand (45 kms de Rennes), Vitré (41 kms de Rennes) ou Redon (67 kms de Rennes).
À chaque fois c’est la même réponse négative : « il n’y a pas de demande dans le diocèse de Rennes », « la messe de Rennes suffit ».
III - LES RÉFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE
1/ Le 7 juillet 2007, jour même de la publication du Motu Proprio Summorum Pontificum, Monseigneur Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes, disait de ce texte du Pape « son texte a un objet limité : ouvrir la voie de l’unité pour les catholiques attachés au rite ancien de la messe et des sacrements. Selon leur demande, la possibilité de ce rite sera plus grande à partir du 14 septembre. » Force est de constater que malgré ces paroles, le Motu Proprio de Benoît XVI n’a pas trouvé à s’appliquer une seule fois dans le diocèse de Monseigneur d’Ornellas depuis son entrée en vigueur, sauf à considérer qu’un lieu de culte mis en place en 1988 est une application du texte de … 2007 ?
En quoi, depuis 4 ans, la possibilité est elle plus grande qu’avant 2007 pour les bretons d'Ille-et-Vilaine ?
S’agit-il pour l’évêque d’une possibilité toute théorique, une vue de l’esprit ?
Les faits parlent d’eux mêmes : pas de début de commencement, même timide (un dimanche par mois…) d’application du Motu Proprio dans tout l’archidiocèse près de quatre ans après la promulgation du Motu proprio malgré des demandes courtoisement exprimées. Ce bilan est particulièrement éloquent.
Au contraire, Monseigneur d’Ornellas s’était illustré en 2007 en refusant de pratiquer les confirmations à la chapelle Saint-François dans la forme extraordinaire du rite romain… de sorte que les familles se sont désistées et sont allées trouver les évêques voisins plus accueillants.
De même à l’été 2010, plusieurs familles de Rennes nous ont dit leur tristesse à la suite du refus catégorique de Monseigneur d’Ornellas que la messe d’enterrement du Père Perrero (prêtre de la Salette qui desservait Saint-François depuis des années et continuait à aider l’ICRSP) soit célébrée dans la forme extraordinaire du rite romain.
Réponse négative, manque de chaleur, menaces sur le seul lieu de culte du diocèse, la conception de l’enrichissement mutuel et de l’accueil large et généreux de Monseigneur d’Ornellas semble toute personnelle…
2/ Il faut dire que Mgr Pierre d’Ornellas a transplanté à Rennes tous les principes et tous les ukases de la « ligne Lustiger » - durcie en ce qui concerne la question de la liturgie traditionnelle par son successeur, le cardinal Vingt-Trois.
L’intellectuel Pierre d’Ornellas, appartenant - comme d’autres hauts cadres ecclésiastiques parisiens, tel Antoine Guggenheim - à l’Institut Notre-Dame de Vie, à Vénasque, a été l’un des nombreux secrétaires particuliers qui se sont succédé auprès du cardinal Lustiger. Il a ensuite été directeur de l’École cathédrale, poste d’extrême confiance, et enfin évêque auxiliaire en 1997. Dans la politique parisienne de « recentrage », il fut un des bras les plus puissants, spécialement le plus attentif à préserver les jeunes clercs de la capitale de tout virus intégriste. Les prêtres formés par Mgr d’Ornellas étaient destinés à devenir exemplairement, comme le cardinal Lustiger aimait à le leur dire, « la première génération qui aurait enfin compris le Concile ».
II devint ainsi, avec Mgr Vingt-Trois, le plus proche collaborateur de l’archevêque, mais dans un style très différent, peu amène, au point de réussir à faire l’unanimité, ce qui est rare dans le clergé, mais… contre lui. Son importance dans le haut clergé de France lui vaudra d’être nommé directement à un siège métropolitain, Rennes.
À son honneur, doit être relevé le fait que Mgr d’Ornellas a pris des positions morales fortes et publiques, qui constituent un progrès substantiel par rapport à la stratégie de « l’enfouissement » qui prévalait dans les années 1970 et qui a fait que la loi Veil a pu passer sans la moindre mobilisation épiscopale.
Au total, homme de fort (et mauvais) caractère, Mgr d’Ornellas entend faire de Rennes un pôle de la « troisième voie », ni progressiste, ni – ô grand jamais ! – traditionaliste.
3/ « Pas de demande », « il y a déjà tout ce qu’il faut à Rennes »… voilà autant de réponses « à la parisienne » répétées de manière incantatoire afin d’éviter à tous prix l’application concrète du texte de Benoît XVI dans le diocèse de Monseigneur d'Ornellas.
Pourquoi affirmer qu’il n’y a pas de demande sans tenter ici et là une expérience pour voir justement s’il y a ou non une demande ?
Il est de notoriété publique que la demande en Bretagne - et en particulier en Ille-et-Vilaine - est très largement insatisfaite.
Afin de mesurer la demande et de donner des éléments concrets aux décideurs – curés et archevêque - Paix liturgique va commanditer un sondage auprès d’un organisme professionnel et indépendant. Ce sondage sera réalisé selon les normes scientifiques habituelles auprès des habitants de l’archidiocèse de Rennes se déclarant catholiques.
Nous publierons les résultats de cette enquête dans une prochaine lettre.
AN IV DU MOTU PROPRIO : AUCUNE AVANCÉE DANS LE DIOCÈSE DE RENNES DE MONSEIGNEUR D'ORNELLAS
Dans le prolongement de nos lettres n°274, 284 et 286 consacrées aux diocèses de Saintes-La Rochelle et d’Angoulême, nous nous arrêtons aujourd’hui sur le cas symptomatique de l’archidiocèse de Rennes.
L’archidiocèse de Rennes s’identifie géographiquement au département d’Ille-et-Vilaine (35). Il est peuplé d’un peu moins d’un million d’habitants, dont un peu plus de 800.000 catholiques, avec au plus 50.000 pratiquants.
I - « L’OFFRE » DE CÉLÉBRATIONS " EXTRAORDINAIRES" DANS LE DIOCÈSE DE RENNES
Dans le diocèse de Monseigneur d’Ornellas, la forme extraordinaire du rite romain n’est célébrée – en application du Motu Proprio Summorum Pontificum - que dans un seul lieu de culte, à la chapelle Saint-François de Rennes.
Pour être plus précis, il convient de dire que c’est dès 1988, en application du Motu Proprio Ecclesia Dei de Jean Paul II, que la chapelle Saint-François a ouvert ses portes aux fidèles de Rennes attachés à la forme extraordinaire du rite romain... et non pas en vertu de Summorum Pontificum.
Longtemps desservie par des prêtres diocésains, ce lieu de culte a été confié à l’Institut du Christ-Roi il y a dix ans à la demande de feu Monseigneur François Saint-Macary.
Malgré ses deux messes dominicales, la chapelle Saint-François est, de notoriété publique, trop petite pour accueillir la demande et de nombreux fidèles assistent à la messe debout (à la messe du matin), faute de places suffisantes.
Pourtant, on dit cet apostolat menacé par Monseigneur d’Ornellas qui souhaiterait « normaliser » la chapelle Saint-François en nommant un prêtre diocésain peu favorable à l’antique forme liturgique dans le but de « ramener » les fidèles à la forme ordinaire du rite romain. Si l’abbé Cristofoli (ICRSP) en charge de cet apostolat n’a pas souhaité répondre à nos sollicitations, plusieurs fidèles se sont largement ouverts à nous sur le caractère extrêmement fragile de la situation des familles de Rennes attachées à la forme extraordinaire du rite romain et sur le peu de chaleur de Monseigneur d’Ornelllas à leur endroit. Le très renseigné site Perepiscopus ne craignait d’ailleurs pas d’écrire il y a quelques semaines : « Mon père me dit son pessimisme quant au maintien de l’Institut du Christ Roi dans cette Ville, malgré une communauté très florissante. L’évêque avait donné deux ans à l’ICRSP… Fin de ce mandat à la rentrée prochaine. Et peut-être (c’est en tout cas ce qu’il craint), fin des haricots rennais de l’ICRSP… Un prêtre du diocèse est en train d’apprendre la messe traditionnelle à Fontgombault. Est-ce à dire qu’il remplacera l’abbé Cristofoli ? A l’heure de la publication de l’instruction concernant l’application du Motu Proprio Summorum Pontificum, Mgr d’Ornellas se séparera-t-il de cet Institut ? Ce serait une façon de faire un pied de nez à Rome. Peu élégant. »
À côté de cet unique lieu de culte autorisé par l’ordinaire du lieu, la FSSPX exerce un apostolat fécond : une chapelle à Rennes, une autre à Saint-Malo et une école à Saint-Père. Les prêtres de cette Fraternité qui résident au prieuré de Lanvallay - situé dans le diocèse voisin de Saint Brieuc - rayonnent largement dans l’archidiocèse de Rennes. (L'ensemble des adresses et horaires des lieux de culte mentionnés dans cette lettre sont consultables sur le site de Paix Liturgique, et sur celui de Wikkimissa).
II - LA DEMANDE DANS LE DIOCÈSE DE RENNES
Dans le diocèse de Rennes, la promulgation du Motu Proprio Summorum Pontificum avait été source d’espoir pour de nombreuses familles.
Ainsi, dès 2007, un groupe de plusieurs familles a fait une demande d’application du Motu Proprio Summorum Pontificum à la paroisse de Chateaubourg (située à 30 kms de Rennes).
1ère étape : demande du groupe au curé : le curé de Chateaubourg a reçu quelques unes de ces familles de demandeurs pour… dire non à leur demande. Réponse négative non négociable, sans appel et sans savoir quelle est la réelle demande. A Chateaubourg, la paroisse ne souhaite donc pas tenter l’expérience de la réconciliation et de l’enrichissement réciproque des deux formes de l’unique rite romain.
Non c’est non. Les raisons du curé sont simples :
- Il ne sait pas célébrer selon la forme extraordinaire du rite romain ;
- Les familles demandeuses ne sont pas assez nombreuses ;
- Il y a déjà une telle célébration à Rennes
2ème étape prévue par le Motu Proprio : recours du groupe à l’évêque. À la suite de cette réponse négative du curé, les familles décident d’en référer à l’archevêque. Le rendez-vous avec Monseigneur d’Ornellas s'est très mal passé. Les familles ont décrit un archevêque très désagréable et nous ont confié avoir eu le triste sentiment d’être traitées avec mépris.
Et la réponse de Monseigneur d’Ornellas a également été : Non.
L’archevêque a ainsi pu répéter qu'il y avait déjà tout ce qu'il fallait à Rennes et qu'il ne voyait pas le pourquoi d'une demande à Chateaubourg.
Ces affirmations répétées de manière incantatoire par Monseigneur d’Ornellas étaient dans la ligne droite de toutes ses déclarations au terme desquelles « il n'y a pas de problème dans son diocèse car il y a une messe à Rennes, il n’y a pas de problème car la demande a été anticipée »…
3ème étape prévue par le Motu Proprio : recours du groupe à Rome. Ces familles ont écrit alors une lettre à la Commission Ecclesia Dei à la suite du refus du curé et de l’archevêque. La Commission leur a répondu ne rien pouvoir faire … Lassées mais pas découragées par le manque de dialogue et de loyauté, ces familles ont mis leur demande en suspens… dans l'attente du miracle de « conversion » des autorités, 4ème étape, non prévue, mais pas exclue par le Motu Proprio…
À Dinard (75 kms de Rennes), des familles nous ont également fait part d’une demande faite en 2009 auprès de leur curé. À la différence de Chateaubourg, l’accueil du principe de la demande par le curé a été plutôt favorable mais cette application du Motu Proprio sur la Côte d’Emeraude n’a pas été rendue possible en raison du désaccord de Monseigneur d’Ornellas.
Il y a pourtant sur toute cette zone côtière (Saint Malo, Saint Briac, Dinard…) une demande très forte lors des vacances estivales et des afflux de familles en vacances mais également une demande serieuse pour tout le reste de l'année comme le démontre la fréquentation des messes célébrées dans cette région par les prêtres de la Fraternité Saint-Pie X. Mais même pour un apostolat saisonnier, Monseigneur d’Ornellas n’a pas souhaité répondre à l’invitation du Saint Père.
Nous pourrions parler dans des termes proches des demandes d’application du Motu Proprio dont nous avons aussi eu connaissance à St Méen le Grand (45 kms de Rennes), Vitré (41 kms de Rennes) ou Redon (67 kms de Rennes).
À chaque fois c’est la même réponse négative : « il n’y a pas de demande dans le diocèse de Rennes », « la messe de Rennes suffit ».
III - LES RÉFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE
1/ Le 7 juillet 2007, jour même de la publication du Motu Proprio Summorum Pontificum, Monseigneur Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes, disait de ce texte du Pape « son texte a un objet limité : ouvrir la voie de l’unité pour les catholiques attachés au rite ancien de la messe et des sacrements. Selon leur demande, la possibilité de ce rite sera plus grande à partir du 14 septembre. » Force est de constater que malgré ces paroles, le Motu Proprio de Benoît XVI n’a pas trouvé à s’appliquer une seule fois dans le diocèse de Monseigneur d’Ornellas depuis son entrée en vigueur, sauf à considérer qu’un lieu de culte mis en place en 1988 est une application du texte de … 2007 ?
En quoi, depuis 4 ans, la possibilité est elle plus grande qu’avant 2007 pour les bretons d'Ille-et-Vilaine ?
S’agit-il pour l’évêque d’une possibilité toute théorique, une vue de l’esprit ?
Les faits parlent d’eux mêmes : pas de début de commencement, même timide (un dimanche par mois…) d’application du Motu Proprio dans tout l’archidiocèse près de quatre ans après la promulgation du Motu proprio malgré des demandes courtoisement exprimées. Ce bilan est particulièrement éloquent.
Au contraire, Monseigneur d’Ornellas s’était illustré en 2007 en refusant de pratiquer les confirmations à la chapelle Saint-François dans la forme extraordinaire du rite romain… de sorte que les familles se sont désistées et sont allées trouver les évêques voisins plus accueillants.
De même à l’été 2010, plusieurs familles de Rennes nous ont dit leur tristesse à la suite du refus catégorique de Monseigneur d’Ornellas que la messe d’enterrement du Père Perrero (prêtre de la Salette qui desservait Saint-François depuis des années et continuait à aider l’ICRSP) soit célébrée dans la forme extraordinaire du rite romain.
Réponse négative, manque de chaleur, menaces sur le seul lieu de culte du diocèse, la conception de l’enrichissement mutuel et de l’accueil large et généreux de Monseigneur d’Ornellas semble toute personnelle…
2/ Il faut dire que Mgr Pierre d’Ornellas a transplanté à Rennes tous les principes et tous les ukases de la « ligne Lustiger » - durcie en ce qui concerne la question de la liturgie traditionnelle par son successeur, le cardinal Vingt-Trois.
L’intellectuel Pierre d’Ornellas, appartenant - comme d’autres hauts cadres ecclésiastiques parisiens, tel Antoine Guggenheim - à l’Institut Notre-Dame de Vie, à Vénasque, a été l’un des nombreux secrétaires particuliers qui se sont succédé auprès du cardinal Lustiger. Il a ensuite été directeur de l’École cathédrale, poste d’extrême confiance, et enfin évêque auxiliaire en 1997. Dans la politique parisienne de « recentrage », il fut un des bras les plus puissants, spécialement le plus attentif à préserver les jeunes clercs de la capitale de tout virus intégriste. Les prêtres formés par Mgr d’Ornellas étaient destinés à devenir exemplairement, comme le cardinal Lustiger aimait à le leur dire, « la première génération qui aurait enfin compris le Concile ».
II devint ainsi, avec Mgr Vingt-Trois, le plus proche collaborateur de l’archevêque, mais dans un style très différent, peu amène, au point de réussir à faire l’unanimité, ce qui est rare dans le clergé, mais… contre lui. Son importance dans le haut clergé de France lui vaudra d’être nommé directement à un siège métropolitain, Rennes.
À son honneur, doit être relevé le fait que Mgr d’Ornellas a pris des positions morales fortes et publiques, qui constituent un progrès substantiel par rapport à la stratégie de « l’enfouissement » qui prévalait dans les années 1970 et qui a fait que la loi Veil a pu passer sans la moindre mobilisation épiscopale.
Au total, homme de fort (et mauvais) caractère, Mgr d’Ornellas entend faire de Rennes un pôle de la « troisième voie », ni progressiste, ni – ô grand jamais ! – traditionaliste.
3/ « Pas de demande », « il y a déjà tout ce qu’il faut à Rennes »… voilà autant de réponses « à la parisienne » répétées de manière incantatoire afin d’éviter à tous prix l’application concrète du texte de Benoît XVI dans le diocèse de Monseigneur d'Ornellas.
Pourquoi affirmer qu’il n’y a pas de demande sans tenter ici et là une expérience pour voir justement s’il y a ou non une demande ?
Il est de notoriété publique que la demande en Bretagne - et en particulier en Ille-et-Vilaine - est très largement insatisfaite.
Afin de mesurer la demande et de donner des éléments concrets aux décideurs – curés et archevêque - Paix liturgique va commanditer un sondage auprès d’un organisme professionnel et indépendant. Ce sondage sera réalisé selon les normes scientifiques habituelles auprès des habitants de l’archidiocèse de Rennes se déclarant catholiques.
Nous publierons les résultats de cette enquête dans une prochaine lettre.
Her- Messages : 9481
Date d'inscription : 01/05/2009
Localisation : France
Re: La Sainte Eglise de Dieu - Motu Proprio "Summorum Pontificum" et l'Instruction « Universae Ecclesiae » du Vendredi 13 mai 2011
http://www.perepiscopus.org/diocses/enquete-sur-un-diocese-sinistre-celui-de-mgr-dagens
Enquête sur un diocèse sinistré : celui de Mgr Dagens
Posté par Maximilien Bernard dans Diocèses, Summorum Pontificum le 06 16th, 2011 |
Paix Liturgique a décidé d’enquêter sur les 4 diocèses de France totalement privés de célébration, même mensuelle, de la forme extraordinaire du rite romain : Langres, Viviers, Mende et Angoulême. Le diocèse d’Angoulême est le premier. Extraits :
Angoulême est un diocèse dont l’évêque titulaire, Mgr Claude Dagens, est illustre : c’est le dernier ecclésiastique à avoir été élu pour siéger sous la Coupole de l’Institut. Mgr Dagens, un des intellectuels de l’épiscopat français, spécialiste de patristique, a appartenu au groupe modéré – il faudrait plutôt dire à la “nébuleuse” – représenté par la revue Communio. Mais Mgr Dagens est tout le contraire d’un traditionnel. Comme son confrère de Communio, le philosophe Jean-Luc Marion, venu le rejoindre à l’Académie française, le traditionalisme lui provoque des poussées de boutons. Certes, il est loin d’être un progressiste échevelé mais il est fermement convaincu que l’Église doit continuer à s’adapter à la société moderne, nonobstant l’échec patent de “l’ouverture au monde” pratiquée depuis le dernier concile. Au point qu’il se retrouve aujourd’hui “sur la gauche” de la ligne (prudemment) interventionniste du cardinal Vingt-Trois et de Mgr d’Ornellas dans les questions de législation bioéthique.
Il s’est rendu, en effet, célèbre au sein de l’épiscopat français, par ce que l’on appelle le “Rapport Dagens”, rapport de style fort plat, dont les gardiens de notre langue ont cependant jugé digne de faire accéder son auteur aux rangs des “immortels”. Il s’agit en fait de deux textes, dont l’évêque d’Angoulême, chargé alors du service “Incroyance-Foi” à la Conférence des Évêques, a dirigé la rédaction : “La proposition de la foi dans la société actuelle” (présenté à la CEF en 1994, La Documentation catholique, 4 décembre 1994, pp. 1043-1059) ; et “La proposition de la foi. Vers une nouvelle étape” (présenté à la CEF en 1996, DC du 2I janvier 1996, pp. 62-79). Le Rapport Dagens avalise le retrait social de l’Église : l’Église peut être reconnue comme le lieu de la foi “proposée à l’ensemble de notre société, sans que cette proposition n’apparaisse comme l’expression d’une volonté hégémonique”. L’Église (celle de Mgr Dagens) se propose donc, avec une insondable naïveté, d’être un “plus” spirituel pour la démocratie laïque : “La démocratie et la laïcité elle-même, pour demeurer vivantes, ont besoin d’un climat spirituel dont le christianisme est une composante essentielle, alors même qu’il ne prétend pas y détenir le monopole de la religion” ; “La pratique de la laïcité à la française peut permettre à la tradition chrétienne de jouer un rôle spécifique dans une société incertaine, en contribuant au vouloir-vivre de cette société… La foi chrétienne effectivement vécue entretient dans la société un climat spirituel qui importe à la démocratie, qu’il s’agisse de fonder la responsabilité des sujets personnels, dans une société fragile, ou bien de communiquer à des jeunes des raisons de vivre dans un environnement rempli d’incertitudes”. Cet optimisme est donc très loin de la dénonciation de la “culture de mort” de Jean-Paul II et de celle du nihilisme par Benoît XVI, qui n’a de cesse, pour sa part, de stigmatiser la sécularisation de l’Église et d’appeler à une “nouvelle évangélisation” des vieilles nations catholiques.
Prudent, ce que lui reproche d’ailleurs Golias qui ne lui décerne que deux mitres dans son dernier Trombinoscope, Mgr Dagens ne s’oppose toutefois pas au pape sur le terrain théologique mais se contente, comme bon nombre de ses confrères, de freiner l’arrivée dans son diocèse du renouveau ratzinguérien et, singulièrement, de la réforme liturgique. Le seul prêtre qui célébrait la forme extraordinaire du rite romain a, ainsi, été “prêté” au diocèse de Bayonne l’été dernier…
I – La situation de la liturgie extraordinaire avant 2007
L’un des paradoxes du diocèse d’Angoulême, c’est que la liturgie traditionnelle dans le cadre paroissial y a disparu alors qu’elle y était célébrée avant le Motu Proprio.
Sans remonter aux années 80 – quand existaient aussi une messe à Cognac et une autre à Angoulême – il y a eu en effet jusqu’en 2005 une messe dominicale dans le diocèse. Celle-ci était célébrée en alternance dans les églises de Lussac et de Suaux, villages situés entre Angoulême et Confolens, par l’abbé Hervouet.
[...] Depuis son rappel à Dieu, le 2 janvier 2006, la liturgie traditionnelle n’a plus été célébrée à Suaux ni à Lussac. Sans entrer dans des détails, on dira seulement que l’évêque du “Rapport” n’a pas hésité une seconde à user son “bras séculier” pour interdire toute reviviscence de la messe traditionnelle dans ces églises. [...]
II – La fausse application de Genac
Dès la publication du Motu Proprio Summorum Pontificum, un groupe de demandeurs s’est constitué à Angoulême. Début 2008, assez rapidement par rapport aux standards épiscopaux, la réponse de Mgr Dagens se manifesta par la concession d’une messe mensuelle dans l’église de Genac, à 20 km d’Angoulême. Une messe, oui, mais pas hebdomadaire et surtout pas à Angoulême : bref, Mgr Dagens décidait d’appliquer en 2008 le Motu Proprio de… 1988 et non celui de 2007. Et de l’appliquer modérément, Mgr Dagens étant un modéré ! [...] La première messe à Genac, le 20 janvier 2008, fut un succès puisque plus de 70 personnes, dont plusieurs journalistes, y assistèrent. Il faut dire que les organisateurs avaient enfreint l’interdiction faite par Mgr d’Angoulême de rendre publique la cérémonie en avertissant la presse 48 heures avant la célébration. Après un instant de colère (Mgr Dagens est modéré, mais fort colérique), l’évêque s’était résigné, avec la promptitude d’esprit qui le caractérise, à reprendre le contrôle des opérations, en publiant un communiqué officiel et en intervenant à la radio. D’où la participation, outre la quarantaine de membres des familles de demandeurs, d’une vingtaine de paroissiens des environs. Le seul point noir de cette première messe fut de révéler aux participants, comme aux téléspectateurs du journal du soir de France 3 local qui s’obligea à un reportage, l’âge avancé du célébrant désigné par l’évêque : 87 ans ! Il ne fallait pas être grand clerc, c’est le cas de le dire, au soir de cette première messe, pour comprendre que cette célébration ne disposait que d’un avenir limité et que le choix de Genac n’était pas un hasard puisque la commune abrite la maison de retraite des prêtres du diocèse, là même où le valeureux abbé Hervouet s’était retiré à la veille de sa mort. De fait, la pseudo-application de Summorum Pontificum à Genac s’est terminée courant 2009, avec le décès du célébrant et son non-remplacement.
III – L’expérience de Saint-Yrieix-sur-Charente
Indépendamment de l’évêque, une célébration dans l’esprit du Motu Proprio Summorum Pontificum a toutefois bel et bien eu lieu en Charente depuis 2007. De 2008 à 2010, de sa propre initiative, le père Texier, vicaire de la paroisse de Saint-Yrieix, en périphérie d’Angoulême, a en effet offert la liturgie extraordinaire chaque dimanche, rassemblant une quarantaine de fidèles. Confronté à de nombreuses pressions, dont celles particulièrement malveillantes de l’ex-vicaire général et ex-curé de la cathédrale, le père Braud, l’abbé Jean-Baptiste Texier a finalement été prêté au diocèse de Bayonne à l’été 2010. [...]
IV – Et maintenant ?
Dans un commentaire au Motu Proprio publié en juillet 2007, Mgr Dagens affirmait croire “à l’importance des dialogues approfondis qui portent sur l’essentiel de la foi” et ajoutait que “cet essentiel n’est pas seulement de l’ordre de la foi, mais de l’ordre de la charité”. Comment ne pas souscrire à de tels propos ? Et lui demander, aujourd’hui que l’instruction Universae Ecclesiae a rappelé avec force que la liturgie traditionnelle est un “trésor “ offert “à tous les fidèles” : Avec quelle charité, Monseigneur, entendez-vous traiter les fidèles de votre diocèse désireux de vivre leur foi au rythme de la forme extraordinaire du rite romain ? Il y a aujourd’hui deux demandes pendantes dans le diocèse : celle d’Angoulême, qui a résisté aussi bien à l’épisode de Genac qu’à celui de Saint-Yrieix, et celle de Cognac, transmise en son temps par le curé-doyen à l’évêché, évaluée en conseil épiscopal et… restée lettre morte ! Si la situation à Angoulême est compliquée en raison des contrecoups des affaires qui ont agité la cathédrale, elle est plus simple à Cognac où le curé part en retraite en août. À Angoulême, l’application du Motu Proprio pourrait passer aisément par le recours à un institut Ecclesia Dei, ce à quoi Mgr Dagens s’est toujours refusé même si, dans le contexte actuel, cela pourrait offrir du sang neuf, bienvenu dans le doyenné. À Cognac, les demandeurs attendent en revanche avec confiance et détermination le nouveau curé, instruction d’application du Motu Proprio en mains.
Enquête sur un diocèse sinistré : celui de Mgr Dagens
Posté par Maximilien Bernard dans Diocèses, Summorum Pontificum le 06 16th, 2011 |
Paix Liturgique a décidé d’enquêter sur les 4 diocèses de France totalement privés de célébration, même mensuelle, de la forme extraordinaire du rite romain : Langres, Viviers, Mende et Angoulême. Le diocèse d’Angoulême est le premier. Extraits :
Angoulême est un diocèse dont l’évêque titulaire, Mgr Claude Dagens, est illustre : c’est le dernier ecclésiastique à avoir été élu pour siéger sous la Coupole de l’Institut. Mgr Dagens, un des intellectuels de l’épiscopat français, spécialiste de patristique, a appartenu au groupe modéré – il faudrait plutôt dire à la “nébuleuse” – représenté par la revue Communio. Mais Mgr Dagens est tout le contraire d’un traditionnel. Comme son confrère de Communio, le philosophe Jean-Luc Marion, venu le rejoindre à l’Académie française, le traditionalisme lui provoque des poussées de boutons. Certes, il est loin d’être un progressiste échevelé mais il est fermement convaincu que l’Église doit continuer à s’adapter à la société moderne, nonobstant l’échec patent de “l’ouverture au monde” pratiquée depuis le dernier concile. Au point qu’il se retrouve aujourd’hui “sur la gauche” de la ligne (prudemment) interventionniste du cardinal Vingt-Trois et de Mgr d’Ornellas dans les questions de législation bioéthique.
Il s’est rendu, en effet, célèbre au sein de l’épiscopat français, par ce que l’on appelle le “Rapport Dagens”, rapport de style fort plat, dont les gardiens de notre langue ont cependant jugé digne de faire accéder son auteur aux rangs des “immortels”. Il s’agit en fait de deux textes, dont l’évêque d’Angoulême, chargé alors du service “Incroyance-Foi” à la Conférence des Évêques, a dirigé la rédaction : “La proposition de la foi dans la société actuelle” (présenté à la CEF en 1994, La Documentation catholique, 4 décembre 1994, pp. 1043-1059) ; et “La proposition de la foi. Vers une nouvelle étape” (présenté à la CEF en 1996, DC du 2I janvier 1996, pp. 62-79). Le Rapport Dagens avalise le retrait social de l’Église : l’Église peut être reconnue comme le lieu de la foi “proposée à l’ensemble de notre société, sans que cette proposition n’apparaisse comme l’expression d’une volonté hégémonique”. L’Église (celle de Mgr Dagens) se propose donc, avec une insondable naïveté, d’être un “plus” spirituel pour la démocratie laïque : “La démocratie et la laïcité elle-même, pour demeurer vivantes, ont besoin d’un climat spirituel dont le christianisme est une composante essentielle, alors même qu’il ne prétend pas y détenir le monopole de la religion” ; “La pratique de la laïcité à la française peut permettre à la tradition chrétienne de jouer un rôle spécifique dans une société incertaine, en contribuant au vouloir-vivre de cette société… La foi chrétienne effectivement vécue entretient dans la société un climat spirituel qui importe à la démocratie, qu’il s’agisse de fonder la responsabilité des sujets personnels, dans une société fragile, ou bien de communiquer à des jeunes des raisons de vivre dans un environnement rempli d’incertitudes”. Cet optimisme est donc très loin de la dénonciation de la “culture de mort” de Jean-Paul II et de celle du nihilisme par Benoît XVI, qui n’a de cesse, pour sa part, de stigmatiser la sécularisation de l’Église et d’appeler à une “nouvelle évangélisation” des vieilles nations catholiques.
Prudent, ce que lui reproche d’ailleurs Golias qui ne lui décerne que deux mitres dans son dernier Trombinoscope, Mgr Dagens ne s’oppose toutefois pas au pape sur le terrain théologique mais se contente, comme bon nombre de ses confrères, de freiner l’arrivée dans son diocèse du renouveau ratzinguérien et, singulièrement, de la réforme liturgique. Le seul prêtre qui célébrait la forme extraordinaire du rite romain a, ainsi, été “prêté” au diocèse de Bayonne l’été dernier…
I – La situation de la liturgie extraordinaire avant 2007
L’un des paradoxes du diocèse d’Angoulême, c’est que la liturgie traditionnelle dans le cadre paroissial y a disparu alors qu’elle y était célébrée avant le Motu Proprio.
Sans remonter aux années 80 – quand existaient aussi une messe à Cognac et une autre à Angoulême – il y a eu en effet jusqu’en 2005 une messe dominicale dans le diocèse. Celle-ci était célébrée en alternance dans les églises de Lussac et de Suaux, villages situés entre Angoulême et Confolens, par l’abbé Hervouet.
[...] Depuis son rappel à Dieu, le 2 janvier 2006, la liturgie traditionnelle n’a plus été célébrée à Suaux ni à Lussac. Sans entrer dans des détails, on dira seulement que l’évêque du “Rapport” n’a pas hésité une seconde à user son “bras séculier” pour interdire toute reviviscence de la messe traditionnelle dans ces églises. [...]
II – La fausse application de Genac
Dès la publication du Motu Proprio Summorum Pontificum, un groupe de demandeurs s’est constitué à Angoulême. Début 2008, assez rapidement par rapport aux standards épiscopaux, la réponse de Mgr Dagens se manifesta par la concession d’une messe mensuelle dans l’église de Genac, à 20 km d’Angoulême. Une messe, oui, mais pas hebdomadaire et surtout pas à Angoulême : bref, Mgr Dagens décidait d’appliquer en 2008 le Motu Proprio de… 1988 et non celui de 2007. Et de l’appliquer modérément, Mgr Dagens étant un modéré ! [...] La première messe à Genac, le 20 janvier 2008, fut un succès puisque plus de 70 personnes, dont plusieurs journalistes, y assistèrent. Il faut dire que les organisateurs avaient enfreint l’interdiction faite par Mgr d’Angoulême de rendre publique la cérémonie en avertissant la presse 48 heures avant la célébration. Après un instant de colère (Mgr Dagens est modéré, mais fort colérique), l’évêque s’était résigné, avec la promptitude d’esprit qui le caractérise, à reprendre le contrôle des opérations, en publiant un communiqué officiel et en intervenant à la radio. D’où la participation, outre la quarantaine de membres des familles de demandeurs, d’une vingtaine de paroissiens des environs. Le seul point noir de cette première messe fut de révéler aux participants, comme aux téléspectateurs du journal du soir de France 3 local qui s’obligea à un reportage, l’âge avancé du célébrant désigné par l’évêque : 87 ans ! Il ne fallait pas être grand clerc, c’est le cas de le dire, au soir de cette première messe, pour comprendre que cette célébration ne disposait que d’un avenir limité et que le choix de Genac n’était pas un hasard puisque la commune abrite la maison de retraite des prêtres du diocèse, là même où le valeureux abbé Hervouet s’était retiré à la veille de sa mort. De fait, la pseudo-application de Summorum Pontificum à Genac s’est terminée courant 2009, avec le décès du célébrant et son non-remplacement.
III – L’expérience de Saint-Yrieix-sur-Charente
Indépendamment de l’évêque, une célébration dans l’esprit du Motu Proprio Summorum Pontificum a toutefois bel et bien eu lieu en Charente depuis 2007. De 2008 à 2010, de sa propre initiative, le père Texier, vicaire de la paroisse de Saint-Yrieix, en périphérie d’Angoulême, a en effet offert la liturgie extraordinaire chaque dimanche, rassemblant une quarantaine de fidèles. Confronté à de nombreuses pressions, dont celles particulièrement malveillantes de l’ex-vicaire général et ex-curé de la cathédrale, le père Braud, l’abbé Jean-Baptiste Texier a finalement été prêté au diocèse de Bayonne à l’été 2010. [...]
IV – Et maintenant ?
Dans un commentaire au Motu Proprio publié en juillet 2007, Mgr Dagens affirmait croire “à l’importance des dialogues approfondis qui portent sur l’essentiel de la foi” et ajoutait que “cet essentiel n’est pas seulement de l’ordre de la foi, mais de l’ordre de la charité”. Comment ne pas souscrire à de tels propos ? Et lui demander, aujourd’hui que l’instruction Universae Ecclesiae a rappelé avec force que la liturgie traditionnelle est un “trésor “ offert “à tous les fidèles” : Avec quelle charité, Monseigneur, entendez-vous traiter les fidèles de votre diocèse désireux de vivre leur foi au rythme de la forme extraordinaire du rite romain ? Il y a aujourd’hui deux demandes pendantes dans le diocèse : celle d’Angoulême, qui a résisté aussi bien à l’épisode de Genac qu’à celui de Saint-Yrieix, et celle de Cognac, transmise en son temps par le curé-doyen à l’évêché, évaluée en conseil épiscopal et… restée lettre morte ! Si la situation à Angoulême est compliquée en raison des contrecoups des affaires qui ont agité la cathédrale, elle est plus simple à Cognac où le curé part en retraite en août. À Angoulême, l’application du Motu Proprio pourrait passer aisément par le recours à un institut Ecclesia Dei, ce à quoi Mgr Dagens s’est toujours refusé même si, dans le contexte actuel, cela pourrait offrir du sang neuf, bienvenu dans le doyenné. À Cognac, les demandeurs attendent en revanche avec confiance et détermination le nouveau curé, instruction d’application du Motu Proprio en mains.
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Re: La Sainte Eglise de Dieu - Motu Proprio "Summorum Pontificum" et l'Instruction « Universae Ecclesiae » du Vendredi 13 mai 2011
www.paixliturgique.com
La Lettre de Paix liturgique
Sommaire de notre lettre 288 du 22 Juin 2011
À MENDE, LE MOTU PROPRIO À L'AMENDE ?
Notre enquête sur les diocèses interdits de Motu Proprio Summorum Pontificum comportera finalement cinq lettres et non quatre. Que les nombreux lecteurs qui nous ont signalé l'oubli du diocèse de Châlons-en-Champagne dans notre décompte initial soient remerciés de la lecture attentive qu'ils font de notre lettre !
Cette semaine, c'est sur le diocèse de Mende que nous nous arrêtons.
Correspondant aux limites géographiques du département de la Lozère, ce diocèse en sursis appartient à la province ecclésiastique de Montpellier. Pourquoi “en sursis” ? Tout simplement parce que ce diocèse rural, qui fut une terre de catholicité jusqu’à la fin des années 60, a été lourdement frappé par l’exode rural (il est le moins peuplé de France : 75 000 habitants pour à peine 60 000 catholiques). D’où le fait que la sécularisation et la crise du catholicisme y sont encore plus visibles qu’ailleurs : la pratique dominicale, semblable à ce qu’elle est dans toute la France (moins de 5% de la population), ne rassemble plus que quelques milliers de personnes, plutôt âgées. En outre, la politique de regroupement paroissial a été poussée à ses limites extrêmes par Mgr Jacolin, évêque du lieu depuis 2007 : depuis 2009, le diocèse ne compte plus que cinq paroisses ! Certes, le service du culte est encore assuré par une quarantaine de prêtres en activité. Mais ces prêtres, d'une moyenne d'âge élevée, ne sont en réalité que les derniers représentants d'un diocèse jadis très riche en vocations. Oui, malheureusement, Mende est bel et bien un diocèse en sursis, l'un de ces diocèses de France appelés à disparaître dans les temps qui viennent.
Le diocèse a pourtant une riche histoire. Placé sous le patronage de saint Privat, qui aurait été martyrisé en Gévaudan au IIIe siècle ; célèbre pour avoir eu pour évêque, à la fin du XIIIe siècle, le plus grand liturgiste du Moyen Âge, Guillaume Durand de Mende, le diocèse a longtemps fourmillé de vocations religieuses et missionnaires. Le site internet du diocèse rappelle d'ailleurs : “Au XIXe siècle, chaque année on pouvait compter 20 ordinations. Longtemps le diocèse de Mende a fourni des prêtres aux diocèses qui en manquaient."
Bien sûr, Mgr François Jacolin, appelé sur le siège épiscopal en janvier 2007 (1), n'est pas le responsable de cette situation de faillite mais il est dommage qu'il se soit résigné à s'en faire le liquidateur. Sur le plan liturgique, bien que la non-application du Motu Proprio dans le diocèse soit de sa responsabilité, on ne peut pas ne pas considérer l'héritage que lui a légué son prédécesseur, Mgr Le Gall.
Aujourd'hui archevêque de Toulouse, Mgr Robert Le Gall a en effet occupé le siège épiscopal de Mende de 2001 à 2006. Il était auparavant Père Abbé de Sainte-Anne de Kergonan (latin et grégorien, liturgie de Paul VI très digne), abbaye fille de Solesmes. Élevé à l’épiscopat – symboliquement sur le siège de Durand de Mende – pour contribuer à redresser la situation liturgique en France, Mgr Le Gall est rapidement devenu et est resté Président de la Commission épiscopale pour la liturgie et la pastorale sacramentelle au sein de la Conférence des évêques de France. Mgr Le Gall passait pour un liturgiste précis et rigoureux, n’hésitant pas à critiquer le Centre National de Pastorale liturgique.
Longtemps homme de confiance du cardinal Arinze, lorsque ce dernier était Préfet de la Congrégation pour le Culte divin, Mgr Le Gall aurait dû faire avancer la question de la révision des traductions liturgiques en langue française et participer à la suppression des abus les plus criants. Il n’en fut rien. Et dans son propre diocèse, à Mende, Mgr Le Gall n'a laissé aucune trace de restauration liturgique. Au contraire, souvenir cuisant pour le bénédictin solesmien, continue à circuler cette photo de danseuses folkloriques lors d'ordinations diaconales à la cathédrale en 2004 :
Dans la ligne de Solesmes, l'ancien Père Abbé de Kergonan a fait jadis le choix de ne pas soutenir la liturgie tridentine – à la différence d’une autre fille de Solesmes, l’abbaye de Fontgombault – et de se faire le champion de la célébration digne du missel de Paul VI. Comme beaucoup de ces interprètes traditionalisants de la liturgie rénovée, souvent proche de Solesmes eux aussi, Mgr Le Gall en a fait un absolu au point de nier toute place à la liturgie traditionnelle. En octobre 2006, à peine promu à l’archevêché de Toulouse, lors du cinquantenaire de l'Institut supérieur de liturgie de l’Institut catholique de Paris, il allait même jusqu'à exprimer sa crainte – tant à la tribune de l'événement que dans les colonnes du Figaro – qu'en “libéralisant l'ancien rituel, le Pape fasse naître un front de défiance, de tristesse et de découragement vis-à-vis du Saint-Siège”, espérant même que “toutes les réactions entendues en ce moment en France pourront amener Rome à moduler le texte en préparation”. (2).
Reconnaissons cependant que Mgr Le Gall a voulu insuffler un peu de vie à son diocèse en tentant d'y introduire des communautés nouvelles. Malheureusement, une arrière-garde de prêtres ultra conciliaires a tout fait pour décourager toute introduction de sang neuf. Par exemple, l'Ermitage de Saint-Privat, au dessus de la la ville de Mende et de la vallée du Lot, est laissé à l’abandon depuis peu : il aurait pu sans dommage pour personne accueillir une communauté nouvelle pour en assurer l’entretien des lieux, l’accueil et l’évangélisation. Mais le choix des conseillers de l’évêque a été de le fermer.
En arrivant dans le diocèse en 2007, Mgr Jacolin recueillit donc cet héritage peu propice à l'accueil du texte libérateur de Benoît XVI.
UN ÉVÊQUE SANS AUTORITÉ ?
Pour mieux apprécier la situation difficile des fidèles attachés à la forme extraordinaire du rite romain dans le diocèse de Mende, il faut avoir à l'esprit qu'aucune messe traditionnelle n'y est célébrée, pas même par la Fraternité sacerdotale Saint Pie X, et que le diocèse voisin de Viviers est, lui aussi, vierge de toute célébration Summorum Pontificum.
A) Mende
En janvier 2008, Paix Liturgique relayait l'annonce de la création d'un groupe de demandeurs à Mende. À l'été 2010, voici comment Le Baptistère, bulletin d’information et de formation des catholiques attachés à la Messe de Saint Pie V et au successeur de Pierre, dans son numéro 52, rendait compte du sort réservé à cette demande : “Le cas le plus cocasse est certainement celui de Mende (Lozère)… Une demande a été effectuée par un petit groupe de fidèles, que le diocèse a acceptée… mais la messe dans la forme extraordinaire n’a jamais été célébrée depuis 2 ans faute de célébrant. Entre temps, le groupe de fidèles s’éparpille… et il est fort à parier qu’il ne restera plus grand-chose, dans un diocèse où les paroisses sont déjà bien clairsemées faute de fidèles.”
En fait, le groupe de demandeurs a résisté, de nouveaux fidèles motivés suppléant les anciens découragés par les atermoiements ecclésiastiques. Les témoignages que nous avons recueilli confirment tous que l'évêque a bien donné son accord, proposant même une chapelle de la cathédrale pour la célébration, mais sans être capable de trouver un prêtre disposé à officier. Faute de prêtre diocésain idoine, rappelons à Monseigneur Jacolin qu'il a toute liberté pour faire appel à un institut Ecclesia Dei, comme le rappelle l'instruction Universæ Ecclesiæ dans son article 22.
B) Marvejols
Et oui, nous avons connaissance de deux demandes dans le moins peuplé des diocèses de France ! C'est, encore une fois, la preuve qu'il y a partout des fidèles désireux de vivre leur foi au rythme de la forme extraordinaire du rite romain. Même dans le Gévaudan...
Le 6 février 2009, nous annoncions dans notre lettre 164 la première célébration d'une messe à Marvejols pour le dimanche 15 février à 16h30. Il faut dire qu'un groupe d'une vingtaine de demandeurs s'était constitué ce qui, dans une ville de 5000 habitants, n'est pas anecdotique. Hélas, le 12 février, dans notre lettre 165, nous devions publier les lignes suivantes : “La première messe selon la forme extraordinaire du rite romain annoncée pour le dimanche 15 février 2009 à 16h30 à l'église de Marvejols n'aura pas lieu. Elle est reportée à une date ultérieure.” Plus de deux ans après, les demandeurs de Marvejols attendent toujours cette première messe...
En fait, ce qui s'est passé à Marvejols est trop similaire à ce qui se passe à Mende pour que ce soit tout à fait fortuit. Car c'est le prêtre devant officier qui a fait capoter la célébration, sous la pression de ses confrères, prenant prétexte de la levée des excommunications frappant les évêques ordonnés par Mgr Lefebvre. Il voulait, a-t-il alors expliqué aux demandeurs, "éviter tout amalgame”.
Bref, à Marvejols comme à Mende, les prêtres résistent à leur évêque.
Malheureusement pour les fidèles de Lozère, ils semblent avoir hérité du seul évêque qui rechigne à user de son autorité ! Reste que le résultat à Mende est similaire à celui obtenu dans les diocèses dirigés par les évêques qui en abusent : dans tous ces cas, la volonté du pape n'est pas exaucée.
(1) De formation littéraire, Mgr Jacolin est entré au séminaire français de Rome dans les années 70 et a été formé en théologie à l'université grégorienne. Ordonné prêtre le 4 avril 1982, il a effectué tout son parcours sacerdotal au sein du diocèse de Châteauroux avant sa nomination à Mende par Benoît XVI.
(2) Article du figaro.fr, le 27 octobre 2006.
La Lettre de Paix liturgique
Sommaire de notre lettre 288 du 22 Juin 2011
À MENDE, LE MOTU PROPRIO À L'AMENDE ?
Notre enquête sur les diocèses interdits de Motu Proprio Summorum Pontificum comportera finalement cinq lettres et non quatre. Que les nombreux lecteurs qui nous ont signalé l'oubli du diocèse de Châlons-en-Champagne dans notre décompte initial soient remerciés de la lecture attentive qu'ils font de notre lettre !
Cette semaine, c'est sur le diocèse de Mende que nous nous arrêtons.
Correspondant aux limites géographiques du département de la Lozère, ce diocèse en sursis appartient à la province ecclésiastique de Montpellier. Pourquoi “en sursis” ? Tout simplement parce que ce diocèse rural, qui fut une terre de catholicité jusqu’à la fin des années 60, a été lourdement frappé par l’exode rural (il est le moins peuplé de France : 75 000 habitants pour à peine 60 000 catholiques). D’où le fait que la sécularisation et la crise du catholicisme y sont encore plus visibles qu’ailleurs : la pratique dominicale, semblable à ce qu’elle est dans toute la France (moins de 5% de la population), ne rassemble plus que quelques milliers de personnes, plutôt âgées. En outre, la politique de regroupement paroissial a été poussée à ses limites extrêmes par Mgr Jacolin, évêque du lieu depuis 2007 : depuis 2009, le diocèse ne compte plus que cinq paroisses ! Certes, le service du culte est encore assuré par une quarantaine de prêtres en activité. Mais ces prêtres, d'une moyenne d'âge élevée, ne sont en réalité que les derniers représentants d'un diocèse jadis très riche en vocations. Oui, malheureusement, Mende est bel et bien un diocèse en sursis, l'un de ces diocèses de France appelés à disparaître dans les temps qui viennent.
Le diocèse a pourtant une riche histoire. Placé sous le patronage de saint Privat, qui aurait été martyrisé en Gévaudan au IIIe siècle ; célèbre pour avoir eu pour évêque, à la fin du XIIIe siècle, le plus grand liturgiste du Moyen Âge, Guillaume Durand de Mende, le diocèse a longtemps fourmillé de vocations religieuses et missionnaires. Le site internet du diocèse rappelle d'ailleurs : “Au XIXe siècle, chaque année on pouvait compter 20 ordinations. Longtemps le diocèse de Mende a fourni des prêtres aux diocèses qui en manquaient."
Bien sûr, Mgr François Jacolin, appelé sur le siège épiscopal en janvier 2007 (1), n'est pas le responsable de cette situation de faillite mais il est dommage qu'il se soit résigné à s'en faire le liquidateur. Sur le plan liturgique, bien que la non-application du Motu Proprio dans le diocèse soit de sa responsabilité, on ne peut pas ne pas considérer l'héritage que lui a légué son prédécesseur, Mgr Le Gall.
Aujourd'hui archevêque de Toulouse, Mgr Robert Le Gall a en effet occupé le siège épiscopal de Mende de 2001 à 2006. Il était auparavant Père Abbé de Sainte-Anne de Kergonan (latin et grégorien, liturgie de Paul VI très digne), abbaye fille de Solesmes. Élevé à l’épiscopat – symboliquement sur le siège de Durand de Mende – pour contribuer à redresser la situation liturgique en France, Mgr Le Gall est rapidement devenu et est resté Président de la Commission épiscopale pour la liturgie et la pastorale sacramentelle au sein de la Conférence des évêques de France. Mgr Le Gall passait pour un liturgiste précis et rigoureux, n’hésitant pas à critiquer le Centre National de Pastorale liturgique.
Longtemps homme de confiance du cardinal Arinze, lorsque ce dernier était Préfet de la Congrégation pour le Culte divin, Mgr Le Gall aurait dû faire avancer la question de la révision des traductions liturgiques en langue française et participer à la suppression des abus les plus criants. Il n’en fut rien. Et dans son propre diocèse, à Mende, Mgr Le Gall n'a laissé aucune trace de restauration liturgique. Au contraire, souvenir cuisant pour le bénédictin solesmien, continue à circuler cette photo de danseuses folkloriques lors d'ordinations diaconales à la cathédrale en 2004 :
Dans la ligne de Solesmes, l'ancien Père Abbé de Kergonan a fait jadis le choix de ne pas soutenir la liturgie tridentine – à la différence d’une autre fille de Solesmes, l’abbaye de Fontgombault – et de se faire le champion de la célébration digne du missel de Paul VI. Comme beaucoup de ces interprètes traditionalisants de la liturgie rénovée, souvent proche de Solesmes eux aussi, Mgr Le Gall en a fait un absolu au point de nier toute place à la liturgie traditionnelle. En octobre 2006, à peine promu à l’archevêché de Toulouse, lors du cinquantenaire de l'Institut supérieur de liturgie de l’Institut catholique de Paris, il allait même jusqu'à exprimer sa crainte – tant à la tribune de l'événement que dans les colonnes du Figaro – qu'en “libéralisant l'ancien rituel, le Pape fasse naître un front de défiance, de tristesse et de découragement vis-à-vis du Saint-Siège”, espérant même que “toutes les réactions entendues en ce moment en France pourront amener Rome à moduler le texte en préparation”. (2).
Reconnaissons cependant que Mgr Le Gall a voulu insuffler un peu de vie à son diocèse en tentant d'y introduire des communautés nouvelles. Malheureusement, une arrière-garde de prêtres ultra conciliaires a tout fait pour décourager toute introduction de sang neuf. Par exemple, l'Ermitage de Saint-Privat, au dessus de la la ville de Mende et de la vallée du Lot, est laissé à l’abandon depuis peu : il aurait pu sans dommage pour personne accueillir une communauté nouvelle pour en assurer l’entretien des lieux, l’accueil et l’évangélisation. Mais le choix des conseillers de l’évêque a été de le fermer.
En arrivant dans le diocèse en 2007, Mgr Jacolin recueillit donc cet héritage peu propice à l'accueil du texte libérateur de Benoît XVI.
UN ÉVÊQUE SANS AUTORITÉ ?
Pour mieux apprécier la situation difficile des fidèles attachés à la forme extraordinaire du rite romain dans le diocèse de Mende, il faut avoir à l'esprit qu'aucune messe traditionnelle n'y est célébrée, pas même par la Fraternité sacerdotale Saint Pie X, et que le diocèse voisin de Viviers est, lui aussi, vierge de toute célébration Summorum Pontificum.
A) Mende
En janvier 2008, Paix Liturgique relayait l'annonce de la création d'un groupe de demandeurs à Mende. À l'été 2010, voici comment Le Baptistère, bulletin d’information et de formation des catholiques attachés à la Messe de Saint Pie V et au successeur de Pierre, dans son numéro 52, rendait compte du sort réservé à cette demande : “Le cas le plus cocasse est certainement celui de Mende (Lozère)… Une demande a été effectuée par un petit groupe de fidèles, que le diocèse a acceptée… mais la messe dans la forme extraordinaire n’a jamais été célébrée depuis 2 ans faute de célébrant. Entre temps, le groupe de fidèles s’éparpille… et il est fort à parier qu’il ne restera plus grand-chose, dans un diocèse où les paroisses sont déjà bien clairsemées faute de fidèles.”
En fait, le groupe de demandeurs a résisté, de nouveaux fidèles motivés suppléant les anciens découragés par les atermoiements ecclésiastiques. Les témoignages que nous avons recueilli confirment tous que l'évêque a bien donné son accord, proposant même une chapelle de la cathédrale pour la célébration, mais sans être capable de trouver un prêtre disposé à officier. Faute de prêtre diocésain idoine, rappelons à Monseigneur Jacolin qu'il a toute liberté pour faire appel à un institut Ecclesia Dei, comme le rappelle l'instruction Universæ Ecclesiæ dans son article 22.
B) Marvejols
Et oui, nous avons connaissance de deux demandes dans le moins peuplé des diocèses de France ! C'est, encore une fois, la preuve qu'il y a partout des fidèles désireux de vivre leur foi au rythme de la forme extraordinaire du rite romain. Même dans le Gévaudan...
Le 6 février 2009, nous annoncions dans notre lettre 164 la première célébration d'une messe à Marvejols pour le dimanche 15 février à 16h30. Il faut dire qu'un groupe d'une vingtaine de demandeurs s'était constitué ce qui, dans une ville de 5000 habitants, n'est pas anecdotique. Hélas, le 12 février, dans notre lettre 165, nous devions publier les lignes suivantes : “La première messe selon la forme extraordinaire du rite romain annoncée pour le dimanche 15 février 2009 à 16h30 à l'église de Marvejols n'aura pas lieu. Elle est reportée à une date ultérieure.” Plus de deux ans après, les demandeurs de Marvejols attendent toujours cette première messe...
En fait, ce qui s'est passé à Marvejols est trop similaire à ce qui se passe à Mende pour que ce soit tout à fait fortuit. Car c'est le prêtre devant officier qui a fait capoter la célébration, sous la pression de ses confrères, prenant prétexte de la levée des excommunications frappant les évêques ordonnés par Mgr Lefebvre. Il voulait, a-t-il alors expliqué aux demandeurs, "éviter tout amalgame”.
Bref, à Marvejols comme à Mende, les prêtres résistent à leur évêque.
Malheureusement pour les fidèles de Lozère, ils semblent avoir hérité du seul évêque qui rechigne à user de son autorité ! Reste que le résultat à Mende est similaire à celui obtenu dans les diocèses dirigés par les évêques qui en abusent : dans tous ces cas, la volonté du pape n'est pas exaucée.
(1) De formation littéraire, Mgr Jacolin est entré au séminaire français de Rome dans les années 70 et a été formé en théologie à l'université grégorienne. Ordonné prêtre le 4 avril 1982, il a effectué tout son parcours sacerdotal au sein du diocèse de Châteauroux avant sa nomination à Mende par Benoît XVI.
(2) Article du figaro.fr, le 27 octobre 2006.
Her- Messages : 9481
Date d'inscription : 01/05/2009
Localisation : France
Re: La Sainte Eglise de Dieu - Motu Proprio "Summorum Pontificum" et l'Instruction « Universae Ecclesiae » du Vendredi 13 mai 2011
http://www.perepiscopus.org/diocses/mgr-grallet-autorise-une-messe-de-la-fsspx
Mgr Grallet autorise une messe de la FSSPX
Posté par Maximilien Bernard dans Diocèses le 07 1st, 2011 |
Dimanche 3 juillet, un pèlerinage au Mont Sainte-Odile est organisé par un prieuré de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X, comme chaque année depuis 24 ans. Pour la première fois, Mgr Jean-Pierre Grallet, archevêque de Strasbourg, a autorisé la célébration de la Messe dans la chapelle du sanctuaire. C’est l’abbé John Brucciani, prieur à Nancy, qui célèbrera la Messe et prêchera.
Voilà une attitude qui tranche avec celle de Mgr Planet à Carcassonne.
Mgr Grallet autorise une messe de la FSSPX
Posté par Maximilien Bernard dans Diocèses le 07 1st, 2011 |
Dimanche 3 juillet, un pèlerinage au Mont Sainte-Odile est organisé par un prieuré de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X, comme chaque année depuis 24 ans. Pour la première fois, Mgr Jean-Pierre Grallet, archevêque de Strasbourg, a autorisé la célébration de la Messe dans la chapelle du sanctuaire. C’est l’abbé John Brucciani, prieur à Nancy, qui célèbrera la Messe et prêchera.
Voilà une attitude qui tranche avec celle de Mgr Planet à Carcassonne.
Her- Messages : 9481
Date d'inscription : 01/05/2009
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Re: La Sainte Eglise de Dieu - Motu Proprio "Summorum Pontificum" et l'Instruction « Universae Ecclesiae » du Vendredi 13 mai 2011
http://www.paixliturgique.fr/
DEMANDE RECORD DE LA FORME EXTRAORDINAIRE DANS LE DIOCÈSE DE MGR D’ORNELLAS (RENNES) : PLUS DE 6 CATHOLIQUES PRATIQUANTS SUR 10 Y ASSISTERAIENT VOLONTIERS MENSUELLEMENT (SONDAGE JLM ÉTUDES)
lettre 289Rechercher Imprimer Recommander
Dans notre lettre n°287 du 17 juin 2011, nous dressions un panorama affligé de la « réception » du Motu Proprio Summorum Pontificum dans le diocèse de Monseigneur Pierre d’Ornellas :
- une seule messe selon la forme extraordinaire du rite romain pour tout le diocèse de Rennes, messe instaurée en… 1988 par l’archevêque de l’époque ;
- quatre ans après le 7 juillet 2007 (publication du Motu Proprio Summorum Pontificum), pas le moindre commencement d’application du Motu Proprio (pas une seule messe de semaine, pas de messe mensuelle expérimentale ou même de célébration saisonnière à l’occasion des vacances estivales qui drainent vers le diocèse plusieurs dizaines de milliers de catholiques) ;
- plusieurs demandes sérieuses d’application du Motu Proprio refusées au nom de faux arguments (« il n’y a pas de demande » ; « il y a déjà tout ce qu’il faut avec la messe de Rennes », etc.).
Chose promise, chose due, Paix liturgique publie aujourd’hui les résultats du sondage réalisé par un organisme professionnel et indépendant auprès des catholiques du diocèse de Rennes sur la question du Motu Proprio Summorum Pontificum.
Ce sondage a été réalisé par l’organisme JLM Études du 11 au 19 mai 2011 pour le compte de Paix liturgique selon les méthodes habituelles. Comme il est de coutume dans ce type d’études professionnelles, la représentativité est obtenue par la méthode des quotas : arrondissements, communes, sexe et âge.
Cette enquête indépendante a été menée auprès d’un échantillon de 745 personnes représentatives de la population de 18 ans et plus du diocèse de Rennes. Sur ces 745 personnes interrogées, 435 ont déclaré se considérer “catholique”, soit un peu plus de 58 %.
L'intégralité des résultats est consultable sur le site de Paix liturgique.
1/ LES RÉSULTATS
Les résultats qui suivent sont établis sur les réponses des sondés qui se sont déclarés « catholiques ».
a) Assistance à la messe
22,2 % des sondés déclarent assister à la messe chaque semaine ;
11,5 % une à deux fois par mois ;
15,3 % pour les grandes fêtes ;
43,4 % occasionnellement ;
7,4 % jamais ;
0, 2 % ne répondent pas.
b) Connaissance du Motu Proprio
72,2 % des catholiques pratiquants du diocèse disent connaître le Motu Proprio Summorum Pontificum contre 27,8 % qui n’en ont jamais entendu parler.
c) Perception du Motu Proprio
60,6 % des sondés (base : catholiques pratiquants) trouvent normale la coexistence des deux formes du rite romain au sein de leur paroisse ; 20, 5 % n’ont pas d’avis (chiffre à rapprocher des 27,8 % de pratiquants qui ne connaissent pas l’existence du Motu Proprio) et seulement 18,9 % (moins de 1 fidèle sur 5) la trouvent anormale.
d) Participation à la forme extraordinaire
À la question « Si la messe était célébrée en latin et grégorien sous sa forme extraordinaire dans votre paroisse, sans se substituer à celle dite “ordinaire” en français, y assisteriez-vous ? »
Chez les pratiquants, 43,4 % déclarent vouloir assister à la liturgie extraordinaire chaque semaine et 19,3 % à un rythme mensuel. Soit 62,7 % des pratiquants actuels du diocèse de Rennes qui iraient au moins une fois par mois participer à une messe en latin et en grégorien selon le missel de 1962… si le texte du Pape était appliqué dans leur propre paroisse.
Plus de 6 catholiques pratiquant sur 10.
2/ LES RÉFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE
a – Le chiffre qui précède est un chiffre record, plus élevé encore que le chiffre du diocèse de La Rochelle : dans le diocèse de Mgr d’Ornellas, plus de 6 catholiques pratiquants sur 10 assisteraient volontiers à la messe traditionnelle au moins une fois par mois (4 sur 10 tous les dimanches), si une telle célébration leur était proposée.
Rappelons que, jusqu’à présent, les résultats des enquêtes d’opinion (internationales, nationales ou réalisées à l’échelle diocésaine) que nous avons commanditées depuis 10 ans (en ligne sur le site de Paix liturgique) réalisées par des organismes professionnels différents confirmaient une tendance dans le temps et dans l’espace : une partie importante de ce qu’il reste de catholiques pratiquants (généralement autour d’1/3) assisterait à la forme extraordinaire du rite romain si elle était célébrée dans leur paroisse.
Mais voilà qu’un dernier sondage, réalisé dans le diocèse de La Rochelle (notre lettre n° 284) révélait une demande locale encore plus importante : chez les pratiquants de ce diocèse, 40,3% déclaraient vouloir assister à la liturgie extraordinaire chaque semaine et 16,1% à un rythme mensuel. Soit 56,4% des pratiquants actuels du diocèse de La Rochelle qui iraient au moins une fois par mois assister à une messe en forme extraordinaire qui serait proposée dans leur paroisse.
Nous évoquions un certain nombre d’explications possibles à cette augmentation, notamment :
- Ce résultat montrait-il que les diocèses de l’Ouest seraient nettement plus favorables au retour dans les paroisses de l’usus antiquior ?
- Ou bien, plus généralement, le mouvement lancé par le Motu Proprio, augmenté par le bouche à oreille (duquel participent les blogs Internet et nos sondages) était-il en augmentation très significative ?
- Ou encore, le décalage entre les hiérarques catholiques et le « nouveau catholicisme » français, prêtres des nouvelles générations, séminaristes, communautés traditionnelles, familles, mouvements pro-vie, scoutismes, étant de plus en plus flagrant, les sondages liturgiques devenaient-ils une occasion de manifester un « ras-le-bol » certain ?
- Ou enfin, la figure de Mgr Bernard Housset, évêque de La Rochelle, homme d’appareil conciliaire s’il en est depuis l’origine provoquait-elle une réaction particulière de récusation par le « peuple de Dieu » réel ?
Nous remarquions que de prochains sondages pourraient nous donner des éléments de réponse.
b – Or voilà justement que les résultats de Rennes non seulement confirment, mais dépassent ceux de La Rochelle : 43,4 % des catholiques pratiquants (40,3% à La Rochelle) déclarent vouloir assister à la liturgie extraordinaire chaque semaine ; 19,3 % (16,1% à La Rochelle) tous les mois ; soit 62,7 % des catholiques pratiquants (56,4% à La Rochelle), plus d’un catholique pratiquant sur six.
Aux questions que nous posions, une réponse positive se dessine donc :
- Le diocèse de Mgr d’Ornellas est aussi un diocèse de l’Ouest.
- Le mouvement lancé par le Motu Proprio y est en augmentation significative, confirmant l'affirmation (n. 7) de l’instruction Universae Ecclesiae : « En raison de l'augmentation du nombre de ceux qui demandent à pouvoir user de la forme extraordinaire, il est devenu nécessaire de donner quelques normes à ce sujet ».
- Le fait que plus de 60 % des pratiquants affirment qu’ils assisteraient mensuellement à la messe en forme extraordinaire dans leur paroisse, si elle leur était proposée, alors que ce n’est jamais le cas, révèle également une dimension protestataire.
- Enfin la qualité d’homme d’appareil est encore plus marquée – de manière différente : homme de la ligne « parisienne » - chez Mgr d’Ornellas que chez Mgr Housset : le message de récusation est sans doute plus évident.
c – Demande record. Mais offre quasi nulle.
Les réponses faites aux demandeurs dans le diocèse de Mgr d’Ornellas (« Les familles demandeuses ne sont pas assez nombreuses » ; « la messe de Rennes suffit » ; « la majorité des fidèles ne souhaite pas que le Motu Proprio soit appliqué dans la paroisse, cela diviserait la communauté » ; etc.) sont donc autant de contrevérités, qui ont été répétées de manière incantatoire aux demandeurs de Chateaubourg (30 kms de Rennes), de Saint Malo (70 kms de Rennes), de St Méen le Grand (45 kms de Rennes) ou de Vitré (41 kms de Rennes) pour ne citer que quelques-unes des demandes sérieuses dont Paix liturgique a eu connaissance.
Familles demandeuses pas assez nombreuses ? Les familles intéressées par l’application du Motu Proprio dans leurs paroisses représentent 62,7 % des catholiques pratiquants actuels (base catholique allant à la messe au moins une fois par mois) et 43,4 % des catholiques qui vont à la messe tous les dimanches.
Majorité des fidèles opposés à l’application du Motu Proprio ?
Non c’est une minorité : 18,9 % seulement y sont opposés. D’ailleurs, ce faible taux d’opposition aux mesures du Saint Père pourrait d’ailleurs rapidement fondre comme neige au soleil si les curés de paroisses, garants de l’unité, étaient les acteurs actifs de la réconciliation dans l’Eglise en célébrant eux-mêmes indifféremment les deux formes de l’unique rite romain.
Rajoutons comme nous le disions dans notre lettre n°284 : « il serait dommage, et absurde, que nos pasteurs privent la majorité des fidèles d’un droit que le Pape leur a accordé en juillet 2007 et qui vient d’être rappelé dans l’instruction Universae Ecclesiae (voir notre lettre n°283) sous prétexte qu’une petite minorité surreprésentée s’y oppose. »
Et ce d’autant plus que le droit à la forme extraordinaire ne s’exerce pas, rappelons-le, au détriment de la forme ordinaire. Oserons-nous ajouter que les chances qu’a la forme ordinaire de survivre à un désintérêt de plus en plus grand, résident dans un « enrichissement » qui la rapprocherait de la forme extraordinaire ?
On le voit nettement, dans le diocèse de Rennes, les raisons de la non-réception du Motu Proprio ne sont pas à chercher du côté des fidèles (qui ne seraient pas intéressés, pas assez nombreux ou majoritairement opposés au Motu Proprio).
Mais alors d’où vient l’opposition au texte pontifical si elle ne vient pas des fidèles ?
d – Dans notre lettre n° 287, nous avions donné un portrait intellectuel, assurément critique, mais néanmoins complimenteur de Mgr Pierre d’Ornellas. Le fait est qu’il se trouve désormais en face de la demande record de messe en forme extraordinaire.
Se pourrait-il qu’il ne fasse pas bon usage de ces chiffres massifs, étant bien entendu qu’une enquête d’opinion ne prétend pas à l’infaillibilité, mais qu’elle révèle, surtout à ce degré, une demande de « retour » très lourde ?
La déconnexion entre structures ecclésiastiques et fidèles du rang en matière liturgique est de plus en plus évidente.
Car, « le dialogue suppose que l’on ne capture pas la parole » aime à répéter l’archevêque de Rennes.
Souhaitons que ce sondage libère la parole des fidèles du diocèse de Rennes au nom de qui trop de prêtres et de laïcs engagés (en l’occurrence le plus souvent dépendantes des mêmes structures cléricales, évêché ou paroisse, qui refusent d’applique le Motu Proprio) parlent sans jamais leur demander leur avis.
e - Ce sondage a coûté la somme de 4 000 € TTC. Si vous souhaitez participer à son financement et nous permettre de continuer notre travail d’information, vous pouvez adresser votre don à Paix liturgique, 1 allée du Bois Gougenot, 78290 CROISSY-SUR-SEINE en libellant votre chèque à l’ordre de Paix liturgique ou par virement :
IBAN : FR76 3000 3021 9700 0500 0158 593 - BIC : SOGEFRPP.
DEMANDE RECORD DE LA FORME EXTRAORDINAIRE DANS LE DIOCÈSE DE MGR D’ORNELLAS (RENNES) : PLUS DE 6 CATHOLIQUES PRATIQUANTS SUR 10 Y ASSISTERAIENT VOLONTIERS MENSUELLEMENT (SONDAGE JLM ÉTUDES)
lettre 289Rechercher Imprimer Recommander
Dans notre lettre n°287 du 17 juin 2011, nous dressions un panorama affligé de la « réception » du Motu Proprio Summorum Pontificum dans le diocèse de Monseigneur Pierre d’Ornellas :
- une seule messe selon la forme extraordinaire du rite romain pour tout le diocèse de Rennes, messe instaurée en… 1988 par l’archevêque de l’époque ;
- quatre ans après le 7 juillet 2007 (publication du Motu Proprio Summorum Pontificum), pas le moindre commencement d’application du Motu Proprio (pas une seule messe de semaine, pas de messe mensuelle expérimentale ou même de célébration saisonnière à l’occasion des vacances estivales qui drainent vers le diocèse plusieurs dizaines de milliers de catholiques) ;
- plusieurs demandes sérieuses d’application du Motu Proprio refusées au nom de faux arguments (« il n’y a pas de demande » ; « il y a déjà tout ce qu’il faut avec la messe de Rennes », etc.).
Chose promise, chose due, Paix liturgique publie aujourd’hui les résultats du sondage réalisé par un organisme professionnel et indépendant auprès des catholiques du diocèse de Rennes sur la question du Motu Proprio Summorum Pontificum.
Ce sondage a été réalisé par l’organisme JLM Études du 11 au 19 mai 2011 pour le compte de Paix liturgique selon les méthodes habituelles. Comme il est de coutume dans ce type d’études professionnelles, la représentativité est obtenue par la méthode des quotas : arrondissements, communes, sexe et âge.
Cette enquête indépendante a été menée auprès d’un échantillon de 745 personnes représentatives de la population de 18 ans et plus du diocèse de Rennes. Sur ces 745 personnes interrogées, 435 ont déclaré se considérer “catholique”, soit un peu plus de 58 %.
L'intégralité des résultats est consultable sur le site de Paix liturgique.
1/ LES RÉSULTATS
Les résultats qui suivent sont établis sur les réponses des sondés qui se sont déclarés « catholiques ».
a) Assistance à la messe
22,2 % des sondés déclarent assister à la messe chaque semaine ;
11,5 % une à deux fois par mois ;
15,3 % pour les grandes fêtes ;
43,4 % occasionnellement ;
7,4 % jamais ;
0, 2 % ne répondent pas.
b) Connaissance du Motu Proprio
72,2 % des catholiques pratiquants du diocèse disent connaître le Motu Proprio Summorum Pontificum contre 27,8 % qui n’en ont jamais entendu parler.
c) Perception du Motu Proprio
60,6 % des sondés (base : catholiques pratiquants) trouvent normale la coexistence des deux formes du rite romain au sein de leur paroisse ; 20, 5 % n’ont pas d’avis (chiffre à rapprocher des 27,8 % de pratiquants qui ne connaissent pas l’existence du Motu Proprio) et seulement 18,9 % (moins de 1 fidèle sur 5) la trouvent anormale.
d) Participation à la forme extraordinaire
À la question « Si la messe était célébrée en latin et grégorien sous sa forme extraordinaire dans votre paroisse, sans se substituer à celle dite “ordinaire” en français, y assisteriez-vous ? »
Chez les pratiquants, 43,4 % déclarent vouloir assister à la liturgie extraordinaire chaque semaine et 19,3 % à un rythme mensuel. Soit 62,7 % des pratiquants actuels du diocèse de Rennes qui iraient au moins une fois par mois participer à une messe en latin et en grégorien selon le missel de 1962… si le texte du Pape était appliqué dans leur propre paroisse.
Plus de 6 catholiques pratiquant sur 10.
2/ LES RÉFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE
a – Le chiffre qui précède est un chiffre record, plus élevé encore que le chiffre du diocèse de La Rochelle : dans le diocèse de Mgr d’Ornellas, plus de 6 catholiques pratiquants sur 10 assisteraient volontiers à la messe traditionnelle au moins une fois par mois (4 sur 10 tous les dimanches), si une telle célébration leur était proposée.
Rappelons que, jusqu’à présent, les résultats des enquêtes d’opinion (internationales, nationales ou réalisées à l’échelle diocésaine) que nous avons commanditées depuis 10 ans (en ligne sur le site de Paix liturgique) réalisées par des organismes professionnels différents confirmaient une tendance dans le temps et dans l’espace : une partie importante de ce qu’il reste de catholiques pratiquants (généralement autour d’1/3) assisterait à la forme extraordinaire du rite romain si elle était célébrée dans leur paroisse.
Mais voilà qu’un dernier sondage, réalisé dans le diocèse de La Rochelle (notre lettre n° 284) révélait une demande locale encore plus importante : chez les pratiquants de ce diocèse, 40,3% déclaraient vouloir assister à la liturgie extraordinaire chaque semaine et 16,1% à un rythme mensuel. Soit 56,4% des pratiquants actuels du diocèse de La Rochelle qui iraient au moins une fois par mois assister à une messe en forme extraordinaire qui serait proposée dans leur paroisse.
Nous évoquions un certain nombre d’explications possibles à cette augmentation, notamment :
- Ce résultat montrait-il que les diocèses de l’Ouest seraient nettement plus favorables au retour dans les paroisses de l’usus antiquior ?
- Ou bien, plus généralement, le mouvement lancé par le Motu Proprio, augmenté par le bouche à oreille (duquel participent les blogs Internet et nos sondages) était-il en augmentation très significative ?
- Ou encore, le décalage entre les hiérarques catholiques et le « nouveau catholicisme » français, prêtres des nouvelles générations, séminaristes, communautés traditionnelles, familles, mouvements pro-vie, scoutismes, étant de plus en plus flagrant, les sondages liturgiques devenaient-ils une occasion de manifester un « ras-le-bol » certain ?
- Ou enfin, la figure de Mgr Bernard Housset, évêque de La Rochelle, homme d’appareil conciliaire s’il en est depuis l’origine provoquait-elle une réaction particulière de récusation par le « peuple de Dieu » réel ?
Nous remarquions que de prochains sondages pourraient nous donner des éléments de réponse.
b – Or voilà justement que les résultats de Rennes non seulement confirment, mais dépassent ceux de La Rochelle : 43,4 % des catholiques pratiquants (40,3% à La Rochelle) déclarent vouloir assister à la liturgie extraordinaire chaque semaine ; 19,3 % (16,1% à La Rochelle) tous les mois ; soit 62,7 % des catholiques pratiquants (56,4% à La Rochelle), plus d’un catholique pratiquant sur six.
Aux questions que nous posions, une réponse positive se dessine donc :
- Le diocèse de Mgr d’Ornellas est aussi un diocèse de l’Ouest.
- Le mouvement lancé par le Motu Proprio y est en augmentation significative, confirmant l'affirmation (n. 7) de l’instruction Universae Ecclesiae : « En raison de l'augmentation du nombre de ceux qui demandent à pouvoir user de la forme extraordinaire, il est devenu nécessaire de donner quelques normes à ce sujet ».
- Le fait que plus de 60 % des pratiquants affirment qu’ils assisteraient mensuellement à la messe en forme extraordinaire dans leur paroisse, si elle leur était proposée, alors que ce n’est jamais le cas, révèle également une dimension protestataire.
- Enfin la qualité d’homme d’appareil est encore plus marquée – de manière différente : homme de la ligne « parisienne » - chez Mgr d’Ornellas que chez Mgr Housset : le message de récusation est sans doute plus évident.
c – Demande record. Mais offre quasi nulle.
Les réponses faites aux demandeurs dans le diocèse de Mgr d’Ornellas (« Les familles demandeuses ne sont pas assez nombreuses » ; « la messe de Rennes suffit » ; « la majorité des fidèles ne souhaite pas que le Motu Proprio soit appliqué dans la paroisse, cela diviserait la communauté » ; etc.) sont donc autant de contrevérités, qui ont été répétées de manière incantatoire aux demandeurs de Chateaubourg (30 kms de Rennes), de Saint Malo (70 kms de Rennes), de St Méen le Grand (45 kms de Rennes) ou de Vitré (41 kms de Rennes) pour ne citer que quelques-unes des demandes sérieuses dont Paix liturgique a eu connaissance.
Familles demandeuses pas assez nombreuses ? Les familles intéressées par l’application du Motu Proprio dans leurs paroisses représentent 62,7 % des catholiques pratiquants actuels (base catholique allant à la messe au moins une fois par mois) et 43,4 % des catholiques qui vont à la messe tous les dimanches.
Majorité des fidèles opposés à l’application du Motu Proprio ?
Non c’est une minorité : 18,9 % seulement y sont opposés. D’ailleurs, ce faible taux d’opposition aux mesures du Saint Père pourrait d’ailleurs rapidement fondre comme neige au soleil si les curés de paroisses, garants de l’unité, étaient les acteurs actifs de la réconciliation dans l’Eglise en célébrant eux-mêmes indifféremment les deux formes de l’unique rite romain.
Rajoutons comme nous le disions dans notre lettre n°284 : « il serait dommage, et absurde, que nos pasteurs privent la majorité des fidèles d’un droit que le Pape leur a accordé en juillet 2007 et qui vient d’être rappelé dans l’instruction Universae Ecclesiae (voir notre lettre n°283) sous prétexte qu’une petite minorité surreprésentée s’y oppose. »
Et ce d’autant plus que le droit à la forme extraordinaire ne s’exerce pas, rappelons-le, au détriment de la forme ordinaire. Oserons-nous ajouter que les chances qu’a la forme ordinaire de survivre à un désintérêt de plus en plus grand, résident dans un « enrichissement » qui la rapprocherait de la forme extraordinaire ?
On le voit nettement, dans le diocèse de Rennes, les raisons de la non-réception du Motu Proprio ne sont pas à chercher du côté des fidèles (qui ne seraient pas intéressés, pas assez nombreux ou majoritairement opposés au Motu Proprio).
Mais alors d’où vient l’opposition au texte pontifical si elle ne vient pas des fidèles ?
d – Dans notre lettre n° 287, nous avions donné un portrait intellectuel, assurément critique, mais néanmoins complimenteur de Mgr Pierre d’Ornellas. Le fait est qu’il se trouve désormais en face de la demande record de messe en forme extraordinaire.
Se pourrait-il qu’il ne fasse pas bon usage de ces chiffres massifs, étant bien entendu qu’une enquête d’opinion ne prétend pas à l’infaillibilité, mais qu’elle révèle, surtout à ce degré, une demande de « retour » très lourde ?
La déconnexion entre structures ecclésiastiques et fidèles du rang en matière liturgique est de plus en plus évidente.
Car, « le dialogue suppose que l’on ne capture pas la parole » aime à répéter l’archevêque de Rennes.
Souhaitons que ce sondage libère la parole des fidèles du diocèse de Rennes au nom de qui trop de prêtres et de laïcs engagés (en l’occurrence le plus souvent dépendantes des mêmes structures cléricales, évêché ou paroisse, qui refusent d’applique le Motu Proprio) parlent sans jamais leur demander leur avis.
e - Ce sondage a coûté la somme de 4 000 € TTC. Si vous souhaitez participer à son financement et nous permettre de continuer notre travail d’information, vous pouvez adresser votre don à Paix liturgique, 1 allée du Bois Gougenot, 78290 CROISSY-SUR-SEINE en libellant votre chèque à l’ordre de Paix liturgique ou par virement :
IBAN : FR76 3000 3021 9700 0500 0158 593 - BIC : SOGEFRPP.
Her- Messages : 9481
Date d'inscription : 01/05/2009
Localisation : France
Re: La Sainte Eglise de Dieu - Motu Proprio "Summorum Pontificum" et l'Instruction « Universae Ecclesiae » du Vendredi 13 mai 2011
http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2011/07/dans-un-esprit-dapaisement-.html
05 juillet 2011
Dans un esprit d'apaisement
Voici une réaction d'un lecteur, parue dans le n° 1746 de Famille chrétienne :
"Nous avons été révoltés de la une de votre dernier numéro : une photo d'un prêtre "tradi" qui célèbre dans des habits anciens, dos aux fidèles, et certainement loin d'eux. C'est faire trop d'honneur aux "tradis" de leur accorder cette une. Avec leurs célébrations, leurs habillements et leurs coutumes ancestrales, ils font fuir et repoussent les jeunes et les chrétiens "moyens" d'aujourd'hui. Quand Jésus a institué la Cène, il a dit : "Prenez et mangez". Il n'a pas dit : "Ouvrez la bouche et passez la langue"... A Noël dernier, nous avons abonné deux de nos jeunes ménages à votre hebdomadaire en leur disant qu'il s'était modernisé... Vous imaginez leurs réflexions !"
L'abbé Eric Iborra, vicaire à la paroisse St Eugène, qui est le prêtre en photo, répond sur Facebook :
"Quelque peu piqué au vif, le prêtre "tradi" dont le dos a tant scandalisé voudrait "se retourner" pour faire observer à ses contradicteurs ce qui suit :
1 - Abonné depuis son ordination, il y a plus de 20 ans, à FC, il a accepté en 2007 d'être affecté à une paroisse où il célèbre alternativement les deux formes du rite romain. Il a donc appris la forme extraordinaire il y a 4 ans seulement et pratique depuis avec bonheur "l'enrichissement mutuel" des deux formes dans un esprit d'apaisement qui est celui que voulait justement promouvoir ce dossier.
2 - Comme Benoît XVI lui-même, il observe avec une nuance d'étonnement, dans sa paroisse de S. Eugène, à Paris, que nombre jeunes n'ayant jamais réussi à s'ancrer dans une forme ordinaire qui se voulait pourtant proche de leurs préoccupations supposées ont eu le coup de foudre en assistant (ou en "participant" si vous préférez) à la forme extraordinaire. Au point qu'ils s'y sont engagés jusqu'à - pour un certain nombre - entrer au séminaire ou au noviciat quelques années plus tard. En 20 ans, la communauté "forme extraordinaire" de S. Eugène, qui ne dépasse pas 300 personnes, a donné une trentaine de prêtres et de moines, sans compter ceux qui sont en cours de formation et qui, pour la plupart, ne proviennent pas de familles "tradies". Actuellement, nous avons 2 à 3 entrées par an, soit près d'1 % de notre effectif ! Chaque année, de jeunes adultes demandent le baptême ou la confirmation pour des motifs profondément spirituels, qui ne sont ni sociologiques ni politiques. Loin de faire fuir les jeunes, la forme extraordinaire en attire un bon nombre : la photo en cause me montre célébrant la messe du samedi au pèlerinage de Chartres de 2009 pour 8000 personnes dont 80 % ont moins de 25 ans.
3 - Un mot enfin de l'orientation. Depuis les origines, la messe se célèbre face à l'Orient, face au soleil levant, symbole du Christ ressuscité, récapitulant le cosmos dans sa victoire. Le missel de Paul VI, dans sa version latine, précise à 3 reprises qu'à l'autel le prêtre se retourne vers le peuple : ce qui signifie bien que le reste du temps il lui tourne le dos parce qu'il est, avec l'ensemble des fidèles, "tourné vers le Seigneur". En conclusion, je dirai que la forme extraordinaire exprime de manière plus convaincante la verticalité du culte et l'indisponibilité de ses rites. Et j'avoue que je n'y suis pas insensible..."
Posté le 5 juillet 2011 à 18h38 par Michel Janva
05 juillet 2011
Dans un esprit d'apaisement
Voici une réaction d'un lecteur, parue dans le n° 1746 de Famille chrétienne :
"Nous avons été révoltés de la une de votre dernier numéro : une photo d'un prêtre "tradi" qui célèbre dans des habits anciens, dos aux fidèles, et certainement loin d'eux. C'est faire trop d'honneur aux "tradis" de leur accorder cette une. Avec leurs célébrations, leurs habillements et leurs coutumes ancestrales, ils font fuir et repoussent les jeunes et les chrétiens "moyens" d'aujourd'hui. Quand Jésus a institué la Cène, il a dit : "Prenez et mangez". Il n'a pas dit : "Ouvrez la bouche et passez la langue"... A Noël dernier, nous avons abonné deux de nos jeunes ménages à votre hebdomadaire en leur disant qu'il s'était modernisé... Vous imaginez leurs réflexions !"
L'abbé Eric Iborra, vicaire à la paroisse St Eugène, qui est le prêtre en photo, répond sur Facebook :
"Quelque peu piqué au vif, le prêtre "tradi" dont le dos a tant scandalisé voudrait "se retourner" pour faire observer à ses contradicteurs ce qui suit :
1 - Abonné depuis son ordination, il y a plus de 20 ans, à FC, il a accepté en 2007 d'être affecté à une paroisse où il célèbre alternativement les deux formes du rite romain. Il a donc appris la forme extraordinaire il y a 4 ans seulement et pratique depuis avec bonheur "l'enrichissement mutuel" des deux formes dans un esprit d'apaisement qui est celui que voulait justement promouvoir ce dossier.
2 - Comme Benoît XVI lui-même, il observe avec une nuance d'étonnement, dans sa paroisse de S. Eugène, à Paris, que nombre jeunes n'ayant jamais réussi à s'ancrer dans une forme ordinaire qui se voulait pourtant proche de leurs préoccupations supposées ont eu le coup de foudre en assistant (ou en "participant" si vous préférez) à la forme extraordinaire. Au point qu'ils s'y sont engagés jusqu'à - pour un certain nombre - entrer au séminaire ou au noviciat quelques années plus tard. En 20 ans, la communauté "forme extraordinaire" de S. Eugène, qui ne dépasse pas 300 personnes, a donné une trentaine de prêtres et de moines, sans compter ceux qui sont en cours de formation et qui, pour la plupart, ne proviennent pas de familles "tradies". Actuellement, nous avons 2 à 3 entrées par an, soit près d'1 % de notre effectif ! Chaque année, de jeunes adultes demandent le baptême ou la confirmation pour des motifs profondément spirituels, qui ne sont ni sociologiques ni politiques. Loin de faire fuir les jeunes, la forme extraordinaire en attire un bon nombre : la photo en cause me montre célébrant la messe du samedi au pèlerinage de Chartres de 2009 pour 8000 personnes dont 80 % ont moins de 25 ans.
3 - Un mot enfin de l'orientation. Depuis les origines, la messe se célèbre face à l'Orient, face au soleil levant, symbole du Christ ressuscité, récapitulant le cosmos dans sa victoire. Le missel de Paul VI, dans sa version latine, précise à 3 reprises qu'à l'autel le prêtre se retourne vers le peuple : ce qui signifie bien que le reste du temps il lui tourne le dos parce qu'il est, avec l'ensemble des fidèles, "tourné vers le Seigneur". En conclusion, je dirai que la forme extraordinaire exprime de manière plus convaincante la verticalité du culte et l'indisponibilité de ses rites. Et j'avoue que je n'y suis pas insensible..."
Posté le 5 juillet 2011 à 18h38 par Michel Janva
Her- Messages : 9481
Date d'inscription : 01/05/2009
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Re: La Sainte Eglise de Dieu - Motu Proprio "Summorum Pontificum" et l'Instruction « Universae Ecclesiae » du Vendredi 13 mai 2011
http://www.paixliturgique.com/
La Lettre de Paix liturgique
Sommaire de notre lettre 290 du 7 Juillet 2011
LA CROISSANCE DES ORDINATIONS « EXTRAORDINAIRES » CONTINUE EN 2011 - UNE URGENCE PASTORALE INSCRITE DANS LES CHIFFRES : LA DIFFUSION DE LA LITURGIE TRADITIONNELLE
« La question de l’accueil des vocations n’a pas d’abord ni seulement une importance statistique, pastorale, sociologique : elle constitue, pour l’Église elle-même et dans son mystère profond, le test de la foi en la grâce de son élection » (cardinal Lustiger, « Le Pasteur du diocèse, premier responsable des vocations », in Le cardinal Lustiger et le sacerdoce (sous la direction de Gérard Pelletier, Collège des Bernardins/Parole et Silence, juin 2011, p. 283).
Le « test de la foi »
Comme chaque année au mois de juin, la Conférence des Évêques de France vient de donner le chiffre des ordinations diocésaines pour l’année 2011 : 109 ordinations de prêtres diocésains (http://www.eglise.catholique.fr/conference-des-eveques-de-france/espace-presse/communiques-de-presse/ordinations-presbyterales-en-france-12067.html).
On avait reproché l'an dernier à la CEF certaines approximations : en juin 2010, la CEF annonçait 83 ordinations diocésaines pour 2010, mais en novembre 2010, elle parlait de 96, en précisant que le chiffre englobait « 11 hors cursus », vraisemblablement les ordinations de la Communauté Saint-Martin et les 2 ordinations de la Communauté Saint-Thomas-Becket et 8 ordinations des communautés Ecclesia Dei.
Elle fournit cette fois force détails, mais de manière, il faut avouer, peu compréhensible : « Les évaluations de la Conférence des évêques de France pour l'année 2011 donnent 111 ordinations de prêtres diocésains. Soit 103 pour les diocèses de France, dont 5 de la Communauté de l'Emmanuel, et 6 des Missions Étrangères de Paris pour l’Église d'Asie. Ceci sans compter les religieux ordonnés dans le cadre de congrégations ou les membres de sociétés de prêtres. Ce chiffre de 109 est à comparer aux 96 ordinations en 2010, 89 en 2009 ».
Il y aurait donc 111 ordinations diocésaines, soit103 ordinations pour les diocèses de France, ce qui donne 109… Quel que soit le chiffre retenu, il peut se réajuster avec 8 ordinations pour la Communauté Saint-Martin, qui forme de fait des prêtres pour les diocèses de France. Conservons donc ce chiffre de 109.
Il est donc un peu plus élevé que celui des années précédentes (il y avait 96 ordinations recensées en 2010, 89 en 2009, 98 en 2008, 101 en 2007, 68 en 2006). Il est sans doute plus élevé que ne sera celui de l’année à venir (77 diacres ont été ordonnés qui deviendront prêtres l’an prochain). La pénurie n’est cependant pas universelle : tout le monde a souligné le nombre relativement très important des prêtres ordonnés à Toulon (15). Pour ce seul diocèse, la CEF prend la peine de préciser que les prêtres ordonnés pour le diocèse appartiennent parfois à des communautés (la plupart diocésaines) : 2 sont de la Communauté Point Cœur, 2 de la Communauté St Joseph Gardien, 2 de la Communauté de l'Immaculée Conception, 2 de la Fraternité Missionnaire ND de la Mission, 2 de la Fraternité missionnaire Jean-Paul II, 1 Missionnaire du Saint Sacrement.
Dans le même temps, les ordinations dans la forme extraordinaire de prêtres français assimilables à des prêtres diocésains (non compris, par conséquent, les religieux) qui célèbreront la messe en la forme extraordinaire continuent leur progression. Ils étaient 16 en 2010, dont 8 pour la Fraternité Saint-Pie-X, 15 en 2009, dont 6 pour la FSSPX, 10 et 8 les années précédentes. Ils sont, en 2011, 18 prêtres français, dont 11 de la Fraternité Saint-Pie-X.
Nous rappelons (voir notre lettre n°275) que les séminaristes diocésains français en 2011, non compris les étudiants en année de propédeutique, étaient 740, cependant que les séminaristes français “extraordinaires”, non compris les étudiants en année de spiritualité, étaient 140, dont 50 pour la FSSPX.
La proportion de séminaristes à strictement parler “extraordinaires” (se destinant à la célébration habituelle de la forme extraordinaire) est donc de 16%. Mais si le chiffre des entrées “extraordinaires” en année de spiritualité reste stable (42 en 2010/2011, pour 41 en 2009/2010), la proportion est, quant à elle, en franche progression : avec tous correctifs à la baisse, ces étudiants représentent 33% des étudiants en discernement en 2010, contre 23% en 2009. Il est donc probable que la proportion des ordinations “extraordinaires” va continuer à croître.
Un vivier qui pourrait s’élargir : l’exemple parisien
Le vivier des ordinations traditionnelles est très logiquement lié à la célébration de la messe traditionnelle. Or, on sait que sa diffusion pourrait être nettement plus importante en France qu’elle n’est aujourd’hui, si toutes les facilités pastorales lui étaient données. Ce qui est loin d’être le cas, comme on le sait.
Prenons l’exemple parisien. Dans Paris intra muros, 23 messes extraordinaires officielles ou non sont célébrées tous les dimanches dans 11 lieux (l’église Saint Germain l'Auxerrois, le Centre Saint-Paul, l’église Saint-Nicolas-du-Chardonnet, la chapelle Notre-Dame de la Purification, l’église Saint-Eugène, l’église Notre Dame du Travail, la chapelle du Sacré-Coeur, rue Gerbert, la chapelle Notre-Dame-du-Lys, l’église Sainte-Jeanne de Chantal, l’église Sainte-Odile, la chapelle Sainte-Germaine).
La pratique dominicale recensée est la suivante :
- Saint Germain l'Auxerrois, Saint-Eugène, Notre Dame du Travail, Notre-Dame-du-Lys, Sainte-Jeanne de Chantal, Sainte-Odile (messes officiellement autorisées : 1000 à 1200 personnes,
- Centre Saint-Paul, Notre-Dame de la Purification (chapelles privées) : 350 à 450 personnes,
- Saint-Nicolas-du-Chardonnet, rue Gerbert, chapelle Sainte-Germaine (FSSPX) : 3600 à 4600 personnes.
L’église St-Nicolas-du-Chardonnet, bénéficiant de son attrait symbolique et de sa position d’église offrant tous les services paroissiaux, telles d’autres églises dans d'autres diocèses desservies par telle ou telle fraternité, reçoit à elle seule une moyenne de 3500 fidèles tous les dimanches. Il est vrai qu’un certain nombre de fidèles qui s’y rendent viennent de l’extérieur de Paris, mais c’est aussi le cas d’autres églises parisiennes, comme celle de la Trinité.
Au total, on peut dire que 5000 à 6000 personnes assistent tous les dimanches à la messe en forme extraordinaire à Paris (chiffre supérieur, après décompte plus précis, à celui de 4000 que nous avancions dans notre lettre n°220). Si l’on évalue les pratiquants dominicaux parisiens à une centaine de mille (voir notre sondage publié dans la lettre n°220 - sondage réalisé par Harris Interactive du 27 janvier au 2 février 2010), les pratiquants de la forme extraordinaires représentent donc au minimum 5 % de l’ensemble des pratiquants parisiens. Ce qui peut paraître relativement important, mais est en réalité fort peu par rapport à ce qui devrait être , puisqu’un tiers environ des pratiquants “ordinaires” interrogés assisteraient volontiers à la messe traditionnelle si elle était célébrée dans leur paroisse (cf. sondage précité). En 2009, Mgr Chauvet (1) estimait « normal qu'à terme la forme extraordinaire soit célébrée dans tous les doyennés parisiens ». Si c'était effectivement le cas, le chiffre des fidèles serait aussitôt multiplié par deux ou trois.
Or, il se trouve que le chiffre des ordinations parisiennes n’a jamais été aussi bas (4 ordinations en 2011 comportant l'ordination de trois prêtres dont il n'est pas certain qu'ils restent attachés au diocèse de Paris : Gustave Lusasi Tampiku, né en République Démocratique du Congo, Derek Friedle, originaire de Stuttgart et Bernard Miclescu, né en Roumanie). D’où la question qui se présente d’elle-même : considérant que la natalité des pratiquants de la messe traditionnelle en France est très nettement supérieure à celle, qui ne cesse de s’effriter, de ceux de la messe ordinaire, n’y a-t-il pas évidente urgence pastorale, y compris à Paris, à libéraliser la célébration de la messe en sa forme extraordinaire ?
Concluant un colloque au collège des Bernardins, en mars dernier, sur le thème « Le cardinal Lustiger et le sacerdoce » (Actes sous la direction de Gérard Pelletier, Collège des Bernardins/Parole et Silence, op. cit., juin 2011), le cardinal Vingt-Trois disait : « La vitalité spirituelle d’une communauté chrétienne n’est pas attestée seulement à partir d’un certain pourcentage de vocations sacerdotales en son sein ». On le veut bien, mais c’est tout de même une indication importante. Et l’on ne saurait qu’être d’accord avec le cardinal qui continuait par un procédé d’antiphrase qu’il aime bien : « S’il n’y a pas une vitalité sacramentelle des communautés chrétiennes et si cette vitalité sacramentelle ne s’exprime pas dans une dynamique missionnaire, il n’y a pas besoin de prêtres ! »
Justement, les quelques 20.000 jeunes pèlerins des pèlerinages traditionnels de la Pentecôte n’attestent-ils pas la vitalité sacramentelle et missionnaire des communautés chrétiennes qui vivent au rythme spirituel de la messe en forme extraordinaire ? Elles démontrent qu’il y a toujours un grand besoin de prêtres et elles représentent un des moyens privilégiés de les procurer…
(1) Lors d'une réunion du GREC (groupe de rencontre entre catholiques). Mgr Patrick Chauvet est vicaire épiscopal pour l'usage de la forme extraordinaire du rite romain à Paris.
La Lettre de Paix liturgique
Sommaire de notre lettre 290 du 7 Juillet 2011
LA CROISSANCE DES ORDINATIONS « EXTRAORDINAIRES » CONTINUE EN 2011 - UNE URGENCE PASTORALE INSCRITE DANS LES CHIFFRES : LA DIFFUSION DE LA LITURGIE TRADITIONNELLE
« La question de l’accueil des vocations n’a pas d’abord ni seulement une importance statistique, pastorale, sociologique : elle constitue, pour l’Église elle-même et dans son mystère profond, le test de la foi en la grâce de son élection » (cardinal Lustiger, « Le Pasteur du diocèse, premier responsable des vocations », in Le cardinal Lustiger et le sacerdoce (sous la direction de Gérard Pelletier, Collège des Bernardins/Parole et Silence, juin 2011, p. 283).
Le « test de la foi »
Comme chaque année au mois de juin, la Conférence des Évêques de France vient de donner le chiffre des ordinations diocésaines pour l’année 2011 : 109 ordinations de prêtres diocésains (http://www.eglise.catholique.fr/conference-des-eveques-de-france/espace-presse/communiques-de-presse/ordinations-presbyterales-en-france-12067.html).
On avait reproché l'an dernier à la CEF certaines approximations : en juin 2010, la CEF annonçait 83 ordinations diocésaines pour 2010, mais en novembre 2010, elle parlait de 96, en précisant que le chiffre englobait « 11 hors cursus », vraisemblablement les ordinations de la Communauté Saint-Martin et les 2 ordinations de la Communauté Saint-Thomas-Becket et 8 ordinations des communautés Ecclesia Dei.
Elle fournit cette fois force détails, mais de manière, il faut avouer, peu compréhensible : « Les évaluations de la Conférence des évêques de France pour l'année 2011 donnent 111 ordinations de prêtres diocésains. Soit 103 pour les diocèses de France, dont 5 de la Communauté de l'Emmanuel, et 6 des Missions Étrangères de Paris pour l’Église d'Asie. Ceci sans compter les religieux ordonnés dans le cadre de congrégations ou les membres de sociétés de prêtres. Ce chiffre de 109 est à comparer aux 96 ordinations en 2010, 89 en 2009 ».
Il y aurait donc 111 ordinations diocésaines, soit103 ordinations pour les diocèses de France, ce qui donne 109… Quel que soit le chiffre retenu, il peut se réajuster avec 8 ordinations pour la Communauté Saint-Martin, qui forme de fait des prêtres pour les diocèses de France. Conservons donc ce chiffre de 109.
Il est donc un peu plus élevé que celui des années précédentes (il y avait 96 ordinations recensées en 2010, 89 en 2009, 98 en 2008, 101 en 2007, 68 en 2006). Il est sans doute plus élevé que ne sera celui de l’année à venir (77 diacres ont été ordonnés qui deviendront prêtres l’an prochain). La pénurie n’est cependant pas universelle : tout le monde a souligné le nombre relativement très important des prêtres ordonnés à Toulon (15). Pour ce seul diocèse, la CEF prend la peine de préciser que les prêtres ordonnés pour le diocèse appartiennent parfois à des communautés (la plupart diocésaines) : 2 sont de la Communauté Point Cœur, 2 de la Communauté St Joseph Gardien, 2 de la Communauté de l'Immaculée Conception, 2 de la Fraternité Missionnaire ND de la Mission, 2 de la Fraternité missionnaire Jean-Paul II, 1 Missionnaire du Saint Sacrement.
Dans le même temps, les ordinations dans la forme extraordinaire de prêtres français assimilables à des prêtres diocésains (non compris, par conséquent, les religieux) qui célèbreront la messe en la forme extraordinaire continuent leur progression. Ils étaient 16 en 2010, dont 8 pour la Fraternité Saint-Pie-X, 15 en 2009, dont 6 pour la FSSPX, 10 et 8 les années précédentes. Ils sont, en 2011, 18 prêtres français, dont 11 de la Fraternité Saint-Pie-X.
Nous rappelons (voir notre lettre n°275) que les séminaristes diocésains français en 2011, non compris les étudiants en année de propédeutique, étaient 740, cependant que les séminaristes français “extraordinaires”, non compris les étudiants en année de spiritualité, étaient 140, dont 50 pour la FSSPX.
La proportion de séminaristes à strictement parler “extraordinaires” (se destinant à la célébration habituelle de la forme extraordinaire) est donc de 16%. Mais si le chiffre des entrées “extraordinaires” en année de spiritualité reste stable (42 en 2010/2011, pour 41 en 2009/2010), la proportion est, quant à elle, en franche progression : avec tous correctifs à la baisse, ces étudiants représentent 33% des étudiants en discernement en 2010, contre 23% en 2009. Il est donc probable que la proportion des ordinations “extraordinaires” va continuer à croître.
Un vivier qui pourrait s’élargir : l’exemple parisien
Le vivier des ordinations traditionnelles est très logiquement lié à la célébration de la messe traditionnelle. Or, on sait que sa diffusion pourrait être nettement plus importante en France qu’elle n’est aujourd’hui, si toutes les facilités pastorales lui étaient données. Ce qui est loin d’être le cas, comme on le sait.
Prenons l’exemple parisien. Dans Paris intra muros, 23 messes extraordinaires officielles ou non sont célébrées tous les dimanches dans 11 lieux (l’église Saint Germain l'Auxerrois, le Centre Saint-Paul, l’église Saint-Nicolas-du-Chardonnet, la chapelle Notre-Dame de la Purification, l’église Saint-Eugène, l’église Notre Dame du Travail, la chapelle du Sacré-Coeur, rue Gerbert, la chapelle Notre-Dame-du-Lys, l’église Sainte-Jeanne de Chantal, l’église Sainte-Odile, la chapelle Sainte-Germaine).
La pratique dominicale recensée est la suivante :
- Saint Germain l'Auxerrois, Saint-Eugène, Notre Dame du Travail, Notre-Dame-du-Lys, Sainte-Jeanne de Chantal, Sainte-Odile (messes officiellement autorisées : 1000 à 1200 personnes,
- Centre Saint-Paul, Notre-Dame de la Purification (chapelles privées) : 350 à 450 personnes,
- Saint-Nicolas-du-Chardonnet, rue Gerbert, chapelle Sainte-Germaine (FSSPX) : 3600 à 4600 personnes.
L’église St-Nicolas-du-Chardonnet, bénéficiant de son attrait symbolique et de sa position d’église offrant tous les services paroissiaux, telles d’autres églises dans d'autres diocèses desservies par telle ou telle fraternité, reçoit à elle seule une moyenne de 3500 fidèles tous les dimanches. Il est vrai qu’un certain nombre de fidèles qui s’y rendent viennent de l’extérieur de Paris, mais c’est aussi le cas d’autres églises parisiennes, comme celle de la Trinité.
Au total, on peut dire que 5000 à 6000 personnes assistent tous les dimanches à la messe en forme extraordinaire à Paris (chiffre supérieur, après décompte plus précis, à celui de 4000 que nous avancions dans notre lettre n°220). Si l’on évalue les pratiquants dominicaux parisiens à une centaine de mille (voir notre sondage publié dans la lettre n°220 - sondage réalisé par Harris Interactive du 27 janvier au 2 février 2010), les pratiquants de la forme extraordinaires représentent donc au minimum 5 % de l’ensemble des pratiquants parisiens. Ce qui peut paraître relativement important, mais est en réalité fort peu par rapport à ce qui devrait être , puisqu’un tiers environ des pratiquants “ordinaires” interrogés assisteraient volontiers à la messe traditionnelle si elle était célébrée dans leur paroisse (cf. sondage précité). En 2009, Mgr Chauvet (1) estimait « normal qu'à terme la forme extraordinaire soit célébrée dans tous les doyennés parisiens ». Si c'était effectivement le cas, le chiffre des fidèles serait aussitôt multiplié par deux ou trois.
Or, il se trouve que le chiffre des ordinations parisiennes n’a jamais été aussi bas (4 ordinations en 2011 comportant l'ordination de trois prêtres dont il n'est pas certain qu'ils restent attachés au diocèse de Paris : Gustave Lusasi Tampiku, né en République Démocratique du Congo, Derek Friedle, originaire de Stuttgart et Bernard Miclescu, né en Roumanie). D’où la question qui se présente d’elle-même : considérant que la natalité des pratiquants de la messe traditionnelle en France est très nettement supérieure à celle, qui ne cesse de s’effriter, de ceux de la messe ordinaire, n’y a-t-il pas évidente urgence pastorale, y compris à Paris, à libéraliser la célébration de la messe en sa forme extraordinaire ?
Concluant un colloque au collège des Bernardins, en mars dernier, sur le thème « Le cardinal Lustiger et le sacerdoce » (Actes sous la direction de Gérard Pelletier, Collège des Bernardins/Parole et Silence, op. cit., juin 2011), le cardinal Vingt-Trois disait : « La vitalité spirituelle d’une communauté chrétienne n’est pas attestée seulement à partir d’un certain pourcentage de vocations sacerdotales en son sein ». On le veut bien, mais c’est tout de même une indication importante. Et l’on ne saurait qu’être d’accord avec le cardinal qui continuait par un procédé d’antiphrase qu’il aime bien : « S’il n’y a pas une vitalité sacramentelle des communautés chrétiennes et si cette vitalité sacramentelle ne s’exprime pas dans une dynamique missionnaire, il n’y a pas besoin de prêtres ! »
Justement, les quelques 20.000 jeunes pèlerins des pèlerinages traditionnels de la Pentecôte n’attestent-ils pas la vitalité sacramentelle et missionnaire des communautés chrétiennes qui vivent au rythme spirituel de la messe en forme extraordinaire ? Elles démontrent qu’il y a toujours un grand besoin de prêtres et elles représentent un des moyens privilégiés de les procurer…
(1) Lors d'une réunion du GREC (groupe de rencontre entre catholiques). Mgr Patrick Chauvet est vicaire épiscopal pour l'usage de la forme extraordinaire du rite romain à Paris.
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Date d'inscription : 01/05/2009
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Re: La Sainte Eglise de Dieu - Motu Proprio "Summorum Pontificum" et l'Instruction « Universae Ecclesiae » du Vendredi 13 mai 2011
http://www.paixliturgique.fr/
SONDAGE DE PAIX LITURGIQUE EN ESPAGNE :
Le Motu Proprio y est presque inconnu mais très attendu !
Du 16 au 21 août, Madrid accueillera les JMJ. Le Saint Père s'y rendra à partir du 18 et célébrera la messe pour les séminaristes le samedi 20 et la messe de clôture le 21. Cet événement nous a incités à compléter notre campagne européenne de sondages sur la réception du Motu Proprio Summorum Pontificum par une enquête en Espagne. Confiée au très sérieux Institut Ipsos, celle-ci a été réalisée en deux vagues d'entretiens directs au cours du mois de juin. 2000 Espagnols de 15 ans et plus, dont 1265 ont déclaré être catholiques, y ont répondu.
I – La forme extraordinaire en Espagne
Ce n'est pas compliqué, elle n'existe quasiment pas ! Avant le 7 juillet 2007, les messes traditionnelles dominicales se comptaient sur les doigts d'une main, Fraternité saint Pie X comprise...
Aujourd'hui, elle demeure extrêmement peu développée : trois messes dominicales hebdomadaires pour la FSSPX,et pas plus d'une quinzaine dites par des prêtres diocésains ou Ecclesia Dei. En outre, le nombre des fidèles assistant à ces messes est généralement faible, ce qui tranche avec la situation habituelle de la forme extraordinaire, d'ordinaire très fréquentée. Il faut dire que les horaires des messes sont souvent peu favorables aux familles (8h30, 19h30, etc.).
Mais il faut considérer que la situation est en pleine mutation – ce que le présent sondage, comme on va le voir, confirme. Une dynamique se dessine en effet, notamment portée par des groupes de demandeurs souvent jeunes et des prêtres désireux de mettre leurs pas dans ceux du Saint Père et du cardinal Cañizares, préfet de la Congrégation pour le Culte divin et ancien archevêque de Tolède (voir notre lettre 180 ). Mais le signe majeur de cette évolution est le nombre croissant de jeunes prêtres apprenant à célébrer la messe traditionnelle.
Dans notre lettre 275, nous indiquions que la baisse du nombre des séminaristes en Espagne était très impressionnante : 1 227 grands séminaristes en 2010-2011, contre 1 337 l’an passé, soit une chute de 9% en une année, que l’épiscopat espagnol camoufle un peu, en ajoutant aux chiffres des grands séminaires ceux des petits séminaires, qui existent encore dans la péninsule ibérique alors qu’ils ont pratiquement disparu en France. Au total, le volume global des grands et petits séminaristes hispaniques est tombé de 24,3%, près du quart, en 5 ans (link). En Espagne, comme partout en Europe occidentale, l’effondrement du nombre des prêtres et des séminaristes est donc massif et dramatique, mais les nouveaux prêtres et les séminaristes qui restent sont, là aussi, beaucoup plus « identitaires ». C’est une donnée très importante et qui doit nous aider à il faut lire le présent sondage.
La marginalité de la liturgie traditionnelle en Espagne tient au contexte historique et culturel dans lequel a été accueillie la réforme conciliaire. Franquisme oblige, le catholicisme était en effet religion d'État à l'époque de l'entrée en vigueur du Novus Ordo. De ce fait, le clergé jouissait encore d'une grande autorité sur les fidèles et d'une grande discipline interne. Nul, prêtre ou laïc, n'a songé à contester le missel de Paul VI, d'autant plus que celui-ci y a été - au départ - célébré avec toute la révérence et la dignité qui caractérisaient la liturgie tridentine. L'attitude, enfin, des congrégations fortement implantées dans le royaume, comme l'Opus Dei – même si Mgr Escrivá a continué à célébrer la messe traditionnelle en privé – ou les Jésuites, a bien entendu joué en faveur de l'adoption unilatérale de la liturgie moderne.
De ce fait, la réaction liturgique frontale a été limitée dans les années 70 à quelques prêtres (3 ou 4). L'immense majorité des prêtres de tendance traditionnelle était alors regroupée dans une association importante et active (près de 6 000 membres) : la Hermandad Sacerdotal Española, soutenue en sous-main notamment par Mgr José Guerra Campos, le Siri espagnol, alors évêque de Cuenca. Les préoccupations de Mgr José Guerra Campos et de la Hermandad Sacerdotal Española étaient prioritairement doctrinales (ce qu’on ne saurait, a priori, leur reprocher et concernait surtout la dénonciation de la liberté religieuse) et politico-religieuses (quelle succession pour le franquisme ?). Mais ces prêtres, qui auraient pu peser sur l’évolution de l’Église d’Espagne et de nombreux fidèles, hésitaient – bien qu'ayant beaucoup de sympathie pour le traditionalisme français – à franchir le pas liturgique de ce qui, à l’époque, semblait une « rébellion ».
Ces dernières années, grâce à Benoît XVI, la situation a cependant évolué pour arriver à l’état actuel, très insatisfaisant du point de vue des célébrations offertes, mais prometteur comme le révèle le sondage de l'institut Ipsos.
II – Les résultats
a) Le premier phénomène que mesure notre enquête, c'est la déchristianisation continue des vieilles nations catholiques, à laquelle le pays des Rois catholiques n'échappe pas. Alors que le service de presse du Saint-Siège a annoncé, le 21 juillet, le chiffre de 92% de catholiques en Espagne (mais sans doute s'agit-il des baptisés et non des croyants déclarés), notre enquête fait ressortir que seulement 63 % des sondés se déclarent catholiques, chiffre qui tombe à 45,1 % chez les 15-24 ans. Les jeunes catholiques sont donc en minorité outre-Pyrénées, ce qui donne un relief particulier aux JMJ de Madrid que le Saint Père ne manquera probablement pas de placer sous le signe de la nouvelle évangélisation.
En outre, notre sondage fait apparaître que 13,9 % des catholiques espagnols déclarent aller à la messe chaque dimanche et 11,3 % au moins une fois par mois. Cela représente seulement 25,2 % de pratiquants, ce qui est un autre reflet de la sécularisation galopante de la Vieille Europe.
b) Les catholiques Espagnols ignorent le Motu Proprio Summorum Pontificum, ce qui, compte tenu des remarques qui précèdent, ne saurait étonner. Sur les 1265 catholiques déclarés, seulement 231, soit 18,3 % disent avoir entendu parler du texte de Benoît XVI libérant la messe traditionnelle. Soit plus de 80%, plus de 4 catholiques sur 5 qui n'en savent rien. Un résultat pire que celui enregistré au Portugal ou “seulement” 74 %, soit 3 catholiques sur 4, affirmaient ne pas avoir connaissance du Motu Proprio. Quatre ans après la promulgation de ce texte majeur du Pontificat de Benoît XVI, ce bilan particulièrement médiocre en dit long sur la ligne de l'épiscopat espagnol.
Chez les pratiquants au moins mensuels (25,2 % de l'ensemble des catholiques), le chiffre est moins catastrophique puisque 30,5 % connaissent l'existence du Motu Proprio contre 69,5 % qui l'ignorent.
c) 36,1 % des catholiques pratiquants estiment “normale” la présence des deux formes du rite romain au sein de leur paroisse. Considérant la méconnaissance que les Espagnols ont du Motu Proprio et de la possibilité de la coexistence pacifique des deux formes de l'unique rite romain dans les paroisses qu'il rappelle, ce résultat démontre que, spontanément, les catholiques ibériques sont prêts à accueillir la réconciliation liturgique voulue par le Souverain Pontife. Ce résultat est tout à fait considérable au regard des 80 % de catholiques espagnols qui ignorent tout du Motu Proprio, ce d'autant qu'il convient d'ajouter tous les catholiques qui ne se prononcent pas. Ainsi, la proportion des catholiques qui n'estiment pas normale la coexistence des deux formes du rite romain dans les paroisses doit être nuancée en raison du contexte tout à fait particulier de l'Espagne. Cette disposition d'esprit est particulièrement vérifiée chez les 25-44 ans qui sont plus de 40 % à trouver normale cette coexistence des deux formes liturgiques.
d) Enfin, en ce qui concerne l'attitude envers la célébration de la forme extraordinaire :
- 27,4 % des pratiquants se déclarent prêts à y assister toutes les semaines
- et 23 % au moins une fois par mois.
Donc, 50,4 % des pratiquants, soit tout juste la moitié des pratiquants espagnols, assisteraient à la liturgie traditionnelle dans leur paroisse si elle venait à y être offerte sans s'y substituer à la forme ordinaire.
Ce résultat, supérieur à celui de la France (34 %, sondage CSA, il est vrai datant de 2008 : les derniers sondages diocésains montrent que la demande s’est fortement accrue depuis - Rennnes + 55 %) et de la Suisse (35 %, Demoscope 2011) est équivalent à celui du Portugal (53 %, Harris Interactive 2010) mais inférieur à celui de l'Italie (63 %, Doxa 2009) et de la Grande-Bretagne (Harris Interactive 2010) où, rappelons-le, 2 pratiquants sur 3 (66 %) se déclaraient prêts à participer, dans leur paroisse, à la messe selon la forme extraordinaire du rite romain.
III – LES REFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE
1) En Espagne, comme dans tous les pays où nous avons commandité une enquête jusqu'à présent, les catholiques sont beaucoup plus ouverts que les observateurs ne l'imaginent à la forme traditionnelle de la liturgie. Pour tout dire, depuis que nous avions annoncé, dans notre lettre 264, ce projet d'enquête, de nombreux amis nous avaient avertis que « les résultats ne seraient pas bons », que « l'Espagne, c'est spécial » et autres mises en garde que nous sommes en fait habitués à entendre à chaque nouvelle enquête.
Nous sommes passés outre et, de fait, les résultats enregistrés par l'institut Ipsos, sont en parfaite harmonie avec ceux relevés dans les autres pays que nous avons couverts. Peu nous importe, en réalité, que les résultats soient « bons » ou « mauvais » (ils le sont d'ailleurs par ce qu'ils révèlent de l'état de la foi dans des pays au catholicisme naguère exemplaire), ce qui compte c'est ce qu'ils traduisent, de façon universelle et cohérente, à savoir :
– et l'insatisfaction des fidèles de la liturgie qu'ils trouvent dans les paroisses et le désir de bénéficier "d’autre chose"
– le désir d'une forte proportion de catholiques de vivre leur foi au rythme de la forme extraordinaire du rite romain,
– la volonté d'obéir à Rome et de voir la réforme de la réforme engagée par le Saint Père se développer dans les paroisses,
– la joie de redécouvrir l'un des trésors, longtemps interdit, de l'Église.
2) Notre sondage est très attendu en Espagne où existe encore une presse attentive à la religion catholique et où les portails catholiques d'information en ligne sont très florissants. D'ores et déjà, de nombreux sites ont commenté les premiers résultats détaillés que nous avons communiqué en exclusivité aux journalistes d'infocatolica.com. Gageons donc que, très vite, aucun prélat d'outre-Pyrénées n'ignorera que 50 % des pratiquants espagnols sont désireux de goûter à l'enrichissement mutuel des deux formes du rite romain dans leur paroisse. Et c'est important dans un pays où, jusqu'à présent, seul l'archevêque de Saragosse, Mgr Ureña Pastor, a d'ores et déjà célébré la liturgie extraordinaire dans son diocèse. Le cardinal Cañizares, en effet, n'a pas encore célébré en Espagne alors qu'il a déjà officié à Rome notamment ou bien célébré des ordinations sacerdotales dans le rit traditionnel à la Fraternité Saint Pierre, à l'Institut du Bon Pasteur ou à l'Institut du Christ Roi Souverain Prêtre.
3) Vous pouvez retrouver l'intégralité de ce sondage sur le site de Paix Liturgique ainsi que tous les autres sondages réalisés depuis 10 ans.
4) Ce sondage a coûté la somme de 6 500 € TTC. Si vous souhaitez participer à son financement et nous permettre de continuer notre travail d’information, vous pouvez adresser votre don à Paix liturgique, 1 allée du Bois Gougenot, 78290 CROISSY-SUR-SEINE en libellant votre chèque à l’ordre de Paix liturgique ou par virement :
IBAN : FR76 3000 3021 9700 0500 0158 593 - BIC : SOGEFRPP.
SONDAGE DE PAIX LITURGIQUE EN ESPAGNE :
Le Motu Proprio y est presque inconnu mais très attendu !
Du 16 au 21 août, Madrid accueillera les JMJ. Le Saint Père s'y rendra à partir du 18 et célébrera la messe pour les séminaristes le samedi 20 et la messe de clôture le 21. Cet événement nous a incités à compléter notre campagne européenne de sondages sur la réception du Motu Proprio Summorum Pontificum par une enquête en Espagne. Confiée au très sérieux Institut Ipsos, celle-ci a été réalisée en deux vagues d'entretiens directs au cours du mois de juin. 2000 Espagnols de 15 ans et plus, dont 1265 ont déclaré être catholiques, y ont répondu.
I – La forme extraordinaire en Espagne
Ce n'est pas compliqué, elle n'existe quasiment pas ! Avant le 7 juillet 2007, les messes traditionnelles dominicales se comptaient sur les doigts d'une main, Fraternité saint Pie X comprise...
Aujourd'hui, elle demeure extrêmement peu développée : trois messes dominicales hebdomadaires pour la FSSPX,et pas plus d'une quinzaine dites par des prêtres diocésains ou Ecclesia Dei. En outre, le nombre des fidèles assistant à ces messes est généralement faible, ce qui tranche avec la situation habituelle de la forme extraordinaire, d'ordinaire très fréquentée. Il faut dire que les horaires des messes sont souvent peu favorables aux familles (8h30, 19h30, etc.).
Mais il faut considérer que la situation est en pleine mutation – ce que le présent sondage, comme on va le voir, confirme. Une dynamique se dessine en effet, notamment portée par des groupes de demandeurs souvent jeunes et des prêtres désireux de mettre leurs pas dans ceux du Saint Père et du cardinal Cañizares, préfet de la Congrégation pour le Culte divin et ancien archevêque de Tolède (voir notre lettre 180 ). Mais le signe majeur de cette évolution est le nombre croissant de jeunes prêtres apprenant à célébrer la messe traditionnelle.
Dans notre lettre 275, nous indiquions que la baisse du nombre des séminaristes en Espagne était très impressionnante : 1 227 grands séminaristes en 2010-2011, contre 1 337 l’an passé, soit une chute de 9% en une année, que l’épiscopat espagnol camoufle un peu, en ajoutant aux chiffres des grands séminaires ceux des petits séminaires, qui existent encore dans la péninsule ibérique alors qu’ils ont pratiquement disparu en France. Au total, le volume global des grands et petits séminaristes hispaniques est tombé de 24,3%, près du quart, en 5 ans (link). En Espagne, comme partout en Europe occidentale, l’effondrement du nombre des prêtres et des séminaristes est donc massif et dramatique, mais les nouveaux prêtres et les séminaristes qui restent sont, là aussi, beaucoup plus « identitaires ». C’est une donnée très importante et qui doit nous aider à il faut lire le présent sondage.
La marginalité de la liturgie traditionnelle en Espagne tient au contexte historique et culturel dans lequel a été accueillie la réforme conciliaire. Franquisme oblige, le catholicisme était en effet religion d'État à l'époque de l'entrée en vigueur du Novus Ordo. De ce fait, le clergé jouissait encore d'une grande autorité sur les fidèles et d'une grande discipline interne. Nul, prêtre ou laïc, n'a songé à contester le missel de Paul VI, d'autant plus que celui-ci y a été - au départ - célébré avec toute la révérence et la dignité qui caractérisaient la liturgie tridentine. L'attitude, enfin, des congrégations fortement implantées dans le royaume, comme l'Opus Dei – même si Mgr Escrivá a continué à célébrer la messe traditionnelle en privé – ou les Jésuites, a bien entendu joué en faveur de l'adoption unilatérale de la liturgie moderne.
De ce fait, la réaction liturgique frontale a été limitée dans les années 70 à quelques prêtres (3 ou 4). L'immense majorité des prêtres de tendance traditionnelle était alors regroupée dans une association importante et active (près de 6 000 membres) : la Hermandad Sacerdotal Española, soutenue en sous-main notamment par Mgr José Guerra Campos, le Siri espagnol, alors évêque de Cuenca. Les préoccupations de Mgr José Guerra Campos et de la Hermandad Sacerdotal Española étaient prioritairement doctrinales (ce qu’on ne saurait, a priori, leur reprocher et concernait surtout la dénonciation de la liberté religieuse) et politico-religieuses (quelle succession pour le franquisme ?). Mais ces prêtres, qui auraient pu peser sur l’évolution de l’Église d’Espagne et de nombreux fidèles, hésitaient – bien qu'ayant beaucoup de sympathie pour le traditionalisme français – à franchir le pas liturgique de ce qui, à l’époque, semblait une « rébellion ».
Ces dernières années, grâce à Benoît XVI, la situation a cependant évolué pour arriver à l’état actuel, très insatisfaisant du point de vue des célébrations offertes, mais prometteur comme le révèle le sondage de l'institut Ipsos.
II – Les résultats
a) Le premier phénomène que mesure notre enquête, c'est la déchristianisation continue des vieilles nations catholiques, à laquelle le pays des Rois catholiques n'échappe pas. Alors que le service de presse du Saint-Siège a annoncé, le 21 juillet, le chiffre de 92% de catholiques en Espagne (mais sans doute s'agit-il des baptisés et non des croyants déclarés), notre enquête fait ressortir que seulement 63 % des sondés se déclarent catholiques, chiffre qui tombe à 45,1 % chez les 15-24 ans. Les jeunes catholiques sont donc en minorité outre-Pyrénées, ce qui donne un relief particulier aux JMJ de Madrid que le Saint Père ne manquera probablement pas de placer sous le signe de la nouvelle évangélisation.
En outre, notre sondage fait apparaître que 13,9 % des catholiques espagnols déclarent aller à la messe chaque dimanche et 11,3 % au moins une fois par mois. Cela représente seulement 25,2 % de pratiquants, ce qui est un autre reflet de la sécularisation galopante de la Vieille Europe.
b) Les catholiques Espagnols ignorent le Motu Proprio Summorum Pontificum, ce qui, compte tenu des remarques qui précèdent, ne saurait étonner. Sur les 1265 catholiques déclarés, seulement 231, soit 18,3 % disent avoir entendu parler du texte de Benoît XVI libérant la messe traditionnelle. Soit plus de 80%, plus de 4 catholiques sur 5 qui n'en savent rien. Un résultat pire que celui enregistré au Portugal ou “seulement” 74 %, soit 3 catholiques sur 4, affirmaient ne pas avoir connaissance du Motu Proprio. Quatre ans après la promulgation de ce texte majeur du Pontificat de Benoît XVI, ce bilan particulièrement médiocre en dit long sur la ligne de l'épiscopat espagnol.
Chez les pratiquants au moins mensuels (25,2 % de l'ensemble des catholiques), le chiffre est moins catastrophique puisque 30,5 % connaissent l'existence du Motu Proprio contre 69,5 % qui l'ignorent.
c) 36,1 % des catholiques pratiquants estiment “normale” la présence des deux formes du rite romain au sein de leur paroisse. Considérant la méconnaissance que les Espagnols ont du Motu Proprio et de la possibilité de la coexistence pacifique des deux formes de l'unique rite romain dans les paroisses qu'il rappelle, ce résultat démontre que, spontanément, les catholiques ibériques sont prêts à accueillir la réconciliation liturgique voulue par le Souverain Pontife. Ce résultat est tout à fait considérable au regard des 80 % de catholiques espagnols qui ignorent tout du Motu Proprio, ce d'autant qu'il convient d'ajouter tous les catholiques qui ne se prononcent pas. Ainsi, la proportion des catholiques qui n'estiment pas normale la coexistence des deux formes du rite romain dans les paroisses doit être nuancée en raison du contexte tout à fait particulier de l'Espagne. Cette disposition d'esprit est particulièrement vérifiée chez les 25-44 ans qui sont plus de 40 % à trouver normale cette coexistence des deux formes liturgiques.
d) Enfin, en ce qui concerne l'attitude envers la célébration de la forme extraordinaire :
- 27,4 % des pratiquants se déclarent prêts à y assister toutes les semaines
- et 23 % au moins une fois par mois.
Donc, 50,4 % des pratiquants, soit tout juste la moitié des pratiquants espagnols, assisteraient à la liturgie traditionnelle dans leur paroisse si elle venait à y être offerte sans s'y substituer à la forme ordinaire.
Ce résultat, supérieur à celui de la France (34 %, sondage CSA, il est vrai datant de 2008 : les derniers sondages diocésains montrent que la demande s’est fortement accrue depuis - Rennnes + 55 %) et de la Suisse (35 %, Demoscope 2011) est équivalent à celui du Portugal (53 %, Harris Interactive 2010) mais inférieur à celui de l'Italie (63 %, Doxa 2009) et de la Grande-Bretagne (Harris Interactive 2010) où, rappelons-le, 2 pratiquants sur 3 (66 %) se déclaraient prêts à participer, dans leur paroisse, à la messe selon la forme extraordinaire du rite romain.
III – LES REFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE
1) En Espagne, comme dans tous les pays où nous avons commandité une enquête jusqu'à présent, les catholiques sont beaucoup plus ouverts que les observateurs ne l'imaginent à la forme traditionnelle de la liturgie. Pour tout dire, depuis que nous avions annoncé, dans notre lettre 264, ce projet d'enquête, de nombreux amis nous avaient avertis que « les résultats ne seraient pas bons », que « l'Espagne, c'est spécial » et autres mises en garde que nous sommes en fait habitués à entendre à chaque nouvelle enquête.
Nous sommes passés outre et, de fait, les résultats enregistrés par l'institut Ipsos, sont en parfaite harmonie avec ceux relevés dans les autres pays que nous avons couverts. Peu nous importe, en réalité, que les résultats soient « bons » ou « mauvais » (ils le sont d'ailleurs par ce qu'ils révèlent de l'état de la foi dans des pays au catholicisme naguère exemplaire), ce qui compte c'est ce qu'ils traduisent, de façon universelle et cohérente, à savoir :
– et l'insatisfaction des fidèles de la liturgie qu'ils trouvent dans les paroisses et le désir de bénéficier "d’autre chose"
– le désir d'une forte proportion de catholiques de vivre leur foi au rythme de la forme extraordinaire du rite romain,
– la volonté d'obéir à Rome et de voir la réforme de la réforme engagée par le Saint Père se développer dans les paroisses,
– la joie de redécouvrir l'un des trésors, longtemps interdit, de l'Église.
2) Notre sondage est très attendu en Espagne où existe encore une presse attentive à la religion catholique et où les portails catholiques d'information en ligne sont très florissants. D'ores et déjà, de nombreux sites ont commenté les premiers résultats détaillés que nous avons communiqué en exclusivité aux journalistes d'infocatolica.com. Gageons donc que, très vite, aucun prélat d'outre-Pyrénées n'ignorera que 50 % des pratiquants espagnols sont désireux de goûter à l'enrichissement mutuel des deux formes du rite romain dans leur paroisse. Et c'est important dans un pays où, jusqu'à présent, seul l'archevêque de Saragosse, Mgr Ureña Pastor, a d'ores et déjà célébré la liturgie extraordinaire dans son diocèse. Le cardinal Cañizares, en effet, n'a pas encore célébré en Espagne alors qu'il a déjà officié à Rome notamment ou bien célébré des ordinations sacerdotales dans le rit traditionnel à la Fraternité Saint Pierre, à l'Institut du Bon Pasteur ou à l'Institut du Christ Roi Souverain Prêtre.
3) Vous pouvez retrouver l'intégralité de ce sondage sur le site de Paix Liturgique ainsi que tous les autres sondages réalisés depuis 10 ans.
4) Ce sondage a coûté la somme de 6 500 € TTC. Si vous souhaitez participer à son financement et nous permettre de continuer notre travail d’information, vous pouvez adresser votre don à Paix liturgique, 1 allée du Bois Gougenot, 78290 CROISSY-SUR-SEINE en libellant votre chèque à l’ordre de Paix liturgique ou par virement :
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Le Motu Proprio y est presque inconnu mais très attendu !
Du 16 au 21 août, Madrid accueillera les JMJ. Le Saint Père s'y rendra à partir du 18 et célébrera la messe pour les séminaristes le samedi 20 et la messe de clôture le 21. Cet événement nous a incités à compléter notre campagne européenne de sondages sur la réception du Motu Proprio Summorum Pontificum par une enquête en Espagne. Confiée au très sérieux Institut Ipsos, celle-ci a été réalisée en deux vagues d'entretiens directs au cours du mois de juin. 2000 Espagnols de 15 ans et plus, dont 1265 ont déclaré être catholiques, y ont répondu.
I – La forme extraordinaire en Espagne
Ce n'est pas compliqué, elle n'existe quasiment pas ! Avant le 7 juillet 2007, les messes traditionnelles dominicales se comptaient sur les doigts d'une main, Fraternité saint Pie X comprise...
Aujourd'hui, elle demeure extrêmement peu développée : trois messes dominicales hebdomadaires pour la FSSPX,et pas plus d'une quinzaine dites par des prêtres diocésains ou Ecclesia Dei. En outre, le nombre des fidèles assistant à ces messes est généralement faible, ce qui tranche avec la situation habituelle de la forme extraordinaire, d'ordinaire très fréquentée. Il faut dire que les horaires des messes sont souvent peu favorables aux familles (8h30, 19h30, etc.).
Mais il faut considérer que la situation est en pleine mutation – ce que le présent sondage, comme on va le voir, confirme. Une dynamique se dessine en effet, notamment portée par des groupes de demandeurs souvent jeunes et des prêtres désireux de mettre leurs pas dans ceux du Saint Père et du cardinal Cañizares, préfet de la Congrégation pour le Culte divin et ancien archevêque de Tolède (voir notre lettre 180 ). Mais le signe majeur de cette évolution est le nombre croissant de jeunes prêtres apprenant à célébrer la messe traditionnelle.
Dans notre lettre 275, nous indiquions que la baisse du nombre des séminaristes en Espagne était très impressionnante : 1 227 grands séminaristes en 2010-2011, contre 1 337 l’an passé, soit une chute de 9% en une année, que l’épiscopat espagnol camoufle un peu, en ajoutant aux chiffres des grands séminaires ceux des petits séminaires, qui existent encore dans la péninsule ibérique alors qu’ils ont pratiquement disparu en France. Au total, le volume global des grands et petits séminaristes hispaniques est tombé de 24,3%, près du quart, en 5 ans (link). En Espagne, comme partout en Europe occidentale, l’effondrement du nombre des prêtres et des séminaristes est donc massif et dramatique, mais les nouveaux prêtres et les séminaristes qui restent sont, là aussi, beaucoup plus « identitaires ». C’est une donnée très importante et qui doit nous aider à il faut lire le présent sondage.
La marginalité de la liturgie traditionnelle en Espagne tient au contexte historique et culturel dans lequel a été accueillie la réforme conciliaire. Franquisme oblige, le catholicisme était en effet religion d'État à l'époque de l'entrée en vigueur du Novus Ordo. De ce fait, le clergé jouissait encore d'une grande autorité sur les fidèles et d'une grande discipline interne. Nul, prêtre ou laïc, n'a songé à contester le missel de Paul VI, d'autant plus que celui-ci y a été - au départ - célébré avec toute la révérence et la dignité qui caractérisaient la liturgie tridentine. L'attitude, enfin, des congrégations fortement implantées dans le royaume, comme l'Opus Dei – même si Mgr Escrivá a continué à célébrer la messe traditionnelle en privé – ou les Jésuites, a bien entendu joué en faveur de l'adoption unilatérale de la liturgie moderne.
De ce fait, la réaction liturgique frontale a été limitée dans les années 70 à quelques prêtres (3 ou 4). L'immense majorité des prêtres de tendance traditionnelle était alors regroupée dans une association importante et active (près de 6 000 membres) : la Hermandad Sacerdotal Española, soutenue en sous-main notamment par Mgr José Guerra Campos, le Siri espagnol, alors évêque de Cuenca. Les préoccupations de Mgr José Guerra Campos et de la Hermandad Sacerdotal Española étaient prioritairement doctrinales (ce qu’on ne saurait, a priori, leur reprocher et concernait surtout la dénonciation de la liberté religieuse) et politico-religieuses (quelle succession pour le franquisme ?). Mais ces prêtres, qui auraient pu peser sur l’évolution de l’Église d’Espagne et de nombreux fidèles, hésitaient – bien qu'ayant beaucoup de sympathie pour le traditionalisme français – à franchir le pas liturgique de ce qui, à l’époque, semblait une « rébellion ».
Ces dernières années, grâce à Benoît XVI, la situation a cependant évolué pour arriver à l’état actuel, très insatisfaisant du point de vue des célébrations offertes, mais prometteur comme le révèle le sondage de l'institut Ipsos.
II – Les résultats
a) Le premier phénomène que mesure notre enquête, c'est la déchristianisation continue des vieilles nations catholiques, à laquelle le pays des Rois catholiques n'échappe pas. Alors que le service de presse du Saint-Siège a annoncé, le 21 juillet, le chiffre de 92% de catholiques en Espagne (mais sans doute s'agit-il des baptisés et non des croyants déclarés), notre enquête fait ressortir que seulement 63 % des sondés se déclarent catholiques, chiffre qui tombe à 45,1 % chez les 15-24 ans. Les jeunes catholiques sont donc en minorité outre-Pyrénées, ce qui donne un relief particulier aux JMJ de Madrid que le Saint Père ne manquera probablement pas de placer sous le signe de la nouvelle évangélisation.
En outre, notre sondage fait apparaître que 13,9 % des catholiques espagnols déclarent aller à la messe chaque dimanche et 11,3 % au moins une fois par mois. Cela représente seulement 25,2 % de pratiquants, ce qui est un autre reflet de la sécularisation galopante de la Vieille Europe.
b) Les catholiques Espagnols ignorent le Motu Proprio Summorum Pontificum, ce qui, compte tenu des remarques qui précèdent, ne saurait étonner. Sur les 1265 catholiques déclarés, seulement 231, soit 18,3 % disent avoir entendu parler du texte de Benoît XVI libérant la messe traditionnelle. Soit plus de 80%, plus de 4 catholiques sur 5 qui n'en savent rien. Un résultat pire que celui enregistré au Portugal ou “seulement” 74 %, soit 3 catholiques sur 4, affirmaient ne pas avoir connaissance du Motu Proprio. Quatre ans après la promulgation de ce texte majeur du Pontificat de Benoît XVI, ce bilan particulièrement médiocre en dit long sur la ligne de l'épiscopat espagnol.
Chez les pratiquants au moins mensuels (25,2 % de l'ensemble des catholiques), le chiffre est moins catastrophique puisque 30,5 % connaissent l'existence du Motu Proprio contre 69,5 % qui l'ignorent.
c) 36,1 % des catholiques pratiquants estiment “normale” la présence des deux formes du rite romain au sein de leur paroisse. Considérant la méconnaissance que les Espagnols ont du Motu Proprio et de la possibilité de la coexistence pacifique des deux formes de l'unique rite romain dans les paroisses qu'il rappelle, ce résultat démontre que, spontanément, les catholiques ibériques sont prêts à accueillir la réconciliation liturgique voulue par le Souverain Pontife. Ce résultat est tout à fait considérable au regard des 80 % de catholiques espagnols qui ignorent tout du Motu Proprio, ce d'autant qu'il convient d'ajouter tous les catholiques qui ne se prononcent pas. Ainsi, la proportion des catholiques qui n'estiment pas normale la coexistence des deux formes du rite romain dans les paroisses doit être nuancée en raison du contexte tout à fait particulier de l'Espagne. Cette disposition d'esprit est particulièrement vérifiée chez les 25-44 ans qui sont plus de 40 % à trouver normale cette coexistence des deux formes liturgiques.
d) Enfin, en ce qui concerne l'attitude envers la célébration de la forme extraordinaire :
- 27,4 % des pratiquants se déclarent prêts à y assister toutes les semaines
- et 23 % au moins une fois par mois.
Donc, 50,4 % des pratiquants, soit tout juste la moitié des pratiquants espagnols, assisteraient à la liturgie traditionnelle dans leur paroisse si elle venait à y être offerte sans s'y substituer à la forme ordinaire.
Ce résultat, supérieur à celui de la France (34 %, sondage CSA, il est vrai datant de 2008 : les derniers sondages diocésains montrent que la demande s’est fortement accrue depuis - Rennnes + 55 %) et de la Suisse (35 %, Demoscope 2011) est équivalent à celui du Portugal (53 %, Harris Interactive 2010) mais inférieur à celui de l'Italie (63 %, Doxa 2009) et de la Grande-Bretagne (Harris Interactive 2010) où, rappelons-le, 2 pratiquants sur 3 (66 %) se déclaraient prêts à participer, dans leur paroisse, à la messe selon la forme extraordinaire du rite romain.
III – LES REFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE
1) En Espagne, comme dans tous les pays où nous avons commandité une enquête jusqu'à présent, les catholiques sont beaucoup plus ouverts que les observateurs ne l'imaginent à la forme traditionnelle de la liturgie. Pour tout dire, depuis que nous avions annoncé, dans notre lettre 264, ce projet d'enquête, de nombreux amis nous avaient avertis que « les résultats ne seraient pas bons », que « l'Espagne, c'est spécial » et autres mises en garde que nous sommes en fait habitués à entendre à chaque nouvelle enquête.
Nous sommes passés outre et, de fait, les résultats enregistrés par l'institut Ipsos, sont en parfaite harmonie avec ceux relevés dans les autres pays que nous avons couverts. Peu nous importe, en réalité, que les résultats soient « bons » ou « mauvais » (ils le sont d'ailleurs par ce qu'ils révèlent de l'état de la foi dans des pays au catholicisme naguère exemplaire), ce qui compte c'est ce qu'ils traduisent, de façon universelle et cohérente, à savoir :
– et l'insatisfaction des fidèles de la liturgie qu'ils trouvent dans les paroisses et le désir de bénéficier "d’autre chose"
– le désir d'une forte proportion de catholiques de vivre leur foi au rythme de la forme extraordinaire du rite romain,
– la volonté d'obéir à Rome et de voir la réforme de la réforme engagée par le Saint Père se développer dans les paroisses,
– la joie de redécouvrir l'un des trésors, longtemps interdit, de l'Église.
2) Notre sondage est très attendu en Espagne où existe encore une presse attentive à la religion catholique et où les portails catholiques d'information en ligne sont très florissants. D'ores et déjà, de nombreux sites ont commenté les premiers résultats détaillés que nous avons communiqué en exclusivité aux journalistes d'infocatolica.com. Gageons donc que, très vite, aucun prélat d'outre-Pyrénées n'ignorera que 50 % des pratiquants espagnols sont désireux de goûter à l'enrichissement mutuel des deux formes du rite romain dans leur paroisse. Et c'est important dans un pays où, jusqu'à présent, seul l'archevêque de Saragosse, Mgr Ureña Pastor, a d'ores et déjà célébré la liturgie extraordinaire dans son diocèse. Le cardinal Cañizares, en effet, n'a pas encore célébré en Espagne alors qu'il a déjà officié à Rome notamment ou bien célébré des ordinations sacerdotales dans le rit traditionnel à la Fraternité Saint Pierre, à l'Institut du Bon Pasteur ou à l'Institut du Christ Roi Souverain Prêtre.
3) Vous pouvez retrouver l'intégralité de ce sondage sur le site de Paix Liturgique ainsi que tous les autres sondages réalisés depuis 10 ans.
4) Ce sondage a coûté la somme de 6 500 € TTC. Si vous souhaitez participer à son financement et nous permettre de continuer notre travail d’information, vous pouvez adresser votre don à Paix liturgique, 1 allée du Bois Gougenot, 78290 CROISSY-SUR-SEINE en libellant votre chèque à l’ordre de Paix liturgique ou par virement :
IBAN : FR76 3000 3021 9700 0500 0158 593 - BIC : SOGEFRPP.
SONDAGE DE PAIX LITURGIQUE EN ESPAGNE :
Le Motu Proprio y est presque inconnu mais très attendu !
Du 16 au 21 août, Madrid accueillera les JMJ. Le Saint Père s'y rendra à partir du 18 et célébrera la messe pour les séminaristes le samedi 20 et la messe de clôture le 21. Cet événement nous a incités à compléter notre campagne européenne de sondages sur la réception du Motu Proprio Summorum Pontificum par une enquête en Espagne. Confiée au très sérieux Institut Ipsos, celle-ci a été réalisée en deux vagues d'entretiens directs au cours du mois de juin. 2000 Espagnols de 15 ans et plus, dont 1265 ont déclaré être catholiques, y ont répondu.
I – La forme extraordinaire en Espagne
Ce n'est pas compliqué, elle n'existe quasiment pas ! Avant le 7 juillet 2007, les messes traditionnelles dominicales se comptaient sur les doigts d'une main, Fraternité saint Pie X comprise...
Aujourd'hui, elle demeure extrêmement peu développée : trois messes dominicales hebdomadaires pour la FSSPX,et pas plus d'une quinzaine dites par des prêtres diocésains ou Ecclesia Dei. En outre, le nombre des fidèles assistant à ces messes est généralement faible, ce qui tranche avec la situation habituelle de la forme extraordinaire, d'ordinaire très fréquentée. Il faut dire que les horaires des messes sont souvent peu favorables aux familles (8h30, 19h30, etc.).
Mais il faut considérer que la situation est en pleine mutation – ce que le présent sondage, comme on va le voir, confirme. Une dynamique se dessine en effet, notamment portée par des groupes de demandeurs souvent jeunes et des prêtres désireux de mettre leurs pas dans ceux du Saint Père et du cardinal Cañizares, préfet de la Congrégation pour le Culte divin et ancien archevêque de Tolède (voir notre lettre 180 ). Mais le signe majeur de cette évolution est le nombre croissant de jeunes prêtres apprenant à célébrer la messe traditionnelle.
Dans notre lettre 275, nous indiquions que la baisse du nombre des séminaristes en Espagne était très impressionnante : 1 227 grands séminaristes en 2010-2011, contre 1 337 l’an passé, soit une chute de 9% en une année, que l’épiscopat espagnol camoufle un peu, en ajoutant aux chiffres des grands séminaires ceux des petits séminaires, qui existent encore dans la péninsule ibérique alors qu’ils ont pratiquement disparu en France. Au total, le volume global des grands et petits séminaristes hispaniques est tombé de 24,3%, près du quart, en 5 ans (link). En Espagne, comme partout en Europe occidentale, l’effondrement du nombre des prêtres et des séminaristes est donc massif et dramatique, mais les nouveaux prêtres et les séminaristes qui restent sont, là aussi, beaucoup plus « identitaires ». C’est une donnée très importante et qui doit nous aider à il faut lire le présent sondage.
La marginalité de la liturgie traditionnelle en Espagne tient au contexte historique et culturel dans lequel a été accueillie la réforme conciliaire. Franquisme oblige, le catholicisme était en effet religion d'État à l'époque de l'entrée en vigueur du Novus Ordo. De ce fait, le clergé jouissait encore d'une grande autorité sur les fidèles et d'une grande discipline interne. Nul, prêtre ou laïc, n'a songé à contester le missel de Paul VI, d'autant plus que celui-ci y a été - au départ - célébré avec toute la révérence et la dignité qui caractérisaient la liturgie tridentine. L'attitude, enfin, des congrégations fortement implantées dans le royaume, comme l'Opus Dei – même si Mgr Escrivá a continué à célébrer la messe traditionnelle en privé – ou les Jésuites, a bien entendu joué en faveur de l'adoption unilatérale de la liturgie moderne.
De ce fait, la réaction liturgique frontale a été limitée dans les années 70 à quelques prêtres (3 ou 4). L'immense majorité des prêtres de tendance traditionnelle était alors regroupée dans une association importante et active (près de 6 000 membres) : la Hermandad Sacerdotal Española, soutenue en sous-main notamment par Mgr José Guerra Campos, le Siri espagnol, alors évêque de Cuenca. Les préoccupations de Mgr José Guerra Campos et de la Hermandad Sacerdotal Española étaient prioritairement doctrinales (ce qu’on ne saurait, a priori, leur reprocher et concernait surtout la dénonciation de la liberté religieuse) et politico-religieuses (quelle succession pour le franquisme ?). Mais ces prêtres, qui auraient pu peser sur l’évolution de l’Église d’Espagne et de nombreux fidèles, hésitaient – bien qu'ayant beaucoup de sympathie pour le traditionalisme français – à franchir le pas liturgique de ce qui, à l’époque, semblait une « rébellion ».
Ces dernières années, grâce à Benoît XVI, la situation a cependant évolué pour arriver à l’état actuel, très insatisfaisant du point de vue des célébrations offertes, mais prometteur comme le révèle le sondage de l'institut Ipsos.
II – Les résultats
a) Le premier phénomène que mesure notre enquête, c'est la déchristianisation continue des vieilles nations catholiques, à laquelle le pays des Rois catholiques n'échappe pas. Alors que le service de presse du Saint-Siège a annoncé, le 21 juillet, le chiffre de 92% de catholiques en Espagne (mais sans doute s'agit-il des baptisés et non des croyants déclarés), notre enquête fait ressortir que seulement 63 % des sondés se déclarent catholiques, chiffre qui tombe à 45,1 % chez les 15-24 ans. Les jeunes catholiques sont donc en minorité outre-Pyrénées, ce qui donne un relief particulier aux JMJ de Madrid que le Saint Père ne manquera probablement pas de placer sous le signe de la nouvelle évangélisation.
En outre, notre sondage fait apparaître que 13,9 % des catholiques espagnols déclarent aller à la messe chaque dimanche et 11,3 % au moins une fois par mois. Cela représente seulement 25,2 % de pratiquants, ce qui est un autre reflet de la sécularisation galopante de la Vieille Europe.
b) Les catholiques Espagnols ignorent le Motu Proprio Summorum Pontificum, ce qui, compte tenu des remarques qui précèdent, ne saurait étonner. Sur les 1265 catholiques déclarés, seulement 231, soit 18,3 % disent avoir entendu parler du texte de Benoît XVI libérant la messe traditionnelle. Soit plus de 80%, plus de 4 catholiques sur 5 qui n'en savent rien. Un résultat pire que celui enregistré au Portugal ou “seulement” 74 %, soit 3 catholiques sur 4, affirmaient ne pas avoir connaissance du Motu Proprio. Quatre ans après la promulgation de ce texte majeur du Pontificat de Benoît XVI, ce bilan particulièrement médiocre en dit long sur la ligne de l'épiscopat espagnol.
Chez les pratiquants au moins mensuels (25,2 % de l'ensemble des catholiques), le chiffre est moins catastrophique puisque 30,5 % connaissent l'existence du Motu Proprio contre 69,5 % qui l'ignorent.
c) 36,1 % des catholiques pratiquants estiment “normale” la présence des deux formes du rite romain au sein de leur paroisse. Considérant la méconnaissance que les Espagnols ont du Motu Proprio et de la possibilité de la coexistence pacifique des deux formes de l'unique rite romain dans les paroisses qu'il rappelle, ce résultat démontre que, spontanément, les catholiques ibériques sont prêts à accueillir la réconciliation liturgique voulue par le Souverain Pontife. Ce résultat est tout à fait considérable au regard des 80 % de catholiques espagnols qui ignorent tout du Motu Proprio, ce d'autant qu'il convient d'ajouter tous les catholiques qui ne se prononcent pas. Ainsi, la proportion des catholiques qui n'estiment pas normale la coexistence des deux formes du rite romain dans les paroisses doit être nuancée en raison du contexte tout à fait particulier de l'Espagne. Cette disposition d'esprit est particulièrement vérifiée chez les 25-44 ans qui sont plus de 40 % à trouver normale cette coexistence des deux formes liturgiques.
d) Enfin, en ce qui concerne l'attitude envers la célébration de la forme extraordinaire :
- 27,4 % des pratiquants se déclarent prêts à y assister toutes les semaines
- et 23 % au moins une fois par mois.
Donc, 50,4 % des pratiquants, soit tout juste la moitié des pratiquants espagnols, assisteraient à la liturgie traditionnelle dans leur paroisse si elle venait à y être offerte sans s'y substituer à la forme ordinaire.
Ce résultat, supérieur à celui de la France (34 %, sondage CSA, il est vrai datant de 2008 : les derniers sondages diocésains montrent que la demande s’est fortement accrue depuis - Rennnes + 55 %) et de la Suisse (35 %, Demoscope 2011) est équivalent à celui du Portugal (53 %, Harris Interactive 2010) mais inférieur à celui de l'Italie (63 %, Doxa 2009) et de la Grande-Bretagne (Harris Interactive 2010) où, rappelons-le, 2 pratiquants sur 3 (66 %) se déclaraient prêts à participer, dans leur paroisse, à la messe selon la forme extraordinaire du rite romain.
III – LES REFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE
1) En Espagne, comme dans tous les pays où nous avons commandité une enquête jusqu'à présent, les catholiques sont beaucoup plus ouverts que les observateurs ne l'imaginent à la forme traditionnelle de la liturgie. Pour tout dire, depuis que nous avions annoncé, dans notre lettre 264, ce projet d'enquête, de nombreux amis nous avaient avertis que « les résultats ne seraient pas bons », que « l'Espagne, c'est spécial » et autres mises en garde que nous sommes en fait habitués à entendre à chaque nouvelle enquête.
Nous sommes passés outre et, de fait, les résultats enregistrés par l'institut Ipsos, sont en parfaite harmonie avec ceux relevés dans les autres pays que nous avons couverts. Peu nous importe, en réalité, que les résultats soient « bons » ou « mauvais » (ils le sont d'ailleurs par ce qu'ils révèlent de l'état de la foi dans des pays au catholicisme naguère exemplaire), ce qui compte c'est ce qu'ils traduisent, de façon universelle et cohérente, à savoir :
– et l'insatisfaction des fidèles de la liturgie qu'ils trouvent dans les paroisses et le désir de bénéficier "d’autre chose"
– le désir d'une forte proportion de catholiques de vivre leur foi au rythme de la forme extraordinaire du rite romain,
– la volonté d'obéir à Rome et de voir la réforme de la réforme engagée par le Saint Père se développer dans les paroisses,
– la joie de redécouvrir l'un des trésors, longtemps interdit, de l'Église.
2) Notre sondage est très attendu en Espagne où existe encore une presse attentive à la religion catholique et où les portails catholiques d'information en ligne sont très florissants. D'ores et déjà, de nombreux sites ont commenté les premiers résultats détaillés que nous avons communiqué en exclusivité aux journalistes d'infocatolica.com. Gageons donc que, très vite, aucun prélat d'outre-Pyrénées n'ignorera que 50 % des pratiquants espagnols sont désireux de goûter à l'enrichissement mutuel des deux formes du rite romain dans leur paroisse. Et c'est important dans un pays où, jusqu'à présent, seul l'archevêque de Saragosse, Mgr Ureña Pastor, a d'ores et déjà célébré la liturgie extraordinaire dans son diocèse. Le cardinal Cañizares, en effet, n'a pas encore célébré en Espagne alors qu'il a déjà officié à Rome notamment ou bien célébré des ordinations sacerdotales dans le rit traditionnel à la Fraternité Saint Pierre, à l'Institut du Bon Pasteur ou à l'Institut du Christ Roi Souverain Prêtre.
3) Vous pouvez retrouver l'intégralité de ce sondage sur le site de Paix Liturgique ainsi que tous les autres sondages réalisés depuis 10 ans.
4) Ce sondage a coûté la somme de 6 500 € TTC. Si vous souhaitez participer à son financement et nous permettre de continuer notre travail d’information, vous pouvez adresser votre don à Paix liturgique, 1 allée du Bois Gougenot, 78290 CROISSY-SUR-SEINE en libellant votre chèque à l’ordre de Paix liturgique ou par virement :
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Re: La Sainte Eglise de Dieu - Motu Proprio "Summorum Pontificum" et l'Instruction « Universae Ecclesiae » du Vendredi 13 mai 2011
http://christroi.over-blog.com/
Dimanche 31 juillet 2011
Entretien avec M. l’abbé Philippe Laguérie, Modérateur général de l’Institut du Bon-Pasteur
Cinq années se sont écoulées depuis la fondation de l’Institut du Bon-Pasteur. Pour les amateurs de chiffres, la jeune communauté internationale compte à ce jour 25 prêtres – le plus récent ordonné à St Eloi le 25 juin par SE le cardinal Castrillon-Hoyos – et autant de séminaristes venus de divers pays (France, Brésil, Pologne, Italie…) qui reçoivent leur formation à Courtalain, dans le diocèse de Chartres.
Sans détours, comme à son habitude, M. l’abbé Philippe Laguérie a bien voulu répondre à quelques questions sur la position théologique et liturgique de l’Institut du Bon-Pasteur et sur sa situation présente dans le paysage ecclésial.
Ordinations à Saint-Eloi par S. Em. le card. Castrillon Hoyos, le 25 juin 2011
Disputationes Theologicae : Monsieur l’abbé, deux des piliers de votre Institut approuvé par le Saint Siège en 2006 sont bien connus : usage exclusif des livres liturgiques de 1962 (Statuts et Décret d’érection), engagement à l’étude critique constructive des points de doctrine qui, dans le texte du concile Vatican II ou dans la liturgie, paraissent difficilement conciliables avec la Tradition (Acte d’adhésion des premiers membres). Cinq ans après, Rome a édicté des précisions magistérielles et juridiques : votre position a-t-elle évoluée ?
Abbé Philippe Laguérie : Notre position théologique et liturgique fondamentale approuvée par le Saint-Siège en 2006 n’a pas changé depuis notre fondation, fort heureusement. Mais elle a dû prendre en compte, bien sûr, toutes les précisions magistérielles romaines postérieures, avec la joie que vous savez. Tant, sur le plan générique, du discours du pape du 25 décembre 2005 devant la Curie que, sur le plan spécifique, par exemple, de la déclaration du 16 juillet 2007 (l’herméneutique du « Subsistit in ») que j’ai saluée avec enthousiasme (cf. mon blog, blog.institutdubonpasteur.org, 25/07/2007). Quant à la loi liturgique, nous avons reçu comme une bénédiction pour l’Eglise le Motu Proprio du 7 juillet 2007, que vient renforcer l’Instruction Universae Ecclesiae du 13 mai 2011.
Disp. Th. : Comment donc recevez-vous aujourd’hui le concile Vatican II ?
Ab. Ph. L. : C’est simple : nous recevons le texte de tous les conciles, et notamment du concile Vatican II, selon les normes définies par l’Eglise. Les théologiens savent quelles sont ces normes, rappelées dans Lumen Gentium n° 25, et ce qu’elles signifient[1].
Disp. Th. : Pouvez-vous expliciter ces « normes » ?
Ab. Ph. L. : L’IBP reçoit fidèlement les normes du Magistère de l’Eglise. Elles sont traditionnelles. Pour simplifier, l’adhésion à un document du Magistère, même non infaillible, venant de l’autorité suprême, suppose non seulement le respect qui lui est dû, mais requière en outre une herméneutique de conformité avec la Tradition quant à son interprétation. Cette adhésion due recouvre, par nature, des degrés d’assentiment variable, selon la forme revêtue par le Magistère : définitions infaillibles ou non, magistère ordinaire universel ou non, magistère solennel ou non, etc. ; ou pour résumer, selon que l’Eglise veut obliger ou non tous les fidèles à un assentiment ou une obéissance de foi. Pour Vatican II, on sait qu’il s’agit d’un concile pastoral non contraignant pour la foi (sauf sur les points antérieurement définis), dont la réception authentique est encore en cours ou à venir, comme l’a si bien exprimé S. E. le cardinal Ricard à Lourdes en 2006.
Disp. Th. : N’y a-t-il pas une difficulté, si recevoir le concile, c’est donner son adhésion à un texte dont le sens authentique n’est pas encore fixé ?
C’est en effet la difficulté à laquelle le pape ouvre une voie de résolution. Le sens (certifié par Rome en conformité avec la Tradition) de l’ensemble des textes n’est pas encore totalement connu, car il n’a pas été déterminé en chaque point par l’Autorité Suprême ; la réception du sens authentique du concile reste par conséquent, elle aussi, en suspend sur ces points non élucidés qui ont paru induire une rupture. C’est ce que signifie : « La réception authentique est encore à venir ». Une liberté respectueuse est donc laissée pour interroger de façon critique et non polémique le texte de ce magistère nouveau, voire en proposer une reformulation en continuité avec la Tradition. C’est ce qu’a fait le Saint-Père dans la déclaration précitée (signée du cardinal Lévada) sur le fameux « subsistit in » de Lumen Gentium ch. I, §8. Il n’est plus permis à un catholique de penser que cette expression ne désigne pas l’être et même la permanence dans l’être entre l’Eglise du Christ et l’Eglise Catholique. Et par notre acte d’adhésion fondateur, nous nous sommes engagés, bien modestement mais résolument à travailler dans ce sens.
Disp. Th. : Quelle est votre position quant à « l’herméneutique de rupture » des textes conciliaires, blâmée par le discours du Saint Père du 22 décembre 2005 ?
Ab. Ph. L. : Comme l’ont dit et publié à l’époque plusieurs d’entre nous, conformément à ce discours de Benoît XVI à la Curie (22/12/2005), nous rejetons fermement, à propos des textes du concile Vatican II, « l’herméneutique de la rupture » et le faux « esprit du concile ». Ces postures dialectiques ont majoré l’importance et l’autorité du concile, comme un « super dogme » qui serait « Plus important que celui de Nicée » qui définit l’identité de nature entre le Père et le Fils, autrement dit la divinité du Christ ! Elles ont causé des dégâts considérables dans de grandes parties de l’Eglise, avec des interprétations théologiques (faux dialogue interreligieux, refondation de l’Eglise du concile, fausse ecclésiologie, fausse collégialité, fausses théologies de la célébration, de la libération, de la liberté religieuse, etc.) contraires au Magistère et à l’orthodoxie. Avec parfois des réactions symétriques chez les plus ardents défenseurs de l’orthodoxie… Le chapitre 1 de « Lumen Gentium » est composé pour deux-tiers de citations du Nouveau Testament ! Dans sa foi, chaque théologien, chaque fidèle a le droit et le devoir de lire paisiblement dans la « continuité » de la Tradition les textes magistériels de l’autorité suprême, ceux du passé comme ceux à venir. C’est la grande libération du fameux 22 décembre 2005…
Disp. Th. : Qu’est-ce que ce discours de Benoît XVI vous inspire ? A-t-il modifié votre position sur Vatican II ?
Ab. Ph. L. : Ce texte libérateur du Pape Benoît XVI est un discours de réforme audacieuse, qui ramène le texte du concile et son avenir à leurs justes proportions théologiques. Il est antérieur à notre fondation et n’a donc en rien changé la position de notre Institut. C’est plutôt notre Institut qui s’est appuyé sur ce texte magistral. Au fond, le Saint Père invite les théologiens et tous les fidèles à repenser leur attitude par rapport au texte de Vatican II : d’un côté, à ne plus en faire le texte fondateur d’une nouvelle église. Mais pas davantage à en faire un prétexte de rejet global, polémique et systématique, qui serait en rupture avec l’autorité du Saint Père. Personne ne peut nier ou rejeter ce texte : il est là, historique, magistériel. Tant que le sens conforme à la Tradition n’est pas donné d’en haut en tous points, ce concile reste, certes, un texte du Magistère à recevoir, mais sujet à tant d’interrogations interprétatives qu’il est prudent de ne le recevoir qu’au rythme de l’interprétation authentique. Voilà 45 ans que les théologiens les plus divers proposent des interprétations possibles et contradictoires du sens de « Dignitatis Humanae » sur la liberté religieuse. Idem pour « l’Unité spirituelle du genre humain » souvent citée et jamais définie. Etc.…
Disp. Th. : Où vous situez-vous exactement entre ces deux postures symétriques ?
Ab. Ph. L. : Je m’efforce de voir les choses d’un peu plus haut, à l’invitation du Saint-Père. Le « mérite », si l’on peut dire, de l’évènement Vatican II me paraît celui-ci : poser aujourd’hui, avec le recul du temps, les problématiques essentielles de la modernité à la foi traditionnelle, (Même si ces problématiques sont parfois complètement obsolètes : le Net n’existait pas en 1962 et la mondialisation donnée comme inéluctable facteur de paix sur les § 83 à 90 de « Lumen Gentium » a carrément échoué !) Comme disait S.E. le Cardinal Ricard à Lourdes (Cf. sup) « Il faut relire (Vatican II) à nouveaux frais et en retenir ce qui peut l’être ». Il y a du pain sur la planche. Mais attention, le texte touche parfois aux dogmes de l’Eglise, comme en témoignent les trois premières encycliques du Pape Jean-Paul II. Par l’interprétation authentique, par « L’herméneutique de réforme » du texte, qu’il s’agit de relire désormais dans la continuité avec la Tradition, le concile est remis à sa place théologique : non plus un super dogme, mais un texte magistériel composite, rappelant ici la tradition, ouvrant là un espace de recherche, n’obligeant jamais la foi (hormis les points déjà définis) ; mais présentant de sérieuses difficultés d’interprétation : dépassé en certaines parties, soumis sur d’autres à des interrogations critiques fondamentales, ou qui induisent, par les ambiguïtés du texte, des ruptures herméneutiques béantes ; mais qui ouvrent par là même des problématiques passionnantes au Magistère futur. Pour conclure sur ce point, « l’herméneutique de continuité ou de réforme », qui consiste à rechercher un sens au texte en conformité avec la Tradition, vise à réformer, sinon le texte, en tout cas son interprétation et par là même son sens, son importance et sa réception.
Disp. Th. : Sur la question liturgique, comment votre Institut a-t-il reçu l’Instruction Universae Ecclesiae du 13 mai 2007 ?
Ab. Ph. L. : Nous recevons cette Instruction du cardinal Levada comme un document de droit liturgique positif. Il vient à point nommé, pour confirmer, préciser et faire appliquer la loi liturgique universelle posée par le Motu Proprio Summorum Pontificum, rétablissant le droit – jamais abrogé légitimement – du missel de Jean XXIII. C’est un bon document dont nous voyons déjà quelques fruits concernant l’IBP : en France, des évêques nous ont confié sans difficulté deux missions, et ont accepté une nouvelle implantation dans leur diocèse depuis cette Instruction. Alors qu’auparavant, tout semblait plus difficile.
Disp. Th. : Concernant le paragraphe 19 de cette instruction, l’encre a coulé dans la presse (par ex. La Croix) : certains ont voulu y voir une semonce contre certaines communautés traditionnelles…
Ab. Ph. L. : Ces gens feraient bien de relire d’abord le §2 et le §3 de l’Instruction, qui cite le Motu Proprio : « chaque Église particulière doit être en accord avec l’Église universelle, non seulement sur la doctrine de la foi et sur les signes sacramentels, mais aussi sur les usages reçus universellement de la tradition apostolique ininterrompue ». Cette Instruction entend rappeler que la communion des églises locales suppose l’obéissance à la loi liturgique universelle édictée par Rome, et donc au Motu proprio, justement, que beaucoup rechignent à appliquer.
Disp. Th. : Mais n’êtes-vous pas concerné par ce paragraphe 19 ?
Ab. Ph. L. : Tout comme l’ensemble de l’Instruction Universae Ecclesiae, ce paragraphe 19 ne pose aucune difficulté. Supposer d’ailleurs qu’il concerne l’I.B.P. alors qu’il vise d’autres communautés serait une galéjade. Dois-je vous le citer ? « Que les fidèles du Christ qui réclament la célébration selon la forme extraordinaire ne prêtent pas leur concours ou ne donnent pas leur nom aux associations qui attaquent (Impugnent) la validité ou légitimité du Saint-Sacrifice de la messe selon la forme ordinaire, ou encore ne soient hostiles (Sint infensae), de quelque manière, au Souverain Pontife Romain, Pasteur de l’Eglise Universelle ». Puisqu’il s’agit du droit liturgique universel en vigueur, l’IBP atteste la validité théologique et la légitimité canonique des célébrations de la messe et des sacrements dans la "forme ordinaire", conformément à ce paragraphe 19. Ce paragraphe ne porte pas non plus atteinte à notre acte d’adhésion fondateur, qui nous engage encore, de façon constructive, dans le nouveau mouvement liturgique, en vue d’enrichissements possibles du missel de Paul VI souhaités par Benoît XVI lui-même, suivi par un cardinal Burke ou un Mgr Bux.
Disp. Th. : Pourquoi alors ne pas célébrer la "forme ordinaire" ?
Ab. Ph. L. : Si on les reçoit dans l’esprit de l’Eglise, à la lumière du Droit Canon et du Motu Proprio Summorum Pontificum, nos constitutions approuvées par Rome sont très claires. Le décret d’érection de l’Institut du Bon-Pasteur confère à ses membres « le droit de célébrer vraiment comme leur rite propre la Sainte Liturgie en usant des livres liturgiques codifiés par le Bx Jean XXIII en 1962 » (ibidem ; cf. Statuts de l’IBP, Ar.1 §2). Ce droit propre de l’IBP implique l’observance du canon 846 §2 : « Le ministre célèbrera les sacrements selon son rite propre ». Cette disposition générale englobe le missel, le rituel et le pontifical de 1962, ainsi que le bréviaire (Décret d’érection ; Statuts, art.1 §2 ; confirmé par Universae Ecclesiae, §35 ; §§28-32). Ainsi, le charisme propre de l’Institut du Bon-Pasteur garantit concrètement pour ses membres la liberté et le droit d’adhérer à la "forme extraordinaire", qui sont offerts à l’Eglise entière par le Motu Proprio. Et puisque « la forme extraordinaire doit être conservée avec l’honneur qui lui est due » (Universae Ecclesiae, §6), puisque qu’encore le Motu Proprio Summorum Pontificum de Benoît XVI certifie la légitimité du missel de 1962 « jamais abrogé », ce droit propre pour l’IBP est légitime.
Disp.Th. : Quel est alors votre contact avec les célébrations dans la "forme ordinaire" ?
Ab. Ph. L. : De par son charisme propre, les membres de l’IBP célèbrent la liturgie ou y assistent selon l’usage de la "forme extraordinaire". Par rapport à l’assistance selon la "forme ordinaire", notre Institut est soumis au Droit Canon et au Motu Proprio – en tenant compte de la lettre et de l’esprit de nos statuts – et se contente d’en exiger l’observance. Les membres de l’IBP ont donc la liberté d’agir selon la loi générale étant saufs le droit propre (Décret d’érection et CIC c. 846) et la fidélité au caractère propre de l’Institut (CIC c. 578). Dans les diocèses où ils sont missionnés, il est pour eux notamment convenable, selon les exigences démontrées du bien commun, d'accepter les invitations des évêques à être présent aux moments significatifs de la vie du diocèse, par exemple les messes d’ordinations et chrismales qui réunissent autour de son évêque le presbyterium de l’église locale, mais aussi tel pèlerinage, des débats théologiques sur des problèmes actuels…, et surtout des agapes fraternelles entre prêtres ! L’Institut ne « réglemente » en rien au-delà de ses statuts, du droit de l’Eglise et de son Magistère, tout simplement parce qu’il est une œuvre d’Eglise. Fort heureusement d’ailleurs, puisque « l’Esprit vivifie et la lettre tue ». La fidélité à l’Eglise est aussi une question d’esprit. Le pape Benoît XVI a rendu à tous cette « glorieuse liberté des enfants de Dieu », cette « faculté de se mouvoir dans le bien », comme l’appelait le pape Léon XIII.
Disp.Th. : Merci pour cet entretien, M. l’abbé. Une question supplémentaire : quelles sont vos perspectives pour l’Institut ?
Ab. Ph. L. : Au plan concret, les projets en cours exigent, de soi, la plus grande discrétion. En attendant de pouvoir vous en dire plus, Je puis seulement vous annoncer l’installation prochaine d’une maison générale formée. Au cœur de l’Eglise, les services sont variés et il n’en est pas de petit. De la paroisse personnelle à l’aumônerie de malades, en passant par les écoles, les simples missions paroissiales ou les remplacements de confrères…, l’Institut du Bon-Pasteur s’y engage volontiers, selon ses possibilités et se développe humblement, mais sûrement.
Disp.Th. : Observez-vous une évolution du contexte ?
Ab. Ph. L. : Les choses évoluent de façon évidente, trop lentement ou trop vite selon les points de vue. Peu importe, « ça tourne », comme disait Galilée de la terre, que d’aucuns avaient arrêtée à leur guise. L’abondance de la moisson, les contacts personnels qui se multiplient, l’écoute nouvelle des évêques qui répondent à la demande, les avancées romaines (en particulier le document Universae Ecclesiae qui établit la Commission Ecclésia Dei comme « juge » de l’application du Motu Proprio)… Tout concourt à une mutation des esprits et des cœurs qui ouvre le champ à la liturgie traditionnelle, via les « Instituts spécialisés » (comme les appelaient le Cardinal Castrillon-Hoyos), qu’on le veuille ou non. Les années 70 sont bien mortes et les années 90 s’en vont aussi…
Disp.Th. : Et les obstacles, les difficultés ?
Ab. Ph. L. : J’en profite pour rectifier une erreur aussi répandue que funeste. On veut croire que les réticences à notre égard (qui proviennent surtout des inévitables tiraillements internes de notre fondation et non point du positionnement doctrinal de l’Institut, au contraire, comme me le rappelait Mgr Pozzo il y a quelques jours), me mettraient dans l’embarras pour placer des prêtres que nous aurions en surnombre. C’est complètement faux ! Aucun de nous n’est au chômage, je vous prie de le croire et, à la vérité, je ne puis pourvoir à toutes les nécessités, à l’étranger comme en France. La formation sacerdotale, prunelle de nos yeux, et œuvre silencieuse de longue portée, suppose un investissement de nombreux prêtres professeurs à plein temps (actuellement quatre résidents pour six années d’études). Je reporte des missions, bien malgré moi, pour des prêtres qu’on me demande. Nous serions deux fois plus nombreux que la tâche ne manquerait point.
Disp.Th. : M. l’abbé, merci, un mot pour la fin ?
Ab. Ph. L. : Si l’urgence reste de former de bons prêtres, alors confions à la Providence le soin de remplir notre séminaire de belles et nombreuses vocations. L’avenir est là, et non de gémir sur les malheurs des temps. L’Institut du Bon-Pasteur est vraiment une œuvre providentielle et, unique en son genre. Impossible sans le discours du 22 décembre 2005 qui la précède de quelques mois, elle anticipe cependant de quelques mois encore sur la restauration liturgique du Motu Proprio. Merci au pape et à l’Eglise de ce cadeau magnifique qui nous place si près du centre de l’histoire et du cœur de l’Eglise…
[1] Pour le concile, cf. Concile Vatican II, Lumen Gentium n° 25 ; Cal Periclès Felici, Secrétaire général de ce concile en 1965 ; Code de droit canonique CIC 1983, c. 749, 1-3 ; c. 752 ; Jean-Paul II, Ad Tuendam Fidem, 1998, etc.
Source: http://disputationes.over-blog.com/article-entretien-avec-m-l-abbe-philippe-laguerie-moderateur-general-de-l-institut-du-bon-pasteur-80517644.html
Dimanche 31 juillet 2011
Entretien avec M. l’abbé Philippe Laguérie, Modérateur général de l’Institut du Bon-Pasteur
Cinq années se sont écoulées depuis la fondation de l’Institut du Bon-Pasteur. Pour les amateurs de chiffres, la jeune communauté internationale compte à ce jour 25 prêtres – le plus récent ordonné à St Eloi le 25 juin par SE le cardinal Castrillon-Hoyos – et autant de séminaristes venus de divers pays (France, Brésil, Pologne, Italie…) qui reçoivent leur formation à Courtalain, dans le diocèse de Chartres.
Sans détours, comme à son habitude, M. l’abbé Philippe Laguérie a bien voulu répondre à quelques questions sur la position théologique et liturgique de l’Institut du Bon-Pasteur et sur sa situation présente dans le paysage ecclésial.
Ordinations à Saint-Eloi par S. Em. le card. Castrillon Hoyos, le 25 juin 2011
Disputationes Theologicae : Monsieur l’abbé, deux des piliers de votre Institut approuvé par le Saint Siège en 2006 sont bien connus : usage exclusif des livres liturgiques de 1962 (Statuts et Décret d’érection), engagement à l’étude critique constructive des points de doctrine qui, dans le texte du concile Vatican II ou dans la liturgie, paraissent difficilement conciliables avec la Tradition (Acte d’adhésion des premiers membres). Cinq ans après, Rome a édicté des précisions magistérielles et juridiques : votre position a-t-elle évoluée ?
Abbé Philippe Laguérie : Notre position théologique et liturgique fondamentale approuvée par le Saint-Siège en 2006 n’a pas changé depuis notre fondation, fort heureusement. Mais elle a dû prendre en compte, bien sûr, toutes les précisions magistérielles romaines postérieures, avec la joie que vous savez. Tant, sur le plan générique, du discours du pape du 25 décembre 2005 devant la Curie que, sur le plan spécifique, par exemple, de la déclaration du 16 juillet 2007 (l’herméneutique du « Subsistit in ») que j’ai saluée avec enthousiasme (cf. mon blog, blog.institutdubonpasteur.org, 25/07/2007). Quant à la loi liturgique, nous avons reçu comme une bénédiction pour l’Eglise le Motu Proprio du 7 juillet 2007, que vient renforcer l’Instruction Universae Ecclesiae du 13 mai 2011.
Disp. Th. : Comment donc recevez-vous aujourd’hui le concile Vatican II ?
Ab. Ph. L. : C’est simple : nous recevons le texte de tous les conciles, et notamment du concile Vatican II, selon les normes définies par l’Eglise. Les théologiens savent quelles sont ces normes, rappelées dans Lumen Gentium n° 25, et ce qu’elles signifient[1].
Disp. Th. : Pouvez-vous expliciter ces « normes » ?
Ab. Ph. L. : L’IBP reçoit fidèlement les normes du Magistère de l’Eglise. Elles sont traditionnelles. Pour simplifier, l’adhésion à un document du Magistère, même non infaillible, venant de l’autorité suprême, suppose non seulement le respect qui lui est dû, mais requière en outre une herméneutique de conformité avec la Tradition quant à son interprétation. Cette adhésion due recouvre, par nature, des degrés d’assentiment variable, selon la forme revêtue par le Magistère : définitions infaillibles ou non, magistère ordinaire universel ou non, magistère solennel ou non, etc. ; ou pour résumer, selon que l’Eglise veut obliger ou non tous les fidèles à un assentiment ou une obéissance de foi. Pour Vatican II, on sait qu’il s’agit d’un concile pastoral non contraignant pour la foi (sauf sur les points antérieurement définis), dont la réception authentique est encore en cours ou à venir, comme l’a si bien exprimé S. E. le cardinal Ricard à Lourdes en 2006.
Disp. Th. : N’y a-t-il pas une difficulté, si recevoir le concile, c’est donner son adhésion à un texte dont le sens authentique n’est pas encore fixé ?
C’est en effet la difficulté à laquelle le pape ouvre une voie de résolution. Le sens (certifié par Rome en conformité avec la Tradition) de l’ensemble des textes n’est pas encore totalement connu, car il n’a pas été déterminé en chaque point par l’Autorité Suprême ; la réception du sens authentique du concile reste par conséquent, elle aussi, en suspend sur ces points non élucidés qui ont paru induire une rupture. C’est ce que signifie : « La réception authentique est encore à venir ». Une liberté respectueuse est donc laissée pour interroger de façon critique et non polémique le texte de ce magistère nouveau, voire en proposer une reformulation en continuité avec la Tradition. C’est ce qu’a fait le Saint-Père dans la déclaration précitée (signée du cardinal Lévada) sur le fameux « subsistit in » de Lumen Gentium ch. I, §8. Il n’est plus permis à un catholique de penser que cette expression ne désigne pas l’être et même la permanence dans l’être entre l’Eglise du Christ et l’Eglise Catholique. Et par notre acte d’adhésion fondateur, nous nous sommes engagés, bien modestement mais résolument à travailler dans ce sens.
Disp. Th. : Quelle est votre position quant à « l’herméneutique de rupture » des textes conciliaires, blâmée par le discours du Saint Père du 22 décembre 2005 ?
Ab. Ph. L. : Comme l’ont dit et publié à l’époque plusieurs d’entre nous, conformément à ce discours de Benoît XVI à la Curie (22/12/2005), nous rejetons fermement, à propos des textes du concile Vatican II, « l’herméneutique de la rupture » et le faux « esprit du concile ». Ces postures dialectiques ont majoré l’importance et l’autorité du concile, comme un « super dogme » qui serait « Plus important que celui de Nicée » qui définit l’identité de nature entre le Père et le Fils, autrement dit la divinité du Christ ! Elles ont causé des dégâts considérables dans de grandes parties de l’Eglise, avec des interprétations théologiques (faux dialogue interreligieux, refondation de l’Eglise du concile, fausse ecclésiologie, fausse collégialité, fausses théologies de la célébration, de la libération, de la liberté religieuse, etc.) contraires au Magistère et à l’orthodoxie. Avec parfois des réactions symétriques chez les plus ardents défenseurs de l’orthodoxie… Le chapitre 1 de « Lumen Gentium » est composé pour deux-tiers de citations du Nouveau Testament ! Dans sa foi, chaque théologien, chaque fidèle a le droit et le devoir de lire paisiblement dans la « continuité » de la Tradition les textes magistériels de l’autorité suprême, ceux du passé comme ceux à venir. C’est la grande libération du fameux 22 décembre 2005…
Disp. Th. : Qu’est-ce que ce discours de Benoît XVI vous inspire ? A-t-il modifié votre position sur Vatican II ?
Ab. Ph. L. : Ce texte libérateur du Pape Benoît XVI est un discours de réforme audacieuse, qui ramène le texte du concile et son avenir à leurs justes proportions théologiques. Il est antérieur à notre fondation et n’a donc en rien changé la position de notre Institut. C’est plutôt notre Institut qui s’est appuyé sur ce texte magistral. Au fond, le Saint Père invite les théologiens et tous les fidèles à repenser leur attitude par rapport au texte de Vatican II : d’un côté, à ne plus en faire le texte fondateur d’une nouvelle église. Mais pas davantage à en faire un prétexte de rejet global, polémique et systématique, qui serait en rupture avec l’autorité du Saint Père. Personne ne peut nier ou rejeter ce texte : il est là, historique, magistériel. Tant que le sens conforme à la Tradition n’est pas donné d’en haut en tous points, ce concile reste, certes, un texte du Magistère à recevoir, mais sujet à tant d’interrogations interprétatives qu’il est prudent de ne le recevoir qu’au rythme de l’interprétation authentique. Voilà 45 ans que les théologiens les plus divers proposent des interprétations possibles et contradictoires du sens de « Dignitatis Humanae » sur la liberté religieuse. Idem pour « l’Unité spirituelle du genre humain » souvent citée et jamais définie. Etc.…
Disp. Th. : Où vous situez-vous exactement entre ces deux postures symétriques ?
Ab. Ph. L. : Je m’efforce de voir les choses d’un peu plus haut, à l’invitation du Saint-Père. Le « mérite », si l’on peut dire, de l’évènement Vatican II me paraît celui-ci : poser aujourd’hui, avec le recul du temps, les problématiques essentielles de la modernité à la foi traditionnelle, (Même si ces problématiques sont parfois complètement obsolètes : le Net n’existait pas en 1962 et la mondialisation donnée comme inéluctable facteur de paix sur les § 83 à 90 de « Lumen Gentium » a carrément échoué !) Comme disait S.E. le Cardinal Ricard à Lourdes (Cf. sup) « Il faut relire (Vatican II) à nouveaux frais et en retenir ce qui peut l’être ». Il y a du pain sur la planche. Mais attention, le texte touche parfois aux dogmes de l’Eglise, comme en témoignent les trois premières encycliques du Pape Jean-Paul II. Par l’interprétation authentique, par « L’herméneutique de réforme » du texte, qu’il s’agit de relire désormais dans la continuité avec la Tradition, le concile est remis à sa place théologique : non plus un super dogme, mais un texte magistériel composite, rappelant ici la tradition, ouvrant là un espace de recherche, n’obligeant jamais la foi (hormis les points déjà définis) ; mais présentant de sérieuses difficultés d’interprétation : dépassé en certaines parties, soumis sur d’autres à des interrogations critiques fondamentales, ou qui induisent, par les ambiguïtés du texte, des ruptures herméneutiques béantes ; mais qui ouvrent par là même des problématiques passionnantes au Magistère futur. Pour conclure sur ce point, « l’herméneutique de continuité ou de réforme », qui consiste à rechercher un sens au texte en conformité avec la Tradition, vise à réformer, sinon le texte, en tout cas son interprétation et par là même son sens, son importance et sa réception.
Disp. Th. : Sur la question liturgique, comment votre Institut a-t-il reçu l’Instruction Universae Ecclesiae du 13 mai 2007 ?
Ab. Ph. L. : Nous recevons cette Instruction du cardinal Levada comme un document de droit liturgique positif. Il vient à point nommé, pour confirmer, préciser et faire appliquer la loi liturgique universelle posée par le Motu Proprio Summorum Pontificum, rétablissant le droit – jamais abrogé légitimement – du missel de Jean XXIII. C’est un bon document dont nous voyons déjà quelques fruits concernant l’IBP : en France, des évêques nous ont confié sans difficulté deux missions, et ont accepté une nouvelle implantation dans leur diocèse depuis cette Instruction. Alors qu’auparavant, tout semblait plus difficile.
Disp. Th. : Concernant le paragraphe 19 de cette instruction, l’encre a coulé dans la presse (par ex. La Croix) : certains ont voulu y voir une semonce contre certaines communautés traditionnelles…
Ab. Ph. L. : Ces gens feraient bien de relire d’abord le §2 et le §3 de l’Instruction, qui cite le Motu Proprio : « chaque Église particulière doit être en accord avec l’Église universelle, non seulement sur la doctrine de la foi et sur les signes sacramentels, mais aussi sur les usages reçus universellement de la tradition apostolique ininterrompue ». Cette Instruction entend rappeler que la communion des églises locales suppose l’obéissance à la loi liturgique universelle édictée par Rome, et donc au Motu proprio, justement, que beaucoup rechignent à appliquer.
Disp. Th. : Mais n’êtes-vous pas concerné par ce paragraphe 19 ?
Ab. Ph. L. : Tout comme l’ensemble de l’Instruction Universae Ecclesiae, ce paragraphe 19 ne pose aucune difficulté. Supposer d’ailleurs qu’il concerne l’I.B.P. alors qu’il vise d’autres communautés serait une galéjade. Dois-je vous le citer ? « Que les fidèles du Christ qui réclament la célébration selon la forme extraordinaire ne prêtent pas leur concours ou ne donnent pas leur nom aux associations qui attaquent (Impugnent) la validité ou légitimité du Saint-Sacrifice de la messe selon la forme ordinaire, ou encore ne soient hostiles (Sint infensae), de quelque manière, au Souverain Pontife Romain, Pasteur de l’Eglise Universelle ». Puisqu’il s’agit du droit liturgique universel en vigueur, l’IBP atteste la validité théologique et la légitimité canonique des célébrations de la messe et des sacrements dans la "forme ordinaire", conformément à ce paragraphe 19. Ce paragraphe ne porte pas non plus atteinte à notre acte d’adhésion fondateur, qui nous engage encore, de façon constructive, dans le nouveau mouvement liturgique, en vue d’enrichissements possibles du missel de Paul VI souhaités par Benoît XVI lui-même, suivi par un cardinal Burke ou un Mgr Bux.
Disp. Th. : Pourquoi alors ne pas célébrer la "forme ordinaire" ?
Ab. Ph. L. : Si on les reçoit dans l’esprit de l’Eglise, à la lumière du Droit Canon et du Motu Proprio Summorum Pontificum, nos constitutions approuvées par Rome sont très claires. Le décret d’érection de l’Institut du Bon-Pasteur confère à ses membres « le droit de célébrer vraiment comme leur rite propre la Sainte Liturgie en usant des livres liturgiques codifiés par le Bx Jean XXIII en 1962 » (ibidem ; cf. Statuts de l’IBP, Ar.1 §2). Ce droit propre de l’IBP implique l’observance du canon 846 §2 : « Le ministre célèbrera les sacrements selon son rite propre ». Cette disposition générale englobe le missel, le rituel et le pontifical de 1962, ainsi que le bréviaire (Décret d’érection ; Statuts, art.1 §2 ; confirmé par Universae Ecclesiae, §35 ; §§28-32). Ainsi, le charisme propre de l’Institut du Bon-Pasteur garantit concrètement pour ses membres la liberté et le droit d’adhérer à la "forme extraordinaire", qui sont offerts à l’Eglise entière par le Motu Proprio. Et puisque « la forme extraordinaire doit être conservée avec l’honneur qui lui est due » (Universae Ecclesiae, §6), puisque qu’encore le Motu Proprio Summorum Pontificum de Benoît XVI certifie la légitimité du missel de 1962 « jamais abrogé », ce droit propre pour l’IBP est légitime.
Disp.Th. : Quel est alors votre contact avec les célébrations dans la "forme ordinaire" ?
Ab. Ph. L. : De par son charisme propre, les membres de l’IBP célèbrent la liturgie ou y assistent selon l’usage de la "forme extraordinaire". Par rapport à l’assistance selon la "forme ordinaire", notre Institut est soumis au Droit Canon et au Motu Proprio – en tenant compte de la lettre et de l’esprit de nos statuts – et se contente d’en exiger l’observance. Les membres de l’IBP ont donc la liberté d’agir selon la loi générale étant saufs le droit propre (Décret d’érection et CIC c. 846) et la fidélité au caractère propre de l’Institut (CIC c. 578). Dans les diocèses où ils sont missionnés, il est pour eux notamment convenable, selon les exigences démontrées du bien commun, d'accepter les invitations des évêques à être présent aux moments significatifs de la vie du diocèse, par exemple les messes d’ordinations et chrismales qui réunissent autour de son évêque le presbyterium de l’église locale, mais aussi tel pèlerinage, des débats théologiques sur des problèmes actuels…, et surtout des agapes fraternelles entre prêtres ! L’Institut ne « réglemente » en rien au-delà de ses statuts, du droit de l’Eglise et de son Magistère, tout simplement parce qu’il est une œuvre d’Eglise. Fort heureusement d’ailleurs, puisque « l’Esprit vivifie et la lettre tue ». La fidélité à l’Eglise est aussi une question d’esprit. Le pape Benoît XVI a rendu à tous cette « glorieuse liberté des enfants de Dieu », cette « faculté de se mouvoir dans le bien », comme l’appelait le pape Léon XIII.
Disp.Th. : Merci pour cet entretien, M. l’abbé. Une question supplémentaire : quelles sont vos perspectives pour l’Institut ?
Ab. Ph. L. : Au plan concret, les projets en cours exigent, de soi, la plus grande discrétion. En attendant de pouvoir vous en dire plus, Je puis seulement vous annoncer l’installation prochaine d’une maison générale formée. Au cœur de l’Eglise, les services sont variés et il n’en est pas de petit. De la paroisse personnelle à l’aumônerie de malades, en passant par les écoles, les simples missions paroissiales ou les remplacements de confrères…, l’Institut du Bon-Pasteur s’y engage volontiers, selon ses possibilités et se développe humblement, mais sûrement.
Disp.Th. : Observez-vous une évolution du contexte ?
Ab. Ph. L. : Les choses évoluent de façon évidente, trop lentement ou trop vite selon les points de vue. Peu importe, « ça tourne », comme disait Galilée de la terre, que d’aucuns avaient arrêtée à leur guise. L’abondance de la moisson, les contacts personnels qui se multiplient, l’écoute nouvelle des évêques qui répondent à la demande, les avancées romaines (en particulier le document Universae Ecclesiae qui établit la Commission Ecclésia Dei comme « juge » de l’application du Motu Proprio)… Tout concourt à une mutation des esprits et des cœurs qui ouvre le champ à la liturgie traditionnelle, via les « Instituts spécialisés » (comme les appelaient le Cardinal Castrillon-Hoyos), qu’on le veuille ou non. Les années 70 sont bien mortes et les années 90 s’en vont aussi…
Disp.Th. : Et les obstacles, les difficultés ?
Ab. Ph. L. : J’en profite pour rectifier une erreur aussi répandue que funeste. On veut croire que les réticences à notre égard (qui proviennent surtout des inévitables tiraillements internes de notre fondation et non point du positionnement doctrinal de l’Institut, au contraire, comme me le rappelait Mgr Pozzo il y a quelques jours), me mettraient dans l’embarras pour placer des prêtres que nous aurions en surnombre. C’est complètement faux ! Aucun de nous n’est au chômage, je vous prie de le croire et, à la vérité, je ne puis pourvoir à toutes les nécessités, à l’étranger comme en France. La formation sacerdotale, prunelle de nos yeux, et œuvre silencieuse de longue portée, suppose un investissement de nombreux prêtres professeurs à plein temps (actuellement quatre résidents pour six années d’études). Je reporte des missions, bien malgré moi, pour des prêtres qu’on me demande. Nous serions deux fois plus nombreux que la tâche ne manquerait point.
Disp.Th. : M. l’abbé, merci, un mot pour la fin ?
Ab. Ph. L. : Si l’urgence reste de former de bons prêtres, alors confions à la Providence le soin de remplir notre séminaire de belles et nombreuses vocations. L’avenir est là, et non de gémir sur les malheurs des temps. L’Institut du Bon-Pasteur est vraiment une œuvre providentielle et, unique en son genre. Impossible sans le discours du 22 décembre 2005 qui la précède de quelques mois, elle anticipe cependant de quelques mois encore sur la restauration liturgique du Motu Proprio. Merci au pape et à l’Eglise de ce cadeau magnifique qui nous place si près du centre de l’histoire et du cœur de l’Eglise…
[1] Pour le concile, cf. Concile Vatican II, Lumen Gentium n° 25 ; Cal Periclès Felici, Secrétaire général de ce concile en 1965 ; Code de droit canonique CIC 1983, c. 749, 1-3 ; c. 752 ; Jean-Paul II, Ad Tuendam Fidem, 1998, etc.
Source: http://disputationes.over-blog.com/article-entretien-avec-m-l-abbe-philippe-laguerie-moderateur-general-de-l-institut-du-bon-pasteur-80517644.html
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Re: La Sainte Eglise de Dieu - Motu Proprio "Summorum Pontificum" et l'Instruction « Universae Ecclesiae » du Vendredi 13 mai 2011
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UN POINT DE VUE ANGLAIS SUR L'INTRODUCTION DE LA FORME EXTRAORDINAIRE DANS LES SÉMINAIRES ET LA QUESTION CARDINALE DE L'APPRENTISSAGE DU LATIN
Nous vous proposons cette semaine l'essentiel d'un article publié le 25 mars 2011 par Damian Thompson, le chroniqueur religieux du Daily Telegraph. Dans ce texte, paru avant la publication de l'instruction Universæ Ecclesiæ, Damian Thompson réagissait à l'inquiétude manifestée par deux des plus fameuses plumes de la presse progressiste anglophone (Robert Mickens du Tablet britannique et John Allen du National Catholic Reporter américain) que l'Instruction puisse rendre obligatoire l'apprentissage de la forme extraordinaire dans les séminaires.
Certes, nous savons qu'il n'en a pas été ainsi et que l'Instruction n'a finalement comporté qu'une injonction au retour du latin dans les programmes de formation des séminaires, ce qui constitue néanmoins un premier pas vers la constitution d'un clergé ouvert au trésor que représente la liturgie traditionnelle. L'article de Damian Thompson demeure cependant particulièrement intéressant car il fait une analyse très semblable à celle souvent exprimée sous diverses formes par Paix Liturgique : compte tenu de la mentalité toujours plus traditionnelle d'une bonne part des séminaristes diocésains, le barrage idéologique progressiste s'effrite et l'accès des séminaristes à l'étude du latin est une ouverture essentielle vers l'apprentissage serein et la célébration universelle de la forme extraordinaire.
I – L'ARTICLE DU TELEGRAPH
(source)
(...)
En revanche, la proposition d'enseigner à tous les séminaristes de célébrer la messe tridentine est une affaire sérieuse. À bien des égards elle est aussi radicale que Summorum Pontificum lui-même.
Selon John Allen, les évêques du monde entier “ne se sont pas exactement pliés en quatre” pour rendre la messe traditionnelle largement disponible depuis 2007. Cela sonne juste. En Angleterre et au Pays de Galles, la plupart des diocèses ne posent pas d'obstacles flagrants à l'application du Motu Proprio... parce qu'ils n'en ont pas besoin ! Sur le papier, la mise en œuvre du Motu Proprio est indépendante du pouvoir de l'évêque : le prêtre n'a pas besoin de permission pour célébrer la forme extraordinaire. Dans la pratique, il est facile de transformer le document en lettre morte : la plupart des curés appartiennent à la génération Vatican II, insensible aux rubriques traditionnelles, et la majorité des laïcs n'a jamais approché la messe tridentine et ne sait pas ce qu'elle perd.
Je ne pense pas que la forme ancienne du rite romain pourra jamais supplanter la liturgie en langue vernaculaire. Mais nous n'aurons idée du vrai niveau de la demande que lorsqu'il y aura des prêtres heureux de la célébrer, l'offrant peut-être tôt le matin – comme le font les Anglicans offrant la Sainte Communion selon le BCP (Book of Common Prayer / Livre de Prières Publiques) – ou en en faisant le temps fort de certaines solennités. La plupart des jeunes catholiques pratiquants que je connais sont d'accord avec le Pape pour dire que les formes ordinaire et extraordinaire du rite romain doivent se compléter l'une et l'autre, mais ils ont généralement la chance d'habiter à Londres ou dans les environs où la messe traditionnelle est particulièrement accessible.
Le cauchemar pour les adversaires irréductibles de la forme extraordinaire est la formation, dans chaque diocèse, d'une génération de prêtres sachant utiliser le Missel de 1962 et parfaitement heureux de le faire.
Ce n'est qu'une supposition, mais je crois que la moitié de nos séminaristes actuels aimerait apprendre à dire la messe ancienne : une proportion inimaginable il ya 30 ans, lorsque le clergé d'aujourd'hui se formait à la prêtrise. Toutefois, ces étudiants sont assez intelligents pour se taire. Les séminaires sont gérés par la conférence épiscopale : jusqu'à récemment, les recteurs n'avaient aucune difficulté pour choisir des étudiants libéraux, copains mais soumis, prêts à finir Monseigneurs le lendemain. Aujourd'hui, l'approvisionnement en séminaristes libéraux est à sec et les recteurs font face à la tâche plus ardue de devoir distinguer les conservateurs modérés des traditionalistes “in petto”.
La dernière chose que veulent les recteurs, vraiment la dernière chose !, est que chaque séminariste soit formé à célébrer la “messe de toujours”. Non seulement cela rendrait plus difficile l'élimination des tradis indésirables, mais cela finirait aussi par introduire l'ancienne liturgie dans les paroisses encore épargnées par Summorum Pontificum. Ce serait une catastrophe du point de vue de la conférence épiscopale. La promotion de la forme extraordinaire, même comme remplacement occasionnel dans les églises locales permettrait d'accélérer un changement de culture vers le catholicisme traditionnel que la hiérarchie a déjà du mal à contrôler.
Les conséquences d'une instruction faite aux séminaires d'enseigner aux élèves la forme extraordinaire – et assez de latin pour savoir ce qu'ils disent – seraient considérables. Pour cette raison, je m'attends à un très gros effort pour contourner une telle obligation. Nous ne pouvons pas être certains que les sources de Mickens et d'Allen quant au contenu du document soient justes, bien sûr, mais nous pouvons être certains que les évêques et les recteurs de séminaires ont entendu les mêmes rumeurs et travaillent sur un plan d'urgence. Si l'instruction tente de forcer l'entrée de l'ancien missel dans les séminaires, alors les canonistes libéraux se pencheront sur elle à la minute même de son apparition, à la recherche de quelque faille. Et s'il n'y en a pas, alors on peut s'attendre à beaucoup de manœuvres dilatoires et d'excuses mentionnant le manque de personnel, de ressources, de temps, etc.
Et tout cela alors que le nouveau Missel en anglais entre en jeu. Nous vivons vraiment une époque intéressante.
II – LES RÉFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE
a) Le débat liturgique est ouvert : ces lignes de Damian Thompson montrent que, France mise à part, il existe dans le monde un véritable débat portant sur la question liturgique. Un débat qui dépasse largement les sphères traditionalistes estampillées puisque le Telegraph n'est rien de moins que le premier quotidien britannique classique (non-tabloïd). Cet article manifeste ainsi que la liturgie traditionnelle de l’Église est bien un sujet pour l’Église universelle et que les différents points de vue y ont autant pignon sur rue les uns que les autres.
b) La loi du silence française : dans le même temps, en France, des centaines de demandes de célébrations de messe traditionnelles sont ignorées. Huit sondages nationaux ou diocésains réalisés par des organismes professionnels révèlent qu’un tiers au moins des pratiquants assisteraient à la forme extraordinaire du rite romain si le Motu Proprio était appliqué dans leurs paroisses et pourtant « on » ignore ces sondages dont « on » ne parle pas. Aucun quotidien français (et surtout pas de la presse dite catholique) n'évoque librement la question liturgique et ne permet une saine disputatio. Seule la ligne officielle peut s’exprimer : « il n’y a pas de demande », « cette messe n’intéresse pas les jeunes », « la – faible – demande est déjà largement satisfaite », « la majorité des fidèles ne veut pas de cette messe », etc. Quant aux sondages, ils n’existent pas. Nous vivons vraiment une époque intéressante : le travail de l’historien qui, dans quelques décennies, se penchera sur l’attitude des évêques qui savaient mais n’ont rien fait, sera particulièrement savoureux…
c) La question cardinale de l’étude du latin : c’est le cœur de l’analyse de Damian Thompson qui répond aux adversaires de l’apprentissage de la forme extraordinaire et de la réintroduction de l’étude du latin dans les séminaires (qui devrait pourtant être une évidence !). Pour lui, il ne fait aucun doute qu’en Angleterre – comme en France, comme au Portugal, comme en Italie... – une part importante des séminaristes désirent assister aussi à la forme extraordinaire et célébrer plus tard aussi la forme extraordinaire. Le seul obstacle – pas infranchissable, mais gênant – est leur manque de familiarité avec le latin. Tous ceux qui connaissent la situation du futur clergé en France le confirmeront : la formation au latin des séminaristes est première car, dès lors qu’ils savent pratiquer aisément le latin, ils deviennent des acteurs en puissance de la forme extraordinaire.
Les adversaires du retour du latin dans les séminaires – qui sont souvent ceux qui l'en ont chassé – sont bien conscients des conséquences qu'une telle décision pourrait avoir sur les choix liturgiques des futurs prêtres. Comme le dit Damian Thompson : « Le cauchemar pour les adversaires irréductibles de la forme extraordinaire, est la formation, dans chaque diocèse, d'une génération de prêtres sachant utiliser le Missel de 1962 et parfaitement heureux de le faire ». Comme on le sait, finalement, l'instruction n'a pas imposé l'apprentissage de la forme extraordinaire dans les séminaires, se limitant à inciter au retour du latin. Il n’y a en fait pas de regrets à avoir tant on sait que les textes seuls ne suffisent pas. Il suffit pour s’en convaincre de voir le peu de cas que la plupart des évêques ont fait des dizaines de textes rappelant les normes liturgiques depuis plusieurs années…
Certaines expériences ont néanmoins vu le jour : séminaire du diocèse de Saint Louis aux États-Unis, grand séminaire de Cracovie, séminaire de Mundelein (le plus important de l’archidiocèse de Chicago), début d’expérience en France avec la maison Sainte Blandine de Lyon (qui pourrait recevoir six propédeutiques en septembre) et Bayonne qui devrait suivre en septembre… Cette liste n’est pas exhaustive et illustre les mutations profondes qui s’opèrent dans le clergé de demain.
Les arguments traités par Damian Thompson sont pertinents. Ils confirment que, d'un côté comme de l'autre de la Manche et dans de nombreux endroits du globe, le renouveau sacerdotal est en marche. Oui, comme Paix Liturgique le souligne régulièrement à l'occasion de la publication des statistiques des séminaires ou des ordinations, les nouveaux prêtres sont toujours plus nombreux à être ouverts à la “réforme de la réforme” engagée par Benoît XVI, à vouloir assumer pleinement leur identité sacerdotale et à vivre en communion avec Rome.
d) Le blocage hiérarchique : leproblème, à Londres comme à Paris, c'est que la plus grande partie de la hiérarchie ecclésiastique – évêques et recteurs de séminaires en l'occurrence, selon Damian Thompson – fait obstacle à ce renouveau. Or il existe encore des vocations de type traditionnel qui ne trouvent pas de lieu où s’intégrer. Les communautés Ecclesia Dei et la FSSPX, surtout dans la forme officielle qu’elle devrait bientôt prendre, rendent et continueront de rendre un service considérable, mais elles ne drainent pas toutes les vocations existantes. L’écrasante majorité de ceux qui sont aujourd'hui aux commandes de nos diocèses et de nos séminaires le savent pertinemment, mais une partie d’entre eux préfèrent les voir mourir plutôt que de prendre des mesures qui leur sembleraient être une reconnaissance d’erreur, et un aveu que la poursuite d’une « pastorale » qui n'est en réalité qu'une impasse conduit au suicide.
Mais c’est une réaction « conservatrice » désespérée tout à fait classique. Elle ne durera qu’un temps. Le réalisme, qui est aussi sens de l’Église, ne peut que l’emporter. Les séminaires continuent à se vider. Et les nouvelles générations de prêtres et de séminaires "identitaires" qui arrivent ne peuvent que prendre rapidement le relai pour redonner à l'Église et notamment à l'Eglise de France la vitalité dont elle a tant besoin. Tout cela n'est certes qu'une question de temps... mais le plus tôt sera le mieux.
UN POINT DE VUE ANGLAIS SUR L'INTRODUCTION DE LA FORME EXTRAORDINAIRE DANS LES SÉMINAIRES ET LA QUESTION CARDINALE DE L'APPRENTISSAGE DU LATIN
Nous vous proposons cette semaine l'essentiel d'un article publié le 25 mars 2011 par Damian Thompson, le chroniqueur religieux du Daily Telegraph. Dans ce texte, paru avant la publication de l'instruction Universæ Ecclesiæ, Damian Thompson réagissait à l'inquiétude manifestée par deux des plus fameuses plumes de la presse progressiste anglophone (Robert Mickens du Tablet britannique et John Allen du National Catholic Reporter américain) que l'Instruction puisse rendre obligatoire l'apprentissage de la forme extraordinaire dans les séminaires.
Certes, nous savons qu'il n'en a pas été ainsi et que l'Instruction n'a finalement comporté qu'une injonction au retour du latin dans les programmes de formation des séminaires, ce qui constitue néanmoins un premier pas vers la constitution d'un clergé ouvert au trésor que représente la liturgie traditionnelle. L'article de Damian Thompson demeure cependant particulièrement intéressant car il fait une analyse très semblable à celle souvent exprimée sous diverses formes par Paix Liturgique : compte tenu de la mentalité toujours plus traditionnelle d'une bonne part des séminaristes diocésains, le barrage idéologique progressiste s'effrite et l'accès des séminaristes à l'étude du latin est une ouverture essentielle vers l'apprentissage serein et la célébration universelle de la forme extraordinaire.
I – L'ARTICLE DU TELEGRAPH
(source)
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En revanche, la proposition d'enseigner à tous les séminaristes de célébrer la messe tridentine est une affaire sérieuse. À bien des égards elle est aussi radicale que Summorum Pontificum lui-même.
Selon John Allen, les évêques du monde entier “ne se sont pas exactement pliés en quatre” pour rendre la messe traditionnelle largement disponible depuis 2007. Cela sonne juste. En Angleterre et au Pays de Galles, la plupart des diocèses ne posent pas d'obstacles flagrants à l'application du Motu Proprio... parce qu'ils n'en ont pas besoin ! Sur le papier, la mise en œuvre du Motu Proprio est indépendante du pouvoir de l'évêque : le prêtre n'a pas besoin de permission pour célébrer la forme extraordinaire. Dans la pratique, il est facile de transformer le document en lettre morte : la plupart des curés appartiennent à la génération Vatican II, insensible aux rubriques traditionnelles, et la majorité des laïcs n'a jamais approché la messe tridentine et ne sait pas ce qu'elle perd.
Je ne pense pas que la forme ancienne du rite romain pourra jamais supplanter la liturgie en langue vernaculaire. Mais nous n'aurons idée du vrai niveau de la demande que lorsqu'il y aura des prêtres heureux de la célébrer, l'offrant peut-être tôt le matin – comme le font les Anglicans offrant la Sainte Communion selon le BCP (Book of Common Prayer / Livre de Prières Publiques) – ou en en faisant le temps fort de certaines solennités. La plupart des jeunes catholiques pratiquants que je connais sont d'accord avec le Pape pour dire que les formes ordinaire et extraordinaire du rite romain doivent se compléter l'une et l'autre, mais ils ont généralement la chance d'habiter à Londres ou dans les environs où la messe traditionnelle est particulièrement accessible.
Le cauchemar pour les adversaires irréductibles de la forme extraordinaire est la formation, dans chaque diocèse, d'une génération de prêtres sachant utiliser le Missel de 1962 et parfaitement heureux de le faire.
Ce n'est qu'une supposition, mais je crois que la moitié de nos séminaristes actuels aimerait apprendre à dire la messe ancienne : une proportion inimaginable il ya 30 ans, lorsque le clergé d'aujourd'hui se formait à la prêtrise. Toutefois, ces étudiants sont assez intelligents pour se taire. Les séminaires sont gérés par la conférence épiscopale : jusqu'à récemment, les recteurs n'avaient aucune difficulté pour choisir des étudiants libéraux, copains mais soumis, prêts à finir Monseigneurs le lendemain. Aujourd'hui, l'approvisionnement en séminaristes libéraux est à sec et les recteurs font face à la tâche plus ardue de devoir distinguer les conservateurs modérés des traditionalistes “in petto”.
La dernière chose que veulent les recteurs, vraiment la dernière chose !, est que chaque séminariste soit formé à célébrer la “messe de toujours”. Non seulement cela rendrait plus difficile l'élimination des tradis indésirables, mais cela finirait aussi par introduire l'ancienne liturgie dans les paroisses encore épargnées par Summorum Pontificum. Ce serait une catastrophe du point de vue de la conférence épiscopale. La promotion de la forme extraordinaire, même comme remplacement occasionnel dans les églises locales permettrait d'accélérer un changement de culture vers le catholicisme traditionnel que la hiérarchie a déjà du mal à contrôler.
Les conséquences d'une instruction faite aux séminaires d'enseigner aux élèves la forme extraordinaire – et assez de latin pour savoir ce qu'ils disent – seraient considérables. Pour cette raison, je m'attends à un très gros effort pour contourner une telle obligation. Nous ne pouvons pas être certains que les sources de Mickens et d'Allen quant au contenu du document soient justes, bien sûr, mais nous pouvons être certains que les évêques et les recteurs de séminaires ont entendu les mêmes rumeurs et travaillent sur un plan d'urgence. Si l'instruction tente de forcer l'entrée de l'ancien missel dans les séminaires, alors les canonistes libéraux se pencheront sur elle à la minute même de son apparition, à la recherche de quelque faille. Et s'il n'y en a pas, alors on peut s'attendre à beaucoup de manœuvres dilatoires et d'excuses mentionnant le manque de personnel, de ressources, de temps, etc.
Et tout cela alors que le nouveau Missel en anglais entre en jeu. Nous vivons vraiment une époque intéressante.
II – LES RÉFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE
a) Le débat liturgique est ouvert : ces lignes de Damian Thompson montrent que, France mise à part, il existe dans le monde un véritable débat portant sur la question liturgique. Un débat qui dépasse largement les sphères traditionalistes estampillées puisque le Telegraph n'est rien de moins que le premier quotidien britannique classique (non-tabloïd). Cet article manifeste ainsi que la liturgie traditionnelle de l’Église est bien un sujet pour l’Église universelle et que les différents points de vue y ont autant pignon sur rue les uns que les autres.
b) La loi du silence française : dans le même temps, en France, des centaines de demandes de célébrations de messe traditionnelles sont ignorées. Huit sondages nationaux ou diocésains réalisés par des organismes professionnels révèlent qu’un tiers au moins des pratiquants assisteraient à la forme extraordinaire du rite romain si le Motu Proprio était appliqué dans leurs paroisses et pourtant « on » ignore ces sondages dont « on » ne parle pas. Aucun quotidien français (et surtout pas de la presse dite catholique) n'évoque librement la question liturgique et ne permet une saine disputatio. Seule la ligne officielle peut s’exprimer : « il n’y a pas de demande », « cette messe n’intéresse pas les jeunes », « la – faible – demande est déjà largement satisfaite », « la majorité des fidèles ne veut pas de cette messe », etc. Quant aux sondages, ils n’existent pas. Nous vivons vraiment une époque intéressante : le travail de l’historien qui, dans quelques décennies, se penchera sur l’attitude des évêques qui savaient mais n’ont rien fait, sera particulièrement savoureux…
c) La question cardinale de l’étude du latin : c’est le cœur de l’analyse de Damian Thompson qui répond aux adversaires de l’apprentissage de la forme extraordinaire et de la réintroduction de l’étude du latin dans les séminaires (qui devrait pourtant être une évidence !). Pour lui, il ne fait aucun doute qu’en Angleterre – comme en France, comme au Portugal, comme en Italie... – une part importante des séminaristes désirent assister aussi à la forme extraordinaire et célébrer plus tard aussi la forme extraordinaire. Le seul obstacle – pas infranchissable, mais gênant – est leur manque de familiarité avec le latin. Tous ceux qui connaissent la situation du futur clergé en France le confirmeront : la formation au latin des séminaristes est première car, dès lors qu’ils savent pratiquer aisément le latin, ils deviennent des acteurs en puissance de la forme extraordinaire.
Les adversaires du retour du latin dans les séminaires – qui sont souvent ceux qui l'en ont chassé – sont bien conscients des conséquences qu'une telle décision pourrait avoir sur les choix liturgiques des futurs prêtres. Comme le dit Damian Thompson : « Le cauchemar pour les adversaires irréductibles de la forme extraordinaire, est la formation, dans chaque diocèse, d'une génération de prêtres sachant utiliser le Missel de 1962 et parfaitement heureux de le faire ». Comme on le sait, finalement, l'instruction n'a pas imposé l'apprentissage de la forme extraordinaire dans les séminaires, se limitant à inciter au retour du latin. Il n’y a en fait pas de regrets à avoir tant on sait que les textes seuls ne suffisent pas. Il suffit pour s’en convaincre de voir le peu de cas que la plupart des évêques ont fait des dizaines de textes rappelant les normes liturgiques depuis plusieurs années…
Certaines expériences ont néanmoins vu le jour : séminaire du diocèse de Saint Louis aux États-Unis, grand séminaire de Cracovie, séminaire de Mundelein (le plus important de l’archidiocèse de Chicago), début d’expérience en France avec la maison Sainte Blandine de Lyon (qui pourrait recevoir six propédeutiques en septembre) et Bayonne qui devrait suivre en septembre… Cette liste n’est pas exhaustive et illustre les mutations profondes qui s’opèrent dans le clergé de demain.
Les arguments traités par Damian Thompson sont pertinents. Ils confirment que, d'un côté comme de l'autre de la Manche et dans de nombreux endroits du globe, le renouveau sacerdotal est en marche. Oui, comme Paix Liturgique le souligne régulièrement à l'occasion de la publication des statistiques des séminaires ou des ordinations, les nouveaux prêtres sont toujours plus nombreux à être ouverts à la “réforme de la réforme” engagée par Benoît XVI, à vouloir assumer pleinement leur identité sacerdotale et à vivre en communion avec Rome.
d) Le blocage hiérarchique : leproblème, à Londres comme à Paris, c'est que la plus grande partie de la hiérarchie ecclésiastique – évêques et recteurs de séminaires en l'occurrence, selon Damian Thompson – fait obstacle à ce renouveau. Or il existe encore des vocations de type traditionnel qui ne trouvent pas de lieu où s’intégrer. Les communautés Ecclesia Dei et la FSSPX, surtout dans la forme officielle qu’elle devrait bientôt prendre, rendent et continueront de rendre un service considérable, mais elles ne drainent pas toutes les vocations existantes. L’écrasante majorité de ceux qui sont aujourd'hui aux commandes de nos diocèses et de nos séminaires le savent pertinemment, mais une partie d’entre eux préfèrent les voir mourir plutôt que de prendre des mesures qui leur sembleraient être une reconnaissance d’erreur, et un aveu que la poursuite d’une « pastorale » qui n'est en réalité qu'une impasse conduit au suicide.
Mais c’est une réaction « conservatrice » désespérée tout à fait classique. Elle ne durera qu’un temps. Le réalisme, qui est aussi sens de l’Église, ne peut que l’emporter. Les séminaires continuent à se vider. Et les nouvelles générations de prêtres et de séminaires "identitaires" qui arrivent ne peuvent que prendre rapidement le relai pour redonner à l'Église et notamment à l'Eglise de France la vitalité dont elle a tant besoin. Tout cela n'est certes qu'une question de temps... mais le plus tôt sera le mieux.
Her- Messages : 9481
Date d'inscription : 01/05/2009
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Re: La Sainte Eglise de Dieu - Motu Proprio "Summorum Pontificum" et l'Instruction « Universae Ecclesiae » du Vendredi 13 mai 2011
http://www.perepiscopus.org/summorum-pontificum/une-note-du-diocese-de-perpignan-sur-summorum-pontificum
Une note du diocèse de Perpignan sur Summorum Pontificum
Posté par Maximilien Bernard dans Summorum Pontificum le 08 2nd, 2011 |
Mgr Marceau, évêque de Perpignan, lors des ordinations le 26 juin
Le 30 juin, la chancellerie du diocèse de Perpignan a diffusé une note sur l’application du motu proprio Summorum Pontificum.
Extraits :
A la suite de l’instruction de la Commission pontificale » Ecclesia Dei » en date du 30 Avril 2011, sur l’application de la Lettre apostolique Summorum Pontificum, et à l’occasion de plusieurs évènements et problèmes récents, il paraît utile de donner quelques précisions:
L’instruction précise, au N° 20a, à propos des célébrations eucharistiques publiques en rite extraordinaire, que les prêtres idoines sont ceux qui ne sont pas « empêchés par le droit canonique ». On peut comprendre que cette indication s’étend aux autres sacrements, ainsi qu’à d’autres fonctions sacrées. L’instruction définit également que le prêtre « doit avoir du latin une connaissance de base qui lui permette de prononcer correctement les mots et d’en comprendre le sens », et doit avoir aussi la connaissance du déroulement du rite ainsi que de sa pratique. Elle indique enfin que les Évêques diocésains peuvent demander la collaboration des prêtres des Instituts érigés par la Commission pontificale Ecclesia Dei.
Dans le diocèse de Perpignan, les prêtres de la Fraternité Saint Pierre peuvent remplir habituellement cette collaboration, pourvus qu’ils se soient entendus avec le curé affectataire du lieu, et qu’en matière de mariage la délégation du curé soit accordée et bien spécifiée par écrit sur le dossier de mariage. D’autres demandes peuvent concerner des membres d’instituts « Ecclésia Dei » non présents dans le diocèse: dans ce cas, il faut consulter préalablement l’Evêque. Pour les prêtres de la Fraternité Saint Pie X, la Note de la Secrétairerie d’Etat du 4 Février 2009 est toujours en vigueur, qui informe que ses membres ne jouissent d’aucune reconnaissance canonique dans l’Eglise Catholique. Ils sont toujours « suspens » et ne correspondent donc pas aux critères d’idonéité indiqués par la Note citée ci-dessus. Il faut donc en règle générale refuser de « prêter » un église paroissiale ou une chapelle pour des obsèques, un mariage ou un baptême qui serait célébré par l’un de ces prêtres, et encore moins accorder une délégation pour un mariage. C’est de la responsabilité du curé et doit être respecté par tous ses collaborateurs. Cela est également valable pour d’autres groupes ou instituts non-reconnus par la « commission Ecclesia Dei ». Seul l’Evêque peut être juge en ces cas, et exprimer une autorisation, en indiquant quelles règles canoniques peuvent être appliquées. [...]
Cette note a reçu l’approbation de Mgr Marceau qui en a demandé la publication.
Mon confrère Christophe Saint-Placide remarque que cette note ne prend pas la peine de rappeler que tout prêtre peut célébrer selon la forme extraordinaire. Elle ne s’attache (s’attaque ?) qu’à la Fraternité Saint Pie X. C’est un tantinet obtus.
Une note du diocèse de Perpignan sur Summorum Pontificum
Posté par Maximilien Bernard dans Summorum Pontificum le 08 2nd, 2011 |
Mgr Marceau, évêque de Perpignan, lors des ordinations le 26 juin
Le 30 juin, la chancellerie du diocèse de Perpignan a diffusé une note sur l’application du motu proprio Summorum Pontificum.
Extraits :
A la suite de l’instruction de la Commission pontificale » Ecclesia Dei » en date du 30 Avril 2011, sur l’application de la Lettre apostolique Summorum Pontificum, et à l’occasion de plusieurs évènements et problèmes récents, il paraît utile de donner quelques précisions:
L’instruction précise, au N° 20a, à propos des célébrations eucharistiques publiques en rite extraordinaire, que les prêtres idoines sont ceux qui ne sont pas « empêchés par le droit canonique ». On peut comprendre que cette indication s’étend aux autres sacrements, ainsi qu’à d’autres fonctions sacrées. L’instruction définit également que le prêtre « doit avoir du latin une connaissance de base qui lui permette de prononcer correctement les mots et d’en comprendre le sens », et doit avoir aussi la connaissance du déroulement du rite ainsi que de sa pratique. Elle indique enfin que les Évêques diocésains peuvent demander la collaboration des prêtres des Instituts érigés par la Commission pontificale Ecclesia Dei.
Dans le diocèse de Perpignan, les prêtres de la Fraternité Saint Pierre peuvent remplir habituellement cette collaboration, pourvus qu’ils se soient entendus avec le curé affectataire du lieu, et qu’en matière de mariage la délégation du curé soit accordée et bien spécifiée par écrit sur le dossier de mariage. D’autres demandes peuvent concerner des membres d’instituts « Ecclésia Dei » non présents dans le diocèse: dans ce cas, il faut consulter préalablement l’Evêque. Pour les prêtres de la Fraternité Saint Pie X, la Note de la Secrétairerie d’Etat du 4 Février 2009 est toujours en vigueur, qui informe que ses membres ne jouissent d’aucune reconnaissance canonique dans l’Eglise Catholique. Ils sont toujours « suspens » et ne correspondent donc pas aux critères d’idonéité indiqués par la Note citée ci-dessus. Il faut donc en règle générale refuser de « prêter » un église paroissiale ou une chapelle pour des obsèques, un mariage ou un baptême qui serait célébré par l’un de ces prêtres, et encore moins accorder une délégation pour un mariage. C’est de la responsabilité du curé et doit être respecté par tous ses collaborateurs. Cela est également valable pour d’autres groupes ou instituts non-reconnus par la « commission Ecclesia Dei ». Seul l’Evêque peut être juge en ces cas, et exprimer une autorisation, en indiquant quelles règles canoniques peuvent être appliquées. [...]
Cette note a reçu l’approbation de Mgr Marceau qui en a demandé la publication.
Mon confrère Christophe Saint-Placide remarque que cette note ne prend pas la peine de rappeler que tout prêtre peut célébrer selon la forme extraordinaire. Elle ne s’attache (s’attaque ?) qu’à la Fraternité Saint Pie X. C’est un tantinet obtus.
Her- Messages : 9481
Date d'inscription : 01/05/2009
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Re: La Sainte Eglise de Dieu - Motu Proprio "Summorum Pontificum" et l'Instruction « Universae Ecclesiae » du Vendredi 13 mai 2011
http://www.perepiscopus.org/summorum-pontificum/mgr-robert-le-gall-celebre-la-messe-de-st-pie-v-a-madrid
Mgr Robert Le Gall célèbre la messe de St Pie V à Madrid
Posté par Maximilien Bernard dans Summorum Pontificum le 08 20th, 2011 |
L’archevêque de Toulouse a célébré vendredi une messe pontificale selon la forme extraordinaire du rite romain pour les jeunes de Juventutem.
Mgr Aillet et Mgr Rey ont célébré également cette messe pour Juventutem auparavant.
Mgr Robert Le Gall célèbre la messe de St Pie V à Madrid
Posté par Maximilien Bernard dans Summorum Pontificum le 08 20th, 2011 |
L’archevêque de Toulouse a célébré vendredi une messe pontificale selon la forme extraordinaire du rite romain pour les jeunes de Juventutem.
Mgr Aillet et Mgr Rey ont célébré également cette messe pour Juventutem auparavant.
Her- Messages : 9481
Date d'inscription : 01/05/2009
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Re: La Sainte Eglise de Dieu - Motu Proprio "Summorum Pontificum" et l'Instruction « Universae Ecclesiae » du Vendredi 13 mai 2011
http://www.perepiscopus.org/summorum-pontificum/un-eveque-dans-la-ligne-voulue-par-le-saint-pere-benoit-xvi
Un évêque dans la ligne voulue par le Saint-Père Benoît XVI
Posté par Maximilien Bernard dans Summorum Pontificum le 08 20th, 2011 |
Mgr Aillet a célébré des ordinations dans la forme extraordinaire du rite romain à l’abbaye du Barroux, après l’avoir fait pour l’Institut du Bon Pasteur et pour la Fraternité Saint-Pierre. Il explique à Présent (n° du 30 juin 2011) pourquoi :
D’abord, je réponds à des invitations qui me sont faites. J’essaye de me situer dans la ligne voulue par le Saint-Père Benoît XVI pour toutes ces communautés qui, rappelons-le, font partie pleinement de l’Eglise catholique, sont parfaitement rattachées au Saint-Siège apostolique, et donc sont en communion pleine et entière avec le successeur de Pierre dans leurs constitutions et dans leur fondation. Le Saint-Père veut favoriser – et c’est l’un des objets principaux du Motu proprio Summorum Pontificum il y a quatre ans – la réconciliation au sein de l’Eglise. Et je sens bien que les jeunes générations qui montent dans ces communautés cléricales ou monastiques sont loin des clivages et des combats idéologiques qui ont pu marquer les années post-conciliaires. Aujourd’hui, dans un véritable esprit de communion avec le Saint-Père, il faut montrer qu’il peut y avoir plusieurs demeures dans la maison du Père, et il faut multiplier les passerelles qui permettent à tous ces mondes de se rencontrer. C’est ainsi qu’ayant fait appel à un prêtre de la Fraternité Saint-Pierre, par contrat avec cette Fraternité, pour assurer une messe selon le Motu proprio Summorum Pontificum dans mon diocèse, il me semblait logique d’entrer en contact avec elle pour mieux la connaître, et répondre donc à cette invitation d’aller faire des ordinations à Wigratzbad. La communauté monastique du Barroux, dont on connaît le rayonnement dans l’Eglise, et aussi la position très filiale par rapport au Saint-Père et à notre sainte Mère l’Eglise, fondée sur Pierre, justifie aussi, pour moi, de répondre à cette invitation, d’autant que j’ai de bonnes raisons de connaître cette communauté, d’apprécier son rayonnement spirituel et monastique.
Vous avez écrit il y a quelques années un petit livre sur le Motu Proprio Summorum Pontificum, qui était un peu théorique. Que vous a apporté cette pratique ?
J’avais écrit ce petit livre pour proposer un commentaire du Motu proprio Summorum Pontificum, essayer de comprendre l’intention du Saint-Père qui permettait de manière habituelle et non plus seulement soumise à un indult la célébration de la messe selon ce qu’il convient d’appeler maintenant la forme extraordinaire du rite romain, c’est-à-dire selon l’ancien missel, dit de 1962. Et j’avais perçu déjà en commentant ce Motu proprio que le Saint-Père avait l’intention d’insister sur l’enrichissement mutuel de ces deux formes pour réduire ce qui, dans la pratique de la mise en œuvre de la réforme liturgique de 1970, peut donner l’impression d’une position de rupture, et donc essayer de réduire l’écart dans l’art de célébrer entre ces deux formes pour relier les deux au même tronc commun de la tradition romaine. La pratique me montre quelques années plus tard, et d’autant plus que je suis devenu évêque, que les choses se concrétisent dans la vie courante et, dans l’esprit que je disais précédemment, je pense que ce mutuel enrichissement est d’autant plus possible aujourd’hui que les nouvelles générations, forme ordinaire ou forme extraordinaire, ont moins d’a priori idéologique, sont moins dans une position de confrontation les unes par rapport aux autres, essayent de se comprendre mutuellement, et se respectent en tout cas dans leurs différences selon un terme dont on a beaucoup usé et abusé dans les générations précédentes, et de cette manière entrent dans une confiance qui permet ce mutuel enrichissement. On voit ainsi naître un nouvel esprit liturgique qui gagne un peu ces générations nouvelles, et qui à mon avis augure bien de l’avenir.
Cet apostolat confié à la Fraternité Saint-Pierre ne concernait pas spécifiquement les fidèles attachés à la forme ordinaire… Comment réagissent les fidèles ?
Ça se situe dans une paroisse, en plein accord avec un curé, d’abord pour un groupe de personnes qui ne sont pas forcément issues de la paroisse, mais qui correspond bien à la définition du groupe stable proposé par le Motu proprio. Mais je favorise les relations de ce prêtre avec le curé de la paroisse, avec les fidèles d’une manière générale, pour qu’il puisse y avoir une compréhension mutuelle et permettre aussi à ce prêtre d’être missionnaire auprès d’autres personnes qui ne sont pas nécessairement demandeuses a priori du Motu proprio.
Un évêque dans la ligne voulue par le Saint-Père Benoît XVI
Posté par Maximilien Bernard dans Summorum Pontificum le 08 20th, 2011 |
Mgr Aillet a célébré des ordinations dans la forme extraordinaire du rite romain à l’abbaye du Barroux, après l’avoir fait pour l’Institut du Bon Pasteur et pour la Fraternité Saint-Pierre. Il explique à Présent (n° du 30 juin 2011) pourquoi :
D’abord, je réponds à des invitations qui me sont faites. J’essaye de me situer dans la ligne voulue par le Saint-Père Benoît XVI pour toutes ces communautés qui, rappelons-le, font partie pleinement de l’Eglise catholique, sont parfaitement rattachées au Saint-Siège apostolique, et donc sont en communion pleine et entière avec le successeur de Pierre dans leurs constitutions et dans leur fondation. Le Saint-Père veut favoriser – et c’est l’un des objets principaux du Motu proprio Summorum Pontificum il y a quatre ans – la réconciliation au sein de l’Eglise. Et je sens bien que les jeunes générations qui montent dans ces communautés cléricales ou monastiques sont loin des clivages et des combats idéologiques qui ont pu marquer les années post-conciliaires. Aujourd’hui, dans un véritable esprit de communion avec le Saint-Père, il faut montrer qu’il peut y avoir plusieurs demeures dans la maison du Père, et il faut multiplier les passerelles qui permettent à tous ces mondes de se rencontrer. C’est ainsi qu’ayant fait appel à un prêtre de la Fraternité Saint-Pierre, par contrat avec cette Fraternité, pour assurer une messe selon le Motu proprio Summorum Pontificum dans mon diocèse, il me semblait logique d’entrer en contact avec elle pour mieux la connaître, et répondre donc à cette invitation d’aller faire des ordinations à Wigratzbad. La communauté monastique du Barroux, dont on connaît le rayonnement dans l’Eglise, et aussi la position très filiale par rapport au Saint-Père et à notre sainte Mère l’Eglise, fondée sur Pierre, justifie aussi, pour moi, de répondre à cette invitation, d’autant que j’ai de bonnes raisons de connaître cette communauté, d’apprécier son rayonnement spirituel et monastique.
Vous avez écrit il y a quelques années un petit livre sur le Motu Proprio Summorum Pontificum, qui était un peu théorique. Que vous a apporté cette pratique ?
J’avais écrit ce petit livre pour proposer un commentaire du Motu proprio Summorum Pontificum, essayer de comprendre l’intention du Saint-Père qui permettait de manière habituelle et non plus seulement soumise à un indult la célébration de la messe selon ce qu’il convient d’appeler maintenant la forme extraordinaire du rite romain, c’est-à-dire selon l’ancien missel, dit de 1962. Et j’avais perçu déjà en commentant ce Motu proprio que le Saint-Père avait l’intention d’insister sur l’enrichissement mutuel de ces deux formes pour réduire ce qui, dans la pratique de la mise en œuvre de la réforme liturgique de 1970, peut donner l’impression d’une position de rupture, et donc essayer de réduire l’écart dans l’art de célébrer entre ces deux formes pour relier les deux au même tronc commun de la tradition romaine. La pratique me montre quelques années plus tard, et d’autant plus que je suis devenu évêque, que les choses se concrétisent dans la vie courante et, dans l’esprit que je disais précédemment, je pense que ce mutuel enrichissement est d’autant plus possible aujourd’hui que les nouvelles générations, forme ordinaire ou forme extraordinaire, ont moins d’a priori idéologique, sont moins dans une position de confrontation les unes par rapport aux autres, essayent de se comprendre mutuellement, et se respectent en tout cas dans leurs différences selon un terme dont on a beaucoup usé et abusé dans les générations précédentes, et de cette manière entrent dans une confiance qui permet ce mutuel enrichissement. On voit ainsi naître un nouvel esprit liturgique qui gagne un peu ces générations nouvelles, et qui à mon avis augure bien de l’avenir.
Cet apostolat confié à la Fraternité Saint-Pierre ne concernait pas spécifiquement les fidèles attachés à la forme ordinaire… Comment réagissent les fidèles ?
Ça se situe dans une paroisse, en plein accord avec un curé, d’abord pour un groupe de personnes qui ne sont pas forcément issues de la paroisse, mais qui correspond bien à la définition du groupe stable proposé par le Motu proprio. Mais je favorise les relations de ce prêtre avec le curé de la paroisse, avec les fidèles d’une manière générale, pour qu’il puisse y avoir une compréhension mutuelle et permettre aussi à ce prêtre d’être missionnaire auprès d’autres personnes qui ne sont pas nécessairement demandeuses a priori du Motu proprio.
Her- Messages : 9481
Date d'inscription : 01/05/2009
Localisation : France
Re: La Sainte Eglise de Dieu - Motu Proprio "Summorum Pontificum" et l'Instruction « Universae Ecclesiae » du Vendredi 13 mai 2011
www.paixliturgique.com
MGR GULLICKSON, UN NONCE APOSTOLIQUE « DE RESTAURATION » :
LE MOTU PROPRIO POUR UN « NOUVEAU MOUVEMENT LITURGIQUE »
Ambassadeurs du Saint-Siège autour du globe tout autant que représentants du Pape auprès des églises locales, les nonces apostoliques sont d’ordinaire tellement pris par leurs obligations diplomatiques qu’on en oublie qu’ils sont aussi, et avant tout, des pasteurs. Et donc des liturgistes : il y a des nonces bugniniens, comme le nonce au Kazakhstan, qui a imposé à cette Église l’introduction de la communion dans la main, et il y a des nonces ratzinguériens comme le nouveau nonce en Ukraine (si nous étions polémistes, ce qu’à Dieu ne plaise, nous ajouterions qu’il y a aussi des nonces couleur de muraille, ou couleur de conférence épiscopale…) La récente nomination (mai 2011), par Benoît XVI, du prélat américain Thomas E. Gullickson, archevêque titulaire de Bomarzo, comme nonce apostolique en Ukraine, nous offre l’occasion de mettre en lumière l’un de ces hommes d’Église, souvent méconnus. La nonciature en Ukraine est un poste très sensible eu égard aux relations avec le monde orthodoxe : le patriarcat d’Ukraine, catholique depuis la fin du XVIe siècle, réintégré de force dans l’orthodoxie en 1945 par Staline, mais devenu autonome, depuis la chute du communisme, vis-à-vis du patriarcat de Moscou, est le talon d’Achille de l’orthodoxie ; l’un des grands desseins de Benoît XVI est son retour vers Rome, qui pourrait se réaliser par la réunion du patriarcat orthodoxe de Kiev et l’archevêché majeur catholique (l’Église ruthène illustrée par l’héroïque cardinal Josef Slipyi).
Nonce apostolique aux Antilles anglophones depuis 2004 (Bahamas, Jamaïque, Trinidad et Tobago, etc.) en même temps que délégué apostolique auprès des Eglises de Guyane, Guadeloupe et Martinique (l’équivalent d’un primat de cette région), Mgr Gullickson a tenu durant son séjour dans les Caraïbes un blog très intéressant, nourri par ses homélies dominicales, ses lectures et ses réflexions spirituelles et liturgiques. Dans ce blog, intitulé Island Envoy, Mgr Gullickson a abordé à plusieurs reprises le Motu Proprio Summorum Pontificum.
Dans le texte qui suit, publié l’été dernier, à l’occasion de la fin des trois années probatoires du Motu Proprio, il commente les trois objectifs poursuivis par le Pape lors de la promulgation de Summorum Pontificum. Ces trois objectifs ont été résumés ainsi par le canoniste allemand Gero Weishaupt :
a) une réponse aux signes des temps et un retour à la normale
b) l’enrichissement mutuel des missels de 1962 et de 1970
c) la réconciliation dans l’Église.
LE TEXTE DE MGR GULLICKSON
Trois ans après la publication de Summorum Pontificum, la situation liturgique de l’Église s’est-elle améliorée ? Quel type d’exposition à la liturgie ancienne entraînera la réalisation de ces objectifs ? Les trois objectifs formulés par Weishaupt rendent-ils justice à ceux fixés par le Saint Père dans sa lettre aux évêques du 7 juillet 2007 ? La défense de la vérité et la promotion de la justice, tout comme le respect de la continuité qui doit exister en matière de tradition liturgique de l’Église, me semblent s’imposer comme des priorités plus évidentes de la lecture de la lettre du Saint Père lui-même.
(...) Ce que signifie Weishaupt par son premier objectif est certainement en accord avec les paroles du Pape, mais il vient à court de l’expression du Saint Père : plus que de parler des “signes des temps” il devrait faire une référence claire à la correction des abus liturgiques. Parler d’un retour à la normale semble passer à côté de la question, car tout dépend de la normalité que vous recherchez. Il va sans dire que la réconciliation (objectif c) est fondée sur un profond respect mutuel, mais c’est plus compliqué que cela.
Plus que l’expression laconique "enrichissement mutuel", je pense que nous avons besoin de citer en entier les paroles du Saint Père en ce qui concerne les abus et le malaise général qui, dans la célébration de facto de la forme ordinaire au cours des quarante dernières années, ont trop souvent entravée l’adoration en esprit et en vérité et ont été une source de confusion et de découragement pour les catholiques. Je voudrais souligner en particulier l’espoir pour la liturgie nouvelle exprimé par le Pape : “La meilleure garantie pour que le Missel de Paul VI puisse unir les communautés paroissiales et être aimé de leur part est de célébrer avec beaucoup de révérence et en conformité avec les prescriptions ; c’est ce qui rend visible la richesse spirituelle et la profondeur théologique de ce Missel.”
Le Pape Benoît XVI veut clairement délier les chaînes qui ont limité l’usage du Missel de 1962 au cours des quatre dernières décennies et préserver le Missel de 1970 de ceux qui ont pris en otage la liturgie contemporaine durant la même période. Il signifie en définitive qu’il est temps d’appliquer correctement la Constitution sur la Sainte Liturgie du Concile Vatican II.
Summorum Pontificum constitue certainement un point de repère dans la lutte pour l’expression liturgique complète et correcte dans l’Église. Il pourrait être décrit comme un moyen de persuasion douce, une mise en contact, une introduction. Il ne peut pas servir de seul véhicule pour la réforme, parce que la vérité exige aussi d’exposer de façon continue et persistante les abus liturgiques qui continuent à contrecarrer le culte vernaculaire dans son expression complète et adéquate. Seul un retour à l’usus antiquior comme forme ordinaire du culte pourrait éliminer les abus d’un seul coup, mais ce n’était pas l’intention du Saint Père. Benoît XVI n’a pas dispensé ses frères évêques de se montrer vigilants dans leurs efforts de réforme ; il n’a pas dispensé les prêtres d’enseigner à leurs fidèles la juste manière de célébrer ; il exhorte les musiciens et les artistes à de consciencieux efforts pour restaurer les liens avec la tradition à laquelle nous devons tenir.
Le culte divin est plus qu’une réunion de prière, beaucoup plus qu’un exercice spirituel. Les paramètres du culte céleste et la tradition qui nous vient des apôtres conditionnent le caractère sublime et la gravité qui appartiennent au sacrifice eucharistique et tout ce qui en découle. (...)
En méditant hier sur les mystères lumineux du rosaire, la pensée m’est venue qu’ils sont d’une certaine façon des mystères très eucharistiques ou qu’ils pourraient être abordés ainsi à des fins de méditation. Les Noces de Cana, en particulier, m’ont parlé de l’application de Summorum Pontificum et de toute la question de la réforme la liturgie en langue vernaculaire : seuls les serviteurs qui avaient puisé l’eau savaient ce qui se passait, ce qui n’empêche pas l’Évangile de faire de la transformation de l’eau en vin par Notre Seigneur, à la demande de Sa Sainte Mère, Son premier signe public.
Je suis résolu à poursuivre l’humble travail de remplissage des jarres, je vais le faire en montrant le bon exemple en célébrant et plus particulièrement à travers l’adoration ad orientem. Que le Seigneur accorde à tous ceux qui travaillent pour le culte bien ordonné et pieux la possibilité de changer les cœurs et les esprits. La liturgie traditionnelle continue à gagner les cœurs et les esprits des jeunes tandis que les performances parfois banales et prétentieuses de la forme ordinaire en conduisent d’autres au désespoir. Nous devons le meilleur à Notre Seigneur et aussi à ses enfants au sein de l’Eglise, pour l’amour du salut du monde.
RÉFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE
Cette réflexion sur le Motu Proprio est très intéressante à plusieurs titres.
Tout d’abord elle ne reflète pas la position d’un fidèle "lambda" mais d’un évêque, de surcroit nonce dans un pays très délicat à superviser du fait des rapports constants avec le monde orthodoxe. Il va de soi que Benoit XVI, aidé par le Substitut Mamberti, n’a pas nommé Mgr Gullickson à ce poste-clé pour la diplomatie et la pastorale du Saint-Siège par hasard : il a choisi un homme de confiance et dont la position fondamentale d’attachement à la Tradition de l’Eglise doit avoir un rôle important dans le cadre de sa mission en Ukraine.
Du même coup, et en raison de ses prises de position liturgiques, cela permet de situer ce prélat dans le groupe d’influence des hommes de gouvernement favorables (cardinal Cañizares, cardinal Burke, cardinal Ranjith, cardinal Piacenza, cardinal Koch) à une « réforme de la réforme ». Et non seulement cardinaux, mais autour d’eux évêques, diplomates, officiers de Curie, et non des moindres.
Par ailleurs, Mgr Gullickson ne se contente pas de défendre une application large et généreuse du Motu Proprio ; il insiste sur les nombreux abus liturgiques que connait la pratique de la forme ordinaire du rite romain et sur la nécessité d’appliquer, enfin, correctement la Constitution sur la sainte liturgie du Concile Vatican II (si tant est que cela soit possible…)
Mgr Gullickson va même très loin en louant implicitement la sagesse de Benoit XVI qui aurait pu faire cesser ces abus en imposant la forme extraordinaire du rite romain mais qui a plutôt fait le choix de permettre à nos pasteurs de corriger progressivement la façon souvent abusive dont est célébrée la forme ordinaire du rite romain dans les diocèses. Ces propos, typiques des prélats évoqués plus haut, sont d’une grande force et annoncent le développement à long terme que pourrait amener la vision de notre Pape.
En effet, dès lors que l’on constate comme une évidence qu’il y a une forme riche et une autre, disons, beaucoup moins riche, l’enrichissement mutuel est mis au second plan et n’est plus vu comme un échange entre les deux forme mais plutôt tout naturellement comme une amélioration (une rectification ?) par la forme extraordinaire du rite romain de la forme ordinaire, l’urgence étant de revenir au total à une célébration traditionnelle de la Sainte Liturgie. On comprend bien alors la vision (qui exprime le « programme » des prélats dont nous parlions) de ce pasteur selon laquelle la forme extraordinaire du rite romain ne s’imposera pas brutalement mais, par sa présence dans tous les diocèses, amènera progressivement la forme ordinaire du rite romain à elle. C’est tout simplement la mort annoncée de la forme ordinaire du rite romain.
Merci à Mgr Gullickson pour ce cri du cœur qui induit le développement des lieux où est célébrée la forme extraordinaire du rite romain. En effet, si comme il l’affirme " la liturgie traditionnelle continue à gagner les cœurs et les esprits des jeunes tandis que les performances parfois banales et prétentieuses de la forme ordinaire en conduisent d’autres au désespoir", il est urgent pour tout catholique de bonne volonté, quelle que soit son rang, de faire tout son possible pour que la forme extraordinaire du rite romain soit enfin offerte à tous les fidèles de toutes les paroisses et de tous les diocèses.
MGR GULLICKSON, UN NONCE APOSTOLIQUE « DE RESTAURATION » :
LE MOTU PROPRIO POUR UN « NOUVEAU MOUVEMENT LITURGIQUE »
Ambassadeurs du Saint-Siège autour du globe tout autant que représentants du Pape auprès des églises locales, les nonces apostoliques sont d’ordinaire tellement pris par leurs obligations diplomatiques qu’on en oublie qu’ils sont aussi, et avant tout, des pasteurs. Et donc des liturgistes : il y a des nonces bugniniens, comme le nonce au Kazakhstan, qui a imposé à cette Église l’introduction de la communion dans la main, et il y a des nonces ratzinguériens comme le nouveau nonce en Ukraine (si nous étions polémistes, ce qu’à Dieu ne plaise, nous ajouterions qu’il y a aussi des nonces couleur de muraille, ou couleur de conférence épiscopale…) La récente nomination (mai 2011), par Benoît XVI, du prélat américain Thomas E. Gullickson, archevêque titulaire de Bomarzo, comme nonce apostolique en Ukraine, nous offre l’occasion de mettre en lumière l’un de ces hommes d’Église, souvent méconnus. La nonciature en Ukraine est un poste très sensible eu égard aux relations avec le monde orthodoxe : le patriarcat d’Ukraine, catholique depuis la fin du XVIe siècle, réintégré de force dans l’orthodoxie en 1945 par Staline, mais devenu autonome, depuis la chute du communisme, vis-à-vis du patriarcat de Moscou, est le talon d’Achille de l’orthodoxie ; l’un des grands desseins de Benoît XVI est son retour vers Rome, qui pourrait se réaliser par la réunion du patriarcat orthodoxe de Kiev et l’archevêché majeur catholique (l’Église ruthène illustrée par l’héroïque cardinal Josef Slipyi).
Nonce apostolique aux Antilles anglophones depuis 2004 (Bahamas, Jamaïque, Trinidad et Tobago, etc.) en même temps que délégué apostolique auprès des Eglises de Guyane, Guadeloupe et Martinique (l’équivalent d’un primat de cette région), Mgr Gullickson a tenu durant son séjour dans les Caraïbes un blog très intéressant, nourri par ses homélies dominicales, ses lectures et ses réflexions spirituelles et liturgiques. Dans ce blog, intitulé Island Envoy, Mgr Gullickson a abordé à plusieurs reprises le Motu Proprio Summorum Pontificum.
Dans le texte qui suit, publié l’été dernier, à l’occasion de la fin des trois années probatoires du Motu Proprio, il commente les trois objectifs poursuivis par le Pape lors de la promulgation de Summorum Pontificum. Ces trois objectifs ont été résumés ainsi par le canoniste allemand Gero Weishaupt :
a) une réponse aux signes des temps et un retour à la normale
b) l’enrichissement mutuel des missels de 1962 et de 1970
c) la réconciliation dans l’Église.
LE TEXTE DE MGR GULLICKSON
Trois ans après la publication de Summorum Pontificum, la situation liturgique de l’Église s’est-elle améliorée ? Quel type d’exposition à la liturgie ancienne entraînera la réalisation de ces objectifs ? Les trois objectifs formulés par Weishaupt rendent-ils justice à ceux fixés par le Saint Père dans sa lettre aux évêques du 7 juillet 2007 ? La défense de la vérité et la promotion de la justice, tout comme le respect de la continuité qui doit exister en matière de tradition liturgique de l’Église, me semblent s’imposer comme des priorités plus évidentes de la lecture de la lettre du Saint Père lui-même.
(...) Ce que signifie Weishaupt par son premier objectif est certainement en accord avec les paroles du Pape, mais il vient à court de l’expression du Saint Père : plus que de parler des “signes des temps” il devrait faire une référence claire à la correction des abus liturgiques. Parler d’un retour à la normale semble passer à côté de la question, car tout dépend de la normalité que vous recherchez. Il va sans dire que la réconciliation (objectif c) est fondée sur un profond respect mutuel, mais c’est plus compliqué que cela.
Plus que l’expression laconique "enrichissement mutuel", je pense que nous avons besoin de citer en entier les paroles du Saint Père en ce qui concerne les abus et le malaise général qui, dans la célébration de facto de la forme ordinaire au cours des quarante dernières années, ont trop souvent entravée l’adoration en esprit et en vérité et ont été une source de confusion et de découragement pour les catholiques. Je voudrais souligner en particulier l’espoir pour la liturgie nouvelle exprimé par le Pape : “La meilleure garantie pour que le Missel de Paul VI puisse unir les communautés paroissiales et être aimé de leur part est de célébrer avec beaucoup de révérence et en conformité avec les prescriptions ; c’est ce qui rend visible la richesse spirituelle et la profondeur théologique de ce Missel.”
Le Pape Benoît XVI veut clairement délier les chaînes qui ont limité l’usage du Missel de 1962 au cours des quatre dernières décennies et préserver le Missel de 1970 de ceux qui ont pris en otage la liturgie contemporaine durant la même période. Il signifie en définitive qu’il est temps d’appliquer correctement la Constitution sur la Sainte Liturgie du Concile Vatican II.
Summorum Pontificum constitue certainement un point de repère dans la lutte pour l’expression liturgique complète et correcte dans l’Église. Il pourrait être décrit comme un moyen de persuasion douce, une mise en contact, une introduction. Il ne peut pas servir de seul véhicule pour la réforme, parce que la vérité exige aussi d’exposer de façon continue et persistante les abus liturgiques qui continuent à contrecarrer le culte vernaculaire dans son expression complète et adéquate. Seul un retour à l’usus antiquior comme forme ordinaire du culte pourrait éliminer les abus d’un seul coup, mais ce n’était pas l’intention du Saint Père. Benoît XVI n’a pas dispensé ses frères évêques de se montrer vigilants dans leurs efforts de réforme ; il n’a pas dispensé les prêtres d’enseigner à leurs fidèles la juste manière de célébrer ; il exhorte les musiciens et les artistes à de consciencieux efforts pour restaurer les liens avec la tradition à laquelle nous devons tenir.
Le culte divin est plus qu’une réunion de prière, beaucoup plus qu’un exercice spirituel. Les paramètres du culte céleste et la tradition qui nous vient des apôtres conditionnent le caractère sublime et la gravité qui appartiennent au sacrifice eucharistique et tout ce qui en découle. (...)
En méditant hier sur les mystères lumineux du rosaire, la pensée m’est venue qu’ils sont d’une certaine façon des mystères très eucharistiques ou qu’ils pourraient être abordés ainsi à des fins de méditation. Les Noces de Cana, en particulier, m’ont parlé de l’application de Summorum Pontificum et de toute la question de la réforme la liturgie en langue vernaculaire : seuls les serviteurs qui avaient puisé l’eau savaient ce qui se passait, ce qui n’empêche pas l’Évangile de faire de la transformation de l’eau en vin par Notre Seigneur, à la demande de Sa Sainte Mère, Son premier signe public.
Je suis résolu à poursuivre l’humble travail de remplissage des jarres, je vais le faire en montrant le bon exemple en célébrant et plus particulièrement à travers l’adoration ad orientem. Que le Seigneur accorde à tous ceux qui travaillent pour le culte bien ordonné et pieux la possibilité de changer les cœurs et les esprits. La liturgie traditionnelle continue à gagner les cœurs et les esprits des jeunes tandis que les performances parfois banales et prétentieuses de la forme ordinaire en conduisent d’autres au désespoir. Nous devons le meilleur à Notre Seigneur et aussi à ses enfants au sein de l’Eglise, pour l’amour du salut du monde.
RÉFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE
Cette réflexion sur le Motu Proprio est très intéressante à plusieurs titres.
Tout d’abord elle ne reflète pas la position d’un fidèle "lambda" mais d’un évêque, de surcroit nonce dans un pays très délicat à superviser du fait des rapports constants avec le monde orthodoxe. Il va de soi que Benoit XVI, aidé par le Substitut Mamberti, n’a pas nommé Mgr Gullickson à ce poste-clé pour la diplomatie et la pastorale du Saint-Siège par hasard : il a choisi un homme de confiance et dont la position fondamentale d’attachement à la Tradition de l’Eglise doit avoir un rôle important dans le cadre de sa mission en Ukraine.
Du même coup, et en raison de ses prises de position liturgiques, cela permet de situer ce prélat dans le groupe d’influence des hommes de gouvernement favorables (cardinal Cañizares, cardinal Burke, cardinal Ranjith, cardinal Piacenza, cardinal Koch) à une « réforme de la réforme ». Et non seulement cardinaux, mais autour d’eux évêques, diplomates, officiers de Curie, et non des moindres.
Par ailleurs, Mgr Gullickson ne se contente pas de défendre une application large et généreuse du Motu Proprio ; il insiste sur les nombreux abus liturgiques que connait la pratique de la forme ordinaire du rite romain et sur la nécessité d’appliquer, enfin, correctement la Constitution sur la sainte liturgie du Concile Vatican II (si tant est que cela soit possible…)
Mgr Gullickson va même très loin en louant implicitement la sagesse de Benoit XVI qui aurait pu faire cesser ces abus en imposant la forme extraordinaire du rite romain mais qui a plutôt fait le choix de permettre à nos pasteurs de corriger progressivement la façon souvent abusive dont est célébrée la forme ordinaire du rite romain dans les diocèses. Ces propos, typiques des prélats évoqués plus haut, sont d’une grande force et annoncent le développement à long terme que pourrait amener la vision de notre Pape.
En effet, dès lors que l’on constate comme une évidence qu’il y a une forme riche et une autre, disons, beaucoup moins riche, l’enrichissement mutuel est mis au second plan et n’est plus vu comme un échange entre les deux forme mais plutôt tout naturellement comme une amélioration (une rectification ?) par la forme extraordinaire du rite romain de la forme ordinaire, l’urgence étant de revenir au total à une célébration traditionnelle de la Sainte Liturgie. On comprend bien alors la vision (qui exprime le « programme » des prélats dont nous parlions) de ce pasteur selon laquelle la forme extraordinaire du rite romain ne s’imposera pas brutalement mais, par sa présence dans tous les diocèses, amènera progressivement la forme ordinaire du rite romain à elle. C’est tout simplement la mort annoncée de la forme ordinaire du rite romain.
Merci à Mgr Gullickson pour ce cri du cœur qui induit le développement des lieux où est célébrée la forme extraordinaire du rite romain. En effet, si comme il l’affirme " la liturgie traditionnelle continue à gagner les cœurs et les esprits des jeunes tandis que les performances parfois banales et prétentieuses de la forme ordinaire en conduisent d’autres au désespoir", il est urgent pour tout catholique de bonne volonté, quelle que soit son rang, de faire tout son possible pour que la forme extraordinaire du rite romain soit enfin offerte à tous les fidèles de toutes les paroisses et de tous les diocèses.
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MGR NEGRI, ÉVÊQUE DE SAINT-MARIN ET DÉFENSEUR RÉSOLU DU MOTU PROPRIO : "LE PAPE FREINÉ PAR DES FORCES CONTRAIRES"
Le 19 juin dernier, Benoît XVI s’est rendu en visite apostolique à Saint-Marin, l’un des plus petits diocèses d’Italie mais aussi l’un des plus petits États d’Europe. La raison de cette visite tient en partie à la personnalité de l'évêque du lieu : Mgr Luigi Negri, l’un des ratzinguériens les plus notables de l’épiscopat italien.
Tout comme son ami Angelo Scola, le Patriarche de Venise qui vient d’être nommé archevêque de Milan, Mgr Negri était un collaborateur très proche de Mgr Luigi Giussani (mort en 2005, peu avant l’élection de Benoît XVI), fondateur du mouvement Communion et Libération et qui a eu un très grand poids dans l’Église italienne à l’époque de Jean-Paul II. Chaque année, les colloques de Rimini, ville proche de Saint-Marin, sur la côte adriatique, organisés par le mouvement, étaient l’occasion d’un rassemblement où se pressaient les majeures personnalités politiques et religieuses italiennes.
C’est en concluant la réunion de 1990 que le cardinal Joseph Ratzinger, 15 ans avant son élection au Siège de Pierre, avait prononcé un discours particulièrement frappant, sur l’Église « toujours à réformer », dans lequel il ne citait pas une seule fois Vatican II, mais traitait de la réforme de l’Église, non pas à continuer, non pas à appliquer, mais de la réforme à faire, et même « à découvrir ». Il y stigmatisait « la réforme inutile » caractérisée par une liturgie refabriquée en permanence par les communautés, et expliquait que « l’essence de la vraie réforme » consisterait en une « ablation » de toutes les scories qui obscurcissent l’image de l’Église, notamment du point de vue du culte.
Si Communion et Libération, mouvement lié à la Démocratie Chrétienne (DC), dont il constituait un courant, a pâti de l’effacement de la DC dans le paysage politique italien à partir des années 90, les prélats qui en soutenaient l'action, voire en sont directement issus, sont restés un pôle incontournable de l’épiscopat italien. Citons le cardinal Giacomo Biffi, 83 ans, archevêque émérite de Bologne ; le cardinal Angelo Scola, désormais archevêque de Milan, l'un des candidats à la papauté les plus crédibles selon les vaticanistes ; le cardinal Carlo Caffarra, moraliste éminent, archevêque de Bologne ; et... Mgr Lugi Negri, évêque de Saint-Marin-Montefeltro, intellectuel de qualité, d’une profonde spiritualité sacerdotale, normalement destiné à la pourpre romaine. Des hommes qui, depuis le motu proprio Summorum Pontificum, ont en outre affiché leur soutien à la célébration de la forme extraordinaire du rite romain.
C’est à ce dernier titre que la messe de Benoît XVI à Saint-Marin, le 19 juin, était très attendue. Célébrée dans un stade en plein air, cette cérémonie a constitué le temps fort du déplacement pontifical. Non seulement le grand soin apporté à la préparation et à la célébration de la liturgie - comme toujours depuis que Mgr Guido Marini veille aux célébrations pontificales -, mais aussi le grand recueillement de la foule, ont frappé les observateurs.
Pour la première fois depuis bien longtemps, la quasi totalité des fidèles assistant à une messe papale ont communié sur les lèvres et même souvent à genoux, répondant volontiers au rappel fait par haut-parleurs des normes liturgiques en vigueur pour la communion : « Les fidèles qui, s’étant confessés, sont actuellement en état de grâce et peuvent donc, eux seuls, recevoir le Très Saint Corps de Notre Seigneur, se dirigeront vers le prêtre le plus proche d’eux. La Communion, selon les dispositions universelles en vigueur, sera distribuée seulement et exclusivement sur les lèvres, afin d’éviter les profanations mais encore plus de nous éduquer à une toujours plus grande et plus haute considération du Saint Mystère de la Présence de Notre Seigneur Jésus Christ. » C’est si simple que l’on se demande pourquoi cette catéchèse eucharistique n’est pas faite à chaque messe du Pape...
Tout simplement parce que l’organisation d’une cérémonie pontificale hors de Rome repose autant sur le savoir-faire des cérémoniaires pontificaux que sur la coopération des équipes liturgiques du diocèse. Or, en ce qui concerne Saint-Marin, Benoît XVI était incontestablement en terre amie. En effet, et c’est sans doute ce qui explique l’attention particulière que le Pape a eu pour ce diocèse, c’est tout au long de l’année que Mgr Luigi Negri s’efforce de mettre ses pieds dans ceux du successeur de Pierre. En témoigne sa présence en ouverture du colloque sur “Vatican II, un concile pastoral”, organisé en décembre dernier à Rome par le séminaire théologique des Franciscains de l’Immaculée (voir lettre PL 223). En témoignent aussi les paroles qu’il a tenu dans l’entretien qui suit, accordé le 15 décembre 2010 à Paolo Facciotto pour le quotidien La Voce di Romagna.
***
Paolo Facciotto : “Dans notre rapport à la liturgie se décide le destin de la foi et de l’Église” écrit Joseph Ratzinger dans le premier volume de ses œuvres complètes, intitulé Théologie de la Liturgie. Le 27 novembre aux 1ères Vêpres du 1er dimanche de l’Avent, le Pape a en outre défini la liturgie comme “le lieu où nous vivons la vérité et où la vérité vit avec nous”. Excellence, pourquoi insister autant sur la liturgie alors que la caractéristique dominante de ce pontificat est le rapport entre foi et raison ?
Mgr Luigi Negri : La liturgie est la vie du Christ qui se manifeste dans l’Église et implique existentiellement les chrétiens. La liturgie n’est pas seulement un culte que l’homme rend à Dieu, comme dans la plupart des expressions religieuses naturelles. La liturgie est la manifestation à grande échelle de la vie, de la passion, de la mort et de la résurrection du Seigneur qui prend forme dans l’organisme sacramentel. Elle implique les chrétiens de manière substantielle et fondamentale, les rendant partie prenante du Christ et de l’Église à travers les sacrements de l’initiation chrétienne et les accompagne ensuite dans les grands choix et les grandes saisons de leur vie : mariage, ordination. Maintenant, la liturgie défend la factualité du Christ et de l’Église. Pour cette raison, j’ai beaucoup de gratitude envers le professeur De Mattei pour son précieux volume sur l’histoire de Vatican II et les pages qu’il consacre à une lente et inexorable “socialisation” de la liturgie, déjà en marche avant même le concile. Comme si la valeur de la liturgie résidait dans la participation active du “peuple chrétien” à un événement qui venait de fait vidé de sa sacramentalité et finissait par n’être plus qu’une initiative de socialité catholique. Et je crois effectivement que sur la liturgie se joue la vérité de la foi parce, comme l’a mis en évidence Benoît XVI en ouverture de son encyclique Deus caritas est, le christianisme n’est ni une idéologie à caractère religieux ni un projet de nature morale mais la rencontre permanente avec le Christ qui a lieu dans la vie de l’Église et de chaque chrétien.
La liturgie rend le fait du Christ présent dans le flux et le reflux des générations : « Vous ferez cela en mémoire de moi ». Je crois que la défense exacte du dogme dépend de la vérité avec laquelle est vécue la liturgie. En ce sens, l’Église a toujours affirmé : « lex orandi, lex credendi ». La loi de la prière donne naissance à la loi de la croyance et, surtout, la régit de manière adaptée et positive.
Paolo Facciotto : Deux aspects me semblent centraux dans le livre du Pape (1) :
- la prééminence, malheureusement vérifiée, d’une vision de la messe comme assemblée, « moment de la vie d’un groupe déterminé ou d’une Église locale », repas, c’est-à-dire la participation comprise comme l’interaction de diverses personnes et qui, selon l’auteur, se transforme parfois en parodie,
- la célébration vers le peuple qui, pour une série d’équivoques et de malentendus, apparaît aujourd’hui « comme le fruit du renouvellement liturgique voulu par le concile » écrit le Pape.
Conséquences, la communauté comme cercle refermé sur elle-même et une cléricalisation jamais vue auparavant où tout converge vers le célébrant.
Mgr Luigi Negri : Je suis heureux que le Pape poursuive une « réforme de la réforme » liturgique du Concile, selon le mot de Don Nicola Bux. Mais je dois dire avec clarté que le Pape a du mal à faire cette « réforme de la réforme » car il est confronté à des forces de résistance, pas forcément passives d’ailleurs.
La réforme liturgique venue après le Concile s’est le plus souvent manifestée par de pseudo-interprétations quand elle n’a pas fait valoir des exceptions comme la norme : il n’y a qu’à penser à la langue de la célébration et à la distribution de la communion dans la main. Il y a eu de vrais coups de force des conférences épiscopales vis-à-vis de Rome. Il y a eu certainement, aussi, une faiblesse des réactions vaticanes, due probablement à des tensions au sein même des structures qui devaient fixer l’interprétation exacte et la mise en œuvre du Concile. Maintenant, en ayant bien à l’esprit ces données avec lesquelles le gouvernement de l’Église doit forcément composer, l’alternative qui se présente est entre une « sociologisation » de la liturgie – en quelque sorte l’adéquation des lois aux comportements de la communauté chrétienne rassemblée pour célébrer l’eucharistie, qui devient ainsi le sujet de la célébration et non plus son interlocuteur privilégié – et la remise au centre de la célébration de celui qui en est le véritable sujet : Jésus-Christ en personne.
La structure de la tradition liturgique comme l’Église du Concile elle-même l’a reçue, préserve les droits du Christ et Sa présence. Aussi, tout ce qui est entrepris pour affaiblir ou réduire la conscience de la présence du Christ au profit des modalités par lesquelles s’affirme la présence de la communauté est une perte de conscience de la valeur ultime de la liturgie, de sa valeur ontologique comme dirait Don Giussani, donc de sa valeur méthodologique et éducative. À l’époque de l’entrée en vigueur de la réforme de Vatican II, une haute personnalité vaticane – je ne peux pas vous préciser laquelle mais je vous certifie ces paroles pour les avoir lues de mes yeux – écrivit qu’ainsi, finalement, la célébration de la messe redevenait « un sain espace d’exercice de la socialité catholique ». « Un sain espace d’exercice de la socialité catholique » et non la mémoire de la présence du Christ qui meurt et ressuscite, qui crée le peuple nouveau, le soutient et le lance dans la mission...
Paolo Facciotto : Pouvez-vous me dire si cette personnalité figurait à un échelon supérieur à Mgr Bugnini ?
Mgr Luigi Negri : Bien des échelons au-dessus.
Paolo Facciotto : « En Italie, mis à part quelques exceptions dignes de louange, les évêques et les supérieurs des Ordres religieux se sont opposés à l’application du Motu Proprio » avait déclaré le vice-président de la Commission Ecclesia Dei (2) lors du premier anniversaire du Motu Proprio Summorum Pontificum par lequel Benoît XVI a « libéralisé » la liturgie traditionnelle tridentine. Une accusation de désobéissance envers l’épiscopat italien particulièrement forte. Où en est-on dans l’application du Motu Proprio ? Y a-t-il dans votre diocèse des célébrations selon le Missel Romain de 1962 ?
Mgr Luigi Negri : Pour ma part, j’ai cherché non seulement à recevoir ce texte et à en expliquer le sens profond à mon clergé mais aussi à le mettre en pratique. Il s’agit, pour moi, d’une possibilité de valoriser au sein de l’Église, pour qui le veut, une richesse plus étendue et mieux structurée que celle qui est à la disposition de tous. C’est comme si le Pape avait redonné la possibilité d’une célébration liturgique que l’individu comme le groupe ressentent comme correspondant plus à leur désir de croissance et à leurs principes. Je dois dire cependant que les normes d’application, que nous attendons depuis maintenant des années, font toujours défaut. En substance, là où l’évêque a obéi, comme c’est mon cas, se célèbrent non pas quelques-unes mais toutes les messes demandées selon les modalités prévues par le Motu Proprio.
Quand j’ai dit précédemment que le Pape a du mal à faire passer la « réforme de la réforme », j’avais précisément à l’esprit ce Motu Proprio qui, plus de trois ans après sa promulgation, manque toujours de ses éléments d’application. Mais j’ai l’impression que le refus, la résistance, ne portent pas tant sur le Motu Proprio que sur le fait que la réforme liturgique de Vatican II – telle que les textes ont été interprétés et telle que la liturgie s’est déterminée – semble ne plus pouvoir être mise en discussion. La résistance porte sur la possibilité même, offerte par le Pape, de pratiquer une autre forme de vie liturgico-sacramentelle. C’est ce qui est en jeu. Alors que le Pape a dit qu’il y a une richesse liturgique et sacramentelle à laquelle tout l’Église, si elle le désire, peut accéder sans que cela se résume à une seule et même forme, il y a selon moi un large pan du monde ecclésiastique qui considère en revanche que la réforme de Vatican II supplante tout ce qui la précède. C’est cette herméneutique de la discontinuité sur laquelle le Pape est intervenu avec beaucoup de force et de clarté.
Paolo Facciotto : Selon un sondage Doxa, 71% des catholiques trouveraient normal que coexistent dans leur paroisse les deux formes du rite romain et 40 % des pratiquants choisiraient la messe de saint Pie V le dimanche si celle-ci était offerte dans leur paroisse. Que penser de ces chiffres, à prendre bien entendu avec toute la prudence qu’il sied à un sondage ?
Mgr Luigi Negri : Au-delà de ces résultats, je suis d’avis qu’aujourd’hui l’Église doit être pleinement disposée à offrir des formes et des modes de participation à la vie du Christ qui correspondent dans leur diversité à la diversité qui existe parmi les hommes et parmi les jeunes. Je pense que nous devons être animés d’un sincère enthousiasme missionnaire. Au moment auquel les églises se vident et où il y a tant de difficultés à percevoir clairement le mystère du Christ et de l’Église, tout ce qui peut y concourir doit être mis en œuvre, à condition de ne pas en profiter pour servir ses propres options idéologiques. L’affrontement traditionalisme/progressisme n’a plus de raison d’être et nous devons en être reconnaissants à Benoît XVI. Il s’agit d’oppositions idéologiques qui hypostasient les points de vue, les sensibilités, les formes, au lieu de s’interroger sur ce qui est le plus utile à la mission de l’Église et donc à son devoir d’éducation.
Paolo Facciotto : Comment célébrait Don Giussani ? Quelle était son idée de la liturgie et comment vécut-il sa réforme ?
Mgr Luigi Negri : J’ai vu Don Giussani célébrer selon le rite de saint Pie V. Il le célébrait avec la conscience profonde d’être l’acteur d’un événement que la grâce ouvrait au cœur et à la vie des hommes. Et je l’ai vu célébrer la liturgie réformée de la même façon. Don Giussani allait à l’essentiel et était par nature peu enclin à s’arrêter sur les détails. Je ne peux pas dire comment il a réagi à la réforme parce que je crois que nous n’en avons jamais parlé, ni entre nous – même si nous avons eu des centaines d’heures d’échanges sur tous les problèmes de la vie de l’Église et de la société – ni en public.
L’image qu’il avait de la liturgie est contenue dans un très bel opuscule Dalla liturgia vissuta, una proposta. Je crois que la liturgie traditionnelle, tout comme la liturgie réformée, pourvu qu’elles demeurent fidèles à l’identité que leur confère le magistère, peuvent concourir à ce qu’une vie devienne une proposition de vie. La liturgie est une proposition de vie, celle du Christ au milieu des siens, qui devient proposition de vie. Je ne crois pas qu’il était disposé à mourir pour la liturgie de saint Pie V mais je ne crois pas plus, à la lueur de nos cinquante années de fréquentation, qu’il eut affirmé que la liturgie de Vatican II fut la meilleure possible. Au contraire, je crois que, comme sur d’autres aspects du Concile, il éprouvait quelques difficultés d’interprétation comme c’est aujourd’hui admis par la majeure partie des pasteurs et des théologiens intelligents. C’est si vrai que, 40 ans après, Benoît XVI nous dit que peut commencer aujourd’hui une vraie interprétation du Concile.
(1) Les Opera Omnia de Joseph Ratzinger sont en cours de publication chez l’éditeur allemand Herder. Sorti en 2010, Théologie de la liturgie » est théoriquement le onzième volume de la collection mais, en pratique et selon le désir du Pape, le premier a avoir été publié.
(2) Mgr Perl, lors du colloque Summorum Pontificum, organisé à Rome du 16 au 18 septembre 2008.
MGR NEGRI, ÉVÊQUE DE SAINT-MARIN ET DÉFENSEUR RÉSOLU DU MOTU PROPRIO : "LE PAPE FREINÉ PAR DES FORCES CONTRAIRES"
Le 19 juin dernier, Benoît XVI s’est rendu en visite apostolique à Saint-Marin, l’un des plus petits diocèses d’Italie mais aussi l’un des plus petits États d’Europe. La raison de cette visite tient en partie à la personnalité de l'évêque du lieu : Mgr Luigi Negri, l’un des ratzinguériens les plus notables de l’épiscopat italien.
Tout comme son ami Angelo Scola, le Patriarche de Venise qui vient d’être nommé archevêque de Milan, Mgr Negri était un collaborateur très proche de Mgr Luigi Giussani (mort en 2005, peu avant l’élection de Benoît XVI), fondateur du mouvement Communion et Libération et qui a eu un très grand poids dans l’Église italienne à l’époque de Jean-Paul II. Chaque année, les colloques de Rimini, ville proche de Saint-Marin, sur la côte adriatique, organisés par le mouvement, étaient l’occasion d’un rassemblement où se pressaient les majeures personnalités politiques et religieuses italiennes.
C’est en concluant la réunion de 1990 que le cardinal Joseph Ratzinger, 15 ans avant son élection au Siège de Pierre, avait prononcé un discours particulièrement frappant, sur l’Église « toujours à réformer », dans lequel il ne citait pas une seule fois Vatican II, mais traitait de la réforme de l’Église, non pas à continuer, non pas à appliquer, mais de la réforme à faire, et même « à découvrir ». Il y stigmatisait « la réforme inutile » caractérisée par une liturgie refabriquée en permanence par les communautés, et expliquait que « l’essence de la vraie réforme » consisterait en une « ablation » de toutes les scories qui obscurcissent l’image de l’Église, notamment du point de vue du culte.
Si Communion et Libération, mouvement lié à la Démocratie Chrétienne (DC), dont il constituait un courant, a pâti de l’effacement de la DC dans le paysage politique italien à partir des années 90, les prélats qui en soutenaient l'action, voire en sont directement issus, sont restés un pôle incontournable de l’épiscopat italien. Citons le cardinal Giacomo Biffi, 83 ans, archevêque émérite de Bologne ; le cardinal Angelo Scola, désormais archevêque de Milan, l'un des candidats à la papauté les plus crédibles selon les vaticanistes ; le cardinal Carlo Caffarra, moraliste éminent, archevêque de Bologne ; et... Mgr Lugi Negri, évêque de Saint-Marin-Montefeltro, intellectuel de qualité, d’une profonde spiritualité sacerdotale, normalement destiné à la pourpre romaine. Des hommes qui, depuis le motu proprio Summorum Pontificum, ont en outre affiché leur soutien à la célébration de la forme extraordinaire du rite romain.
C’est à ce dernier titre que la messe de Benoît XVI à Saint-Marin, le 19 juin, était très attendue. Célébrée dans un stade en plein air, cette cérémonie a constitué le temps fort du déplacement pontifical. Non seulement le grand soin apporté à la préparation et à la célébration de la liturgie - comme toujours depuis que Mgr Guido Marini veille aux célébrations pontificales -, mais aussi le grand recueillement de la foule, ont frappé les observateurs.
Pour la première fois depuis bien longtemps, la quasi totalité des fidèles assistant à une messe papale ont communié sur les lèvres et même souvent à genoux, répondant volontiers au rappel fait par haut-parleurs des normes liturgiques en vigueur pour la communion : « Les fidèles qui, s’étant confessés, sont actuellement en état de grâce et peuvent donc, eux seuls, recevoir le Très Saint Corps de Notre Seigneur, se dirigeront vers le prêtre le plus proche d’eux. La Communion, selon les dispositions universelles en vigueur, sera distribuée seulement et exclusivement sur les lèvres, afin d’éviter les profanations mais encore plus de nous éduquer à une toujours plus grande et plus haute considération du Saint Mystère de la Présence de Notre Seigneur Jésus Christ. » C’est si simple que l’on se demande pourquoi cette catéchèse eucharistique n’est pas faite à chaque messe du Pape...
Tout simplement parce que l’organisation d’une cérémonie pontificale hors de Rome repose autant sur le savoir-faire des cérémoniaires pontificaux que sur la coopération des équipes liturgiques du diocèse. Or, en ce qui concerne Saint-Marin, Benoît XVI était incontestablement en terre amie. En effet, et c’est sans doute ce qui explique l’attention particulière que le Pape a eu pour ce diocèse, c’est tout au long de l’année que Mgr Luigi Negri s’efforce de mettre ses pieds dans ceux du successeur de Pierre. En témoigne sa présence en ouverture du colloque sur “Vatican II, un concile pastoral”, organisé en décembre dernier à Rome par le séminaire théologique des Franciscains de l’Immaculée (voir lettre PL 223). En témoignent aussi les paroles qu’il a tenu dans l’entretien qui suit, accordé le 15 décembre 2010 à Paolo Facciotto pour le quotidien La Voce di Romagna.
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Paolo Facciotto : “Dans notre rapport à la liturgie se décide le destin de la foi et de l’Église” écrit Joseph Ratzinger dans le premier volume de ses œuvres complètes, intitulé Théologie de la Liturgie. Le 27 novembre aux 1ères Vêpres du 1er dimanche de l’Avent, le Pape a en outre défini la liturgie comme “le lieu où nous vivons la vérité et où la vérité vit avec nous”. Excellence, pourquoi insister autant sur la liturgie alors que la caractéristique dominante de ce pontificat est le rapport entre foi et raison ?
Mgr Luigi Negri : La liturgie est la vie du Christ qui se manifeste dans l’Église et implique existentiellement les chrétiens. La liturgie n’est pas seulement un culte que l’homme rend à Dieu, comme dans la plupart des expressions religieuses naturelles. La liturgie est la manifestation à grande échelle de la vie, de la passion, de la mort et de la résurrection du Seigneur qui prend forme dans l’organisme sacramentel. Elle implique les chrétiens de manière substantielle et fondamentale, les rendant partie prenante du Christ et de l’Église à travers les sacrements de l’initiation chrétienne et les accompagne ensuite dans les grands choix et les grandes saisons de leur vie : mariage, ordination. Maintenant, la liturgie défend la factualité du Christ et de l’Église. Pour cette raison, j’ai beaucoup de gratitude envers le professeur De Mattei pour son précieux volume sur l’histoire de Vatican II et les pages qu’il consacre à une lente et inexorable “socialisation” de la liturgie, déjà en marche avant même le concile. Comme si la valeur de la liturgie résidait dans la participation active du “peuple chrétien” à un événement qui venait de fait vidé de sa sacramentalité et finissait par n’être plus qu’une initiative de socialité catholique. Et je crois effectivement que sur la liturgie se joue la vérité de la foi parce, comme l’a mis en évidence Benoît XVI en ouverture de son encyclique Deus caritas est, le christianisme n’est ni une idéologie à caractère religieux ni un projet de nature morale mais la rencontre permanente avec le Christ qui a lieu dans la vie de l’Église et de chaque chrétien.
La liturgie rend le fait du Christ présent dans le flux et le reflux des générations : « Vous ferez cela en mémoire de moi ». Je crois que la défense exacte du dogme dépend de la vérité avec laquelle est vécue la liturgie. En ce sens, l’Église a toujours affirmé : « lex orandi, lex credendi ». La loi de la prière donne naissance à la loi de la croyance et, surtout, la régit de manière adaptée et positive.
Paolo Facciotto : Deux aspects me semblent centraux dans le livre du Pape (1) :
- la prééminence, malheureusement vérifiée, d’une vision de la messe comme assemblée, « moment de la vie d’un groupe déterminé ou d’une Église locale », repas, c’est-à-dire la participation comprise comme l’interaction de diverses personnes et qui, selon l’auteur, se transforme parfois en parodie,
- la célébration vers le peuple qui, pour une série d’équivoques et de malentendus, apparaît aujourd’hui « comme le fruit du renouvellement liturgique voulu par le concile » écrit le Pape.
Conséquences, la communauté comme cercle refermé sur elle-même et une cléricalisation jamais vue auparavant où tout converge vers le célébrant.
Mgr Luigi Negri : Je suis heureux que le Pape poursuive une « réforme de la réforme » liturgique du Concile, selon le mot de Don Nicola Bux. Mais je dois dire avec clarté que le Pape a du mal à faire cette « réforme de la réforme » car il est confronté à des forces de résistance, pas forcément passives d’ailleurs.
La réforme liturgique venue après le Concile s’est le plus souvent manifestée par de pseudo-interprétations quand elle n’a pas fait valoir des exceptions comme la norme : il n’y a qu’à penser à la langue de la célébration et à la distribution de la communion dans la main. Il y a eu de vrais coups de force des conférences épiscopales vis-à-vis de Rome. Il y a eu certainement, aussi, une faiblesse des réactions vaticanes, due probablement à des tensions au sein même des structures qui devaient fixer l’interprétation exacte et la mise en œuvre du Concile. Maintenant, en ayant bien à l’esprit ces données avec lesquelles le gouvernement de l’Église doit forcément composer, l’alternative qui se présente est entre une « sociologisation » de la liturgie – en quelque sorte l’adéquation des lois aux comportements de la communauté chrétienne rassemblée pour célébrer l’eucharistie, qui devient ainsi le sujet de la célébration et non plus son interlocuteur privilégié – et la remise au centre de la célébration de celui qui en est le véritable sujet : Jésus-Christ en personne.
La structure de la tradition liturgique comme l’Église du Concile elle-même l’a reçue, préserve les droits du Christ et Sa présence. Aussi, tout ce qui est entrepris pour affaiblir ou réduire la conscience de la présence du Christ au profit des modalités par lesquelles s’affirme la présence de la communauté est une perte de conscience de la valeur ultime de la liturgie, de sa valeur ontologique comme dirait Don Giussani, donc de sa valeur méthodologique et éducative. À l’époque de l’entrée en vigueur de la réforme de Vatican II, une haute personnalité vaticane – je ne peux pas vous préciser laquelle mais je vous certifie ces paroles pour les avoir lues de mes yeux – écrivit qu’ainsi, finalement, la célébration de la messe redevenait « un sain espace d’exercice de la socialité catholique ». « Un sain espace d’exercice de la socialité catholique » et non la mémoire de la présence du Christ qui meurt et ressuscite, qui crée le peuple nouveau, le soutient et le lance dans la mission...
Paolo Facciotto : Pouvez-vous me dire si cette personnalité figurait à un échelon supérieur à Mgr Bugnini ?
Mgr Luigi Negri : Bien des échelons au-dessus.
Paolo Facciotto : « En Italie, mis à part quelques exceptions dignes de louange, les évêques et les supérieurs des Ordres religieux se sont opposés à l’application du Motu Proprio » avait déclaré le vice-président de la Commission Ecclesia Dei (2) lors du premier anniversaire du Motu Proprio Summorum Pontificum par lequel Benoît XVI a « libéralisé » la liturgie traditionnelle tridentine. Une accusation de désobéissance envers l’épiscopat italien particulièrement forte. Où en est-on dans l’application du Motu Proprio ? Y a-t-il dans votre diocèse des célébrations selon le Missel Romain de 1962 ?
Mgr Luigi Negri : Pour ma part, j’ai cherché non seulement à recevoir ce texte et à en expliquer le sens profond à mon clergé mais aussi à le mettre en pratique. Il s’agit, pour moi, d’une possibilité de valoriser au sein de l’Église, pour qui le veut, une richesse plus étendue et mieux structurée que celle qui est à la disposition de tous. C’est comme si le Pape avait redonné la possibilité d’une célébration liturgique que l’individu comme le groupe ressentent comme correspondant plus à leur désir de croissance et à leurs principes. Je dois dire cependant que les normes d’application, que nous attendons depuis maintenant des années, font toujours défaut. En substance, là où l’évêque a obéi, comme c’est mon cas, se célèbrent non pas quelques-unes mais toutes les messes demandées selon les modalités prévues par le Motu Proprio.
Quand j’ai dit précédemment que le Pape a du mal à faire passer la « réforme de la réforme », j’avais précisément à l’esprit ce Motu Proprio qui, plus de trois ans après sa promulgation, manque toujours de ses éléments d’application. Mais j’ai l’impression que le refus, la résistance, ne portent pas tant sur le Motu Proprio que sur le fait que la réforme liturgique de Vatican II – telle que les textes ont été interprétés et telle que la liturgie s’est déterminée – semble ne plus pouvoir être mise en discussion. La résistance porte sur la possibilité même, offerte par le Pape, de pratiquer une autre forme de vie liturgico-sacramentelle. C’est ce qui est en jeu. Alors que le Pape a dit qu’il y a une richesse liturgique et sacramentelle à laquelle tout l’Église, si elle le désire, peut accéder sans que cela se résume à une seule et même forme, il y a selon moi un large pan du monde ecclésiastique qui considère en revanche que la réforme de Vatican II supplante tout ce qui la précède. C’est cette herméneutique de la discontinuité sur laquelle le Pape est intervenu avec beaucoup de force et de clarté.
Paolo Facciotto : Selon un sondage Doxa, 71% des catholiques trouveraient normal que coexistent dans leur paroisse les deux formes du rite romain et 40 % des pratiquants choisiraient la messe de saint Pie V le dimanche si celle-ci était offerte dans leur paroisse. Que penser de ces chiffres, à prendre bien entendu avec toute la prudence qu’il sied à un sondage ?
Mgr Luigi Negri : Au-delà de ces résultats, je suis d’avis qu’aujourd’hui l’Église doit être pleinement disposée à offrir des formes et des modes de participation à la vie du Christ qui correspondent dans leur diversité à la diversité qui existe parmi les hommes et parmi les jeunes. Je pense que nous devons être animés d’un sincère enthousiasme missionnaire. Au moment auquel les églises se vident et où il y a tant de difficultés à percevoir clairement le mystère du Christ et de l’Église, tout ce qui peut y concourir doit être mis en œuvre, à condition de ne pas en profiter pour servir ses propres options idéologiques. L’affrontement traditionalisme/progressisme n’a plus de raison d’être et nous devons en être reconnaissants à Benoît XVI. Il s’agit d’oppositions idéologiques qui hypostasient les points de vue, les sensibilités, les formes, au lieu de s’interroger sur ce qui est le plus utile à la mission de l’Église et donc à son devoir d’éducation.
Paolo Facciotto : Comment célébrait Don Giussani ? Quelle était son idée de la liturgie et comment vécut-il sa réforme ?
Mgr Luigi Negri : J’ai vu Don Giussani célébrer selon le rite de saint Pie V. Il le célébrait avec la conscience profonde d’être l’acteur d’un événement que la grâce ouvrait au cœur et à la vie des hommes. Et je l’ai vu célébrer la liturgie réformée de la même façon. Don Giussani allait à l’essentiel et était par nature peu enclin à s’arrêter sur les détails. Je ne peux pas dire comment il a réagi à la réforme parce que je crois que nous n’en avons jamais parlé, ni entre nous – même si nous avons eu des centaines d’heures d’échanges sur tous les problèmes de la vie de l’Église et de la société – ni en public.
L’image qu’il avait de la liturgie est contenue dans un très bel opuscule Dalla liturgia vissuta, una proposta. Je crois que la liturgie traditionnelle, tout comme la liturgie réformée, pourvu qu’elles demeurent fidèles à l’identité que leur confère le magistère, peuvent concourir à ce qu’une vie devienne une proposition de vie. La liturgie est une proposition de vie, celle du Christ au milieu des siens, qui devient proposition de vie. Je ne crois pas qu’il était disposé à mourir pour la liturgie de saint Pie V mais je ne crois pas plus, à la lueur de nos cinquante années de fréquentation, qu’il eut affirmé que la liturgie de Vatican II fut la meilleure possible. Au contraire, je crois que, comme sur d’autres aspects du Concile, il éprouvait quelques difficultés d’interprétation comme c’est aujourd’hui admis par la majeure partie des pasteurs et des théologiens intelligents. C’est si vrai que, 40 ans après, Benoît XVI nous dit que peut commencer aujourd’hui une vraie interprétation du Concile.
(1) Les Opera Omnia de Joseph Ratzinger sont en cours de publication chez l’éditeur allemand Herder. Sorti en 2010, Théologie de la liturgie » est théoriquement le onzième volume de la collection mais, en pratique et selon le désir du Pape, le premier a avoir été publié.
(2) Mgr Perl, lors du colloque Summorum Pontificum, organisé à Rome du 16 au 18 septembre 2008.
Her- Messages : 9481
Date d'inscription : 01/05/2009
Localisation : France
Re: La Sainte Eglise de Dieu - Motu Proprio "Summorum Pontificum" et l'Instruction « Universae Ecclesiae » du Vendredi 13 mai 2011
www.paixliturgique.com
VIVIERS (2) : LES FAUSSES PROMESSES DE MGR BLONDEL, DISCRET ÉMULE DE MGR ROUET, AU SUJET DE LA CÉLÉBRATION DE LA FORME EXTRAORDINAIRE DANS SON DIOCÈSE
Dans le cadre de notre série d’enquêtes sur les diocèses totalement privés de l’application du Motu Proprio Summorum Pontificum, nous nous sommes penchés dans notre lettre 292 sur le cas du diocèse de Viviers. Nous avons à cette occasion parcouru l’historique de la liturgie traditionnelle en Ardèche et souligné sa complète disparition depuis l’arrivée à la tête du diocèse de l’actuel évêque, Mgr François Blondel.
Nous vous révélons aujourd’hui, document à l’appui, le sort réservé par celui-ci à l’application du Motu Proprio.
I – La demande diocésaine
À l’origine de la demande dans le diocèse de Viviers, il y a plusieurs familles qui, après avoir essuyé des fins de non-recevoir dans leurs paroisses respectives, ont décidé de se concentrer sur une demande unique.
Les représentants de cette demande, MM. Jacques Reboul et Philippe Brun, après avoir rencontré le curé de Largentière, l’abbé Nougier, ont écrit à Mgr Blondel pour lui demander de bénéficier des bienfaits du Motu Proprio Summorum Pontificum. Ce courrier, rédigé en octobre 2010, a reçu, dès novembre de la même année, une réponse de l’évêque. Cette réponse rapide – un point au crédit de Mgr Blondel – , nous vous la faisons découvrir ci-dessous, accompagnée de nos commentaires, tant elle est symbolique de l’état d’esprit de certains de nos prélats pour qui la générosité est non seulement limitée mais aussi rétractable !
II – La réponse de Mgr Blondel
Viviers, le 19 novembre 2010
Messieurs,
Monsieur l’Abbé Henri Meissat, Vicaire Épiscopal, et Monsieur l’Abbé Bernard Nougier, curé de la paroisse St Joseph en Pays de Ligne, m’ont remis de votre part en date du 14 octobre 2010 la demande d’application du Motu Proprio Summorum Pontificum.
Ils m’ont apporté témoignage de l’état d’esprit qui était le vôtre au cours de la réunion qu’i1s avaient eue avec vous et de l’assurance que vous leur aviez donnée d’agir au nom d’un groupe stable.
J’ai donc pris en compte votre demande. Voici ce que je compte organiser pour y répondre.
Le célébrant que je désigne est Monsieur l’Abbé Henri Goin, ancien curé de la Cathédrale, ayant actuellement une responsabilité aux archives diocésaines et qui est un très bon latiniste.
Avec l’accord du curé de la paroisse Charles de Foucauld Le Teil/Viviers, l’église sera l’église Saint-Laurent à Viviers.
Le premier samedi de chaque mois y sera célébrée la messe selon le rituel de 1962. Les lectures de la Parole de Dieu seront celles du missel du rite ordinaire car je tiens à ce que vous soyez ainsi en communion avec toutes les communautés du diocèse. Ces lectures de la Parole de Dieu seront faites en français.
Cette messe, célébrée à (17h30 ?) sera considérée comme une messe paroissiale. Les annonces qui seront faites seront celles de la paroisse et du diocèse. La quête sera affectée à la paroisse.
Monsieur l’Abbé Meissat organisera une réunion entre Monsieur l’Abbé Goin et vous-mêmes où il sera alors décidé de la date à laquelle aura lieu la première célébration.
Et nous ferons le point dans six mois.
Ayant ainsi répondu, je pense, à la demande qui était la vôtre, Je vous prie de croire, Messieurs, à l’assurance de mes sentiments les meilleurs et de ma prière.
François BLONDEL
Évêque de Viviers
III – Les réflexions de Paix liturgique
1) Certes, et c’est à mettre au crédit de Mgr Blondel, tout comme le délai relativement court dans lequel il a donné sa réponse aux demandeurs, nous ne pouvons qu’apprécier la forme de sa réponse : écrite et circonstanciée. Cela n’est malheureusement pas si fréquent, tant de curés et d’évêques - quand ils se donnent la peine de répondre ! - se contentant d’un refus sec par oral ou noyant leur réponse sous un fleuve de considérations catéchético-pastorales.
2) Mgr Blondel conclut sa lettre par la formule : « Ayant ainsi répondu, je pense, à la demande qui était la vôtre… ». Soit, mais Mgr Blondel pouvait-il sérieusement et honnêtement penser qu’il répondait à la demande ?
Sur quatre points, sa réponse porte en effet à discussion :
- le lieu : certes, Viviers est le siège épiscopal mais la demande avait été faite à Largentière… à 50 km de là, ce qui, par les routes ardéchoises, représente 50 minutes de trajet ;
- le jour : la messe accordée est une messe du samedi soir ce qui, selon les règles canoniques en vigueur pour la liturgie traditionnelle, n’est pas une messe dominicale puisque le missel de 1962 ne prévoit pas de messe anticipée au samedi ;
- la fréquence : la célébration n'est offerte qu’une fois par mois ce qui ne satisfait que partiellement le désir du groupe stable de fidèles de vivre sa foi au rythme de la forme extraordinaire ;
- le « bricolage » liturgique : en indiquant que les lectures seront celles du lectionnaire ordinaire, Mgr Blondel fixe une condition tellement contraire à l'esprit du Motu Proprio que l’instruction Universæ Ecclesiæ, publiée le 13 mai 2011, spécifie précisément dans son article 24 que “Les livres liturgiques de la forme extraordinaire seront utilisés tels qu’ils sont”, ajoutant à son article 26, si besoin est, que ces lectures sont celles “de la Sainte Messe du Missel de 1962”. On aura noté, au passage, le motif théologique donné par Mgr Blondel : les lectures communes comme signe de communion avec les communautés diocésaines…
3) À la réception de la réponse de l'évêque, les demandeurs n’ont soulevé que les deux points concernant le lieu et le lectionnaire et exprimé le vœu qu’ils soient corrigés. Depuis, l’évêché s’est fait silencieux. Du coup, dix mois après le courrier de Mgr Blondel, la première célébration n’a jamais eu lieu.
4) Si la question du lieu de la célébration ne peut être tranchée que par une nouvelle discussion entre les demandeurs et le diocèse, celle de la célébration “bricolée” – structure de la messe de 1962 avec lectures de 1970 – a en revanche été clairement réglée par l’instruction Universæ Ecclesiæ.
Peut-on donc espérer que le 14 septembre prochain, alors que l’Église universelle fêtera les 4 ans du Motu Proprio, Mgr Blondel fasse aux demandeurs ardéchois la bonne surprise de leur accorder enfin la célébration, même mensuelle, même le samedi après-midi, de la forme extraordinaire du rite romain mais bel et bien de la forme extraordinaire et pas d'une liturgie de son invention ?
VIVIERS (2) : LES FAUSSES PROMESSES DE MGR BLONDEL, DISCRET ÉMULE DE MGR ROUET, AU SUJET DE LA CÉLÉBRATION DE LA FORME EXTRAORDINAIRE DANS SON DIOCÈSE
Dans le cadre de notre série d’enquêtes sur les diocèses totalement privés de l’application du Motu Proprio Summorum Pontificum, nous nous sommes penchés dans notre lettre 292 sur le cas du diocèse de Viviers. Nous avons à cette occasion parcouru l’historique de la liturgie traditionnelle en Ardèche et souligné sa complète disparition depuis l’arrivée à la tête du diocèse de l’actuel évêque, Mgr François Blondel.
Nous vous révélons aujourd’hui, document à l’appui, le sort réservé par celui-ci à l’application du Motu Proprio.
I – La demande diocésaine
À l’origine de la demande dans le diocèse de Viviers, il y a plusieurs familles qui, après avoir essuyé des fins de non-recevoir dans leurs paroisses respectives, ont décidé de se concentrer sur une demande unique.
Les représentants de cette demande, MM. Jacques Reboul et Philippe Brun, après avoir rencontré le curé de Largentière, l’abbé Nougier, ont écrit à Mgr Blondel pour lui demander de bénéficier des bienfaits du Motu Proprio Summorum Pontificum. Ce courrier, rédigé en octobre 2010, a reçu, dès novembre de la même année, une réponse de l’évêque. Cette réponse rapide – un point au crédit de Mgr Blondel – , nous vous la faisons découvrir ci-dessous, accompagnée de nos commentaires, tant elle est symbolique de l’état d’esprit de certains de nos prélats pour qui la générosité est non seulement limitée mais aussi rétractable !
II – La réponse de Mgr Blondel
Viviers, le 19 novembre 2010
Messieurs,
Monsieur l’Abbé Henri Meissat, Vicaire Épiscopal, et Monsieur l’Abbé Bernard Nougier, curé de la paroisse St Joseph en Pays de Ligne, m’ont remis de votre part en date du 14 octobre 2010 la demande d’application du Motu Proprio Summorum Pontificum.
Ils m’ont apporté témoignage de l’état d’esprit qui était le vôtre au cours de la réunion qu’i1s avaient eue avec vous et de l’assurance que vous leur aviez donnée d’agir au nom d’un groupe stable.
J’ai donc pris en compte votre demande. Voici ce que je compte organiser pour y répondre.
Le célébrant que je désigne est Monsieur l’Abbé Henri Goin, ancien curé de la Cathédrale, ayant actuellement une responsabilité aux archives diocésaines et qui est un très bon latiniste.
Avec l’accord du curé de la paroisse Charles de Foucauld Le Teil/Viviers, l’église sera l’église Saint-Laurent à Viviers.
Le premier samedi de chaque mois y sera célébrée la messe selon le rituel de 1962. Les lectures de la Parole de Dieu seront celles du missel du rite ordinaire car je tiens à ce que vous soyez ainsi en communion avec toutes les communautés du diocèse. Ces lectures de la Parole de Dieu seront faites en français.
Cette messe, célébrée à (17h30 ?) sera considérée comme une messe paroissiale. Les annonces qui seront faites seront celles de la paroisse et du diocèse. La quête sera affectée à la paroisse.
Monsieur l’Abbé Meissat organisera une réunion entre Monsieur l’Abbé Goin et vous-mêmes où il sera alors décidé de la date à laquelle aura lieu la première célébration.
Et nous ferons le point dans six mois.
Ayant ainsi répondu, je pense, à la demande qui était la vôtre, Je vous prie de croire, Messieurs, à l’assurance de mes sentiments les meilleurs et de ma prière.
François BLONDEL
Évêque de Viviers
III – Les réflexions de Paix liturgique
1) Certes, et c’est à mettre au crédit de Mgr Blondel, tout comme le délai relativement court dans lequel il a donné sa réponse aux demandeurs, nous ne pouvons qu’apprécier la forme de sa réponse : écrite et circonstanciée. Cela n’est malheureusement pas si fréquent, tant de curés et d’évêques - quand ils se donnent la peine de répondre ! - se contentant d’un refus sec par oral ou noyant leur réponse sous un fleuve de considérations catéchético-pastorales.
2) Mgr Blondel conclut sa lettre par la formule : « Ayant ainsi répondu, je pense, à la demande qui était la vôtre… ». Soit, mais Mgr Blondel pouvait-il sérieusement et honnêtement penser qu’il répondait à la demande ?
Sur quatre points, sa réponse porte en effet à discussion :
- le lieu : certes, Viviers est le siège épiscopal mais la demande avait été faite à Largentière… à 50 km de là, ce qui, par les routes ardéchoises, représente 50 minutes de trajet ;
- le jour : la messe accordée est une messe du samedi soir ce qui, selon les règles canoniques en vigueur pour la liturgie traditionnelle, n’est pas une messe dominicale puisque le missel de 1962 ne prévoit pas de messe anticipée au samedi ;
- la fréquence : la célébration n'est offerte qu’une fois par mois ce qui ne satisfait que partiellement le désir du groupe stable de fidèles de vivre sa foi au rythme de la forme extraordinaire ;
- le « bricolage » liturgique : en indiquant que les lectures seront celles du lectionnaire ordinaire, Mgr Blondel fixe une condition tellement contraire à l'esprit du Motu Proprio que l’instruction Universæ Ecclesiæ, publiée le 13 mai 2011, spécifie précisément dans son article 24 que “Les livres liturgiques de la forme extraordinaire seront utilisés tels qu’ils sont”, ajoutant à son article 26, si besoin est, que ces lectures sont celles “de la Sainte Messe du Missel de 1962”. On aura noté, au passage, le motif théologique donné par Mgr Blondel : les lectures communes comme signe de communion avec les communautés diocésaines…
3) À la réception de la réponse de l'évêque, les demandeurs n’ont soulevé que les deux points concernant le lieu et le lectionnaire et exprimé le vœu qu’ils soient corrigés. Depuis, l’évêché s’est fait silencieux. Du coup, dix mois après le courrier de Mgr Blondel, la première célébration n’a jamais eu lieu.
4) Si la question du lieu de la célébration ne peut être tranchée que par une nouvelle discussion entre les demandeurs et le diocèse, celle de la célébration “bricolée” – structure de la messe de 1962 avec lectures de 1970 – a en revanche été clairement réglée par l’instruction Universæ Ecclesiæ.
Peut-on donc espérer que le 14 septembre prochain, alors que l’Église universelle fêtera les 4 ans du Motu Proprio, Mgr Blondel fasse aux demandeurs ardéchois la bonne surprise de leur accorder enfin la célébration, même mensuelle, même le samedi après-midi, de la forme extraordinaire du rite romain mais bel et bien de la forme extraordinaire et pas d'une liturgie de son invention ?
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